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Grand-Pa' ! Let me introduce you London.

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Océane J. Eono
Océane J. Eono



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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Vide
MessageSujet: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyDim 24 Jan - 20:02

Grand-Pa' ! Let me introduce you London. 2rh6z5t

Don't wake up, Won't wake up
I feel you in my dreams.
Please, don't wake me up


.


    Un fin rayon de lumière parvenait au travers de la fenêtre close. L'aube se levait à peine, teintant la pénombre nocturne d'une fine clarté que personne ne verrait. Il était encore bien trop tôt pour que quiconque ne se lève, la résidence dormait à poings fermés après de longues heures de réjouissances. La veille, les étudiantes, toutes matières confondues, avaient passé les dernières épreuves du semestre. C'était le début des vacances de Noël, et chacune regagnerait leur foyer le lendemain, après la réception organisée par le Doyen pour récompenser les meilleurs élèves de l'Université. Évidemment, bon nombre de Phi Psi faisait partie des heureux élus, et Océane ne dérogeait pas à la règle. Elle avait reçu son petit carton d'invitation il y avait de cela deux jours. Son nom était gravé en lettre d'Or sur la carte couleur crème, très sobre. Et en bas, en plus petit mais pas assez pour qu'Océane ne puisse l'ignorer figurait la petite phrase "& son cavalier", qu'elle avait caressé du doigt en poussant un long soupir de frustration. Ce n'était pas qu'elle tenait particulièrement à cette soirée, d'ailleurs elle savait depuis un moment qu'elle n'y assisterait pas, mais cette phrase lui rappelait le douloureux constat que l'absence de son cavalier était plus que palpable depuis trop longtemps. Quand allaient-ils pouvoir reprendre une vie normale ? Une vie étudiante normale ? Quand pourrait-elle de nouveau l'étreindre avec la précipitation d'une collégienne dans l'ombre d'un couloir ? Quand pourrait-elle de nouveau lui tenir la main en riant bêtement sur le chemin de sa salle de cours ? Whooohooohoo ! Stop ! Depuis quand avait-elle des envies aussi craignos ? Jamais elle n'avait fait ce genre de choses avec lui, alors pourquoi y songer avec la nostalgie de celle qui les a vécues ? Il était vraiment temps qu'elle le retrouve. Son cerveau commençait à déconner sévère en lui imposant de faux souvenirs tout droit sortis d'un mauvais Soap ! La brune se passa les mains sur le visage, tentant d'éloigner la fatigue de ses traits, en vain, avant de refaire, une énième fois, l'inventaire de son sac. La résidence avait beau être plongée dans un sommeil sans rêves, Océane, elle, était debout depuis plusieurs heures. Son sac, ouvert, posé sur son lit -fait, pour une fois-, elle jeta un coup d'œil autour d'elle, s'assurant de n'avoir rien oublié, ou tout du moins rien d'important. Tout semblait à sa place, elle avait même pensé à débrancher la radio, se souvenant de la dernière fois où elle était partie en omettant de déprogrammer le réveil automatique, qui avait sonné chaque matin à 7h00 pile, sans discontinuer pendant plus d'une heure, provoquant la foudre des sœurs d'Océane restées à la résidence. On dit quoi dans ce genre de cas ? "Je suis sincèrement désolée" ? Oui, et on s'avise de ne plus jamais refaire la même connerie. Elle était entrain de vérifier la petite salle d'eau, lorsque le silence de la nuit fut rompu par le bruit d'un moteur s'approchant. La brune porta sa montre à ses yeux pour vérifier l'heure. Il avait beaucoup de défaut, mais il était très ponctuel. A l'heure pile du rendez-vous qu'ils s'étaient fixés, Océane entendit le véhicule s'immobiliser dans la rue. A croire qu'il l'avait fait exprès. Ce fut avec un petit pic d'une nervosité qu'elle ne comprenait pas, qu'elle s'empara de son gros sac afin de le caler sur son épaule, avant de tendre le bras vers la petite cage de plastique jaune où son tigre personnel piquait un petit roupillon. Dérangé par le mouvement de son habitat de fortune, que sa maîtresse venait de provoquer, la terreur lâcha plusieurs miaulement de mécontentement, avant de se mettre à gratter contre le plastique. Océane glissa ses doigts entre les croisillons de la cage, et flatta le pelage du chaton, tout en parcourant la petite chambre du regard, s'arrêtant sur un calendrier mural où de grosses croix rouges rayaient chaque jour jusqu'à la date d'aujourd'hui. La fin du calvaire s'annonçait. Elle aurait dû se sentir euphorique, et pourtant elle était nerveuse. Bordel, pourquoi était-elle nerveuse ?

...
    « Tu es prête ? » Demanda Duncan alors qu'elle venait de refermer la porte de la résidence, et s'approchait de la voiture qu'il avait stationné aussi proche que la pelouse et le sentier dallé le lui permettait. Était-elle prête ? Oui, fondamentalement elle n'attendait que ça depuis des semaines. Comment aurait-elle pu ne pas l'être ? Il contourna la voiture, et s'empara de son sac pour le caler dans le coffre, alors qu'elle réfléchissait toujours à sa réponse. La porte du coffre claqua, qu'elle n'avait toujours pas prit la parole. Son ami, sans vraiment s'inquiéter puisqu'à l'origine sa question n'attendait pas de réponse, s'était rapproché d'elle, et cherchait à taquiner le chaton du bout de ses doigts. Ce dernier souffla et lui envoya un coup de griffe sur sa peau tendre, obligeant Duncan à se reculer d'un bon mètre, le bout de son index coincé entre ses lèvres. « Bon sang ! Tu peux me dire ce qu'il a contre moi à la fin ? » Grogna-t-il en allant ouvrir la portière d'Océane.
    « C'est ta tête ! » Se moqua l'étudiante en s'installant sur le siège passager, la cage sur les genoux. « Elle ne lui revient pas ! » Duncan claqua la portière en levant les yeux au ciel, avant de contourner la voiture afin de se mettre derrière le volant. Il s'agissait de la Chevrolet d'Océane, mais il n'eut aucun mal à la démarrer, il en avait l'habitude, et ses doigts tournèrent la clé de contact au moment exact où son pied appuyait sur la pédale d'embrayage, et où son autre main donnait un grand coup dans le tableau de bord. C'était le seul moyen de la faire démarrer, une technique tellement inédite qu'Océane ne se donnait même pas la peine de fermer ses portières à clefs. Déjà, qui aurait l'idée de voler un tas de ferrailles pareil ? Et ensuite, combien de chances y avait-il pour que cet idiot parvienne à la démarrer ? Aucune.
    « Rappelle-moi pourquoi tu ne rejoins pas le Montana en voiture ? » Demanda Duncan après que les crachats du moteur se furent calmés.
    « Parce que je vais dans le Vermont, et que ça fait un peu loin pour Titine. » Récita Océane pour la 212ème fois en une semaine.
    « Mais c'est ça que je ne comprends pas. Pourquoi tu ne rejoins pas le Montana avec Titine, et que Driesen ne te rejoint pas là-bas ? Ce serait plus simple. Toi tu en as pour quoi ? Une journée en caisse, tu y serais ce soir, et lui, en avion, il ne met qu'une ou deux heures. » Plaida-t-il pour la 212ème fois en une semaine.
    « Parce que j'ai envie d'aller le chercher. » Lui rappela la brune, en faisant preuve d'une patience extraordinaire.
    « Et bien tu n'as qu'à aller le chercher à l'aéroport de je-sais-pas-quelle-ville, dans le Montana... »
    « Billings, l'aéroport de Billings. »
    Le coupa gentiment Océane.
    « Oui, Billings. Donc ça revient au même. Non ? »
    « Billings est à 20 minutes de chez moi. On a besoin d'un peu plus de 20 minutes pour se retrouver. Et puis l'idée d'un Road trip me plait bien. »
    Les yeux rivés sur un Duncan concentré sur la route, elle haussa les épaules. Il y avait des milliards de choses qu'elle avait envie de faire avec Brendon, et un Road Trip comme dans les films en faisait partie. C'était peut être stupide aux yeux de beaucoup, mais pour elle ça avait une sorte d'importance. Ils allaient traverser le continent, et ils allaient le faire ensemble, emmagasinant un maximum de souvenirs communs, une nouvelle expérience à deux, ensemble, avant de retrouver Francis pour les fêtes. Duncan ne semblait pas comprendre, ou ne voulait pas comprendre. Tant pis.
    « Dans ce cas, pourquoi vous ne prenez pas l'avion pour rejoindre le Montana ? »
    « Dunc', qu'est-ce qui n'est pas clair pour toi, dans le mot "Road Trip" ? »
    « Et sinon, tu as bien dormis ? T’as fait de beaux rêves ?
    Demanda-t-il pour changer de sujet. Des rêves ? Oui, elle en faisait, et de très… perturbants.

    Elle pouvait sentir son souffle dans son cou, sa respiration rauque et ses soupirs. Elle pouvait sentir son corps se mouvoir contre le sien, luisant d’une fine pellicule de sueur, alors qu’elle enfonçait ses doigts dans ses chairs. Elle pouvait sentir les muscles de ses cuisses se contracter et devenir presque douloureux à force de s’enrouler avec force autour de son bassin. Tout comme elle ne pouvait que sentir son corps s’imprégnant du sien, le comblant dans sa totalité, alors qu’à chaque coup de rein, elle resserrait l’étau de ses dents autour de son index, pour s’obliger au silence. Elle n’avait pas compris comment il avait réussi cet exploit, et elle n’avait pas non plus compris pourquoi elle ne s’était pas insurgée de le voir surgir en plein milieu de la nuit dans sa chambre. Il n’était pas censé être là, dans cette ville, il n’était même pas censé être dans cet Etat. Pourtant, elle ne lui avait absolument fait aucune réflexion. A dire vrai, elle n’avait même pas prononcé un mot. Elle l’avait juste laissé s’approcher, s’asseoir précautionneusement sur le matelas, et du bout des doigts, faire glisser le tissu du drap qui recouvrait sa poitrine nue. Depuis quand dormait-elle nue ? Cette question ne lui était même pas venue à l’esprit. Elle l’avait laissé faire dériver ses doigts le long de sa peau tendre, frémissant à chaque caresse de ses doigts sur ces zones d’elle qui n’appartenaient qu’à lui. Sa respiration était devenue chaotique dès qu’il avait posé le premier doigt sur elle, et ne cessait d’empirer à mesure qu’il gagnait du terrain. Il n’avait pas prononcé un mot, il n’avait absolument rien dit, il s’était contenté d’observer les réactions de la peau d’Océane à ses caresses timides. Enfin, aussi timide que pouvait l’être un revers de main redessinant l’arrondit d’un sein. Puis il avait glissé sur son ventre, s’attardant sur chaque parcelle de peau, sans réellement chercher à la faire languir, mais plus comme s’il cherchait à s’attirer la sympathie de ce corps, en n’oubliant aucun centimètre carré. Et tout son corps se laissait faire, réagissant pour lui faire savoir qu’il appréciait ce doux supplice. Ses mains glissèrent et glissèrent encore, gagnant toujours plus de terrain sans que personne ne les arrête, sans même qu’on ait l’envie de les arrêter. Océane ne s’était pas posée de questions. Il était là, c’était tout ce qui importait. Il était là, et elle pouvait le sentir. En l’espace d’un éclair de plaisir, il s’était retrouvé sur elle, en elle. Evidemment elle s’était montrée moins discrète, le plaisir, le soulagement, le sentiment de plénitude prenant le pas sur toute notion de prudence. Elle avait respiré son parfum, savouré son essence, goûté sa peau, elle avait frissonné sous ses mains, elle s’était fondue contre lui, profitant de cette force qui émanait de lui, chaque fois qu’il la ramassait contre lui, chaque fois que les muscles de ses bras se bandaient pour faire de cette étreinte un geste unique, tendre et passionné, vitale. Elle vibrait, savourant cet échange qu’elle avait longtemps attendu. Un échange qu’aucune pensée néfaste ne venait parasiter. Enfin. Alors, après de longs instants de silence, il parla enfin. Ses lèvres s’entrouvrirent pour laisser échapper son prénom, témoignant ainsi, qu’elle était la seule, l’unique.
    « Océane… » Murmurait-il contre sa peau, son souffle caressant son oreille. « Océane… »
    Il avait été silencieux pendant tellement longtemps, qu’elle avait du mal a reconnaitre le timbre de sa voix. Elle aurait dû être rendue rauque par l’intense désir qui l’envahissait, elle aurait dû être un peu cassée, éraillée, terriblement excitante comme dans les souvenirs d’Océane. Pourtant elle était douce, claire, et possédait quelque chose de féminin. Ca en devenait indiscutablement perturbant, à tel point qu’elle ne parvenait plus à se focaliser sur son plaisir, et ne cessait de penser à sa voix qui ne semblait pas sienne. Il fallait qu’il se taise. Il ne fallait plus qu’il descelle ses lèvres s’il ne souhaitait pas que son esprit dérive vers autre chose que la satisfaction charnelle. Elle posa ses doigts contre sa bouche, l’empêchant de prononcer un mot supplémentaire. Mais, alors qu’elle pensait avoir réglé le problème, la voix se fit entendre à nouveau, alors que des mains la secouaient légèrement. En un instant, tout disparu autour d’elle. La chambre était toujours la même, mais au lieu d’être plongée dans l’obscurité, elle baignait d’une lumière matinale. Le corps amant s’était dissipé comme neige au soleil, et les mains qui enserraient ses épaules n’avaient plus rien de comparable avec celles de son amant. Petites, fines et délicatement manucurées, elle s’accrochait au tissu du tee-shirt que portait Océane. Ouf, elle n’était pas nue, tout compte fait. La jeune femme cligna une nouvelle fois des paupières, avant de braquer son regard sur la personne présente à ses côtés. Elle reconnu le petit visage rond d’une de ses sœurs, et nota le regard inquiet qu’elle posait sur elle.
    « Tout va bien ? Tu parlais dans ton sommeil, et tu gémissais comme si on te faisait du mal. » Demanda-t-elle, sincèrement inquiète, alors qu’Océane se retenait de lui répondre que c’était pas du mal qu’on lui faisait, mais un foutu bien ! « Tu es toute rouge, tu as l’air fièvreuse. » Oui, Océane pouvait confirmer, ça, elle était bien fiévreuse, oui. « Est-ce que ça va ? » Acheva-t-elle en posant une main contre le front d’Océane.
    « Humm ! » Répondit cette dernière en hochant de la tête. « J’ai du faire une cauchemar, un simple cauchemar. Ca va aller. Cette fois, si elle rougissait, ce n’était plus de plaisir mais de gêne, alors que ses doigts s’enfonçaient dans ses cheveux légèrement humides, pour les rabattre en arrière, et qu’elle affichait un sourire suivit d’un petit rire gêné.
    « Tu es sûre ? Tu veux que je reste un peu avec toi, histoire que tu puisses te rendormir sans avoir peur ? » Demanda l’autre, alors qu’Océane secouait vigoureusement la tête. Manquait plus que ça ! Elle ne donnait pas dans l’exhibitionnisme non plus. Et puis, elle n’avait pas vraiment peur de se rendormir, loin de là.
    « Non, ça va aller. » La rassura-t-elle en tentant son plus beau sourire. « Je vais descendre prendre le petit dej, de toute manière. Je te rejoins ! Acheva-t-elle en la chassant gentiment d’un geste de main. Pas vraiment rassurée, sa sœur n’eut, tout de même, pas d’autre choix que de sortir de la chambre, refermant la porte derrière elle, alors qu’Océane glissait de nouveau sous les draps. Fermant les yeux, elle laissa ses mains s’égarer sur sa peau, tout en s’évadant dans les souvenirs de son rêve. Un parmi tant d’autres.

...
    « Dernier appel pour les passagers du vol America Airlines 5789 pour New-York, Gate 33... Dernier appel pour les... »

    « Faut y aller, maintenant... »
    « Oui, je sais. »

    Devant la porte 33, où les derniers passager se précipitaient de peur que l'avion ne décolle sans eux, deux jeunes gens s'étreignant, ne semblaient pas avoir l'intention de bouger de là. Ils étaient arrivés très juste à l'aéroport. Duncan n'avait pas pensé aux kilomètres d'embouteillage engendrés par une quantité de californiens se déplaçant pour les fêtes. Océane avait insisté pour qu'il se contente de la déposer, et qu'il reparte se coucher chez les Theta, vu l'heure, mais le futur archéologue ne l'avait pas entendu de cette oreille. Dans un sens, elle lui en était reconnaissante, car le souvenir douloureux d'une autre annonce comme celle qu'ils entendaient en ce moment-même, n'avait pas tardé à refaire surface. Ils avaient enregistré l'unique bagage d'Océane aussi vite que possible, enfin aussi vite que l'avait permis les adieux déchirant entre Driesen et sa maîtresse. Le chaton allait en soute, et cela ne semblait pas vraiment plaire à Océane qui demanda un rapport complet sur les conditions de détention des animaux en soute, à la pauvre hôtesse qui n'avait eut de cesse que de la rassurer. Puis, ils avaient couru jusqu'aux portiques métalliques qui délimitaient la zone publique de la zone d'embarquement. De l'autre côté, l'hôtesse installait un vent de panique avec son annonce amplifiée par les hautparleurs dissimulés un peu partout, mais Océane restait là, attendant d'avoir le courage de se décrocher de son ami. Elle ne l'eut pas tout de suite, bien qu'il tenta de la déloger à plusieurs reprises.
    « Tu es sûre de n'avoir rien oublié ? » Demanda-t-il lorsqu'enfin elle eut quitté ses bras.
    « Je crois... J'ai mon ordinateur et mon sac, Driesen est en soute, et ma valise aussi. » Répondit-elle en soulevant tour à tour son sac et sa sacoche d'ordinateur, comme si elle vérifiait réellement.
    « Tes billets ? »
    « Check ! »
    Répondit-elle en sortant son billet de son sac à main.
    « Passeport ? »
    « Check ! »
    Une nouvelle fois, elle brandit son passeport sous le nez de Duncan.
    « Ipod ? Ca peut être utile si t'as des brailleurs à côté de toi. »
    « Check ! »
    « La lettre ? »
    « Check. »
    Répondit-elle, un peu moins enthousiaste cette fois, en faisant dépasser le rectangle d'un blanc immaculé, de son sac.
    « Ton portable ? Je veux que tu m'appelles dès que tu arrives à New-York, puis dès que tu arrives dans ce truc là, dans le Vermont, puis à chaque escale de votre road trip à la con ! Et s'il t'arrive quoi que ce soit, même un ongle cassée, préviens Driesen que je le ré-expédie dans le coma. Clear ? »
    « J'ai mon portable, et je te textote quand j'arrive. Et quand à mes ongles, trop courts pour que je les casse, donc relax ! »
    Répondit-elle avec le sourire, avant d'être interrompue par une nouvelle annonce.
    « Faut vraiment que tu y ailles, maintenant. »
    « Oui... »
    Répondit-elle avec un sourire timide, avant de s'éjecter une nouvelle fois dans ses bras. « Merci. Merci pour tout, Dunc'. Merci d'avoir été là. » Murmura-t-elle à son oreille avant de déposer un baiser sur sa joue, et de s'éloigner pour poser son sac et son ordinateur sur le tapis du scanner. « Et veille à ce que Gretchen ne rate pas son avion, hein ! »
    « Mardi, 8h45, vol 4596 ! »
    Récita Duncan en haussant la voix pour couvrir le bruit du hall, alors qu'il observait Océane passer le portique qui sonna. La jeune femme laissa échapper une pluie de jurons, et l'étudiant tourna les talons en riant.

...
    « On attendait plus que vous, mademoiselle. »
    Océane lança un regard noir à l'hôtesse-juge d’application des peines. Comme si c'était sa faute ! Est-ce qu'elle avait une tête de terroriste ? Sérieusement ? Après avoir fait sonné trois fois le portique, et ce, même après avoir retiré manteau, pull, ceinture, chaussures et autres, elle avait été obligée de se soumettre à une fouille via détecteur de métaux portatif, et même après qu'ils en aient déduit qu'il s'agissait très certainement du petit bracelet qu'elle avait autour du poignet, elle avait du certifier sur l'honneur, la bible et la déclaration universelle des droits de l'Homme, qu'elle ne transportait pas de bombe sur elle, qu'elle n'avait jamais enlevé un enfant, ni même n'en avait eu l'intention, pas plus qu'elle n'avait laissé quelqu'un qu'elle ne connaissait pas mettre quelque chose dans son sac. Alors, excusez-la madame l'hôtesse, mais c'est pas vraiment le moment de l'ouvrir, là ! Ce fut donc une Océane particulièrement remontée qui regagna le siège 24B, côté hublot. Cool, au moins une bonne nouvelle ! A peine installée, une blondinette bien trop maquillée, bien trop laquée, et bien trop souriante leur demanda une minute d'attention avant de se mettre à gesticuler en tout sens pour leur exposer les consignes de sécurité. Mais Océane ne lui prêtait déjà plus attention. Elle était partie à la recherche de son portable au fin fond de son sac. Son nouveau portable tout neuf, offert par Gretchen qui en avait eut marre que ce soit Océane qui réponde systématiquement sur l'Iphone de son frère lorsqu'il était encore à l'hôpital de San Francisco. Du coup, maintenant, Océane en avait un aussi, et comme ça venait de Gretchen, elle n'avait eut aucun scrupule à accepter le cadeau. Le signal lumineux annonçant qu'il fallait éteindre les téléphones portables arriva en même temps que les doigts d'Océane sur l'Iphone. Elle voulait envoyer un texto à Brendon. Certes, il était 5heures du matin, ici, à San Francisco, mais avec le décalage horaire, il devait être 9h dans le Vermont. Brendon n'était peut être pas encore levé, mais si son sms venait à le réveiller, ce n'était pas très grave à cette heure-là. D'ailleurs, peut être ne dormait-il plus, puisque l'écran affichait un nouveau message reçu, avant même qu'elle n'ait le temps de composer le sien. « T'as vu aux infos ? Un 747 s'est crashé dans le pacifique cette nuit ! T'inquiètes pas, paraît que ça arrive tellement vite, que t'as pas le temps d'avoir mal ou de réaliser. Bon vol, Croustibat ! C. » Crétin ! Pensa-t-elle en refermant le message. Elle se demandait ce qui était le plus étonnant, que Curtis soit réveillé à cette heure-ci ? Ou bien qu'il se souvienne qu'elle prenait l'avion ce matin ? Non, elle était injuste avec lui. Il avait beau avoir un humour douteux, et la plupart du temps carrément lourd, au point qu'elle se retenait, bien souvent, de lui envoyer ordinateur, meuble télé, table de réfectoire, matériel de biologie (au choix) à travers la tronche, il était devenu cette épaule sur laquelle elle pouvait se reposer. Duncan, Curtis, et à sa manière Gretchen, s'étaient montrés particulièrement présent pour elle durant ce mois difficile. Ils ne l'avaient pas lâché une seule seconde. Au début, ils avaient eut peur qu'elle fasse une connerie, qu'elle ne supporte pas son absence et plaque tout pour le retrouver (ou le faire cocu, selon la version de Gretchen), puis au fil des semaines, ils avaient prit l'habitude d'être ensemble, tout le temps, partout, si bien, qu'à présent, il leur était difficile de s'imaginer les uns sans les autres. « Tu as conscience du fait qu'il y a plus de chance que tu brûles dans ton sommeil à cause d'un incendie domestique, que je ne me crash en avion ? 1 chance sur 1 million pour moi, et 1 chance sur 1000 pour toi. Bonne fin de nuit Mollusque ! O. » Avec ça, elle était sûre qu'il ne fermerait pas l'oeil avant un bon bout de temps. Ce fut avec un grand sourire aux lèvres, s'imaginant un Curtis terrorisé au fond de son lit, qu'elle ouvrit un nouveau message. « I'm on the way. Luv u. » envoya-t-elle à Brendon, juste au moment où une hôtesse vint lui demander, un peu trop aimablement, d'éteindre son portable et de boucler sa ceinture. Éteindre son portable... Quelque chose qu'elle n'avait plus fait depuis très longtemps. Surtout pas.

...
    « Qu'est-ce que tu fais, mon coeur ? »
    Océane, les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur, cessa de marteler le clavier de ses doigts pour se tourner vers l'Iphone posé sur sa cuisse. Elle était dans sa chambre à la Résidence, bossant sur un dossier qu'elle allait devoir rendre le lendemain, et comme à son habitude, sitôt qu'elle avait eut passé la porte de sa chambre ses doigts s'étaient emparés de son téléphone pour composer le numéro de son cher et tendre. Après de longues minutes de racontage de journée, le téléphone avait échoué à ses côtés, haut-parleur branché, alors que chacun des deux vaquait à ses propres occupations. Elle n'avait pas besoin de lui raconter ce qu'elle avait mangé à midi dans le détail, juste besoin de créer l'illusion de sa présence à ses côtés. Ainsi, avec sa respiration, ses commentaires lorsqu'elle lâchait un juron après s'être cognée, elle avait l'impression d'une vie à deux. De même, lorsqu'elle l'entendait zapper à la télé, ou s'entretenir avec un médecin, ou un patient, elle avait la sensation de faire bien plus partie de sa vie que lorsqu'il la lui racontait. Mais voilà plus d'une heure qu'elle travaillait sans parler, surement devait-il s'ennuyer.
    « Je corrige un dossier que je dois rendre pour demain. » Répondit-elle en ôtant ses lunettes avant de récupérer le téléphone sur sa cuisse.
    « Génial ! » Oula, il devait sacrément se faire chier làbas pour qualifier cette activité de géniale ! « Tu peux m'envoyer ton dossier ? »
    « Pour quoi faire ? »
    Demanda-t-elle sincèrement intriguée par sa demande.
    « Je sais pas, ça me fera de la lecture, et puis je verrais ce qui accapare autant ton attention. »
    « Mais tu ne vas rien y comprendre, c'est sur les travaux du chimiste Fritz Haber et ses répercussions sur la Révolution Verte. »
    « Fritz Haber ? Un allemand ? »
    La coupa-t-il.
    « Heu... Ouai. » Répondit-elle, hésitante, sans trop comprendre où il voulait en venir.
    « Bah tu vois que je vais tout comprendre. »
    « T'es conscient que je ne l'ai pas écrit en allemand, mon dossier, hein ? »
    « C'est un tort, ça t'aurait rapporté des points en plus. »
    Se moqua-t-il. « Allez, discute pas, femme ! Fais péter ! »
    En soupirant d'agacement, Océane ouvrit un nouveau mail, et joignit son dossier en pièce jointe. Agacée mais obéissante, elle appuya sur le bouton "Envoyé" et attendit que le message d'avis de réception ne s'affiche.
    « Voilà, c'est fait, mais fais-moi penser à t'offrir un abonnement à Geek Magazine, parce que là, t'as l'air de vraiment ne plus rien avoir à faire. C'est pas comme si... »
    « Océane ? »
    Coupa-t-il avec hésitation après avoir ouvert le lien.
    « Oui ? »
    « Peux-tu m'expliquer pourquoi il n'y a aucun "R" dans ton dossier ? »
    « Comment ça aucun "R" ? Qu'est-ce que tu racontes, voyons ? »
    Répondit-elle avec cet air innocent qui la rendait tellement coupable.
    « Océane... » Se contenta-t-il de dire en faisant trainer la dernière syllabe.
    « Oui, bah c'est pas comme si c'était une lettre super importante ! Y a qu'un geek tatillon pour s'en rendre compte ! »
    « Tu crois ? "F'itz Habe' : P'oduits Phytosanitai'es et 'évolution ve'te, l'Histoi'e de l'Indust'ialisation Ag'icole de 1960 à 1990". Rien que le titre te fait passer pour une esclave noire de Louisianne ! »
    S'indigna-t-il.
    « C'est politiquement incorrect de parler de l'esclavage de nos jours. Pense aux minorités qui... »
    « Océane, bon sang ! »
    « Quoi ? »
    « Tu veux bien arrêter de jacasser 30 secondes et me dire ce que tu as renversé sur ton clavier encore ? »
    Et voilà, elle savait qu'elle n'aurait pas dû lui envoyer ce texte ! Elle le savait !
    « Comment ça "encore" ? C'est pas comme-ci je renversais tout le temps un tr... »
    « Deux jours après que je t'ai rencontré : Tasse de chocolat chaud ! Trois semaines plus tard : Verre de coca ! Un mois après : Une chips était coincée sous ta touche d'espace ! Le mois suivant : Tout le flacon de parfum que je t'avais offert y était passé ! Si tu ne l'aimais pas, il suffisait de me le dire au lieu de parfumer ton Mac ! Sans oublié à l'hôpital où tu es quand même parvenu a renverser du gel échographique sur les touches. Du gel échographique, Océane ! »
    S'indigna-t-il en gardant, tout de même, son calme.
    « Y en avait dans la chambre, j'étais intriguée, c'est tout. » Tenta-t-elle de se justifier, comme elle l'avait fait lorsqu'il avait découvert le désastre et lui avait fait une crise. Justifiée.
    « Et c'est quoi cette fois ? »
    « Un raton laveur ! »
    « T'as coincé un raton laveur entre tes touches ? »
    S'interrogea-t-il un peu inquiet pour le coup.
    « Non ! Un raton laveur est entré par la fenêtre que j'avais laissé ouverte, il s'est jeté sur le PC, tellement vite que j'ai rien pu faire, il a arraché la touche "R" et s'est barré en courant sur ses petites pattes arrières ! » Répondit-elle avec animation, comme si elle revivait la scène.
    « Un raton laveur cleptomane, obsessionnel compulsif de touche "R". Hmmm. C'est effrayant. »
    « T'inquiète, les flics sont sur le coup ! »
    « Ha, tu me rassures ! Tu sais ce qui est le plus bizarre ? »
    « Non ? Quoi ? »
    « Même quand tu te payes ouvertement ma tronche, je te trouve tellement craquante que j'arrive pas à t'en vouloir. »
    « C'est un peu le but de la manœuvre, mon cœur. »
    Répondit-elle avec honnêteté. Si vraiment elle avait voulu le mener en bateau, elle aurait trouvé une excuse un peu plus convaincante qu'un raton laveur cambrioleur. Elle le connaissait bien, et savait qu'un bobard tellement énorme l'amuserait au point qu'il en oublierait d'être en colère contre elle.
    « Et si je te promets de ne pas m'énerver, tu me diras la vérité ? » Demanda-t-il de sa voix trainante, celle à laquelle elle ne parvenait à résister.
    « Ok, mais tu cries pas, d'accord ? C'était du bacon. » La fin de sa phrase fut presque un murmure, alors qu'au contraire, Brendon répondait en haussant la voix.
    « DU BACON ?! »
    « T'avais promis de pas t'énerver. »
    Se plaignit-elle.
    « Je ne m'énerve pas. » Reprit-il, plus calme. « Mais qu'est-ce que tu foutais dans ta chambre avec du bacon ? »
    « J'arrivais pas à dormir, et j'avais envie de bacon, ça arrive non ? »
    « Non. Les gens normaux dorment la nuit, et ne sont pas prit d'envies soudaines de bacon, mais soit. Et l'ordinateur, il entre quand en jeu, dans ton histoire ? »
    « Je te l'ai dis, j'arrivais pas à dormir, je m'ennuyais donc je surfais un peu... sur ta page Facebook... et ton compte Twitter... Tu me manques... »
    Avoua-t-elle à voix basse, alors que de l'autre côté, dans le Vermont, un Driesen ne parvenait même plus à se souvenir de pourquoi il aurait dû être en colère.

...
    « Mademoiselle ?... Mademoiselle ?... »
    Une douce voix masculine lui murmurait à l'oreille, suave, tandis qu'une main lui cajolait doucement épaule et cou. Il y avait une telle douceur, une telle tendresse dans ces gestes, qu'Océane n'eut guère le cœur à sortir de ce si bon sommeil. C'était assez incroyable, elle ne souvenait pas avoir retrouvé Brendon, ni même s'être endormie contre lui. Le dernier souvenir non confus qu'elle avait, était celui de l'avion, lorsque, observant San Francisco se transformer en de toutes petites tâches de lumières blanches dans un ensemble d'ombre, elle avait sentit la lassitude dû à un manque de sommeil flagrant la rattraper, et l'obliger à fermer les yeux, en s'appuyant contre le l'appui-tête inconfortable. Ce qu'il s'était passé ensuite ? Aucune idée. Mais peu importait, elle était si bien là, qu'elle n'avait absolument pas l'intention de se laisser réveiller si facilement. Alors, arrimant un bras autour de son cou, elle chuchota doucement, pas plus fort qu'un souffle.
    « Shhhhhh... Dors encore un peu... Quelques minutes, mon ange. »
    « Loin de moi l'envie de vous priver de ces instants de sommeil, mais dans quelques minutes nous seront à New-York, mademoiselle. »
    Répondit la voix toujours aussi charmante.
    « New-York ?! » Percuta, finalement, Océane en ouvrant les yeux d'un seul coup. D'abord éblouie par l'intensité de la luminosité, elle plissa plusieurs fois des paupières en voyant apparaître sous ses yeux des rangées de sièges bleus foncés, et des gens, d'abord flous, puis de plus en plus nets, entrain de s'attacher et remonter sièges et tablettes. Brusquement elle prit conscience d'être toujours dans l'avion, et de l'impossibilité que Brendon y soit avec elle. Se redressant d'un coup, elle observa avec surprise l'homme à ses côtés qui n'avait rien à voir de près ou de loin avec son homme à elle.
    « Je suis confuse ! Je... »
    « Vous n'avez pas à vous excuser, c'était plutôt agréable, mademoiselle. »
    Lui répondit le trentenaire avec un sourire élargit.
    « Si, si, je m'excuse ! » Répondit-elle avec empressement en s'isolant sur son siège, le plus loin possible du sien, en attachant sa ceinture. « Et c'est Madame ! » Répliqua-t-elle en brandissant son annulaire armé de sa fausse alliance, comme s'il eut s'agit d'un puissant répulsif contre les hommes un peu trop enthousiastes à son égard. Et dire que Curtis se moquait d'elle et de son entêtement à conserver cette bague autour de son doigt, alors qu'elle n'avait plus à faire croire à qui que ce soit au pseudo mariage Stanford. Et si elle l'aimait, elle, son alliance ? Crétin de Curtis. Il ne comprenait rien à rien.

...
    Les doigts agrippés fermement au volant, le regard furetant sur tous les retros, et le pied planant au-dessus de la pédale de frein, Océane n'était pas du tout rassurée. Ca n'avait rien à voir avec le Montana ici, même à Billings, la plus grosse ville de l'état, elle n'avait vu une circulation pareille. Elle avait pourtant déjà conduit à San Francisco, mais New-York semblait ne répondre à aucune règle du code de la route. Comme si les new-yorkais avaient inventés leur propre code qui s'apparentait, à peu de chose près, à celui dans troupeau de buffles en pleine savane ! C'était la jungle ! Personne ne semblait respecter les principes de base ! Priorité à droite ? Mes fesses, oui ! Feu rouge = Stop ? Pourquoi faire ? Voyons ! Et cette radio présélectionnée et spécialisée dans les années 70, qui l'obligeait à se remuer tout en beuglant comme une Olivia Newton-John sauce française, sans même en avoir conscience.
    « You better shape up, 'cause I need a man, and my heart is set on you. You better shape up; you better understand, to my heart I must be true... » Chantait-elle à tue-tête, avant de s'énerver contre un taxi un peu trop collant. « J'vais pas assez vite pour toi ? Bah vas-y, passe par-dessus ! Crétin ! » Les sourcils froncés, ses yeux clairs envoyant un regard noir au pakistanais via le rétro intérieur, elle reprit sa petite comédie musicale personnelle. « You're the one that I want, Ouh, ouh, ouh honey ! The one that I want, you are the one I want, ouh, ouh, ouh honey ! The one I need, oh yes indeed ! »
    Pourquoi les gens coincés dans l'habitacle rassurant de leur voiture se croient-ils invisibles aux yeux du reste du monde ? En l'occurrence, Océane ne faisait pas exception à la règle, et martelant de ses doigts, le volant en rythme, elle s'en donnait à cœur joie, sans réellement prendre conscience des regards que les autres automobilistes portaient sur elle. Ce n'était pas de sa faute, c'était cette chanson qui était entrainante. N'importe qui, à sa place, aurait fait pareil. Et puis, en toute honnêteté, elle n'avait pas conscience de ce qu'elle faisait, trop concentrée sur comment éviter le chauffard de droite sans emboutir la Mercèdes du chauffard de gauche. Un véritable challenge pour une petite campagnarde comme elle. Et dire que Brendon avait passé son permis dans cette même ville. Plus jamais de sa vie elle ne critiquerait la façon de conduire de son homme. A ses yeux, il venait de passer du statut de "Tu conduis bien trop vite ! Regarde où tu vas ! Regardeuh la routeuh !" à celui de Dieu vivant de la conduite en jungle urbaine. Il faut bien avouer que le fait qu'Océane, ne parvenant absolument pas à se repérer dans ce plan pourtant bien trop linéaire à son goût, conduise à deux à l'heure pour ne pas manquer les numéros de rues, n'arrangeait rien à l'agacement de new-yorkais chatouilleux de l'accélérateur. Pourtant, en arrivant à l'agence de location de voitures de l'aéroport, elle s'était renseignée auprès du vendeur, qui lui avait même tracé l'itinéraire sur un plan de Manhattan. Ça avait l'air si simple sur le papier. Ce quadrillage parfait, bien propre, et cette numérotation des rues, comme si les habitants de cette ville étaient trop demeurés pour retenir des noms au lieu des numéros. Sur le plan, il était indiqué qu'elle devait suivre Park Avenue jusqu'au croisement avec la 76ème. Là, elle devrait alors remonter, dépasser la boutique Louboutin, et poursuivre jusqu'au n°576 de la 76th. Le vendeur lui avait même précisé : « Si vous voyez du vert en face de vous, c'est Central Park, et cela signifie que vous avez été trop loin. » Il l'avait prit pour une idiote ou quoi ? Comme si elle était capable de rater le numéro 576 ! Comme si elle était incapable de repérer Central Park ! C'est bon, elle n'était pas ignare, hein, elle aussi elle regarde "New-York : Unité Spéciale", monsieur le pédant ! Il avait quand même tenu à poursuivre, précisant que si elle ratait l'immeuble, elle devrait poursuivre jusqu'à Central Park, tourner à gauche pour récupérer la 5th avenue, qui de toute manière était en sens unique, et tourner, de nouveau à gauche pour rejoindre la 75ème rue au niveau de l'Institut Allemand-Américain, avant de reprendre Park Avenue, et de retourner sur la 76th, rue à sens unique, et tâcher de ne pas rater l'immeuble cette fois. Le vendeur avait donné plein de précision, mais il avait oublié de signaler que Park avenue devait faire minimum 750 kilomètres de long !! Océane avait l'impression de rouler sur cette avenue depuis des heures, et regardait le numéro des rues depuis le tout début, à savoir la 18ème ! Ce fut donc avec soulagement qu'elle lu 75th street sur le panneau à l'angle. Ouf, c'était la prochaine. Avec précaution, elle s'inséra sur la file de gauche, de manière à pouvoir tourner à la prochaine. Mission périlleuse, vu la conduite sportive des autres automobilistes, si bien qu'Océane coupa la radio, et se concentra au maximum, tout ses sens en éveil. Et ce fut sous des coups de klaxon compulsifs qu'elle tourna dans la 76th. Tout au bout, elle pouvait percevoir la tâche verte dont parlait le vendeur. Avec un sourire narquois, elle se demanda comment il avait pu la croire suffisamment crétine pour rater Central Park. Mais c'était autre chose qui accaparait son attention. Ce fut un regard ému qu'elle posa sur les murs en pierre qui l'entouraient. Des immeubles imposants, des bâtisses imposantes et majestueuses, des trottoirs presque plus larges que les rues de Billings, des voituriers, des portiers, tous tressaillant dans le froid de décembre, des manteaux de fourrures à foison, des escarpins martelant le bitume, des enfants tenus en laisse, des chiens transportés dans les bras, et dont la pelure se confondait avec les fourrures de leurs maîtresses. C'était un monde à part, un monde à l'envers, comme déconnecté de la réalité. Et pourtant, c'était dans cette rue qu'avait grandit l'homme de sa vie. A des années lumières de son monde à elle. Rien, absolument rien, ne les prédestinait l'un à l'autre. Personne n'aurait pu prévoir le coup de foudre entre deux personnes aussi différentes, on vous aurait même, probablement, rit au nez, si, il y a quelques années, vous les aviez pointé du doigt en disant qu'ils allaient s'aimer. Lui le fils de bonne famille, élevé dans un luxe ostentatoire où 16ème anniversaire rimait avec Aston Martin et Rolex, et elle, la petite orpheline des campagnes, élevée par son grand-père dans les champs avec la crainte du manque d'argent planant au-dessus de sa tête comme une épée de Damoclès, où 16ème anniversaire rimait avec Chevrolet vieille de plusieurs décennies, et un exemplaire relié de son livre préféré. Impensable ! Ce n'était pas la première fois qu'Océane se rendait à New-York, dans ce quartier chic, mais la dernière fois elle n'avait pas vraiment eut le temps d'admirer le paysage avant de claquer la porte, et puis le fameux bal ne s'était pas donné au n°576. D'ailleurs, la brunette reprit ses esprits, et se mit à scruter les numéros au-dessus des imposantes portes des imposants immeubles, afin de ne surtout pas rater celui qui l'intéressait. 652... Ok, cela devait aller en descendant, en fait, ce qui n'était pas très logique vu qu'il n'y avait pas 652 bâtiment avant Central Park, mais bon... 654 ?! QUOI ?! Elle avait raté ce putain de 576 ?! Un coup d'œil dans le rétroviseur l'informa qu'il était hors de question qu'elle parte en contre-sens et en marche arrière pour rejoindre l'immeuble qui ne devait guère être loin, et les coups de klaxon impatient la forcèrent à appuyer sur le champignon tout en tapant du plat de la main contre le volant, d'énervement. Ce maudit vendeur avait raison ! Elle était suffisamment conne pour rater l'immeuble ! Et maintenant elle n'avait plus qu'à se taper un tour complet du pâté de maison pour rejoindre une bâtisse qui devait être, actuellement à 100 mètres d'elle. Et quand on connait la démesure des new-yorkais, un pâté de maison pouvait facilement faire 5 hectares ! Bande de chieurs ! Dans son itinéraire, elle avait prévu ce petit détour, et il n'était censé lui prendre qu'une heure ou deux, tout au plus. Avec les 7h de vol entre San Francisco et New-York, plus le 4h de décalage horaire, elle avait déjà atterrit à 16h, heure locale, et maintenant, à quelques mètres du but de son détour, l'horloge du tableau de bord annonçait 18h30. Et dire qu'elle devait encore rejoindre le Vermont, après ça. Et c'était pas vraiment la porte à côté. Comment allait-elle expliquer ce retard à Brendon ? Elle avait horreur de lui mentir.

...
    « Vous ne pouvez pas vous garer ici, mademoiselle ! Il est interdit de stationner ! »

    Il ne manquait plus que ça ! Comme si elle allait s'amuser à chercher une place de parking à cette heure-là ? Il avait fumé quoi, Papy ? Du crack ? Tout était possible à New York ! De toute manière, Océane ne l'écoutait pas, et filait droit vers la grande porte du 576, 76th street, Manhattan.
    « Mademoiselle ! Je suis sérieux ! Vous ne pouvez pas laisser votre véhicule ici, voyons ! Vous êtes à Manhattan, pas dans le Queens ! » Reprit le portier avec condescendance, en lui barrant le passage.
    « J'en ai pour quelques secondes ! » Se justifia-t-elle. « Et pour votre information, je viens carrément du Montana, alors le Queens c'était pas une insulte assez forte, voyez-vous, pour qualifier mon niveau de sauvagerie ! » Annonça-t-elle avec fierté, alors que le portier affichait une moue d'effarement, comme si le Montana pouvait être assimilé à un village reculé de la forêt amazonienne, avec des Pigmés et tout ! L'horreur !
    « Et auriez-vous l'obligeance de me dire à qui vous rendez visite, Miss ? » Son accent british sonnait affreusement faux, comme s'il l'avait emprunté à Colin Firth juste pour faire plus distingué.
    « Vous êtes portier ou concierge ? Non, parce qu'à la base, votre job, c'est pas d'ouvrir et fermer la porte sur mon passage plutôt que de me prendre le chou pour que dalle ? » Demanda-t-elle en exagérant son accent et sa familiarité dans le but de le choquer un peu plus. Elle avait toujours adoré voir Julia Roberts jouer à ça dans "Pretty Woman".
    « Je me dois de veiller à la sécurité des occupants, il est donc de mon devoir de ne pas laisser rentrer n'importe qui, mademoiselle...? » Là, il lui demandait clairement de se présenter, de lui donner son nom. Il était temps de lui faire ravaler sa bile, à défaut de pouvoir lui faire avaler son haut-de-forme.
    « Madame ! Madame Driesen, Océane Driesen ! » Annonça-t-elle sans cacher son sourire, alors que le portier semblait avoir du mal à déglutir. Visiblement, il avait entendu parler d'elle. Chouette, elle avait une super réputation jusqu'à New York. Non, ce n’était pas un mensonge, enfin pas vraiment. Elle allait vraiment devenir Madame Driesen, ce n’était qu’une question de temps, maintenant, et puis, c’était Brendon qui avait mentit à ses parents. Quelle petite amie aurait-elle été si elle avait dévoilé la vérité au portier de sa famille ? Médiocre, évidemment !
    « Puis-je... Puis-je vous demander si vous êtes attendue ? » Hésita l'homme.
    « Vous pouvez, tout à fait, et je vous répondrais que je n'ai pas de comptes à vous rendre. Vous êtes au service des Driesen, pas vrai ? » Elle attendit qu'il hoche de la tête pour reprendre avec le sourire. « Je suis une Driesen, donc vous êtes à mon service. Tenez ! » Elle lui lança les clefs de sa voiture avant de pousser les portes de l'imposante entrée. « Gardez un œil sur mon bolide, mon brave ! Je ne voudrais pas qu'on me la tire ! » Quand on savait que sa voiture de location était une Lincoln CarTown, et pas le dernier modèle, qu'elle était garée à la va vite, au milieu du trottoir comme si sa propriétaire avait tenté de rentrer dans l'immeuble avec, et qu'elle jurait au milieu de toutes les voitures de luxe qui déambulaient dans la rue, sa remarque avait de quoi être comique pour quiconque aurait eu un peu d'humour. Mais visiblement, le portier n'en avait pas.

...
    Dix minutes plus tard, elle était dehors, récupérant ses clefs auprès du portier mal-aimable. Elle n'avait pas trainé à l'intérieur. Elle s'était directement dirigée vers le concierge de l'immeuble, qui l'avait renseigné sans mal, avec un sourire bienveillant. Non, les Driesen n'étaient pas chez eux. Ni madame, ni monsieur, ni même mademoiselle, qui pourtant aurait dû arriver ce matin. Devant son ton sincèrement inquiet, Océane l'informa du non-retour de Gretchen. Il ne fallait pas qu'il s'inquiète, mais la demoiselle ne passerait pas les Fêtes en famille cette année. Ou du moins pas dans cette famille-là. L'homme l'avait interrogé du regard, aussi s'était présentée, mais cette fois-ci, sous son vrai nom : Eono, Océane Eono. L'absence de mensonge n'avait pas semblé intriguer le concierge, qui s'était même fendu d'un sourire à son adresse. Il devait bien être le seul, dans tout l'immeuble, à nourrir un semblant de sympathie à l'égard de la française. « Souhaitez-vous les attendre ? » Lui avait-il demandé en lui précisant qu'il pouvait lui ouvrir la porte, et qu'elle n'aurait qu'à patienter dans le salon. Océane avait refusé catégoriquement. Si un Driesen avait été sur place, elle aurait fait l'effort de monter, si tant est qu'elle en avait eu le courage. Mais le fait qu'il ne soit pas là l'arrangeait bien, elle pourrait donc éviter la confrontation. Alors, elle avait fouillé dans son sac pour en sortir le petit rectangle de papier où figurait, en lettres maladroites, "Mr & Mrs Driesen", qu'elle avait finalement tendu au concierge, en lui demandant s'il aurait l'obligeance de remettre cette lettre au couple. Il avait eu la politesse d'accepter sans poser de questions, avant de lui demander de transmettre le bonjour à Monsieur Brendon et Mademoiselle Gretchen, alors qu'Océane s'évadait déjà de cette horrible prison dorée. C'était véritablement l'image qu'elle avait de ce lieu, avec le portier en guise de gardien de prison. Quel odieux bonhomme ! Alors, elle s'était précipitée vers son véhicule, espérant ne pas perdre une minute maintenant, et manqua percuter une da-dame tenant une petite blondinette de 4 ou 5 ans, en laisse.
    « Madame ! » L'interpella Océane, tout en ouvrant la portière conducteur. « Vous ferez attention, je crois que votre môme vient de lever la patte contre mes enjoliveurs ! » Provocante et piquante, comme toujours, elle lui offrit un sourire espiègle avant de s'engouffrer dans sa voiture, et de mettre le contact. 19h05. Et elle avait encore 4h de route avant de rejoindre Castelton dans le Vermont. Super ! Elle avait dit à Brendon qu'elle serait sur place pour 20h30. C'était plus un contre-temps, à ce niveau-là, c'était carrément une faille spacio-temporelle ! Merde, qu'est-ce qu'elle allait bien pouvoir lui raconter ?

...
    « Gros accident sur la 787 North. Ça risque de pas mal me retarder. Comment ça se passe si je dépasse les heures d'ouverture du service ? »
    Lâchant son téléphone entre ses jambes, elle s'employa à passer une vitesse. Elle avait attendu de quitter New York, et d'avancer à vive allure sur la 787, sur laquelle elle était censée rouler plusieurs heures, avant de lui envoyer ce texto. C'était un bobard relativement crédible. Il avait commencé à neiger, et les accidents étaient continuels sur cette route. Brendon était obligé d'y croire, si toutefois il ne lui venait pas dans l'idée de vérifier sur le net l'état de la circulation, non dans le but de la surveiller, mais plus pour suivre en direct l'avancée du trafic. Au-delà du fait de bousiller de précieuses heures qu'elle aurait pu passer avec lui, ce qui l'ennuyait le plus c'était les heures d'ouverture du centre de cure. Il avait été prévu d'avance qu'elle arriverait, au plus tard, à 20h30. Il était censé l'attendre sur place, et après des retrouvailles dignes de ce nom, ils auraient prit la route avant 22h. Mais à aucun moment, ils n'avaient prévu le fait qu'Océane pourrait avoir du retard. L'établissement ouvrait ses portes de 9h du matin jusqu'à 22h le soir. Que se passerait-il si, comme cela allait être le cas, Océane déboulait vers minuit ? Devrait-elle s'arrêter dans un motel pour y passer la nuit ? Non, impossible ! Elle attendait cette date depuis trop longtemps pour tout repousser d'une journée. Entre ses cuisses, son portable sonna, et, conservant un œil sur la route, Océane entreprit de lire le texto qu'elle venait de recevoir. « Déconne pas, Océane. Passé 22h, ils ne te laisseront pas rentrer. » La neige s'accumulait de plus en plus, a tel point qu'elle du mettre en route les essuie-glaces, et ralentir un peu les kilomètres/heure. Ce n'était vraiment pas le moment que le temps se dégrade. Vraiment pas. « Dans ce cas fais une corde avec tes draps ! Je te kidnappe, mon amour ! » Hors de question qu'elle le laisse ne serait-ce qu'une nuit de plus dans ce centre. Si elle devait faire un scandale, elle le ferait, mais ils partiraient ce soir ! C'était le plan, ils n'en changeraient pas. Pressant l'accélérateur, elle s'engagea sur la voie express, veillant, tout de même, à rester prudente. C'était pas le moment d'avoir un accident, non plus.

...
    La petite ville de Castelton était plongée dans la pénombre. Chaque maison avait tiré ses volets ou ses rideaux, et les rares lampadaires éclairaient la route par intermittence. La neige recouvrait chaque chose d'un épais duvet blanc et rendait le paysage presque suréaliste. Après avoir parcouru de longs kilomètres sur des routes au paysage linéaire, Océane avait la sensation de débarquer dans un village fantôme, abandonné depuis des décennies. Même dans le bar du centre-ville, la porte était close et les volets baissés. Pourtant, il n'était pas encore 22h. Océane venait de battre un nouveau record en ralliant New York-Vermont en moins de 4h. Trois heures, très exactement. Même le train express allait moins vite, surtout dans des conditions météorologiques pareilles ! Le pire, c'est qu'elle n'allait même pas pouvoir s'en vanter auprès de Brendon, puisqu'il croyait qu'elle en était, déjà, à 5h de route. Trop injuste ! Passant le revers de sa manche sur le pare-brise, elle tenta de dégager la buée qui s'y était formée, et reprit sa route. Dans quelques minutes, il serait 22h, l'heure fatidique où le centre de cure fermerait ses hautes grilles, et renverrait tous les visiteurs nocturnes. Quoique, au vu de l'animation en ville, il ne devait pas y avoir un paquet de noctambule. En même temps, pour une ville abritant un centre de désintoxication, c'était peut être normal. Juste à la sortie de la ville, alors qu'elle croisait le panneau la remerciant de sa visite, et qu'elle envoyait un petit signe de l'index en lui disant "Pas de quoi !" (Ô fatigue ! Fatigue !), elle bifurqua à droite sur un chemin qui ne payait pas de mine, et poursuivit sa route en allumant les pleins phares. Si on ne savait pas ce qui se trouvait au bout, on pouvait s'imaginer qu'il ne s'agissait que d'un chemin menant à la forêt. Mais 500 mètres plus loin, derrière un épais rideau de végétation, se cachait la fameuse Résidence Beau-Soleil. Vu qu'il faisait nuit, et qu'il neigeait à gros flocons, l'appellation fit sourire Océane, au moment-même où l'imposante bâtisse de la résidence se dessinait en contre-jour. 21h55. D'ici, elle pouvait percevoir les grosses grilles du portail automatique se mouvoir doucement. Merde ! Ils commençaient à les fermer ! Pas le temps de s'émerveiller devant ce spectacle à la Harry Potter déboulant pour la première fois devant Poudlard, il fallait qu'elle s'active. Enfonçant son pied au plancher, la petite voiture fit un bond en avant, puis fonça à toute vitesse en direction des grilles, avant de s'arrêter en pilant, entre les deux grilles, obligeant le gardien dans sa guérite à stopper le mécanisme.
    « Right on time ! » Lança-t-elle avec un sourire triomphant, après avoir ouvert sa fenêtre.
    « Je ne dirais pas que c'est le terme approprié, je dirais plutôt que vous êtes juste à l'heure pour être en retard, Madame Stanford. » Lui répliqua le gardien emmitouflé dans un épais anorak, avant de lui présenter la feuille de registre à signer.
    « Ne vous inquiétez pas, Mike, nous serons partis avant même que vous n'ayez eu le temps d'épeler mon nom complet ! On a pas l'intention de s'éterniser ici. » Lui répondit-elle, toujours avec le sourire, en apposant sa vraie-fausse signature sur le registre, alors que le gardien se frottait les mains en soufflant dessus pour se réchauffer.
    « Je vous regretterais, soyez en sûre ! C'est pas tous les jours qu'on en voit, des comme vous. Les autres, c'est des zombies ! On croirait qu'ils viennent visiter des mourants. Vous êtes, tout les deux, une vraie bouffée de fraîcheur ! » Dit-il en tremblant légèrement.
    « A force de fraîcheur, vous allez attraper la mort ! Rentrez vite ! Et merci de m'avoir laissé passer malgré l'heure. »
    « Ne vous inquiétez pas pour ça ! »
    Répondit-il avec un geste de la main. « Le Docteur Cox avait laissé l'ordre de vous autoriser à entrer, qu'importe l'heure. Il vous a à la bonne, je crois ! »
    Ce n'était pas Océane qu'il avait à la bonne, c'était le couple entier. Cox était le psychologue de San Francisco. Il avait juré ses grands dieux, qu'il avait l'habitude de partager son temps entre l'hôpital de S-F, et le centre de Beau-Soleil, un mois sur deux, et que, justement, son mois dans le Vermont coïncidait avec celui de Brendon. Mais Océane restait septique. Elle était persuadée qu'il avait souhaité s'occuper de lui personnellement. Elle n'allait pas s'en plaindre, il semblait avoir fait un travail remarquable, même si, dans une thérapie, le véritable travail c'était le patient qui le faisait. La brune adressa un signe de main au gardien, puis redémarra et remonta l'allée qui menait à l'entrée principale du bâtiment.

...
    Elle le repéra de loin. Il était là, assit sur le perron, lui aussi emmitouflé dans son épais manteau, une grosse écharpe autour du cou, tandis qu'il tirait maladroitement sur une cigarette. Il devait être congelé, mais Océane ne pouvait s'empêcher de sourire. La nervosité, l'anxiété, tout ce stress qu'elle avait ressentit pendant son périple avait déserté son corps, et avait fait place à une excitation, une sorte d'euphorie et un trop-plein d'amour. Son cœur menaçait de déborder. Immobilisant le véhicule à quelques mètres de lui, elle ne tarda pas à s'en extraire, juste après avoir prit le temps d'enfiler sa veste. Il s'était levé, et avait fait plusieurs pas dans sa direction avant même qu'elle ne claque la portière, mais cela n'était pas suffisant pour Océane. Il était encore trop loin. Chaque centimètre serait de trop. Alors elle se mit à courir vers lui pour couvrir les derniers mètres qui les séparaient, et une fois à son niveau, elle lui sauta dessus. Littéralement. Elle avait noué ses jambes autour de ses hanches, et ses bras autour de son cou avec une rapidité qu'il connaissait bien, et à laquelle il devait s'attendre puisqu'il n'avait pas eu l'air surprit, juste amusé. Elle s'empara de ses lèvres pour un baiser qui exprimait tout son manque de lui et ce besoin de contact, un baiser qui s'éternisa encore et encore.
    « Bonsoir. » Murmura-t-elle contre ses lèvres, le bout de ses doigts caressant sa joue, après qu'elle eut trouvé le courage de mettre fin au baiser.
    « Bonsoir ! » Répondit, alors, une voix masculine qui pourtant n'était pas celle de Brendon. Cela venait de sa droite. Océane braqua son regard noir sur l'importun qui osait venir troubler ses retrouvailles. « Maman Lion est finalement arrivée. » Poursuivit l'inconnu qui n'était autre que le Docteur Cox, en tendant sa main en direction d'Océane.
    « Bonsoir docteur Mamour. » Répondit-elle en lui serrant la main, sans pour autant descendre des bras de Brendon. Bah quoi ? Ça va, elle ne pesait pas lourd, et puis il sortait plus du coma, là. Sois un homme, un peu. « J'ai fait le plus vite possible, mais la circulation est affreuse, et toute cette neige... »
    « Ne vous inquiétez pas, c'est tout à votre honneur d'avoir réussi à rallier le Vermont en une seule journée. C'était inespéré. Mais rentrez ! Ne restez pas dans le froid ! Vous ne voudriez pas que votre époux attrape un rhume, n'est-ce pas ? »
    Le sourire du médecin se fit moqueur, alors qu'il leur faisait signe d'entrer. Océane lui répondit par un haussement d'épaules dédaigneux, tout en se laissant entrainer vers l'intérieur chaleureux, sans même qu'elle n'ait à descendre de son transporteur humain. Pour sa peine, elle lui offrit un nouveau baiser. Mais, il dû y mettre fin de peur de se manger un mur en avançant. Alors Océane en profita pour lui poser la question qui l'obsédait depuis New-York.
    « Dis, mon amour, t'as déjà porté une laisse ? » Demanda-t-elle rapidement avant de surprendre son regard et d'ajouter précipitamment : « Non ! Non, non ! Je ne te parle pas d'un trip sexuel ! Brendon ! Arrête de sourire comme ça ! Aaaaah ! Voilà ! Deux secondes avec toi, et tu m'agaces déjà ! »
    Ça promettait pour le reste du voyage !
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Brendon K. Driesen
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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Vide
MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyJeu 28 Jan - 14:32

Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Mmmmme Grand-Pa' ! Let me introduce you London. 002
Grand-Pa' ! Let me introduce you London. 010 Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Mmmmq

I'm on the way to the promised land
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    Il venait de la quitter, comment était-ce possible ? Comment avait-il pu s’arracher, ou se laisser arracher plus exactement, à l’étreinte de ses bras ? Comment ? Il était incapable de le dire. Mais il était bien là, assit sur le siège 37B du vol 5887 à destination de New York. Il s’enfonça plus profondément dans le siège molletonné de la classe économique. Il soupira et continua de fixer le tarmac immobile par le hublot de l’avion. Afin de ne pas penser à l’énorme connerie qu’il était en train de faire Brendon permit à son esprit de dériver sur des sujets un peu plus frivoles. La classe économique par exemple, il n’avait jamais voyagé dans cette partie de l’avion, d’habitude ses parents, un autre sujet sensible, s’arrangeaient pour qu’il soit surclassé, en première ou en classe Affaire, lorsque délibérément Brendon avait acheté des billets en seconde ou en classe économique. C’était une première aujourd’hui, qu’aurait dit ses parents, ses deux monstres d’égoïsme et d’arrogance, s’ils avaient su que leur fils unique, l’héritier de leur fortune et de l’entreprise familiale, voyageait en classe populaire ? Imaginer la tête que ferrait sa mère lui arracha un sourire amusé, désirant faire partager sa soudaine idée à Océane il se tourna vers sa gauche persuadé de la trouver. Son estomac se tordit douloureusement lorsqu’il croisa le regard d’une superbe brune aux yeux verts qui n’était pas la femme qu’il aimait. La réalité s’imposa brusquement, une nouvelle fois à lui, ce voyage il l’entreprenait seul. Et à la fin sa récompense serait de pouvoir enfin vivre avec la femme qu’il aimait sans qu’elle n’ait à craindre qu’il manque une nouvelle fois de mourir à cause de la drogue. La brune lui adressa un sourire rayonnant ravit que pour la première fois, et enfin, son voisin de siège daigne lui adresser un regard. Il se détourna sans même un sourire, et pêcha au fond de son duffle-coat son précieux Iphone. Il trouva sans peine dans le menu la fonction « messagerie ». Aussitôt ses doigts volèrent sur le clavier tactile apparut à l’écran, il se rendit vaguement compte que l’hôtesse de l’air commençait à leur expliquer comment réagir en cas de danger. Ayant prit l’avion de nombreuses fois, et pas toujours pour traverser le pays, il continua tranquillement d’envoyer son message. « Suis dans l’avion. Stop. Je t’aime. Stop. Espère trouver mon Apple en un seul morceau à mon arrivée. Stop. Espère ne pas rencontrer dans le Vermont des autochtones à la Evan Goodrige. Arrête pas de penser qu’avec toi prendre l’avion serait plus sure. Stop. T’ai dis que j’avais peur de l’avion ? Stop. Je t’aime. Stop. Je t’aime. ». Il rangea son portable après l’avoir éteint dans la poche de son jean, alors qu’il levait les yeux, persuadé de croiser le regard fardé de la brune qui lui servait de voisine il fut surprit de trouver un homme familier à ses côtés. Un fin sourire se dessina sur les lèvres de Brendon, un timide sourire qui se transforma en un vrai éclat de lumière lorsqu’il constat que l’homme était essouffler et que les hôtesses demandaient aux passagers de s’attacher l’homme qu’il attendait étant enfin arrivé. Du coin de l’œil il nota que la brunette sexy qui lui avait fait de l’œil quelques minutes plus tôt avait retrouvé son siège originel en bout de ranger et semblait foudroyer du regard l’appuie tête devant elle.

    « Docteur Cox. » Salua doucement Brendon. « Vous êtes en retard. » Souligna t-il en tentant d’atténuer son sourire amusé. L’arrivé du médecin avait eut un effet positif, Brendon avait soudainement arrêté de broyer du noir en pensant à Océane qu’il avait laissé derrière lui.
    « Que voulez-vous Brendon, avec tout ces contrôles… Ils ont vérifiés un par un le contenu des flacons de médicaments de ma valise et on tenu à s’assurer auprès de l’hôpital Universitaire que je n’étais pas un dangereux dealer. » Le médecin souriait lui aussi à présent qu’il avait retrouvé son souffle. « Un comble pour un médecin travaillant dans un centre de désintoxication. »
    « Dommage moi qui pensait pouvoir dès à présent vous désignez comme fournisseur officiel. Il va falloir que je me cherche un autre dealer.»
    Brendon plaisantait bien entendu il tenait, à cause de l’ultimatum d’océane mais pas seulement, a se faire soigner et pour rien au monde il n’aurait replongé. « Mais si vous voulez mon avis les douaniers regardent un peut trop Docteur House. Il pense que tous les médecins sont des junkies ! »
    « Je n’ai jamais douté de l’impact du petit ou du grand écran sur les gens. Pourtant vous êtes le sosie quasiment parfais d’un des protagonistes de Gossip-Girl et pourtant on ne vous pas imposer une fouille au corps je parie. »
    « Non un simple sourire charmeur a suffit pour faire comprendre à ses dames que je n’étais pas une menace. »
    « L’injustice est partout. »
    Soupira le médecin en roulant des yeux faussement agacé.
    « Mais au fait, que faites vous là doc ? Je vous croyais au CHU. » Percuta soudainement Brendon alors que l’avion commençait doucement à rouler sur la piste.
    « J’ai toujours adoré le Vermont à cette époque de l’année, et il était temps que je fasse ma visite mensuel. » La voix du médecin tremblait légèrement, et Brendon remarqua que ses mains étaient agrippées aux accoudoirs du siège.
    « Vous savez que vous avez plus de chance de mourir dans votre lit après qu’un incendie se soit déclaré dans votre maison que dans un avion docteur ? Un vol sur un million s’écrase. Une personne sur trois est victime chaque jour d’un accident domestique. 99% des avions arrivent à destination sans un bobo. Quant au 1% il est rare que ce soit dans un avion effectuant un si court trajet. Alors en sommes il est ridicule d’avoir peur. Vous êtes en sécurité ici. » Assura le jeune homme avec un sourire confiant en regardant les nuages défilés par la fenêtre. Il se demanda ce que faisait Océane en cet instant. Il se demanda quand il la reverrait. Et espéra de tout son cœur qu’en allumant son portable a New York il s’aperçoive qu’elle avait saturé sa boite de réception de messages. Il ferma les yeux un étrange sourire sur les lèvres. Il allait s’empresser de s’endormir. Car il ne rêvait que d’elle. Depuis des années.

    […]

    « Brendon ? »

    De guerre lasse le jeune homme accepta d’ouvrir une paupière. Depuis combien de temps dormait-il ? Et surtout depuis combien de temps le médecin le secouait-il doucement pour le réveiller ? Il n’aurait su le dire, il se rappelait très bien avoir émergé le temps de récupérer ses bagages puis de s’être à nouveau endormit dans la voiture du médecin tandis que celui-ci le conduisait au centre. Il se rappelait que la radio passait la chanson devenu culte de Muse « Supermassive Black Hole », un film adapté d’un roman avait fait passé cette chanson pourtant connu au rang du super phénomène mondiale. Brendon n’avait jamais comprit ce que l’on trouvait à ce Robert Pattinson. Enfin bon… Comme il l’avait prévu Océane avait saturé sa boite de messages. Il avait prit le temps d’y répondre en attendant ses baguages avant de s’écrouler, mort de fatigue sur le siège passager de la voiture. Il souleva une paupière et s’aperçu que la voiture s’était arrêté. Il faisait nuit noir au dehors, l’habitacle de la berline était illuminé par la chiche lueur du plafonnier.

    « Nous sommes arrivés. Il est trop tard pour vous faire visiter le domaine. Récupérez vous bagages dans le coffre et rentrons, je vais vous montrer votre chambre et demain je vous ferrais faire le tour du propriétaire. »

    Brendon acquiesça la bouche pâteuse. Il se redressa, s’étira autant que le lui permettait l’étroit habitacle et extrayant sa carcasse de la voiture il jeta un regard sur l’extérieur. La façade du Centre était illuminée par des veilleuses et la faible lueur rendait cependant grâce à la battisse. Sans quitter des yeux les immenses façades il se dirigea vers l’arrière de la voiture et sortit du coffre son sac de voyage spécial Ordinateur et sa valise. Chargé de ses affaires il suivit le médecin jusqu’à la porte d’entré. Une infirmière les y attendait tout sourire malgré l’heure tardive.

    « Docteur Cox vous voila enfin ! »
    « Bonsoir Clara. Beaucoup de brouillard j’ai roulé prudemment. Tout le monde dort ? »
    « Oui depuis bientôt une heure, le couvre feu vous savez… »
    « Oui bien sur où avais-je la tête. Voici notre nouveau pensionnaire, Brendon Stanford. »
    Le jeune homme gratifia la quadragénaire d’un sourire charmant et d’un signe de tête, ses yeux voilés par la fatigue attendrirent aussitôt la femme.
    « Venez, je vais vous montrer où l’installer. Ce jeune homme a besoin de sommeil de toute évidence. » Le jeune homme en question suivit le couple médical tout en tâtant ses poches à la recherche de son portable. Il finit par pêcher son téléphone dans la poche arrière de son jean. Serrant le petit appareil dans sa main il rattrapa les deux quadragénaires qui avaient pris un peu d’avance sur lui alors qu’ils s’arrêtaient devant une porte.
    « Nous vous laissons vous installer. » Expliqua l’infirmière. « Demain matin le docteur Cox vous rappellera les règles du centre et vous communiquera votre emplois du temps. Le petit déjeuner est servit à 8h30 et le service prends fin à 10h. Tâchez d’être à l’heure. Bonne nuit Brendon. »

    Brendon apprécia l’intimité qui lui était accordé pour l’instant. Munie de ses bagages il poussa la porte de la chambre et après avoir remercié et souhaité une bonne nuit au couple il referma la porte sur lui. Il n’alluma pas le plafonnier immédiatement, posant à tâtons ses affaires sur le sol il composa sur son portable le numéro d’Océane après s’être laisser glisser jusqu’au sol. Il devait être dix neuf heures à San Francisco. Elle était surement en train d’attendre qu’il l’appelle car au bout de la première sonnerie sa voix résonna à l’oreille de son amant.

    « Alors ? » Une simple question, pourtant sa voix traduisait son angoisse.
    « Alors rien. Je suis dans le noir. » Répondit-il doucement en savourant l’écho de la respiration d’Océane qui lui parvenait grâce à la technologie.
    « Qu’est ce que tu fais dans le noir ? Il y a une panne de courant ? » Il percevait son angoisse et bizarrement cela le faisait sourire.
    « Oui et même qu’au moment où je te parle une superbe rouquine est en train de me masser les pieds … Non il n’y a pas de panne de courant. » S’empressa t-il de préciser en l’entendant prendre une inspiration beaucoup plus rapide. « J’avais envie d’entendre ta voix. »
    « Comment se fait-il que tu souffles si bien le froid et le chaud ? » Demanda t-elle en soupirant. « Et que je sois incapable de t’en vouloir quand tu te moques de moi ? »
    « Parce que tu m’aimes ? »
    Hasarda t-il en souriant doucement.
    « Cet état de fait pourrait bien changer Driesen si tu continues comme ça. »
    « Message reçut madame, je recommencerais plus ! »
    Se moqua t-il. « Je voudrais que tu sois là. » Soupira t-il. « Ca te dit de découvrir ma chambre… » Demanda t-il à brule pour point. « En exclusivité live. Vu que je ne l’ai pas moi-même vu. »
    « Brendon rassures moi, je crains pour ta santé mentale… Tu es bien dans le noir parce que tu ne le veux pas vrai ? Pas parce que tu ne sais plus commente te servir d’un interrupteur depuis ton coma ? »
    Il savait qu’elle plaisantait pour masquer qu’elle était touché par sa proposition. « Allume. » Répondit-elle doucement.
    « Attends Papy doit se relever j’ai élu domicile par terre en attendant que tu te décides. »
    « Qu’est ce que tu as avec les sols en ce moment ? Le carrelage de la salle de bain, et maintenant le sol de ta chambre… Une nouvelle lubie ? »
    « C’est pour éviter que tu me bottes les fesses par surprise. »
    A tâtons il cherchait l’interrupteur. « Prête ? »
    « Oui. »
    « C’est partit. »
    Il y eut un long silence sur la ligne alors qu’il jetait son premier coup d’œil à la chambre. « Je suis déçu » Marmonna t-il finalement l’air boudeur.
    « Quoi ? Qu’est ce qu’il y a ? » Demanda t-elle aussitôt, tombant dans le piège.
    « Il n’y aucun posters de femmes nues sur les murs. » Lâcha t-il dans un éclat de rire.
    « Très drôle Driesen ca va se payer cher ça tu m’entends ! »
    « Oui je t’entends, j’ai dis que j’avais des rhumatismes tout a l’heure, pas que j’étais sourds… C’est plutôt sympa en fait »
    Finit-il par avouer. « Pas la prison dorée à laquelle je m’attendais. »
    « Décrit moi. Que je t’imagine là bas. »
    Il la voyait déjà allongé sur son lit, sur le dos, les yeux clos, tentant de l’imaginer dans le décor qu’il allait lui décrire. Un soupire doux qu’elle ne verrait pas se peignit sur les lèvres de Brendon.
    « Les murs sont blancs cassés… Tu sais pas ce blanc plus blanc que blanc qui t’abimes les yeux mais ce blanc doux qui te fais te dire que ce n’est pas si désagréable que ça le blanc. Le plancher à l’air d’être en chêne, en tout cas c’est du parquet. La pièce doit faire peut être dix mètres carrés. Il y a un lit une place contre l’un des murs, il a l’air d’être en bois ancien. Et un petit bureau à l’ancienne où trône un carnet noir… Manquerait plus que je doive tenir un journal comme une gamine de quinze ans… » Il roula des yeux lorsqu’il l’entendit rire. Que c’était bon de l’entendre rire. « Tient y’a pas de miroir… Pour éviter les suicides de ceux qui n’aiment pas le blanc surement… Umh j’ai deux fenêtres, je peux pas te dire sur quoi elles donnent par contre, fait tout noir… Il y a une petite armoire dans le même style que le lit pour ranger ses affaires. A part ça on dirait une chambre d’hôtel. Faut que j’ajoute ma touche personnelle, peut être un peu de rose sur les murs. » Elle rie de nouveau. « Et je serais comme chez moi. » Tout en parlant il avait hissé sa valise sur son lit et ouvrait cette dernière. Il récupéra dans la pochette intérieure de la coque un cadre photo qu’il déposa sur le chevet près du lit. Océane lui souriait enlacé étroitement contre lui. Cette photo avait été prise l’année passée par Curtis à la fête annuel de la confrérie de Brendon. Comme si Océane avait lu dans ses pensées elle murmura.
    « Bientôt nous serrons ensemble à nouveau. »

    […]

    « Et qu’avez-vous ressentit à ce moment là ? » Brendon leva les yeux au ciel et lâcha un profond soupire exaspéré. Ce médecin se rendait-il compte qu’il avait tout du psychologue d’un mauvais film à la Freaky Friday ? Trois jours qu’il suivait cette thérapie de groupe et qu’il mourait d’envie de s’enfuir en courant. Si ses séances avec le Docteur Cox l’aidaient petit à petit à faire le point sur lui, cette thérapie groupée était par contre une véritable épreuve pour ses nerfs. Si Brendon venait du même milieu que la plus par des jeunes gens pensionnaires de l’institut là s’arrêtait toutes ressemblances entre eux. S’il ne s’était jamais sentit à sa place à Manhattan, ce qu’il ressentait ici était à mille lieu de là, mille fois plus important. Il avait l’impression d’être entouré de zombies ! Et encore, c’était vexant pour les zombies ! Si Océane semblait inquiète à l’idée que son amoureux ne se soit pas encore fait des amis, Brendon lui s’en réjouissait. Assister à ces thérapies de groupes et aux activités journalières était déjà bien suffisante pour lui. Le premier jour il avait été désigné pour la corvée de vaisselle, et il avait participé à un cours de sport l’après midi. Le lendemain il s’était proposé pour éplucher les pommes de terre et avait été enrôlé dans une randonnée autour du centre dans les bois. Etrangement les gens dont il se sentait le plus proche ici étaient les membres du personnel de l’institut. C’était naturellement qu’il s’était proposé pour aider le personnel. Lorsqu’il avait été désigné comme étant celui qui serait de corvée de vaisselle il avait apprécié de plaisanter avec les cuisiniers et les aides de cuisine. Le lendemain il avait été le seul à se proposer spontanément pour la corvée d’épluchure lorsque le Docteur Cox avait sollicité un coup de main au petit déjeuner. L’aide de Brendon avait été accueillit avec chaleur par ces nouveaux amis. Il divergeait tant des habituels pensionnaires du centre que certains s’étonnèrent de sa présence dans une cure de désintoxication car, s’il avait le physique des gosses de riches il n’avait ni leur attitude arrogante et détaché ni leur manières. Dès le deuxième jour Brendon confia son histoire aux aides de tout âges surtout des femmes, le charme et le sourire doux du jeune homme avaient déjà fait fondre des cœurs.

    « Tu ne peux pas être vraiment du même monde qu’eux. Vous êtes si différents ! » Avança Kylian une grande rousse aux yeux bleus qui était sous chef dans la brigade. Elle jeta un regard vaguement dégoûté par la fenêtre. « On dirait de vrais zombies, certains sont là depuis des mois et ils sont toujours aussi… Vides ! » La jeune femme lança dans le plat au centre de la table, la pomme de terre qu’elle venait d’éplucher.
    « Je t’assure que pourtant j’habitais bien dans l’Upper East Side avant mon départ de New York. Mais… j’étais différents, un vrai petit génie de l’informatique. C’est cela qui m’a sauvé j’ai été un peu mit à l’écart car je ne correspondais pas a l’image un peu surfaite qu’on attendait de moi, ce n’était pas soit beau et toi et je dérangeais. Je me suis détaché de l’argent, des soirées et de l’alcool ainsi que de la drogue. Le fric les a pourris, ils n’ont pas su développer un but comme toi ou comme moi, leur seul avenir c’est d’être des filles et des fils de quelqu’un. Ils sont des sortes de coquilles vides, tu as raison, car leur vie n’a aucun sens à leurs yeux. Tu comprends ? »

    La jeune femme d’une vingtaine d’année hocha gravement la tête et plongea son regard dans le sien. Elle détourna la tête troublée comme la plus par des jeunes femmes par la nuance unique de bleu des yeux du jeune homme.

    « Mais, si tu as un but Brendon, qu’est ce qui t’as fais tombés dans la drogue ? »
    « C’est à cause d’une femme je parie ! »
    Lança Gus le cuisinier en s’emparant de la bassine de pommes de terre pour commencer à les préparés. « C’est toujours à cause d’une femme ! Vous êtes la meilleure chose qui puisse arriver à un homme mais également le pire fléau qui soit, pas vrai petit ? » Avec un clin d’œil complice au jeune homme il entreprit de trancher les pommes de terres en quartiers pour en faire des allumettes.
    « Ma vie n’a eut de réel sens que lorsque j’ai rencontré une tornade brune aux yeux vert mais ce n’est pas à cause d’elle que je suis là. » Il adressa un clin d’œil à Kylian et tapota de la pointe de son économe l’alliance qui scindait son annulaire. « Elle a fait mon bonheur et je l’ai fais souffrir. Parce que je ne savais pas comment être à la hauteur de l’amour qu’elle me donnait. Lorsqu’elle m’a quitté après une dispute de trop, j’ai déraillé et je suis tombé dans les mêmes travers que les jeunes de mon milieu. Alcool, drogue, jusqu’à l’overdose. Elle m’a trouvé à temps, et elle m’a redonné la vie, encore une fois. C’est pour elle que je suis là. Pour être à la hauteur de son amour cette fois. »

    Les yeux dans le vague, perdu dans des souvenirs encore douloureux, il ne remarqua pas les regards qu’échangeaient ces dames, certaines parmi les plus jeunes avaient les yeux brillants. Etonné de s’être ainsi livré il fut soulager de voir surgir le docteur Cox venu le chercher pour sa séance quotidienne. Lorsqu’Océane n’était pas là il parlait volontiers d’elle pour raviver sa présence dans son esprit. Il jouait à faire semblant qu’elle allait bientôt apparaitre. Lorsque la porte se fut refermée sur les deux hommes, les commentaires de ces dames fusèrent aussitôt dans une bruyante cacophonie, tout le monde parlait en même temps.

    « Il es trop chou ! »
    « Tu crois qu’il divorcerait ? »
    « Ce sont toujours les meilleurs qui sont pris les premiers ! »
    « C’est tellement romantique ! »
    « Prêt à mourir pour elle si elle ne lui était pas revenu, on dirait Edward Cullen ! »
    « Je veux le même pour Noël. »

    Brendon ne frayait pas trop avec les autres patients. Il passait son temps libre au téléphone avec Océane, ou a renouer avec la musique à l’aide de sa guitare ou encore en travaillant les exercices que ses professeurs lui envoyaient. Suite à son overdose son staff professoral c’était montré plutôt indulgent avec lui lorsqu’ils avaient apprit qu’il désirait se soigner tout en continuant ses études. Le docteur Cox l’encourageait à se mêler aux autres patients, mais il comprenait qu’être catapulter au milieu de gens venant d’un monde qu’il tenait à oublier n’était pas facile. Aussi lors de ses séances communes il acceptait que Brendon se mure dans le silence et il le laissait prendre ses marques avant de lui accorder la parole devant le groupe. Benjamin Cox était un médecin consciencieux et passionné. Enfant sa mère l’avait abandonné et il avait été élevé par son oncle et sa tante, si le couple l’avait aimé comme leur fils, Benjamin avait ressentit ce que Brendon ressentait en cet instant. Il avait perçut chez Brendon la même douleur, la même souffrance qui avait longtemps torturée son âme. Océane avait percée à jour le médecin, elle se doutait qu’il s’était prit d’affection pour Brendon. Cependant elle ignorait pourquoi. La séance commune terminée, Brendon qui avait remarqué le médecin et savait où le trouvé, le rejoignit sur la terrasse où Benjamin l’attendait en fumant une cigarette.

    « Vous venez assister à ma mise à mort Doc ? » Le médecin souleva un sourcil interrogateur en tendant son paquet au jeune homme. Brendon y pêcha une cigarette et prit le temps de l’allumer avec son briquet en argent, qu’il avait récupéré à Gretchen en la sermonnant sur le danger de fumer tout en allumant une cigarette sous son nez. Il prit une bouffée du petit cylindre de papier avant de fournir une réponse au médecin. « Vous n’êtes pas au courant ? C’est atelier poterie aujourd’hui. » La mine renfrognée de Brendon manqua de faire éclater de rire le médecin, il se retint cependant à temps en voyant que le jeune homme ne plaisantait pas tant que ça.
    « Et si nous allions plutôt marcher un peu ? » Proposa le médecin avec un sourire amusé. « J’ai promis à maman lion de ne pas vous laisser approcher de jeune femme jouant dans la boue. »
    « Comme vous voulez Doc, elle ont de toute façon les narines un peu trop dilatées pour moi. »

    Des dizaines de sentiers serpentaient dans les bois entourant la résidence, ensemble ils s’engagèrent sur le sentier qui, le docteur le savait, parcourait le moins de kilomètre. Brendon restait affaiblit par son coma et Benjamin l’avait remarqué, il ménageait Brendon à sa façon, sans que le jeune homme ne s’en rende compte. Ils marchèrent de longues minutes en silence, seules leurs respirations brisaient le cocon de calme qui les entourait.

    « Vous avez réfléchit à ce dont nous avons discuté hier ? »
    « Oui »
    La réponse de Brendon lui surprit pas, il avait comprit qu’il fallait lui laisser le temps de parler, il répondait quand il se sentait prêt. « Et je ne le ferrais pas Doc’, désolé. » Brendon s’était immobiliser au milieu du chemin, les yeux rivés sur sa paire de Convers’, les mains enfoncés dans les poches de sa veste il semblait tout à sa réflexion intérieure.
    « Vous n’avez pas à vous excuser Brendon, mais je continue à penser qu’une confrontation avec vos parents continue à pense qu’une confrontation avec vos parents reste nécessaire. » Expliqua doucement le médecin en s’approchant de son patient. « Nous venons tout juste de commencer la thérapie, peut être plus tard cela vous semblera nécessaire. Sachez cependant que nous ne les contacterons pas contre votre volonté, c’est à vous de faire seul le chemin vers la compréhension de ce qui vous pousse à vous faire du mal ainsi. » Brendon releva la tête un sourire amusé sur les lèvres il fixa le chemin devant lui et fit un pas en avant, sa bonne humeur retrouvée. « Bien sur ce chemin se trouve dans votre esprit » Précisa le médecin en riant.

    Les deux hommes se remirent en route, ce fut Brendon qui brisa le silence cette fois-ci en reprenant la parole. Depuis leur séance de la veille une question tournait et retournait dans son esprit et il voulait connaître l’avis du médecin sur la question afin de le confronter au sien.

    « A votre avis Docteur, pourquoi ai-je tenté de me suicider ? »
    « Sincèrement ? »
    Brendon hocha la tête. « Et bien je pense que vous avez été exposé à de la violence psychologique très jeune et durant des années. A tel point qu’il vous semblait normal d’être dévaloriser, car vous étiez persuader avant même d’avoir entreprit quoi que ce soit que vous ne serriez pas à la hauteur. Vous vous pensiez indigne de l’attention, de l’amour véritable d’une autre personne que votre sœur. Océane a été votre premier amour mais, malgré la court que vous lui faisiez vous étiez persuader qu’elle ne tomberait pas amoureuse de vous. Alors quand elle l’a fait et qu’elle vous a épousé vous vous pensiez toujours indigne d’elle. Sans vous en rendre consciemment compte vous avez commencé à mettre à l’épreuve son amour : vous avez été indifférent, vous avez tentez de la rendre jalouse et vous l’avez trompé cet été pour vous prouver que vous ne la méritiez pas quand bien même elle vous avait quitté. Vous reproduisiez la seule façon que vous connaissiez d’aimer, une forme d’amour déviant, bancal car vous ne saviez pas comment procéder autrement. Lorsqu’elle vous a quitté, le comportement sadomasochiste développer durant votre enfance à refait surface. Et vous avez tenté de vous détruire en vous montrant que vous vous haïssiez tellement qu’il vous était impossible, insupportable d’être conscient de vous-même. » Légèrement essoufflé, le médecin mit le point final à sa tirade sans un sourire. Etonnamment Brendon souriait.
    « Vous êtes quel genre de médecin déjà ? »
    « Un psychologue »
    Répondit Benjamin en souriant.
    « Ah oui, ca explique tout. »

    […]

    Une quinzaine de jours s’était écoulée depuis son arrivée ici, quinzaine petit jours, il en restait quinze autres. Brendon apposa une croix dans la case du jour précédent et reposa le marqueur sur le bureau. Il avait allumé son ordinateur dès son retour de sa séance avec le Docteur Cox et après un rapide dîné il fixait l’écran dans l’attente avide de la connexion de sa bien-aimée après son retour de cours. La webcam avait changé la vie de Brendon qui depuis son séjour ici avait découverts les joies de la relation de couple à distance. Assit les pieds posés sur le bureau il fixait l’écran devant lui. Brendon était à peine peigné et depuis quelques temps il avait décidé d’arrêter de se raser il y avait une raison très précise à cela. Son alliance ne suffisait plus pour tenir éloigner les filles un peu trop esseulée de l’institut. Aussi tentait-il de paraitre un peu moins séduisant. Bien sur, ce n’était pas l’excuse qu’il avait inventé pour Océane, il avait prétexté une panne de rasoir et une flamme magistrale de se coiffer chaque matins, habituée à ce genre de lubie de son compagnon la jeune femme n’avait pas émit de commentaire, si ce n’était qu’elle le trouvait sexy avec du poil au menton. De plus en plus le couple parlait jusqu’à tard dans la nuit, et il était difficile pour Brendon de se tenir correctement, alors avoir des petites blondinettes entreprenantes collées à ses basques à chaque moments de la journée commençait à devenir gênant. Non pas qu’il eut envie de l’une d’elles, ce n’était en aucunement le cas, mais leur présence lui rappelait sans cesse à quelle point Océane lui manquait et à quel point il avait envie d’elle. Difficile dans ses circonstances de ne pas déraper à une heure avancée de la nuit. Surtout que Brendon, privé de café, avait beaucoup de mal a faire fonctionner son cerveau passé vingt deux heures. Soudainement l’ordinateur émit un Bip, Océane venait de se connecter sur sa messagerie instantanée ! Enfin. Il accepta la demande de conversation vidéo de sa compagne et sursauta lorsque deux mains féminines se posèrent sur ses yeux. Et voila… Il était à nouveau dans la merde ! Il avait perçut le jingle de la mise en relation avec son correspondant et il savait aussi que les mains sur son visage appartenait à une femme, elle était humide, il était près de vingt deux heures, elle devait sortir de la douche.

    « Qui c’est ? » Roucoula une voix sensuelle à son oreille.
    « Mandy … » Soupira Brendon exaspéra en posant ses mains sur les siennes pour se dégager. « Qu’est ce que tu viens faire là c’est l’heure du couvre feu. » Comme il le redoutait elle ne portait rien d’autre qu’une serviette. Il était vraiment, vraiment mal chanceux. « Ecoute Mandy tu devrais retourner dans ta chambre. » Essaya t-il mais elle se collait à lui plus fermement qu’une sangsue à sa proie. « Ecoute Mandy tu devrais vraiment vraiment rentr... » Avant qu’il eut finit sa phrase la serviette de la jeune femme glissa sur le sol. Il plaqua aussitôt une main sur ses yeux, sachant qu’Océane devait surement être en train de regarder la scène. Il ne voulait pas qu’elle se fasse des idées. A tâtons Il trouva la serviette sur le sol et en drapa la jeune femme à l’aveugle, les yeux fermés, la poussant vers la porte alors qu’elle s’accrochait à son tee-shirt et tentait de l’embrasser. Heureusement il trouva la porte et la mit gentiment dehors avant. Il se retourna, s’adossa au battant clos de la porte et tourna son regard vers l’écran de l’ordinateur. Océane le dévisageait, les joues roses, ses yeux lançaient des éclairs.

    « Attends t’avais dis pas d’infirmière, j’y peux rien si la barbe les rends folles ! » Il savait que l’humour ne résoudrait rien, mais c’était plus fort que lui. « Et puis je n’aime pas les blondes tu le sais bien ! » Au regard qu’elle lui lança Brendon comprit que ce soir les dialogues ambigües ne seraient pas de la partie. Bah il restait toujours les quatorze autres soirs non ?

    […]

    « Océane » Il avait insisté sur la dernière syllabe de son prénom, aussitôt la jeune femme braqua sur lui, par webcam interposé, un regard angélique et innocent.
    « Quoooiiiiiiii ??? » Demanda t-elle sur le même ton en souriant.
    « Tu sais très bien. » Lança t-il.
    « Mais non je vois pas du tout de quoi tu parles amour de moi ! » S’exclama t-elle faussement indigné en lui faisant son regard de chien battu.
    « Océane. » A nouveau il jouait de sa grosse voix. « Je sais que c’est toi ! »
    « Moi quoi ? »
    Demanda Océane. « Pourquoi c’est toujours moi que tu accuses ? » Se plaignit-elle avec des yeux de biche.
    « Attends laisse moi réfléchir … Primo tu as le mot de passe de mon Twitter, de mon compte Facebook … Deuxio je ne vois pas qui d’autre se serait amusé a supprimé mes 600 contacts féminins pour n’en laisser que deux, ma sœur et toi… Alors quelque chose à dire ? » Pour toute réponse elle eut un sourire désarmant de candeur. « Qu’est ce que j’ai fais pour mériter ça. » Soupira t-il en souriant malgré lui.

    […]


    « Brendon ? » Le jeune homme releva les yeux de sa guitare et de la feuille couverte de partition qui était posé devant lui. Assit en tailleur à même le sol, enveloppé dans une couverture en laine aux motifs écossais, sa guitare coincé sur sa hanche il grattait doucement les cordes pour obtenir la mélodie souhaitée. Dix sept jours qu’il était ici, un vendredi soir, il commençait à devenir fou. Comme par hasard l’internet connaissait une petit crise depuis deux jours et il avait à peine pu discuter avec Océane qui s’était apparemment fait embarqué par Gretchen pour le week-end.
    « Doc ? Vous n’êtes pas encore rentré chez vous ? » Questionna Brendon en se redressant légèrement.
    « Non l’appel du devoir, on m’a demandé d’assurer la permanence jusqu’au couvre feu. Je voulais voir comme vous alliez avant de rentrer. Vous me raccompagnez jusqu’à l’entrée, nous n’avons pas pu nous voir aujourd’hui, c’est l’occasion de discuter un peu ! » Brendon se redressa, cala sa guitare sur le matelas et sourit au médecin. Il étouffa une toux légère dans son poing et sortit de la chambre après avoir enfilé sa veste en laine.
    « Ca ne va pas ? » Interrogea le médecin en posant sa main sur le front de Brendon. Le jeune homme se dégagea en souriant.
    « J’ai un chat dans la gorge rien de bien grave. » Il s’avança dans le couloir en compagnie du médecin. « J’ai réfléchis aujourd’hui. Je crois que vous aviez raison au sujet de mes parents. »
    « Vraiment ? » Etonné le médecin s’était tourné vers le jeune homme l’air plus que surpris.
    « Oui. Ce journal que vous m’avez demandé d’écrire sur le passé, ce que je ressentais… Au début j’écrivais un peu tout et n’importe quoi : Océane, Gretchen, l’hôpital… En me relisant ce matin j’ai réalisé qu’en transparence je parlais de New York, de mes parents… Je crois qu’il faut que je leur parle. » Un sourire apparut sur les lèvres de Benjamin, il posa une main paternaliste sur l’épaule de son patient.
    « C’est une bonne décision Brendon. Et elle tombe bien. » Ajouta le médecin en souriant.
    « Elle tombe bien ? Je ne comprends p… » Ils étaient arrivés au milieu du hall. Brendon se figea brutalement, et tomba au sol dans le même mouvement. Il éclata de rire lorsque deux lèvres mutines chatouillèrent son cou. Il prit ses lèvres passionnément sans se soucier d’être allonger au sol, sur un parquet gelé, et encore moins de la présence du médecin. Il l’embrassa, encore et encore jusqu’à ce qu’elle éclate d’un rire frais et léger lorsque le médecin toussota pour rappeler sa présence. « J’ai compris le elle tombe bien maintenant… Sauf qu’elle va vous faire tomber aurait été plus juste. »
    « Maintenant que j’ai accomplis mon devoir de médecin en vous remettant au mains d’un membre de votre famille et que le dit membre en question connait les conditions à respecter pour votre permission. Je vais aller me coucher. Passez une bonne soirée les enfants. » Toujours vautré sur le sol, paralysé par la « masse » de sa compagne il regarda son médecin s’éloigné tout en embrassant chaque parcelles du visage de sa compagne.
    « Qu’est ce qu’il voulait dire par « les conditions a respectés » ? » Demanda Brendon.
    « Taie toi et embrasse moi, je t’expliquerais plus tard. »

    […]

    Ils avaient marché si longtemps que lorsqu'ils était rentrés au motel elle était exténuée et percluse de courbatures. Il la poussa doucement sur le lit et entreprit de lui ôter ses bottes, sa veste tandis qu’elle restait allongée. La tête ployant vers l’arrière, la nuque posée sur un coussin ses cheveux formaient une auréole autour de son visage, il souriait en lui ôtant ses chaussettes, elle lui avait tant manqué. Elle ferma soudainement les yeux, enfouissant ses paupières sous l’un de ses bras qu’elle remonta sur son visage. Se penchant en avant il attrapa son bras avec une douceur infinie et lui reposa sur le matelas, elle ouvrit les yeux intrigués.

    « Si tu pouvais éviter de cacher ton visage je t’en serais reconnaissant. Tu m’as tellement manqué, je ne veux pas te perdre une seconde des yeux. » Expliqua t-il en lançant les chaussettes de la jeune femme sur le sol. Il comptait en rester là dans son streap-tease mais elle en décida autrement. Avançant sa main jusqu’à la ceinture de son jean elle déboutonna son pantalon et descendit la braguette.
    « Tu peux ? » Elle fit le geste de descendre son pantalon et il sourit, bien qu’il eut grand mal à déglutir.
    « Bien m’dame ! » Alliant le geste a la parole il s’empara du bas du pantalon et tira doucement, se soulevant légèrement sur les fesses Océane l’aida à dégager le tissus de ses hanches. Brendon n’avait encore pas remarqué à quel point ce jean pouvait être moulant. Il se força a respiré et attrapa le jean par sa ceinture lorsqu’il fut glissé à hauteur de ses genoux. Océane croisa le regard de Brendon et lui sourit tendrement, il n’y avait aucune lueur de désir dans ses yeux, aucune concupiscence. Tant et si bien que le jeune éprouva du remord, il était en train de se faire des idées, elle était exténuée, elle voulait simplement dormir.
    « Ca va ? » Demanda t-elle alors qu’il sortait doucement des pieds de sa compagne l’encombrant pantalon en jersey.
    « Oui… Et toi ? » Questionna t-il en retour en détournant les yeux des cuisses si désirables de sa compagne.
    « J’ai mal de partout. Cette jeep n’avait aucunes suspensions… Je peux te dire qu’il ya beaucoup, beaucoup de bosses entre New York et le Vermont ! » Soupira t-elle en se tortillant pour soulager son dos de la pression d’un ressort du matelas. Il s’éloigna et chercha son sac des yeux. « Qu’est ce qu’il y a ? » Demanda t-elle en le voyant retourner les poches de son sac de voyage.
    « Je me suis foulé le poignet la semaine dernière, le Doc’ m’a filé une espèce d’onguent pour soulager les courbatures il me semble que … Oui il est là ! » Triomphant il. « Où as-tu mal ? » Questionna t-il en ouvrant le pot de crème.
    « Des pieds à la tête. » Annonça t-elle avec un pauvre sourire. « Je crois que ce petit tour en jeep m’a fait découvrir la présence de muscles dont j’ignorais tout ! »
    « D’accord, laisse-moi m’occuper de toi. »

    Enduisant ses mains de la crème il prit délicatement entre ses mains la cheville d’Océane et entreprit de masser doucement sa peau et ses muscles, inconsciemment il laissa ses yeux s’égarés sur la peau de sa compagne, son regard redessinait des yeux les courbes de ses jambes. Une caresse visuelle qui s’accompagnait de la lente remontée de ses doigts le long de ses membres. Elle s’abandonna à la douce caresse de son amant, la nuque ployant vers l’arrière, un soupir de contentement s’échappa de ses lèvres délicatement ourlées. Brendon se figea sa respiration légèrement plus rapide trahissant sa surprise et son désir. Elle ouvrit un œil et lui ordonna de continuer son massage. Les mains tremblantes il remonta ses mains le long de ses cuisses et pétrit délicatement ses muscles. Se laissant aller, il laissa ses mains remontés le long de ses cuisses, glissées sur ses hanches alors qu’elle se tendait vers lui, ployant les reins à la rencontre de ses mains. Ses doigts s’insinuèrent sous son tee-shirt redessinant le contour des muscles de son ventre, caressant chaque centimètres de cette peau qu’il redécouvrait. Elle gémit lorsqu’il empauma l’un de ses seins et titilla délicatement les petites pointes de chaire dressées.

    « Tu t’égares Mr Stanford. » Souffla t-elle en ouvrant les yeux. Il se figea aussitôt, revenant brusquement sur terre alors que le désir faisait bouillonner son sang. Il retira ses mains presque immédiatement mais elle retint ses paumes. « Je ne suis pas en sucre Brendon, tu ne vas pas me faire du mal… Laisses tes mains où elles sont » Murmura t-elle, empoignant son tee-shirt elle le rapprocha de lui. Déséquilibré il tomba sur elle, son front entrant en contact direct avec son ventre. Elle se figea immédiatement. C’est alors qu’elle le redressait que Brendon comprit que les festivités étaient terminés, elle venait de découvrir que la fine pellicule de sueur qui recouvrait la peau de son compagnon n’était pas du à l’excitation. « Tu es brûlant de fièvre. » Murmura t-elle en posant sa main sur le front incandescent de son compagnon. « Depuis combien de temps te sens-tu mal ? Pourquoi n’as-tu rien dit ? »
    « Je ne voulais pas gâcher notre week-end » Murmura t-il en se laissant tombé sur le flanc auprès d’elle, conscient que donner le change n’était plus nécessaire à présent. « C’est moi qui ait insisté pour qu’on s’éloigne de l’Institut. Je ne voulais pas que tu t’inquiètes. » Souffla t-il en essuyant la sueur qui ruisselait sur son front. Toute la journée, durant leur randonné dans la montagne il avait lutté contre la maladie, il avait masqué sa fièvre, espérant que le grand air et la présence d’Océane calmerait les symptômes. Mais sans succès. Il voulait passer un agréable week-end, une soirée au coin du feu avec elle, rien de plus, il ne l’avait pas vu depuis dix-sept jours, il voulait profiter du temps qui leur était impartit. Mais la fièvre avait eut raison de lui. « Ce n’est rien qu’un rhume. » Ajouta t-il lorsque la main fraîche d’Océane se posa sur son front pour évaluer sa température.
    « Ce n’est qu’un rhume ? » Répéta t-elle apparemment sur le point d’exploser. « Tu dois être monté à 41° ! Tu sais que dans le contrat que j’ai signé avec le Docteur Cox il est spécifié que je dois de ramené vivant et que tu seras soumis a une analyse d’urine et de sang ? Comment je fais pour te ramener vivant si parce que tu as fais ta tête de mule je ne te trouve pas un médecin compétant dans ce patelin ? Alors non ce n’est pas rien qu’un petit rhume. Tu vas restés là. » Tout en parlant elle s’était relevé et entreprit de lui ôter ses chaussures, sa veste, son jean et ses chaussettes en un temps record afin de faire tombé la fièvre. « Et moi je vais aller parler à la gérante. Et surtout ne t’avises pas de me claquer entre les doigts Brendon ! Je n’ai pas fais tout ce chemin pour qu’une simple petite fièvre m’empêche de profiter de toi… »
    « Bien M’dame ! »
    Acquiesça t-il. « Prends ma veste si tu sors, ne pas attraper froid… » Marmonna t-il en se tournant sur le côté pour se rouler en boule, soudainement il tremblait. Elle se pencha, le recouvrit de la couette et l’embrassa sur le front.
    « Ca va aller, je n’en ai pas pour longtemps. » Chuchota t-elle en l’embrassant sur le front.

    […]

    « Grippe A ! » Le verdict du médecin acheva de réveiller Brendon.
    « Ce n’est pas possible ! » Ah non en fait, Océane l’avait déjà devancé pour exprimer sa surprise. « Il n’est en contact avec aucuns malades ! »
    « A ce que je sache ma bonne dame, vous pourriez très bien être un porteur sain ! » Elle soupira et lança un regard de reproche à son compagnon. Ce dernier fiévreux gémit et posa un bras sur ses yeux.
    « Me regarde pas comme ça, si ça se trouve c’est toi qui m’a refilé tes microbes ! » Protesta t-il.
    « Ne vous alarmez pas, un bon coup d’antibiotique et un somnifère et il n’y paraitra plus. »
    « NON ! »
    Océane avait presque crié. « Pas de somnifère » Se tempéra t-elle en posa sa main sur le bras de Brendon. Ils partagèrent un regard dans celui d’Océane brillait une certaine inquiétude. Elle devait veiller a ce que Brendon ne prenne pas d’opiacé, ils le savaient tout les deux.
    « Pas de somnifère » Confirma Brendon au vieux médecin qui se demandait ce qu’il avait bien pu dire pour provoquer une pareille réaction.
    « Vos antibiotiques, ils ne contiennent rien qui pourrait rendre positive un dépistage de drogue ? « Enchaîna t-elle. « Où un test d’alcoolémie ? » Le médecin souleva un sourcil surpris. « Mon mari est … »
    « Un grand sportif. »
    Compléta Brendon en notant le désarroi de sa compagne. « J’ai une compétition demain, il ne faudrait pas qu’à cause d’une légère grippe je sois… disqualifié parce que mes urines seraient devenus roses ! » Même avec près de 40 de fièvre il arriva encore à plaisanter.
    « Bien sur je comprends. Et bien il vous faudra beaucoup de repos Monsieur Stanford si vous tenez a être en forme demain … Eviter tout efforts, même ceux que pourraient vous … inspirez votre femme… Sans vouloir vous manquez de respect madame ! » Précisa le vieux médecin en lui tendant l’ordonnance qu’il avait rédigé.
    « Ne vous en faite pas pour cela, ce n’était pas dans mes intentions » Le rassura Océane en le raccompagnant à la porte du motel.

    Il n’avait eut le droit qu’à une seule visite en un mois et voila comment se terminait ce week-end censé l’aidé à se ressourcer auprès de celle qu’il aimait ? Elle l’avait veillé toute la nuit tandis que la fièvre l’emportait dans un sommeil peuplé de cauchemars. Elle l’avait tiré du lit à l’aube, il n’allait pas très bien et elle était résolue a le ramener à l’institut
    .

    […]

    « Pouah ! » L'onomatopée qui était un véritable euphémisme dans la situation actuelle arracha un sourire amusé à Brendon tandis qu’Océane recrachait dans le gobelet le reste de café qu’elle avait encore dans la bouche.
    « Très glamour » commenta le malade avec un faible sourire. Ils étaient arrivés à l’institut au alentour de onze heures, l’avion d’Océane n’était qu’a dix neuf heures elle avait obtenu du docteur Cox qu’elle puisse rester dans la chambre de son « mari ». Bien sur la porte de la pièce devait rester ouverte et il n’était pas rare qu’une infirmière déboule à l’improviste pour vérifier que rien d’illicite ne se passe dans la chambre. La fièvre était légèrement retombée, et Brendon trouvait flatteur que le personnel médical le pense assez en état pour s’adonner à un sport particulièrement physique. Malheureusement il n’en avait pas la force.
    « Yeurk comment tu arrives à boire ce truc ? » Demanda t-elle en reposant le gobelet sur la tablette.
    « Justement je n’en bois pas. Quitte a mettre privé de café deux semaines à l’hôpital, je préfère attendre un mois avant que tu m’emmène dans un starbuck plutôt que de boire cette chose immonde qu’ils appellent café. Et puis le Doc essaye de me convertir au thé ! »
    « Toi ? Au thé ? La bonne blague, tu seras presque plus accro à la caféine que Abby dans NCIS, Gretchen prétends qu’a New York tu étais capable de te boire une cafetière avant de partir en cours ! »
    Se moqua t-elle en reprenant sa place sur le lit.
    « Tu devrais vraiment arrêter de traîner avec ma sœur, si ça continue elle va t’invité a boire le thé à New York pour te montrer les photos que faisaient notre nounou quand j’étais dans mon bain ou quand elle a changé mes premières couches ! »
    « Intéressant je pourrais faire un comparatif de l’évolution de tes attribut masculins… Quoi que je ne sois pas réellement sur qu’il y ait eut une évolution amour de moi. »
    Plaisanta t-elle en l’embrassant.
    « Pourquoi est-ce que même quand tu te payes ouvertement ma tronche je n’arrive pas a être en colère contre toi ? » Se lamenta t-il contre ses lèvres.
    « Parce que j’ai des fesses sublimes ? » Proposa t-elle à mi voix les yeux rieur
    « Si seulement il n’y avait que ça. » Répondit-il en l’embrassant de nouveau.

    […]

    « Vous devriez rentrer Brendon vous allez finir par mourir de froid avant qu’elle n’arrive » Avança Clara en le drapant dans une couverture de laine. La neige tombait a gros flocons sur le décor de rêve qu’était le parc de l’institut. Il était déjà très tard et il faisait froid, mais il s’en fichait, assit sur une marche de l’escalier, ses valises auprès des pieds il s’était résolu à l’attendre jusqu'à ce qu’elle daigne franchir la porte de la résidence. Elle était en retard, il neigeait et il était inquiet pour elle. Il ne bougerait pas de là tant qu’elle ne serait pas arrivée. « Bon très bien, mais le Doc Cox va se sentir forcé de vous rejoindre et s’il attrape la mort c’est encore moi qui vais devoir le supporter. Et dieu seul sait qu’il est un excellent médecin mais comme patient. » Elle roula des yeux.
    « Rentrez Carla, elle sera bientôt là, je vais l’attendre, je vous assure que je n’ai pas froid. » Piètre mensonge qui ne passa pas inaperçu.
    « Très bien faite en donc comme vous le voulez, mais si vous perdez un orteil, un doigt ou une oreille, vous vous débrouillerez pour vous soignez ! » Grommela t-elle en s’éloignant. Brendon la rappela.
    « Dites moi Clara vous ne seriez pas parente avec une infirmière de San Francisco ? »
    « Non pourquoi ? »
    « Rien vous me rappelez quelqu’un. Allez rentrer si vous tomber malade qui s’occupera du Docteur Cox ? »

    […]

    L’infirmière n’avait cependant pas tords, tandis que Brendon se renseignait via sa sœur sur l’état de la route jusqu’au Vermont et plus précisément sur le déneigement des routes (monsieur le geek ayant laissé son Macbook à l’intérieur afin d’éviter qu’il ne prenne fois n’avait pas accès à internet) lorsque le médecin fit son apparition enveloppé dans une doudoune de ski deux tasses de thé dans les mains. Il s’installa près de Brendon et lui tendit une tasse attendant patiemment que Brendon eut finit sa conversation. Lorsque Brendon raccrocha, intimement persuadé qu’il risquait de mourir congelé avant l’arrivée d’Océane s’il continuait à neiger ainsi, il but avec une gratitude non dissimulé un peu de thé.

    « Mais c’est que vous avez presque l’air d’aimer cela Brendon ! » S’étonna le médecin. « En plus de vous avoir emmené sur le chemin de la guérison je vous ai aussi guérit de votre addiction au café ? » Plaisanta t-il.
    « Ah ça non… C’est chaud, ce pourrait être de l’urine d’âne que je la boirais, tant que c’est chaud… D’ailleurs, ce n’est pas de l’urine d’âne pas vrai ? Parce que ça en a le goût. » Se moqua le jeune homme.
    « Des nouvelles ? » Demanda le médecin en fixant la guérite du gardien à peine visible au travers de l’épais rideau de neige.
    « Un accident sur la route l’a ralentit, mais elle devrait arriver sous peu… Je lui ai dis de conduire prudemment. Il n’était peut être pas si raisonnable que ça de la laisser décider de la façon dont on se rendrait dans sa famille. » Soupira t-il en ôtant la neige qui alourdissait ses cheveux d’un vigoureux geste de la main.
    « Vous ne pouvez pas toujours avoir le contrôle Brendon. » Remarqua le médecin. « Nous avons travaillé la dessus, ne regretter pas votre décision, votre femme semblait enchanter à l’idée de ce petit tour du pays en voiture, et vous aussi. Arrêter de vous inquiétez pour elle. Elle a prit la route car elle se savait capable de conduire, sinon elle aurait attendu demain ! » Le médecin tentait de le rassurer il le savait et lui en était reconnaissant.
    « Je sais tout cela Doc… J’ai juste besoin de la protéger, de veiller sur elle, mais plus de moi-même, enfin j’essaye, je me soigne. » Brendon resserra la couverture en laine autour de lui et dévisagea le médecin. « Vous me pensez prêt à partir n’est-ce pas ? » Soudainement il semblait moins sur de lui.
    « Je vous ai inculqué les bases Brendon, j’ai mis en marche la réflexion et vous ait donné des clés pour que vous continuer sur ce chemin. Le reste de la route vous devrez la faire seul. Bien sur je serais toujours là pour un suivit mensuel, et en cas de besoin lorsque vous le désirez mais je pense que vous êtes prêt. Il vous faudra contacter vos parents une fois que vous aurez quitté le cadre de l’institut, faire la démarche de compréhension et de pardon peut être. Vous êtes prêt, moins à vif, plus serein. C’est à vous de vous gérer à présent. » Annonça le médecin avec un sourire. « Bien sur Maman Lion veillera sur vous comme sur du lait sur le feu pendant un temps, il faudra regagner sa confiance, lui prouver que cela est derrière vous. Mais ça se passera bien. » Il sortit son étui à cigarette de sa poche et le tendit à Brendon qui l’accepta et lui tendit en échange son briquet.
    « Vous allez rester là jusqu'à ce qu’elle arrive ? » Questionna Brendon avec un sourire malicieux. « Avouer que vous nous adorez tout les deux. »
    « Non j’aime juste les combats de catch. »
    « Que vous dites Doc mais je connais la vérité ! »
    Se moqua Brendon en expirant une bouffée de fumé.

    […]

    Il la repéra de loin. Si elle trouvait qu’il conduisait mal, trop vite, elle était bien pire que lui, et aveugler sur ses compétences ! La couverture avait mystérieusement disparut le temps qu’elle avance au volant de sa voiture vers l’entrée. Les doigts gourds il tirait toujours sur sa cigarette, grelottant presque après avoir enlevé l’épaisse couverture, l’épaisse écharpe qu’il portait autour du cou ne le protégeait pas totalement du froid sa nuque mais lorsqu’il la vit au volant de sa voiture il oublia qu’il faisait froid, qu’il sentait à peine la cigarette entre ses doigts. Il sentit une boule de nervosité se former dans sa gorge, le stress monta brusquement, subitement, il ne s’y attendait pas. Il avait peur, peur de ne pas être à la hauteur, cependant il se mit à sourire, son cœur débordant de joie à l’idée que dans quelques minutes il ne serait plus question d’attendre un mois ou quinze jours pour passer quelques heures avec elle. La voir était le plus beau cadeau de Noël qu’on lui eut jamais fait. Elle sortit de voiture et il s’avança, lorsqu’elle se mit à courir il comprit que s’il ne se préparait pas à l’impact ils allaient donnés à Cox un super spectacle de catch… encore ! Elle lui sauta dessus, mais préparé c’est à peine s’il vacilla, au contact de son corps contre le sien toute l’angoisse qui l’avait soudainement étreint, tous ses doutes, s’évanouirent. Il n’y avait plus qu’elle, plus que lui, plus qu’eux et l’avenir. Enfin. Elle l’embrassa et il lui sembla que tout son être dépendait de ce baiser qui ne se terminait pas. Mais lorsqu’elle relâcha l’emprise de sa bouche sur la sienne il comprit que toute sa vie dépendait d’elle, mais que quelque chose avait changé en lui, en mieux.

    « Bonsoir » Répondit-il à son salut. Il masqua un sourire lorsque le médecin qui s’était tenu dans l’ombre jusqu’à présent salua à son tour Océane. Depuis qu’elle avait passé une journée ici ces deux là rivalisaient dans le concours du surnom le plus ridicule et cela ne faisait qu’augmenter l’hilarité de Brendon. Lorsqu’il leur proposa de rentrer pour éviter que Brendon attrape un rhume se dernier le fusilla du regard. « Ahaha très drôle Doc, vraiment très drôle. »

    Océane toujours dans les bras Brendon se mit en marche, elle sourit de ce mode de transport insolite et le récompensa d’un baiser, mais voyant qu’ils allaient droit dans le mur elle mit fin à cette récompense. Soudainement elle posa un question qui fit se lever son sourire en coin.

    « Ca va être de ma faute maintenant si tu es devenu dominatrice … » Il roula des yeux mort de rire en franchissant le pas de la porte d’entrée. « Tu préfères me laisser ici et repartir pour t’éviter toutes cette frustration intérieure de devoir me supporter ? » Questionna t-il avec un sourire malicieux. Elle l’embrassa pour le faire taire et lui faire oublier ce qu’elle venait de demander. Et cela marcha.

    […]

    Brendon s’installa au volant et claqua la portière, il prit le temps de régler le siège, les rétroviseurs avant de boucler sa ceinture de sécurité. Le médecin se pencha à la vitre que Brendon avait laissée ouvert pour écouter ses dernières recommandations.

    « Vous êtes sur de ne pas vouloir passer la nuit ici et attendre que la tempête de neige se calme ? » Demanda t-il une nouvelle fois.
    « Sans vouloir vous vexez Doc’, oui nous sommes sûre. » Répondit Brendon avec un sourire. « Nous avons beaucoup de route et peu de temps. Je vais conduire cette nuit, Océane va dormir et demain elle conduira et je dormirais, nous nous arrêterons demain soir dans un motel, et nous repartirons. » Expliqua t-il. « J’ai passé mes hivers dans le coin, ce n’est pas un peu de neige qui va me gêner et si jamais je sens que ca devient dangereux je m’arrêterais. Je vous appelle dès que nous sommes arrivés dans un nouvel état, qu’en pensez-vous ? »
    « Très bien mais soyez très prudent. »
    Conseilla le médecin en se redressant afin de permettre a Brendon de fermer la vitre.
    « Au fait Doc’ ! » Le héla Brendon avant de refermer la vitre. « Vous devriez inviter Clara a diné, elle est amoureuse de vous ! »
    « QUOI ? » Mais son exclamation fut noyer par le rugissement du moteur. Tandis que le médecin les regardait s’éloigner Océane se tourna vers son amant l’air surprise.
    « Quoi ? » Questionna le jeune en saluant le gardien de vigoureux coups de klaxons d’au revoir.
    « Pourquoi tu lui as dis ? » Demanda t-elle en souriant.
    « Parce qu’il est trop passionné par ce qu’il fait pour le voir. Et parce qu’il l’aime bien aussi… Et puis je l’aime bien. » Répondit-il en changeant de radio pour passer sur sa station Rock favorite. Il se gara sur le bas côté presque soudainement, enfonçant les roues dans la neige, il se tourna vers elle, se pencha et lui donna enfin un vrai baiser digne de ce nom au dessus du levier de vitesse. Sa main se perdant dans ses cheveux, sur sa nuque pour approfondir cette caresse. « Fait de beaux rêves maintenant » Souffla t-il haletant en la relâchant. Il abaissa le frein à main, donna un léger coup d’accélérateur tout en embrayant. La voiture se remit doucement en route et il descendit le volume de la radio en sourdine. On the Road, Again.
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Océane J. Eono
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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Vide
MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyDim 31 Jan - 20:22

Grand-Pa' ! Let me introduce you London. 2ujnkgx

Underneath your clothes
There's a man I chose
There's my territory


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    Elle l'observait, les yeux mi-clos comme pour mieux l'épier en douce. Il souhaitait qu'elle dorme mais c'était chose impossible, déjà parce qu'il l'avait laissé sur sa fin après se baiser, après avoir dû littéralement s'extraire de son étreinte pour redémarrer la voiture, et ensuite parce qu'il était 22h30 heure locale, et donc 18h30 heure d'Océane. Comment pouvait-il imaginer qu'elle allait gentiment s'endormir à 18h30, alors que pour elle ce n'était même pas encore l'heure du diner ? Avec son couvre-feu et son mois passé dans ces contrées reculées, il avait eut le temps de se faire à l'idée que 22h = Dodo, sauf qu'elle, elle en était encore loin. Cela dit, elle lui était reconnaissante d'avoir prit le volant. Ce n'était pas de la fatigue, juste de la lassitude. Après avoir roulé à toutes vitesses dans la neige pour arriver avant 22h, maintenant elle avait bien l'intention de se laisser conduire un peu, juste pour le plaisir d'enfiler les kilomètres sans avoir besoin de faire attention à la route. Et puis, ça lui laissait tout le loisir de l'observer à la dérobée alors qu'il la croyait endormie. Elle s'était mise de trois quart sur le siège, les genoux pliés et jambes remontés sur ce-dernier, alors que sa joue reposait contre l'appui-tête, le visage tourné vers lui. La lune, pleine, renvoyait ses reflets d'argent sur son visage, faisant scintiller son profil de statue grecque, comme si l'astre venait de sa caresse pailletée, souligner l'axe droit de son nez, le carré de sa mâchoire, la finesse de ses lèvres qu'il humidifiait de façon lascive sans même en avoir conscience, l'étendue de son grand front que quelques mèches rebelles venaient balayer. Elle remarqua que, sans avoir tout rasé, il avait réduit la densité de sa pilosité mentonnière. Et Océane dû résister de toutes ses forces pour ne pas venir y glisser ses doigts, en toucher le piquant ou en savourer la douceur. Elle avait une préférence pour cette légère ombre sur ses joues et son menton, mais elle avait constaté avec une pointe d'agacement, que quoiqu'il fasse il restait incroyablement beau. Comme s'il était doté d'une aura enchanteresse. Il était beau, mais plus important encore, il rendait beau tout ce qu'il touchait. Océane ne s'était jamais trouvée belle, exceptée lorsqu'elle était dans ses bras, lorsqu'il la couvait du regard ou la désirait, comme si son regard avait un pouvoir embellificateur sur toute chose, y compris elle. Ils roulaient depuis déjà un bon moment, mais la jeune femme n'obéissait toujours pas. Elle se refusait à le quitter des yeux, même pas quelques secondes, même pas le temps d'un clignement de paupières. Cela faisait bien trop longtemps qu'elle avait été privée de son occupation favorite : La contemplation de son homme. Pendant les deux semaines d'hospitalisation elle avait pu s'en donner à coeur joie, l'observant lorsqu'il dormait, lorsqu'il lisait, lorsqu'il semblait concentré sur la télé, mais depuis un mois, elle n'avait eu la joie que d'observer un Brendon subissant le virus H1N1. Alors aujourd'hui, elle rattrapait son retard, et notait mentalement tous les petits détails nouveaux sur lui. Une légère marque sur sa joue, surement dû à un ratage durant un rasage matinal pas tout à fait réveillé, il y avait quelques temps déjà, sa peau moins blanche tout en étant toujours très pâle, il avait reprit des couleurs, ses joues moins creusées, plus pleines, signe qu'il avait reprit du poids, ses cheveux une teinte plus clair, comme s'ils avaient été exposés au soleil pendant de nombreuses heures, et plus longs aussi, venant lui chatouiller le front et partant anarchiquement sur les côtés comme s'ils avaient une vie et une volonté propre. Il avait remonté le chauffage, songeant surement que ça l'endormirait plus rapidement, aussi il s'était délesté de son écharpe, de son manteau, et avait remonté les manches de sa chemise, les faisant rouler jusqu'à ses coudes. Elle observa ses mains aux longs doigts tapoter sur le volant, au rythme des basses en sourdine de l'autoradio. Elle contempla les muscles de son avant bras se tendre lorsqu'il tournait légèrement le volant en amorçant un virage. Elle savoura ses doigts soulever les mèches de sa nuque, alors qu'il la ployait légèrement comme pour tuer dans l'oeuf une courbature. Elle vit cette peau tendre frissonner au contact des doigts qu'il avait constamment froids, et ses poils légèrement s'hérisser. Elle nota chaque minuscule renflement de sa peau lors du frisson qui s'éternisa, et elle ne résista pas. Tant pis pour sa couverture de jeune fille sage endormie. Elle étendit son bras, et vint poser sa main chaude contre sa nuque, la réchauffant tout en jouant de ses doigts dans ces petites mèches "de bébé" comme elle les appelaient, alors que ses yeux restaient rivés sur ce parcours frissonnant qui ne disparaissait pas malgré sa main... ou peut-être, à cause de sa main. Surprit, il détourna son regard de la route pour le poser sur elle. Il se voulait sévère sans y parvenir.

    "Tu n'es pas censée dormir depuis un moment ?" Demanda-t-il en luttant contre un sourire.
    "J'ai essayé." Mensonge. "Mais j'ai pas sommeil." Vérité.
    "Pourtant tu devrais, il est tard et tu t'es levée à l'aube." Renchérit-il en glissant sa main précédemment sur le levier de vitesse, sur le genou d'Océane, venant le caresser doucement du pouce.
    "Il est 18h et des pastèques pour moi, et s'il est exact que je me suis levée tôt, j'ai aussi dormi dans l'avion du décollage à l'atterrissage, donc techniquement je me suis réveillée à 16h, heure locale après 7h d'un sommeil réparateur. Ce qui explique que maintenant je n'ai plus qu'une seule idée en tête..." Elle laissa sa dernière phrase en suspens, obligeant Brendon à se tourner vers elle pour réclamer la suite.
    "Oui...?" L'incita-t-il à poursuivre sans la quitter des yeux.
    "Manger !" Acheva-t-elle avec un grand sourire, avant de lui donner une tape sur la main. "Regarde la route !" Acheva-t-elle en désignant l'étendue lisse devant eux. Ils avaient quitté les petites routes de campagne pour s'engager sur la voie express qui longeait la frontière canadienne. La route était totalement déneigée, très bien entretenue, si bien que si les flocons n'avaient pas continué à s'agglutiner contre le pare-brise, on aurait pu croire à un temps calme et dégagé. Océane détacha sa ceinture de sécurité, et entreprit d'étendre le bras jusqu'au siège arrière où elle avait déposé un sachet contenant de quoi se sustenter. Elle avait acheté ces quelques provisions dans une des boutiques de l'aéroport de NY, et se félicitait d'y avoir pensé avant d'attaquer la traversée de cette longue ligne droite ne traversant aucune ville, même la plus petite soit-elle, et privée d'air de repos. Une fois engagé, vous n'aviez plus le choix, il fallait rouler et avaler les 500 kilomètres qui vous séparait du prochain signe de civilisation. Océane manqua se démettre l'épaule a force de contorsion, sans même parvenir à effleurer le sachet, alors elle entreprit de s'avancer entre les deux sièges pour gagner quelques centimètres supplémentaires. Si elle s'était mise à la place de Brendon, ne serait-ce que 30 secondes, alors elle aurait évité de gigoter de la sorte, si près de lui, son buste frôlant son épaule, la courbe de son bassin s'exposant sous ses yeux, alors qu'elle s'étendait toujours plus, ses doigts tentant de rapprocher le sachet.
    "Tu veux que je m'arrête pour que tu puisses..." Commença-t-il, mal à l'aise.
    "Non, ça va, j'y suis presque." Répondit-elle depuis l'arrière.
    "Si, je t'assure ! Vaut mieux !"
    "Non, c'est idiot, je vais l'avoir."
    "J'insiste !"
    "Non, t'embête pas, amour de moi."
    "Ça ne me dérange pas du tout, je t'assure."
    "Non, non, c'est bon."
    "Océane ! Bon sang !"
    Finit-il par craquer.
    "A Y EST !!" S'écria-t-elle en brandissant le sachet, avant de se réinstaller convenablement sur son siège. Elle attacha sa ceinture, avant de lui jeter un coup d'oeil par automatisme. Sauf qu'au lieu de simplement dériver de lui à son sachet, elle immobilisa son regard sur lui, intriguée par son air... crispé. "Ça va pas ? T'es tout pâle. Tu veux un sandwiche ?"
    "Non ! Je veux rien ! Merci !"
    Répondit-il en serrant les dents, sans quitter la route des yeux.
    "Oh la la. Si tu voulais tant t'arrêter fallait le faire ! La belle affaire." Roulant des yeux, elle s'empara d'un paquet de chips dans le sac, replia ses jambes contre elle, ouvrit le sachet, et entreprit de de picorer chips par chips. Mise à part la radio en sourdine, et le croustillant des chips entre les dents d'Océane, pas un bruit ne filtrait, Brendon fixait la route, et Océane fixait le paysage recouvert d'un épais duvet blanc, avant d'hasarder un regard vers lui. "Tu boudes ?" Demanda-t-elle d'une petite voix.
    "Non." Répondit-il simplement, un peu plus détendu.
    "Tu me boudes ?" Insista-t-elle avant de se tendre vers lui pour déposer un baiser sur sa joue. "Je sais pas ce que j'ai fais, mais je suis désolée." Murmura-t-elle contre sa joue, avant d'y déposer de nouveau ses lèvres.
    "T'as rien fait, mon coeur." Répondit-il, cette fois totalement calme, en laissant le bout de ses doigts rejoindre la joue d'Océane. "Tu n'as absolument rien fait." Et c'était peut être ça le problème.

...
    "Regarde la route !" Scanda-t-elle pour la millième fois depuis quelques heures. C'était plus fort que lui, il fallait qu'il décroche de l'asphalte où la neige ne tenait pas, pour porter son regard sur elle. Elle aurait dû s'en sentir flattée, d'ailleurs elle l'était, mais elle ne pouvait s'empêcher de se rappeler Bobby l'unique prof de l'unique auto-école de Kalispell qui ânonnait sans relâche : "Vigilance ! Vigilance totale ! Une seconde d'inattention et c'est 50 ans dans un fauteuil roulant ! Toujours sobre et vigilant au volant !". Quand on savait que Bobby, outre son rôle de moniteur à bord de son pick-up costumisé pour l'occasion d'un gros "Driving School" au marqueur noir sur sa carrosserie, s'avérait être en réalité le tenancier "Sweet Montana" le seul bar du patelin, il y avait de coin crier à la supercherie ! Toutefois, Océane ne parvenait à s'ôter cette phrase de sa tête. Peut être parce que justement elle avait eu beaucoup de mal à prendre le volant, parce qu'il avait fallut beaucoup de self-control pour ne pas s'enfuir en courant la première fois qu'elle calé. Et pourtant, elle conduisait un tracteur depuis l'âge de 8 ans ! Et un tracteur, c'est autrement plus compliqué qu'un pick-up. Mais, à ses yeux, une voiture était bien plus meurtrière. Ne lui avait-elle pas volé ses parents ? Arraché la motricité de Billy ? Pendant longtemps elle ne s'était laissée conduire que par Francis, puis par elle-même, ne faisant confiance à personne d'autre. C'était Brendon qui l'avait débloqué, en quelque sorte. La première fois qu'il l'avait sortie, pour ce fameux bal où elle lui avait demandé d'être son cavalier, elle n'avait pas osé lui dire qu'elle préférait prendre le volant. Elle avait peur de lui avouer qu'elle ne lui faisait pas confiance. Il l'aurait mal prit, évidemment, sans chercher à comprendre les réelles motivations de la jeune femme, qu'elle ne lui aurait de toutes manières pas confié. Elle n'avait pas voulu le vexé, et s'était rassurée en se disant qu'avec sa robe, elle serait bien plus dangereuse que lui au volant, sans oublier que le trajet était relativement court. Elle avait prit sur elle, et elle s'était sentie bien, en sécurité dans l'habitacle, comme avec Francis. Elle ne lui avait jamais avoué sa phobie qui n'avait pas raison d'être avec lui, et petit à petit, elle s'était laissée conduire par d'autre. Duncan, Curtis... Elle montait avec tout ses amis. Excepté Gretchen. Jamais de la vie elle ne laisserait le volant à cette dingue en semelle compensé qui se vernissait les ongles, l'Iphone coincé contre l'épaule, tout en s'engageant sur une nationale. La dingue ! Mais bon, elle avait beau faire une confiance aveugle à Brendon, elle préférait quand même lorsqu'il regardait la route. Pour l'instant, c'était elle qui avait le droit de le mâter sans relâche, sans même s'autoriser à cligner des yeux de peur qu'il disparaisse. Ils avait été si longtemps séparés. Entre les 5 mois qu'ils leur avaient fallut pour comprendre qu'ils ne pouvaient exister l'un sans l'autre, mais si la coexistence pouvait s'avérer douloureuse, les deux semaines sous étroite surveillance médicale, et le mois qu'il venait de passer enfermé dans le trou du cul du Vermont, ils n'avaient pas eu une seconde pour eux. Il y avait toujours eu quelqu'un avec eux, ou à proximité, ou alors Brendon était malade, bref c'était la première fois depuis plus de 6 mois qu'ils étaient rien que tous les deux, et qu'aucune nouvelle séparation ne venait les menacer. Ils étaient ensemble pour de bon. C'était presque trop pour Océane qui avait du mal à ne plus ressentir la pression d'une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Comme les blessés de guerre, amputés d'un membre, qui le sente toujours malgré son absence, on avait amputé Océane de cette menace constante, pourtant elle ne parvenait à se faire à l'idée qu'elle était bel et bien partie. On allait forcément le lui enlever, encore une fois. Dans combien de temps ? Elle ne le savait pas. Mais elle ne pouvait consentir à l'idée d'un "et ils vécurent heureux pour toujours.". C'était trop beau pour être vrai.
    "Tu sais ce que tu devrais inventer, mon cœur ?" demanda-t-elle après un long moment de silence passé à lui masser doucement la nuque d'une main.
    "Des lunettes déshabillantes pour que tu puisses continuer ton inspection silencieuse de ma personne ?" Hasarda-t-il d'une voix moqueuse.
    "Pfffff. Non, rien à voir ! En plus ça ôterait tout le plaisir de l'effeuillage, ce qui est idiot, soit dit en passant."
    "Oui, mais tu pourrais me mater à poil n'importe où, n'importe quand."
    Insista-t-il en plaidant sa cause.
    "Ça marcherait comment ? Je pourrais voir tout le monde à poil, ou juste toi ?" L'interrogea-t-elle en se laissant clairement tenter.
    "Juste moi ! Tu crois quand même pas que je vais te construire un truc pour que tu puisses te rincer l'œil sur tout le monde ! T'es à moi, je te rappelle !"
    "Oui, mais qu'est-ce qui me dit que tu ne vas pas te fabriquer une paire personnelle qui te permettra, à toi, de zieuter tout azimut ?"
    "Je suis à toi, je te rappelle."
    Se contenta-t-il de répondre en haussant les épaules. "Et puis je n'ai pas besoin de ça, les filles ont tendance à se mettre à nue sans même que je chausse des lunettes." Oui, bah cette petite provocation, il n'était pas obligé de l'ajouter. Océane qui avait presque été attendrie par sa première réponse, se mit à froncer les sourcils en croisant ses bras contre sa poitrine, se tournant vers la route.
    "Merci de me rappeler cet épisode... Mandy..." Grogna-t-elle en fixant les bandes jaunes sur le bitume. Elle resta un moment silencieuse, et noire, avant de retrouver sa jovialité. "M'en fout, en fait !" S'exclama-t-elle finalement dans un sourire mystérieux, enfin il l'était aux yeux de Brendon.
    "Qu'est-ce que tu as fait, Océane ?"
    "Pardon ?"
    Demanda-t-elle, incarnation parfaite de l'innocence, en reprenant son massage de nuque.
    "C'est pas normal ce changement d'état d'esprit, là ! J'ai même pas eu besoin de te rassurer et de te dire toutes les jolies choses que je venais de préparer dans ma tête. T'as fait quoi ?"
    "Ta tête te sert à autre chose qu'à entasser des données statistiques, amour de moi ?"
    Tenta-t-elle de changer de sujet.
    "Tu as fait quoi à Mandy, Océane ?" Raté !
    "Moi ? Absolument rien !" Vrai ! "Par contre, ta soeur..." Et elle se mit à sourire rien qu'en y repensant.

      15 jours plus tôt.
      "Pardon ? Tu peux répéter plus lentement, je crois que j'ai pas tout saisi, là !" Gretchen venait de s'arrêter en plein milieu du trottoir bondé de cette rue marchande, obligeant Océane à s'immobiliser avec elle. Si, évidemment, tout les passants évitaient la grande allemande, plusieurs étaient entrés de plein fouet dans Océane, en râlant. Génial.
      "Oublie !" Quelle idée elle avait eu de lui raconter ça, aussi ? C'était sortit tout seul. Elle voulait juste que Gretch se magne un peu les fesses au lieu d'hésiter entre le petit cardigan rose pâle et celui rose pâle-mais-pas-aussi-pâle-que-le-pâle-tu-vois-? La blonde l'avait trainée dans les boutiques pour la sortir de sa monotonie, et surtout parce que "le shopping, ça remonte le moral d'une fille !". Oui, bah alors Océane ne devait finalement pas être une fille. Le shopping n'avait aucun intérêt à ses yeux, et elle n'avait eu de cesse que consulter sa montre en s'inquiétant du fait que Brendon était peut être déjà connecté et devait l'attendre. Naturellement, agacée, Gretch avait pété les plombs. "Whooo ! J'en ai marre de jouer le rôle de Will Smith dans I'm a Legend ! Faut que t'arrêtes ton trip de Zombie à Zombiland ! Ok, Brendon est pas là, il te manque, il me manque à moi aussi, mais ça va, c'est bon, on va s'en remettre ! Toute notre vie ne tourne pas autour de lui ! Sérieux, tu te transformes en no-life, là ! Toujours sur ton ordi ! Tu manges avec ton ordi, tu dors avec ton ordi, est-ce que tu dors au moins ? T'as plus de vie sociale ma grande ! Ça fait combien de temps que tu t'es pas fait épiler le maillot ?" Ça c'était du Gretchen tout craché, une épilation du maillot devenait un indice de sociabilité, mais biensûr ! En plus son maillot était nikel ! Océane tenta de plaider sa cause, expliquant qu'elle avait jamais vraiment eu de vie sociale, et que le fait de le savoir tout seul dans sa chambre à plusieurs milliers de kilomètres de là, ne lui donnait absolument pas envie d'aller trainer dans les bars avec une bande de potes, au lieu de lui tenir compagnie et de grappiller quelques instants avec lui. Gretchen n'avait pas baissé sa garde pour autant, et réattaquait sec lorsque l'info avait échappé à Océane... Mandy... La seule qu'elle pouvait nommer et se représenter, mais elle se doutait qu'il devait y en avoir d'autre. Sur le coup, elle s'était dit que la possessivité et la combattivité de la jeune Driesen la pousserait à relâcher Océane, à l'autoriser à rejoindre "la tour de contrôle" comme elle avait surnommé la chambre d'Océane, et qu'elle lui ficherait la paix. Sauf qu'avec un peu de recul, ça semblait pas si génial comme plan.
      "Non ! Non ! Non ! J'oublie rien du tout ! Elle a quoi ? Elle a retirer sa serviette ? Devant toi ? Enfin devant lui et toi ?"
      "Y a pas mort d'homme, il l'a foutu à la porte."
      "Encore heureux ! Tu croyais quoi ? Qu'il allait t'offrir une petite séance de voyeurisme ?"
      "Quoi ? Tu crois qu'il l'aurait fait si... ?"
      Voilà qu'elle doutait. Voilà que la propre soeur de Brendon la faisait douter. Et s'il avait réveillé ses autres anciens démons cet été ? Et s'il pouvait plus s'en passer ? Et si...?
      "Mais biensûr que non, espèce de cruche ! Je me demande juste ce qui te retiens d'atomiser cette garce ?"
      "J'ai bien songé à la bombe H, mais ça voulait dire atomiser Brendon aussi, et j'y tiens pas trop."
      Répondit-elle avec une légerté feinte.
      "Y a manière et manière d'atomiser quelqu'un, belle-soeur !" Un immense sourire aux lèvres, Gretchen se réappropria le bras d'Océane. "Je vais t'apprendre l'art de la guerre, et la subtilité." Pourquoi elle faisait flipper d'un seul coup ?
      [...]
      "Rappelle-moi ce qu'on fout là ?" Demanda Océane, un objet long, mou et rose fluo dans la main, qu'elle contemplait avec aversion.
      "On prépare ta revanche !" Répondit l'autre en fourrant divers articles criards dans un petit panier en acier fournit par la boutique.
      "Et je suis censée faire quoi avec ça ?" Insista Océane en s'emparant d'un autre jouet, plus solide et blanc, presque inoffensif, mais qui se mit à vibrer dans sa main lorsqu'elle tourna l'anneau violet avec curiosité. Surprise, elle en lâcha l'engin, qui s'écrasa au sol, mais continua de vibrer en tournant dans le vide.
      "Elle plaisante !" S'exclama Gretchen, un sourire gêné aux lèvres, s'adressant aux quelques clients qui s'étaient retournés vers elles et les contemplaient avec surprise. "Évidemment qu'elle sait à quoi ça sert !" Elle s'adressait toujours à la foule, tandis qu'Océane pourfendait l'air avec un jouet bien plus long, vert fluo, ressemblant à s'y méprendre à un sabre Jedi, sauf qu'il semblait en caoutchouc ou en latex, va savoir et que son extrémité balançait mollement dans les airs à chaque fois qu'Océane émettait un "Tiouuuufff" en donnant un coup à un Dark Vador invisible. "Tu veux bien cesser ?" S'indigna l'autre à voix basse, en s'emparant du sabre d'Océane. "Les gens vont te prendre pour une mormone déficiente mentale !" Gretchen jeta un coup d'oeil à l'objet qu'elle venait de récupérer, et après une moue appréciatrice, le fourra dans le panier. "Ce n'est pastoi qui va faire quelque chose avec ça." Reprit-elle en répondant finalement à sa question. "C'est Mandy !"
      "Je ne te suis pas. On est pas censé la punir ?"
      "Si !"
      "Alors pourquoi lui offrir tout ces gadgets ? C'est pas censé lui faire plaisir de recevoir tout ça ?"
      "Subtilité, subtilité !"
      Lui lança la blonde, un sourire énigmatique aux lèvres, tout en déposant le panier à la caisse, et en tendant sa Visa à la caissière. "Je n'aurais jamais cru dire ça un jour, mais tu ne réfléchis pas assez, Océane." En effet, cette phrase sonnait faux. "Vous pouvez nous faire un paquet ? C'est pour envoyer." Annonça-t-elle à la caissière avec un aimable sourire.
      "Je ne pige toujours pas, Gretch. On va lui envoyer le colis à l'institut, et alors ?"
      "Mandy. Résidence Beau-Soleil. 05609 Castelton, Vermont."
      Énonça-t-elle à la caissière qui rédigeait l'adresse.
      "Le nom de famille ?" Demanda la caissière.
      "Mandy, ça suffira, ne vous inquiétez pas." Répondit-elle avant de se tourner vers Océane. "Tu oublies un petit détail, Ariel. Mais je te pardonne ton innocence si touchante. C'est un centre de désintox, ils ouvrent tous les colis que reçoivent les pensionnaires, et ils le font devant tout le monde, afin que personne ne soit tenté d'importer de la came en douce. A ton avis, comment va se sentir notre grande amie Mandy quand ce paquet joliment estampillé "Au plaisir de la Luxure" sera ouvert devant tout ces petits camarades de cure, y comprit ton cher et tendre époux ?" D'une écriture appliquée, elle entreprit de rédiger un petit mot, qu'Océane observait par-dessus son épaule. "J'ai cru comprendre que tu avais le feu aux fesses, alors voici de quoi te soulager un peu. Fais-en bon usage." puis elle signa "O." glissa le mot dans le paquet, avant que la caissière ne le referme et le lui tende.
      "T'es diabolique, Gretchen !" S'indigna Océane sans, toutefois, parvenir à réprimer un sourire.
      "Je sais ! Je m'entraîne depuis toute petite !" Elle s'empara du sac opaque sans logo, puis fourragea dedans avant d'en sortir un jouet non emballé. Long, sans pour autant rivaliser avec le sabre laser, discret, si ce n'est sa couleur mauve criard, sans autre artifice que son latex ou son silicone ou que sais-je, et le fourra dans le sac à main d'Océane. "Pour toi !" S'exclama-t-elle dans un sourire. "Et ne fais pas ton effarouchée avec moi ! Je sais que ça te manque !" Un clin d'oeil plus tard, elle poussait la porte du sex-shop pour retrouver l'animation de la rue.

    "Et qu'est-ce qu'a fait ma soeur ?"
    Reprit Brendon, après un moment de silence, en comprenant qu'elle ne donnerait pas la réponse d'elle-même.
    "Pourquoi tu me poses la question alors que tu le sais déjà ? Et ne va pas me faire croire que ça ne t'a pas effleuré l'esprit immédiatement en voyant ce joli paquet avec le cachet postal de San Francisco. Tu ne me croyais pas assez cinglée pour un truc pareil, pas vrai ? Sauf que tu n'avais pas pensé à ta soeur, ta chère petite soeur." Dans un léger rire, elle vint déposer ses lèvres contre sa joue, formant un baiser tendre, avant de glisser jusqu'à son oreille pour y murmurer un "je t'aime". "Mais ne dérivons pas du sujet. On parlait d'une invention, et je ne pensais absolument pas à des lunettes déshabillantes." Reprit-elle en s'installant correctement sur son siège.
    "A quoi, alors ?"
    "Au pilote automatique !"
    "Un pilote automatique ?"
    "Oui, comme ça tu n'aurais pas besoin de te concentrer sur la route et je ne serais pas frustrée de devoir être si proche de toi sans pouvoir te toucher au risque que tu hurles que je te déconcentre."
    Argumenta-t-elle en restant bien sagement dans l'espace de son siège, sans dépasser.
    "Ça existe déjà, Océane. On appelle ça un train ! Et je rappelle que moi j'avais voté pour le train."
    "Combien de fois vais-je devoir te répéter que les trains couchettes ne circulent pas le jour et surtout pas sur une aussi longue distance ?"
    Levant les yeux au ciel elle lâcha un petit soupir en repensant aux longs pour-parlés qu'ils avaient eu au sujet de ce voyage.
    "Je suis sûr que ça doit exister !"
    "Non, ça n'existe pas !"
    "Alors un avion couchette ?"
    "Non plus !"
    "Alors il existe quoi en couchette ?"
    Demanda-t-il en posant son regard sur elle une micro-seconde, assez pour qu'elle l'avertisse d'un "Regarde la route !".
    "Y a la voiture."
    "La voiture-couchette ?"
    Répéta-t-il intrigué.
    "Oui ! Regarde ! Toi tu roules, et moi..." Elle appuya sur la manette, et le siège s'affaissa. Un peu, juste assez pour qu'Océane soit presque allongée, mais qu'elle puisse encore l'observer lui. "... moi je me couchette !" Il était tard, ou tôt, la fatigue commençait à l'étreindre. Elle ferma les paupières, un sourire aux lèvres, alors qu'elle sentait qu'il lui remontait son propre manteau sur elle, en guise de couverture, avant de laisser sa main s'échouer sur un genou qui dépassait de l'épais manteau et entama de douces caresses de son pouces.

...

...
    "Qu'est-ce que tu fais ?" Brendon rompit le silence qui perdurait depuis un moment. Océane était plongée dans ce qui semblait être un guide ou quelque chose comme ça et ne pipait mot. Pour autant, elle n'était pas distante, puisqu'une main demeurait posée sur la cuisse de son compagnon après être restée quelques heures emmêlée à celle qu'il gardait sur le levier de vitesse.
    "J'étudie notre parcours." Consentit-elle à répondre sans lever le nez de la carte.
    "Y a rien à étudier, c'est toujours tout droit. Même ton sens de l'orientation légendaire ne parviendrait à nous perdre, mon coeur." Se moqua-t-il en prenant le soin de venir emmêler ses doigts aux siens, histoire de désamorcer une éventuelle bombe qu'il aurait éventuellement déclenché sans le vouloir.
    "Où sommes nous ?" Demanda-t-elle sans prêter attention à sa provocation, tout en relevant le nez du bouquin afin de jeter des regards autour d'elle, en quête d'un panneau quelconque.
    "On a passé la frontière canadienne il y a une heure, et on retrouvera les..."
    "On est sur l'Hwy-17, c'est ça ?"
    Le coupa-t-elle sans ménagement.
    "Heu oui, mais..."
    "A quelle hauteur sommes-nous ?"
    récidiva-t-elle.
    "On quitte le Québec pour entrer en Ontario, mais... Tu m'expliques ? T'es un peu flippante là !"
    "Génial ! Ontario ! On est proche de Mattawa ?"
    "On l'a dépassé, mais..."
    "Et Rutherglen ?"
    "On y arrive, mais Océane ! Bon sang !"
    "Fantastique ! A la prochaine intersection, juste avant l'entrée de la ville, tu prendras à gauche en direction de La Dionne, amour de moi."
    "Qu'est-ce qu'on va faire à La Lionne ?"
    Demanda-t-il en en oubliant d'être agacé tant il était intrigué. Elle lui avait prévu quoi encore ? Se pourrait-il que...?
    "La Dionne, mon coeur ! On va visiter la maison des Quintuplées !" S'exclama-t-elle en tapant joyeusement dans ses mains.
    "Et qu'est-ce qu'on est sensé y faire ?" Demanda-t-il dans une grimace d'appréhension.
    "Absolument rien, mais que serait un Road-Trip sans visites de trucs super débiles et sans intérêt ?"

...
    "En 1934, au plus fort de la Grande Dépression, naquirent cinq petites filles, rapidement surnommée les "Quintuplées". Annette, Cécile, Yvonne, Marie et Émilie étaient nées prématurées de plus de deux mois dans une famille très pauvres de la campagne rurale. Les services de l'enfance s'occupèrent de soigner à domicile les 5 petites filles, sans ne rien demander en échange. Excepté qu'à l'âge de 2 ans, on les retira à leurs parents pour les exposer dans un Zoo qu'on appela "Quintland" où elles donnèrent 3 "spectacles" par jour. A l'âge de 5 ans elles furent présentées au Roi et à la Reine d'Angleterre. Elles devinrent alors des célébrités, se produisant dans des films, signant leurs différentes autobiographies. Elles ont fait la promotion de dentifrice, de savon, de paquet de lessive, tout en faisant le tour du monde. A 10 ans, elles avaient été déjà "vu" par 3 millions de personnes à travers le monde. Après une longue bataille juridique, elles furent finalement remises à leurs parents et disparurent de la scène médiatique." Lu Océane à voix haute, tout en se laissant conduire à travers la vieille bâtisse exposant jouets, vêtements, poussettes.
    "Sidérant." Ponctua Brendon en serrant un peu plus sa taille pour l'inciter à se tourner vers la vitrine suivante.
    "Passionnant." Se moqua-t-elle à son tour en glissant une main dans la poche arrière de son jean.
    "Consternant !!" S'exclama un homme derrière eux en désignant à sa femme un cliché sur lequel les quintuplés étaient exhibées comme des animaux de foire.
    "Consternant, c'est le mot que je cherchais." Renchérit Brendon en tentant de réprimer un sourire.
    "Affligeant." Renchérit Océane en échangeant un regard désolé avec l'homme consterné. Sauf que celui d'Océane n'était que feint.
    "Soporifique." Glissa Brendon à son oreille.
    "Absolument, indubitable, fondamentalement d'accord avec toi !" Répondit Océane à voix haute, brassant l'air de son bras libre dans une attitude très théâtrale, provoquant la curiosité de l'homme consterné qui l'interrogea du regard. "Chiant !" Traduit-elle pour lui dans une moue désolée. Le regard outré de l'homme tira un éclat de rire à Brendon, bientôt suivit par celui d'Océane, avant qu'ils ne tournent les talons avec prestance. Ils venaient de gagner le titre de "rebelles" jusque dans l'Ontario. Ils étendaient leurs notoriétés. Ils riaient toujours en atteignant le parking, avançant vers la voiture à grands pas. Toutefois, Océane s'arrêta, forçant Brendon à faire de même vu l'état de leurs corps comme soudés l'un à l'autre.
    "Quoi ?" L'interrogea-t-il.
    "Une photo ! Faut immortaliser ça voyons !" Répondit-elle en braquant son Iphone face à eux. Brendon s'en empara afin de ne pas être décapité sur la photo que s'apprêtait à prendre sa lilliputienne de chérie. Océane se hissa sur la pointe des pieds afin de lui voler un baiser juste au moment où l'appareil émit le "clic" significatif. La photo n'en serait que meilleure.
    "Et un souvenir de plus ! Un !" S'exclama-t-elle en rangeant le portable dans sa poche arrière après avoir vérifier la qualité du cliché.
    "N'empêche, c'est un bon plan financier des quintuplés ! Mieux qu'un PEL. On serait à l'abri toute notre vie." Il annonçait ça avec légèreté, tout tout en reprenant sa marche jusqu'à la voiture.
    "N'y pense même pas Brendon Klaus Driesen !" S'offusqua Océane en contournant le véhicule afin de passer au volant. "Tu ne feras jamais entrer cinq têtards là-dedans !" Elle désigna son ventre d'un mouvement circulaire de l'index. "Comment je les fais sortir après ? Hein ? Comment ?"
    "En poussant mon coeur, en poussant."
    Répondit-il avec une pointe de nonchalance qui la rendait dingue. Elle se glissa derrière le volant en le fusillant du regard.

...
    "Répondeur humain et vivant -je tiens à le préciser- de Francis Macon Eono épouse Wate, j'écoute ?" Chantonna la voix rauque de l'autre côté de la ligne.
    "Ho ? Vous vous êtes mariés et je n'ai pas été invité à la noce ? Quel manque de délicatesse de ta part Beau-Grand Pa'... ou Belle-Grand Ma' ? Je ne sais que choisir ?" Le téléphone collé à l'oreille, Océane se laissa tomber sur le lit tendance "Repos du trappeur" de la chambre d'hôtel. Elle avait roulé tout le jour, enchaînant les kilomètres alors que Brendon dormait du sommeil du juste. Elle avait traversé le Canada, rejoint les USA, et poursuivit sa route en longeant la côte sud du lac Michigan. Un peu plus loin, en bas de ce même lac, elle avait imaginé l'animation de Chicago, ville qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de visiter et qui, bien que dans le même État que la route qu'elle empruntait actuellement, devait être plus attrayante que cette longue ligne d'arbres sans fin. Le nord du Michigan était réputé pour ses forêts dense, fournissant tout les États-Unis en bois de chauffage ou de construction. Heureusement, après quelques heures de sommeil, Brendon s'était éveillé à temps pour l'aider à ne pas succomber à l'ennui mortel que représentait des kilomètres de forêt dont ils ne voyaient la fin ni l'un, ni l'autre. Océane avait même prétendu qu'ils s'étaient peut être engouffré dans une boucle temporelle, et dérivaient dans le même lieu depuis des heures. Quatre pour être exact. Ils avaient supporté quatre heures de pins à perte de vue. Océane s'était même arrêtée pour en prendre un en photo vu qu'ils avaient été omniprésents pendant une bonne partie du Road trip. Finalement, ils en avaient vu la fin. Il devait être 21h, et Océane n'en pouvait plus. Ils avaient presque conduit 12 heures chacun, traversés 4 États, et méritaient bien un break. Elle décida qu'Ironwood à seulement 20 bornes de la frontière entre le Michigan et le Winsconsin, serait parfaite. Ironwood, petite ville du nord du Michigan, mais également plus grande ville du nord du Michigan, population 6800 habitants et un poney. Océane avait choisi cette ville car elle abritait un de ces "Pause-Visite" dont tout guide de Road-Trip vante les mérites. Une statue de 52 pieds de haut de Hiawata, héro de fiction du fameux poème d'Henry Wadworth Longfellow. Aucun des deux ne connaissait le poète ? Et encore moins le héro ? Pas grave, cela n'empêcha pas Océane de prendre une photo de cette merveille parfaitement inutile. Toujours en suivant le fameux guide, et sur ses conseils, ils avaient échoués dans un motel à quelques pas du centre antique (entendez par là : début 1920) de la ville, le fameux Motel Chevalier, réputé pour son sauna vivant, comme la plupart des autres motels du coin qui avaient conservés la tradition finlandaise.
    "Océane !! On commençait à se faire du mouron, gamine ! Où c'est qu't'es ?" S'exclama Billy avec affection.
    "C'est l'lutin ?" S'enquit la voix d'une douceur familière en fond sonore.
    "Non, c'est l'pape ! Il t'appelle pour te dire que t'as pas été à confess' après avoir peloté la veuve Lincoln, et que t'iras droit en Enfer si tu cours pas à l'office de dimanche !" Bougonna l'autre avec un agacement à peine contenu. "Évidemment qu'c'est l'lutin ! T'en connais d'autres des Océane, toi ?"
    "J'l'ai pas peloté dis donc ! J'l'ai juste soutenu quand elle a faillit faire une glissade d'vant chez Bernie ! Pas d'ma faute s'il déneige pas le trottoir d'vant son échoppe !"
    Océane les écoutait se disputer, comme à chaque fois qu'elle appelait, comme à chaque fois que ces deux-là se trouvaient ensemble à vrai dire. Elle s'était résignée à attendre patiemment, l'Iphone greffé à l'oreille, qu'ils daignent se souvenir qu'elle était toujours en communication. Cette fois ils mirent 3 minutes et 16 secondes.
    "Tu vas la boucler, oui ? Vieux fou ! C'est la p'tite qui paye ! Va don' raconter tes salades à quelqu'un qui veut bien les avaler ! Tsssss ! Où c'est qu't'es, gamine ?"
    "Ça va ? Je ne vous dérange pas trop ? Je peux rappeler plus tard, sinon."
    Annonça-t-elle avec ironie.
    "Dis pas d'âneries ! Tu déranges jamais ! Et puis on est tranquille à présent que l'vieux est partit bouder dehors. Et crois-moi qu'il ne rentrera pas dans ma maison avant d'avoir présenté des excuses pour m'avoir traité d'homme-tronc !"
    "C'est SA maison, Billy."
    Rectifia Océane.
    "Pas faux ! Ma, ta, sa, c'est qu'une question de grammaire, ça. J'ai jamais été doué pour les langues, t'sais bien. Bon, où c'est qu't'es ?"
    "Ironwood, Michigan. On fait une pause dans un motel avant de reprendre la route. On est presque à mi-chemin."
    Énonça la brune avec lassitude, tout en étouffant un bâillement. Elle ferma les yeux, un petit sourire aux lèvres en sentant Brendon venir se lover contre elle, dans son dos, ses bras entourant sa taille, le reste de son corps s'alignant sur le sien pour venir compléter sa position.
    "Hé bah ! Vous avez pas chaumé, les jeunes ! Ca fait une sacrée trotte depuis la grand' pomme !" Inutile de préciser qu'Océane n'avait pas dit que Brendon venait du Vermont où il effectuait une cure de désintox. Pour Billy, il était à New-York, dans sa famille éloignée. Et pour Francis, il s'agissait toujours de London, le vieil homme n'ayant pas obtenu la confirmation que le London d'Océane était bien le même que le London de Francis. Seul Billy était au courant. "Faut qu'on prépare les chambres ? Vous arrivez demain ?"
    "Non, peut être pas, sinon ça nous fait arriver en plein milieu de la nuit, même si on roule en non-stop. On va avancer le plus possible demain, on s'arrêtera dans un hôtel quand on en pourra plus, et on arrivera dans la matinée le lendemain."
    Répondit-elle en ramenant sa main, jointe à celle de son compagnon, à hauteur de son visage, afin d'admirer comme elles s'emboîtaient à la perfection.
    "Soit prudente tout d'même ! Les routes sont pas sûres avec toute c'te neige. Roule doucement, arrête-toi souvent, mange bien, et repose-toi ! Ça vous coûte cher l'motel ? Deux chambres, ça doit pas être donné, hein !" Deux chambres? Ça aussi, il allait falloir qu'elle en parle à Brendon, qui venait justement de resserrer l'étreinte de son bras autour d'elle. Risquait-il de mal le prendre ? Vu son degré de frustration, et vu que ce n'était pas encore ce soir qu'elle allait s'offrir à lui, y avait des chances. Océane discuta encore quelques instants avec Billy, puis, après lui avoir demandé de bien transmettre toutes les informations à Francis, raccrocha. Elle resta un moment silencieuse, soucieuse de bien présenter les choses afin de ne pas entrainer une dispute. Elle ferma les yeux un instant, puis d'une petite voix, prit la parole.
    "Tu dors ?" S'enquit-elle alors qu'elle ne le voyait pas.
    "Humm... Presque. Francis va bien ?" Demanda-t-il d'une voix atténué par la fatigue, et la nuque d'Océane contre ses lèvres. Il s'endormait alors qu'ils n'avaient, ni l'un, ni l'autre, prit le temps ne serait-ce que d'ôter leurs chaussures.
    "C'était Billy, mais peu importe, faut que je te parle d'un truc." Enchaina-t-elle dans un même souffle, à toute vitesse.
    "Un truc ? Quel truc ? Tu m'intrigues." Il semblait un peu plus éveillé, mais ce n'était pas encore ça.
    "Trois fois rien. Un tout petit truc. Bon, je t'ai dis que ni Billy ni Francis ne sont au courant de ton petit séjour en cure, ni de ton overdose, ni même de ta période défonce, pour eux c'était une crise d'appendicite ?"
    "Oui, ça je sais, et je comprends, mais...?"
    "Quoi mais ?"
    "Il va y avoir un "mais", n'est-ce pas ?"
    "Non, pas forcément."
    Répondit-elle avec mauvaise foi en baisant chacun de ses doigts qu'elle avait porté à ses lèvres, s’attardant sur l’alliance qu’il portait toujours, savourant le goût acier sur ses lèvres. "Tu te souviens à l'hôpital quand je t'ai parlé d'emménager ensemble, et que tu m'as répondu que tu me laissais l'annoncer à Francis parce qu'il pensait que tu ne m'avais jamais fait l'amour ?" Demanda-t-elle, prudente.
    "Oui, je me souviens, et...?" Il s'était redressé sur un coude, surplombant le profil d'Océane qui ne le regardait toujours pas.
    "Je pense que tu ne croyais pas si bien dire. "
    "C'est à dire ?"
    La poussa-t-il à poursuivre avec patience, sa main prisonnière de celle d'Océane remontant jusqu'au menton de cette dernière pour l'inciter à tourner la tête vers lui.
    "Bah, disons que je pense qu'il n'est pas idiot, et qu'il se doute bien que je... qu'on a... Enfin bref, toujours est-il que sous son toit, les seuls autorisés à partager un lit sont les couples mariés, et comme il est hors de question que nous portions nos fausses alliances "Stanford" là-bas, on va devoir écoper de chambres individuelles." Elle hasarda un regard en coin, mais il restait sans réaction. "Séparées, Brendon. Des chambres séparées."
    "Séparées de quoi ?"
    Demanda-t-il en refusant de comprendre.
    "De toi ! Enfin de moi ! De toi et moi ! On ne dormira pas ensemble. Tu seras dans une chambre et moi dans une autre. Ils pensent même qu'on a loué deux chambres dans ce motel." Elle s'était retournée, se mettant dos contre le matelas, ne fuyant plus le regard de l'homme qui la surplombait.
    "Ok." Se contenta-t-il de répondre en se laissant retomber sur son côté, enfouissant son visage dans l'oreiller à tel point qu'Océane ne distinguait plus ses traits.
    "C'est tout ?" L'interrogea-t-elle surprise.
    "Tu t'attendais à quoi ?"
    "Je ne sais pas trop."
    "Ton grand-père est de la vieille école, je le savais déjà. Je n'avais pas songé à des chambres séparées, mais en réfléchissant un peu, c'est assez logique. Rassure-moi, j'aurais le droit de t'embrasser ? De te câliner, même s'il est dans la même pièce ?"
    Océane se mit à sourire, et se retourna complètement pour lui faire face, aplatissant l'oreiller pour que le visage de son compagnon réapparaisse, puis laissa son visage choir en face du sien.
    "Oui. Évidemment. Il est juste vieux jeu, pas totalitaire." Répondit-elle avant de venir promener ses doigts dans ses cheveux en bataille, caressant sa tempe au passage, puis redescendant vers sa nuque. De la pointe du pied elle ôta une chaussure, puis l'autre, avant de venir empêtrer ses jambes dans celles, masculines, qui lui faisaient face. "Tu m'as manqué, mon amour. Tu n'as pas idée à quel point." Avoua-t-elle à mi-voix, avant de déposer un léger baiser sur ses lèvres presque endormies.
    "Si, j'imagine bien." Répondit-il dans un sourire. "Et c'est peut être parce que tu m'as manqué autant, à des milliers de kilomètres de moi, que j'accepte mieux l'idée de dormir dans la pièce d'à côté. C'est toujours mieux que ce dernier mois." Il avait remonté la couverture sur eux, et fermait déjà les paupières.
    "Et plus frustrant aussi." Souffla-t-elle malgré la fatigue qui l'étreignait.
    "Aussi, oui." Il déposa un léger baiser sur la pointe de son nez et resserra l'étreinte de ses bras autour d'elle. Un vrai lit, un vrai lui, et personne autour. Nul mouvement d'infirmiers, nulle visite médicale en pleine nuit. C'était sans conteste la meilleure nuit depuis plus de 6 mois. Et pourtant, ils allaient la passer à dormir. Un comble, non ?

...

...
    Entre ses doigts fins, le croissant au beurre s'effrita en une myriade de miettes qui tombèrent sur la table recouverte d'une nappe à carreaux rouge et blanche. Rapidement, ces mêmes doigts portèrent la gourmandise à ses lèvres. Non pas les siennes propres, mais celles de son compagnon installé contre elle sur la banquette d'un rouge passé. Machinalement, il les entrouvrit pour recevoir la bouchée de viennoiserie, tout en tournant la page de l'ouvrage qu'il consultait. Océane récupéra le deuxième bout de croissant, et le savoura en observant l'animation de la ville au-delà de la vitrine du négoce. Ils se trouvaient chez Joe's Pasty Shop, le seul commerce d'Ironwood ouvert tous les jours, même pour le petit déjeuner. L'échoppe très "la petite maison dans la Prairie" était recommandée dans le guide que lisait Brendon, à présent. Une dame, dont l'embonpoint était réhaussé par un tablier rond qu'elle avait noué à sa taille, s'approcha de leur table avec une cafetière fumante. Aussitôt, Océane brandit sa tasse. Le café, ici, était une pure merveille. La quinquagénaire, un sourire chaleureux aux lèvres, resservit les deux tasses, avant de passer une main dans ses cheveux pour ramener une mèche trop brune pour être naturelle, dans son chignon haut. Même elle, ressemblait à un personnage de la petite maison dans la prairie : Madame Olson. Elle revint quelques secondes plus tard pour leur déposer à chacun, une assiette fumante d'oeufs brouillés au bacon. Elle s'occupait si bien d'eux, alors que le négoce était loin d'être vide, et que de nouvelles têtes affluaient sans cesse. Océane ferma les yeux en s'empara de la tasse qu'elle porta jusqu'à ses narines. D'une main elle poussa celle de Brendon vers lui, comme pour attirer son attention sur cette dernière.
    "Bois pendant que c'est chaud. Et profite, dans le Montana tu n'auras pas le droit à cette qualité là." Comme pour donner l'exemple, elle coinça la faïence entre ses lèvres, et savoura une longue gorgée.
    "Hein ?" Demanda-t-il en sortant le nez du guide. "Ha oui, oui. Pardon." Il réchauffa une de ses mains contre la tasse, tandis qu'il tournait un visage souriant vers elle, avant de déposer un baiser contre sa tempe. Océane ferma les yeux, par réflexe, sans cesser de sourire, les lèvres toujours à leur faïence.
    "Tu as repéré quelque chose qui te tente ?" Demanda-t-elle en reposant sa tasse, avant de se tourner de trois quart vers lui, son genou plié grimpant sur la cuisse de son compagnon.
    "Qu'est-ce que tu penses de la pelote de laine la plus haute du monde ?" Annonça-t-il avec un enthousiasme feint. Océane sembla réfléchir un instant, pesant le pour et le contre de cette proposition.
    "Ridicule ET inutile ? Tu te surpasses, amour de moi ! Ça marche !" Elle lui offrit un sourire rayonnant, avant de se réinstaller convenablement pour attaquer son assiette. "C'est où ?"
    "Frontière entre le Winsconsin et le Minnesota."
    Lu-t-il sur le plan.
    "Tu prends le volant jusqu'au Minnesota ?"
    "Même le Minnesota si tu veux. Après une bonne nuit de sommeil et un tel petit dej, je me sens d'attaque."
    "Ok, comme ça je m'occupe du Dakota du Nord, et du Montana. On s'arrêtera dans le Montana pour dormir, et on reprendra la route le lendemain, qu'en penses-tu ?"
    "Parfait."
    Une main glissée dans le dos d'Océane, l'autre portant la fourchette à ses lèvres, et son attention portée sur le journal local qu'il avait étalé sur la table, il faisait rêver la jeune femme. Sans blague. Cet aperçu d'un quotidien à ses côtés la faisait rêver. Avoir le plaisir de dormir contre lui chaque nuit, le plaisir de le contempler chaque matin engloutir un petit déjeuner de champion tout en lisant le journal, sans pour autant cesser de la câliner, revêtait un caractère inestimable après tout ces mois passés à sauter par la fenêtre de la résidence Théta dès les premières lueurs de l'aube.
    "Dis. Ça sera toujours comme ça ?" Demanda-t-elle après un moment de silence.
    "Oh, pardon. Tu veux que j'arrête ?" S'enquit-il en refermant le journal. Il avait mal interprété ses paroles.
    "Non, non, pas du tout. Ce n'est pas ce que je voulais dire. Je voulais savoir si ce serait comme ça, aussi bien, toute notre vie." Elle s'était de nouveau tournée vers lui, scrutant ses traits dans un sourire tendre.
    "Du café et un journal ? Tu n'as pas de grosses exigences, mon cœur." Se moqua-t-il légèrement.
    "Ça n'a de sens que si tu es dans le tableau." répondit-elle en venant quémander ses lèvres. "J'aime ça." Souffla-t-elle contre sa bouche, avant de venir s'y ancrer pour ne plus jamais s'en défaire. Qu'importe le monde autour, qu'importe Madame Olson et le reste des personnages de la série qui avaient élus domicile dans cette échoppe, qu'importe le bruit de tasse et de couvert s'entrechoquant, le Joe's Pasty Shop avait disparu, le reste du monde avait disparu. Ils étaient chez eux, dans 20 ou 30 ans, s'embrassant comme au premier jour autour du même petit déjeuner qu'ils prenaient depuis des années. Du moins, c'était la promesse que semblaient lui faire les lèvres de son compagnon.

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Brendon K. Driesen
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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Vide
MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyMar 9 Fév - 1:29

Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Ecbswall010201

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    On the road again. Lorsque Curtis avait apprit l’idée d’Océane de la bouche de son meilleur ami sa première réaction avait été de se dire qu’isoler ses deux là, seuls, dans une voiture, était une très mauvaise idée compte tenu de leurs caractères et leurs envies divergente. Petit a) ils étaient plus entêtés l’un que l’autre et qu’ils risquaient bien de se perdre faute d’arriver à s’accorder sur le trajet .Petit b) au vu de l’état de fébrilité coïtale de Brendon c’était vraiment une très mauvaise idée pour la ceinture de chasteté d’Océane. Petit c) les fêtes de Noël chez les Eono promettaient d’être folkloriques. En fait il s’était même dit qu’il aurait apprécié de passer les vacances de Noël dans le Montana cette année. Mais avoue on le lorsque Brendon lui avait parlé pour la première fois du projet d’Océane, le « road trip » qu’elle prévoyait du Vermont au Montana, il avait été inquiet pour son meilleur ami. Il connaissait le spécimen depuis le temps qu’il le pratiquait. Mais plus que tout encore il connaissait le Brendon lorsqu’il fréquentait la petite sirène, et c’était cela qui l’inquiétait. Si Brendon avait été capable de ménager sa compagne sur le plan physique lorsqu’il s’était retrouvé seul à l’hôpital, il doutait que Brendon fasse preuve d’autant de retenu lorsqu’ils se retrouveraient seuls sur la route, dans une voiture plus petite qu’un cercueil, où dans des motels aux chambres équipés de lits vibrants. Oui, Curtis s’inquiétait pour Brendon. Mais il y avait une bonne raison à cela. Il avait peur que Brendon brusque, sans le vouloir Océane, ou qu’Océane complètement inconsciente de l’effet qu’elle faisait à son compagnon ne finisse par le rendre dingue en le provoquant sans le vouloir. Mais la question n’était plus d’actualité aujourd’hui. Car Brendon et Océane avait prit la route la veille au soir, et Curtis ne pouvait rien y faire. Il espérait seulement pouvoir les joindre bientôt et avoir la confirmation que Brendon n’avait pas céder à ses pulsions. Le manque de fois de son meilleur ami aurait pu vexer Brendon s’il avait connut les pensées de Curtis, mais heureusement pour l’Océanographe, Brendon n’avait pas développé des talents de télépathes durant son « absence ». Car Brendon, contrairement aux pronostiques de Curtis se tenait bien, enfin il essayait de se tenir bien. Il aimait Océane plus que tout, depuis plus d’un an il n’avait eut qu’elle à l’esprit, dès l’instant où il l’avait vu lors de la journée d’insertion des nouveaux étudiants. Il avait attendu cinq mois avant qu’elle ne succombe et se laisse aller avec lui. Ils étaient séparés depuis près de six mois, de nouveau ensemble depuis un mois et demi, il était sur d’être capable de se contrôler. Car le sexe ne faisait pas tout dans leur couple. Ce qui comptait avant tout c’était-eux. Il l’attendrait, car il l’avait cherché et attendu toute sa vie. Il n’était plus à quelques semaines près. Enfin … En théorie. Car s’il aimait Océane autant qu’il le prétendait, et c’était le cas voir plus encore, son désir pour elle était au diapason de son amour. Autant dire que se retenir de la désirer était aussi impossible que de respirer pour le jeune étudiant. Pourtant il tenait le coup. Bien sur il y a avait eut un dérapage lorsqu’elle était venue le voir deux semaines plus tôt. Mais cette fois-ci une violente poussée de fièvre liée à la Grippe H1N1 lui avait épargné de trouver une excuse pour lui laisser le temps. Car elle n’aurait pu le repousser en prétextant un lieu inapproprié, une chambre d’hôtel, un voyage, ca avait comme un petit goût de déjà vu non ? Brendon avait dérapé par erreur rien n’était prémédité, bien sur elle lui manquait et bien sur dès qu’elle l’avait renversé dans le hall du centre il avait eut envie de sentir sa peau en contact contre la sienne. Mais rien n’était prévu, son désir l’avait prit par surprise dans une scène tout à fait anodine, il s’était laissé aller sans s’en rendre compte, Océane l’avait encouragé à continuer, elle avait l’air ouverte, prête a une étreinte qu’ils désiraient tout les deux. Mais ils s’étaient stoppés avant de déraper, Brendon étant bouillant de fièvre. Il y avait eut l’accident dans la salle de bain de l’hôpital, celui de la chambre d’hôtel perdu au fin fond du Vermont. Brendon était bien résolu à ne provoquer aucun nouveau dérapage. Mais Océane n’était pas une jeune fille conciliante, inconsciente de l’effet fou qu’elle lui faisait, elle le torturait inconsciemment depuis des heures. Tout avait commencé par un banal petit jeu de contorsions pour arriver à attraper un paquet de chips mal positionné pour quelqu’un se trouvant côté passager. Elle se déhanchait, mouvant son bassin par à-coups afin de stabilisé sa posture et pouvoir ployer plus encore son buste vers l’arrière afin que ses bras fusent suffisamment près du sac de provisions. Brendon, tentant de ne pas laisser pénétrer dans son esprit les images lancives de flashback que lui inspirait ce déhanché et ses petits soupirs qu’elle poussait dans l’effort, essayait de garder les yeux fixés sur la route. Mais il lui était difficile de garder son regard sur le bitume alors que la route parfaitement déneigé, en ligne droite n’avait rien pour rivaliser avec les délicieuses formes qui se déployait sur sa droite. Le tee-shirt d’Océane s’était relevé de quelques centimètres, son abdomen tendu dévoilait le haut de son bas ventre qui avait échappée à la ceinture de son jean taille basse. Il déglutit difficilement lorsqu’il se rendit compte qu’il fixait avec insistance la ceinture en question. Se forçant à détourné les yeux il chercha par tout les moyens à la stopper.

    « Tu veux que je m'arrête pour que tu puisses... » Commença-t-il, mal à l'aise les doigts à quelques micro centimètres du clignotant droit. Il fallait qu’elle dise oui, où il allait finir par perdre le contrôle de lui-même si son bassin ondulait à nouveau de la sorte.
    « Non, ça va, j'y suis presque. » Répondit-elle avec insouciance inconsciente du drame qui se jouait à l’avant côté conducteur. Brendon sentait son sang battre follement dans ses veines alors qu’il accompagnait du regard la remontée du tee-shirt sur le ventre de sa campagne tandis qu’elle tendait les bras en se contorsionnant.
    « Si, je t'assure ! Vaut mieux ! » S’empressa t-il de répliquer dans un moment de lucidité alors qu’une doux mais puissant élan de désir lui fouettait le bas de reins, enflammant son bas ventre.
    « Non, c'est idiot, je vais l'avoir. » S’exclama t-elle avec le ton d’une enfant de dix ans alors que Brendon tendait la main, avant de se ressaisir et de la posé sur le levier de vitesse, vers la cuisse de sa compagne.
    « J'insiste ! » Se força t-il à répondre ses doigts flirtant à quelques centimètres des hanches d’Océane alors qu’il rétrogradait pour se préparer à freiner.
    « Non, t'embête pas, amour de moi. » Assura t-elle en donnant un nouveau coup de rein vers l’arrière pour propulser ses bras plus loin. Punaise mais qu’est ce qu’il avait fait au bon dieu pour être enfermé en voiture avec une pareille tentatrice ?
    « Ça ne me dérange pas du tout, je t'assure. » Mais où on allait là ? Plutôt que de faire des ronds de jambes il aurait mieux fait de s’arrêter et d’aller se prendre un petit bain de neige afin de refroidir ses ardeurs subites.
    « Non, non, c'est bon. » Rahhhhhh il se prépara à donner un coup de volent mais perdit le contrôle de ses nerfs avant.
    « Océane ! Bon sang ! » Finit-il par craquer. A bout de nerf il avait tendu la main pour la saisir par les hanches mais la jeune femme s’esquiva sans s’en rendre compte s’écriant.
    « A Y EST !! »

    C’était une longue, une très longue route qui les attendait. Pauvre Brendon.

    […]

    « En route pour la pelote de ficelle géante ? » Demanda Brendon en s’asseyant derrière le volant du conducteur. Océane s’installa sur le siège passager tenant dans ses mains un thermo de café offert par la maison et un sac de Donut’s. Le charme du petit couple avait à nouveau fait effet auprès des propriétaires, tant et si bien qu’ils allaient reprendre la route avec du café chaud et des beignets bien gras. Tout ce qu’il fallait pour un road tripe quand on y pensait.
    « En route Cowboy ! » Répondit-elle avec un sourire, en bouclant sa ceinture, callant le thermo entre ses cuisses le temps de s’harnacher. Brendon eut un mouvement vers sa tête, soulevant un chapeau imaginaire et fit rugir le moteur de la voiture de location.
    « Yeeeeee ahhhh ! » Cria t-il en laissant la voiture bondirent sur le nationale, se réinsérant dans la circulation avec fluidité. Il accompagna son changement de vitesse d’une tape coquine sur la croupe de sa compagne penchée en avant pour récupérer le sac de pâtisserie sur le sol.
    « Hey ! » S’exclama la jeune femme en repoussant sa main. « Regarde devant toi au lieu de faire l’imbécile ! » Le gronda t-elle en sortant un beignet du sac pour le lui enfourné dans la bouche. « Mange et conduit. »
    « B’en m’dam’ »
    Marmonna t-il, sa voix étouffé par la pâte à choux frit. Elle se réinstalla confortablement dans son siège, remontant ses genoux contre sa poitrine, déchaussant ses convers’ pour libérer ses pieds, qui s’épanouirent sur le siège de cuir, enveloppé dans des chaussettes au motif spécial Noël. Brendon qui avait réussit à ne faire qu’une bouchée du beignet qu’elle lui avait mit dans la bouche pour le faire taire afficha un sourire goguenard.
    « Oh c’est trop mignon tu as le papa Noël sur tes petits petons ! » Se moqua t-il en déboitant pour doubler un quatre-quatre qui ralentissait pour prendre la prochaine sortie. Elle avait décidé de lui faire ravaler son sourire, il n’avait pas vu s’afficher ce petit air de peste sur les traits de sa belle, occupée à surveiller dans le rétroviseur le moment où il pourrait se rabattre sur la file de droite. Pourtant elle était prête à lui faire manger son petit air supérieur, son petit air moqueur.
    « J’ai encore plus mignon. » Annonça t-elle en se laissant glissé au bord de son siège. Intrigué par son ton légèrement roque Brendon après avoir terminé sa main d’œuvre, tourna son regard vers sa compagne et manqua de faire une embardée, pour le narguer Océane avait déboutonné son jean, laissant apparaitre par la braguette le motif principal du shorty qu’elle portait, un bonhomme de neige. La voiture fit un léger écart sur la droite avant de se rétablir et Océane fière d’elle observa monté et descendre précipitamment la pomme d’Adam de son compagnon tandis qu’elle se rhabillait. Brendon mit quelques minutes a retrouvé la parole. Et lorsqu’il ouvrit la bouche ce fut pour grogner… comme à son habitude lorsqu’elle lui faisait payer ses réparties moqueuses.
    « Et tu veux qu’on fasse chambre à part chez ton grand père ? Tu ne tiendras pas cinq minutes sans vouloir me faire un strip-tease » Marmonna t-il l’air boudeur.
    « Fait pas la tête, tu l’as bien cherché. » Avança t-elle en lui tendant une tasse de café. « Voyons on voir ce que l’on capte dans le coin. » Marmonna t-elle pour changer de conversation, consciente qu’elle avait peut être poussé le bouchon un peu trop loin. Elle tourna le bouton de la radio dans l’espoir de meublé le silence et de voir se détendre la mâchoire de son compagnon. Elle tripatouilla un moment les stations jusqu'à tombé sur une fréquence « en clair ». C’était une station de country, Océane changea aussitôt de fréquence tirant à Brendon un éclat de rire.
    « Tu es bien la seule fille de la campagne que je connaisse qui déteste la country. »
    « Parce que t’en connais beaucoup des filles de la campagne peut être ? »
    Demanda t-elle en plaquant ses poings sur ses hanches.
    « J’ai quelques connaissances oui … Laura Ingahms et Le Dr Quinn » Compta t-il en levant deux doigts de la main qui manœuvrait le volant. « Et ils me semblent qu’elles adorent la country. » En guise de réponse il se prit un petit coup de poing dans le biceps.
    « Aie ! » Bougonna Océane en se frottant les phalanges. « Punaise mais t’es en acier trempée ! » S’exclama t-elle en se massant les doigts.
    « Un mois enfermé seul dans un centre où la seule activité la plus épuisante est une marche de vingt minutes dans les sous bois … Y’a bien fallut que je retrouve la forme. Et comme madame n’est pas fichu d’être à l’heure … Il a fallut que je m’occupe ! » Il mit le clignotant pour prendre la prochaine sortie en voyant un panneau annonçant à 10 km la plus grande pelote de laine du monde. Un petit sourire malicieux éclaira le visage d’Océane.
    « Je vois » Murmura t-elle avec une voix moqueuse
    « Non c’est pas du tout ce que je voulais dire … Je ne pensais pas à ça… » Se justifia t-il en donnant un coup de volant pour prendre la sortie. « Tu penses vraiment qu’a ça ! Ne fait pas de ton cas une généralité … Tu crois que je ne connais pas ma sœur ? Si vous êtes allez dans un sex-shop laisse moi te dire qu’à mon avis tu n’es pas ressortie sans un cadeau… Traitresse. » Et maintenant qui est ce qui rougissait ? Souriant il prit la sortie.

    […]

    « La pelote de laine la plus haute du monde mon gars ? » Répéta le fermier en se frottant la nuque. Il sembla réfléchir et brusquement se tourna vers le champ « KYYYYYLLLLLEEEEEE » Hurla t-il. [/i]« VIENS VOIR LA MON GARCON ! » [i]Brendon lança un regard à Océane qui haussa les sourcils, si Brendon venait de la grande ville, elle était habitué à ce genre de comportement. Un jeune homme aux cheveux couleur des blés et aux yeux marron émergea du champ de maïs qu’ils défrichaient avec son père. Brendon s’était perdu, enfin techniquement il avait suivit les panneaux mais ils roulaient depuis une heure et ils n’avaient toujours pas aperçut la pelote de Laine qu’ils cherchaient. Aussi Brendon avait-il été contraint de s’arrêter par une Océane grognon qui désirait manger quelque chose de plus consistant que des beignets. Pour une fois que ce n’était pas lui qui se plaignait d’avoir faim… Brendon nota l’arrêt momentanée du jeune homme lorsqu’il aperçut la superbe brunette qui était penchée sur le capot et qui cherchait une indication sur une carte. Brendon fronça les sourcils mais se contraignit au calme.
    « Ouais Pa’ ? » Sortant de sa torpeur l’adolescent s’approcha de son père en frottant ses mains les unes contre les autres. La neige commencerait à tomber, le ciel gris perle en témoignait, l’air c’était rafraîchit. « J’peux vous aider ? » Mais quelle était cette étrange manie qu’avait les gens du Nord de mangé la moitié des syllabes des mots ? Enfin. Brendon nota que le regard de l’adolescent balayait régulièrement la chute de rein de sa compagne. Il ne fut pas le seul à le remarquer car le père donna une tape sur le crâne de son fils pour lui remettre les idées en place.
    « Ce m’sieur et sa ‘dame cherchent la Pelot’ de Laine. T’sais comment peuvent la trouver petiot ? » Si Brendon adorait la famille d’Océane et l’état dans lequel elle vivait, il lui faudrait un petit moment avant de se faire à cet accent. L’adolescent semblait vexé par l’appellation petiot et de l’absence d’intérêt d’Océane qui plongé dans la carte ne lui avait pas encore adressé un regard.
    « Z’êtes pas sur la bonne route. Fallait prendre la H-145 en sortant de la Nationale. Vous êtes à trois heures de route maintenant. » Constata le jeune homme.
    « Il faudrait prendre par où pour la récupérée ? » Demanda Brendon en pointant son doigt vers la carte. Son jeune interlocuteur fronça les sourcils. Il venait d’apercevoir l’alliance qui entourait l’annulaire de Brendon et se désintéressa aussitôt d’Océane lorsque s’écartant il remarqua sur ses doigts rouge de froid, la même alliance. Aussitôt ses yeux laissèrent tranquille la belle brune et il se pencha sur la carte.
    « On est ici. » Indiqua t-il à Brendon après avoir examiné le tracée complexe des routes sur le papier. « Faut continuer sur vingt kilomètres, reprendre la 147 sur 10 kilomètres et récupéré la H-145. Cependant, ca va vous prendre deux heures pour la trouver. » Il se tourna vers son père qui enchaîna.
    « Vous savez M’sieur ca a pas grand intérêt cette pelote. »
    « Nous savons. C’est le but du détour. Voir une chose inutile. »
    Il sourit et encercla la taille de sa compagne. « Nous fêtons les vacances en rejoignant le Montana depuis New York, en chemin nous nous arrêtons voir des spécialités locales. »
    « Vous ferriez mieux de reprendre la route, pour faire le maximum de route avant que la tempête ne commence, il doit rester deux heures, ensuite vous ne verrez plus assez pour rouler en toute sécurité. »
    Océane prit le relais.
    « Une alerte a été lancée ? »
    « Oui. C’est pour ca que nous sommes venus terminés le défrichage, une fois le champ recouvert, nous ne pourrons pas y retoucher avant le printemps. »
    Expliqua le quinquagénaire surpris de voir qu’elle connaissait si bien la région.
    « Vous devriez retourner au travail. Nous allons suivre votre conseil. Merci d’avoir prit le temps de nous répondre. Je serrais vous j’attendrais le dégèle, la terre serait plus meuble, mais je ne connais pas bien le Minnesota et les dates de dégèles. » Conseilla t-elle.
    « Merci m’dame. Bonne route, soyez prudent votre Mari et vous ! » Salua le fermier en levant son stetson et en tournant les talons sur un sourire. Kyle s’attarda et Océane en profita.
    « Kyle c’est ça ? » Demanda t-elle en s’avançant vers lui. « Tu pourrais nous rendre un service ? Prendre une photo de nous ? Pour une fois que cette tête de mule se perds, il me faut une preuve. » Chuchota t-elle comme une confidence. Le jeune homme sourit et prit l’I Phone. Trottinant jusqu'à Brendon, la carte déployée entre les mains elle se jucha près de lui et plaqua la carte devant eux. « Souris amour de moi ! » Murmura t-elle goguenarde. « Qu’est ce que tu disais sur mon sens de l’orientation déjà ? » Elle l’embrassa sur la joue au moment où l’appareil photo se déclenchait.

    […]

    La nuit était tombée brutalement. Enfin il n’était que six heures de l’après-midi. Il roulait depuis quatre heures lorsque la neige avait commencé à tombé. Il avait tenté de continuer de rouler, mais au bout d’une heure, quand le ciel s’était obscurcit et que la route était devenue glissante, il s’était résigné à s’arrêter. Océane avait déniché un hôtel dans une petite ville. Lorsqu’il avait enfin immobilisé la voiture sur le parking, dix bons centimètres de neige recouvrait le paysage au alentour. Il coupa le moteur et après avoir récupéré son manteau sur la banquette arrière il sortit de la voiture, boutonnant son épaisse doudoune Himalaya. Océane l’imita de l’autre côté de la voiture, enfilant une parka toute aussi chaude. Une énorme écharpe s’enroulait autour de son cou, tandis qu’une écharpe tricoté par Billy Lee ceignait celui de Brendon. Ils se dirigèrent ensemble vers la réception, étroitement enlacés malgré l’épaisseur de leurs vêtements respectifs. Couvert de neige ils ressemblaient à des bonhommes de neige lorsqu’ils poussèrent la porte du petit motel. La réception était vide, et Brendon sans raisons apparentes éclata de rire.

    « Qu’est ce qui te prends ? » Demanda Océane en donnant un petit coup sur la sonnette posée sur le comptoir pour signalé leur présence.
    « On se croirait dans Psycho ! Un vieux motel, une réception à l’ancienne, une tempête de neige ! Un vrai décor de film d’horreur. »
    « Espérons que Norman Bates ne soit pas le propriétaire de ce motel ! »
    Renchérit Océane en le suivant dans son éclat de rire. Alors qu’il se lançait dans une imitation du petit Normy chéri en train de poignarder quelqu’un, une jeune fille de dix huit ans environs apparut derrière le comptoir. Elle était rousse et ses yeux d’un brun profond étaient parsemés d’éclat dorés. Elle plus aussitôt à Océane car elle ne s’attarda pas à détailler Brendon et à aucun moment un sourire charmeur ou une lueur lubrique ne s’afficha sur son visage.
    « Bonsoir. Vous désirez une chambre ? » Demanda t-elle avec un sourire éclatant.
    « Il vous reste une chambre pour deux ? » Demanda Brendon en s’avançant, dégainant sa carte gold plus par réflexe qu’autre chose.
    « Malheureusement la seule qu’il nous reste est une chambre Single. » S’’excusa la rousse en consultant le registre en cuir posée devant elle.
    « On la prends. » Assura Brendon en se tournant vers Océane, il l’embrassa sur la joue et murmura. « On se serrera un peu. » Puis se tournant vers la réceptionniste. « Il y a un petit restaurant ou un bar dans le coin ? »
    « Chez Sue, c’est au coin de la rue, elle fait la meilleure tarte à la rhubarbe du monde. Et des pâtes à tomber par terre. Y’a un concert ce soir, il y aura du monde, avec toute cette neige les gens n’ont pas grands choses d’autres à faire. On en est la troisième panne de courant depuis trois heures. »
    Expliqua la jeune fille en souriant. « Je doute que le confort soit optimal aujourd’hui alors vous ne payerez que la moitié du tarif normal. »
    « C’est gentil » Remercia Brendon avec un sourire en se tournant vers Océane. Ca ne serait pas plus mauvais pour le compte en banque du jeune homme qui n’était plus au top de sa forme depuis plus de six mois, en attendant le versement de sa bourse ses économies fondaient doucement. Mais il refusait qu’Océane paye quoi que se soit. Après tout c’était de sa faute s’ils se retrouvaient à voyager du Maine au Montana. « Chez Sue alors ? » Répéta t-il en tapant son code secret en jetant un coup d’œil au registre puis à Océane qui pouffa lorsqu’il lui lança un regard qu’il pensait fou à la Norman Bates.
    « Oui. Voici vos clés. Garer votre voiture devant la chambre, notre gardien surveillera le parking ce soir, mais je doute que quelqu’un vienne s’aventurer ici par ce temps. Je vais faire mettre vos bagages dans votre chambre. » Dit-elle en désignant les sacs et la cage de Driesen. « Si vous avez besoin de quoi que se soit, je suis de permanence ce soir. »
    « Merci Miss »
    Salua Brendon en levant en stetson imaginaire. Océane encercla sa taille et prit les clés avec un sourire pour la jeune fille.

    Alors qu’ils sortaient, Brendon se dégagea soudainement, se penchant en avant il ramassa un peu de neige, en fit une boule compact et la jeta sur Océane. Surprise, elle mit un temps à réagir. Mais lorsqu’elle se baissa à son tour, commença alors la plus belle bataille de boule de neige de l’histoire du Minnesota. Très vite il fut impossible de les distingués dans le crépuscule tombant tant ils étaient couvert d’une fine couche de neige duveteuse. Leurs éclats de rire résonnaient dans la cours, ils riaient comme des enfants et l’un comme l’autre était heureux et détendus. Brendon la pourchassait entre les voitures garées dans le parking, une boule de neige serrée dans son poing raidit par le froid. Elle se retourna, visa, et lança son projectile. Il fut moins rapide à esquisser son tire que précédemment, essoufflé et ralentit dans sa course par son lourd manteau recouvert de neige, il se prit la boule dans le visage. Voyant un excellent moyen de mettre la jeune femme à sa merci il grogna et s’écoula dans la neige. Retenant un frisson lorsque son visage s’enfonça dans la neige, il se força à l’immobilité. L’oreille à l’affut il attendit. Il ne dut pas patienter très longtemps. Alarmé par l’immobilité de son petit ami, la jeune femme se rapprocha en courant, il perçut le bruit de ses pas étouffé par la neige alors qu’elle s’approchait de lui. Il ne bougea pas, la laissant s’accroupir dans la neige et le retourné sur le dos, il sentit son souffle s’approcher de son visage, il desserra légèrement les doigts autour de la boule de neige. Elle posa sa main sur la sienne et souffla à son oreille.


    « Si tu m’écrases cette boule de neige sur les cheveux je te préviens tu dors par terre. » Murmura t-elle en le délestant de son bien glacé pour le lieu écrasé sur le visage. Il sourit, se débattit et l’attrapa par la taille avant qu’elle ne se soit enfuit. Il l’attira contre lui et l’embrassa avant qu’elle ne bouge. D’un coup de rein il la fit rouler dans la neige tentant de lui rendre son geste précédent, elle se débattit. Commença alors une longue lutte au corps à corps entre les deux amants, chacun tentant de faire goûter la neige à l’autre. Ils riaient de plus en plus fort, et s’amusaient à se chercher. Brendon volant des baisers à la jeune femme qui se débattait sous lui, soudainement l’affrontement se stoppa lorsque Brendon se retrouva entre un genou coincé entre les jambes d’Océane, il lui maintenait d’une main les deux bras au dessus de la tête. Leurs visages n’étaient qu’à quelques micros centimètres l’un de l’autre. Il prit sa bouche sans se poser de question, relâchant la boule de neige qu’il tenait dans sa main libre, il glissa sa paume le long de la joue de sa compagne, la peau froide effleura la pommette, la joue pour se nicher dans le cou dégagée d’une partie de l’écharpe de sa compagne. Il l’embrassa à en perdre haleine la sentant se détendre contre lui et répondre à son baiser avec ardeur. Le monde n’existait plus autour d’eux comme à chaque fois qu’ils s’embrassaient le reste du monde s’effaçait. Plus rien d’autre ne comptait, il n’existait plus qu’eux, leurs sentiments, leurs corps pressés l’un contre l’autre. Haletant il s’éloigna de ses lèvres pour reprendre son souffle. Inconsciemment elle avait nouée ses jambes autour de la taille de son compagnon, emboitant leurs corps. Il sourit et caressa ses cheveux, laissant ses mains s’emmêler dans les boucles de sa compagne. Il embrassa ses joues, son nez, sa gorge la faisant rire.

    « Si on rentrait ? » Proposa t-il avec un sourire tendre, effleurant sa gorge de la pointe de son nez glacé. « Tu vas attraper un rhume. » Passant ses mains dans le dos de la jeune femme il se redressa, la maintenant contre lui. « Ca devient une mauvaise habitude… Note je préfère cela aux baffes que tu me mettais avant. » Chuchota t-il en la portant jusqu'à la chambre tandis qu’elle l’embrassait dans le cou, se nichant contre lui pour partager sa chaleur, alors que le froid commençait à s’infiltré sous leurs vêtements. Il trouva la poignée de la porte a tâtons et y glissa la clé, ouvrir la serrure fut un véritable parcours du combattant. Tandis que les lèvres de la jeune femme se perdaient dans son cou. Dérapé devenait une seconde nature chez eux depuis la tentative de suicide de Brendon. Elle jeta l’écharpe qui empêchait son exploration. Il lui ôta sa parka en la plaquant contre la porte afin de ne pas tomber avec elle sur le sol. Les mains fébriles de la jeune femme butèrent sur le zip de la fermeture éclaire du manteau de son amant, il l’aida à s’en débarrasser et l’embrassa, ses mains passèrent sous le sweat-shirt qu’elle portait, et sous le tee-shirt plaqué contre sa peau, ses mains retrouvèrent le chemin familier de sa chute de rein. Il soupira et l’embrassa plus profondément. Elle frissonna et gémit lorsque ses mains froides glissèrent sur ses côtes pour effleurer son ventre. Elle se pressa plus fermement contre lui, glissant ses mains sous son tee-shirt, profitant d’un moment de répit entre deux caresses pour le lui ôter. Il en fit de même avec le pull et le tee-shirt de la jeune femme quelques secondes plus tard. Impatient de retrouver le contact de sa peau, il lui releva les mains au dessus de la tête pour plaquer son torse contre sa poitrine. Elle l’embrassa, le regard fiévreux, perdant ses mains dans les cheveux ébouriffés de l’homme qu’elle aimait, il attira une de ses mains contre la sienne et enlaça leurs doigts ensemble.

    « Je t’aime » Murmura t-il doucement en arrêtant de l’embrasser. Elle lui sourit avec amour et l’embrassa.
    « Je t’aime. » Reposant ses pieds sur le sol, elle se haussa sur les pointes et posa à plat ses mains sur son torse, elle le poussa vers le lit, une lueur farouche dans le regard. Elle semblait sure d’elle, comme si elle se mettait au défit de tout arrêter une fois encore. Les pieds de Brendon butèrent contre quelque chose de dur et de froid, il chuta sur le sol, mais ne resta pas seul très longtemps. Océane s’installa à califourchon sur lui et l’embrassa, laissa glissé sa bouche le long de son cou, de son torse. Il soupira, gémit et la renversa sur la moquette, prenant soin à ne pas lui faire mal. Ses doigts effleurèrent son ventre, le galbe de sa poitrine au travers de son soutien gorge avant de passer dans son dos pour dégrafer la pièce de tissu.
    « Attends » Murmura t-elle. Il se raidit, mais elle le rassura d’une caresse sur la joue. « Un lit… » Ajouta t-elle en désignant la literie sur leur côté. Il sourit, ses mains glissèrent sur ses reins et il la souleva à nouveau. Il la déposa en douceur sur le matelas avant de s’allonger au dessus d’elle. Elle souriait, ses yeux brillaient, elle semblait sereine.
    « Tu m’as tellement manqué Océane … Je t’ai… ARGGGGHHHHHH ! » Dire que Brendon dégringola du lit aurait été un euphémisme. A croire que Dieu avait décidé que ce serait lui qui choisirait le moment où Océane et Brendon serait à nouveau ensembles, unis.
    « Brendon ? » Alarmé Océane se pencha au dessus du lit. La scène qu’elle découvrit manqua de la faire éclatée de rire. Brendon, allongé sur le sol se débattait pour faire lâcher prise à Driesen. Le chat, Driesen le chat. Le petit chaton avait planté ses griffes dans le mollet d’homonyme humain, en pestant. L’attrapant par la peau du cou il arriva à faire lâcher prise au bébé chat, qui ressemblait plutôt à un bébé tigre ses derniers temps. Il avait laissé une estafilade sanglante sur la peau de son nouveau maître. La chose dure contre laquelle avait buté Brendon en reculant était en fait la cage du chaton, elle s’était ouverte quand il avait shooté dedans pas mégarde.
    « Tu es certaine que tu veuille que ce chat soit adopté dans notre famille ? » Demanda t-il en grommelant en le tendant à sa maîtresse à moitié nue.
    « Mon bébé ! Tu avais faim ? » Murmura la jeune femme en cajolant l’animal qui se mit aussitôt à ronronner dans ses bras.
    « Oui, il était affamé, et il a planté ses griffes dans ton fiancé. » Marmonna t-il en tâtant la plaie.
    « Potentiel fiancé. » Corrigea t-elle. « Fait voir ! »

    Il n’y avait pas de gêne entre eux contrairement aux fois précédentes. Le rire, le comique de la situation avait chassé le malaise. Elle tapota le matelas près d’elle après avoir déposé le chaton sur la couverture. Il se lova contre sa maitresse en ronronnant comme un bien heureux bougonnant pour la forme, menaçant le chat de le transformer en une toque de fourrure Brendon, en caleçon, prit place sur le lit allongé sur le ventre. Océane examina en sifflotant la plaie, elle donna une tape sur les fesses de son compagnon, on comprend qu’elle n’ait pu y résister, et lança.

    « Ce n’est rien qu’une égratignure, tu t’en remettras Cow-boy ! » Il se retourna sur le dos et la regarda câliner et jouer avec le chaton. Il se demanda si le Destin et Dieu n’était pas en train de s’amuser avec lui. Si c’était le cas ils devaient se fendre la poire dans les grandes largeurs là hautes, au paradis.

    « Tiens » Se penchant au dessus du matelas il récupéra sur le sol sa chemise et la lui tendit. « Tu frissonnes. » Souriante la jeune femme enfila la chemise de son amoureux et masqua sa lingerie, au grand damne de l’amoureux en question. Il était étrange de voir comment ils se dépatouillaient de cette situation. Brendon avait sa théorie à ce sujet, comme il l’avait dit à océane la nuit précédent, être séparé physiquement d’elle ne le gênait pas, tant qu’il saurait qu’ils se retrouvaient tôt ou tard. Elle lui sourit et se pencha pour l’embrasser.
    « Tu devrais t’habillés… » Murmura t-elle tout en empêchant Driesen de donner un coup de griffe à son compagnon. Fiancé. Amant. Et tant d’autre chose.
    « Pourquoi tu n’aimes pas ce que tu vois ? » Demanda t-il provocateur. « Un pur produit masculin, élevé en plein air un mois… Y’en a qui tuerait pour posséder mon corps. »
    « Peut être mais comme tu n’es ni un gigolo ni un strip-teaseur je ne crains rien. Bref ! Arrête de changer de conversation. Tu devrais vraiment t’habiller. Un mois d’élevage en plein air t’as peut être rendu sourd mais moi j’entends ton ventre grogner. Allons manger. » Le chat dans les bras elle se redressa et chercha son pantalon des yeux sans même rougir sous le regard brûlant de son amant. « Aller Driesen ! » Le chat et l’homme se redressèrent. « Pas toi mon bébé » Susurra Océane en regard Brendon dans les yeux mais en s’adressant au chat.
    « Très bien mais je te préviens je vais finir par envisager de me reconvertir en gigolo, je gagnerais surement mieux ma vie qu’en devant programmeur, hackeur ou tout ce que tu veux d’autre. » Marmonna t-il en passant le sweat au logo de l’Université que la jeune femme avait laissé au sol, préférant la chemise du jeune homme. Il était drôle de voir à quel point elle abandonnait les affaires de Brendon une fois qu’elles s’étaient imprégné de son odeur ; Le jeune homme ravit passa son vieux sweat et sourit. Si Océane préférait son parfum, lui c’était son odeur qu’il aimait sentir sur ses vêtements.

    […]

    « Et pour les tourtereaux se serra ? » Demanda une jeune cinquantenaire débonnaire et bien trop maquillé en se penchant au dessus d’eux. Le bar restaurant était en tout point identique à la vision qu’avait Brendon de ce genre de bar dans ce genre d’état. Et il adorait ça. Il dévorait des yeux la décoration comme un gosse qui voit ses rêves se réaliser. Car, s’il avait atterrit dans le Montana pendant l’été son Univers s’était résumé à la ferme, les bois alentours et les champs, il n’avait pas eut la chance de découvrir les joies du bar local et des serveuses dignes d’une série B. L’endroit était plein à craquer, il avait fallut que Brendon use de tout son charme et invoque leurs statut de jeune marié pour se voir attribué une table. Océane s’amusait de son attitude et se décida à commander en le voyant regarder la serveuse comme s’il elle sortait d’un rêve.
    « On va vous prendre deux entrecôtes, et des patatoes avec deux pintes. » Elle avait l’assurance de ceux qui avait fait ça toute leurs vies. Car si Océane cuisinait de temps à autre, ce n’était pas Francis qui s’affublait d’un tablier, il préférait de loin emmener son lutin dans un « diner » du coin. Tout cela pour son bien être. Lorsque Brendon était arrivé à la ferme sous la couverture de « London » il avait vite prit en main la partie cuisine quand pour la première fois Francis lui avait servit sa pas si succulente que cela, entrecôte brûlée à la bière. Avec un sourire charmant de fumeuse la quinquagénaire s’éloigna, c’est alors que Brendon remarqua qu’en plus des cheveux blonds platine décolorée et coiffé en choucroute elle portait des convers’ roses fluo. Il manqua de s’étouffer avec sa cacahouète et Océane craint de devoir lui faire la passe d’Emlich.
    « Respire ca va bien se passer » Se moqua t-elle.
    « J’ai l’impression d’avoir été catapulté dans les années 50 ! Toute à l’air d’époque ici. »
    « Ce n’est pas qu’une impression, tout EST d’époque amour de moi. Bienvenue dans le monde parallèle des petites villes où le temps s’est arrêté ! »


    Enfin si le temps s’était arrêté ici, le service n’en était pas moins parfais. Leurs assiettes arrivèrent peu de temps après leur commande et c’est avec un appétit d’ogre qui fit plaisir à Samantha, car c’était ainsi que la désignait le badge placardée sur son imposante poitrine de matrone.

    « Faut le nourrir votre mari ma petite demoiselle. » Se moqua la serveuse pardon, Samantha.
    « Il mange comme quatre. » Se justifia Océane. « C’est l’effet du grand air. »
    « A croire que c’est moi qui attends des quadruplés ! » Enchaîna Brendon après avoir lancé un regard de connivence à la serveuse.
    « Des quadruplés ? Oh s’est une si merveilleuse nouvelle félicitation ma chérie ! » La poupée de cire se pencha en avant pour plaquer deux baisers sonores sur les joues d’Océane qui fusillait Brendon du regard. Soudainement la serveuse s’empara de la chope de bière posée devant la jeune femme et la reposa sur son plateau. « Vous n’avez pas précisé que vous la vouliez sans alcool. Je vais changer cela tout de suite. »

    Lorsqu’elle se fut éloignée Brendon laissa libre court à son fou rire, il en pleurait presque tellement l’expression effarée et furieuse d’Océane était risible. Cette dernière le fusillait des yeux, nulle doute que ses yeux eut été des révolvers il serait mort sur le coup. Il se ressaisit en voyant la serveuse revenir et Océane patienta jusqu'à ce qu’elle les eut laissé seuls pour essuyer les traces de rouges sur ses joues avant de laisser libre cours à la répartie qu’elle préparait depuis quelques minutes.

    « Tu te rappel de la liste des conditions que tu dois remplir pour que j’accepte que tu refasses ta demande en mariage ? » Il hocha la tête tout en essuyant ses yeux dans le coin de sa serviette de table. « Et bien elle vient de s’allonger d’un point supplémentaire. Le potentiel futur fiancé dormira seul à chaque fois qu’il se payera la tête de sa femme. » Menaça t-elle en croquant rageusement dans une pomme de terre dorées découpés en forme de croissant.
    « Potentiel future femme. Qui te dit que je ne vais pas changer d’avis d’ici là ? »
    « La patience est une de tes vertus. »
    Assura t-elle en souriant, contente de l’avoir vu ravalé légèrement son sourire victorieux.
    « Certes mais mes maux de dos auront surement raison de moi avant cela. » Argumenta t-il en engloutissant une bouchée de sa pièce de viande. « D’ailleurs puise qu’on parle de ce mariage potentiel, tu constateras qu’elle n’a pas douté une seconde que tu attendais des quadruplés, alors la preuve est faite que là dedans pourrait accueillir quatre bébés ! » Après cette réplique elle leva sa fourchette et le menaça avec.
    « Ne compte pas m’avoir par la ruse Driesen ça ne marche pas. »

    […]

    « Viens chanter avec moi. »
    « Quoi ? »
    « Viens chanter avec moi. »
    Susurra t-il à son oreille.
    « T’es fou ? Jamais de la vie. » S’exclama t-elle en enlevant sa main de la sienne. « Normalement ta phrase type c’est Danse avec moi tu te souviens ? »
    « Viens chanter Océane s’il te plait. »
    « Non ! »
    S’exclama t-elle catégorique. « Va y toi si tu chantes si bien que ça ! » Si elle l’avait déjà entendu jouer, elle n’avait jamais perçut le son de sa voix, sauf lorsqu’il chantait sous la douche, et autant dire qu’il n’avait rien d’un ténor pendant ses moments là. Il se pencha l’embrassa et murmura.
    « Très bien tête de pioche. Reste là. »

    L’artiste prévu en concert ce soir là n’avait pu arriver à cause de la neige, 40 bon centimètres recouvraient tout au dehors, ce qui faisait rire Océane quand Brendon s’en alarmait, demain en bonne fille du Montana elle savait que les routes seraient praticables, la neige ne paralysait jamais les états de cette partie de leurs pays. Aussi Sue avait-elle mit en place une scène ouverte-Karaoké. S’était succéder des Bikers chantant du Céline Dion, des adolescentes gothiques fredonnant du blues et bien sur la traditionnelle country locale qui avait fait grincer des dents à sa compagne. La bonne ambiance était générale, la chaleur de la patronne communicative, Brendon s’approcha de la scène sans se retourner, sous le regard surpris de sa compagne. Il murmura quelques mots à l’oreille de Sue qui rit à gorge déployée alors qu’il lui adressait un sourire charmeur. Le pire était qu’il n’avait aucunement conscience de l’effet qu’il faisait aux autres femmes, voila pourquoi Océane ne craignait pas qu’il la trompe, il n’avait pas conscience de ce qu’il faisait, il … éblouissait les gens. Mais si lui n’avait pas conscience les autres femmes elles ne se trompaient pas, c’étaient d’elles dont elle se méfiait. A en croire ce que Gretchen avait dit au médecin… Elle n’avait pas été la seule femme dans le lit de Brendon l’année précédente. Elle chassa ses pensées lorsqu’il monta sur scène, récupérant une guitare adossée au mur. Il s’approcha du micro avec un sourire doux, rêveur, il s’installa sur le haut tabouret et approcha ses lèvres du micro. Il commença à gratter doucement la guitare, cherchant ses marques sur l’instrument qui n’avait pas été patiné par ses doigts. Accordant doucement les cordes. Le brouhaha continuait autour de lui, mais Océane ne détachait pas ses yeux de lui, attentive. Lorsqu’il se mit a chanter sa voix était basse, éraillé, rauque, mais délicieusement sensuelle, agréable. Comme du velours. Il releva les yeux et à nouveau il n’y eut plus qu’elle, il ne chantait que pour elle. Il n’avait toujours chanté que pour elle. Comme si le reste du monde n’existait plus.



    « J’ai composé cette chanson. »

    « I was tired and now I'm bound;
    My head is off the ground.
    For a long time was so weary;
    Tired of sound, I've heard before;
    Knowing of the nighttime at the door;
    Haunted by the things I've been, yeah;
    Stuck between the burning light and the dusty shade.

    Said I, used to think the past was dead and gone;
    I was wrong, so wrong.
    Whatever makes a flower must make you strong, make you strong, yeah.
    At my time I've melted into many forms;
    From the day that I was born, oh.
    But I know there's no place to hide;
    Stuck between the burning shade and the faded light.

    I was broken for a long time, but it's over now;
    Said I was broken for a long time, but it's over now.

    Yes and you;
    Yeah, you've walked these lonely streets that people ascend, people ascend.
    There are some fools that just count in and I do pretend;
    And I'm free from all the things that saved my friend;
    And I was there until the end, yeah.
    I know I can take the moon;
    Stuck between the burning shade and the faded light.

    I was broken for a long time, but it's over now,
    It's over now
    Said I was broken for a long time, but it's over x6,
    but it's over now, but it's over, but it's over,
    but it's over now, but it's over, but it's over,
    but it's over now now, yeah;
    I was broken for a long time,
    but it's over, but it's over now,
    yeah, over now, it's over, but it's over now »


    Il laissa mourir la dernière note sous ses doigts, les yeux dans le vague, il arrêta le vibrato des corps en posant sa paume contre le caisson de résonnance. Il ne souriait pas, pourtant lorsque leurs regards se croisèrent de nouveau Océane vit que ses yeux souriaient. Lorsqu’il détourna le regard pour sortir de scène, sous les applaudissements, elle essuya discrètement les larmes qui avaient coulées le long de ses yeux. Une autre jeune fille prit place sur l’estrade, sourire timide océan bleu dans ses yeux, trac. Il lui sourit, et ensuite n’eut dieu que pour elle. Elle noua ses bras autour de son cou et l’embrassa.

    « Et ce genre de ruse ça marche ? » Demanda t-il après un long baiser.
    « Peut être bien oui. » Rit-elle contre son cou. « Je t’aime. » Il la serra contre lui alors que la jeune fille commençait doucement à jouer.
    « Vient danser avec moi. »
    « Je pourrais passer ma vie ainsi… »
    Parodia t-elle avec un sourire.
    « J’y compte bien. »

    […]

    Ils dormaient, mais plus pour très longtemps. Brendon la serrait contre lui dans son sommeil, le visage enfouit dans ses cheveux, il remuait légèrement dans son sommeil, épuisé il luttait contre un rêve qui tentait de le réveiller. Elle passa une main tendre dans ses cheveux pour le calmer, tout en restant endormie, geste instinctif et protecteur. Il s’apaisa, soupira et se colla en cuillère contre son dos. Il était bien. Ils étaient paisiblement étendus, serein, lorsque la sonnerie de l’Iphone de Brendon déchira le silence. Océane fut la première a réagir, malheureuse. Peut être dormait-elle moins que son amant ? Peut être voulait-elle simplement qu’il se repose plus encore ? Qu’importe, elle se saisit de l’Iphone la première et ouvrit le message qui était destiné à son amant par réflexe. Mal lui en prit. Brendon s’écrasa sur le sol recouvert de moquette lorsqu’elle s’enveloppa des draps pour ne pas prendre froid, folle de rage, elle se mit à faire les cent pas dans la pièce, rassemblant leurs affaires.

    « Keskia ? »
    « Je vais la tué, je te jure que je vais la tuer. »
    Marmonnait-elle en fourrant rageusement, chat dans sa cage, vêtements dans les sacs.
    « Keskia ? » Demanda t-il en se redressant, à l’Ouest, il se hissa sur le matelas.
    « Il y a que…Rahhh ! » Elle lui jeta l’Iphone pour qu’il regarde de lui-même. Il grimaça aussitôt lorsqu’il reconnu le tatouage en forme de rouage autour du nombril.
    « Océane je te jure que … »
    « Je sais ! »
    Grogna t-elle. « Il n’empêche que je vais la tué cette garce de … »
    « Manhattan, Océane, elle vient de Manhattan ! Tu as vu comment se comporte Gretchen ? C’est la manière des filles de se rendre la monnaie de leur pièce ! Rien de plus. »
    « Rien de plus ? Elle t’a envoyé une vidéo où elle fait un strip-tease ! Pas une simple photo de son cul ! Un strip-tease Driesen ! »
    Il s’approcha d’elle et récupéra la cage du chat, il prit l’animal appeuré entre ses bras et e caressa derrière les oreilles.
    « Et tu vas faire quoi ? Rebroussé chemin pour faire la tête au carrée à une fille incapable de faire la différence entre du blé et de l’orge ? Océane, il ne s’est rien passé entre elle et moi ! Ce n’est pas suffisant comme vengeance ? » Il lui tendit Driesen qui voyant que les nerfs de sa maîtresse s’était détendus agitait les pates vers elle.
    « Si. » Elle soupira. « Si c’est suffisant. » Pourtant, lorsqu’elle leva le regard vers lui il vit une étrange lueur dans ses yeux. Et il ne comprit pas. Pourtant, il aurait du. Elle voulait revenir en arrière pour donner une leçon à toutes les Mandy qui avaient peuplés l’été de Brendon.

    […]

    Ils roulaient sans un mot depuis une centaine de kilomètres, Brendon s’inquiétait de ce silence et du regard maussade de sa compagne. Il se demandait si elle ne doutait pas de lui, tout en ayant la certitude que ce n’était pas cela. Il ne supportait plus ce silence, s’était presque devenu une nécessité de le brisé. Il fallait qu’il trouve un moyen de rétablir le dialogue. N’était ce pas ce qui avait causé leur première rupture ? Le manque de dialogue ? Soudainement il eut l’illumination. Il glissa sa main dans le vide poche et agita une cassette sous le nez d’Océane.

    « Une chanson = un baiser, tu marches ? » Demanda t-il d’une voix enfantine.
    « Si je ne chante pas tu ne m’embrasses plus ? » Demanda t-elle aussitôt en souriant. « Impossible tu ne tiendras jamais ! »
    « J’espérais que tu ne me forcerais pas à de tels extrêmes, pense à mon cœur ! » Soupira t-il en grimaçant de souffrance, il simulait bien sur.
    « Très bien, si c’est pour ta santé amour de moi ! Envoie la sauce. » Elle se mit à rire. Et ce fut le plus beau son qu’il eut entendu depuis des heures.








Dernière édition par Brendon K. Driesen le Jeu 18 Fév - 19:33, édité 2 fois
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Océane J. Eono
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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Vide
MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyMer 10 Fév - 10:06


    Les yeux fixés sur la route, elle avait cessé de chanter depuis un bon moment, se contentant de se laisser happer par ses pensées, alors que la route fluide et linéaire ne représentait pas une diversion suffisante. Elle avait insisté pour prendre le volant, pensant que cela suffirait pour l'empêcher de penser, mais non, c'était l'inverse qui c'était produit. Certes, Brendon avait admirablement joué les catalyseurs de bonne humeur en instaurant ce petit jeu des chansons après une centaine de bornes de mutisme maussade, mais même la musicothérapie avait ses limites. Ils étaient venu à bout de la cassette, face A et face B confondues, et depuis quelques kilomètres, la musique se diffusait en sourdine au travers de l'habitacle, Brendon sifflotant doucement, inconscient des sombres pensées qui s'accumulaient dans l'esprit de sa compagne. Comment aurait-il pu l'envisager alors qu'elle s'évertuait à lui cacher son malaise depuis plus d'un mois ? Elle pensait pouvoir régler ça toute seule comme une grande. Elle était l'unique responsable de son blocage, alors pas besoin de le faire culpabiliser en prime. Elle savait qu'elle pouvait y parvenir, que ce n'était qu'une question de temps. De temps passés ensemble, rien qu'eux, afin qu'elle puisse réapprivoiser les sensations, les émotions, et se réapproprier son corps, le faire sien comme il n'aurait jamais dû cesser de l'être. Et elle y était parvenue ! Petit à petit, elle n'avait plus eu peur, elle n'avait plus ressentit cette brûlure en elle qui s'amusait à lui envoyer des images factices d'échanges bien réels entre lui et d'autres qu'elle. Elle était parvenue à les isoler complètement, à récréer cette bulle autour d'eux, et à ne voir plus qu'elle et lui, sans images parasites et fantômes de relations d'un soir. Mais il avait suffit d'un détail, d'une saloperie de mms de merde, et voilà qu'elle perdait les pédales et les revoyait toutes défiler les unes après les autres dès qu'elle posait un regard sur lui. Elle n'en connaissait pas le nombre, ni les visages, mais elle connaissait la fréquence. Son imagination suffisait à faire le reste. Elle aurait préféré ne jamais savoir, se douter mais ne pas en avoir la confirmation. Au moins, elle aurait pu se vautrer dans l'aveuglement et faire croire à son esprit qu'il était resté aussi chaste qu'elle pendant ces longs mois. C'était idiot et totalement stupide, puisqu'elle était l'unique responsable de cette situation. C'était elle qui lui avait imposé cette rupture, et il avait totalement le droit d'être aller voir ailleurs. Elle n'avait jamais eu dans l'intention de faire machine arrière. Ils étaient séparés, elle en souffrait mais c'était ainsi et ça ne changerait pas. Il fallait qu'il refasse sa vie de son côté. N'était-ce pas pour cette raison qu'elle l'avait quitté ? Pour qu'il puisse trouver une fille plus saine pour lui ? Il était donc légitime qu'il ne se restreigne pas. Océane ne lui en voulait pas, elle était incapable de lui en vouloir pour ça. Elle s'en voulait à elle. De l'avoir quitté, pour commencer, et d'être incapable de lui offrir de vraies retrouvailles, pour finir. Quel genre de monstre était-elle pour le faire poireauter de la sorte ? Comment faisait-il pour ne pas perdre patience après tout ce temps ? Comment faisait-il pour avoir encore envie d'elle maintenant que désir était synonyme de virus puissant ou griffes de chat plantées dans le dos ? Elle culpabilisait de cette frustration qu'elle lui imposait, mais qu'elle s'imposait à elle aussi. Et elle appréhendait les dégâts qu'avaient pu commettre cette lubrique de Mandy avec son texto, sur l'avancée de sa thérapie personnelle. Allait-elle devoir tout reprendre de zéro ? Allait-elle de nouveau avoir un mouvement de recul lorsqu'il voudrait la toucher ? Il n'était pas dupe, elle en avait bien conscience, elle l'avait sentit se figer à de nombreuses reprises, comme s'il était encore hanté par le souvenir du rejet qu'elle lui avait imposé dans la salle de bain de sa chambre, à l'hôpital. Elle ne le méritait pas. Aucune femme saine d'esprit ne le rejetterait ! Aucune ! Et pourtant, elle n'avait cessé de le faire sous la fausse excuse de l'hôpital, celle d'un virus qui l'empêchait d'aller plus loin, ou même, il y a quelques heures, grâce à Driesen. Non, elle n'avait pas dressé son chat pour qu'il s'abatte sur Brendon dès qu'il deviendrait entreprenant, elle avait juste ressentit une sorte de soulagement lorsque le soufflé fut retombé. Elle n'avait pas été sûre d'être capable d'aller jusqu'au bout, et grâce au chat, elle n'avait pas eu à le vérifier. Elle avait été lâche. Alors qu'elle aurait eu mille fois l'occasion de reprendre les choses où ils en étaient restés, elle avait décrété qu'il devait aller manger parce que Brendon avait faim. Même pas elle, non, Brendon, comme si c'était de sa faute à lui. Et le pire ? Il n'avait pas bronché. Pourquoi ne se rebellait-il pas à la fin ? Pourquoi ne lui hurlait-il pas dessus ? C'était peut être de ça dont elle avait besoin, un bon électrochoc, et que pour une fois on ne lui offre pas l'occasion de réfléchir. Oui, un bon petit viol, et le tour serait joué. "Non, mais tu t'entends, Océane ?" pensa-t-elle en secouant la tête. Un viol ? Non mais n'importe quoi ! Elle était tellement flippée qu'elle en était réduite à ça ? Que Brendon ne lui demande pas son avis et s'introduise en elle de force ? Si elle avait été seule, elle se serait probablement mise à pleurer devant la stupidité dont elle faisait preuve. Mais une main glissant dans sa nuque la ramena sur Terre en un léger sursaut.

    " Ça va ? " Demanda-t-il en la fixant avec inquiétude. Depuis combien de temps l'observait-il de la sorte ? Avait-il eut le temps d'entrapercevoir ses pensées sur les traits de son visage ? On lisait en elle comme dans un livre ouvert, et Driesen avait toujours été le plus doué à cet exercice. Océane ne répondit rien, se contentant d'hocher la tête en contrôlant ses nerfs à vif. " Tu es sûre ? " Insista-t-il en venant de son index, lisser le pli qui se formait entre les sourcils de la brune.
    " Oui, ça va. " Répondit-elle doucement, en rassemblant toutes ses forces pour lui offrir un sourire qu'elle espérait d'allure sincère. Brendon sembla satisfait, en sa main jusqu'à présent immobile sur sa nuque, se mit à décrire de légères caresses circulaires. " Juste un peu fatiguée... " Ajouta-t-elle en se détendant à son tour. " Tu ne voudrais pas reprendre le volant ? " Ils avaient passés la frontière du Dakota du Nord depuis un moment déjà, et s'il était prévu que Brendon ne reprenne le volant qu'une fois dans le Montana, Océane préférait qu'il le fasse maintenant, et l'empêche de sombrer une nouvelle fois dans un flot de pensées hostiles. Le texto de Mandy avait tout de même représenté un sacré avantage. Certes c'était une conne, et elle allait le payer cher, mais au moins, elle les avait réveillé à 4h du matin, et Océane avait été trop énervée pour se rendormir. Alors ils avaient prit la route bien plus tôt que prévu, et rattrapaient le retard causé par la tempête de neige. Il était à peine 9h du matin, et ils avaient dépassés Minot. Océane avait bon espoir qu'ils passent la frontière du Montana avant midi. Ainsi ils pourraient être à Kalispell pour le diner, peut être avant, même.
    " Oui, biensûr. " Elle venait de conduire pendant 4 heures et avait eut une nuit trop courte à cause d'une exubérante new-yorkaise qui avait le béguin pour lui, alors il n'allait pas lui en vouloir de ne pas parvenir à tenir les 100 bornes supplémentaires qu'elle avait prévu de faire, quand même.

[...]
    Pourtant, même si elle avait prétendu être fatiguée, elle n'était pas parvenue à trouver le sommeil. Sitôt qu'elle fermait les yeux, les sempiternelles mêmes interrogations revenaient en force, et l'incitait à des solutions radicales pour parvenir à surmonter son trac. Elle en était à l'option "je me pinte la tronche à coup de gnôle, et une fois complètement faite, j'écarte les cuisses.", quand elle décida que trop c'était trop. Alors elle avait entreprit mille et une activités pour s'occuper l'esprit. Elle aurait été dans sa chambre ou à la maison qu'elle se serait probablement lancée dans un grand ménage de printemps en plein hiver. Mais la petite voiture n'offrait pas cette option. Alors en fouillant dans la boîte à gant, elle était tombée sur un flacon de vernis à ongle oublié par une précédente propriétaire, et avait entreprit de se vernir les ongles des pieds en les étalant sur le tableau de bord devant elle. Elle n'était pas le genre de fille à se maquiller ou à se manucurer, alors tuer le temps, oui, mais pas de manière visible. Les pieds c'est bien, personne ne les voit surtout en hiver. Puis, les ongles saillant d'un beau rouge vermeille, elle avait sortit un livre de son sac pour en entreprendre la lecture. En tailleur, le gros livre en équilibre précaire sur ses cuisses, elle fronçait les sourcils par instant, laissait échapper un léger rire à d'autre, intriguant de plus en plus son compagnon qui lui jetait des coups d'oeil furtifs depuis presque une heure. Il avait beau être patient, il avait ses limites lui aussi.

    " Qu'est-ce que tu lis ? " Finit-il par demander après un énième petit rire de la part d'Océane. Surprise, elle releva le nez vers lui, et l'observa au travers de ses verres correcteurs. Qu'est-ce qu'ils disaient, déjà, dans le livre ? Ha oui, toujours répondre à une question par une autre question afin de rester mystérieuse.
    " Et toi ? Qu'est-ce que tu lis ? " Demanda-t-elle de sa voix trainante en haussant un sourcil pour la touche sexy. Elle aurait voulu le cumuler avec le sourire en coin aguicheur n°3, mais elle avait peur que ça fasse trop.
    " Heu... Je conduis, Océane. " Répondit-il en haussant un sourcil à son tour. Pas pour la touche sexy, lui, mais vraisemblablement plus en s'interrogeant sur la santé mentale de sa chérie.
    " Oui... Heu... oui, évidemment. " Bafouilla-t-elle en se sentant cruche pour le coup. Mais loin de baisser les bras, elle s'en retourna le nez dans son bouquin et en tourna furtivement les pages, à la recherche d'une nouvelle idée. Mais plus elle cherchait, et plus un silence pesant s'installait entre eux. Et s'il y avait bien un truc qu'elle avait retenu de sa lecture, c'est qu'il ne fallait surtout pas laisser un silence s'installer. Le silence est d'or, certes, mais passé 5 minutes, il devient gênant. Justement, elle venait de retrouver le passage où ils expliquaient comment rompre le silence. "Les filles sexy savent que le silence est d'or... mais pas plus de cinq secondes, autrement, bonjour l'ambiance !" Ok, ok ! Alors, elle devait faire quoi ? "Si vous sentez que le compte à rebours a commencé, faites une proposition ! Un simple "Est-ce que tu veux des cacahuètes ?" demandé avec le sourire peut rompre la paralysie du silence en un claquement de doigts ! N'oubliez jamais : c'est ÇA être sexy !" Sérieux ? Océane lança un regard perplexe au bouquin, avant de relever le nez, et de sortir le sourire spéciale dents blanches à Brendon.
    " Tu veux des cacahuètes ? " Lui demanda-t-elle, lascive, en ramenant une mèches de boucles brunes derrière son épaule d'un simple mouvement de menton. Lançage de cheveux sexy n°4.
    " On a des cacahuètes ? " L'expression de son visage ne laissait pas vraiment entrevoir que le charme avait opéré. Au contraire, non seulement il semblait plus intéressé par les cacahuètes, mais en plus il se montrait de plus en plus perplexe face à l'attitude de la brune.
    " Bah non ! " Répondit-elle, un peu vexée, avant de retourner bouder dans son livre.
    " C'est quoi ce livre, Océane ? Pourquoi tu te comportes... bizarrement ? " Et encore, il faisait preuve de diplomatie, là.
    " Rien, c'est un livre que j'ai trouvé dans la chambre du Motel. Mais maintenant je comprends pourquoi on l'y a laissé là. " D'un claquement bref, elle referma l'épais volume, et s'apprêtait à le balancer à l'arrière quand Brendon posa une main dessus, et tenta d'en lire le titre entre deux coups d'oeil sur la route.
    " Comment sortir avec le garçon de vos rêves et l'embrasser ? " Explosa-t-il de surprise et de rire. " Tu te moques de moi ? C'est ça ? T'es pas sérieuse, là ? "
    " T'as raté le sous-titre, mon amour. "
    Annonça-t-elle avant de lire à voix haute : " Petit guide pour jeunes filles rangées souhaitant (parfois) s'encanailler."
    " Tu souhaites t'encanailler ? "
    Rebondit-il immédiatement.
    " Je te répète que j'ai trouvé ce livre dans la chambre. J'ai pensé que ça pouvait être amusant à lire. " Se défendit-elle.
    " Il y avait la Bible aussi, mais étrangement... " Commença-t-il avant d'être interrompu par Océane.
    " Ah, mais je l'ai piqué aussi ! " S'exclama-t-elle en fouillant dans son sac pour en tirer le petit exemplaire du Nouveau Testament dont chaque chambre d'hôtel à travers le pays étaient munies.
    " Ma petite cleptomane de mon coeur ! " répondit-il sur un ton mielleux en ne parvenant à transformer son sourire en rire. " T'as pensé à moi ? " Demanda-t-il soudain, en lui lançant une œillade complice.
    " Evidemment ! " S'indigna-t-elle, levant les yeux au ciel tout en lui brandissant son sac ouvert sous le nez. A l'intérieur, une multitude de petit savons emballés et estampillés du blason du Motel.
    " Ils sentent si bon ! " S'enthousiasma-t-il en lui offrant un sourire radieux. " Personne ne sait prendre soin de moi comme tu le fais. " Un poil exagéré, mais Océane accepta le compliment qu'elle scella d'un baiser rapide sur ses lèvres tendues.
    " S'il suffit de voler des savons pour te rendre heureux, alors je pense qu'il y a une ribambelle de nanas qui seraient prêtes à ça, voir plus, pour être à ma place. " Une pointe de mélancolie s'insinua dans son propos, qu'elle ne parvint à retenir. Elle aurait voulu sa phrase joyeuse ou ironique, mais il s'avérait qu'elle décrivait trop bien les pensées d'Océane pour qu'elle ne sonne pas comme la conclusion de longues réflexions. Brendon s'en rendit compte, et vint poser une main tendre contre sa cuisse, dans l'espoir vain de l'apaiser à son simple contact. Il obtint l'effet inverse, et Océane se raidit son ses doigts. Bien malgré elle. Juste une fraction de seconde avant de se ressaisir et de joindre sa main à la sienne, mais suffisamment pour heurter un peu, son homme.
    " Qu'est-ce qui se passe ? " Demanda-t-il, osant finalement poser la question qui le démangeait depuis plus d'un mois, depuis ce fameux rejet dans la salle de bain.
    " Rien, pourquoi ? " Tenta Océane, un sourire aux lèvres, ses doigts caressant les siens avec légerté, comme si sa question évoquait le présent immédiat. " Hey ! Montana dans 20 bornes ! " S'exclama-t-elle en brandissant son index en direction du panneau vert annonçant le futur changement d'État. Mais en quelques secondes, son enthousiasme se transforma en réelle perplexité, voir appréhension, lorsque la main de Brendon quitta sa cuisse pour s'arrimer sur le volant, auquel il donna un coup sec, afin que le véhicule fasse une embardée sur la droite, avant de s'immobiliser sur la bande d'arrêt d'urgence. " Qu'est-ce que... "
    " On ne passera pas dans le Montana avant que j'ai eu le droit à une explication digne de ce nom ! "
    L'avertit-il en lui coupant la parole. Il s'était tourné vers elle, et son regard se faisait dur et austère.
    " Une explication sur quoi ? " Demanda-t-elle, inquiète et réellement sans comprendre son attitude, ni son regard. Face à l'inquiétude qu'il pouvait lire dans les yeux d'Océane, Brendon se radoucit, et vint frôler sa joue de ses doigts. Son but était de la poser contre sa peau, mais un nouveau mouvement de recul de la part d'Océane le contraignit à une simple caresse.
    " Sur ça... " Soupira-t-il tristement.
    " Désolée." Répondit-elle précipitamment en s'emparant de sa main pour la poser contre sa joue, comme pour effacer un mouvement qu'elle n'avait pas calculer et lui prouver qu'elle ne craignait pas son contact.
    " Tes excuses n'y suffiront pas cette fois, Océane. Si tu ne me dis pas ce qui se passe, comment veux-tu que je t'aide ? "
    " Tu n'as absolument pas besoin de m'aider, tout va bien. " Tenta-t-elle une nouvelle fois en essayant de rattraper sa main qu'il rapatriait vers lui, visiblement déçu de son manque de confiance.
    " Je ne suis ni aveugle ni complètement con, tu sais ? Je ne te demande rien, je ne veux surtout pas te brusquer, mais j'exige de savoir ce qu'il en est réellement. Je n'ai pas l'intention d'aller chez toi, dans ton univers, avec ta famille en sachant qu'il y a un silence entre nous. Pas cette fois, Océane. Pas encore. Je veux avoir toutes les cartes en main pour ne plus jamais laissé de quiproquo s'installer entre nous. " Il s'était montré incroyablement doux, à tel point que le sentiment de culpabilité d'Océane décupla encore un peu.
    " Je... Ça n'a rien à voir avec toi. Je t'assure. C'est une affaire entre moi et moi que je dois régler seule. "
    " Non, désolé, ça ne marche pas comme ça. Ce qui te concerne me concerne aussi, encore plus lorsqu'il s'agit de mon contact que tu fuis... "
    " Ce n'est pas ton contact... "
    murmura-t-elle, mais il ne l'entendit pas.
    " C'est à cause de Mandy, c'est ça ? " Poursuivit-il sans prêter attention au visage d'Océane qui pâlissait de seconde en seconde.
    " Non, ce n'est pas Mandy. "
    " C'est forcément elle, puisque jusque là, ça semblait aller et que depuis tu redeviens encore pire qu'à l'hôpital... "
    Il s'animait de plus en plus, pas vraiment en s'énervant contre elle, mais plutôt en s'enlisant dans des conclusions hâtives. " Mais je t'ai juré qu'il ne sait rien passé avec elle ! Rien ! Absolument rien ! "
    " Ce n'est pas Mandy, Brendon, je t'assure ! "
    " Jamais je ne coucherais avec une autre que toi, ça n'a pas d'intérêt ! Jamais je ne te tromperais, Océane ! "
    Continua-t-il sur sa lancée dans un long monologue plaidant sa cause, duquel il l'excluait totalement, ne prêtant pas l'oreille à ce qu'elle cherchait à lui dire.
    " Pourtant tu l'as fait !! " Explosa-t-elle soudain, les larmes au bord des yeux, la nausée au bord des lèvres. Interloqué, Brendon garda le silence, fixant Océane alors que ses mots semblaient encore fixés dans l'atmosphère réfrigérant de l'habitacle. " Tu l'as fait... " Répéta-t-elle plus bas, comme si le fait de le répéter pouvait effacer ce qu'elle venait de dire.
    " Je... Non. Non, je t'assure que non. " Tenta-t-il de se justifier sans comprendre qu'elle ne parlait pas du mois passé.
    " Je ne te parle pas de Mandy, Brendon, il n'a jamais été question d'elle. Je te parle de toutes ses homologues de cet été. " Avoua-t-elle enfin. Mais avant qu'il n'ait pu ouvrir la bouche, elle enchaina rapidement : " Tu n'y es pour rien ! Tu n'as absolument rien à te reprocher, pas plus que je n'ai quoique ce soit à te reprocher. Tu ne m'as pas trompé, je suis d'accord. On était plus ensemble, et tu n'as aucun compte à me rendre, mais il n'empêche que mon corps ne semble pas d'accord avec la version de mon cerveau. " Elle leva la main pour l'empêcher de parler afin qu'elle puisse poursuivre. Il ne fallait pas qu'il l'interrompe, sinon elle n'était pas sûre de parvenir à lui offrir la totalité des cartes qu'il désirait. " Je ne voulais pas de cette information. Je ne voulais pas savoir. J'aurais préféré que ton été reste un espèce de tableau blanc sur lequel j'aurais pu dessiner n'importe quoi. Je ne suis pas naïve, je me doutais bien que tu n'étais pas resté dans ta chambre à ruminer, mais j'avais encore le loisir d'imaginer que si. Je ne te reproche rien, et je refuse que tu culpabilises en quoi que ce soit, c'est juste moi qui déconne. Quand on est bien, et qu'on est sur le point de... enfin tu vois, quoi... et bien il y a toujours un moment où je te vois avec elles, avec ces autres que moi, et ton corps me devient étranger, il devient le témoin de ces autres à qui tu t'es offert. Elles te touchent, elles te caressent, elles promènent leurs lèvres sur toi, et... haaaaa... " Planquant ses deux poings contre ses tempes, elle se mit à grimacer tout en essayant de chasser ces images pour ne pas devenir folle. Incapable de poursuivre, elle resta ainsi durant ce qui lui sembla une éternité, enfonçant ses poings dans son crâne pour faire taire cette torture qu'elle s'infligeait toute seule. Soudain, elle sentit des mains, presque hésitantes, s'emparer de ses poings, et comme elle n'eut pas de mouvement de recul, elle les sentit écarter ses poings de son visage pour venir les remplacer par des paumes chaudes, moins violentes, plus tendres, qui firent tarir le flot d'images.
    " C'était toi... " Lui glissa une voix à son oreille, une voix basse, réconfortante, amie, amante, aimante. " C'était toi à chaque fois. Je t'ai cherché dans chacune d'elles. C'est toi que je cherchais, toi que je voyais, et avec toi que je faisais l'amour. " Elle maintenait les yeux fermés, cherchant à ravaler les larmes qui menaçaient, tout en s'enivrant de sa voix qui anesthésiait tout son être, et réduisait au silence toutes les autres voix dans sa tête. " Je ne cherche pas à me justifier, et je sais que c'est loin d'être une excuse valable, mais... "
    " Tu n'as pas à chercher d'excuses. "
    Elle avait finalement réouvert les yeux et relevé le visage. " Tu n'as pas besoin d'excuses. J'ai rompu. J'ai souhaité que tu fasses ta vie avec une autre. Quel genre de harpie je serais si je venais à te reprocher de t'être amusé pendant ton célibat ? Tu en avais parfaitement le droit, et tu n'as pas de compte à me rendre, tout comme moi j'ai parfaitement le droit de mettre envoyé la moitié de Kalispell ! " Le sentant se raidir, elle ajouta dans un sourire : " Ce que je n'ai absolument pas fait." D'une main douce qu'elle glissa de sa joue à son cou, elle chercha à l'apaiser comme il venait de le faire avec elle. " Je te reprochais de brûler les étapes en voulant te marier alors que selon moi tu n'avais pas assez d'expérience, que tu allais forcément regretter ton célibat et ta vie de nomade du sexe. Je ne vais pas me plaindre que tu es fait le cumul d'expérience pendant l'été. Au moins je suis tranquille maintenant, tu ne risques pas d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte. " Poursuivit-elle d'un ton léger.
    " Ne plaisante pas sur ça, Océane, s'il te plait. " La coupa-t-il en relevant un regard on ne peut plus sérieux vers elle. " Je ne suis pas n'importe quel mec, tu n'es pas n'importe quelle femme pour moi, et notre relation n'a rien de comparable avec ce qu'on peut lire dans ces conneries de guides. " Il jeta un coup d'oeil hostile au livre d'Océane avant de reporter son attention sur elle. " On est spéciaux, non ? " Il avait l'air si fragile, comme si elle avait le pouvoir de briser son existence par un simple "non".
    " Oui, on l'est. " Répondit-elle dans un sourire timide. " Sinon comment expliqué que je ne t'ai pas encore sauté dessus malgré tout ce que tu me prouves jour après jour, au lieu de m'enliser dans les méandres de mon cerveau ? Ha ça, pour être spéciale, je suis spéciale !" Encore une fois, elle avait voulu utiliser l'humour mais n'était parvenue qu'à lui avouer ses pensées en se mordillant la lèvre inférieure compulsivement.
    " Est-ce que le fait que je sois touché de ne pas te savoir indifférente à mes expériences estivales, fait de moi quelqu'un de spécial ? " Demanda-t-il en pesant et choisissant bien ses mots pour ne pas la heurter d'avantage, ou faire ressortir les images qu'elle semblait avoir oublié pour l'instant.
    " Ça fait de toi quelqu'un de précieux à mes yeux. " Répondit-elle en suivant des yeux l'index qu'elle promenait sur ses lèvres.
    " Je suis content que tu m'aies parlé. " Avoua-t-il en formant un baiser sur le bout de son doigt. " C'est mieux comme ça, non ? "
    " Je ne voulais pas que tu culpabilises. "
    Répondit-elle en utilisant la moue n°4 du guide.
    " Je ne le ferais pas si de ton côté tu ne culpabilises pas non plus. Ça prendra le temps que ça prendra, je ne suis pas pressé. "
    " Toi non, mais moi oui ! 6 mois, Brendon ! 6 longs mois ! " D'une main elle lui indiqua ses 5 doigts, puis en replia 4, et répéta le geste plusieurs fois, en enclenchant la ceinture qu'elle avait détachée pour se rapprocher de lui quand il avait immobilisé la voiture. " 6 mois d'abstinence totale ! Et pour ton information, non, je ne me suis pas servie du joujou de ta sœur !Je n'en vois pas l'intérêt. Alors laisse-moi te dire que tu n'as pas idée de ce qui ne demande qu'à sortir ! " Il s'était réinstallé convenablement devant le volant, et la main sur le levier de vitesse, il redémarra la voiture, un grand sourire aux lèvres.
    " Allumeuse ! " lança-t-il non sans humour, tout en se réinsérant sur la route nationale. Montana = 20 kilomètres.

[...]
    " Bon, tu te sens comment ? "

    Océane, au volant depuis plusieurs centaines de kilomètres figeait un regard anxieux sur Brendon. Pourtant, c'était censé être lui le plus nerveux des deux. Ils étaient encore à une cinquantaine de bornes de Kalispell, et pourtant, Océane tenait à le "préparer" comme elle disait.

    " Mais très bien ! C'est pas comme si c'était la première fois que je rencontrait Francis, ou que je dormais chez toi. " Répondit-il avec amusement face à l'anxiété de sa compagne. " Par contre, toi... "
    " Je vais très bien, nom d'un chien ! "
    Jura-t-elle en tapant sur le volant, provoquant l'hilarité de Brendon.
    " En effet, parfaite maîtrise de tes nerfs, rien à dire ! " Se moqua-t-il en promenant un doigt le long de la ligne de menton d'Océane.
    " La dernière fois tu étais London, et tu ne savais pas que tu t'étais fait griller comme un bleu. Aujourd'hui c'est... j'aime pas ce mot... officiel ! Faut que tu te prépares un tant soit peu !Tu peux pas débouler comme ça, les mains dans les poches, et faire Wesh ! Wakatépé Baboune ! "
    " Wakatépé Baboune ?! "
    Répéta-t-il en grimaçant.
    " Tu connais pas "Un indien dans la ville" ? Laisse tomber ! Bon, faut qu'on répète ! "
    " Ok, comme tu veux. "
    Las, il rendait les armes. A quoi bon lutter ? Il n'aurait de répit que lorsqu'elle serait satisfaite de sa "préparation".
    " Donc, je suis Francis, et toi tu es... bah toi ! Ca va aller ? "
    " Je pense que je devrais m'en sortir. "
    L'ironie et le sarcasme ne firent d'effleurer Océane.
    " Alors, dites-moi Brendon, c'était comment New-York ? " L'interrogea-t-elle d'une grosse voix, censée singer son grand-père.
    " Et bien, Mr. KermittLa grenouille, j'étais chez des cousins que je n'avais pas... "
    " Kermitt ?! "
    Le coupa-t-elle.
    " T'imitais pas Kermitt ? "
    " Nooooon ! C'était Francis !! "
    S'indigna-t-elle en tapant une nouvelle fois sur le volant.
    " Au temps pour moi ! J'avais cru ! On reprend ? " Après un profond soupir d'agacement, Océane daigna reprendre, modifiant légèrement sa fausse grosse voix pour ne pas qu'il confonde cette fois.
    " La gamine ne nous a pas lâché le morceau, alors racontez-nous les retrouvailles, gamin ! "
    " Oula ! Je ne suis pas une balance, Père Fouras ! Je ne vou... "
    " Père Fouras ?! "
    Ce fut trop pour Brendon, qui explosa de rire devant la mine indignée d'Océane. " C'est sérieux, Driesen ! Arrête de rire ! "
    " J'y peux rien ! T'es trop rigolote quand tu prends cette grosse voix. "
    Répondit-il entre deux éclats de rire.
    " Je veux que tout soit parfait ! Je veux qu'il t'aime autant que moi ! " La mine renfrognée, elle fixait la route alors qu'ils dépassaient le panneau indiquant Kalispell = 42 kilomètres.
    " Ton grand-père ne souhaite que ton bonheur. " Lui répondit-il en retrouvant un peu de sérieux. " Tant que je te rendrais heureuse, il m'appréciera. Alors au lieu de tout faire pour lui plaire à lui, je vais tout faire pour continuer à te plaire à toi. " En guise de réponse, Océane émit un grognement. Juste pour ne pas avouer que sa stratégie était bien meilleure et bien plus plaisante que toute la "préparation" à laquelle elle avait tenté de le soumettre. Oui, il était plus malin qu'elle. Non, elle n'allait pas l'avouer.

[...]
    A mesure que le paysage plat s'éloignait dans le rétroviseur, Océane affichait un sourire de plus en plus rayonnant dont elle n'avait même pas conscience. A croire que le fait d'être chez elle, dans son lieu à elle, comblait un manque qu'elle n'avait pas eu conscience de ressentir. Elle avait beau aimer San-Francisco et son agitation, rien ne valait le soleil se couchant derrière les haut pics des montagnes rocheuses qui séparaient le Montana de son voisin canadien. Kalispell se trouvait au pied du glacier avec d'un côté les montagnes, de l'autre une forêt si grande qu'elle avait été déclarée Parc National, sur la droite le fleuve Flathead, et au sud, le lac du même nom dans lequel Océane s'était souvent baignée en culotte en plein été. Cet endroit était le paradis sur Terre. Les anciens disaient que les esprits avaient caressé du doigt Kalispell afin que les Hommes puissent avoir un bref aperçu du monde de l'au-delà. Les anciens, c'était bien évidemment les indiens de la Réserve toute proche. La réserve Blackfeet, comptant plus de 1500 membres, faisant d'elle la tribu la plus importante des plaines du Nord. D'autres, des obsédés de SciFi, prétendaient qu'il s'agissait d'un endroit choisi par les extraterrestres pour une visite plusieurs millénaires avant nous. Pourquoi ? Simplement parce que si vous vous enfonciez dans le Parc national, vous trouverez un endroit où les faunes est totalement absente, pas d'oiseaux, pas d'animaux, mais où, étrangement, les arbres poussaient en biais. Foutaises. Océane mettait ça sur le compte d'une anomalie géologique, pas sur la présence d'éléments extraterrestres dans le sol. Elle préférait la version des Blackfeet. Et en jetant un regard émerveillé sur le soleil couchant se reflétant sur les neiges éternelles en haut des montagnes, elle se disait que les Esprits avaient sacrément bien fait leur boulot.La neige s'accumulait de chaque côté de la route, formant comme un nuage blanc, accueillant, qui ne cessait de grossir à mesure que la neige tombait. C'était comme ça chaque hiver, la neige prenait possession du décor, et lui donnait encore plus des allures de paradis terrestre. Elle se mit à sourire davantage en imaginant Tommy Sullivan sur sa déneigeuse, s'appliquant dès l'aube, à rendre les routes praticables. Il aimait tellement son joujou, qu'il attendait l'hiver avec impatience juste pour le sortir. On le croisant souvent, l'été, soupirant comme un malheureux de n'avoir rien à retirer de la route. Alors, parfois, les gosses du coin lui demandaient une balade sur son bolide, juste pour voir le vieux bougre sourire, fier comme un paon au volant de son engin. Une déneigeuse en plein mois d'août, il n'y avait qu'à Kalispell qu'on voyait ça. Océane passa le panneau "Kalispell" suivit de la traduction de son nom "Terre plate au-dessus du lac" en indien... "1067 hbts". Le 7 avait été rayé et remplacé par un 8, ce qui signifiait que Mary Howington, la fille du maire, avait accouché. Océane se demandait si c'était une fille ou un garçon, et regrettait que Jane (Madame le Maire) ne l'ait pas signalé sur le panneau. La voiture traversa le pont qui menait à la ville, et aussitôt la végétation fit place à la civilisation. Enfin une civilisation qui n'avait pas cherché à dompter ni à déloger la nature, une civilisation qui semblait s'être installée ici, sans déranger, au début du XXème siècle, et qui demeurait figée dans le temps depuis. Quand on entrait dans Kalispell, on entrait directement dans le centre ville, car foncièrement, Kalispell n'était que cela, un centre ville. Les propriétés s'éparpillaient tout autour, sur des kilomètres, et parfois, lorsque Océane disait "Francis, j'vais chez les voisins !", il fallait encore que la gamine parcours plusieurs kilomètres avant d'arriver chez les fameux voisins ! Il était 18h, le soleil se couchait à peine, et malgré le froid et la neige, tous les habitants étaient dehors, devisaient tranquillement devant les échoppes, où le bâtiment municipal datant de 1836, avec son drapeau Nordiste flottant aux quatre vents, comme si la guerre de sécession n'était pas achevée.
    " Bienvenue dans le Grand Nord, amour de moi. " Chantonna-t-elle, sans pouvoir contrôler l'incomparable bien être qui s'emparait d'elle. " Pas de McDo, pas de Starbuck, mais le fameux "Stop & Shop", rebaptisé par mes soins "Stop & Steal". Si jamais tu te demandais encore d'où venait mon penchant pour la cleptomanie... " Souriante, elle désigna du menton un duo de gosses, trois pommes de haut, qui détalaient de la petite boutique, des sucettes à la main, alors que Mrs Jackson les poursuivait armée de son balais, sous le regard amusé du Shérif Monroe, bien plus enclin à poursuivre sa charmante conversation avec Miss Eaton, l'institutrice éternelle célibataire de 46 ans, plutôt que de poursuivre des gamins chapardeurs. " Madame Parton... " Ajouta-t-elle en saluant d'un mouvement de tête la tenancière de l'unique maison d'hôtes du coin, chez laquelle on se fournissaient en magazines qu'elle faisait venir de tous le pays par Fedex. "... qui va se jeter sur son téléphone pour prévenir Francis de notre arrivée, dans 5... 4... 3... 2... 1... " Avant qu'Océane n'ait eu le temps de dire "zéro" la sexagénaire s'engouffra dans son établissement, et Brendon eut tout le loisir de l'observer s'emparer du téléphone mural dont elle fit tourner le cadran. " Wahou ! De plus en plus rapide, la Parton ! " S'exclama Océane sans perdre son sourire. " La poste ! " Annonça Océane en désignant un bâtiment dans le pur style victorien, avec ses imposantes colonnes et son fronton néo-gothique. " Pas de connexion internet, ni même de fax ! Par contre, ils sont balèzes en télégramme et en morse ! Et si tu veux envoyer un courrier urgent, je te conseille de te rendre à Billings directement. ici, ils ne sont pas... comment dire... pas pressés. " D'un nouveau signe de tête, Océane salua la veuve Lincoln qui discutait chiffon avec le Père Goodridge. " Oups, elle fait des infidélités à Francis. C'est Billy qui va être content. " Se moqua-t-elle sans vraiment s'adresser à quelqu'un d'autre qu'à elle même. " Le sapin de Kalispell !" S'exclama-t-elle brusquement, reprenant sa visite guidée en désignant l'imposant conifère qui trônait en plein milieu de la place principale, encore nu de décoration. " La fête du sapin aura lieu après-demain. C'est l'occasion de réunir toute la ville. Il est décoré dans la journée par le personnel de la ville, qui ne laisse que les branches du bas, vides. Ainsi, le soir venu, chaque habitant s'empare d'une décoration, et va la placer sur l'arbre avant que l'illumination soit lancée. C'est une très vieille tradition, et c'est l'occasion de faire la fête tous ensemble dans la grande salle de la mairie, ensuite. " expliqua-t-elle. Bien évidemment, ils s'y rendraient. Francis ne manquait ça pour rien au monde, et avouons-le, Océane non plus. De plus, personne n'autoriserait la brune à rester enfermée chez elle, et cacher son fiancé mystère. Océane s'en doutait, la venue de Brendon devait être sujet de discussion de rues depuis des semaines ! Il n'y avait qu'à voir avec quel empressement les têtes se tournaient sur leur passage, et les yeux se plissaient dans l'espoir d'apercevoir le jules de la gamine du vieux Eono. D'ailleurs, à peine était-elle entrain de penser à cela, qu'une masse sombre s'immobilisa au milieu de la route, obligeant Océane à freiner comme une folle pour ne pas foncer dans l'inconscient promeneur. Heureusement elle avait de bons réflexes, et la voiture était équipée de bons freins et des pneus neige. La voiture s'immobilisa à quelques centimètre de Franky Monroe tout sourire. L'homme remonta la ceinture de son pantalon d'un geste nonchalant, exposant de ce fait son holster bien accroché sur le côté gauche, marquant son autorité, certainement, avant de s'approcher de la vitre d'Océane qu'il cogna de son index replié.
    " Vous êtes suicidaire, Shérif Monroe ? " L'interrogea Océane après avoir ouvert sa vitre, laissant le froid glacial s'infiltrer dans l'habitacle.
    " Osheane Jayleen Eono ! On n't'a don' jamais appris à conduire prud'mment en cent' ville par temps neigeux ? " Répondit-il sans perdre son sourire jovial.
    " On ne vous a jamais appris à ne pas vous poster en plein milieu de la route par temps neigeux quand une voiture vous fonce dessus ? " Elle non plus n'avait pas perdu son sourire. Elle savait très bien pourquoi il avait fait ça. Il était curieux, comme tous. Et certainement que Miss Eaton lui avait fait part de son intérêt pour le fameux fiancé caché. Pour l'impressionner, il avait décidé d'être le premier à avoir une description physique à donner. Elle jeta un bref coup d'oeil dans son rétro, et constata que l'institutrice les fixait de loin, confirmant la version d'Océane. " Une chance que je ne dépassais pas les limites autorisées ! " ajouta-t-elle en reportant son attention sur le Shérif qui s'était penché en avant pour posé son regard sur le siège passager.
    " J'connaissais pas l'véhicule ! Ni la plaque ! Fallait que j'contrôle ! Bien l'bonsoir, m'sieur ! " Bah voyons ! Pensa Océane pendant qu'il soulevait la visière de sa casquette en offrant un rapide sourire à Brendon. Puis reporta son attention sur Océane attendant probablement qu'elle fasse les présentations.
    " Brendon Driesen, Franky Monroe. " Annonça Océane en balançant sa main d'un côté puis de l'autre, pour les désigner à tour de rôle.
    " Shérif ! Shérif Franklin Wesley Monroe troisième du nom ! " Précisa-t-il en levant une nouvelle fois sa visière. " Driesen ? Ça sonne pas comme d'par chez nous ça ! D'où c'est-y qu'il vient ton bougre ? " ajouta-t-il en s'adressant à Océane.
    " Du Sud ! " Provoqua Océane, sachant très bien que la guerre de Sécession n'était achevée que pour les livres d'Histoire, la réalité était toute autre.
    " Tu pactises avé l'enn'mi, Osheane ? " S'indigna-t-il entre ses dents.
    " Techniquement, je suis plus française qu'américaine, alors Nord/Sud, Est/Ouest, ça me passe au-dessus. Et c'est O.Cé.Ane.Euh, Shérif !" Le gratifiant d'une petite tape amicale sur l'épaule, elle ajouta : "Encore quelques années d'entrainement, et vous parviendrez à prononcer correctement mon prénom, Shérif ! " avant de remonter la vitre électrique, l'obligeant à s'extraire de l'habitacle, et a reculer de plusieurs pas pour la laisser repartir. " Il est pas méchant, juste un peu con. " Annonça Océane en redémarrant, alors que le Shérif, pour ne pas perdre la face, faisait de grands mouvements de bras en s'exclamant "Circulez ! Circulez !" comme s'il autorisait Océane à repartir. " La preuve ! " Ajouta-t-elle avant d'exploser de rire.

[...]
    Ils avaient laissé Kalispell derrière eux, et roulaient sur une route qui s'apparentait plus à un sentier de campagne qu'à une véritable voie praticable. Le soleil avait achevé sa course et disparu depuis plusieurs bonnes minutes derrière les rocheuses, plongeant la vallée dans la pénombre la plus totale. Évidemment, il n'y avait pas un seul lampadaire le long de cette voie, pas un seul point lumineux pour éclairer leur route. Mais Océane n'en avait pas besoin, elle connaissait le chemin par coeur, elle n'avait pas de secret pour elle, les nids de poule, les creux, les bosses, elle les devinait à l'avance, et les évitait malgré l'épaisse couche de neige qui recouvrait la terre. Cela devait faire 4 ou 5 heures que la déneigeuse de Sullivan n'était pas passée par-là.
    " Comment tu peux savoir qu'on est pas totalement paumé ? C'est à peine si l'on distingue l'avant du capot ! " S'inquiéta Brendon, pas vraiment convaincue par l'incroyable tranquillité de sa compagne.
    " Je le sais, c'est tout. " Répondit-elle avec le sourire.
    " On pourrait être n'importe où ! En plein milieu de la forêt, même, et on ne verrait même pas la différence ! " Il jetait des regards de tout côtés, fronçant les sourcils comme si ça allait lui permettre de mieux distinguer les contours du paysage.
    " Tu vois ce point scintillant dans le ciel, là ? " Demanda-t-elle en pointant une étoile de l'index. " C'est Orion. Elle indique le nord, donc si on poursuit dans cette direction, on va vers le nord. Le domaine se situant au Nord, il te suffit de la suivre pour forcément tomber sur la propriété. " Brendon l'observa sans un mot. Bouche bée.
    " Tu es entrain de me dire que tu rentres chez toi en suivant les étoiles ? " L'interrogea-t-il, incrédule.
    " Non, je suis entrain de te dire que si tu te perds le soir, tard, tu pourras me retrouver en suivant Orion. Sinon, personnellement, je suis la route pour rentrer chez moi. Regarde. " Un sourire moqueur aux lèvres, elle lui désigna la vieille boîte aux lettres à moitié dissimulée sous la neige, mais sur laquelle on déchiffrait encore clairement "Eono" au marqueur noir. L'antique boîte résidait à 500 mètres de l'arche annonçant l'entrée de la propriété, qui elle-même se situait à près d'un kilomètre de la ferme. Techniquement la propriété s'étendait bien au-delà, et cela faisait plusieurs bornes qu'Océane était chez elle, mais elle ne comptait pas le lui dire, pas plus que de lui avouer qu'elle possédait plusieurs hectares de forêt, que sa famille avait racheté à l'État endetté. Ca n'avait pas de valeur réelle, juste une valeur sentimentale. Il n'y avait aucune clôture, aucun panneau délimitant la propriété comme privée. Tout le monde pouvait s'y promener, mais seule Océane était chez elle. Un grand sourire illumina son visage lorsqu'ils passèrent sous l'arche, et que Brendon se détendit un peu en se rendant à l'évidence : Non, ils n'étaient pas perdu, et oui, elle savait parfaitement où elle allait. Soudain, après quelques mètre, Océane pila, et Brendon s'inquiéta de nouveau.
    " Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Panne d'essence ? Embourbés ? " Surement se voyait-il déjà entrain de pousser la voiture, les pieds dans la neige. Océane se mit à rire.
    " Serais-tu un petit peu stressé, amour de moi ? " Demanda-t-elle en se tournant vers lui pour lui voler un baiser. " Du calme ! On attend juste notre dernier passager clandestin. " Ajouta-t-elle en se repositionnant convenablement, avant d'ouvrir sa portière sans pour autant bouger de son siège. Un léger bruit se fit entendre, comme des pas répété dans la neige, et une respiration forte. De plus en plus forte. Ça se rapprochait. Océane décompta mentalement, et lorsqu'elle arriva à zéro, une boule de poils humide se jeta sur elle, juste avant qu'elle ne referme la portière.
    " Hey ! Fox ! Doucement ! Doucement ! " S'exclama-t-elle tandis que le chien cherchait à lui coller un grand coup de langue sur le visage. Les deux mains sur son encolure, la jeune femme flattait l'animal tout en le tenant à bonne distance de ses joues, nez, lèvres. " Allez ! A l'arrière abrutit ! " Ordonna-t-elle gaiement, tout en gratifiant le chien d'une tape sur le postérieur, alors qu'il passait sur la banquette arrière en reniflant la cage de Driesen le chat. " Je ne te présente pas Fox, j'ai l'impression que vous vous connaissez déjà. " Se moqua Océane en redémarrant, alors que le chien, après avoir salué Driesen le chat, s'employait à saluer Driesen le maître, en posant sa patte sur son épaule. Le cul sur la banquette arrière, le regard rivé sur le route, la langue pendante et la patte sur l'épaule de Driesen, Fox avait des airs de propriétaire. S'il avait été doué de parole, il aurait probablement dit un truc du genre "Laissez-moi vous introduire auprès de mon Boss, Francis ! Tout va bien se passer, gamin ! Détend-toi !", c'est sûr ! Océane poursuivit sur le kilomètre de route neigeuse qui la séparait du bâtiment principal, puis arrêta la voiture devant l'imposant corps de ferme, qui ne semblait pas vétuste, ainsi, vu de nuit. Dehors, sous le porche qui servait de véranda l'été, Francis et Billy attendait. Francis tirant sur sa pipe, laissant une épaisse volute de fumée tournoyer autour de lui, et Billy s'employant à balayer devant la porte, depuis son fauteuil. Lorsque Océane ouvrit sa portière, le bruit de la conversation, ou plutôt du monologue de Billy, lui parvint, porté par le vent.

    "... toujours moi, hein ! Si j'le fais pas, personne s'en charge ! Et après si la gamine s'casse une patte en glissant su' la neige molle, c'est qui qui s'fait taper su' les doigts ? Billy ! Tu m'écoutes vieux fou ? Ben non, pourquoi don' faire, tiens ! Tu pourrais m'répondre au moins !! "
    " J'm'entraine pour quand j's'rais sourd ! Vivement que j'sois sourd, tiens ! "
    Répondit Francis, sans quitter des yeux sa petite fille qui s'extirpait du véhicule malgré Fox qui tentait de sortir le premier.
    " Ha j'comprends ! " S'exclama soudain Billy en levant le nez vers la voiture qu'il venait tout juste de remarquer. " L'retour de l'enfant prodige ! Quand elle déboule l'reste du monde peut bien exploser qu'tu l'verrais même pas ! " Malgré les propos pour le moi hostile, le vieil handicapé affichait un large sourire. Il lâcha son balais, et roula de quelques centimètres plus avant, atteignant les marches qui l'empêchaient d'aller plus loin. Les deux vieux suivaient les mouvements d'Océane, comme suspendus à chacun de ses pas qu'elle enfonçait dans la neige. Mais lorsque la portière passager s'ouvrit à son tour, ils retinrent leurs respirations, abandonnant Océane pour fixer la fameuse silhouette qui s'extirpait du véhicule.
    " Lunettes ! " Scanda Francis en agitant sa main sous le nez de Billy.
    " Binocles ! " Répondit Billy avec insolence.
    " Quoi ? " L'interrogea l'autre en levant un sourcil.
    " On joue pas au jeu des synonymes ? " Demanda avec une innocence feinte, l'handicapé.
    " Non ! Passe-moi mes lunettes homme-tronc ! "
    " J't'en foutrais des hommes-tronc, moi ! En plus j'sais pas où elles sont tes lunettes, vieux débris ! Mais tu rates un beau baiser entre Clark Gabble et Greta Garbo ! "
    Se moqua Billy sans quitter des yeux Océane qui venait de voler un baiser furtif à Brendon. Tu parles d'un beau baiser, comme si elle allait se donner en spectacle à quelques mètres de son grand-père.
    " C'est London ? Dis ! C'est London ? " S'impatienta Francis en tentant d'arracher les lunettes du nez de Billy.
    " Qu'j'en sais, moi ? J'l'ai point vu ton London, j'te rappelle ! " Tu parles qu'il ne savait pas si c'était le London de Francis ! Évidemment qu'il le savait puisque la gamine l'avait mit dans la confidence, mais il se vengeait pour le coup de l'homme-tronc, en faisant mijoter Francis un peu plus. Francis qui n'avait qu'une trouille, que sa petite-fille ait ramené le mauvais London ! Un usurpateur qui se serait fait passer pour le London de cet été juste pour abuser de la naïveté de son petit Lutin. Finalement, il parvint à récupérer ses lunettes, et les chaussa rapidement. Il laissa un sourire apparaître sur ses lèvres en détaillant le jeune homme qu'Océane ramenait vers eux en lui tenant la main. London. Mais il se ravisa rapidement en voyant le regard noir d'Océane, malgré son sourire rayonnant. Il l'avait mené en bateau depuis plusieurs mois, et elle n'allait pas avaler ça facilement. Il connaissait son caractère.
    " Je ne te présente pas London, Francis ! " Annonça-t-elle en arrivant devant eux. Francis avança d'un pas, comme pour aller saluer Brendon, mais la jeune-femme s'interposa, et obligea son compagnon à se tourner vers Billy. " Par contre, Billy, toi tu ne le connais pas... Billy, voici Brendon. Et Brendon... Attends ! " Elle lui lâcha la main, et se recula un peu. " Laisse-moi jouir de cette scène ! " S'exclama-t-elle en faisant mine de prendre une photo des deux hommes se serrant la main. " Brendon, voici Billy Lee ! Le plus bel étalon du Montana ! " Se moqua-t-elle en affichant un large sourire.
    " Roooh ! Arrête don', fillette ! Tu vas m'faire rougir ! " Minauda le vieux fou en balayant l'air de sa main libre. " Y a que les jambes qui fonctionnent plus, gamin ! " Annonça-t-il à Brendon en continuant de lui secouer la main. " Au cas ou tu t'poserais la question, l'reste fonctionne du tonnerre ! " Avec un grand sourire, il tapotait fièrement le haut de sa cuisse.
    " Billy !! " S'indigna Océane. " On a pas besoin de savoir ça ! "
    " Dommage qu'il n'y ait plus qu'sa main qui veuille encore faire fonctionner l'engin ! "
    Glissa Francis entre deux soupirs indignés d'Océane. " Et si qu'on rentrait au chaud, les enfants ? " Demanda-t-il en tirant sur la moustiquaire pour joindre le geste à la parole. " Billy va s'occuper des bagages. "
    " Hey ! C'est pas parce que j'suis monté sur roulettes qu'j'ai une tronche d'charriot à bagage ! "
    S'offusqua ce dernier en croisant les bras sur son torse.
    " j'vais t'aider, Rolling Man ! " s'interposa Océane, histoire de mettre fin à la potentielle dispute qui allait éclater entre les deux hommes. " Enfin, si London m'autorise, évidemment, je ne voudrais pas qu'il se montre jaloux de me voir si proche d'un authentique homme du Nord, viril et tout, avec un engin qui fonctionne du tonnerre ! " Sa moue innocence n'avait d'égal que son regard plein de malice. Elle aimait le torturer au sujet de la connerie dont il avait fait preuve en parcourant autant de kilomètres pour elle, mais en partant dès qu'il avait entendu un prénom masculin. Elle ne l'avait pas encore vraiment enquiquiné à ce sujet, il était tant qu'elle s'y mette. Elle attendit que Brendon et Francis disparaissent à l'intérieur de la maison, avant de pousser Billy le long de la pente aménagée exprès pour lui. Elle cala ses pieds sur l'armature métallique du fauteuil, et ce fut en poussant un "Hiiiiii Haaaaaaaaaa !" qu'elle s'élança avec le bolide à roulettes dans la neige.

[...]
    Lorsqu'elle entra en poussant un Billy qui avait disparu sous la montagne de bagage et la caisse du chat, Océane fut accueillie par l'odeur familière de son enfance. Le feu de bois qui crépitait dans la cheminée, le café amère qui réchauffait sur le feu, la grosse marmite de soupe qui fumait sur une plaque de la gazinière, et la pipe de Francis, qui malgré les cris d'horreur d'Océane, continuait à fumer dans le salon. Il n'y avait bien que l'été qu'il prenait la bonne habitude d'aller fumer dehors. Brendon et lui semblait plongés en pleine conversation, et au grand étonnement d'Océane, il n'y avait pas l'ombre d'un malaise entre les deux hommes. Ok, ils se connaissaient déjà, mais maintenant Brendon avait un tout autre statut que celui de Roméo cherchant à récupérer sa Juliette. Il l'était le Roméo officiel.
    " Lutin ! J'constate que t'es même pas v'nue m'faire notre traditionnel câlin n°8 ! " S'indigna le grand-père en relevant les yeux vers son trésor vivant.
    " Est-ce que tu le mérites vraiment ? " Demanda-t-elle en lâchant, toutefois, le fauteuil de Billy pour s'approcher de Francis.
    " Un pieu mensonge par omission f'rait-il de moi l'enn'mi public numéro 1 ? " Le sourire aux lèvres, il gigota sur la banc pour sortir ses jambes de dessous la table, afin que sa petite fille puisse venir s'installer à califourchon sur lui. Ce qu'elle ne tarda pas à faire.
    " Non, p't'être pas. " annonça-t-elle en retrouvant une pointe d'accent du nord. " Mais si tu recommences je refile mes parts de la propriété à Billy, et tu seras obligé de te l'coltiner à demeure à vie ! " Lentement, d'un geste doux, elle ôta la pipe des lèvres du vieux, et alla la poser dans le cendrier sur la table, alors que ce dernier se tenait la poitrine en mimant un infarctus suite à l'annonce de sa gamine. " Arrête ! Fais pas ça ! " Se fâcha Océane devant sa plaisanterie d'un goût douteux, avant de nouer ses bras autour de corps rustre et tassé de son grand père, et d'enfouir son visage dans son cou pour respirer l'essence même de son enfance. Le vieux lissa les cheveux de sa gamine à l'arrière de sa tête, glissant des mots doux, français, à son oreille, tout en la serrant contre lui, comme pour ne plus former qu'une seule et même personne.
    " Hey ! Ho ! Quelqu'un pourrait se rapp'ler qu'j'existe avant qu'ce satané bestiot ait finit de me labourer la peau du bras ! " La voix de Billy venait de rompre le silence. Océane tourna un peu la tête afin d'observer la patte de Driesen qui sortait de la cage pour planter ses griffes dans la peau tannée de l'avant-bras de Billy, et Brendon qui s'était levé pour lui venir en aide.
    " J'ai faim ! " S'exclama soudainement Océane après avoir déposé un baiser sur les lèvres de son grand-père.
    " Ça tombe bien ! Y a du ragoût, d'la tourte, du maïs chaud et une tarte aux fruits d'saison ! " Lui répondit Francis alors qu'elle s'éloignait de lui pour rejoindre les fourneaux.
    " Et c'est moi qu'ait tout fait ! Aïeeeeeee ! " Venait de crier Billy tandis que Brendon détachait une à une les griffes du chat.

[...]
    " Comment ça s'fait que t'es pas chez toi à cette heure-là, Billy ? " Demanda Océane après un long silence où on avait entendu que les couverts racler contre les assiettes. Pas un silence pesant, juste le genre de silence qui honorait un plat très bon.
    " Tu m'chasses, gamine ? " Se rebiffa le vieux tout en sauçant les restes de ragoût à l'aide d'un énorme morceau de pain.
    " Non, c'est juste que j'ai pas envie de reprendre la route, même pour quelques kilomètres, surtout avec ce temps. " Annonça-t-elle, calme, en repoussant son assiette vide, avant d'aller poser sa main sur la cuisse de Brendon, assit à côté d'elle.
    " T'inquiète don' pas, P'tit Lutin. Il dort là. " Répondit Francis en se levant pour se resservir.
    " Il dort où ? Sur le canapé ? " Elle s'était retournée vers son grand-père et le fixait avec de grands yeux. Il n'y avait que deux chambres aménagées dans la ferme. Celle de Francis, et celle d'Océane. Elle avait pensé que Francis ferait dormir Brendon sur le canapé, mais si Billy dormait là, alors peut-être que...
    " Dans la chambre d'amis. " Coupa Francis, en tuant dans l'oeuf les fantasmes de sa petite fille.
    " Depuis quand on a une chambre d'amis, nous ? " Demanda-t-elle avec surprise.
    " On a réaménagé la pièce nord. " lança Billy qui sauçait la porcelaine à présent. " Mais j'préfère qu'on l'appelle Chambre de Billy, c'est plus classe ! "
    " Il y passe presque toutes ces nuits. "
    Expliqua Francis en revenant avec une nouvelle assiette fumante. " Il s'sent seul maint'nant qu'la grosse est partie. "
    " L'était pas grosse ! L'était enceinte ! "
    Corrigea Billy. " Et pis tu peux parler, toi ! Comme si qu'tu tournais pas comme lion en cage quand ta mioche est pas là ! " 1 partout. La balle au centre.
    " Et Brendon... ? " Hasarda Océane sans prendre conscience que sa main broyait à présent la cuisse de son amant.
    " Dans la chambre d'amis deuxième du nom. " Annonça Billy avec un sourire fier.
    " On a deux chambres d'amis ?! " S'emporta Océane, avant de se tourner vers Brendon lorsqu'elle le sentit arracher sa main de sa cuisse. " Oups... Pardon... " Murmura-t-elle alors que Francis répondait.
    " Trois ! "
    " Trois ?! Mais vous comptez ouvrir un hôtel et faire concurrence à la vieille Parton ? "
    " C'était idiot toutes ces pièces qui servaient à rien à part prendre l'froid en hiver. Et pis, tu nous ramènes du monde, faut bien qu'on les loge ! "
    Océane savait bien, malgré le ton léger de son grand-père, que la décision n'avait pas été simple à prendre. Ce n'était pas des pièces qui servaient à rien, comme il disait, c'était la chambre d'enfant de son père, et la chambre du couple qu'il avait formé avec sa mère. Des pièces qui étaient restées intactes depuis leur accident tragique, comme s'il s'attendait à ce qu'ils reviennent un jour, et reprennent possession des lieux. Les chambres avaient été bouclées à clef depuis plus de 20 ans, et Océane imaginait bien dans quel état ils avaient dû les retrouver en les ouvrant. Elle était fière d'eux, très fière. D'une main tendre, elle vint caresser le revers de celle de son grand-père, et mima un "merci" dans la langue de Molière, alors qu'il était entrain d'interroger Brendon sur la venue de sa soeur.


Dernière édition par Océane J. Eono le Mer 10 Fév - 10:39, édité 2 fois
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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Vide
MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyMer 10 Fév - 10:07

[...]
    Elle fixait la lune, haute dans le ciel, au travers des voilages de sa chambre de gamine. Cela faisait plusieurs heures qu'elle était ainsi, dans cette position, cherchant en vain le sommeil, attendant qu'il la gagne et l'assomme un bon coup afin qu'elle cesse de réfléchir. Elle était là, dans cette chambre où elle s'était trouvée exactement trois mois en arrière, et elle repensait à son état d'esprit du moment. Elle repensait à son grand-père, aussi, qui l'avait obligé à se mettre debout face à lui afin qu'il puisse faire l'analyse complète de sa silhouette. Elle l'entendait encore se réjouir. "T'es moins maigre ! Et pis t'es peignée pour une fois ! T'as d'bonnes joues et d'bonnes couleurs ! Faut encore qu'tu t'engraisses, mais t'es plus le squelette de c't'été !". Cela remontait à quelques heures déjà, mais elle ressentait encore le rouge qui lui montait aux joues alors qu'elle sentait le regard de Brendon posé sur elle pendant l'inventaire de Francis. Il devait se douter qu'elle n'avait pas fait la fête tout l'été, mais il n'avait pas besoin d'en avoir la confirmation par un Francis trop bavard ! Dans un soupir, elle se retourna dans son lit, tapotant l'oreiller du plat de la main pour lui donner une meilleure forme. Qu'est-ce qu'elle foutait là ? Pendant tout l'été elle n'avait rêvé que d'une chose : être avec lui. Et maintenant qu'il était là, elle se retrouvait isolée dans sa chambre, avec pour seul substitut le gros sweat qu'elle lui avait réclamé avant qu'il ne se couche, juste pour avoir son odeur. Elle repensait à leur conversation de cet après-midi, lorsqu'elle lui avait finalement avouer les raisons de son malaise. Est-ce qu'elle se sentait mieux de lui avoir tout dit ? Pas vraiment. Elle ne souhaitait pas qu'il culpabilise, ce qu'il allait inévitablement faire. Mais au fond d'elle-même, elle devait bien avouer qu'il avait su trouver les mots. Certes, le fait qu'il l'ait cherché dans toutes ces filles n'étaient pas une excuse valable, mais ils n'étaient pas un couple à ce moment-là, il n'y avait donc pas eu de tromperies, il n'avait donc pas besoin d'excuses et aurait pu se contenter de s'en tenir à ça. Il n'avait pas seulement cherché à la rassurer, il avait été sincère, elle l'avait noté au timbre de sa voix. Il ne mentait pas en disant l'avoir cherché dans toutes ces filles, et avoir fait l'amour à la petite partie d'elle qu'il y avait trouvé à chaque fois. Elle ne pouvait pas l'incriminer pour ça. Elle ne pouvait pas lui reprocher de ne pas avoir eu le même comportement qu'elle. Déjà, il était un homme, et un homme n'avait foncièrement jamais les mêmes réactions qu'une femme. Il possédait plus qu'il n'était possédé. Il s'introduisait plus qu'il n'était introduit. C'était peut-être cela qui faisait toute la différence. C'était peut-être pour cette raison qu'il était plus facile pour un homme de finir à l'horizontal que pour une femme. Il n'y avait pas cette notion de corps étranger qu'on laisse entrer en soi. L'acte sexuel était peut être plus important pour une femme que pour un homme, plus intime aussi. On ne laissait pas rentrer n'importe qui... A moins de s'appeler Mandy et d'être née à Manhattan ! A cette pensée Océane tenta d'étouffer un grognement en écrasant son oreiller contre son visage. Elle allait la tuer cette garce ! Brusquement, un sourire illumina le visage d'Océane. Cette garce devait être à plusieurs milliers de kilomètres dans sa pauvre chambre de cure, seule comme... Comme Océane. Et voilà, elle venait de perdre son sourire. A cause de Francis et de ses manières restées figées dans les années 50, elle était obligée de passer sa nuit seule alors qu'elle venait juste de le retrouver. On avait pas le droit de lui interdire d'être avec lui, contre lui. C'était cruel. Francis n'en avait pas conscience, ce n'était pas sa faute. Après cet été ? Après ce dont il avait été témoins ? Le dépérissement de sa petite-fille sous ses yeux ? Il n'en avait pas conscience ? Tu parles ! Il était juste trop tête de mule pour admettre que sa petite-fille n'en était plus une, justement, de petite fille ! Furieuse, elle se leva, obligeant le chat à faire un vol plané avant d'atterrir sur le sol, sur ses pattes. Tiens, c'était donc vrai qu'un chat retombait toujours sur ses pattes ? Elle avait prit sa décision. Elle attrapa le chat par la peau du cou, et le fourra dans sa cage, en veillant bien à l'enfermer, avant de s'approcher de la porte pour l'entrouvrir. Les ronflements de Francis dans la chambre à côté témoignait du fait qu'il avait gagné un profond sommeil dont il ne sortirait pas avant les 6h du matin. Soit dans 5h. C'était à la fois beaucoup et pas assez. Elle ne devait pas perdre une minute. Sur la pointe des pieds, elle traversa le couloir. Elle s'immobilisa lorsqu'une planche de parquet grinça sous elle, et attendit que les ronflements reprennent pour avancer d'un nouveau pas. La porte tant convoitée n'était plus qu'à quelques centimètres d'elle, mais elle attendit de pouvoir synchroniser ses pieds sur les ronflements de son grand-père, histoire de ne pas se faire prendre la main dans le sac avant d'avoir la main sur la poignée. En retenant sa respiration, son coeur battant la chamade à tel point qu'elle avait peur qu'il la fasse repérer, elle amorça le dernier pas, tout en tournant cette poignée. Et s'il avait fermé à clef ? Et si elle s'était plantée de chambre ? Non, elle se rappela le "bonne nuit" qui s'était éternisé devant cette même porte, et non, il n'avait pas fermé à clef puisque la porte tourna sur ses gonds en émettant un léger grincement. Alors elle se faufila à l'intérieur, et referma derrière elle, plaquant son dos contre la porte en s'autorisant à respirer de nouveau. Son coeur battait de plus en plus fort en devinant la silhouette étendue sous les draps. Elle se sentait nerveuse. Comme une écolière, comme une adolescente s'apprêtant à franchir le pas, comme elle-même, le soir où elle l'avait fait monter dans sa chambre sous prétexte d'une souris géante. C'était ça qui les rendait spéciaux. C'était ça qui le rendait précieux. Sa capacité à la rendre nerveuse et tremblante un an après leur première fois. Presque un an. 10 mois, 2 semaines et 5 jours pour être exacte, elle comptait. Elle s'autorisa quelques secondes supplémentaires dans le compte du temps, puis s'avança précautionneusement, sur la pointe des pieds, faisant grincer le parquet par trois fois, retenant son souffle à chaque fois. Dans un rayon de lune, elle attrapa son regard. Il ne dormait pas. Il l'attendait. Elle esquissa un sourire, avant de soulever l'épaisse couverture pour se faufiler sous les draps. Il n'en fut pas surpris, ou du moins n'en donna pas l'impression. Elle récupéra ses lèvres tendrement, sans un mot, ramassant son corps contre le sien, laissant le bout des ses doigts cajoler la peau chaude le long de ses côtes. Lorsque, le baiser s'intensifiant, Océane prit les devants et le poussa le dos contre le matelas, afin de se mettre à califourchon sur lui, là, il parut un peu plus surprit. Et quand elle se détacha de lui, à cheval sur son bassin, afin d'ôter le gros sweat et de lui offrir son buste uniquement recouvert d'une mince brassière dévoilant ses formes fines avec une innocente impudeur, là, il ne put dissimuler sa franche surprise. Son coeur tambourina un peu plus, ses mains devinrent moites, alors qu'elle l'observait, un sourire timide aux lèvres. Fermant les yeux pour se donner du courage, le courage de ne pas paniquer, de ne pas tout foutre en l'air une nouvelle fois, elle vint se lover contre lui, laissant sa peau glisser contre la sienne.
    " Le chat est dans sa cage... " annonça-t-elle dans un souffle à son oreille. " Enfermé à double tour dans ma chambre... " Poursuivit-elle en se redressant et en étendant le bras jusqu'à la table de nuit où l'Iphone trônait. " Ton portable est éteint... " Joignant le geste à la parole, elle coupa le portable, avant de le reposer, puis revint contre lui, glissant ses lèvres sur son front. " Tu n'as pas de fièvre. " Chuchota-t-elle en glissant jusqu'à ses lèvres. Rien ne pourrait venir gâcher ce moment, rien ne pourrait plus l'arrêter une fois qu'elle aurait commencé. " Et j'ai très envie de toi... " Acheva-t-elle dans un soupir alors qu'il posait ses mains sur sa taille. Mais au lieu de lancer les hostilités, comme elle s'y attendait, il l'éloigna de lui, l'obligeant à ancrer son regard fiévreux dans le sien.
    " Tu es sûre ? " Se contenta-t-il de demander, fébrile. Elle ferma les yeux, et s'obligea à penser à toutes ces filles, toutes celles qui l'avaient empêcher de s'offrir à lui bien avant ce soir. Elle se concentra si fort qu'un pli se forma entre ses sourcils, qu'il vint lisser du doigt. Elle revit les corps en sueur, les mains, les lèvres, les baisers, comme d'habitude. Mais à la place des brunes, des blondes, des rousses qu'elle voyait habituellement, elle perçu des boucles brunes, un regard émeraudes, et des lèvres finement ourlées. Elle se vit elle. Elle vit ce qu'il avait vu sur l'instant. Dans un sourire, elle rouvrit les yeux, et se rapprocha de lui.
    " Positivement sûre. " Affirma-t-elle contre ses lèvres, avant de glisser sur son menton, sur sa gorge qui ondulait alors qu'il avait du mal à déglutir, contre son torse qu'elle redécouvrait du bout des lèvres.
    " Je peux attendre tu sais, je te l'ai dis, je... " Elle se redressa et le fusilla du regard, avant de lui couper la chique en plaquant sa main contre sa bouche.
    " Tu veux bien la boucler, Driesen ? " Chuchota-t-elle avec sévérité. " 6 mois ! Si tu crois que je peux tenir une minute de plus, c'est que tu me surestimes ! Alors contente-toi de te réjouir d'avoir eu la chambre la plus proche de la mienne, sinon ça aurait très bien pu tomber sur Billy Lee ! " Elle n'eut pas le temps de dire un mot de plus que déjà elle se retrouvait sur le dos, le corps tendu de son amant surplombant le sien, ses lèvres agissant à leur guise contre sa peau, alors qu'elle enroulait ses jambes autour de son bassin, et pressait son corps contre le sien. Plus rien n'avait d'importance, plus rien n'existait en dehors de cette étreinte, mis à part sa peau, ses mains, ses lèvres et chaque particule de son corps entrant en contact avec le sien, plus rien n'était réel. Elle n'avait plus conscience que des picotements dans ses paumes chaque fois qu'elles glissaient contre son épiderme, l'intense chaleur qui se propageait dans son être, brûlant chaque organe sur son passage, et ces frissons qui naissaient sur sa peau chaque fois qu'il avait le malheur de la toucher. C'était pas normal tout ça. C'était spécial. Et précieux.

[...]
    Une étreinte. Longue. Revigorante. Vivifiante. Puis une séparation. On arrachait son corps au sien, on l'arrachait à elle. Des mains puissantes l'entrainaient plus loin, loin, très loin, au loin. Elle était impuissante. Elle ne pouvait rien y faire. Elle était clouée sur place, consciente de rêver, consciente qu'en ouvrant les yeux tout ceci ne serait plus qu'un... doux rêve, s'achevant en cauchemar, mais un cauchemar auquel elle s'était faite, auquel elle s'était acclimatée puisqu'elle baignait dedans depuis de longs mois. Elle allait ouvrir les yeux en hurlant, sur sa petite chambre du Montana. Et une fois de plus Francis ferait semblant de ne pas l'avoir entendu, de ne pas s'inquiéter alors qu'au contraire la folie le guettait. Elle allait encore s'abrutir de travail, afin de s'épuiser et d'arrêter de penser. Le cauchemar n'était pas tant celui qu'elle faisait chaque nuit, le même depuis 4 mois, non c'était celui dans lequel elle vivait depuis ces 4 mêmes mois. Un cauchemar éveillé. Un état de petite mort avancée. Pourtant il était encore là, elle percevait sa silhouette qui s'éloignait jusqu'à ne plus former qu'un minuscule point sur l'horizon. Puis tout devient noir. Et elle poussa un cri.
    Un cri qui se propagea dans la réalité, alors qu'elle se redressait dans le lit, en sueur, apeurée et tremblante. Un cri qui ne franchit pas la barrière de ses lèvres, pourtant, alors qu'elles s'ouvraient comme pour en laisser le son s'échapper. D'abondantes larmes chaudes roulaient sur ses joues, alors qu'elle constatait qu'elle était bien dans le Montana, et que le cauchemar continuait. Alors elle se laissa aller à pleurer, de tout son soûl, en silence pour ne pas réveiller Francis qui devait dormir dans la chambre mitoyenne. Elle plaqua ses mains contre son visage, honteuse de se mettre encore dans un état pareil alors que c'était elle qui avait décidé de cette situation. Soudain, une main s'accrocha à son bras, et elle sursauta, tuant un cri en plaquant une main sur ses lèvres. Elle n'était pas seule. Ce ne fut qu'en découvrant son visage inquiet et son regard effaré, qu'elle s'ancra réellement dans la réalité. Elle était bien dans le Montana, mais 3 mois plus tard. Il était là. Ils venaient de faire l'amour. Il l'attira contre lui, et elle se fondit dans une étreinte, cachant son visage humide de larmes contre son cou. Elle ne parvenait à le stopper, ne sachant plus vraiment si elles étaient dû à sa frayeur ou au soulagement. Il tenta de l'apaiser, mais à présent elle s'en voulait de lui avoir offert un tel spectacle, comme s'il avait besoin de se faire une idée de ce qu'avait pu être son été sans lui. Elle avait déjà eut des terreurs nocturnes en sa présence, mais alors, elles étaient liées à la mort de ses parents, et n'avait pas l'intensité de celle-ci. Elle n'avait rien dit, mais il n'avait pas besoin qu'elle s'explique pour savoir la raison de son état. Il eut la délicatesse de ne pas lui poser de question, et de se contenter de la serrer contre lui en chantonnant doucement à son oreille. Oui, il savait.


[...]
    Le nez dans son bol de céréales, Océane avait la fâcheuse impression de ne pas avoir dormit de la nuit. C'était peut-être un peu le cas, après tout. Ils avaient dû s'endormir vers 3h du matin, puis une heure plus tard elle les avait réveillé en sursaut. Il avait fallut plus d'une heure à Brendon pour parvenir à la calmer totalement, et finalement, sans même être parvenue à se rendormir, elle avait quitté ses bras vers 5h30 du matin, afin de regagner sa chambre, et y être quand Francis viendrait jeter son coup d'oeil matinal sur elle, comme chaque matin depuis sa naissance. Ça n'avait pas loupé, à 6h03 très exactement, il avait entrebâillé la porte, contemplé pendant quelques secondes, avant de refermer pour descendre. Ensuite, seulement Océane était parvenue à trouver le sommeil, avant que Billy Lee ne vienne frapper à sa porte sur les coups de 8h. Elle étouffa un bâillement, mais ne parvint à faire de même avec le sourire radieux qui naquit sur ses lèvres quand Brendon descendit l'escalier après sa douche. Il salua les deux hommes qui se livraient une guerre sans merci au scrabble, puis vint déposer un baiser sur le front d'Océane. Pendant tout ce temps, elle n'avait cessé de le couver du regard, et de sourire béatement.
    " Dis donc, le lutin ! T'as l'air bien radieuse c'matin ! Regarde-la don', Francis ! Elle a l'teint tout illuminé, on dirait elle brille ! Éteins la lumière, gamin, voir si elle nous éclaire de nuit ! "
    " Fout la paix à la gosse, vieux grincheux ! "
    Le coupa Francis, bougon, en posant ses pièces sur la plaquette de jeu.
    " C'est moi l'grincheux ? T'as vu ta tête c'te matin ? On dirait qu'on vient d't'apprendre la mort du Colonel Carl la Gaule ! "
    " Le Général Charles De Gaulle, ignare !
    Mot compte triple, 78 points ! Tu fais moins le malin ! " Océane avait tellement le nez dans son bol, qu'elle aurait pu respirer un cornflakes par mégarde. Elle se sentait devenir rouge écarlate, et tentait de disparaître parmi les pétales de maïs flottant dans son lait.
    " Titye ? Tu t'paierais pas ma tronche, Francis Macon Eono ? " S'exclama Billy en soulevant un sourcil.
    " Bah quoi ? "
    " Ça n'existe pas comme mot ! "
    " Biensûr que si ! "
    " Vas-y ! Fais don' une phrase avec ! "
    " Ça me titye fortement d't'en coller une ! Du verbe Tityer ! "

    " C'est pas comme ça qu'ça s'écrit ! " Océane releva la tête, surprise de constater que l'un des deux savait écrire. D'habitude, leurs parties de scrabble n'était qu'une longue succession de mots inventés ou inexistants. Il y aurait donc quand même un petit espoir pour l'un d'eux. " Y a deux "T" à Tittyer ! " Ajouta alors Billy, obligeant Océane à retourner à la contemplation de son bol de céréales. En fait, non, y avait pas d'espoir.
    " Très bien ! J'rajoute un "T", et voilà, 82 points ! Quel effet ça t'fait d'être écrasé par un français ? "
    " Ça fait 60 ans qu't'es là, alors arrête don' de nous faire ton numéro d'immigré clandestin !
    "
    " T'as quand même perdu ! "
    chantonna fièrement Francis, en se levant du canapé pour rejoindre la cuisine où Océane et Brendon prenaient leur petit-déjeuné dans un silence presque religieux.
    " J'aurais eu un "V" j'aurais pu faire "Castagner" et t'aurais moins fait le caïd, Eono ! " Océane ne chercha pas à savoir où il souhaitait caser un "V" dans "Castagner", elle se contenta de fuir un peu plus dans son bol de céréales, en sentant le regard insistant que Francis posait sur eux. Elle alla même jusqu'à glisser sur le banc pour s'éloigner un peu de son amant. On est jamais trop prudent. Francis, sans un mot, alla remplir sa tasse d'une grosse quantité de café noir, dans lequel il n'ajouta même pas un morceau de sucre, puis vint poser ses fesses sur le banc en face des deux gamins. Et un long silence s'installa dans l'immense pièce commune, uniquement rompue par le cliquetis de la cuillère que le grand-père remuait frénétiquement dans sa tasse. Plus personne n'osait parler. Plus personne n'osait manger. Même Billy restait silencieux, attendant que Francis lâche un mot, n'importe lequel, même "Prout" aurait pu faire l'affaire. Mais ce fut Océane qui rompit le silence, ne tenant plus sous le feu du regard inquisiteur de son grand-père.
    " On va couper un sapin, ce matin ? " Demanda-t-elle en gesticulant nerveusement sur son banc.
    " Si vous voulez. " Répondit-il sans détourner son regard d'elle, sans cesser de touiller son café même pas sucré.
    " Les décorations sont toujours dans la grange ? " Insista-t-elle, de plus en plus mal à l'aise.
    " Surement. " Continua-t-il de son ton monocorde.
    " Tu voudras que j'aille voir ? " Pitié faites qu'il parle et cesse cette torture. Implora-t-elle mentalement.
    " S'tu veux. " Et non.
    " Bon sang, Francis ! Tu vas finir par arrêter de touiller ce café qui n'en à pas besoin ! " Explosa-t-elle finalement. Le vieil homme cessa de l'observer et reporta son attention sur sa tasse dont il ôta la cuillère pour venir la taper contre le rebord.
    " Oh ?! " Se contenta-t-il d'émettre avec surprise, avant de se lever de table, sa tasse à la main. " J'ai pas assez dormi, j'perds la boule. T'sais c'que ça donne quand j'ai pas mes 8h de sommeil. " Océane, rassurée, hocha la tête avec un sourire tendre pour son grand-père. Elle allait ouvrir la bouche, le mettre en garde contre le fait de veiller tard et de se lever tôt, le materner comme à son habitude, mais Francis reprit la parole avant qu'elle n'ait pu le faire. " D'ailleurs, la nuit prochaine, s'tu pouvais faire moins d'bruit en allant r'trouver le gamin, ce serait pas mal. " Un nouveau silence de plomb tomba sur la pièce. Océane fixait son grand-père avec surprise, Brendon se noyait dans son café, et Billy se marrait en silence. " Si vous pouviez faire moins d'bruit tout court, en fait... " Poursuivit-il alors qu'Océane devenait écarlate, et qu'elle se ratatinait sur son siège, espérant peut être passer sous la table et y rester jusqu'à la fin de ses jours. " Je suis d'avis pour qu'vous vous installiez dans la chambre du fond. La plus isolée, quoi. T'en penses quoi Roulette man ? "
    " Moi j'ai un sommeil de plomb ! J'ai plus rien entendu après le coup du chat dans la cage. "
    Billy étouffa un rire moqueur dans sa tasse, et scruta de ses petits yeux malicieux l'intense expression de surprise qui se lisait sur les traits d'Océane. La gêne passée, c'était la stupéfaction face à la proposition de son grand-père qui avait prit place.
    " Tu... T'es sérieux, grand-père ? " Ignorant le rire que Billy n'étouffa pas, cette fois, elle fixait le dos de son grand-père, installé dans le canapé, tripatouillant les pièces du scrabbles.
    " J'ai une tête à faire des blagues, Lutin ? " Il se retourna vers elle, et non, non il n'avait absolument pas une tête à faire des blagues. " D'ailleurs faut qu'on parle, Gamin ! " Annonça-t-il en fixant Brendon, tapotant la place vide sur le canapé, à ses côtés.
    " Grand-père... " Geignit Océane en retenant Brendon par le bras. " C'est vraiment pas nécessaire, j't'assure ! "
    " C'est une discussion entre hommes ! T'en mêles pas, Gamine ! "
    Insista-t-il en avant de leur tourner le dos. Océane se redressa, et à genoux sur le banc, entreprit de briefer rapidement son homme.
    " Tu ne parles pas du Vermont, encore moins de ce que tu sais. Remballe ton honnêteté pour une fois, et mens comme un arracheur de dents ! Si tu évoques la demande en mariage, je t'étrangle à mains nues ! Compris ? Pas drogue, pas cure, pas mariage ! Ça va aller ? " Lui chuchota-t-elle le visage à quelques millimètres du sien. " Il t'aime bien, t'as rien à craindre. " Elle lui vola un baiser au moment même où Francis exprimait son impatience.
    " Brendon ! Ici ! Océane ! A la douche ! Et au pas d'course ! " Scanda-t-il en tapant de plus belle sur la mousse du canapé.
    " Je t'aime ! " Murmura-t-elle contre ses lèvres, avant de s'enfuir en courant vers les escaliers. C'était pas le moment de contrarier Francis alors qu'il se montrait sacrément conciliants avec eux. Enfin, s'il ne profitait pas de son absence pour découper Brendon en morceau, et jeter les restes au feu, évidemment.
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Brendon K. Driesen
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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Vide
MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyJeu 18 Fév - 19:26

Grand-Pa' ! Let me introduce you London. 2jch74h


there's no place like home for the holidays
I met a girl who lived in Montana.
Now in Montana folks I'm traveling

.



    Brendon Driesen n’était pas le gendre idéal, quand on y pensait vraiment, au vu de sa biographique, s’il avait la tête de l’emploi il n’avait pas le passé qui allait avec. Même si ce qu’il avait fait n’était pas entièrement de sa faute. Conditionné par un environnement, élevé par les domestiques et privé de l’amour de ses parents, il avait tout pour devenir un homme incomplet, instable. Et ca n’avait pas manqué. Il était devenu précoce. Propulser dans un monde d’adulte, orphelin dont les parents étaient en vie mais absent, son esprit s’était développer plus vite que son corps. Il était un génie, et comme la plus part des génies il souffrait d’une inadaptation sociale chronique. Il s’était exclue de la société sans s’en rendre compte, il était devenu différent, plus intelligent il s’était mit en marge du monde, ou bien avait été mit. Toute sa vie il s’était sentit en retrait. Il avait évolué différemment du reste des jeunes gens de sa génération. Il avait renié père et mère sans en souffrir, parce que dans son esprit il avait fait cette démarche à cinq ans. Il n’avait pas fait de grandes bêtises lorsqu’il était enfant, trop occupé à lire de l’Einstein, de l’Hemingway, et à écouter du Debussy. Comme s’en plaignait souvent Clara, sa nourrisse et la cuisinière des Driesen, il n’avait pas des occupations d’enfants, contrairement à sa sœur qui était la joie de vivre incarnée et dont le temps se décomposait en une succession d’activités de son âge. A l’adolescence Brendon avait connu une véritable phase de malaise, le passage de l’état d’enfant à celui d’adolescent avait commencé et s’était terminé entre quatre et six ans, alors comment se préoccuper de filles, de cours alors qu’il connaissait déjà ce qu’il y aurait après. Et qu’il savait que l’amour ne serait jamais pour lui, car il n’en valait pas la peine. Il était tombé dans une sorte d’abattement chronique, essayant de s’adapter, masquant son intelligence pour être accepté, pour ne pas être mit un peu plus au banc de la société. Voila en quoi avait était différente l’adolescence de Brendon. Rien de très « fun » et s’il appartenait à la jeunesse dorée il n’avait aucunement vécut la Dolce Vita, malheureusement ou plutôt heureusement pour lui. Sa stabilité il l’avait trouvé en arrivant à l’Université, l’amour lui avait été offert sur le même plateau. Océane était entré dans sa vie, avait été sa lumière. Et s’il avait ramé pour la conquérir, elle en valait la peine, l’amour l’avait transformé. Cependant dans un premier temps si c’était dans le bon sens, son insécurité chronique, son besoin de l’éloigner parce qu’il ne la méritait pas. Il leurs avait fait du mal. Ils s’étaient blessés mutuellement, Océane avait donné le coup de grâce à leur relation en cherchant à se préserver, à le préserver. Brendon repensait à l’année écoulée alors qu’il conduisait sur la route menant au Montana, il restait moins de vingt kilomètres avant leurs arrivés dans l’état d’adoption de sa « femme ». Il repensait à l’année écoulée, aux épreuves des six derniers mois plus particulièrement. Et il pensait à la conversation qu’ils venaient d’avoir sur le bord de la nationale, il repensait à cet été et à ce qu’il avait vécut. Seul, de son côté, sans elle et pourtant … Et pourtant il avait été avec elle, à sa manière, une manière d’aimer déviante, étrange et malsaine. Il avait tenté de l’oublier, et son inconscient pour répondre à la peur qu’engendrait la simple pensées de l’oublier, c’était mit à la chercher dans toutes les femmes qui peuplaient New York. En chacune de ses femmes qu’il avait fréquentées cet été il l’avait cherché elle. Toutes avaient un ou plusieurs traits en commun avec la superbe brunette qui était assise auprès de lui dans la voiture. Il se rappelait de chacune d’elles, sa « thérapie » l’avait en quelque sorte forcé à affronter les visages de toutes ses conquêtes estivales. Les Carla, Cara, Angela, Tory, Lorry, Jessy, Mia et autres pseudonyme tel que Candy, Poly … Toutes ses filles qui a leurs façons lui rappelait Océane Eono, la femme qu’il aimait plus qu’il pouvait aimer. Carla avait ses yeux, les mêmes pupilles couleurs émeraude qui scintillaient quant elle riait. Il l’avait rencontré au Pool House du Country Club que fréquentait les Driesen, elle donnait des cours de tennis aux jeunes gens et arbitrait les matchs des plus âgés … Il lui avait fait son numéro de charme habituel et l’avait entrainé dans la réserve dont il avait obtenu les clés à l’âge de seize ans lorsqu’il sortait avec son professeur particulier bien plus âgée que lui. Cara était une amie d’un ami, un rendez vous arrangé par Gretchen avec la sœur d’un de ses amis, s’était son sourire qui lui avait plu et touché au cœur car une fossette avait apparut sur sa joue lorsqu’elle avait sourit. Elle avait atterrit avec lui dans la chambre de sa famille au Plazza. Angela était une étudiante en art qu’il avait rencontré en se rendant, sous la pression de Gretchen qui après l’avoir vu se morfondre deux semaines dans sa chambre l’avait forcé à sortir, à la bibliothèque de l’Université de New York pour trouver des livres de mécanique cantique. Elle lui avait proposé de le dessiner dans le cadre du book qu’elle créait. Ses grands yeux tristes et son visage marqué par l’insomnie était ce qu’il lui fallait pour compléter son œuvre. Ses anglaises brunes scintillant au soleil avait finit par lui rappeler Océane alors qu’elle croquait son visage dans l’intimité de son appartement. Le silence et le calme de la jeune femme l’avait apaisé l’espace d’une nuit. Tory ressemblait à Mandy sur bien des points, elle était une de ses filles que les jeunes de la classe sociale et du rang de Brendon adoraient, superficielle et creuse elle était l’une de ses filles faciles qu’on allongeait facilement. Chez elle s’était le timbre chaud de sa voix qui lui avait rappelé Océane. Lorry, il l’avait apprit plus tard, était l’étudiante en médecine chez qui il s’était réveillé alors qu’il palabrait avec Curtis au téléphone. Chez elle la passion dont elle parlait de ses études avait fait qu’une image d’Océane parlant de sa ferme un soir d’hivers était remontée à la surface. Jessy et Mia étaient deux jumelles, et l’une des plus grandes erreurs de l’été du jeune homme, elles étaient brunes, leurs yeux étaient verts, lorsqu’elles souriaient des fossettes apparaissaient sur leurs joues, et plus que tout, elle venait de l’Ohio. Océane réincarné ? En double ? Non, mais l’effet conjuguer de la Vodka et d’une bonne dose de Prozac l’avait convaincu de ce fait. Candy et Poly étaient ce que l’on appelait dans le milieu de Brendon des « pro ». Deux soirs, deux moments de solitude, il avait payé pour avoir l’illusion qu’Océane était toujours auprès de lui… Oui, alors qu’ils cheminaient à la rencontre de la famille d’Océane, de ses proches, Brendon pensait à cet été loin d’elle. A ce qu’il lui avait infligé comme nouvelle blessure en finissant à l’hôpital et envoyant les exploits de l’homme qu’elle aimait étalées sous ses yeux alors qu’elle se battait pour qu’il s’en sorte … Brendon repensait à ce qu’il lui avait infligé sans le vouloir, par égoïsme. Et il s’interrogeait. Cette conversation l’avait bouleversé, même s’il l’avait très peu laissé paraitre, afin de se concentrer sur elle, sur le fait qu’il devait la rassurer, apaiser ses craintes. L’annonce du « nœud du problème » l’avait troublé, car il avait obtenu des réponses tout comme elle. Bien sur il avait imaginé quel avait été l’été d’Océane, et de tout son cœur, égoïstement, il avait désiré qu’elle soit resté seule, sa jalousie maladive avait déjà du mal à supporter l’idée qu’elle lui eut préféré un autre, comme il l’avait longtemps cru, alors plusieurs autres… En un sens apprendre qu’elle avait été fidèle l’avait apaisé. Tout simplement parce qu’elle avait mit fin à leur relation, simplement pour cela il s’était sentit soulager. Et aussitôt il s’était sentit égoïste.

    « Un sou pour tes pensées… » Demanda soudainement Océane interrompant le fil de pensée de son amoureux qu’elle devinait sombre à juste titre.
    « Elles ne valent pas ce prix … » Il eut un pauvre sourire qui peina Océane, inquiète à l’idée d’être la cause de la tristesse passagère de son compagnon.
    « Dit toujours » Elle posa sa main sur celle de son compagnon sur le levier de vitesse, il déboita échappant à sa prise. Il s’était engagé sur une voie annexe.
    « Franchement tu risques d’être déçut. » Cette fois il souriait et s’empara de sa main. « J’ai besoin de satisfaire un besoin naturel … Dans un endroit où tu ne pourras pas me suivre ... Enfin pas pour ce que je dois y faire … » Ajouta t-il avec un sourire canaille qui calma les craintes d’Océane, un pieux mensonge, nécessaire. Il se gara sur le parking de la station essence et se tourna vers sa compagne. « Tu fais le plein pendant que je me vidange ? » Elle partit d’un rire de gorge qui le charma alors qu’il lui volait un baiser et s’échappait de la voiture.

    Il sentit son regard rivé sur son postérieur lorsqu’il traversa le parking, pour la faire rire il se figea, se déhancha façon John Travolta dans « Saturday Night Fever », prenant la pose « disco ». Son rire la poursuivit jusqu’au toilette de la station service où il dégaina son portable. Le numéro ne figurait pas sur son I-Phone, pourtant Brendon le connaissait par cœur. Les sonneries s’égrenèrent alors que Brendon calculait le décalage horaire qui le séparait de son interlocuteur.


    « Allo ? » Etrangement la voix était très alerte ce qui surprit Brendon, après tout il savait que son correspondant devait être de garde cette nuit, alors n’était-il pas sensé dormir ?
    « C’est Brendon… » Il s’adossa aux carreaux froid recouvrant la paroi des toilettes.
    « Comment se passe le voyage ? Un problème ? »
    « Non … Tout va bien Doc’. »
    Un soupir de soulagement lui parvint à travers les parasites sur la ligne. « Pas de drogue, juste une petite bière en chemin et des texto porno d’une de vous pensionnaires. A part ça tout roule. » Marmonna Brendon.
    « J’ai confisqué son I-Phone à Mandy. » Une légère moquerie perçait dans le ton du médecin. « Que vous arrive t-il Brendon ? »
    « Je voulais savoir comment sa se passait entre vous et la superbe Infirmière qui en pinces pour vous »
    Œil pour œil … dent pour dent pas vrai ? Qui riait à présent ? « Plus sérieusement. J’ai besoin d’un conseil Doc’ … Vous vous rappelez de mes aventures extra conjugales de cet été n’est ce pas ? »
    « Bien sur, j’ai rarement entendu pareil récit de conquêtes pour reformer les traits d’une femme… Océane est au courant n’est ce pas ? »
    « Oui. Dites moi Doc’, elle arrivera à oublier ? »
    « Oui. Parce qu’elle vous aime Brendon elle surmontera cela. Un conseil avant que vous la rejoignez ? »
    « Oui. »
    Répondit-il avide.
    « Aimez là comme vous l’aimiez autrefois lorsqu’elle sera prête. »

    […]

    La compagnie de Fox était agréable, il rassurait étrangement Brendon qui pourtant jusqu'à présent n’était pas plus stresser que cela. La pression était montée soudainement, lorsqu’Océane avait immobilisé la voiture au milieu de l’allée. Il n’aurait su dire pourquoi, il était déjà venu, avait rencontré Francis, pourquoi s’inquiéter ? Peut être parce que la dernière fois il prétendait s’appeler London, que Francis l’avait vu se noyer dans le travail, s’abrutir jusqu'à l’épuisement pour ne pas compenser le vide laisser par Océane par de l’alcool ? Peut être parce qu’il avait fuit comme un crétin des qu’il avait apprit qu’elle rentrait et qu’elle n’était pas seul ? Mais aussi parce qu’il avait peur de tout faire foirer à nouveau, si Francis avait été touché par son périple dans le Montana pour la revoir, comment avait-il réagit après sa fuite ? Le chien posa doucement sa pate sur l’épaule de Brendon la langue pendouillant de sa bouche, Brendon sourit et flatta la tête du chien en tendant son bras vers l’arrière. Le chien gémit de gratitude et se tortilla entre les sièges pour se placer sur les genoux du jeune homme. Riant à gorge déployer Brendon écarta les cuisses pour qu’il se glisse dans le creux sous le tableau de bord réservé aux jambes. Océane le gronda mais le cœur n’y était pas, entendre Brendon rire comme un gosse semblait la ravir. Il caressa la tête du chien, qui blottit sa tête poilu contre les cuisses de son nouveau maître.

    « Je crois qu’il m’a adopté, je t’ai détrôné dans son cœur ma belle. » Se moqua t-il alors que le chien grognait car les caresses du jeune homme s’étaient stoppés l’espace d’un instant. Il rit et tapota la tête du chien pour qu’il arrête de râler. « Remarque vous avez le même caractère, il suffit qu’on s’arrête de vous plotez pour que vous ralliez, c’est donc vrai ce qu’on dit, tel chien tel maître ? » Il manqua de peu de se prendre une claque sur la cuisse mais avisant qu’elle aurait frappé son chien dans le même mouvement elle s’arrêta.
    « Crétin » Marmonna t-elle en souriant.
    « Belle brune. »
    « Imbécile. »
    « Charmante. »
    « Charmeur. »
    « A moi. »
    « A toi ? »
    Questionna t-elle en changeant de vitesse pour rouler plus doucement alors qu’ils traversaient une zone verglacée de la route.
    « Oui… » Il se pencha, et déposa ses lèvres dans le cou découvert de sa compagne, mêlant douceur et sensualité il lui mordilla la peau du cou là où il la savait réceptive. Elle soupira et prit un certain temps avant de le repousser.
    « Brendon… » Soupira t-elle.
    « Quoi ? » Répondit-il sur le même ton alors que le chien jaloux de l’attention supplémentaire que recevait la jeune femme grognait en s’allongeant sur le tapis de sol.
    « Je conduis… » Continua t-elle en tentant effectivement de se concentrer sur la route.
    « Et alors, tu devrais arrivés à te concentrer en n’importe quelle situation. » Argua t-il en continuant le manège de ses lèvres dans son cou, sentant la pulsation de la carotide de la jeune femme s’accélérer sous sa peau.
    « Brendon … » Cette fois il y avait un peu plus de conviction dans son ton.
    « D’accord … Mais je persiste à dire que tu devrais être capable de te contenir… » Continua t-il de proférer en s’éloignant d’elle pour reposer son fessier sur son siège.
    « Au cas où tu l’aurais oublié Brendon … Ca fait six mois ! » Elle était bougonne parce qu’il s’amusait avec elle, à la tenter, à l’attiser, il savait que c’était pour qu’elle se détente, se sente aimé, désiré.
    « Tu sais ce qu’on dit, c’est comme la bicyclette ca ne s’oublie pas ! » Il l’embrassa sur la joue avant de reprendre ses papouilles sur le chien qui soupira de contentement. « Dit maman… C’est quand qu’on arrive ? » Singea t-il en prenant une voix d’enfant de maternelle.
    « On y est Amour de moi. Regarde devant toi ! » En effet, la ferme venait de surgir derrière le rideau de neige qui tombait sur le paysage. Elle souriait, comme illuminé de l’intérieur elle n’en était que plus belle encore, elle était chez elle, auprès des siens. Brendon sourit à son tour et caressa la joue de sa compagne du bout des doigts.
    « Bienvenue chez toi. » Il se pencha et l’embrassa avec une douceur frôlant l’indécence, caressant sa joue de la racine des cheveux au menton. « Je t’aime. » Elle sourit, lui vola un baiser plus passionné avant d’ouvrir la portière toujours collé à sa bouche, comme pour se persuader qu’il était nécessaire de sortir, pour s’en rappeler avant qu’elle ne se perde dans ce baiser. Fox les sépara brutalement en se tortillant pour sortir par la portière Océane du s’extraire du véhicule sous la poussée du chien. Des brides de conversation parvenaient à Brendon par la portière ouverte et elles le firent sourire. Il comprenait de plus en plus comment dans son coma il avait cru possible de finir sa vie ici. Avec celle qui partagerait jusqu’à la fin sa vie. Brendon la regarda faire le tour de la voiture avant d’ouvrir sa portière, elle lui sourit lorsqu’il s’extirpa de la voiture et pointa la véranda de l’index.

    « On a un public, tu crois qu’ils sont membres de notre fan club facebook ? » Demanda t-il alors qu’elle s’approchait de lui.
    « Y’a qu’une manière de le savoir. » Elle effleura ses lèvres d’un baiser avant de prendre sa main et de l’entrainer vers le porche. Brendon revit mentalement le paysage en plein été, et sa première arrivée ici. Un sourire effleura ses lèvres lorsque Francis se mit à sourire en le voyant. Un franc sourire, chaleureux et ampli de joie. Un poids s’ôta des épaules du jeune allemand. Francis n’était pas en colère, il était simplement heureux de voir sa petite fille heureuse. Le passé en était-il oublié pour autant ? Non, assurément pas. Mais avec les années, les mois, les jours, les vieilles blessures finiraient par toute se refermer. Océane n’était apparemment pas encore bien sure de vouloir accorder à Francis son pardon. Elle n’était pas en colère, elle voulait simplement lui donner une leçon sur les cachoteries. Aussi se plaça t-elle entre Brendon et le vieil homme, interrompant leur échange de sourires, pour que le jeune homme se tourne vers Billy Lee, le meilleur ami du grand père d’Océane que Brendon avait eut le malheur de prendre pour son petit ami. Il sentit à la pression taquine des doigts d’Océane contre sa paume qu’elle s’apprêtait à se moquer de lui. Mais en même temps elle ne l’avait pas giflé à la sortie de l’hôpital, alors elle se vengeait comme elle le pouvait, en se foutant de lui. Il devait vraiment l’aimer pour la laisser se payer la tête de cette façon.

    Brendon serra la main du vieillard infirme en levant les yeux au ciel alors qu’elle les présentait l’un à l’autre. Ce qui suivit le fit rire aux éclats, voir Océane se chamailler avec les deux hommes lui réchauffait le cœur. Elle semblait si vivante, si à l’aise, si bien ici, après des mois de tourmentes l’Océane dont il était tombé amoureux semblait de retour, laissant la tristesse, l’inquiétude de côté. Le pli qui barrait quasi quotidiennement ses sourcils s’était effacé. Elle irradiait la joie de vivre, le bonheur, la santé. Lorsque Francis entra dans la joute verbale Brendon eut soudainement un doute sur ses chances de ressortir en vie de la ferme. Il risquait bien de mourir de rire avant la faim du séjour. La querelle se continua alors que Brendon et Francis entrait dans la maison tandis qu’Océane aidait Billy a déchargé les bagages.

    « La ferme Eono, et va décharger les bagages » Rembarra t-il la jeune femme en lui donnant un baiser qui frisait l’indécence tant il était chaste et rapide. Et oui, Brendon comptait bien respecter les principes de Francis Eono tant qu’il serait sur son toit. N’était-ce pas ce qu’il lui avait dit ? Il s’éloigna avec Francis, il fit signe au vieil homme d’avancer sans lui, tapis dans l’ombre de la moustiquaire il la regarda renouer avec son environnement, rire aux blagues de l’ami de son grand père, s’envelopper dans l’épais manteau de son amoureux avant de charger le fauteuil roulant de Billy de leurs bagages. Brendon sourit doucement, et s’effaça pour rejoindre Francis dans la cuisine. Instinctivement il reprit cette sorte de routine qui avait été sienne durant son court séjour à la ferme. Francis s’employa a faire passer le café bouillant de la cafetière posée sur le feu à un pichet de service en verre blanc, tandis que Brendon sortait des tasses et des bols pour la soupe. Ils s’afféraient en silence, ce que Brendon appréciait chez Francis c’était bien cela, pas besoin de mots inutiles, de simagrée. Brendon respirait doucement l’odeur si particulière de la bâtisse un mélange de tabac froid, de café fraichement moulue et de feu de bois. Soudainement Francis sortit de son mutisme surprenant Brendon.

    « Alors cette crise d’appendicite ? » Et merde … Brendon avait horreur de mentir au vieil homme, mais il fallait le reconnaitre, avouer au grand père de sa petite amie qu’il avait fait une cure de désintoxication ne serait pas pour rassurer le vieil homme. Et encore moins adéquat pour passer de bonne vacance de Noël en famille. D’ailleurs il faudra qu’il briffe Gretchen à ce sujet. Et ce dès ce soir. Enfin si on captait un peu de réseau dans ce patelin. Ce dont Brendon doutait, la dernière fois qu’il avait voulut passer un appel depuis la ferme il avait du faire deux kilomètres dans les champs avant de trouver de quoi passer un coup de fil à New York.
    « Une vraie promenade de santé, heureusement qu’Océane m’a trouvé a temps, les médecins disaient que l’appendice était proche de l’éclatement. » Tourner le dos au vieil homme facilitait le mensonge pour cet inconditionnel de la vérité. C’était … tellement plus facile.
    « Ouais j’ai connu un gars du coin qu’y avait fait ton truc là ! L’avait une de ses cicatrices sur le ventre ! On aurait dit un cochon qu’on aurait égorgé puis recoud. » Durant un instant Brendon se demanda si cette phrase en apparence badine ne cachait pas une menace… Durant un instant. Il souleva son sweat et son tee-shirt pour se tourner vers Francis dévoilant un abdomen parfaitement lisse et des muscles parfaitement dessinés.
    « Pas une toute petite cicatrice. Ils ont révolutionnés la technique ! Quelques jours de covalence et hop ! » Il souriait comme pour appuyer son propos. Bien heureusement pour lui la technique opératoire s’était amélioré, autrement il aurait été difficile de faire croire au vieil homme qu’il avait été opéré.
    « Tant mieux ! L’air frais te ferras plus de bien qu’ ce que vous respirer dans ta ville bonhomme. Ainsi que de bonne nuit de sommeil. » Ah… On y venait c’était le moment où Francis allait l’informer qu’il monterait la garde devant la chambre de sa petite fille avec une carabine à plomb pour protéger une virginité qu’elle avait perdu avec un certain Goodridge à 16 ans ? « Demain tu m’aiderais bonhomme ? Avant d’aller chercher ta petiote, j’aurais besoin de toi pour déplacer quelques bottes de foin dans la grange et nourrir les chevaux. » Apparemment c’était pas encore le moment des menaces typiques du « Far West » comme on en voyait dans les films de John Wayne. Brendon était déçût.
    « Bien sur pas de problème. Après le petit déjeuner je vous donnerais un coup de main. Gretchen n’arrive que demain après midi … D’ailleurs à ce sujet il faut que je vous dise quelque chose sur elle, Francis, elle n’est pas …. » La phrase mourut sur ses lèvres lorsqu’il sentit la présence d’Océane dans la pièce. Un sourire effleura ses lèvres et il tendit la main en arrière pour lui adresser un petit coucou, alors qu’il ne s’était même pas retourné pour vérifier si elle était bien là, il savait qu’elle était là. Il était capable de deviner quand elle rentrait dans une pièce, le bruit de ses pas, son odeur, toutes sortes de sensation l’informaient que la femme de sa vie venait de pénétrer dans son antre. Il savait que la jeune femme ne tiendrait pas longtemps à faire la tête à son grand-père, il lui avait bien trop manqué pour qu’elle continue à bouder dans son coin. Elle l’aimait bien trop pour se tenir une minute de plus loin de lui. Pas après avoir loupé les vacances d’automne qu’elle aurait du passés ici, mais qu’elle avait plutôt passé avec Brendon, le temps d’un week-end dans le Vermont. Il sourit de voir Océane retrouver une pointe d’accent du Nord, il la regarda se blottir contre le vieil homme, il vit brillé le même amour inconditionnel dans leurs yeux et la même émotion. Il sourit heureux de l’avoir ramené chez elle pour les fêtes et de passer ici, avec eux, le premier Noël officiel des « Stanford ». Merde ! L’alliance ! Le jour se fit soudainement dans son esprit alors qu’il aidait Billy à se défaire des pattes griffus de Driesen.

    « J’ai faim ! » S'exclama soudainement Océane après avoir déposé un baiser sur les lèvres de son grand-père. Inconsciente du drame qui se déroulait dans l’esprit de son compagnon alors qu’il contemplait, tout en détachant Billy Lee de Driesen, l’alliance qui brillait à son doigt.
    « Ça tombe bien ! Y a du ragoût, d'la tourte, du maïs chaud et une tarte aux fruits d'saison ! » Lui répondit Francis alors qu'elle s'éloignait de lui pour rejoindre les fourneaux.
    « Et c'est moi qu'ait tout fait ! Aïeeeeeee ! » Presser de retirer son alliance de son doigt Brendon avait fait preuve d’un peu moins de délicatesse pour ôter la dernière griffe du chat. Avec un sourire d’excuse il fit roulé le fauteuil de Billy jusqu’à la table. Glissant discrètement l’anneau d’or dans la poche de sa chemise. Une catastrophe venait d’être évitée.

    [...]

    Deux silhouettes enlacées sur le palier d’une maison silencieuse. Deux silhouettes qui semblent n’en former qu’une tant elles sont imbriquées l’une dans l’autre. Sa jambe à elle entre les siennes, ses bras à lui l’encerclant par la taille, leurs bouches en étroit contact l’une avec l’autre, elle adossée contre le battant de la porte, lui se pressant doucement contre elle en répondant à cet intense baiser qu’elle lui offrait. Des soupirs discrets entre deux respirations. Un sentiment commun, ils n’avaient pas envie de se séparer. Brendon posa doucement son front contre celui d’Océane pour reprendre son souffle, un sourire doux et serein sur les lèvres, les yeux voilés par le désir qu’il contenait. La main d’Océane se perdit dans le désordre de cheveux de son compagnon, jouant avec les petits cheveux en bas de sa nuque pour venir se perdre le long de ses épaules, puis glisser sur son torse.

    « Tu devrais y aller. » Murmura t-il. « Ils dorment depuis longtemps. Il est temps d’aller se coucher. » Ajouta t-il en frottant doucement son nez contre le sien.
    « Tu veux que je m’en aille ? » Questionna t-elle mutine dans un murmure en promenant ses doigts le long du torse musculeux de son âme sœur.
    « Non. » Il reprit ses lèvres avec tendresse et passion avant de se détacher d’elle. « Mais il faut que tu y ailles. Sinon Francis risque de débarquer sur sa moissonneuse batteuse. » Il rit en silence contre le cou de sa belle.
    « D’accord. » Elle se détacha de lui a regret sa main toujours dans la sienne, petit à petit leurs doigts se détachèrent alors qu’elle allait lâcher sa main elle revint sur ses pas et passa ses mains sur le ventre de son petit ami en l’embrassant. Il grogna sous cet assaut soudain qui le prit par surprise et faillit lui faire lâcher la bride à son désir, répondant à son baiser il cherchait à se contenir. Ses doigts crochetèrent le bas de son sweater, et accompagnèrent sa montée jusqu'à ce que les bras de Brendon l’aident à l’en délester. Et elle s’éloigna de lui, le tee-shirt dans les mains, un sourire mutin aux lèvres. « Je peux ? » Elle leva le sweater jusqu’à son visage avec un sourire innocent. Il étouffa un rire.
    « Tu l’aurais demandé je te l’aurais donné. »
    « Ca aurait été moins drôle que de le prendre ! »


    […]

    « Vous QUOI ? »
    « Shhhtttt ! Parle moins fort tu vas finir par réveiller tout le monde avec ta voix de crécelle ! »
    Gronda t-il dans le téléphone en s’allongeant sur le lit. « C’est pour ça que je t’ai appelé, tu réagis toujours sans la moindre discrétion ! » Soupira t-il. Il était vrai que si Brendon avait eut un jour à prendre en filature Océane, il n’aurait surement pas choisit sa sœur, niveau discrétion et tapinois, on repassait.
    « Roh ca va je sais faire preuve de discrétion, je suis sure que je n’aurais pas eut cette réaction en live. » Se défendit-elle bougonne.
    « Tu vois je ne parierais pas la dessus ! » Voila qu’ils se chamaillaient à nouveau comme des gamins. Les bonnes habitudes ont la dent dure comme on dit.
    « Ouais on sait c’est toi le génie du stoïcisme, ca a faillit te coûter Océane je te rappel ! Bref ! Pourquoi vous faites chambre à part ? » Un point pour elle, balle au centre.
    « Parce que le grand-père d’Océane croit que sa petite fille est encore … une petite fille. » Gretchen s’esclaffa.
    « Elle aussi vierge que moi ta femme frérot ! »
    « QUOI ? »
    Cette fois c’était Brendon qui avait besoin d’une leçon de discrétion.
    « Shhhhttt ! T’es malade ! »
    « Qui ? »
    Sa voix s’était fait agressive, menaçante presque, mais pas contre elle plutôt contre ce qui.
    « Oh arrête Brendon tu ne croyais tout de même pas que j’étais « pure » je te signale que je ne porte plus de bague de virginité depuis mes 16 ans tu croyais quoi ? Que je l’avais perdu ? »
    « La bague ? Oui. Ta virginité non. »
    Marmonna t-il, son ton la fit rire.
    « Mais rassure toi frangin tout s’est très bien passé, je n’ai pas eut besoin que tu cours a la pharmacie m’acheté la pilule, alors rassure toi ! » Se moqua t-elle.
    « Ce n’est pas drôle Gretchen, si je coince ce petit saligaut qui … »
    « Ca t’es jamais venu à l’idée Brendon que c’était moi qui avait voulut et pas qu’on m’avait influencé ? »
    Elle ne riait plus, semblait presque contrarié. « Changeons de sujet. Comment le papy peut-il croire que vous n’avez pas… consommer. Vous viviez pratiquement ensemble l’année passée. »
    « Raison de plus pour laquelle je t’appelle. Il ne se doute pas que sa petite fille avait laissé quasiment emménager un homme dans sa chambre d’étudiante. Sur ce sujet tu ferrais bien de garder ta langue. »
    « Il vit au dix septième siècle le papy ou quoi ? Il a jamais vu 90210 ? Sérieusement qui est encore vierge à l’âge d’Océane, surtout quand c’est une bombe pareil ! »
    Il y avait de l’insolence dans sa voix, mais aussi de la véritable surprise.
    « Il est resté figé dans les manières de son époque, et ce n’est pas une idée si horrible que cela, a cette époque les hommes respectaient plus les femmes, et ces dernières tenaient à rester chaste et ne se jetait pas sur le premier mec venu. » Gretchen eut l’étrange sensation qu’on ne parlait plus de Brendon et d’Océane là.
    « Ce n’était pas le premier mec venu ! Tu vas me lâcher à la fin, tu réagis comme le grand père d’Océane je te signale. »
    « Qui a dit que sa conception des choses me gênait ? »
    « Ca te gène quand il s’agit de toi, mais pour moi sa vision s’applique. »
    La ce n’était plus des chamailleries mais bel et bien une dispute à voix basse. « On croit rêver ! De quel droit tu me juges ? »
    « Je ne te juge pas je constate ! Seize ans Gretchen ! »
    « T’en avais à peine quinze toi ! Un an de moins et tu me fais la moral, et avec une fille bien plus âgé que toi en plus ! »
    Il était drôle de voir à quel point ils avaient dérivés.
    « Je craquais pour elle ! »
    « Moi aussi ! »
    Répliqua t-elle.
    « Tu craquais pour elle ? » Elle explosa de rire, en une réplique, jugulant sa fureur comme il l’avait apprit en cours, il venait de désamorcer la situation.
    « T’es con ! Vous n’oubliez pas de me prendre à l’aéroport demain einh ? »
    « Ca dépends, tu promets de tenir ta langue sur les détails scabreux de ma relation avec Océane ? »
    « Bien sur, je te signale que je vais rencontrer la future belle famille de mon frangin, je serais me tenir. »
    « Je t’aime petite sœur, on se voit demain. »
    « Je t’aime aussi, fait de beau rêve abrutit d’arriéré. »

    […]

    Allongé dans son lit, les bras croisés sous la nuque Brendon contemplait le clair de lune qui filtrait au travers de la fenêtre. La neige avait cessée de tomber. La nuit était claire. Il se sentait incroyablement détendu, cette maison avait un effet relaxant sur lui, les senteurs, les craquements de la structure de bois apaisait son âme. Il se sentait bien ici. Comme chez lui. Il ne dormait pas, pourtant il était tard. Il attendait. Il l’attendait. Parce qu’il savait au fond de lui qu’elle viendrait. La porte grinça légèrement en pivotant, il ne tourna pas la tête vers la porte, il attendit que leurs regards se croisent. Il savait qu’elle viendrait. Elle venait toujours et si elle ne venait pas, c’était lui qui venait à elle. Ils étaient ainsi. C’était cela qui les rendait spéciaux.

    […]

    Un nouveau silence de plomb tomba sur la pièce. Qu’est ce que… Brendon releva la tête, surpris, Billy Lee riait en silence. Océane rougit, Brendon baissa la tête vers sa tasse de café. Aie. Les ennuis s’annonçaient. Lui qui s’était pourtant engagé à respecter les règles du patriarche Eono. Mais bon cela faisait six mois qu’ils n’avaient pas dépassés le stade du défeuillage … Six mois ! Elle l’avait presque violé ! Bon là il abusait, il était bien plus que consentant. La proposition de Francis lui fit à nouveau relevé la tête. Une chambre ? Pour eux deux ? Sous son toit ? Punaise mais s’ils avaient su ils auraient … Bah non en fait. Parce que Brendon n’aurait jamais fait l’amour à Océane pour obtenir une chambre. Il n’avait pas besoin de prétexte pour ça ! Mais bien sur il y avait une contrepartie, s’ils avaient obtenus une chambre pour éviter de troubler le repos des deux vieux hommes par leurs folles nuits de jeunes amoureux, ce ne serait pas sans un entretient entre quatre yeux pour Brendon. Océane tenta d’avoir gain de cause mais Francis Eono comme sa petite fille avait un fort caractère. La jeune femme entreprit alors de le briefer sur les sujets à ne pas aborder, avant de le rassurer.

    « La confiance règne dit moi. » Chuchota t-il après qu’elle lui eut volé un baiser. Alors qu’elle filait prendre une douche Brendon se leva pour aller s’asseoir sur le canapé auprès de Francis. S’il avait redouté la scène façon western auparavant il était soudainement très calme, confiant. Il se doutait que rien de mal ne lui arriverait, Francis ne leur aurait pas offert une chambre pour eux seuls s’il n’avait pas crut en la sincérité de Brendon, et en la force de ses sentiments pour sa petite fille. Malgré le visage bougon du vieil homme, et ses regards appuyés Brendon ne se départie pas de son calme.

    « Ecoute gamin… » Attaqua le grand père d’Océane.
    « Non. »
    « Non ? »
    Surpris par la réponse immédiate du jeune homme, le vieil homme n’avait pas eut le temps de s’offusquer de pareil réponse. Billy avait cessé de rire dans la cuisine.
    « Non. C’est vous qui allez m’écouter Mr Eono. » Pas de Francis, ca s’était de la conversation officielle. « Je veux épouser Océane, je veux qu’elle soit la mère de mes enfants, je veux vivre une longue et heureuse vie à ses côtés, je veux l’épauler dans tout ce qu’elle entreprendra. Je veux aussi m’éteindre à ses côtés un matin d’hiver lorsque le poids des années pèsera trop lourd sur mes épaules. Je veux la rendre heureuse, je ne veux pas l’arracher aux siens, car elle est tout ce dont j’ai toujours rêvé, elle me suffit je ne désire rien d’autre. Rien de plus qu’elle. Je veux ne plus jamais lui faire de mal, je ne veux plus qu’elle souffre par ma faute, je sais que par le passé j’ai été instable alors qu’elle avait besoin de stabilité, mais j’ai changé. Je veux devenir un homme meilleur et je le deviendrais auprès d’elle, parce que je ne veux pas vivre sans elle. Je l’ai cherché sans le savoir des années, je sais que nous sommes jeunes, moi plus qu’elle, mais je sais ce que je veux. Et ce que je veux c’est elle. Ce n’est pas un caprice, une passade. J’ai votre petite fille dans la peau, je serais près à tout pour elle, je l’abandonnerais si elle me le demandait, parce que je l’aime, et qu’elle est la seule à avoir touché mon cœur. Et rien ne me ferras la quitter. Je suis quelqu’un de sérieux, je ne joue pas avec elle, je l’aime, et je serais près à tout pour elle, pour que vous acceptiez que je partage sa vie. Parce que je l’aime et parce que je sais que votre aval compte à ses yeux. Je n’ai plus de parents, si les miens ne sont pas morts tragiquement, ils n’ont jamais eut la volonté d’accéder à mon monde. Océane et Gretchen sont ma seule famille Monsieur. Alors je ne ferrais rien qui menacerait l’une ou l’autre. Je l’aime, je finirais par l’épouser, avec votre accord, et nous reviendrons ici. Pour y vivre. Because there is no place like home. » Il se tu après cette longue diatribe qui au fur et à mesure des mots avait fait naître un intense sourire sur le visage du vieil homme.
    « J’allais juste te demander si vous vous protégiez au moins, mais soit Bonhomme je te donne ma bénédiction. » Les trois hommes furent prit du même rire joyeux, qui monta jusqu’aux oreilles d’Océane pourtant sous la douche, faisant naître sur ses lèvres un sourire plus radieux encore.

    […]

    « Qu’est ce que tu lui as dis ? » Demanda Océane pour la centième fois depuis qu’ils avaient prit la voiture.
    « Je ne te le dirais pas, comme l’a dit ton grand-père c’était une conversation entre hommes gamine. » L’informa t-il à nouveau pour la cent unième fois.
    « Je pourrais te faire du chantage au sexe pour obtenir cette information tu sais. » Menaça t-elle en enclenchant une vitesse.
    « Mais tu ne le ferrais pas parce que tu craquerais beaucoup plus vite que moi. » Il freina alors qu’il passait une plaque de verglas. Maintenant le téléphone contre son oreille grâce à son épaule il rétrograda.
    « Tu ralentis chéri ! » Se moqua t-elle au volant de la voiture de location.
    « J’essaye de ne pas tuer la camionnette de ton grand père, elle et lui on le même âge je parie ? » Blagua t-il en reprenant le téléphone dans sa main. « Tu sais les gens normaux ne ressentent pas le besoin, lorsqu’ils se suivent en voiture de s’appeler pour meubler le trajet. »
    « Nous ne sommes pas des gens normaux Brendon. »
    Rappela t-elle.
    « C’est vrai. L’aéroport est encore loin ? »
    « Non, pas vraiment je dirais une dizaine de kilomètres. Et puis je te rappel que nous devons rendre cette voiture, donc le mieux c’était d’y aller a deux voitures pour ne pas avoir a payé les yeux de la tête pour faire le trajet de retour en taxis. »
    « C’est vrai. J’ai hâte de rentrer. »
    « Pourquoi cela ? »
    Demanda t-elle, surprise. « Je croyais que tu étais content que ta sœur arrives aujourd’hui ? »
    « Oh je suis content … Mais figure toi qu’en transportant mes affaires dans notre chambre … J’ai eut un regard pour le lit qui nous y attends … Et depuis d’autres images me hantent. »
    Voix chaude et caressante, ton de séducteur. Comment résister ?
    « Driesen ne me perturbe pas je conduis. »
    « Qui a parlé de te perturber ? Je ne fais qu’énoncer le programme de la soirée. Et puis on a déjà eut cette conversation sur le perturbage en voiture il me semble »

    « Intéressant, tu sais que j’ai envie de commencer le dîner par le désert ce soir ? » Elle répondit cette fois à l’invitation de son amant à jouer.
    « Vous m’en voyez ravis madame. » Murmura t-il alors qu’il caressait sa silhouette du regard au travers de la vitre arrière de sa voiture, qu’il suivait.
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Océane J. Eono
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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Vide
MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyMer 24 Fév - 5:13


    Depuis plusieurs heures elle se posait la question, elle s'interrogeait, se retournait le cerveau en tout sens sans jamais comprendre la raison de ces éclats de rire. Et ce qui l'agaçait encore plus c'était bien évidemment qu'il ne daigne pas lui confier ce qu'ils s'étaient dit. Elle avait tout envisagé, s'était préparée à toute éventualité, mais certainement pas à ce qu'il parvienne à se mettre Francis si facilement dans la poche. Qu'avait-il bien pu lui dire pour que le vieil homme lui donne l'accolade strictement réservée aux membres de la famille Eono (à savoir Francis et elle, et par extension Billy, quand il était sage.) ? Francis était un homme rustique et bourru, froid la plupart du temps ou pour le moins distant, gardant une certaine réserve envers ceux qui n'était pas de son sang. Il n'avait de contact physique qu'avec ceux de son sang, le reste du temps il se contentait d'une simple poignée de main franche mais rapide, il ne s'attardait en tendresse qu'avec elle et personne d'autre. La seule fois où elle l'avait vu prendre quelqu'un dans ses bras, c'était Billy, après l'annonce de l'accouchement de sa fille. Le vieil infirme en larmes à l'idée d'être grand-père s'était vu offrir une accolade virile par son ami de toujours. C'était rare, voir exceptionnel, alors autant dire que rien n'avait préparé Océane à la scène qu'elle avait surprit entre les deux hommes de sa vie. Lorsqu'elle avait entendu les éclats de rire, elle n'en avait pas cru ses oreilles. Elle avait donc laissé coulé l'eau de la douche afin de ne pas attirer l'attention sur elle, s'était enroulée d'une serviette, et comme étant enfant, elle s'était accroupie sur la dernière marche des escaliers, celle depuis laquelle on pouvait entrevoir le salon et un coin de canapé. Elle avait manqué glissé de cette même marche en surprenant les deux hommes fondus dans une étreinte affectueuse, alors que Francis tambourinait du plat de sa main contre le dos de Brendon. Nan mais c'était quoi ce délire ? Il lui avait dit quoi pour s'attirer la sympathie du vieux alors qu'il devait être furieux de constater que sa petite fille chérie n'était plus chaste. Bon, ok, il devait s'en douter. Mais il y avait une différence énorme entre un simple doute et la confirmation. Alors pourquoi serrait-il le déclencheur de sa désillusion dans les bras ? Elle n'en su rien, car après s'être fait griller en haut des marches, Francis l'avait réexpédié dans sa douche, et que lorsqu'elle était redescendue ils avaient changé de sujet de conversation et parlait des bêtes de la propriété. Par la suite, elle n'avait pas eu l'occasion d'interroger Brendon, trop accaparée qu'elle était par les animaux. Il fallait nourrir les porcins, s'occuper de la traite des vaches etc... Le repas de midi n'avait pas plus offert la possibilité d'un interrogatoire en bonne et due forme, puisqu'elle s'était retrouvée coincée entre Francis et Billy qui blablataient sur la possibilité d'un changement de climat dans les jours à venir avec la nouvelle lune. Alors elle s'était vengée dans la voiture sur la route de l'aéroport alors qu'ils allaient chercher Gretchen. Ou plutôt dans les voitures, puisqu'ils avaient décidé de rendre la voiture de location au plus vite, histoire de ne pas payer pour un véhicule plus qu'inutile maintenant qu'ils avaient ceux de la ferme. Par téléphone interposé, elle avait beau l'accabler de questions, il avait tenu bon et n'avait même pas lâché un indice. Il s'était contenté de lui répéter cette même phrase, comme sortie tout droit de la bouche de Francis : "Une discussion entre hommes." Sauf que cette discussion la concernait directement et qu'elle voulait savoir ! Est-ce qu'il avait parlé mariage ? Ça expliquerait la réaction du grand-père ! Il n'y avait qu'un mariage pour lui faire oublier le fait qu'Océane fautait en dehors des liens sacrés ! Elle lui avait pourtant demandé de ne pas le faire. C'était ça qu'il cherchait à lui cacher ? C'est pour ça qu'il gardait le silence sur cette conversation ? Ce silence la tuait !

    " Allez... dis-moi... "
    Murmura-t-elle contre ses lèvres. Ils étaient dans le grand hall de l'aéroport, sur un banc juste en face de la Porte 3, porte par laquelle Gretchen ne devrait pas tarder à sortir. Cela faisait déjà une bonne demi heure qu'ils étaient là, mais Océane n'avait pas vraiment le temps de s'impatienter. Imbriquée contre lui, une jambe entre les siennes, une main sous son pull dans son dos cherchant à se réchauffer, tandis que l'autre barrait sa taille, picorant ses lèvres comme une gamine de 15 ans profitant de l'absence de ses parents. C'était vraiment l'image qu'ils devaient donner. Absolument pas celle d'un couple adulte sachant se tenir en société, mais plus celle d'ado aux hormones en furies se câlinant sans se soucier du monde qui gravitait autour d'eux. Une voix tonitruante ne cessait d'annoncer les arrivées, les départs, les retards, mais Océane n'y prêtait pas attention. Des hommes, des femmes, des familles valises à la main, passaient et repassaient devant eux, leur jetant des regards amusés, tendres ou outrés, mais Océane n'y prêtait pas attention. Une fois de plus elle était dans sa bulle, n'entendant rien d'autre que leurs respirations, leurs murmures, le bruit de leurs lèvres se rencontrant puis se séparant toutes les demi-secondes. Pas forcément de façon ostentatoire, plus avec tendresse et chasteté, même si, évidemment, ils déviaient de temps en temps, se rattrapant de justesse avant d'oublier totalement perdre la notion du lieu où ils se trouvaient. D'ailleurs, ils dérapaient à nouveau, tandis que Brendon tentait d'échapper à la question en la lui faisant oublier une fois de plus, ses lèvres exerçant une douce pression contre les siennes coupaient une fois encore le souffle d'Océane, qui se retrouva à s'approcher encore plus, inconsciemment, passant sa deuxième jambe par-dessus les siennes, alors qu'il resserrait l'emprise de ses bras autour de sa taille fine. Elle n'entendit pas le claquement des talons se rapprocher, elle était trop assourdie par les battements de son propre coeur qui tambourinait dans sa poitrine, chamboulée par les picotements de sa peau et par cette sensation de brûler sous ses lèvres, de ne vivre qu'au travers de son souffle à lui, de son coeur à lui, de sa vie à lui... Elle venait de soulever le bras qui lui barrait l'abdomen pour porter sa main à ses cheveux, et approfondir le baiser tout en noyant ses doigts dans la jungle de ses mèches presque dorées sous le soleil d'hiver, lorsque la présence talonnée se fit entendre de façon bien plus forte, cette fois.
    " Ne me dites pas que je me suis tapée 3 heures de vol pour assister à ce genre d'échange bucco-dentaire que j'aurais très bien pu avoir à San Francisco sur les chaînes payantes du câble ? " Ronchonna la voix féminine dont Océane détermina immédiatement la provenance. Gretchen. Alors, lentement, avec la mauvaise volonté de ceux qu'on dérange en plein moment important, Océane et Brendon séparèrent à contre coeur leurs lèvres, avant de tourner d'un même mouvement ultra lent, leurs visages vers la source de nuisance. Le regard de la brune s'accrocha d'abord aux bottes hautes en cuir clair. Ses yeux descendirent jusqu'aux talons fins et hauts d'au moins 10 cm, avant de remonter rapidement jusqu'aux jambes finement musclées de celle qui s'amusait à l'appeler "Belle-soeur". Des jambes recouvertes du fin maillage de ce qui devait être un legging noir, et d'un petit short clair. Le regard d'Océane progressa jusqu'à son buste recouvert d'une veste en cuir doublée de fausse fourrure. Ou peut-être était-ce de la vraie ? Océane ne poserait pas la question de peur de déclencher une troisième guerre mondiale entre français et allemands. Lorsque le regard de la brune émergea sur le visage de la soeur de son homme, ses traits marquaient la surprise et l'incrédulité. Les lèvres légèrement entrouvertes, elle se tourna vers Brendon qui accusait le coup, lui aussi. " Quoi ?! " S'exclama, finalement, Gretchen, en lâchant ses deux valises au sol. " Je me suis habillée en trappeur pour vous faire plaisir et ça va encore pas ? "
    " Hum. "
    Océane se racla la gorge en cherchant ses mots. Elle commençait à connaître le caractère de la frisée, et savait qu'il ne valait mieux pas la contrarier. " Tu as une vision très personnelle du trappeur. " Hésita-t-elle. " Ça te va très bien, cela dit ! " S'empressa-t-elle d'ajouter en surprenant l'air courroucé de la rouquine.
    " Mais ça risque de ne pas être très pratique. " Acheva Brendon en volant à son secours.
    " Tu m'avais dit des bottes et un manteau chaud, je t'ai écouté ! " S'indigna-t-elle en fixant Océane.
    " Je t'avais dis de bien préciser que les bottes devaient être en caoutchouc et le manteau une doudoune. " Renchérit Brendon, lui aussi les yeux rivés sur la pauvre campagnarde.
    " Je pensais que ça allait de soi. " Se justifia-t-elle alors que Gretchen, dans un superbe déhanché pas vraiment réfléchit, un poing contre une hanche, attirait les regards des voyageurs mâles.
    " Ma soeur est un peu blonde, tu sais... "
    " Châtain clair, abrutit ! "
    " Gretch', y a 15 centimètres de neige chez moi ! Comment veux-tu... "
    Océane ne termina pas sa phrase, mais son regard s'attarda sur les talons aiguilles de la jeune femme.
    " Ah, ça ? T'inquiètes, je pourrais franchir l'Everest sur des Louboutin ! Par contre, mets-moi à plat, et je suis incapable de marcher droit ! Bon, c'est par où la voiture ? " Elle avait parlé avec une nonchalance perturbante, et d'un geste preste de la main avait fait taire toute éventuelle répartie de la part du camps adverse. Du regard elle chercha le panneau "Exit" et replaça son sac à main de créateur contre son épaule avant de refaire claquer ses talons contre l'imitation marbre du hall. Elle semblait tellement incohérente avec sa tenue digne de la plus grande des fashionista dans cet aéroport empli de bouseux, qu'Océane eut du mal à décrocher du spectacle que sa petite silhouette offrait. Elle ne regagna la planète Terre qu'en entendant le rire discret de Brendon, alors qu'il s'emparait des imposantes valises de sa soeur.
    " Qu'est-ce qui te fait rire de la sorte ? " Demanda-t-elle en tentant de s'emparer d'un sac, qu'il ne lui laissa pas prendre, évidemment. Quel gentleman. Ou vieux jeu, au choix.
    " J'imagine l'arrivée de Gretchen à la ferme ! Je sens qu'on va revivre "Rencontre du troisième type", sauf que je ne sais pas qui aura plus peur de l'autre. Gretchen ou Francis ? "
    " Sans aucun doute, Gretchen ! Quand elle se rendra compte qu'on ne capte le réseau qu'une fois sur cent... "
    Elle observa son ex-fausse-belle soeur s'arrêter devant les portes vitrés, attendant qu'elles s'ouvrent sur son passage malgré l'indication "Pull" signalant qu'elles n'étaient absolument pas automatisées. " Adieu civilisation... " Souffla Océane avec un air de tragédienne. " Combien de temps avant qu'elle ne pète son câble ? "

[...]
    " Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! " Dans le parking sous-terrain, le cri perçant de la jeune femme venait de faire se retourner la moitié des familles présentes. Pourtant, ce même cri qui semblait en inquiéter plus d'un, ne faisait ni chaud ni froid aux deux personnes accompagnant la jeune femme. La foule de curieux attendit quelques secondes, mais voyant que le couple accompagnateur n'avait vraiment pas l'air de s'affoler, ils finirent par retourner à leurs occupations, tandis que la hurleuse compulsive témoignait son impatience en martelant le bitume de la pointe de sa botte.
    " J'ai gagné, Brendon ! " Scandait la femme du couple, brandissant sa main sous le nez de l'homme qui secouait la tête. Négativement.
    " Non ! T'avais dit moins d'une heure, Océane. " Lui répondait-il, sans un regard pour l'excitée crieuse.
    " Et ça fait pas moins d'une heure, là, peut être ? "
    " Ça fait 8 minutes, très exactement ! "
    " Et... ? "
    " Techniquement tu aurais du dire moins d'un quart d'heure, parce qu'une heure, à mon sens, c'est tout de même compris entre 45 et 60 minutes. "
    " Une heure c'est compris entre 1 seconde et 60 minutes ! "
    S'impatienta la femme en gesticulant ses doigts sous le nez de l'homme. " Donne. "
    " Et puis, c'est pas vraiment un pétage de câble, là. "
    Se justifia-t-il, gardant toujours ses mains dans son dos.
    " Ha oui ? Et tu appelles ça comment toi ? " Tout deux tournèrent la tête vers l'hystérique qui, les bras croisés contre sa poitrine, n'attendait que cette attention de leur part pour exploser.
    " Hors de question que je monte dans ce tas de ferrailles ! Vous appelez ça une "voiture" ? Je ne suis même pas sûre qu'il y ait un moteur digne de ce nom ! Et puis pourquoi y a des chaînes sur les pneus ? C'est pour éviter qu'ils éclatent ? Je ne monterais pas dans une poubelle sans pneus solides ! Y a des airbag au moins ? Biensûr que non, évidemment ! Où avais-je la tête ? Oh mon dieu ! Regardez-moi ce tableau de bord ! C'est quoi ce chiffre ? Non, ne me dites pas que c'est les kilomètres parcouru par ce truc ? Nom d'un chien ! Y a même pas de ceinture à l'arrière ! Ah au temps pour moi, y en a pas à l'avant non plus ! Non, mais c'est quoi cette méchante blague ? Vous avez décidé de me tuer, c'est ça ? Même pas besoin de simuler un accident avec cette épave, je peux vous faire un infarctus ici même, sur ce parking ! Comme ça, ça règle le problème ! Parce que, autant vous le rentrez dans le crâne immédiatement, je ne foutrais pas un escarpin dans ce truc roulant ! "
    " Ok, tu gagnes. "
    Trancha Brendon qui n'écoutait déjà plus le monologue délirant de sa sœur. Océane récupéra les clefs de voiture -enjeu de ce petit pari-, et lui vola un baiser tout en affichant un sourire radieux.
    " Je gagne toujours, tu le sais pourtant. " Elle ouvrit la porte côté conducteur, qui émit un léger grincement, provoquant une nouvelle volée d'exclamations de la part de Gretchen. " Monte, Gretch. Et boucle-la, tu me donnes mal au crâne. "

[...]
    Océane ne le quittait pas des yeux. Son regard suivait à la trace sa marche élégante malgré la neige, malgré ses bottes, malgré les épais vêtements qui auraient dû l'alourdir. Elle détaillait ses mouvements, sa silhouette, redessinait du regard les contours de son corps, les mouvements du vent dans ses cheveux. Elle imaginait les flocons glacés qui lui caressaient le visage avant de se transformer en fines gouttelettes au contact de sa peau chaude. Cette même peau chaude qu'elle avait eu tout le loisir de caresser et contempler, d'humer et de goûter, durant la nuit précédente. Les images des souvenirs vinrent alors se superposer à celle du présent. Elle ressentait des émotions violentes qui n'avaient pas lieu d'être alors qu'elle l'observait s'engouffrer dans la petite boutique de Mrs Jackson. Alors, sa silhouette se confondit avec l'ombre du "Stop & Shop", et Océane se tortilla sur son siège pour espérer le distinguer encore un peu. Comme une junkie elle avait besoin de voir sa dose, s'assurer qu'elle était toujours là, à défaut de quoi elle aurait ressentit cette sensation de manque qu'elle n'avait que trop connu. La lèvre inférieure entre les dents, son visage et son regard oscillaient en fonction des mouvements de la silhouette qu'elle percevait par intermittence à l'intérieur de l'échoppe ancestrale.
    " Seigneur ! " La voix perçante brisa le silence, faisant sursauter Océane au passage. " Ça devient ridicule ! Il est juste parti acheter du tabac et le journal pour ton grand-père, il ne va pas disparaître ! " Renchérit la châtain clair. " Il ne part pas au Front, que je sâche ! " Elle venait d'abattre ses deux mains sur la banquette arrière, comme las de tout ceci. Son geste provoqua l'envol d'un tapis de poils que Fox avait laissé. La jeune femme toussota en balayant l'air de ses mains, dans l'espoir vain de le rendre plus respirable, tandis qu'Océane esquissait un léger sourire devant cette scène.
    " Tu ne sais pas de quoi est capable Mrs Jackson. Parfois le Front peut sembler bien plus tendre que cette femme. " Esquiva-t-elle en reportant son attention sur la porte entrouverte de la boutique, le regard brillant. Le silence se réinstalla dans la cabine de la camionnette, alors que Gretchen ne quittait pas la brune des yeux, qui elle-même ne quittait pas son homme des yeux.
    " C'est pas possible !! Vous vous êtes envoyés en l'air ! " S'exclama soudainement Gretchen brisant le silence. Océane cessa toute contemplation de Brendon, et tenta, tant bien que mal, de dissimuler sa gêne derrière un rideau de cheveux brun.
    " Mais... heu... Ca va pas de crier comme ça ? " Bégaya-t-elle en se remettant à sa place et en s'occupant à brancher les essuie-glaces, histoire de se donner une contenance. " Et puis, qu'est-ce qui te fait dire ça ? "
    " J'en étais sûre ! "
    Triompha l'autre en appuyant un coude sur chaque appui-tête pour passer son buste entre les deux sièges avant. " T'as vu ta tête ? On dirait que tu viens d'avoir l'apparition de Madonna, sainte patronne des orgasmes ! "
    " Gretchen !! "
    " Mais quoi ? Je ne fais qu'énoncer une vérité ! Vous avez fait ça quand ? A l'hôtel, durant le road trip ? Non, c'est beaucoup plus récent vu ta tête d'illuminée ! Je dirais cette nuit ou peut être même ce matin. Comment vous avez fait ? Vous avez déjoué la surveillance de Papy ? Vous êtes des James Bond du sexe ? "
    " Gretchen !! "
    S'indigna une fois de plus Océane, en tapant de ses mains contre le volant.
    " Mais quoi ? J'ai le droit de savoir après tout ce que vous m'avez fait subir tout les deux ! " Une moue de petite fille se dessina, alors, sur les traits de la blonde, l'innocence incarnée.
    " Ok, tu veux savoir ? " Océane s'était retournée vers elle, et la fixait avec détermination. " C'était il y a une heure à peine, sur cette même banquette où ton postérieur est posé. " S'exclama-t-elle avec assurance. Aussitôt, Gretchen se redressa, tentant de s'éloigner le plus possible de la banquette arrière.
    " Tu te fous de moi, pas vrai ? " Demanda-t-elle en s'accrochant aux appui-tête pour rester un tant soit peu en l'air, sans quitter des yeux la banquette obscène.
    " Ça, tu ne le sauras jamais... " Mystérieuse, elle se réinstalla convenablement, scrutant les faits et gestes de sa presque belle-soeur dans le rétro. " Qui est-ce qui rigole, maintenant ? "
    " Très drôle, Océane ! Vraiment très drôle ! "
    S'exclama cette dernière avec irritation, tout en s'emparant de l'écharpe que son frère avait oublié dans la voiture pour se la caler entre ses fesses et l'odieuse banquette. " Et pour les parents ? T'as du nouveau ? "
    " Shhhhhhhh ! Il pourrait t'entendre ! "
    " Il est à 15 mètres, Océane ! Vous avez peut être un don pour vous ressentir et blablabla bla, mais faut pas pousser ! C'est pas Clark Kent non plus. "
    " S'il apprend ce que j'ai fait, il me tue ! "
    " Oh non ! Il me tuera moi, et s'empressera de te pardonner à toi. "
    " Je n'en suis pas si sûre. Ses parents c'est un sujet délicat, même pour moi. Et non, je n'ai pas de nouvelles, j'espérais que tu en aurais, toi. "
    " Tu plaisantes ? La reine mère ne m'adresse plus la parole depuis qu'elle sait que je passe Noël chez toi. "
    " C'est pas gagné... "
    Se lamenta Océane en se retournant vers Gretchen.
    " Non, c'est pas gagné, mais on le savait d'avance. Et puis, qui ne tente rien n'a rien. Tu as fait ce qu'il fallait faire. Tu n'as absolument rien à te reprocher. "
    " A part le fait d'avoir totalement ignoré les volontés de Brendon et d'être passée outre de sa décision. "
    Une fois de plus, elle s'en voulait. Non qu'elle regrettait ce qu'elle avait fait, juste elle appréhendait la réaction de Brendon lorsqu'il l'apprendrait. Car il finirait par l'apprendre, rien ne reste jamais secret très longtemps.
    " Tu as agit au mieux pour tout le monde, sauf peut être pour toi. C'est tout à ton honneur ! Et puis... "
    " Shhhhhhhhhhh ! Le voilà ! "
    Immédiatement, les deux filles se turent et imprimèrent sur leurs visages des sourires feints. Surtout celui d'Océane qui avait bien du mal à jouer la comédie. Mais bon, si Brendon venait à se douter de quoique ce soit, elle pourrait toujours prétendre que c'était de la faute de la curiosité mal placée de sa soeur. Ça passerait.

[...]
    La neige crissait sous chacun de ses pas qui s'enfonçait toujours plus profondément, laissant une trace bien visible du chemin parcouru. A ses côtés, Fox sautait, jetait ses crocs dans l'épaisse mousse blanche, s'étonnant à chaque fois de ne rien mordre de solide, remuait la queue en fouettant l'air glacial. L'homme pressa un peu plus le pas, en resserrant la vieille boîte pleine de poussière contre lui. Étrangement, il ne traînait pas la jambe. Cela faisait des années que cela se déroulait ainsi, comme si sa petite fille lui offrait une seconde jeunesse, toutes courbatures ou rhumatismes le quittaient quand elle était dans les parages. Le chien sauta, brusquement, un peu plus haut que les fois précédentes pour attraper un flocon. L'homme, plus alerte que d'habitude, l'évita de justesse, lui et la chute qu'il n'aurait pas manqué de faire. Son pas lourd résonna sur le bois des marches maculées de poudreuse qui menait au bâtiment principal du corps de ferme. Aussitôt, la moustiquaire grinça sur ses gonds, laissant apparaître un Billy lui tenant la porte. Le vieil homme s'engouffra à l'intérieur de la maison, et la chaleur qui y règnait lui réchauffa le sang en une fraction de seconde.
    " T'as trouvé ? " Lui demanda Billy en roulant jusqu'à la table sur laquelle son ami venait de déposer la boîte.
    " Oui. J'me souvenais bien l'avoir laissé dans la grange. " L'homme caressa de la main la boîte en carton, avant d'en souffler la poussière.
    " T'aurais pu laisser la môme s'en charger ! C'est plus d'ton âge d'grimper à l'échelle ! "
    " Oh, arrête ! J'n'suis pas si ramollo que ça ! "
    Répliqua-t-il en ouvrant la boîte de décorations avant d'en sortir une suspension. Un cheval en bois peint à la main, oeuvre d'Océane lorsqu'elle n'avait que 5 ans. Surprenant son regard nostalgique, Billy posa une main compatissante sur l'épaule de son vieil ami.
    " Ça pousse à une vitesse folle, pas vrai ? " Francis acquiesça de la tête avant de reposer la décoration dans la boîte. " Hier elle te f'sait d'jolies décorations, et aujourd'hui elle t'réclame un lit double ! Si c'est pas triste ! " Ajouta-t-il avant de se manger une bourrade dans l'épaule.
    " C'n'est plus une p'tite fille ! Faut qu'j'm'y fasse... "
    " T'as fait du bon boulot avec la gamine et puis l'gamin a l'air sérieusement mordu ! T'sais qui il m'rappelle ? "
    " Dis voir ? "
    Francis s'était levé pour aller leur servir deux tasses de café amère.
    " Toi ! Tu t'souviens comme t'étais avec Joe ? Tu n'pensais qu'à elle, tu t'levais le matin pour elle, tu respirais pour elle, tu mangeais pour elle, et tu n'avais qu'une idée en tête : l'épouser ! Dès qu'tu l'as vu c'est d'venu ton obsession ! Il semblerait qu'la gamine ait hérité du charme magnétique d'sa grand-mère. "
    " Les époques changent, les moeurs avec... "
    Énonça lentement Francis en apportant une tasse à son ami. Il n'aimait pas parler de Josephine. Son souvenir était trop vivace, son manque trop douloureux. Si Francis avait tenu jusqu'à présent, renonçant à l'idée de s'en aller la rejoindre, c'était uniquement pour Océane, et pour cette partie de Joe qu'il voyait en elle. " Maintenant on n'se marie plus avant d'passer aux choses sérieuses. C'est une évidence... "
    " Et puis, c'était certainement pas l'premier. "
    Renchérit Billy, s'engouffrant dans la brèche, tout en soufflant sur sa tasse.
    " Hey ! Tu parles d'Océane, là ! Pousse pas l'bouchon ! " S'il acceptait le fait que son lutin soit devenue une femme, et qu'elle forme un véritable couple avec ce garçon qui lui semblait honnête et respectueux, il n'était pas encore prêt à accepter qu'Océane ait eu une vie sexuelle active avant lui. Ça non ! Et comme pour sauver Billy du courroux de Francis, un brouhaha en provenance de l'extérieur se fit entendre. Les deux hommes reportèrent leur attention sur la fenêtre en tentant d'identifier cette nuisance sonore. On aurait dit des hurlements assourdit par un autre bruit plus familier, celui-là. Ce n'est qu'en voyant Fox partir comme une flèche que Francis comprit que le bruit familier était celui du moteur de sa camionnette. Quand aux hurlements... Pourvu qu'il ne soit rien arrivé à Océane !! Francis se releva d'un bond, et comme s'il n'avait guère plus de 35 ans, se rua à toutes jambes jusque sur le perron, à l'instant même où la camionnette émergeait dans la neige. Sans ses lunettes il était bien incapable de distinguer qui se trouvait au volant, où même ce qu'il se passait à l'intérieur de la vieille carlingue. Toutefois, lorsque la portière conducteur s'ouvrit en laissant échapper un Fox accompagné d'une voix sévère et forte, il reconnu celle de son lutin, et derrière, les hurlements qu'il avait entendu...

    " C'est insupportable !! "
    Beuglait Océane en couvrant presque les hurlements. " Et tu appelles ça de la musique ? " De la musique ? Ces hurlements étaient donc une musique.
    " C'est les Ugly Garbage !! C'est hyper tendance dans le milieu underground ! " Hurla une autre voix féminine que Francis ne connaissait pas.
    " Driesen ! Coupe ça et fais-la taire sinon je te jure que je la ligote et je la jète dans le lac ! " Son lutin apparue de derrière la voiture, les deux mains plaquées contre ses oreilles, une grimace de douleur déformant ses traits.
    " Si tu touches à cet auto-radio, frangin, je te jure que je fais de ta vie un enfer ! " Hurla la deuxième voix. Et soudain, la pseudo "musique" se tue. " Tu as osé ?! " S'exclama d'étonnement cette même voix féminine.
    " Désolé, mais entre Océane et toi... Disons que ton enfer à toi est surement plus doux que celui que me réserverait Océane. " Se moqua la voix de London. Zut ! Brendon ! Il allait falloir qu'il s'y fasse. " Et puis on est arrivé ! "
    " Vous ne comprenez rien à l'Art ! "
    S'indigna la voix féminine en s'extirpant de la banquette arrière. Francis ne distinguait qu'une silhouette sombre se détachant dans la neige blanche, mais il discerna sans mal une crinière flamboyante qu'elle fit onduler en s'ébrouant comme un félin.
    " Depuis quand le cri d'un cochon qu'on égorge est considéré comme de l'art ? " Explosa Océane en s'emparant d'une valise.
    " Qui c'est'y qu'a énervé l'lutin ? " S'enquit Billy qui venait de rouler jusqu'au perron. Francis, en guise de réponse, se contenta de hausser les épaules. Il n'avait pas tout comprit, lui non plus. Et tout deux reportèrent leur attention sur le trio qui s'approchait, Brendon et Océane en tête, se battant gentiment pour la valise que portait Océane, et la nouvelle venue derrière, à la traîne, tanguant dans la neige comme si elle ne parvenait à se stabiliser dans la poudreuse. Ce ne fut qu'une fois qu'elle fut assez proche d'eux, que Francis compris les raisons de cette lenteur. C'était quoi cette tenue ? Elle avait oublié de mettre un pantalon en sortant ? Le vieil homme du prendre sur lui pour ne pas éclater de rire en la voyant au plus mal dans la neige. Surtout qu'elle semblait déterminée à ne pas demander d'aide, et affrontait le ridicule en gardant la tête haute. Billy, pour sa part, soulevait un sourcil, intrigué par ce drôle d'être et son accoutrement ridicule. Jamais encore il n'avait vu pareille tenue sur une jeune femme de cet âge. D'ailleurs avait-il déjà vu pareille tenue sur n'importe quelle femme ? Francis dû lui flanquer un coup de coude afin qu'il cesse de fixer la gamine de cette manière, puis tandis sa main à la nouvelle venue qui écrasait ses talons hauts sur le bois du porche.

    " Bienvenue à Kalispell, Gamine. " Annonça-t-il en souriant. A l'appellation "gamine", Gretchen tourna un regard interrogateur vers son frère, qui, d'un signe de main, lui fit comprendre que c'était normal par ici. " J'suis Francis Eono, le grand-père d'Océane, et voici Billy Lee l'parasite de service ! "
    " C'est moi ! "
    Annonça, tout sourire, Billy, en se désignant de ses deux pouces.
    " Fais comme chez toi, ici ! " Poursuivit le vieil homme en entrainant la jeune femme vers l'intérieur de la masure où un énorme feu de cheminée crépitait dans l'âtre. " Mais il y a quelques règles à respecter, toutefois. "
    " Grand-père ! "
    S'indigna Océane en déposant la valise qu'elle portait au pied des escaliers, avant d'ôter la neige qui recouvrait son blouson. " Elle vient à peine de débarquer, laisse-la souffler un peu. " Francis fit taire sa petite fille d'un geste de main, avant d'entrainer Gretchen vers le canapé qui faisait face à l'imposante cheminée.
    " Viens par là, tu dois mourir de froid ! " Il la poussa sur le moelleux sofa, où la jeune femme se laissa tomber en rebondissant légèrement. Elle ne soufflait mot, et à dire vrai ne semblait pas en mener large. Le double effet Francis. Elle se contentait de suivre le vieil homme des yeux sans rien dire. Homme qui s'éloigna afin d'attiser un peu la flamme de la pointe du tisonnier. " Règle n°1, je n'veux pas de c'tte musique de sauvages chez moi ! Ici on joue du piano, on gratte la guitare, mais on n'hurle pas comme un condamné à mort ! "
    " Ça f'rait peur aux bêtes ! "
    Renchérit Billy en servant des tasses fumantes pour les nouveaux occupants.
    " Règle n°2, tout l'monde met la main à la pâte ici. Alors j'espère que t'as des vêtements plus... "
    " Chauds. " Coupa Océane.
    " Oui, plus chaud, sinon tu risques... "
    " D'faire peur aux bêtes ! "
    Acheva Billy, toujours aussi pince sans rire, mais provoquant l'hilarité d'Océane. Pauvre Gretchen ! Elle venait de débarquer dans l'antichambre de l'Enfer, à des années lumières de sa vie à New-York. Mais Océane ne s'inquiétait pas vraiment pour elle, la jeune héritière avait une capacité d'adaptation assez incroyable. Dans deux jours elle serait une pro de la traite... Ou pas.

[...]
    Lovée contre son corps, Océane soupirait d'aise. Il avait remonter une couverture de laine sur leurs deux corps enchevêtrés finissant de les réchauffer en plus du feu crépitant dans l'âtre. Elle avait sa tête logée juste sous son menton, et sentait ses doigts aller et venir sur sa peau, soulevant sa chemise sous la couverture, à l'abri des regards indiscrets ou inquisiteurs. Ils étaient allongés sur le canapé, avec à leurs pieds, une Gretchen qui tirait un peu de couverture à elle, pendant que Francis, dans son fauteuil, attisant le feu d'une main pendant que de l'autre s'agitait pour ponctuer son histoire. Ils avaient passé l'après-midi à décorer le sapin qu'il avait été couper dans la forêt environnante, et comme la tradition le voulait, maintenant Francis racontait une histoire autour d'un chocolat bien chaud. Chaque année il s'agissait d'une histoire différente, mais rien à voir avec un conte de fée ou un conte de Noël, c'était toujours une des vieilles légendes soit des Blackfeet, soit de France. Pourtant, aujourd'hui l'histoire n'avait rien à voir avec celles d'autrefois. Francis avait décidé de conter une histoire très différente, une histoire qui s'ancrait terriblement dans la réalité, une histoire qu'il contait juste pour Brendon, pour lui apprendre ce qu'il se doutait qu'elle lui avait tut...
    " Elle avait 16 ans quand je l'ai croisé. Splendide, majestueuse, une grâce enfantine dont elle ignorait jusqu'à l'existence. J'me souviens d'ce jour comme si c'était hier... " Il ferma les yeux, levant un peu le menton, comme s'il visualisait un film qui ne jouait que pour lui. Océane afficha un sourire tendre, et s'accrocha un peu plus à son amant glissant une main dans son cou qu'elle cajola du bout des doigts. " Elle venait d'arriver avec ses parents, tout Kalispell en parlait, vous pensez, une nouvelle v'nue, ça ne s'était pas vu d'puis 1875, au moins. Mais j'ne l'avais pas encore vu, j'n'avais fait qu'entendre des rumeurs sur eux. Et puis un jour, elle était là. J'étais descendu au village pour vendre quelqu' fromages qu'mon père avait fait, et elle était là, sur les marches qui m'nait à la maison... Elle lisait, et ses boucles presque rousses sous les rayons d'soleil, caressaient les traits fins d'l'ovale de son visage. Et puis elle a relevé les yeux vers moi, et ses deux billes émeraudes ont fini d'm'envouter totalement. Elle était si juvénile et si femme en même temps. C'était un paradoxe à elle seule. Elle semblait fragile et timide prête à se faire manger toute crue par l'premier venu, et pourtant c'était loin d'être le cas. "
    " Il a ramé comme jamais ! "
    Le coupa Billy.
    " C'est mon histoire ou la tienne ? " Demanda Francis en lui lançant un regard noir.
    " Bah, j'étais là, hein ! Et j'suis bien placé pour dire qu'tu t'es lamenté pendant presque un an complet ! Imaginez ! Le tombeur d'ses dames qui n'parvenait à rien avec la p'tite nouvelle ! Il lui a collé aux basques comme un toutou docile jusqu'à c'qu'elle accepte de l'accompagner au bal de l'hiver. Il était tellement nerveux qu'j'ai bien cru qu'il allait m'vomir dessus, et puis... "
    " Bon, c'est bon, j'crois qu'ils ont compris, là ! "
    Trancha Francis, en balayant les délires de son ami d'un mouvement de main. " Anyway, un mois plus tard on s'fiançait. Dans c'temps-là, on f'sait ça rapidement, on s'mariait jeune, on fondait une famille vite, mais avec Josephine, rien n'était normal. Elle avait décidé d'attendre, d'prendre son temps et d'pas s'précipiter, à croire qu'elle avait d'jà un pied dans votre époque à vous. Elle avait 17 ans lors d'nos fiançailles, et elle a accepté d'm'épouser que deux ans plus tard. Deux ans !! Deux longues années d'attente à m'demander si j'étais pas assez bien pour elle, si j'avais un truc qui clochait pour qu'elle repousse et s'trouve tout un tas d'excuses ! Surtout qu'c'était pas la même époque, alors hors de question d'faire chambre commune ! J'n'avais même pas l'droit d'la visiter une fois la nuit tombée ! Alors autant dire... "
    " Qu'il avait l'engin en feu ! "
    Coupa Billy.
    " Pas du tout ! J'étais juste impatient... Si bien qu'un mois après l'mariage elle était enceinte. "
    " Il était juste impatient ! " Se moqua Billy, provoquant les rires discrets de l'auditoire.

    " Ben aura été not' seul enfant. "
    Poursuivit Francis, sans se préoccuper de l'insolence de Billy. " Il avait l'charme de sa mère. "
    " Et l'bagou de son père ! "
    " Il charmait tout s'qui portait une jupe. Il suffisait qu'il ouvre la bouche pour qu'elles s'dandine d'vant lui. Il était jeune et pas très sérieux, alors quand il est rentré d'France en nous jurant qu'il était amoureux, on n'y a pas vraiment cru. Il avait 18 ans, il rev'nait d'un "pél'rinage sur les terres d'ses ancêtres" comme il disait, et il n'avait plus que "Mélanie" à la bouche. Soit disant qu'c'était la femme d'sa vie ! Tu parles, une amourette de gamin, qu'j'disais ! Mais Joe, elle, elle avait compris. Elle a toujours été plus fine que moi pour c'genre de choses. Elle avait vu dans l'regard du p'tit qu'c'était du sérieux. Et quand la gamine a déboulé l'été suivant, j'ai compris qu'elle repartirait pas d'si tôt. Une belle brune avec le visage constellé d'tâches de rousseur. Elle n'parlait pas un mot d'anglais, mais en deux mois, elle avait appris les rudiments d'la langue. C'était une gamine très intelligente et très vive. Océane tient ça d'sa mère, parce que le Ben, c'était pas vraiment une flèche. "
    Francis laissa un léger rire s'échapper d'entre ses lèvres, et jeta un bref regard à sa petite fille qui, les yeux clos, semblait très calme. Il aurait imaginé qu'elle s'agiterait et fuirait les souvenirs. Si elle n'aimait pas en parler, elle n'aimait pas qu'on en parle non plus. Pourtant elle était très calme, son petit corps presque invisible sous l'épaisse laine du plaid et les bras de Brendon. Elle semblait si petite, si fine, si fragile, comme l'enfant qu'elle avait été. Est-ce qu'elle dormait ? " Oh, il n'était pas idiot ! " Reprit Francis en se rendant compte des regards impatients posés sur lui. " Il était juste un peu dans l'intuition qu'dans l'apprentissage. Il avait jamais prit un cours d'piano d'sa vie, et pourtant, à 10 ans il jouait du Bach. Ils formaient un drôle d'couple, toujours à s'chamailler, à s'enguirlander, à claquer les portes, à casser la vaisselle en hurlant. L'Benjamin avait tendance à trop attirer l'attention féminine sans l'vouloir, et la gamine n'appréciait pas. Et ça s'est pas calmé après l'mariage, ça non ! Ils continuaient à s'bouffer l'nez, à la différence que les réconciliations étaient un p'tit peu plus bruyantes. " Il ricana à ce souvenir, puis reprit. " Ben voulait un bébé tout de suite, mais Mélanie voulait attendre. A croire qu'les femmes d'cette famille passent leur temps à nous faire poireauter... T'as intérêt à t'accrocher, Bonhomme ! " Annonça-t-il en offrant un sourire complice à Brendon.
    " J't'entends, Francis. " Scanda la voix éteinte d'Océane qui, les yeux toujours clos, se fondit un peu plus dans l'étreinte de son homme. "On a tout le temps... "
    " Qu'est-c'que j'disais ! "
    Dans un geste large il désigna sa petite fille. " C'est dans leur sang, elles sont chiantes ! "
    " Je t'entends toujours. "
    Bailla-t-elle.
    " Ils se sont mariés à 20 ans, et Mélanie avait 23 ans quand l'autre chieuse a décidé d'débouler avec deux mois d'avance. Elle ressemblait à une crevette, toute p'tite, toute chétive, si fragile. Elle l'est toujours, mais elle a compensé avec son caractère. Elle a tout d'suite été entouré d'un amour exceptionnel, et la maison s'est mise à grouiller de vie et de bonne humeur, et puis... " Sa voix s'était faite plus faible, plus hésitante, laissant trainer les mots, tout en se demandant s'il devait aller jusqu'à la fin de son récit. Il hasarda un regard vers Océane, comme pour se procurer sa permission. Sauf qu'elle ne bougeait plus. Elle semblait respirer lentement, paisiblement. " Elle s'est endormie ? " Demanda-t-il en coupant court au récit. Sans attendre la réponse de Brendon, il jeta un coup d'oeil à l'antique horloge. " Oh, je n'avais pas vu l'heure ! " S'exclama-t-il en s'extirpant avec difficulté de son large fauteuil. D'un mouvement de main, il salua l'assemblée, avant de se diriger d'un pas trainant jusqu'à l'escalier. Il n'était pas tard, à peine 22h, mais même s'il avait prit l'habitude de se coucher tôt, aujourd'hui il s'agissait plus d'un échappatoire que d'un réel coup de fatigue. Billy attendit que les pas du vieil homme s'éloigne au premier étage avant de prendre la parole.
    " Et beh, j'ai bien cru qu'on aurait droit à la fin d'l'histoire c'te fois ! Mais rien à faire, il s'arrête toujours au même moment, même 20 ans après. " Annonça-t-il avec bonne humeur, comme toujours. " En tous cas, tu peux être fier d'toi, l'gamin, c'est bien la première fois qu'j'vois la môme s'endormir pendant c'moment. D'habitude elle s'tend comme un câble, alors delà à pioncer ! Chapeau ! "
    " Hey ! Mais on avait dit qu'on allait prendre un verre ce soir ! "
    Gretchen venait de se redresser, émergeant de sous la couverture en s'étirant. " Réveille-la ! " Ordonna-t-elle à son frère.
    " T'es sérieuse, là ? " Demanda-t-il incrédule.
    " Ça faisait partie du deal, je participais à toutes les activités sans broncher, et elle me sortait ce soir. " Répliqua-t-elle en se relevant totalement pour s'étirer comme un félin.
    " Avoue que tu t'es bien amusée ! "
    " C'est pas le problème, j'ai besoin d'une bière et d'une cigarette ! Allez, embrasse-la. "
    Elle n'avait pas fini sa phrase qu'il était déjà entrain de s'exécuter, pas vraiment pour obéir à sa soeur, mais plus parce qu'il en avait envie. Au bout du troisième, l'endormie commença à répondre, tendant ses lèvres pour réceptionner les siennes, d'abord doucement presque pas synchro, puis de mieux en mieux, en glissant une main contre son cou, souriant dans ses baisers.
    " On va se coucher, mon amour ? " S'enquit-il doucement.
    " Traître ! " S'exclama la voix de Gretchen quelque part, derrière elle.
    " Non, pas tout de suite. Un câlin et après je serais de nouveau d'attaque. " Quémanda-t-elle en tendant son bras libre, réclamant, par les gestes, le câlin dont elle parlait. La vraie chieuse que son grand-père avait si aimablement décrite.

[...]
    Le seul Pub de Kalispell se trouvait en plein centre ville, et dans la neige et la pénombre, il était le seul point lumineux à plusieurs kilomètres à la ronde. Élégamment baptisé "Flag & Lamb", il était le point de rendez-vous de tous les jeunes du coin. Et par "jeunes" entendez les moins de 45 ans. Les voitures s'accumulaient sur le parking improvisé, preuve que tous les noctambules de la ville s'y étaient réunis. Dès l'extérieur on pouvait entendre les éclats de voix, les bruits de verres s'entrechoquant et la musique d'ambiance suffisamment forte. Gretchen avait souhaité sortir et se divertir, elle allait être servie ! Assurément, ce bar n'avait rien de comparable avec tout ce que l'héritière avait connu jusqu'ici, et Océane se félicitait d'être parvenue à lui faire enfiler une tenue décente, à savoir une paire de jean et des bottes de neige. Pour le décolleté et le blouson doublé fourrure, elle n'avait malheureusement rien pu faire. Au moins, la blonde ne mettait pas trois heures pour couvrir les 100 mètres qui les séparaient de l'entrée du Pub. Avant même de pousser la double porte battante, Océane avait déjà une cigarette aux lèvres, et tirait dessus comme une démente. Si Francis connaissait son penchant pour la nicotine, elle évitait toujours soigneusement de s'adonner à son vice devant lui. Alors après une journée quasi complète passée avec lui, le manque se faisait imposant. Et elle n'était pas la seule. Gretchen tirait sur la sienne, et Brendon était entrain de s'en allumer une. Océane, un sourire aux lèvres, poussa la porte du bâtiment, et immédiatement des effluves d'alcool et de tabac s'insinuèrent jusqu'à eux.
    " Bienvenue dans l'antichambre de l'enfer ! " Murmura-t-elle à ses deux acolytes, avant de saluer le patron du bar d'un signe de main.
    Mais qui vois-je don' ? Damoiselle Eono descendant de son château et venant se confondre avec le bas peuple ? " S'exclama ce dernier sans cesser d'essuyer le verre qu'il avait en main. Tu viens en amie ou en ennemie ? "
    " En amie, voyons ! "
    Répondit-elle avec un large sourire.
    " Tu casses rien c'te fois ? "
    " Promis ! "
    " Et tu frappes personne ? "
    " Juré ! "
    " Bien ! Qu'est-c'que j'te sers ? "
    " 3 pintes ! "
    L'homme typé amérindien, détailla les deux personnes derrière Océane, et sembla hésiter.
    " J'peux voir les cartes d'identité ? " Demanda-t-il en reposant le verre propre sur le bar, avant de repousser sa longue queue de cheval brune dans son dos.
    " Qu'est-ce qui te prend, Jack ? Dois-je te rappeler qu'on picolait en douce derrière le bar quand on avait même pas 15 ans, et qu'c'était toi qui fournissais l'alcool ? " Le sourire d'Océane se propagea sur les traits de son ami.
    " Ha ça ! On était toujours partant pour les conneries ! Bon arrange-toi pour pas m'faire perdre ma licence ! " C'était sa manière de dire qu'il n'était pas dupe, qu'il se doutait bien que la petite blonde n'avait pas l'âge requis, mais qu'il fermerait les yeux parce que c'était Océane, et qu'on ne refuse jamais rien à Océane, même si lors de sa dernière visite, elle avait manqué déclencher une bagarre. Il s'empara de trois pintes qu'il s'employa à remplir à la pression, avant de les faire claquer une par une sur le bois du bar, répandant un peu de mousse au passage. La brune les récupéra au fur et à mesure pour les passer à ses deux comparses, puis après s'être emparée de la sienne, s'éloigna du bar en guidant les autres. Ils avaient dans l'intention de faire un billard, et les tables se situant plus au fond, il fallait passer devant tous les habitués sirotant tranquillement leur quota d'alcool de la journée. Océane en salua quelques uns, essentiellement des amis de la famille, des gens qui l'avaient vu grandir, et d'autres qui connaissaient les Eono depuis plusieurs générations. Que des vieux, puisque les jeunes se regroupaient autour du billard. Ses "gars" devaient certainement s'y trouver, même si, à présent, ils étaient les "gars" d'autres puisque la plupart étaient mariés, fiancés, parfois même papa. Les rares filles de sa génération n'avaient jamais réellement mit les pieds dans un bar, pas même au "Flag & Lamb", ça faisait mauvais genre, et les quelques unes qui l'avaient fait, ne le faisait plus, se contentant de rester au foyer pour changer les couches d'un marmot, ou faire le ménage avant que Monsieur ne rentre de sa virée entre potes. Malgré tout, son ancienne bande se réjouissait toujours de retrouver leur "pote avec des seins", même malgré cet été et son comportement "zombiesque" comme disait Henry, un de ses potes. Alors elle s'attendait à être accueillit de façon disproportionnée, surtout lorsqu'ils auraient compris de qui elle était accompagnée. Malheureusement, alors qu'ils progressaient vers les tables, ce ne fut pas Henry qu'elle vit en premier, mais un autre membre de la bande qui, un verre vide à la main, une queue dans l'autre, s'apprêtait à les croiser en se rendant au bar.
    " Tiens donc ! Lilipuce ! Tu viens réclamer un nouveau cours particulier ? " Demanda-t-il en s'arrêtant à leur niveau, tout en agitant la queue de billard sous le nez d'Océane. Cette dernière grimaça, et repoussa l'objet d'un geste vif. " C'est quoi l'enjeu du pari, cette fois ? " Océane le fusilla du regard alors qu'il affichait un sourire narquois.
    " La ferme, Goodridge ! " Se contenta-t-elle de répondre, avant d'attraper Brendon par le col de son manteau pour le trainer derrière elle alors qu'elle dépassait l'importun. Elle le sentait tendu et préférait éviter qu'il ne s'attarde sur le crétin déjà bien alcoolisé. D'ailleurs, il s'éloignait lui aussi, en direction du bar, poursuivant de son petit ricanement stressant. Si c'était pas la preuve qu'il en tenait une couche, ça !
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Brendon K. Driesen
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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Vide
MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyDim 28 Fév - 23:11

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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Nicolemissing_ec1 Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Nicolemissing_ec5

Hot as a fever, rattling bones
I could just taste it, taste it
It's forever, it's not just tonight

.


    Brendon avait toujours été un enfant calme et renfermé, presque un adulte avant même d’avoir été un adolescent. Il n’avait pas eut une enfance normale, un esprit brillant, incompris car enfermé dans un corps d’enfant, on ne l’écoutait donc pas. Il avait grandit trop lentement à son goût et avait très vite comprit qu’il devrait brider son esprit pour ne pas être rejeté par les autres, ce après avoir été abandonné par ses propres parents. Il avait un adolescent lambda, intelligent mais pas trop en apparence, musicien talentueux… Et pourtant, s’il avait tout d’un adolescent normal, sa flamme s’était éteints, cette flamme qui le distinguait des autres, il désirait plus que tout être aimé, et intégré mais le prix à payer était terrible, il s’était condamné à jouer un rôle et à l’ennui. Jane l’avait sauvé, elle lui avait montré une porte de sortie dans les murs de cette cage où il s’était lui-même enfermé. Alors qu’il avait tout juste quinze ans ses parents avaient engagés une jeune étudiante de dix ans son ainé pour l’entrainer au SAT, les tests de sélection pour intégrer les grandes universités de Leavy Ligue. Il avait à peine quinze ans, et pour la première fois depuis bien longtemps il avait pu être lui-même, s’il s’était sentit comprit. Etait-ce de l’amour qu’il avait ressentit pour elle ? Probablement. Comment avait-il finit par la séduire ? Il n’aurait su le dire. Il avait vécut avec elle les plus beaux mois de son adolescence. Une passion qui s’était vu éteindre par la menace d’accusation de détournement de mineur, que ses parents avaient laissé planée au dessus de la tête de l’étudiante, lorsqu’ils avaient découvert leurs liaisons, si elle revoyait à nouveau Brendon. Il avait été, par la faute de ses parents un enfant, un adolescent et un jeune adulte éteint. En cela, il était en total opposition avec sa sœur. Gretchen avait toujours été une enfant pétillante, insouciante, pleine de vie, joyeuse. Elle n’avait jamais été une adolescente elle était restée une enfant. Tête en l’air, dispersée, drôle et colorée, elle était ce que l’on appelait une excentrique, un personnage. En grandissant elle avait déployé autour d’elle une illusion de stupidité. It-girl, fashionata, elle se faisait passer pour plus bête qu’elle ne l’était. Elle était une vraie New-Yorkaise dans sa manière de parler, d’agir, mais se hissait au dessus de toutes les pimbêches lookées Prada, par son esprit brillant et vif, ainsi que par sa répartie typiquement Driesenienne. Cependant, le frère et la sœur bien que diamétralement opposés se ressemblaient sur certains points. Fidèles, honnêtes, francs, sanguins lorsqu’il s’agissait de leur famille, drôles, charmants, suscitant l’engouement du sexe opposé, solides en cas d’épreuves, entêtés, attachants. Toutes ces ressemblances qu’Océane avait remarqué lorsqu’elle avait côtoyé Gretchen ce dernier mois, mais qu’elle s’était bien avisé de garder pour elle afin de ne pas subir un long discours sur le pourquoi elle se trompait. L’attachement entre le frère et la sœur était réelle. Même s’ils se bouffaient le nez sans arrêt, ils s’adoraient, en un sens ils lui rappelaient Francis et Billy Lee. Brendon l’aimait plus que tout. Pourtant, il redoutait l’arrivée de sa sœur et ce pour une raison très simple, il avait peur que la rencontre se passe mal, que sa sœur soit jugée, cataloguée et ce avant même d’avoir ouvert la bouche. Alors qu’ils roulaient en direction de la ville natale d’Océane au son des chamailleries des deux jeunes femmes sur la tenue de « trappeur » de Gretchen, Brendon s’interrogeait sur la réaction des deux vieux hommes devant l’allure de sa sœur. S’ils s’arrêtaient à la couverture avant d’avoir ouvert le livre pour le juger, et en prenant Océane en point de comparaison, le séjour promettait d’être un véritable supplice pour sa jeune sœur. Brendon s’inquiétait pour elle, Gretchen désirait faire bonne impression, il le savait, il ne voulait pas décevoir ses attentes. Les yeux perdus dans le vague il se répétait que Francis ne recevrait jamais Gretchen comme Océane avait été reçut par Mr et Mme Driesen, qu’il ne devait pas s’inquiéter. Qu’est ce qui pouvait arriver de mauvais ? Ou plutôt que pouvait-il arrivé de pire que lorsque Océane avait rencontré ses parents ?

    […]

    BOM ! BOM ! BOM ! (Souffle, Souffle) BOM ! BOM ! BANG
    « AIE ! PUTAIN DE BORDEL DE MERDE ! » Brendon sautillant sur un pied se massait les orteils, son pieds le lançait douloureusement après que la valise de Gretchen n’eut fait la bise à ses petits petons. « Mais qu’est ce qu’il y a la dedans ? Un âne mort ?! »Excédé il lança la valise sur le lit de la chambre d’ami qui gémit sous le poids. Gretchen entra tranquillement dans la pièce uniquement chargée de son sac bowling signé d’un grand créateur et ses bottes à talons hauts.
    « T’en fais un de ses bruits Brend’ ! » Se plaignit-elle. « Ne soit pas bête il y a mon nécessaire de survie la dedans. » Elle ouvrit la malle dévoilant pèle mêle : chaussures, vêtements et sacs en tout genre ! Les yeux de son frère s’écarquillèrent de surprise et d’horreur, lui apprenant que sa notion de « Kit de voyage » différait de la sienne. « Quoi ? » S’insurgea t-elle aussitôt en refermant la valise.
    « Tu ne restes que quatre jours Gretchen ! Et tu as expédiés une valise à la maison ! 2 jeans, 3 pulls et autant de débardeurs, avec une veste aurait suffit pour ici ! » Se lamenta t-il en portant une main à sa tête, sentant venir une migraine carabinée. L’acclimatation aux coutumes très « vieil France » de Francis allait être dur vu les tenues très « coutures » et peu « couvrante » que sa sœur avait emmenées. Alors qu’elle allait répliquer la voix de Francis épargna une justification.
    « Gamin ! » Comprenez Brendon. « Descend j’ai besoin de toi ! »

    Sans le savoir Francis venait d’éviter l’explosion d’une troisième guerre mondiale sous son toit. Tournant les talons Brendon dégringola l’escalier pour brusquement freiner des quatre fers en voyant que Francis l’attendait au bas de l’escalier une hache à l’épaule. L’heure de menacer le fiancé ?

    « Si c’est au sujet de la chambre à lit double, je vous assure à nouveau que mes intentions concernant Océane sont honorables » Plaida t-il en souriant tout en levant les bras pour se protéger d’un coup imaginaire. Francis eut un sourire et lança à l’intention de sa petite fille restée dans la cuisine avec Billy Lee.
    « C’st un comique ton Jules, Lutin ! Où est’c que t’es allés le trouver celui là ? »
    « C’est lui qui m’a trouvé ! Impossible de le décrocher ! »
    « Un comique et un génie ! Meilleure pioche que Goodridge. »
    Marmonna le vieil homme dans sa barbe. « Grouille-toi Lutin ! J’voudrais bien couper ce sapin avant la neige. » Lança t-il en direction de la cuisine, tout en se tournant vers Brendon qui était resté figé et sans voix après sa remarque à lui-même. « Allez mon gars va donc te chausser, elle ne va pas tarder. » Ajouta t-il en le poussant vers l’entrée après lui avoir mit la hanche dans les mains. Si Goodridge s’était trouvé là il aurait rejoué Psycho à coup sur.

    […]

    Brendon s’était glissé derrière le volant au grand soulagement de Francis et au grand damne d’Océane. Il avait besoin de conduire, se concentrer sur autre chose que la phrase de Francis. Il devait juguler sa jalousie, sa peur, ses doutes. Océane assise sur le siège arrière de la camionnette caressait sa nuque de ses doigts, le sentant tendu sans comprendre ce qui lui arrivait. Il se dégagea en douceur, rapprochant son siège du volant pour avoir une meilleure prise sur les pédales. Enfin tel était le prétexte invoqué. Francis fredonnait « mon beau sapin » en arrêtant de temps à autres ses vocalises pour lui indiquer le chemin. Lorsque Brendon se fut garé en pleine forêt, il sauta au sol tel un gamin pour chercher le plus grand et le plus beau sapin des bois. Brendon quitta à son tour la vieille camionnette voulant suivre son ancien patron mais Océane fut plus preste. L’attrapant par le col de sa veste et le propulsa contre la carrosserie glissa ses jambes autour des siennes attrapant son menton dans sa main. Aucun moyen de fuir sauf en la faisant tomber, elle apprenait vite la petite, question méthode de blocage. Elle plongea son regard dans le sien, ses yeux émeraude brillaient d’une lueur farouche.

    « Tu vas me dire ce qu’il y a Driesen ? » Une question affirmation.
    « Ce n’est rien j’ai mal à la tête c’est tout. » Piètre tentative d’esquive.
    « Arrête avec tes excuses bidon ! » Qu’est ce que je disais ? « Un mal de tête ne t’as jamais fait fuir mon contact, au contraire. Alors, je te le redemande, qu’est ce qu’il y a Brendon ? »
    « Goodridge, tu as couchés avec lui cet été ? » La question avait franchit ses lèvres avant même qu’il eut pensé à nier à nouveau. Elle répliqua aussitôt, sa main vola jusqu’à la joue de Brendon, qui la laissa faire conscient de la mériter celle là.
    « Crétin ! » Grogna t-elle avant de l’embrasser violement, se pressant contre lui à en avoir le souffle court. « Billy, Goodridge, tu vas m’en trouver encore beaucoup des amants imaginaires ? » Il l’embrassa cette fois, ce sentant à nouveau stupide. Il la déstabilisa involontairement, elle bascula en arrière, l’entraînant avec elle. La neige amortie leur chute, leurs bouches étroitement mêlées ne se séparèrent pas.
    « La claque n’était pas nécessaire… » Articula t-il contre sa bouche alors que sa main caressait sa cuisse en remontant le long de sa jambe. Allongé au dessus d’elle il souriait à nouveau, serein.
    « Je t’en devais une tu te souviens ? » Elle déposa une flopée de baisers dans son cou. « Où est-ce que tu es allés chercher Goodridge amour de moi ? Tu l’as vu chez Mrs Jackson ? » Océane envisageait déjà sa vengeance lorsqu’il la détrompa après un instant de réflexion sur son mensonge.
    « Francis » Marmonna t-il.
    « Quoi Francis ? » Questionna t-elle en continuant de l’embrasser.
    « Il a mentionné Goodridge alors j’ai pensé que … »
    « Brendon ! »
    Soupira t-elle excédée. « Francis serait bien le dernier à connaître le nom de l’homme avec qui je couche ! Il vient d’apprendre pour nous ! Même Mrs Jackson l’a su avant lui ! »
    « C’est pas de ma faute, ton grand père parle et n’en dit jamais assez ! »
    Se défendit-il.
    « Et toi tu tires tes propres conclusions comme toujours ! » Soupira t-elle en lui donnant une claque légère sur l’arrière du crâne, seule partie de son corps qu’elle pouvait atteindre dans sa position.
    « Aie ! » Glapit-il alors qu’il avait à peine sentit le sévisse corporelle que la jeune femme venait de lui infliger. « Tu vas me payer ce geste, méchante fille ! » Une lueur coquine et amusée dans les yeux il la regardait comme s’il … allait la manger. Ce qui serait probablement le cas plus tard.
    « Les enfants ? » La voix de Francis les surpris, il se trouvait bien plus proches que ce qu’il pensait. Brendon réagit prestement, à croire qu’il avait fait cela toute sa vie, se planquer de parents inquiets et curieux. Ce qui bien entendu en vue de sa famille n’était absolument pas le cas, il n’avait jamais eut à cacher quoi que se soit vu que ses deux géniteurs ne s’intéressaient pas à lui. Où diable avait-il acquit un tel entraînement ? Bref … Il se redressa, la main d’Océane dans la sienne il la hissa sur ses pieds dans le même temps. Juste à temps il posa sa main sur le tronc d’un sapin et s’exclama, alors que Francis revenait vers la voiture. « Celui là me plait il a l’air parfais ! Qu’en penses-tu ? »
    Océane au bord du fou rire en observant le sapin rachitique que son compagnon avait choisit sans s’en rendre compte répondit en souriant. « Il est parfait ! » Avant d’éclater de rire. Décidément Gretchen n’était pas la seule pas doué de la famille.

    […]

    « Gretch ? » Appela t-il a tu tête en poussant la moustiquaire, tenant le tronc du sapin à pleine main.
    « Suis là ! » Il eut un silence. « Dans la cuisine » Précisa t-elle. Océane lança un regard affolé à son petit ami qui, après avoir déposé le sapin dans le salon, sa précipita dans la cuisine. La scène qu’il surprit le stupéfia. Petit un, la maison n’était pas en feu et la cuisine n’était pas un champ de bataille. Petit deux, Gretchen portait par-dessus son short une longue chemise de flanelle de Billy Lee. Petit trois, les manches retroussées elle pétrissait de la pâte à pain ! La mâchoire de Brendon manqua de choir. Gretchen portant de la flanelle ? Gretchen cuisinait ?
    « Qui êtes-vous qu’avez-vous fait de ma sœur ? » Demanda t-il pince sans rire. Billy qui épluchait des légumes le moucha gentiment.
    « Dit monsieur « je ne sais faire que des pancakes » ! » Même pas vrai d’abord !
    « Vlan dans tes dents grand-frère ! » Jubila la jeune femme en lui tirant la langue, ponctuant le geste d’un « nananananèreuh ».
    « Waouh la répartie ! Très mature comme réaction. » Commenta Océane en enlaçant Brendon par derrière. « Vous venez voir notre sapin ? » Souriante et excitée comme une puce elle ouvrit marche jusqu’au salon. Francis étant allé ranger sa hache, il surgit depuis la porte d’entrée, entrant dans le hall en faisant grincer la moustiquaire tout ce qu’elle savait.
    « Alors roulette man tu as vu notre trouvaille ? » Fanfaronna t-il en époussetant la neige qui ourlait de blanc sa parka.
    « Tadam… » L’exclamation perdit brusquement de son intensité lorsqu’en pénétrant dans le salon elle découvrit le carnage.
    « DRIESEN ! » Hurla t-elle !
    « Quoi ? » Gretchen
    « Qu’est ce qu’y a ? » Francis
    « Il a rien fait gamine l’était avec nous ! » Billy Lee.
    « Pas moi, Driesen, c’est le nom du chat. » Expliqua Brendon calmement alors qu’Océane se précipitait pour ôter des griffes du chaton le sapin. Le chat avait fait, en l’espace de quelques minutes, ses griffes sur le traditionnel arbre de Noël l’amputant de nombreuses branches et de beaucoup, trop, d’aiguilles.
    « Le chat s’appelle Driesen ? » Billy Lee, l’air narquois.
    « Longue histoire » Eluda Brendon alors qu’Océane attrapait le chat par la peau du cou. L’animal mit aussitôt en marche la turbine à ronron faisant lever à son homonyme les yeux au ciel.
    « Ah j’comprend ! L’est maso lui aussi ! » Billy Lee again. Il n’en ratait pas une lui, un vrai Curtis en version 3ème âge.
    « Un quoi ? » Francis largué avait des airs de Duncan lorsqu’il était largué. Océane enguirlandait le chat à voix basse à coup de méchant chaton et de vilain matou. Brendon soupira sachant qu’elle était incapable d’être en colère plus de cinq minutes envers un Driesen. Gretchen fut la première à réagir en relevant le sapin pour contempler ce qu’il en restait.
    « Il a tué l’arbre de Noël » Annonça t-elle en époussetant les aiguilles qui s’étaient déposées sur sa chemise de laine.
    « Un peu de colle et il n’y paraitra plus ! » Brendon et son humour à deux dollars cinquante eut le don de faire rire tout le monde. « Ce sera le plus beau sapin qu’on ait jamais vu. » Assura t-il en caressant des yeux l’assemblée présente et plus particulièrement celle qui partageait sa vie. La main de Gretchen se glissa dans la sienne, sa tête se posa sur son épaule. Le frère et la sœur partageaient la même pensée en cet instant. Enfin ils allaient avoir un vrai Noël en famille.

    […]

    « Tu t’y connais en plomberie, je savais pas ! » Océane juchée sur le plan de travail de la cuisine contemplait son amant allongé sous l’évier en train de démonter le siphon. Elle ne le regardait pas vraiment travailler, elle admirait seulement la vue qu’il lui offrait par sa position, sur son postérieur. Brendon conscient de la chose ne s’en offusquait pas, il épargnait à Francis un lumbago et satisfaisait les yeux de sa future fiancée en manque, ça lui allait.
    « J’ai des doigts de fée… Tu te rappelles … » Lança t-il avec une nonchalance sensuelle. La phrase eut l’effet escomptée, elle rougie jusqu’à la racine des cheveux. «… Quand j’ai réparé la fuite dans ta salle de bain l’hiver dernier ? » Termina t-il en riant. La vengeance était un plat qui se mangeait chaud pour Océane. Elle ne se fit donc pas attendre. Le pied nu d’Océane vint caresser l’intérieur des cuisses du plombier occasionnel, lui faisant ravaler son gloussement. Elle sauta au sol et se contorsionna à son tour pour se glisser sous le lavabo, assouvissant ainsi son envie de sentir leurs corps l’un contre l’autre. Brendon déglutit difficilement, les mains sur le conduit d’évacuation.
    « Qui est-ce qui rit à présent ? » Murmura t-elle sensuellement à son oreille. Sa main en contact avec son flanc se fraya un chemin le long de son torse, glissant doucement, trop doucement peut être, le long de son ventre.
    « Océane… » Gémit-il dans un souffle pour la calmer. « Quelqu’un pourrait surgir à tout moment… » Soupira t-il alors que ses muscles abdominaux se tendaient sous la caresse de ses doigts fins.
    « Aucune chance. Francis a emmené Gretchen visité les chevaux, Billy dort dans sa chambre. Driesen est punit dans ma chambre et j’ai fermé la porte… » Ajouta t-elle en mordillant sensuellement son oreille, laissant sa bouche exploré le reste de son visage de profil. « Vingt minutes de liberté totale … De solitude… » Souffla t-elle en prenant ses lèvres. « En plus je suis très souple… » Ajouta t-elle devant l’exigüité des lieux.
    « Je ne peux pas ! » Marmonna t-il faiblement avant de la laisser reprendre le contrôle de ses lèvres.
    « Laisse-moi faire … » Chuchota t-elle alors qu’elle se glissait au dessus de lui avec une très grande souplesse en effet. Il avait toujours les mains au dessus de la tête, sur les tuyaux, elle tendit les bras pour poser ses mains sur les siennes.
    « Je préférais que tes mains soient sur moi cependant. Je veux bien faire le travail toute seule mais tout de même. » Ajouta t-elle en tirant sur ses mains.
    « NON ! » Cria t-il mais trop tard. Elle avait tiré sur ses mains glissantes à cause de la graisse entourant les jointures des conduites, et elle avait réussit à les détacher du tuyau. L’enfer se déchaina alors. Le cri que poussa Océane en étant aspergée d’eau froide, pour ne pas dire gelée, valait le détour, alors qu’ils se retrouvaient allongés sous une fuite elle cria de surprise lorsque l’eau la trempa de la tête aux pieds.
    « Voila pourquoi je ne pouvais pas ! » La gronda t-il. Il tenta de stopper l’hécatombe alors qu’elle s’écroulait, morte de rire sur son torse. Il était vrai que la situation était comique, une fois qu’il eut colmaté la fuite à l’aide de leurs mains il se mit à rire à son tour.
    « Il n’y a que toi pour me faire ça ! » Lui apprit-elle en maintenant ses mains autour du tuyau alors qu’il cherchait de quoi colmaté la fuite le temps de finir la réparation. Lorsqu’il n’eut plus besoin d’elle de faire appuie, il libera ses mains. « Je croyais que tu t’y connaissais en plomberie. » Ajouta t-elle en picorant ses lèvres.
    « Oh mais je m’y connais, c’est juste que d’ordinaire une brunette en manque ne vient pas me distraire avant que j’ai coupé l’arrivé d’eau ! » Se moqua t-il alors qu’il constatait qu’elle était aussi trempée que lui et que par conséquent son tee-shirt était plus que transparent. « Mais je m’en pleins pas, j’ai toujours rêvé d’assister à un concours de tee-shirt mouillé. »
    « Salop ! »
    Elle ne bougea pas pour autant alors qu’il rampait, elle sur lui, pour se sortir de l’évier. « On peut savoir ce que t’es entrain de faire Mario ? »
    « Je profite du show ! » En effet le geek reconvertit en plombier à présent débarrasser de l’exigüité de l’évier avait posé ses mains sur les hanches d’Océane et détaillait avec une minutie toute scientifique la poitrine menue de sa compagne au travers de son soutient gorge. « Depuis quand tu ne portes plus de soutient gorge ? » Demanda t-il sincèrement intéressé et surpris.
    « Depuis que j’ai oublié le mien dans ta chambre et que Driesen a décidé de s’installer sur ma valise et refuse d’en descendre même sous la menace. » Répondit-elle souriant, les mains sur les hanches.
    « J’aime ce chat. » Marmonna t-il en blottissant son visage dans son cou pour mordiller la peau tendre près de sa clavicule. « Et les fuites d’eau … Et Gretchen qui n’a jamais vu la naissance d’un poulain et Billy Lee assommé par tant d’agitation … »
    « Et les cuisines ! »
    Ajouta t-elle en le laissant lui ôter son tee-shirt pour une petite séance de câlinage à même le sol.
    « J’ai faillis oublier la cuisine ! Ou diable avais-je la tête ? » Soupira t-il alors qu’il couvrait de baiser la naissance de ses seins. « Je sais ! » Illumination ? « Dans ton décolleté, de quoi être déconcerté tu en conviendra. »
    « Fermes la Driesen… » Le gronda t-elle en ployant les reins à l’arrière alors qu’il s’attaquait au vif du sujet. « Où c’est moi qui vais te faire taire. »
    « Ne me menace pas … J’adore ça ! »
    Spécial, ils formaient un couple spécial. Et la cuisine ancestrale des Eono allait en subir les frais.

    […]

    « Francis ! » Il était drôle de voir comment Océane appelait facilement son grand père par son prénom lorsqu’il dépassait, à son goût, les limites. Le vieil homme chassa sa mini rébellion d’un mouvement de la main et continua son petit laïus. Brendon l’attira contre lui, souriant comme un bien heureux en écoutant le grand père d’Océane parler de l’enfance de la jeune femme. Bien sur il avait déjà eut le droit à quelques histoires sur l’enfance de sa compagne, mais rien de comparable. Gretchen, morte de rire s’était écroulé au pied du canapé et se tenait les côtes tant elle riait. Brendon s’amusait de l’air bougon, presque grognon d’Océane. Elle n’aimait pas qu’on se gausse de ses aventures de jeunesses. Surtout que Francis particulièrement en forme ne se retenait pas. Brendon tentait de réprimer ses éclats de rire pour ne pas s’attirer les foudres de sa compagne. Qui rembrunit se pelotonna contre lui, boudeuse. Etrangement Gretchen semblait à présent faire partit des meubles, à l’aise avec tous, et très copine avec le chat qui portait le nom de sa famille, elle semblait aussi à l’aise qu’un poisson dans l’eau. Assise à même le sol elle lançait au chat un bouton de bouteille d’eau en verre après lequel il courrait et qu’il lui rapportait tout fier. Profitant d’une pose de Francis aller chercher du chocolat chaud pour tout le monde, Brendon contemplait sa petite sœur, heureuse et souriante, content que l’acclimations se passe aussi bien pour elle.

    « Ce chat est fou. » Commenta Brendon alors que pour la centième fois il rapportait sa belle improvisé à la belle-sœur de sa maîtresse.
    « En même temps, il a choisit Océane comme maîtresse. » Lança Gretchen en caressant la tête ronde du chat qui ronronna comme un fou à ce contact.
    « Pas faut. » Pour avoir approuvé cette remarque Brendon eut le droit à un petit coup dans le bras, à nouveau Brendon ne sentit rien et Océane grimaça.
    « En même temps elle sort avec toi, alors recueillir les chats perdus elle connait. » Cette fois ci ce fut à Océane de rire avec la jeune fille.
    « Chocolat chaud ! » Annonça Francis en poussant le fauteuil de Billy dans la pièce, le vieil infirme avait posé en équilibre sur ses genoux un plateau comportant cinq tasses de chocolat chaud et une soucoupe de lait pour le chaton. Chacun ayant récupéré sa tasse, Brendon servant pour l’occasion de fauteuil à Océane et non plus de lit pour l’espace d’un instant, Francis se réinstalla dans son fauteuil. Océane lui avait avoué que chaque année le vieil homme choisissait une soirée avant Noël pour raconter une petite histoire, sur leurs ancêtres, l’histoire de la ferme etc.… Ce soir pourtant la tradition changea il le comprit lorsqu’Océane endormit par la présence réconfortante de son amant, l’odeur familière de la ferme et le chocolat chaud se tendit légèrement entre ses bras avant de se détendre lorsqu’il massa doucement le bas de ses reins de la pulpe de son pouce comme il avait l’habitude de le faire pour l’endormir.

    Brendon connaissait la triste histoire des parents d’Océane, l’accident alors qu’elle était une enfant, le manque dans sa vie, son enfance à la ferme élevée par son grand père. Elle n’était pas entré dans les détails d’un passé douloureux, d’une enfance sans repère familiaux normaux, d’une enfance pourtant heureuse auprès du grand père le plus aimant qu’il exista. Apprendre comment ce petit bout de femme était venu au monde le touchait, le fascinait, étrangement au travers des femmes de sa famille, il comprenait mieux les réactions de l’amour de sa vie. Il se retrouvait dans le caractère du jeune Francis Eono, il retrouvait Océane chez sa mère, sa grand-mère. Il sentait autour de lui tout ses défunts évoqués, leurs présences apaisantes, alors que la main d’Océane perdait peu à peu de sa vitalité dans son cou et que son souffle s’apaisait. Il se sentait étrangement chez lui, la main de Gretchen posé sur sa main libre qui dépassait des couvertures lui apprenait qu’elle aussi se sentait bien ici. La tête posée sur la cuisse de son frère elle somnolait elle aussi, apaisée et en sécurité. Brendon cacha difficilement sa tristesse et sa compassion pour le vieil homme qu’il aimait comme son propre grand père lorsque sa voix se brisa alors qu’il abordait le moment de l’accident qui lui avait arraché son fils, sa belle fille après le décès de sa femme. Brendon accompagna sa silhouette des yeux jusqu'à ce qu’il disparaisse dans les escaliers, Océane endormie entre ses bras, respirant doucement dans son cou. Elle n’avait pas assisté à la tristesse du vieil homme et n’y avait nullement participé, se sentant en sécurité contre Brendon qui arrivait à faire passé ses pires craintes, a apaisé ses nuits lorsque ses souvenirs la hantait, elle s’était assoupie. Malgré la nonchalance du ton de Billy Lee Brendon sentait que le vieil handicapé était aussi triste que son vieil ami. Il avait été là durant toutes ses épreuves, assistant au combat du vieil homme pour survivre à la perte de tous ses êtres chers pour que cette jeune femme qu’il tenait contre lui, dont il savourait la présence, puisse avoir tout ce qu’elle méritait. Brendon lui sourit doucement, une vague de mélancolie peuplée de souvenir avait déferlé sur la pièce heureusement on pouvait compter sur Gretchen et ses manies de gamines capricieuses adorable pour ramener la vie dans cette maison hanté soudainement par la tristesse. Il était donc temps de réveiller la belle au bois dormant pour la virée nocturne qu’elle avait promit à sa petite sœur. Autant dire que le baiser du prince eut l’effet escompté… Car la magie opérait et opérerait entre eux chaque fois qu’il l’embrasserait.

    […]

    « Je peux conduire ? » Ton innocent, regard de biche adorable sous tout point de vue.
    « NON ! » La réponse avait fusée de leurs bouches a une telle rapidité et avec une telle synchronisation que Gretchen pensa l’espace d’un instant qu’en effet ils étaient bels et bien reliés, et qu’ils lisaient dans les pensées l’un de l’autre. Elle s’en vexa aussitôt car elle savait qu’ils n’étaient absolument pas reliés par la pensée, mais bel et bien apeuré à l’idée de la voir tenir un volant.
    « J’ai eu mon permis je vous signale ! » Se vexa t-elle aussitôt, tapant du pied dans la neige, soulevant un nuage de poudreuse.
    « A d’autre, au bout de six passages Papa a soudoyé l’examinateur ! » Se moqua Brendon avant de comprendre et de saisir l’ampleur de ce qu’il venait de faire. Ranimé le souvenir douloureux de ses parents avec qui, pour la première fois, il ne passait pas les fêtes. Le visage de Gretchen se décomposa également. Si elle appelait sa mère, la « reine mère », le climat de tension qui régnait dans sa famille la désolait, surtout lorsqu’elle voyait à quel point la famille d’Océane était unie. Une ombre passa dans les yeux de Brendon alors qu’une vague de souvenirs résonnaient dans son esprit, les échos de bons moments que sa thérapie avait ramené à la surface et qui était malheureusement rare. « Excuse-moi. » Murmura t-il en détournant les yeux et il s’éloigna de quelques pas, se plantant un peu plus loin de l’allée les pieds dans la neige. Les mains enfouis dans ses poches.
    « Laisse j’y vais. » Murmura Gretchen à sa belle-sœur en s’avançant déjà vers son frère. « Hey boy qu’est ce que tu me fais, je te signale que t’éloigner dans la poudreuse c’est pas loyal j’ai pas l’habitude de ses espèces de godillots que vous appelez bottes de neige ! » Lança t-elle en posant sa tête sur son épaule, se hissant sur la pointe des pieds, elle encercla sa taille de ses bras. « Tu sais, ils finiront par changer d’avis. Ce ne sont pas des parents idéaux mais ils ont leurs qualités … Faut les chercher mais ils en ont. Laisse-leur le temps de ce faire à l’idée que tu es qui tu es. » Il soupira, essuya rageusement ses yeux et se retourna pour la serrer contre lui.
    « Je ne sais pas pourquoi je réagis comme ça. Je suis désolé Gretchen. Je vous aie c’est tout ce qui compte vraiment. C’est toi ma famille petite sœur. » Elle passa une main tendre dans ses cheveux, ébouriffant ses cheveux en le serrant contre elle, si fragile et minuscule entre ses bras et pourtant si solide. « Je t’aime. » Elle sourit et embrassa sa joue.
    « Moi aussi je t’aime… » Océane contemplait de loin la touchante scène, voyant les reflets des larmes sur les joues de son amant. Se demandant si elle avait fait le bon choix en se rendant à son insu à New-York, ses gens leurs avaient fait tant de mal. « Je peux conduire alors ? » Demanda t-elle vainement.
    « Non. Je t’aime, je suis ton frère, c’est mon rôle de veiller sur ta vie. Toi petite New Yorkaise tu ne conduiras pas dans la neige. »
    « Vilain, la prochaine fois je ne demande pas, je te vole les clés et je m’attache au volant. »
    « On verra ça ! »

    […]

    Le seul Pub de Kalispell se trouvait en plein centre ville, et dans la neige et la pénombre, il était le seul point lumineux à plusieurs kilomètres à la ronde. Impossible de passer à côté, Océane conduisait prudemment pourtant, jetant de temps à autre des coups d’œil au frère et à la sœur qui enlacés sur la banquette arrière se disputaient sur l’utilité de faire repasser son permis à Gretchen. Elle souriait en les regardant se chamailler, Brendon avait retrouvé le sourire, même si ses yeux étaient encore noircit par de la tristesse. Elle se doutait que découvrir l’Univers d’Océane, une pareil famille n’était pas facile pour lui qui venait de rejeter et d’être rejeter par ses parents. De tant à autre, après avoir passé une vitesse elle tendait la main vers l’arrière le temps qu’il serre ses doigts entre les siens. Ce soir était la première sortie du frère et de la sœur depuis leur arrivée à Kalispell, elle se doutait qu’ils serraient le centre de l’attention durant toute la durée de leur séjour, aussi avait-elle décidé de commencer par leur présenté la faune locale de leur âge, ou presque. De crevé l’abcès directement. Si Gretchen allait faire sensation auprès de la faune masculine du coin, Brendon était attendu au tournant par la bande avec qui elle avait grandit. Après tout il venait de New-York et avait tout du voleur de fermière. Francis était apprécié et aimé dans le coin, alors autant dire qu’un petit gars de l’Est venu leur enlever une des dernières filles bien de chez eux célibataire, travailleuse et mignonne, n’était pas vraiment attendu comme le messie. Mais il faudrait tenter l’expérience pour voir ce qui se passerait. Sachant que Maman Tigre n’aurait aucun scrupule à sortir les griffes même si les agresseurs étaient les garçons avec qui elle avait grandit. Nerveuse elle alluma une cigarette à peine la porte de la voiture verrouiller. Comme à son habitude Brendon encercla sa taille de son bras alors qu’ils se dirigeaient vers le bar. Gretchen piqua une cigarette à son frère qui lui fit les gros yeux, elle prétexta qu’il n’avait qu’a pas avoir fait une overdose, c’était de sa faute si elle avait commencé, puis qu’elle avait continué en fréquentant Océane pendant sa cure.

    « En parlant de cure Gretchen. Tu vas avoir la chance de m’expliquer comment tu connais si bien les sex-shops de San Francisco. Que je sache à qui que je dois aller demander des comptes en rentrant. »
    « Qu’est-ce que tu peux être vieux jeu par moment Brendon. Tu ne vas pas me dire que t’as pas un petit jouet planqué quelque part dans ta chambre pour épicer vos ébats. »
    Se moqua t-elle.
    « Il a pas besoin d’un quelconque objet. » Apprit Océane en déposant un baiser sur la bouche de son homme. « Il se suffit à lui-même. »
    « M’essayer s’est m’adopter ! »
    Confirma Brendon en glissant une main baladeuse sur les fesses de sa compagne en souriant à sa sœur, décidé à la dégouter.
    « Yeurk taisez vous ! Je ne veux rien savoir ! Préserver mes oreilles chastes et innocentes. » Se récria t-elle en plaquant ses mains sur ses oreilles.
    « Tes oreilles chastes et innocentes risquent d’en prendre un coup cette nuit. » La prévint Brendon en riant, décidé à se moquer d’elle un peu plus longtemps.
    « Vraiment ? » Questionna Océane intéressé.
    « Six mois je te rappel. »
    « C’est vrai. »
    « Je ne veux même pas savoir de quoi vous êtes en train de parler ! »
    Elle les dépassa pour ne plus les entendre alors que Brendon enlaçait Océane pour mieux l’embrasser.

    […]

    Lorsque le trio de choc pénétra dans le bar, Brendon sentit se braquer sur eux tout les regards. Au cours de son été à Kalispell Brendon n’avait pas vraiment exploré la ville, sauf lorsque Francis l’avait envoyé chercher des sacs de graine à la coopérative agricole, il n’avait pas vraiment eut le temps en quelques jours de frayer avec la populace locale. Il sentit Gretchen se tendre et sourire en croisant certains regards. Brendon posa une main dans son dos et murmure.

    « Si nous avons un lit double ne t’avises même pas de penser qu’on te le prêterai, et ce soir tu rentres avec nous ! » L’avertit-il avec un sourire malicieux. La jeune femme leva les yeux au ciel, soupira. « Obéit à ton frère pour une fois. Pense à l’image d’innocence que mon esprit tente de garder de toi. Pour mon cœur. »
    « Si tu crois qu’avec moi l’excuse du cœur marche tu te fourres pas le doigts mais toute la main dans l’œil. Mais je veux bien coopérer, après tout le sex-shop, l’annonce de la perte de la bague de pureté pour la perte de la chose qu’elle annonçait intacte … T’as besoin de souffler un peu. Mais je n’empêcherais pas un de ses grands gaillards élevé au grain et au grand air de me payer à boire. » Annonça t-elle en souriant alors que beaucoup d’homme plus âgée qu’elle s’intéressait à son décolleté laissé visible par son blouson doublé de fourrure.

    Océane avait prit les devant sur eux et n’assista pas à l’échange à voix basse des deux New-Yorkais. Cependant Brendon ne manqua rien de son échange à haute voix avec le barman. S’il leva un sourcil surpris il ne commenta pas l’échange entre sa compagne et l’homme, pas plus qu’il ne réagit lorsqu’elle commanda trois pintes, même si théoriquement il n’était pas censé laisser Gretchen consommer de l’alcool. Elle s’éloigna du bar une fois chacun parer d’une bière. Brendon se doutait qu’ils allaient potentiellement être introduit auprès des « gars » de sa compagne, si comme se plaisait à rire Gretchen elle aurait plutôt appelé ça un « harem ». Brendon appréhendait la rencontre, si Curtis en avait voulut à Océane pour l’homme qu’elle avait fait de lui en le quittant, il se doutait que la bande de sa compagne devait avoir une dent contre lui s’il se fiait aux maigres descriptions du comportement de sa compagne qu’il avait glané de la bouche de Francis.

    Bien sur Brendon ne s’attendait pas à tomber nez à nez avec Benjamin Goodridge l’homme qu’il haïssait sans doute le plus au monde, car potentiellement l’un de seul homme avant lui à avoir vu sa compagne nue. Etrangement, s’il ne su son nom que lorsqu’Océane le prononça il se douta, à peine eut-il ouvrit la bouche, de son identité. Si Brendon avait manqué recadrer les espèces de Neandertal qui avaient effrontément maté les fesses de sa compagne lors de leur première sortie de l’année, ce ne fut rien comparer à ce qu’il ressentit lorsque Goodridge ouvrit la bouche. Peut être était ce parce qu’il ressentait cet homme comme une menace qu’il prit très mal le geste qu’il eut envers la femme qu’il aimait. Lorsqu’il agita sa queue de billard sous le nez d’Océane, il eut l’impression que ce n’était pas un cours particulier de billard qu’il proposait à Océane, ca s’était Brendon qui s’en chargeait, mais un cours beaucoup plus intime. Il aurait donné cher pour savoir ce à quoi Goodridge faisait référence à l’enjeu d’un pari précédent. Heureusement pour le nez de cet imbécile, Brendon n’étant pas encore capable de refouler toutes ses envies de violence physique envers des hommes qui s’approchaient de trop près de sa compagne, Océane après avoir ordonné à Ben de la fermer, l’entraîna vers l’avant en le tirant par le col de son manteau.

    « Et c’est avec ça que ton pucelage. T’avais bu c’est ça ? » Questionna Gretchen qui était venu se placer à côté d’Océane après avoir évité la main que Goodridge avait tenté de mettre sur ses fesses.
    « Si seulement. » Soupira t-elle. « Ne faites pas attention, il est cuit. » Brendon s’était renfrogné pourtant il la rassura d’un regard.
    « Je ne donne pas plus d’importance qu’ils en mérite aux crétins. » Annonça t-il en buvant une gorgée de sa bière. « On montre à Gretchen à quel point tu es nulle au billard ? » Demanda t-il alors qu’ils posaient leurs affaires autour d’une petite table ronde non loin de la table de jeu au tapis vert.
    « Euh Brendon… » Gretchen donna un petit coup de tête en direction de la table de billard. « Je veux pas te contrarier mais au vu des colosses qui sont autour tu risques d’avoir du mal à réquisitionner la table ! »
    « Tu dis ça parce que tu ne m’a jamais vu faire mon numéro de charme ! »
    « A des hommes ? Non en effet ! Je ne savais pas qu’avez Océane vous pensiez à l’échangisme ! »
    Se moqua t-elle.
    « Tu es beaucoup trop resté avec Curtis. » Soupira t-il en posant son manteau et sa chemise en pilou sur le dossier d’une chaise haute de bar. « Allons affronter la bête ! » Attrapant Océane par les hanches il lui ôta sa parka, sa veste avant de l’entraîner vers le billard.
    « Brendon ? » Voix peu assurée. « Quoi qu’il se passe rappel toi que je t’aime. » Lui demanda t-elle.
    « Pourquoi je risque de l’oublier ? » Demanda t-il alors qu’ils se rapprochaient dangereusement de la table où les gaillards s’étaient arrêtés de jouer, reconnaissant la jeune femme qui s’approchait d’eux accompagné d’un homme inconnu.
    « Tu vas comprendre ta douleur amour de moi, j’en ai bien peur. »

    […]

    « Hey les mecs regarder qui nous v’la ! Océane Eono rien de moins ! Alors la Naine tu t’es perdue ? La ferme c’est en haut de la colline ! »
    « ‘Tends Kyle c’est qu’elle se pointe pas toute seule la petiote ! Elle ramène un pied tendre ! Rien que ça ! »
    « Mais c’est qu’elle était bonne a marié ! Fallait bien qu’elle se trouve quelqu’un d’un peu mieux que les bouseux locaux Jon’ ! »


    Ah oui quand même, il commençait à comprendre la mise en garde de sa compagne en arrivant. Les points sur les hanches Océane les jaugeaient du regard attendant que la pluie de remarques sarcastiques s’achève. Elle ne souriait pas, elle semblait même en colère mais Brendon voyait le sourire dans ses yeux. Elle était chez elle ici. Et Brendon savait qu’il n’aurait jamais le cœur de la déraciner, car il se sentait étrangement bien ici. Gretchen se stoppa près du couple, un sourire amusé aux lèvres.

    « Une vrai petite bande de comique pas vrai ? » Commenta Brendon en souriant à la jeune fille.
    « Ils ne battent pas le Duo à la maison, mais ça va ils assurent. »
    « C’st moi où les deux pieds tendres se foutent de nous ? »
    Commenta le dénommé Kyle. Océane se tourna vers sa nouvelle « famille » souriante. Apparemment la fratrie réagissait comme il le fallait.
    « C’est pas vous. » Répliqua Brendon en les dévisageant. « Tu vois je m’inquièterais plus au sujet de Billy Lee qu’au sujet de cette bande de comique en puissance ma belle. » Apprit Brendon à Océane.
    « Et tu aurais raison. Le charme de l’expérience. » Approuva Océane en ouvrant se chemise pour dévoilé un tee-shirt qui appartenait à Brendon.
    « S’ils sont aussi drôle qu’ils jouent au billard, il va être facile de leur mettre la pâtée au billard, qu’est ce que t’en penses Gretchen ? » Brendon où l’art de faire son trou par la provoc’
    « Une vraie partie de plaisir. Même Océane y arriverait ! »
    « Hey ! »
    Se récria l’intéressée. « Je te permet pas ! »
    « Vous tous contre nous deux ? »
    Proposa l’Allemand sans tenir compte de la remarque de sa belle.
    « C’st déloyal Brendon ! » S’écrira Gretchen en parodiant l’accent du Nord des hommes qui s’étaient regroupés autour de la table de billard. « Nous deux contre eux quatre ? Ils n’ont aucune chance. Un handicap pour nous et là je veux bien ! »
    « Z’tes bien sur de vous les Sudistes ! On peut savoir qui vous êtes ? » Kyle, le grand costaux, semblait être très amusé par cette divertissante entré en matière mais, le regard qu’Océane portait sur Brendon l’avait soudainement mit sur la défensive. Ouille
    « Bond… James Bond ! » Plaisanta Brendon, sachant par avance qu’il allait y avoir le droit.
    « Driesen… Gretchen et Brendon Driesen » Corrigea Gretchen en voyant la mine chiffonnée des hommes. La réaction ne se fit pas attendre. Les sourires disparurent. Et Brendon comprit avant même que le poing fuse. Il n’essaya même pas de l’éviter. Etrangement il était presque heureux que quelqu’un ait enfin une réaction normale au sujet de ce qu’il avait fait vivre à Océane. Le poing s’écrasa sur son nez, il grimaça à peine et encaissa en reculant d’un pas. Ce fut Gretchen qui réagit la première, il fallait dire que la petite était … fougueuse. Toutes griffes dehors en criant des mots en Allemands, elle se jeta sur eux. Brendon plus rapide, l’attrapa, et la ceintura, du sang ruisselant de son nez.

    « Fils de pute ! Lâche-moi Brendon que je lui fasse son affaire ! Lâche-moi ! Enfoiré ! Bâtard ! » Dieu merci ils étaient les seuls à comprendre l’Allemand dans le coin. Et à Océane d’enchaîné.
    « Bande de … »
    « OCEANE ! »
    La voix de Brendon couvrit l’injure qu’elle avait proférée. « Arrête ce n’est rien ! Je l’ai mérité celle là ! » Elle tourna son regard vers lui et blêmit en voyant tout ce sang qui ruisselait de son nez, maculant son menton et son cou. La voyant blêmir les ruades de Gretchen entre les bras de son frère cessèrent. Elle se tourna et lui fit pencher le visage en arrière pour empêcher l’écoulement trop rapide du sang. « C’est rien. Rien de pire que quand tu me l’as cassé. » Lui apprit-il en la laissant le guider jusqu’à un siège. Le Barman s’approcha avec de la glace et des compresses coagulantes.
    « Tu plaisantes c’est toi qui a écrasé ton nez contre mon bâton de majorette ! Je n’y étais pour rien. »
    « Que je suis bête ! Tu me l’avais juste expédié sur le nez juste avant ! »
    « Avoue que tu l’avais cherché ! »
    Brendon le nez fourré de compresse coagulante une poche de glace appuyé sur le sommet de son nez, il avait reprit des couleurs et se chamaillait à nouveau avec sa sœur. « Brendon pourquoi tu l’as laissé te frapper ? Je t’ai vu te bagarrer des dizaines de fois, et très peu de fois tu as laissés passer un coup. Pourquoi tu as laissé ce bouseux te casser le nez ? » Elle appliquait la glace sur son visage déjà tuméfié, Océane remontait les bretelles de ses « gars » a voix basse un peu plus loin.
    « Parce que si je viens m’installer ici, et je viendrais m’installer ici Gretchen ne fais pas cette tête dégoutée, je ne veux pas qu’il y est de pesanteur. On règle ses comptes à coup de poing dans le coin. Maintenant qu’ils ont eut ce qu’ils voulaient, ça ira. »
    « Je ne comprendrais jamais cet espèce de besoin bizarre que vous avez, vous les hommes, à toujours vouloir régler vos histoires de cul à coup de poing. »
    Soupira t-elle en appuyant plus fortement sur l’hématome. « N’empêche t’étais sur que je ferrais mauvaise impression mais autant te dire qu’avec un pareil coquard Francis va revenir sur sa bénédiction. »
    « Ca devait se passer comme ça. Ensuite je casserais le nez de Ben Goodridge par accident »
    Lui apprit-il en souriant.
    « Je peux savoir si ton cerveau a été endommagé par le coup de poing ou si tu rêves simplement ? » Bien que l’idée lui plut, elle se demandait comment Brendon pouvait être aussi sur de lui.
    « D’ailleurs dans un an et demi tu seras tante également. »
    « QUOI ? »
    Elle se reprit et baissa la voix. « Quoi t’as un plan pour saboter son implant contraceptif ? Ou alors t’as le sperme de Superman, tes petits potes sont en acier et traverse les capotes ? » Brendon éclata de rire, manquant de s’étouffer en essayant de respirer par le nez.
    « On peut savoir ce qui vous fait rire ? » Océane, les poings sur les hanches, s’était approché d’eux subrepticement. Lançant derrière elle une bande de grands gaillards penauds qui raclaient le sol de leurs pieds.
    « Maman tigre is back ? » Questionna t-il. « Bon on se la fait cette partie de billard ? » Demanda t-il en ce levant.
    « Tu plaisantes pas vrai ? » Demanda t-elle légèrement furieuse. Apparemment elle aussi avait comprit qu’il s’était laissé se faire défoncer le nez pour une quelconque raison masculine.
    « Ne te cherche pas d’excuse, même avec un nez pété je suis encore en état de vous foutre la pâtée du siècle ! Pas vrai Gretchen ? »
    « Je l’ai vu joué à Guitar Heroes totalement bourré et il a gagné ! »
    Elle s’attira le regard mauvais d’Océane. « Ok mauvais exemple ! » Brendon s’approcha d’Océane, doucement il prit son menton dans ses mains, caressa sa joue, l’embrassa délicatement.
    « Je vais bien, tout va bien. Si tu veux que je vive ici, allons sympathiser avec la faune locale. Il faudra bien qu’il y ait de membres de ta famille à notre mariage, sinon avec les deux personnes de mon côté, on aura jamais vu aussi peu de monde à un banquet de mariage. »

    Brendon Driesen ou l’art de la subtilité.

    « S’il teuuuu plait !!!! » Quémanda t-il avec ce yeux de chat potté. Après l’approche rationnel, la ruse.
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Océane J. Eono
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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Vide
MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyMar 2 Mar - 0:57


    Mary Filligan. Mary Filligan, 22 ans, mariée, deux enfants en bas âge. Mary Filligan épouse Laferty. Mary Filligan, blonde et boulotte, les joues roses, de belles anglaises et de grandes billes bleues foncées. Mary Filling n'était pas Océane Eono, et pourtant toute leur enfance on avait eu de cesse de les comparer l'une à l'autre. Elle habitait la ferme d'à côté, et dans le Montana, lorsqu'on dit "à côté" il faut comprendre "la propriété à 3 kilomètres de la notre." Tous les matins elles empruntaient le même chemin pour se rendre à l'école municipale. Océane, ses shorts en jean troués, ses tee-shirt promouvant une marque quelconque de carburant, et ses cheveux en bataille, tirant derrière elle un ancestrale sac en cuir contenant ses livres de classe, qui râpait sur la terre du chemin, et Mary, ses éternelles robes à fleurs, ses petites vestes à col claudine et ses cheveux si parfaitement peignés, presque lustrés, portant sur ses épaule un petit sac ourlé de dentelles. Continuellement on les avait comparées, mais si Océane avait le droit à des "Tu ne pourrais pas prendre un peu exemple sur Mary, regarde-la !", Mary, pour sa part, avait le droit à des "Si tu n'es pas plus sage, tu finiras comme Océane !". Une menace ! Océane Eono était devenue une menace, une trouille pour les gamines un peu coquettes. Pourtant, pour rien au monde elle n'aurait souhaité être une Mary ! Si elle avait eut d'aussi beaux vêtements, comment aurait-elle fait pour grimper dans les arbres ? Comment serait-elle parvenue à battre les gars à la course avec des chaussures aussi peu confortables ? Et pour ses cheveux, il n'y avait rien à faire, ils vivaient leur propre vie sur son crâne. De temps en temps, elle les attachait, mais rapidement ils ne formaient plus qu'une queue lâche qui pendouillait mollassement dans son dos. Quand la brune faisait déraper son vélo devant l'échoppe de Mrs Jackson, elle se faisait réprimander par la femme, critiquant ses genoux abimés, la terre sur ses joues, les brindilles dans ses cheveux, et ses ongles rongés. "Tu ne trouveras jamais un mari, Osheane !" s'entendait-elle proclamer comme un mauvais sort qu'on lui jèterai. "M'en fout !" répondait-elle avec malice, avant de filer au rayon BD, ou Mary consultait le dernier exemplaire de Vogue (à savoir, celui de mai 1975, vu les délais de livraison.) Et c'était vrai, elle s'en foutait. Elle ne voulait pas de mari, elle ne voulait pas d'enfants, elle souhaitait juste passer sa vie à s'amuser avec ses gars, et peut-être à travailler un peu la terre, aussi... Les années avaient passé, mais pas Océane. Si elle avait grandit, sa panoplie de sale môme n'avait pas évolué. Ses shorts en jean laissaient à présent, apparaitre de longues jambes finement musclées, et ses tee-shirt laissaient deviner une poitrine menue, sans aucun soutient. Souvent, pour plus de praticité, elle nouait le tissu au niveau de sa taille, laissant à nu son bas ventre plat et ses hanches bien dessinées, sur lesquelles les regards de ses gars s'attardaient de temps à autre. Tout avait "poussé" -comme Francis aimait à le dire- en un hiver, et l'été suivant, bien des gars furent surprit de constater l'étendue des changements. A coup de concours de crachats ou de descentes de bière, elle avait finit par leur faire oublier son physique au profit de ce qu'elle avait toujours été : Un des leurs, et rapidement ils n'avaient plus vu en elle que leur pote de toujours, "avec une paire de nibards en plus". Non, elle n'enviait rien à Mary Filligan qui avait finit par épouser l'un de ses gars et qui se retrouvait mère au foyer avec pour toute activité relaxante, une énième rediffusion des "Feux de l'amour" sur une chaîne nationale. Car, elle elle avait eu ce qu'aucune fille n'avait eu dans la région : Des amitiés sincères.

    Ils auraient fait n'importe quoi pour Océane, et ils l'avaient prouvé à de maintes reprises. Oh, biensûr, elle en faisait autant à leur égard et ne comptait plus le nombre de conneries qu'elle avait fait simplement pour venger l'un d'eux, mais de part sa petite taille et sa frêle silhouette, elle était tout de même, le membre de la bande, le plus sur-protégé et couvé. Elle avait beau avoir quitté le bercail pour s'établir dans la grande ville et fricoter avec des gars du Sud, elle redevenait l'une des leurs dès qu'elle remettait un pied par ici. Il le lui avait encore prouvé cet été lorsque, en état de mort cérébrale, proche de la mise en bière, un à un, ils étaient venu pour tenter de la tirer de sa semi-vie. Elle se souvenait encore de Kyle, furetant tout autour de la table où elle était installée, n'osant pas s'approcher, préférant lui tourner autour comme il l'aurait fait avec un de ces gros gibier qu'il chassait dans la forêt, attendant le moment propice pour l'attaquer. Il l'avait finalement fait, avec ses manières grossières et maladroites, attaquant franchement avec un "Une de perdue, dix de retrouvées", avant de se rappeler que cette formulation ne marchait que pour les hommes. Un à un, ils étaient venus, et un à un ils avaient baissé les bras, renonçant à une quelconque tentative de sauvetage. Pendant plusieurs semaines elle avait fuit le Pub, préférant se retrancher dans sa ferme sur la colline, leur épargnant le spectacle de sa propre déchéance, avant de fuir la ferme, pour épargner ce même spectacle à son grand-père. Et puis, il y avait eu Goodrigde et ses cours de billard. Ça avait le don de lui rappeler Brendon. Ça faisait mal, mais elle aimait ce mal. Elle le convoitait, elle l'entretenait, comme s'il avait été un allié, comme si elle avait besoin de ça pour se pardonner à elle-même. Se faire souffrir intentionnellement pour punir cette partie d'elle qui lui infligeait une souffrance encore plus grande. Et puis, un soir, tout avait dérapé... Au moins, ça lui avait remit les idées en place, et si elle en avait encore douté, ça avait eu le mérite de lui prouver que ses gars étaient d'une fidélité à toutes épreuves. Aujourd'hui encore, ils venaient d'en donner l'exemple. Avec une rapidité dont elle n'avait encore jamais fait l'expérience, les évènements s'étaient enchainés. Elle avait entendu Kyle se renseigner sur l'identité de ses deux acolytes, et avant qu'elle n'ait eu le temps d'intervenir, Gretchen avait lâché l'info. Immédiatement, ce qui était à craindre se produisit. Toutefois, Océane n'avait pas songé à un tel degré de violence, même si, avec du recul, c'était une évidence concernant Kyle. Elle avait imaginé qu'il gueulerait, qu'il tournerait les talons, mais fidèle à lui-même, il avait laissé son poing parler en premier. "Tu frappes d'abord, tu discutes ensuite, Pocahontas !" n'avait-il cessé de lui répéter toute son enfance. Elle avait souvent appliqué son conseil, et ce soir encore il en avait fait les frais. Une gifle était partie, après qu'elle l'eut poussé contre le mur à l'aide d'une queue de billard, et avant de lui expliquer le fond de sa pensée. L'arroseur arrosé. C'était un autre des avantages d'être Océane Eono. Elle avait le droit de le plaquer contre un mur, de le malmener, de le traiter de "gros abrutit atrophié du cerveau" et de le sermonner comme s'il eut s'agit d'un môme, sans rien avoir à craindre de cette brute qui se transformait en agneau à son contact. Et Mary ? Mary se contentait de garder ses gamins, lui faire à manger, et écarter les cuisses deux fois par semaine. Car oui, le fameux Laferty que Mary Filligan avait épousé n'était autre que Kyle. Kyle Laferty. Alors ? Laquelle des deux était la plus à plaindre ?

    Lorsqu'elle en eut terminé avec Kyle, elle passa au sermon de groupe, rassemblant ses troupes autour d'elle pour leur expliquer sa façon de penser. Certains tentèrent bien de s'insurger, mais la marque à cinq doigts qu'arborait leur chef de bande sur la joue, les en dissuada. Finalement, elle reporta son attention sur ce qui lui faisait office d'homme de sa vie, mais qui ressemblait plus à Rocky Balboa après combat, en cet instant. Il n'avait pas l'air de trop souffrir, plongé en pleine conversation à voix basse avec sa soeur. Intriguée, Océane s'approcha, mais n'arriva à porté de voix qu'au moment d'un éclat de rire dont elle ne comprit pas la source. Furieuse de constater qu'il prenait tout cela avec autant de légerté, elle lui lança un regard noir, mais rien à faire, il avait décidé qu'aujourd'hui était le plus beau jour de sa vie de bisounours ! Crétin ! Il voulait faire une partie de billard, et Gretchen allait dans son sens. Non, mais depuis quand elle ne pouvait plus compter sur la blonde pour l'aider à lui tenir tête ? A croire qu'ils s'étaient passé le mot pour l'emmerder, ce soir ! Il insistait, prétextant que c'était le seul moyen pour se faire accepter, et qu'il voulait se faire accepter. Même si son comportement était totalement irrationnel et illogique, ce ne fut pas ce qui la dérangea le plus. Deux de ses arguments l'avaient fait tiquer. Alors, sans perdre une seconde, elle le poussa. Ses deux mains à plat contre son torse, elle l'obligea à reculer, encore et encore, jusqu'à être totalement hors de porté de voix des autres. Elle l'obligea à s'asseoir sur une chaise, mais resta debout, histoire de le dépasser pour une fois, même si c'était de peu, et s'offrir une sorte de supériorité qu'elle n'aurait absolument pas eu en levant le menton pour lui parler.
    " C'est une demande en mariage, Driesen ? " Demanda-t-elle sans un sourire. " Parce que j'ai pas dis oui, et je risque pas de dire oui à un type qui se laisse taper dessus jugeant qu'il a mérité une raclée pour quelque chose dont il n'est pas responsable ! Et te fout pas de moi, t'as eu le temps de le voir venir, le coup ! " Elle ne riait pas, ne souriait pas, mais pour autant, ne lui hurlait pas dessus. Elle le sermonnait, comme elle venait de le faire avec les cinq autres, à voix basse. L'attrapant par le menton, elle lui releva le visage, cherchant son regard, avant de s'attarder sur son nez en piteux état. " J'en ai plus que ras le cul de ton comportement de martyr à la con ! J'ai rompu, j'ai merdé, je suis responsable ! Et pourtant, est-ce que je me laisse cogner dessus par l'autre tâche ? Je vais peut être aller le lui demander, puisque visiblement c'est l'attitude à avoir selon toi ! Tu peux me dire en quoi tu es responsable de mon été ? Hein ? " Elle s'accorda une pause d'une fraction de seconde, comme si elle attendait qu'il lui fournisse une réponse, sans pour autant lui en laisser le temps. " Bah voilà, pas d'réponse ! Parce que tu n'es pas responsable. Alors arrête tes conneries tout de suite, ou alors va directement t'étendre sur la route en attendant qu'un tracteur te roule dessus, puisque ça semble être l'escalade de la connerie sous ton crâne ! " Elle s'empara d'une serviette en papier, qu'elle trempa dans un broc d'eau, avant d'entreprendre d'ôter tout le sang séché qui lui souillait la peau. " T'as beau avoir un QI monstrueux, t'es quand même sacrément stupide par moment. " Reprit-elle plus doucement, perdant de sa fureur à mesure qu'elle lui nettoyait le visage. " Tu n'es pas d'ici, tu ne sais pas ce qu'il faut faire avec les gars. Et non, "La petite maison dans la prairie" ne peut pas être considéré comme un manuel de survie en milieu rural, amour de moi. Alors pour une fois dans ta vie, ferme ta grande bouche, et laisse-moi faire. " Elle détourna le regard, s'occupant d'humidifier une nouvelle serviette, avant de revenir à son visage qui reprenait forme humaine. " C'est pas cassé... C'est moche, mais c'est pas cassé. Tu as de la chance, tu éviteras le redressage de nez façon Francis. " Dans une grimace, elle lui fit comprendre qu'il ne préférerait pas y goûter, puis souleva la poche de glace, afin de passer le bout de ses doigts sur l'arrête de son nez. " Ça ira, tu vas survivre. " Conclue-t-elle en laissant retomber la poche sur la table. Elle s'apprêtait à se retourner et esquissait le mouvement pour rejoindre les autres, lorsqu'elle se rappela le deuxième point de son discours qui l'avait chiffonnée. Alors, elle pivota pour se retrouver face à lui, et d'une main de maître l'obligea à se rasseoir sur la chaise dont il venait, à peine, de lever ses fesses. " Ha ! Et dernier point ! Si tu crois que je vais te laisser venir t'enterrer ici, tu te fourres le doigt dans l'oeil ! Tu mérites mieux qu'un lopin de terre et un troupeau de vaches ! Arrête de prendre un délire post-traumatique pour rêve prémonitoire ! Tu as travaillé 4 jours avec Francis, et voilà que tu te prends pour Charles Ingalls ! Faut pas rêver, mon petit pote, t'as pas l'étoffe d'un fermier ! Toi, t'es un génie de l'informatique et un pro de la plomberie ! " Elle tenta de réprimer un sourire, mais rien à faire, il s'incrustait bel et bien sur ses lèvres. " Je peux très bien me passer de Kalispell... " Acheva-t-elle en s'emparant de ses lèvres avec précaution, ses deux mains encerclant son visage. Elle disait vrai, elle pouvait se passer de Kalispell. Mais pas pour n'importe qui, juste pour lui. Parce qu'il était hors de question qu'il gaspille son potentiel en s'établissant dans une ferme. Ce n'était ni son domaine, ni sa passion. Il était fait pour tout autre chose. " Ce point n'est pas négociable, alors ne t'avises même pas de protester ! " Le coupa-t-elle immédiatement, surprenant le mouvement de ses lèvres. " Ma vie m'appartient, et je ne te laisserais pas me la dicter sous prétexte que t'as fait un rêve à la con ! Moi, cette nuit, j'ai rêvé que j'étais avec Gretchen à Paris, et qu'on confectionnait des Cupcakes avant de les vendre sous le pont Alexandre III, en tenue de soubrette. Pourtant, est-ce que tu m'as vu acheter un billet d'avion pour Paris ? Non, parce que ce n'était qu'un rêve ! " Sentant qu'il allait faire une reflexion sur la tenue de soubrette, elle le fit taire d'un baiser, qu'elle ponctua d'un " Ferme-la. " Immédiatement suivit d'un " Je t'aime. ", avant de l'attraper par la main et de l'obliger à se relever.

    Alors qu'ils s'approchaient de la table de billard, les six visages se tournèrent vers eux, et le silence se fit, comme s'ils attendaient l'autorisation d'Océane pour parler, comme s'ils savaient d'avance qu'elle allait y aller de son petit speech. Ils la connaissaient bien. Même Gretchen gardait le silence, attendant la suite du spectacle avec un intérêt non dissimulé. Perchée sur une table haute, elle se délectait de sa soirée. Elle avait pensé s'ennuyer comme un rat mort dans ce pub local empli de... locaux, mais elle s'était trompée, c'était encore mieux qu'à New York !
    " Bon ! " Tonna Océane en crevant le silence. " Afin qu'on soit entièrement d'accord et qu'on puisse passer à autre chose : Je suis une conne ! " Elle avait lancé ça le plus naturellement du monde, comme s'il s'agissait d'une évidence, alors que personne ne s'attendait à ça. " Je m'explique ! Moi, Océane Eono, j'ai quitté ce type, là... " De son pouce balancé derrière son épaule, elle désigna Driesen qui enlaçait sa taille. " En pensant que ce serait cool, que je pourrais m'en sortir finger in the nose, et reprendre ma vie de célibataire tranquille ! Et comme vous avez tous pu le constater, je me suis lamentablement trompée ! " Les cinq gars hochèrent la tête en choeur, et Gretchen fit mine de se pendre. " Je ne vais pas verser dans le sentimentalisme à 2$, mais voilà, sachez que je suis la fautive et que si je vous l'amène aujourd'hui, c'est pas pour vous l'offrir en pâture, bande de sauvages décérébrés, mais pour vous le présenter ! "
    " Fallait l'dire tout d'suite ! "
    La coupa Kyle, timidement.
    " Ha ouai, et quand ? Avant ou après ton poing dans sa figure ? " Cingla-t-elle en s'empara d'une queue pour le menacer avec.
    " Pendant ? " Tenta Jon en réprimant un rire.
    " La ferme, Jon ! Donc, je vous l'ai déjà dit, mais je me répète histoire que ça rentre bien dans vos têtes de ploucs ! Je ne veux plus de ça ! Plus coup de poing, plus de sang, plus de cris ! "
    " Et c'est elle qui dit ça ! "
    S'exclama un troisième larron en envoyant son coude dans les côtes de Kyle, hilare. Ce dernier s'empara de ses doigts, et lui retourna le poignet.
    " Agace pas la naine ! " Le prévient-il, pendant qu'il se tordait de douleur en hurlant de le lâcher.
    " Kyle !! " Hurla Océane et le costaud lâcha son ami " P'tain, mais vous êtes impossible ! "
    " Il s'moquait d'toi ! "
    Tenta de se justifier le balèze avec soudain des airs de gamin prit en faute. Océane leva les yeux au ciel, consciente qu'elle ne pourrait pas leur faire entendre raison, ils étaient pourris jusqu'à la moelle, irrécupérable.
    " Bref ! Brendon, le gros crétin macho et bagarreur... " Elle désigna Kyle du bout de sa queue de billard, alors que ce dernier, tout sourire, s'auto-désignait de ses pouces, fier de la description d'Océane. " C'est Kyle Laferty. Marié, deux enfants, il a arrêté l'école en 3ème pour devenir producteur de films pornos, avant de se rendre compte que se filmer lui-même entrain de se satisfaire en solitaire, n'intéresserait personne... "
    " C'était avant-gardiste, mais personne n'a su m'comprendre. "
    coupa le fameux producteur avec fierté.
    " Depuis, il est garde forestier le jour, et alcoolique la nuit ! A sa gauche... " Elle désigna le petit brun qui se frottait encore les doigts. " C'est Henry Filligan. " Ce dernier leva une main dans un timide signe de salutation. " Beau-frère de Kyle et accessoirement son souffre douleur. " Le brun hocha la tête, penaud.
    " Y a deux s'maines, j'me suis endormi dans mon lit et réveillé en pleine forêt avec juste mon pyjama et des cornes de cerfs en plastoc sur l'crâne. En face d'moi, Kyle et son fusil... I'm'a juste dis "Cours !"... J'ai couru... " La voix faiblarde, il baissa la tête, tandis que Kyle partait d'un rire sonore, et qu'Océane se tournait vers Brendon, soulevant un sourcil l'air de dire "Tu vois ?".
    " Lui... " Reprit-elle en désignant, toujours à l'aide de la queue, le blond à la droite de Kyle. " C'est Jonathan Cummings."
    " Appelle-moi Jon' ! "
    Coupa ce dernier avec un sourire commercial aux lèvres.
    " Il s'agit du moins crétin du lot. Il a épousé la fille du maire, du coup maintenant il bénéficie du titre ronflant de chargé municipal, alors qu'en gros, il passe sa journée derrière un bureau à faire des colliers de trombones. D'ailleurs, la grosse a accouché ? J'ai vu que le chiffre avait changé sur le panneau de la ville. "
    " Ouai, mais elle est toujours aussi grosse ! "
    Répondit-il dans une grimace. " C'est une fille. Charlotte, qu'elle l'a app'lé ! "
    " Ça m'a fait pareil avec Mary ! Elle dégonfle plus ! " Renchérit Kyle en offrant une tape affectueuse dans le dos de Jon'.
    " Hey ! C'est d'ma soeur qu'tu parles ! " S'insurgea Henry.
    " Et alors ? C'est d'ma faute, p't'être, si elle ressemble d'plus en plus à sa mère et gonfle à vue d'oeil ? "
    " Hey ! C'est d'ma mère qu'tu parles ! "
    Rapidement, un verre s'explosa au sol, une queue se retrouva entrain d'étrangler quelqu'un, des injures venaient de partout, et la conversation ne ressembla plus qu'à un énorme brouhaha d'insanités. Océane contempla le spectacle avec sévérité, mais si on la connaissait bien, on pouvait déceler une pointe de sourire au coin de ses lèvres. Et oui, c'était bien ses gars, ça... Avec une sorte d'amour, presque maternel, elle contempla la bagarre qui sévissait à l'autre bout de la table. Jon venait de se prendre un broc de bière sur la tête, qui avait explosé avant de répandre son contenu sur les cheveux et les épaules de ce dernier. Il ne fut sonné que pour une petite seconde, et esquissa un sourire machiavélique en direction d'Océane avant de s'élancer, tel un catcheur pro, le coude en avant, sur un des gars qui était au sol pour on ne sait quelle raison. Jack, le barman, emmergea rapidement de derrière son bar, et en le voyant arriver, Océane leva bien haut les deux mains, un air innocent au visage, comme pour lui dire "je n'ai rien fait, c'est pas moi !". Le demi-Blackfeet secoua la tête avec lassitude, puis reporta son attention sur le raffut.

    " Kyle a dit que Mary était grosse, et qu'elle ressemblait de plus en plus à Mrs Filligan. Du coup, Henry s'est élevé en défenseur de sa famille. " Sous-titra Océane pour Jack.
    " Bof, Mary est vraiment grosse. " Se contenta de répondre le brun chevelu, en balançant son torchon sur son épaule, avant de tourner les talons sans même chercher à calmer les gars. C'était une scène habituelle par ici.
    " Personne ne va les séparer ? " Demanda Brendon, toujours dans son dos. Océane pivota sur elle-même, cherchant à demeurer dans l'étreinte de ses bras, mais en lui faisant face. Lorsque ce fut le cas, et que ses yeux rencontrèrent le visage tuméfié de son amant, elle ne parvint à retenir une grimace. Ça devait être douloureux.
    " Ca te fait mal ? " Demanda-t-elle en y hasardant le bout de son index.
    " Non. " Mentit-il en fermant une paupière au passage de son doigt, preuve soit qu'il avait mal, soit qu'il appréhendait la douleur. " Répond-moi, personne ne va rien faire ? "
    " Non, ils vont s'arrêter d'eux-même. Ils ne se bagarrent pas, ils chahutent, là... C'est des brutes, je t'avais prévenu. "
    " Allez Henry !!! "
    Hurla soudainement une voix féminine, obligeant Océane et Brendon, un peu surprit, à se retourner vers Gretchen, toujours perchée sur sa table haute, qui encourageait de manière très sonore, le moins costaud de la bande. Océane explosa de rire, et la blonde sembla enfin prendre conscience qu'elle était observée. " Bah quoi ? Il est mignon. " Expliqua-t-elle dans un haussement gracieux d'épaules.
    " Et il est célibataire, aussi. " L'informa Océane armée d'un clin d'oeil complice.
    " Ne l'encourage pas ! " Protesta Brendon, pas vraiment ravi à l'idée que sa soeur ait déjà une proie. Un sourire aux lèvres, elle se rapprocha de lui -comme si c'était encore possible- et se hissa jusqu'à son oreille pour y murmurer quelques mots.
    " Il est tellement nerveux avec les filles, que lorsqu'il se retrouve seul avec un membre de notre sexe, dans le meilleur des cas, il n'aligne pas trois mots, dans le pire, il vomit. "
    " Charmant... "
    Répondit-il à voix basse. " Ne dis jamais ça à Gretchen, elle serait capable de vouloir relever le défi. "
    " Oh, c'est donc de famille cette fâcheuse tendance à s'éprendre d'handicapés sentimentaux ? "
    Se moqua-t-elle avant de lui voler un baiser. Un baiser très timide, au vu de l'état de son visage. Il allait devoir s'habituer aux hésitations de sa compagne, ça lui apprendra à se laisser taper dessus. " Bon, si on jouait ? "
    " Mais... comment ? Ils n'ont pas l'air vraiment disponible... "
    D'un mouvement de bras, il désigna la masse grouillante qui sévissait à quelques mètres. Henry, la tête coincée dans le coude de Kyle, subissait son poing qui frictionnait violemment ses cheveux. Jon, venait de se faire briser une queue sur le dos, mais ne s'en était pas rendu compte alors qu'il tenait Merl' par le coup, et le secouait vigoureusement. Océane arborait son éternel sourire tendre.
    " Rien de plus simple ! " L'informa-t-elle avant de se retourner complètement vers ses gars. Elle infiltra deux doigts entre ses lèvres, et un sifflement strident enfla dans la pièce, immobilisant les bagarreurs sur le champs. " Bon, et si on jouait ? " Demanda-t-elle en les fixant un à un, figés dans leurs positions de baston. Un sourire communicatif se répandit sur leurs lèvres, et chacun lâcha son opposant. Henry s'épousseta, Jon relâcha Merl' avant de ramasser la queue brisée, Kyle s'empara d'un balais pour nettoyer le verre brisé, après que Josh eu épongé la bière répandue sur le sol. Bien dressés, non ?
    " Et t'aurais pas pu faire ça avant ? " L'interrogea Brendon, encore surprit par la scène qui se déroulait sous ses yeux.
    " Ils avaient besoin de se dépenser, je préfère qu'ils le fassent entre eux, plutôt que sur ton auguste face, mon coeur. " Un sourire amusé aux lèvres, elle lui vola les siennes pour un énième baiser précautionneux, avant de se retourner vers la table en s'emparant de la queue qui y traînait. Ça allait être marrant.

[...]
    " Et tu t'appelles vraiment Merlin ? " Gretchen, son adorable fessier posé sur un coin de la table de billard, s'intéressait de très très près au grand brun qui s'apprêtait à casser les boules. S'évertuant à croiser et décroiser les jambes avec sensualité, elle commençait à faire perdre ses moyens au joueur. " T'es un enchanteur ? En tous cas, tu m'enchantes... " Voix caressante, tout comme ses doigts fins qui venaient de remonter du poignet jusqu'à l'avant-bras de Merl'.
    " LILIPUCE !! " Hurla ce dernier après avoir raté son coup et rentré aucune boules. " Éloigne don' c'diable tentateur d'moi !J'veux la r'faire ! "
    " Han han ! "
    S'écria la fameuse Lilipuce en secouant la tête. " Méthode peu orthodoxe, mais totalement acceptée par notre règlement ! " Armée de sa craie blanche, elle s'approcha du tableau d'ardoise fixé au mur, et inscrivit dans une colonne le nom de "Merlin" en dessous duquel elle fit une craie. " On en était à 5 bouses, qui dit mieux ? "
    " Moi ! "
    S'exclama Henry en bondissant de son siège.
    " Combien ? " Demanda Océane après avoir inscrit "5" sous la croix de Merlin.
    " Disons... 6 ! "
    " P'tit joueur ! "
    Ricana Kyle, dans son coin.
    " Ok, 7 ! " Rectifia le moins costaud en fusillant son beau-frère du regard. Océane inscrivit le nom d'Henry dans une deuxième colonne, puis le chiffre 7, alors que le petit brun s'approchait de la table de jeu.
    " Tu peux me ré-expliquer la règle du jeu ? " Hasarda Brendon, assit sur une chaise haute, en réceptionnant Océane qui venait de se réinstaller entre ses jambes.
    " C'est pourtant simple, chez nous l'enjeu du pari n'est pas pour le gagnant, mais pour le perdant. A partir de là, on doit tout faire pour ne pas finir dernier. Par ce faire, il faut réussir ses coups. A chaque fois que tu prends la queue, tu paris un nombre de bouses, toujours supérieur au précédent paris. Si tu perds, tu donnes ta queue au suivant, qui lance un paris supérieur au tien, et tu pries pour que les suivants perdent aussi, afin que tu puisses rejouer. Pour l'instant c'est Merlin qui perd, sauf si tous les suivants perdent aussi, et qu'on en revient à lui... " A cet instant, Henry en était à son deuxième coup, et ne rentra aucune boules. Il lâcha un cri de rage, avant de reposer la queue contre la table. Océane se leva immédiatement, et forma une croix blanche dans la colonne d'Henry. " 7 bouses, qui dit mieux ? "
    " Moi ! "
    Jon' venait de s'emparer de la queue vacante. " 10 ! " Un "Ouuuuh" admiratif et général s'éleva dans l'assemblée, pendant qu'Océane formait une nouvelle colonne pour Jon', et inscrivait 10.
    " Donc, là, c'est Henry qui perd ? " Demanda Brendon en accueillant une nouvelle fois, sa compagne contre lui.
    " Non, c'est toujours Merlin. Il est le premier à avoir raté son coup, un coup simple en plus, alors il est considéré comme le plus mauvais joueur. Le perdant serait Henry si tous les suivants manquaient des coups, et que le tour revenait à Merlin, qui finirait la partie. "
    " Impossible ! "

    " Exactement ! C'est pour ça qu'il tire la tronche. Normalement le premier coup rapporte des points, il y a tellement de boules sur la table, que tu peux tirer jusqu'à 4 coups tranquille, et dans ce cas, c'est le suivant qui est désigné comme perdant. Mais cette fois, il a vraiment merdé. "
    " Et du coup, il se passe quoi, avec les bouses ? "
    Demanda-t-il en dégageant les cheveux dans la nuque d'Océane pour y déposer ses lèvres.
    " Le dernier chiffre annoncé par celui qui rentre la dernière boule devient le chiffre final... " Annonça-t-elle en ployant le cou pour lui fournir plus d'espace. " Alors, on rassemble le nombre de bouses désigné, et le perdant doit se rouler dedans. " L'informa-t-elle le plus naturellement du monde, comme si le gage n'était rien de plus qu'une corvée de vaisselle. Les lèvres de Brendon se figèrent dans sa nuque, mais Océane n'eut pas le temps de réagir, puisque Jon' venait de perdre son quatrième coup et injuriait les boules. La jeune femme se redressa, et s'empressa de marquer d'une croix la colonne de Jon'. " A qui le tour ? " S'enquit-elle.
    " Moi ! " Gretchen venait de sauter de la table où elle s'employait à consoler Merlin, sans grande réussite. " 15 bouses ! " Annonça-t-elle un immense sourire aux lèvres, tout en se mettant en place.
    " Gretchen ! " S'exclama son frère, soudain paniqué. " Je crois que tu n'as pas saisi toutes les subtilités de ce jeu... " Il pesait ses mots, histoire de ne vexer aucun des balèzes qui avaient imaginé ce jeu barbare.
    " Évidemment que si ! Je n'ai rien à craindre, il ne reste que 6 boules sur la table. Même si je ne parviens qu'à faire un seul coup, vous êtes encore quatre à jouer. Merl' n'a aucune chance, c'est bien pour ça qu'on s'amuse à faire augmenter rapidement le nombre de bouses, parce qu'on sait que c'est pour lui ! " Le fameux Merlin s'affaissa contre le table, où il cogna son front à répétition. Gretchen se pencha en avant, et envoya deux boules dans les coins. " J'adore ce jeu ! " S'exclama-t-elle en contournant la table pour parer son nouveau coup. " Dommage, on a pas de bouses à New-York... Peut être que ça pourrait marcher avec des crottes de chiwawa ? Faudrait augmenter les doses, c'est sûr. " Et paf ! Deux boules en moins. Plus que deux, qu'elle rata pour que le nombre de bouses augmente encore, alors que son frère l'observait avec stupéfaction. Gretchen était comme un poisson dans l'eau.

[...]
    " Allez, Pocahontas ! T'es la meilleure ! Sauve l'honneur du Montana ! " Beuglait Kyle en malaxant fermement les frêles épaules d'Océane qui se tenait devant la table de billard, la queue à la main. Ils avaient fait trois parties de Bill-Bouses, que Merlin avait perdu à chaque fois grâce à l'intervention peu subtile de Gretchen qui s'amusait de son pouvoir sur le jeune homme. Maintenant, les bouseux avaient décidé d'accéder à la demande des New-yorkais, et avaient formé deux équipes. Ils étaient 6 dans la leur, mais cela n'avait pas empêché Gretchen et Brendon de les éliminer un par un. Merlin, Henry et Gavin n'étaient pas de très bons joueurs, un peu trop bourrin pour la délicatesse d'un billard, ils avaient donc été éliminés rapidement par une Gretchen en furie. Très rapidement il n'avait plus resté que Océane, Jon et Kyle. Un jeu presque équitable. Jon avait été éliminé en trois coups par Gretchen, et cette dernière avait été ratatinée par un Kyle déterminé. Malheureusement, il venait de perdre en deux coups, laissant Océane seule face à Brendon. C'était pour cette raison qu'il l'encourageait, parce qu'à six contre deux, fallait vraiment pas qu'elle le laisse gagner, ce pied tendre. Il ne restait plus que deux boules sur la table. Brendon avait bêtement raté son dernier coup, déstabilisé par un Jon poussant des cris d'oies sauvages, enfin ce qu'il décrivait être des cris d'oies sauvages. Maintenant c'était à Océane de jouer, mais Brendon ne semblait pas s'en inquiéter, si elle avait toujours été douée pour les coups faciles, elle avait tendance à perdre ses moyens dès que la partie se resserrait. Enfin, ça c'était avant, avant son été passé à se perfectionner avec Goodridge. D'ailleurs il était où Goodridge ? Brendon se rappelait aussi leur dernière partie à San Francisco, où elle avait lamentablement raté la dernière boule, perdant du même coup le pari.
    " On corse la mise, Driesen ? " Demanda-t-elle, provocante, en ramassant ses cheveux en arrière.
    " Tu as l'air bien sûre de toi, Eono. " Répondit-il sur le même ton. " La chance du débutant n'est pas éternelle. "
    " Débutant ? "
    S'étrangla Kyle, avant de se recevoir un coup de queue dans l'estomac pour qu'il la ferme.
    " T'as la trouille Driesen ? " Continua-t-elle en ancrant son regard au sien, par-dessus la table.
    " Pas le moins du monde, Eono. " Il soutenait son regard, copiant sa position à elle sans en avoir conscience. " Par contre, tu commences à m'exciter un peu, là ! " Renchérit-il avec un sourire au coin des lèvres. Un murmure d'indignation s'éleva derrière Océane. Ses gars n'aimaient pas qu'on évoquer l'attrait sexuel de la brune. Ce qui ne fit qu'élargir le sourire de Brendon.
    " Seulement un peu ? Je suis presque déçue... "
    " Et cette mise ? "
    Coupa Gretchen qui s'était bouchée les oreilles et hurlait pour se faire entendre.
    " La tenue de soubrette. " Se contenta de répondre Brendon, sans quitter Océane du regard.
    " Les cupcakes. " Répondit-elle en soutenant son regard.
    " Les cupcakes ? En quoi est-ce que... ? "
    " Tu seras un des ingrédients de la préparation. "
    Expliqua-t-elle avec nonchalance.
    " Lalalalalalala lalalalalala laaaaaaaaaaaaa ! " Chantonna Gretchen en enfonçant ses deux index dans ses oreilles.
    " Ca marche, Driesen ? " Demanda Océane en récupérant son attention.
    " Carrément, Eono ! " Il tendit sa main par dessus la table, main qu'Océane s'empressa de serrer, avant de s'intéresser un peu plus à son jeu. Brendon ne perdait pas une miette du spectacle d'Océane ondulant autour de la table, cherchant le meilleur moyen de frapper cette boule qu'elle ne mettra jamais dans un coin. Il le savait d'avance, il connaissait sa façon de jouer, et ne doutait pas un instant de la voir très rapidement en tenue de soubrette. Elle se pencha en avant et il eut alors tout le loisir d'étudier sa cambrure de rein tournée vers lui. Il était tellement à sa contemplation qu'il n'observa pas le jeu, et ne releva la tête que lorsqu'il entendit les cris de bête beuglés par la demi douzaine de balèzes autour de la table. Immédiatement il reporta son attention sur la table, vide de boules. " Que... ? Comment... ? " Baragouina-t-il à l'intention d'Océane. Cette dernière reposa la queue sur la table, avant de se tourner vers lui, la victoire modeste. Après tout, elle n'aurait jamais eu l'occasion de ce dernier coup, si Jon n'avait pas fait rater le précédent. Elle arrima ses bras autour de son cou, et lui vola un baiser.
    " Je t'ai laissé gagner la dernière fois. " Lui glissa-t-elle avant de se pencher à son oreille pour que la suite ne soit audible que de lui. " J'avais très envie de danser... Cupcake... " Murmura-t-elle avant de lui mordiller tendrement la peau douce de son cou sous son oreille.
    " Vous avez vu l'heure ? " S'écria-t-il brusquement, en se redressant. " On rentre ! " Il s'était emparé des affaires qu'ils avaient déposé sur la table, et envoyait son blouson à Gretchen, sa veste à Océane, avant d'enfiler son propre manteau. Il avait l'air un peu pressé d'un coup. " Bonne soirée, les gars ! " S'empressa-t-il de conclure en attrapant la lilipuce par la taille, la soulevant du sol, pour regagner la sortie. Oui, décidément, il était très pressé.
    " A demain ! " Ponctua Océane en agitant une main qu'elle n'était pas sûre qu'ils puissent voir, tandis que Gretchen trottinait derrière eux en râlant.

[...]
    " Amour de moi ? " Ils étaient en voiture, ou plutôt en camionnette. Brendon venait de démarrer en trombe, n'ayant rien perdu de l'empressement dont il avait fait preuve à l'intérieur du Pub. D'ailleurs, Océane n'avait même pas eu le temps d'attacher sa ceinture. Elle n'avait même pas cherché à se disputer le volant, elle l'avait laissé faire, elle s'était laissée faire, mais là, elle était obligée d'intervenir.
    " Quoi ? " Demanda-t-il en faisant couiner une vitesse qu'il avait du mal à passer.
    " Arrête-toi ! " Demanda-t-elle, autoritaire mais douce, en posant une main sur la sienne.
    " Mais non ! Mais pourquoi ? " Il avait l'air sincèrement perdu, comme si elle était entrain de le repousser avec cette simple demande.
    " T'as pas l'impression d'avoir oublié quelque chose, mon coeur ? " Elle réfléchissait à ses mots, histoire de ne pas le brusquer plus qu'il ne l'était déjà, et d'un autre côté, elle se retenait de rire. Surtout ne pas rire. Et c'était dur en le voyant faire l'inventaire de ce qu'il portait sur lui, cherchant ce qu'il avait bien pu oublier, sans trouver... " Ta soeur ! " Finit-elle par lui fournir la réponse, avant de se laisser aller à un rire franc. Il releva le nez jusqu'au rétroviseur, dans lequel on pouvait distinguer une Gretchen qui gesticulait des bras dans la neige. Furieuse.
    " Putain de merde ! " S'exclama-t-il en braquant le volant pour faire un demi-tour qui s'apparentait plus a un dérapage pas contrôlé du tout !
    " Surveille ton langage ! " Fit mine de s'offenser Océane, hilare.
    " Rigole pas ! T'imagines pas comme elle va me le faire payer, ça ! " Il avait la trouille, et Océane savait qu'il avait raison. Gretchen n'allait pas s'en remettre d'avoir été oubliée sur le bord de la route par son propre frère. Sauf que pour la brune, c'était juste irrésistiblement drôle comme situation.

[...]
    " Océane Jayleen Josephine Eono !!! " Le cri provenait de derrière la porte, peut être même au-delà, peut être du bas des escaliers, mais déclencha une alarme dans la tête de la jeune femme, qui se redressa dans le lit, expédiant une partie des draps dans son mouvement, ainsi que le chat qui émit un drôle de cri en volant vers le sol. Si la voix familière avait été analysée tout de suite comme étant celle de Francis - Grand père - Homme de sa vie - Amour, elle mit un certain temps à remettre le reste du monde qui l'entourait en place. Montana - Kalispell - Chambre - Lit double - Brendon ?! Elle tourna rapidement le visage vers le corps allongé à ses côtés à peine recouvert d'un drap. Son regard suivit les courbes de son torse, glissa le long de sa gorge, jusqu'au sourire rayonnant qu'il affichait avec nonchalance. Un sourire qu'elle lui rendit, avant de ramasser un peu de chocolat qu'il avait sur la joue, du bout de l'index et de le glisser entre ses lèvres.
    " Bonjour... " Glissa-t-elle dans un sourire, avant de venir s'allonger contre lui, sur lui, et de se répandre en une pluie de baisers claquant. Bon sang, que c'était agréable ce genre de réveil à deux, dans un grand lit, sans avoir à craindre de se faire surprendre. Un réveil officiel en quelque sorte.
    " OCÉANEEEEEEEEEEEEEEUH !!NOM DE D... "
    " N'JURE PAS DANS MA MAISON, FRANCIS MACON EONO ! "
    " C'EST MA MAISON, ESPÈCE D'VIEUX GÂTEUX ! "
    " C'EST UN DÉTAIL, JOUE PAS SU' LES MOTS ! ET ARRÊTE D'HURLER COMME UN SOURD, T'VAS NOUS REND' DINGUOS ! "
    Océane n'avait pas bougé, profitant de la mini dispute en bas, pour prolonger un peu son réveil tendresse. Mais il fut de courte durée, puisque Francis ne tarda pas à reprendre ses beuglements.
    " LUTIN ! SI TU DESCENDS PAS IMMEDIATEMENT, JE MONTE !! " Hurla-t-il depuis le bas. La brune soupira fortement, avant de se redresser à contre-coeur.
    " MAIS QUOIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ? " Répondit-elle alors que les mains de son amant, qu'elle chevauchait toujours, remontait jusqu'à sa poitrine à nue.
    " DESCEND !! " Hurla la voix de Francis, alors qu'Océane tapait sur les mains amantes.
    " MAIS POURQUOIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ? " Les mains revenaient à l'assaut de sa poitrine, plus vicieuses que la fois précédente, mais elle parvint à taper une nouvelle fois dessus, les obligeant à rebrousser chemin.
    " DÉPÊCHE-TOI D'DESCENDRE !! "
    " OUAI, OUAI... DANS 5 MINUTES... "
    Répondit-elle, lasse, en récupérant les mains de son amoureux pour les replacer sur sa poitrine. Cinq minutes qui risquaient de se transformer en une bonne demi-heure, alors qu'elle retournait se lover contre lui, tout en s'évertuant à lui picorer la peau du cou, laissant une main habile glisser entre leurs deux corps, descendant à la recherche du fruit pas du tout défendu.
    " PAS DANS 5 MINUTES ! MAINTENANT ! SINON J'ATTENDRAIS PAS D'EXPLICATIONS, ET J'LES VIRE A COUPS D'FOURCHE DANS L'DERRIÈRE !! "
    " Les ? "
    Demanda-t-elle trop bas pour que son grand-père l'entende, tout en offrant un regard interrogateur à Brendon, en se redressant une nouvelle fois. " De qui il parle ? " Comme s'il avait la réponse, lui. Elle s'était totalement relevée, avait sauté du lit, et s'était emparée d'une chemise trainant au sol, et de son jean échoué là. Après avoir râlé un peu, Brendon fini par se lever, et s'habiller à son tour. " T'as un peu de crème, là... " Murmura-t-elle, penaude, en lui retirant la crème du front. " Boude pas... Peut être que... " Elle tendit l'oreille, mais le calme semblait régner de nouveau au rez de chaussée, aussi se blottie-t-elle contre lui, entreprenant de défaire les boutons qu'il venait à peine de fermer.
    " OCÉANE !!! " Et merde !
    " C'EST BON !! JE M'HABILLE !! " Hurla-t-elle à son tour, excédée, en s'éloignant une fois encore de son amant au bord de l'implosion.
    " T'as décidé de me tuer, c'est ça ? " Lui demanda-t-il, bougon.
    " Rendez-vous dans une demi-heure, dans la grange, amour de moi ! " s'empressa-t-elle de lui répondre avant de lui voler un baiser et de filer vers la porte. Sa sortie tonitruante fit sursauter une Gretchen au radar, sur le palier. La jeune héritière, drapée dans une robe de chambre en soie rose, les cheveux ébouriffés etun seul oeil d'ouvert, se plaqua contre le mur, une main sur sa poitrine.

    " Z'êtes tous aussi énergique dès l'matin ? Faudrait songer à prendre des décontractants, là... "
    Grommela-t-elle en resserrant les pans du fin tissu contre elle.
    " J'y suis pour rien, et crois-moi que j'aurais préféré rester au lit. " L'informa Océane en dévalant les marches, alors que la porte de la chambre claquait, annonçant l'arrivée prochaine d'un Brendon qu'elle espérait de meilleure humeur. " Bon, tu peux m'expliquer pourquoi tu hurles comme ça, Francis ? " Finit-elle par demander en atteignant les dernières marches et en braquant un regard courroucé sur son grand-père qui soulevait le lourd rideau de la fenêtre pour regarder au-dehors.
    " Et toi ? Tu peux m'expliquer c'qui foutent armés d'pelles dans ma cours ?! " Lui répondit-il sur le même ton, en lâchant le rideau pour se tourner vers elle. Océane fronça les sourcils en s'approchant de la fenêtre, Gretchen gagna la table de la cuisine et chercha à tâton la cafetière et une tasse, Brendon descendit les escaliers.
    " B'jour ! Francis, Soeurette, Billy ! "
    " Gamin ! "
    Francis.
    " Frère indigne. " Gretchen.
    " Cupcake. " Billy.
    " Crétins !! " Océane.
    " Qu'est-ce tu lui as fait ? " Interrogea Billy, surprit, en abandonnant la brioche qu'il tranchait en morceaux pour se tourner vers Brendon.
    " Non, pas lui... " Répondit Océane en se détachant un peu de la fenêtre. " Eux !! " Elle désigna ce qu'il y avait au-delà des carreaux de verre, du pouce, un grand sourire aux lèvres. " Gretch', Brendon... C'est l'heure du gage ! " Elle attrapa les manteaux suspendus derrière la porte, et les lança aux deux jeunes, puis se précipita vers la porte en enfilant le sien.
    " Ca m'avait pas manqué c'défilé d'gars à tout heure du jour et d'la nuit ! " Maugréa Francis en se laissant tomber à sa place.
    Dans la cour, Kyle rayonnant, une pelle à la main, souleva un chapeau imaginaire. A ses côtés, Jon, Gavin, Henry, tous armés de pelles, et plus loin, Merlin, râclant les graviers de la pointe de son pied.
    " Bien l'bonjour, Dame Eono ! "
    " Kyle. Les gars. Ça pouvait pas attendre cet après-midi ? "
    " Et t'offrir une grasse mat' avec ton nez pété ? Rêve, Pocahontas ! "
    " Arrête de m'appeler comme ça ! Et puis tu lui as même pas cassé le nez ! On dirait qu't'es rouillé, vieux ! "
    " Oh, t'veux qu'j'arrange ça ? "
    " Ouai ! Et frappe bien fort ! "
    Cette réponse ne venait pas d'Océane, mais de Gretchen qui l'avait rejoint après avoir enfilé sa parka par dessus sa nuisette.
    " Sympa, la t'nue, fillette ! " Se moqua Kyle, toutefois pas insensible aux jambes nues de la demoiselle.
    " Pas touche à ma soeur ! " Brendon venait de faire son apparition sur le perron, un bout de brioche à la main.
    " Ex-soeur, lâchement abandonnée sur le bord de la route ! " Répliqua Gretchen en sautant les quelques marches pour rejoindre les gars, récupérant la pelle qu'on lui tendait. " T'es prêt, Merl' ? " Demanda-t-elle avec un immense sourire aux lèvres.

[...]
    " 23... " Kyle balança la bouse qu'il transportait à l'aide de sa pelle, sur le sommet du tas formé.
    " 24 ! " Jon balança énergiquement sa bouse de vache sur celle de Kyle.
    " Et 25 !! " Gretchen venait le lancer la sienne depuis les portes de la grange, ratant son frère de peu. " Zut ! "
    " On se sent aimé, c'est dingue ! "
    Répliqua ce dernier.
    " Moi je t'aime, mon amour. " Océane l'attrapa par le col, et plaqua ses lèvres contre les siennes avec envie.
    " Le lit d'monsieur Merlin est avancé ! " Scanda Kyle sur un ton qu'il souhaitait mondain.
    " Attends, je profite du spectacle. " Répondit l'autre, les bras croisé sur son torse, le regard fixe sur le couple d'amoureux.
    " Merl' ! "
    " Non ! "
    " Meeeeeerl' ! "
    " Noooon ! "
    Voyant Kyle s'approcher, il commença à reculer. Bientôt ils se mirent à accélérer, Merlin tentant de courir vers la sortie que Gretchen bloquait, sa pelle pleine de bouse à l'horizontal devant elle. La course-poursuite dura un moment, avant que Jon ne rattrape Merlin qui tentait de monter à l'échelle pour rejoindre la mezzanine pleine de foin. Gavin lui bloqua les pieds, attendant que Kyle se pointe et le chope par la taille. Comme s'il ne pesait rien, il le souleva, et le transporta jusqu'au tas de bouse. Alors, tous se mirent à entamer un décompte, et lorsqu'ils arrivèrent à zéro, le pauvre Merlin vola dans les airs avant d'atterrir sur le tas de fumier. Du bout du manche de sa pelle, Kyle l'obligea a rester dedans un moment, tout en entamant une conversation somme toute banale avec le couple.
    " Vous v'nez ce soir ? "
    " Où ça ? "
    Demanda Brendon qui se voyait déjà refaire une partie au "Flag & Lamb".
    " A la fête du sapin. " Répondit Océane. " Je t'en ai déjà parlé. Oui, on y va, Francis ne manquerait ça pour rien au monde ! "
    " Cool, on a qu'à s'y r'trouver, alors ! J'abandonne ma femme avec ma belle-famille dans un coin, et j'vous r'joins ! "
    " Hey ! C'est d'ma famille qu'tu causes là ! "
    Répliqua Henry.
    " Ouai, et... ? T'as qu'qu'chose à dire, morpion ? "
    " Bah... "
    " Et Goodridge ? "
    Le coupa Océane, souhaitant éviter une nouvelle bagarre générale, maintenant, comme ce soir si Brendon tombait sur l'autre idiot.
    " Bah comme hier soir ! J'l'envoi ailleurs ! " répondit-il avec légerté, en aidant Merlin à sortir de sa crotte.
    " C'était donc ça ! " S'exclama Océane. " Je me demandais pourquoi il avait disparu comme ça. "
    " Quand j't'ai vu déboulé, j'ai préféré éviter c'que tu sais ! "
    Répondit-il, complice. " Bon, on s'arrache les gars ! A ce soir, les enfants ! " Joignant le geste à la parole, il balança sa pelle dans un coin, et fut rapidement imité par les autres. Ils quittèrent la grange, Merl' bon dernier, ralentit par le poids de ses vêtements plein de bouse.
    " Océane ? " Gretchen venait de rompre le silence, mais pas sa contemplation des gars. " Faut qu'on te trouve une robe pour ce soir ! " L'Océane en question ne masqua pas sa surprise, immédiatement suivie par la panique ! " Décidément, j'adore cet endroit ! " Chantonna-t-elle en sautillant jusqu'à la sortie. Au secours !
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Brendon K. Driesen
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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Vide
MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyJeu 18 Mar - 11:18

    « Francis, je peux vous posez une question ? »Brendon avait arrêté de distribuer le fourrage aux bêtes, la mine bougonne, presque soucieuse.
    « ‘Savais qu’un truc te tourneboulait gamin, pour ça que j’ai envoyé le lutin en ville chercher la dinde et les ingrédients d’la farce ! » Commenta Francis en piquant sa fourche dans le sol pour s’appuyer sur elle et se redresser. Il souriait fier.
    « Bien jouer ! » Une heure plutôt Francis avait réquisitionné Brendon pour aller nourrir les chevaux et traire les vaches, envoyant Océane et Gretchen chercher la dinde et la farcé à deux heures de route de là. Si sa compagne avait rallé Gretchen elle avait été heureuse et enthousiaste, à leurs retour elles visiteraient la friperie de Kalispell qu’on nommait dans le coin « magasin de vêtements ». « Francis, vous savez qu’on vous ment pas vrai ? » Demanda t-il en tâtant son nez meurtrit, se demandant si Francis achèverait le travail lorsque Brendon lui apprendrait la vérité cachée derrière le mensonge mais, il lui devait la vérité. Il voulait que Francis soit honnête et franc lorsqu’il lui poserait sa question. Pour cela, il devrait être franc.
    « Pour sur le lutin n’a jamais su mentir ! Toi non plus gamin, j’ai pensé attendre que vous parliez ! Bonne pioche apparemment ! Pourtant, c’était l’idée de Billy ! » Se moqua t-il. « Alors Gamin raconte. »
    « Asseyez vous Francis, va y’en avoir pour un bon moment. »
    Il avait machinalement prit certain tiques de langage du coin se qui fit sourire Francis alors qu’ils s’installaient sur un meule de foin intacte. « Après mon passage ici cet été mon état c’est aggravé. Je suis tombé bas et je lui ai fais du mal Francis. Je lui ai fais du mal et je lui ai fait peur. » Il passa une main sur sa nuque, cherchant a empêcher l’assaut des souvenirs de sa propre déchéance, de la souffrance d’Océane, de ses crises d’angoisses, de sa crise de manque, des bleus sur son corps, des mensonges à l’hôpital. « J’ai tenté de me suicider, plutôt que de vivre sans elle, j’ai tenté de renoncer à la vie. Et j’ai fais une overdose sous ses yeux. Elle m’a sauvé la vie cette nuit là, et elle a vécu un de ses cauchemar, me perdre brutalement. Je n’ai que très peu de souvenirs de cette nuit là, il y a deux mois mais, elle se souvient de tout ce qui s’est passé malheureusement. Des trois longues minutes durant lesquelles mon cœur à arrêté de battre jusqu'à mon réveil après un profond coma. Je l’ai blessé à nouveau, elle se sent coupable de ce qui s’est produit, voila pourquoi elle ne supporte pas de ma quitter des yeux plus de quelques minutes… Elle a peur que je déraille, qu’on m’arrache à elle. » Il marqua une posa s’attendant à une réaction qui ne venait pas, il continua alors. « Je l’ai demandé en mariage à peine eu-je ouvert les yeux. Elle n’a pas répondu prétextant que je ne remplissais pas les conditions requises pour faire une demande en mariage. Elle a fait une liste. » Un sourire flotta sur les lèvres de Francis alors que Brendon exhumait de la poche arrière de son jean une feuille de papier format A4, pliée en quatre, les plis usés de la jointure démontraient qu’elle était souvent ouverte. Il la tendit à Francis qui la déplia et la parcouru des yeux. « Les lignes rayées sont les conditions que j’ai rempli pour l’instant. Je n’étais pas à New York le mois dernier, mais dans une clinique de désintoxication dans le Vermont. Je me suis fais aidé pour comprendre ce caractère autodestructeur, et me voilà ! » Il glissa un regard vers Francis et fut étonné de voir qu’il souriait. « Et là c’est le moment où vous décidez de me péter le nez. »
    « Il est déjà assez amoché comme ça, on verra plus tard, j’n’ai plus la fougue de mes jeunes années. »
    Francis lui rendit la liste, Brendon la plia soigneusement avant de la ranger à sa place. « Ressemble de plus en plus à sa grand-mère la petiote ! Et c’te bague, tu l’as ? »

    Les yeux de Brendon s’écarquillèrent de surprise, avait-il des hallucinations auditives où venait-il, au lieu de l’incendier et de le virer de chez lui, venait-il de lui demander s’il avait une bague pour lorsqu’il referait sa demande ? Francis éclata de rire devant la tête du jeune homme.

    « Vous plaisantez n’est-ce pas ? » Demanda ce dernier. « Vous laisseriez un ancien junky épouser votre unique petite-fille ? »
    « Je ne laisserais rien du tout, le lutin fait ses choix, et je lui fais confiance. A elle et à son instinct ! J’l’ai vu dépérir cet été Gamin, et j’t’aurais volontiers tué de mes mains à cette époque. Et puis j’t’ai ramassé sur le bord de la route, pauvre petit chien mouillé revenu vers sa maîtresse, déjà meurtrit et effrayé à l’idée de se prendre un nouveau coup. Et je me suis demandé qu’est ce qui vous séparait… Votre bêtise ! J’ai aussi compris que tu déraillerais et qu’elle reviendrait vers toi ! »
    Soudainement, par surprise il prit Brendon en traitre et lui expédia une tape sur l’arrière du crâne. « Imbécile ! » Grommela t-il en levant les yeux au ciel. « Et t’es pas un junky, t’as fais une erreur gamin, t’étais désespérés et stupide. Ca ne fait pas de toi un junky, tout comme ça ne fait pas d’Océane ton bourreau. Ton cœur et ta tête retrouvés livrer à eux même ont déconnés, et ont tenté de trouver une solution à ce que te faisais du mal, l’oubli ou la mort. Déséquilibré sans port d’attache t’es partit à la dérive, à vaut l’eau ! T’es guéris à présent, et tu es ce dont le Lutin à besoin pour rayonner. Ca me suffit ! Tu peux me dire pourquoi tu souris comme un benêt depuis cinq minutes ? » S’emporta t-il soudainement alors que la face de Brendon commençait prodigieusement à l’agacer. Sans cesser de sourire Brendon répondit.
    « C’est la première fois depuis six mois que je vous connais, que je vous entends faire une phrase de plus de deux mots ! Et quels mots ! » Il se moquait de lui mais il était réellement touché par les mots du vieil homme. Pars son pardon, sa compréhension et sa douceur bourrue Francis Eono était un véritable grand père, un homme attachant dont la douce tranquillité pouvait apaiser toutes les plaies d’une âme meurtrie.
    « M’ouais. Alors c’te bague le grand comique. » Bougonna le vieil homme en se levant pour reprendre le boulot alors que les laitières s’impatientaient en chœur. Brendon récupéra sa fourche et piqua une botte. Jouant des muscles il distribua, en la secouant au dessus des mangeoires, la nourriture en se demandant ce que cachait cette question.
    « Mes parents m’ont coupés les vivres, il me reste à peine de quoi finir le semestre, je risque de ne pas être à temps boursier pour financer le reste de mon années alors, pour acheter une bague je vais devoir prendre un autre boulot. Je crains que le tutorat ne suffise pas. » Il sourit tristement, le sujet de ses parents était devenu douloureux depuis sa thérapie. Il avait prit conscience de la source de son problème, de la source de son manque de confiance en lui, de la source de sa dépréciation personnelle. « Elle n’est pas au courant pour ma bourse, mon absence en cours deux semaines avant l’overdose et mon hospitalisation n’ont pas été pardonnés. » Précisa t-il. « Et puis je ne remplis pas toutes les conditions. » Ajouta t-il en piquant une nouvelle botte de foin.
    « Tu es sur de ça Gamin ? » Demanda Francis en souriant malicieusement, ses yeux brillaient.
    « Qu’est-ce que vous avez encore mijoté comme plan machiavélique Billy et vous ? »

    […]

    [ i]Alors que Brendon s’afférait à préparer des Pancakes à la myrtille en guise de collation de onze heure après une dure matinée de labeur son i-phone laissa égrainer les premières notes d’une mélodie qu’il connaissait bien vu qu’il en était l’auteur. Curtis n’avait pas été le seul à faire mumuse avec les sonneries du téléphone d’autrui. Océane s’était programmé sa propre mélodie comme sonnerie sur le mobile de son homme. [/i]

    « Brendon Driesen, apprenti cuisinier et dieu du sexe à votre service. Que puis-je pour vous Mademoiselle Eono ? »
    « Si tu ne veux pas que j’étrangle ta sœur avec un boa en fausses plumes d’autruches tu ramènes tes fesses tout de suite chez Léonie Williams, et ce pronto Driesen sinon je ne réponds plus de rien ! »


    Elle raccrocha presque aussitôt, visiblement Gretchen avait, à nouveau, réussit à lui mettre les nerfs en pelote. En même temps elle était une Driesen, à quoi s’attendait donc sa belle ?

    « FRANCIS ?! » Cria Brendon en sortant le dernier pancakes de la poêle et en le posant sur la pile s’élevant déjà dans l’assiette ?
    « Q’est ce qu’y a Gamin ? » Interrompre une partie de Scrabble entre les deux hommes était toujours risqué, terrain glissant en sommes.
    « Je peux vous emprunter la moto neige ? Océane veut que je les rejoigne » Demanda t-il en enfilant un sweater par-dessus son tee-shirt, puis sa parka.
    « Prend c’que tu veux gamin ! » Bougonna le vieil homme.
    « Y’a des pancakes dans la cuisine ! A toute à l’heure ! » Lança t-il avant de claquer la porte. Il chaussa ses bottes sur le perron, remonta son écharpe de façon à ce qu’elle couvre son nez et sa bouche avant d’ajuster sa capuche sur sa tête. Chaudement vêtu il traversa la plaine enneigée le séparant des bâtiments d’exploitation. Le scooter des neiges reposait sous une bâche dans la grange au chaud avec les laitières. Brendon la découvrit et remplit le moteur d’essence avant de la pousser à l’extérieur. Il avait déjà conduit un de ces engins dans le Vermont et comme pour tout ce qui avait un moteur il adorait ça. Enfourchant le bolide il baissa sa capuche et son écharpe pour mettre le casque intégral sur son visage. Il enfila ensuite ses gans avant de mettre les gaz. Fox accompagna l’engin en aboyant joyeusement jusqu’aux limites de la propriété. Rouler vers Kalispell lui prit moins de temps qu’en camionnette, les sensations de vitesse et de solitude étaient grisantes. Le froid mordant griffant son corps aussi. Cependant il fut heureux de voir apparaitre les premières maisons de la bourgade. Il connaissait la boutique de Leonie williams pour y avoir fait le plein de chemises à carreaux l’été dernier. Il gara sa moto près du pick-up rouge rouillé de sa compagne. Après avoir tapé ses bottes sur les marches il poussa la porte qui se referma derrière lui. Il trouva la quinquagénaire derrière son comptoir au bord de la crise de nerf, un effet que produisait souvent sa petite sœur lorsqu’elle était en train de faire du shopping. Il sortit de son sac à dos un petit paquet enveloppé d’aluminium et un thermos de café, surprise la gérante leva les yeux vers lui, il lui adressa un sourire complice.(/i]

    « Vous devriez avaler ça, le café est un excellent remède aux migraines, j’en consomme une cafetière entière par jour avec ces deux là, je vous en garantie l’effet immédiat. Je m’occupe d’elle, mangez donc un pancake en attendant. »

    S’éloignant vers les cabines d’essayages d’où provenait une joyeuse cacophonie Brendon ne se doutait pas que peu à peu il gagnait le cœur des habitants de Kalispell. Le spectacle qu’il découvrit valait le détour et rien que pour cela il se fichait d’avoir manqué de geler sur place. Océane en robe moulante rose fluo et bas résilles noirs incendiait sa belle sœur dans ses deux langues maternelles tandis que la dite belle sœur, insensible aux insultes sur sa santé mentales, aux reproches et aux brimades plaquait vestes, boléros et autres vêtements sur le buste de sa belle-sœur cherchant lequel aurait le meilleur effet. Remarquant la lueur de malice dans les yeux de sa sœur Brendon se douta qu’elle s’amusait à torture Océane par vengeance, elle l’avait surement forcé à choisir la dinde que Francis tuerait ce soir pour la préparer demain… Jugeant que le niveau sonore allait finir par endommager ses tympans il décida de mettre fin à la torture d’Océane et au jeu de Gretchen. Portant l’index de chacune de ses mains à sa bouche il émit un sifflement perçant qui mit fin quasi instantanément à leur manège. Le silence était d’or comme le disait si bien le proverbe. Applaudissements discrets de la commerçante, salut de Brendon.(/i]

    « Superbe la tenue océane. Magnifiquement New-Yorkaise. »[i] Railla t-il.
    « Je peux savoir ce que se passe-ici ? On se croirait dans Pretty Woman ! » Ajouta t-il en voyant la sommes de vêtements entassés sur un fauteuil club. Son regard ballait la pièce notant les traces du passage entre les rayonnages de sa fashion victim de sœur.
    « Ta si charmante sœur à voulu jouer à la Barbie ! » S’emporta Océane.
    « Je faisais pareil avec Brendon jusqu’à son départ, est-ce que tu l’as déjà entendu se plaindre de sa garde robe ? »(/b] Gretchen contenait difficilement son séreux, au bord du fou rire. Avant qu’Océane ne déclenche les hostilités par une parole malheureusement, Brendon se décida à mettre fin à la plaisanterie de sa sœur.
    [b)« Océane va passé quelque chose de plus décent avant que je ne sois obliger de louer une chambre à Mrs ??? ! Gretchen va chercher la vraie tenue que tu as dénichés pour Océane ! »
    Voyant qu’aucune d’elles ne bougeaient il claqua dans ses mains se plaisant dans le rôle du tyran. « Aller hop on se bouge ! » Menant son petit monde à la baguette il retourna près de la caisse prendre un peu de café.
    « Alors comme ça c’est vous le sudiste qu’Océane nous a ramené de la fac ? » Constata la gérante en lui tendant une tasse en verre pleine de café. (/i]« Je vous imaginais plus petit… »
    « Nan je ne suis pas français alors le complexe de Napoléon ce n’est pas du tout pour moi ! Je casse la tradition, elle n’est pas allée chercher un français. »
    [i] Plaisanta t-il en sirotant son café.

    « Et la rouquine qui n’a pas froid ni aux yeux, ni à la poitrine et qui a tapé dans l’œil de mon fils… » Demanda t-elle.
    « J’ai bien peur qu’elle soit bel et bien New Yorkaise. » Lâcha t-il sur un ton mélodramatique comme si cet état de fait expliquait tout.
    « Je t’entends espèce de traitre ! » Lança Gretchen depuis la cabine où elle aidait Océane à s’habiller.
    « Ah oui… Je vois. » Et ça expliquait en fait tout ici, en effet. « Et vous restez combien de temps par chez nous ? » La radio potin locale venait de s’enclencher.
    « Gretchen rentre à New York dans deux jours, nous repartons le quatre » Autant alimenter les commérages, cela éviterait le débarquement de fouineuses le temps de leur séjour. « Je suis désolé pour ma sœur. »
    « Ce n’est pas grave, ça met de l’animation, je vends rarement autre chose que des chemises à carreaux alors un peu de sang neuf ça donne un coup de fouet ! Pour elle tout ici est vintage avec un peu de chance elle trouvera THE accessoire et m’enverra ses amies fashionata. »
    On voyait qu’elle n’avait jamais mit les pieds à New York sinon elle n’aurait pas souhaité voir débarqué dans sa boutique les claquettes, soldats d’élite de la brigade fashion, surnommé ainsi par Brendon que leurs talons émettaient des CLAP sonores lorsqu’elles piétinaient dans l’Upper East Side. « On peut compter sur vous ce soir ? Kalispell manque de beaux garçons pour faire danser ses dames ! Une paire de bras supplémentaire ne se refuserait pas. » Pourquoi lorsque les femmes lui demandaient un service elles se sentaient obligée de battre des paupières ? Alors qu’il allait répondre à sa question un TADAME sonore retentit derrière lui. Il se retourna et le souffle lui manqua un instant. Alors qu’il détaillait chaques parcelles de sa compagne il retrouva la parole et souffla en souriant.
    « Bien sur, nous y serrons. »

    […]

    « Haaaa » Las, Brendon se laissa tomber sur le matelas en émettant un soupire de soulagement. Qu’il était bon de se poser enfin après un réveil en fanfare, une matinée de labeur, l’évitement d’une troisième guerre mondiale, un déjeuner en quatrième vitesse et le nettoyage des stalles. Il était las, courbatu mais euphorique. Il souriait largement et malgré sa fatigue se sentait extrêmement vivant. Allongé sur le lit, les mains derrière la nuque il savourait la sensation de vigueur qu’il éprouvait dans son être. Le Montana avait finit par achever sa rééducation, il se sentait à nouveau plein et entier. Son être vibrait à nouveau à l’unisson avec le monde, il se sentait connecté, en phase. Plus le temps passait plus il comprenait pourquoi Océane aimait tant cette ville, cette ferme et les habitants de sa région. Il se sentait bien ici, comme s’il avait toujours vécut dans le coin. Il se sentait chez lui. Mais Océane ne lui avait-elle pas dit qu’elle ne voulait pas qu’il s’enterre ici ? Qu’elle ne voulait pas qu’il gâche son talent en venant vivre avec elle. Le sourire qu’il affichait s’effaça soudainement, l’ampoule venait d’être victime d’une coupure de courant. Elle avait raison, il ne pouvait pas construire sa vie entière sur un rêve qu’il avait fait alors qu’il était dans le coma. Mais, pouvait-il ignorer ce que lui soufflait son cœur ? Il voulait son bonheur, qu’elle s’épanouisse, fasse ce pourquoi elle était faite. Sa vie était ici. Avant de le rencontrer elle poursuivait des études en agronomie pour reprendre et développer l’exploitation familiale. Il était sure d’une chose, elle ne vivrait pas sans lui mais, la vile la tuerait à petit feu. Il le savait pour l’avoir vu évoluer à San Francisco, elle était sauvage, aimait le calme et le travail manuel. Une ville comme New York se prêtait mal à ce genre de passion. La ville sonnerait le glas de la flamme passionné dans ses yeux. Ce qu’il refusait. Il était la mécanique informatisé, il pouvait s’implanter n’importe où ! ici, ailleurs, en ville, à la campagne. Mais, Océane pensait qu’il désirait jouer au fermier, abandonné ses études et tout le tremblement. En fait, elle ne li avait même pas donné le temps d’en parler, elle avait tranché sans même songer à lui demander son avis. Il se redressa sur les codes pour contempler la silhouette allongée tout près de lui. Elle s’était endormie si tôt que sa tête avait touchée l’oreiller, la sieste était une habitude bien rodée chez les Eono surtout avant une soirée animée. Il lui enviait sa paix d’esprit qui lui permettait de dormir du sommeil du juste en cette fin d’après midi. Il soupira et se rallongea. Comme si elle avait sentit sa contrariété elle se fraya un chemin entre ses bras, nichant sa joue contre son cœur. Il caressa doucement sa nuque du bout de ses doigts, incapable d’entretenir sa colère. Il ferma les yeux. Il ferrait mieux de dormir.(/i]

    […]


    « OCEANE ! »[i] Il s’était redressé haletant, en sueur, émergeant d’un cauchemar en criant son nom. Une terreur nocturne. Il y avait bien longtemps qu’il n’en avait pas été la victime. Pas depuis qu’il l’avait retrouvé. Qu’elle dormait auprès de lui. Des larmes roulaient sur ses joues, il tremblait comme un enfant l’esprit encore emprisonné dans les limbes de son rêve. Elle s’était éveillée dès lors que ses bras l’avaient lâchée. Elle se glissa devant lui pour voir ses yeux mais également pour qu’il la voit. La nuit était tombée bien qu’il ne soit que cinq heures de l’après-midi pourtant il la reconnu dans la pénombre, il ne réagit pas, cherchant son souffle, a distinguer le réel de l’irréel. Elle se glissa à califourchon sur lui et l’attira contre elle. Inquiète.


    « Je suis là » Chuchota t-elle soulagée de ne pas voir Francis débouler dans la pièce. La chambre était bien suffisamment isolée pour que les cris, de quelques natures qu’ils soient, n’ameutent pas toute la famille. « Je suis là. » Elle se serra plus étroitement contre lui pour partager sa chaleur et lui assurer que sa présence était réelle. Elle perdit ses doigts dans ses cheveux, massant délicatement sa nuque pour le détendre. Elle éloigna son buste afin de le regarder. Du bout de son pouce elle essuya délicatement les larmes qui erraient encore au bord des joues de son amant. « Tu veux m’en parler ? » Il secoua négativement la tête de gauche à droite. Il ne quittait pas son visage des yeux. Si elle avait encore doutée d’être le sujet de son rêve elle avait à présent la confirmation qu’elle en était l’actrice principale. Il blottit son visage contre son épaule, embrassant sa peau là où il la savait particulièrement réceptive, il voulait la sentir vivante contre lui, chasser les images imprimées d’elle sur sa rétine. « Brendon ? » Il ne lui répondit pas car il venait de la soulever et de se lever l’emmenant vers la salle de bain attenante. « BRENDON ! » Elle tenta de lui échapper en voyant qu’il enjambait le rebord de la baignoire sans la lâcher. Malheureusement pour elle, même mal réveillé il était plus fort qu’elle. En riant alors qu’elle s’acharnait à vouloir lui échapper il ouvrit le robinet. Le pommeau de douche cracha un épais rideau d’eau sur eux « douchant » les efforts de la jeune femme pour échapper à ce deuxième réveil en fanfare. Un mouvement malheureux d’Océane fit déraper Brendon qui s’étala sur le dos dans la baignoire sa longue silhouette se lova dans la courbe de l’antique baignoire sans réel heurts, il était juste surpris. Elle se mit alors à rire affalée de tout son long sur lui, l’eau de la douche cascadant sur eux collant leurs vêtements à leurs peaux, leurs cheveux à leurs visages. Il joignit son rire au sien. « Tu me le payeras » Le menaça t-elle alors qu’il glissait ses longues et agiles mains sur sa peau en dessous de cet effronté petit tee-shirt qu’elle pour portait encore comme pour le narguer. « Brendon… » Elle sentait qu’il tentait de la distraire de la raison de leur éveil. Il lui coupa brutalement le souffle en glissant l’une de ses mains en dessous de la ceinture, un coup en traitre pour empêcher qu’elle pose à nouveau une question. Il voulait faire taire cette voix dans sa tête qui lui rappelait les paroles d’un homme ivre, et celles de Francis. Il ne voulait pas avoir peur de la perdre, de la sentir s’éloigner, il ne voulait pas voir ressurgir cette jalousie maladive qui avait déjà tant blessé la jeune femme par le passé. Il devait totalement la croire, croire en son honnêteté, en sa franchise, ne pas avoir peur qu’elle lui cache quelque chose. Avoir confiance en elle. Voilà tout ce qui importait. Rien d’autre.

    « Je t’aime » Murmura t-il. « Alors par pitié tais-toi trois heures que je puisse te le montrer s’il te plait. »

    Etrangement elle se tu lorsqu’il amorça le mouvement de ses doigts en elle. Etrangement elle ne protesta pas lorsqu’ils quittèrent la baignoire pour le sol carrelé de la salle de bain. Elle ne ronchonna même pas lorsqu’il s’éloigna un peu d’elle le temps d’étaler des serviettes sur le sol afin de ne pas la mettre plus de temps que nécessaire au contact avec les carreaux glacés. Il allait s’employer à lui faire l’amour deux heures durant jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que lui et elle, eux. Et non pas elle et Evan Goodridge car ça, il ne le supporterait pas.

    […]

    « Pourquoi elle ne dit rien ? » Le mutisme d’Océane n’avait pas échappé à Gretchen qui était sortie de sa bouderie pour questionner son frère. Elle avait abandonné Océane dans la salle de bain le temps de poser cette question qui lui brûlait les lèvres. Le sourire de contentement de son frère et la lueur malicieuse dans ses yeux firent comprendre à la jeune étudiante qu’il y avait une affaire de sexe la dessous. Deux vrais animaux en chaleurs ses deux là, après six mois d’abstinence on ne les arrêtait plus. Franchement un peu de tenu ne leur aurait pas fait de mal, elle allait finir par le tuer avec des journées pareilles ! Mais aller parler de sexe avec votre belle sœur et du sexe de votre frère, pas facile a avoir comme conversation, même pour Gretchen !

    « Je crains de poser la question mais, pourquoi tu souris ? »
    « Parce que si tu veux avoir le temps de finir de la préparer ou devrai-je dirais, si tu veux avoir le temps de finir de jouer avec ta tête à coiffer grandeur nature sans l’entendre se plaindre tu devrais te dépêcher plutôt que de me cuisinier, parce qu’il ne te reste que quinze minutes avant qu’elle ne retrouve sa voix ! »
    Avoua t-il en terminant d’enfiler sa veste de smoking par-dessus sa chemise bleue, il lui tendit la cravate lui laissant le soin de faire son nœud.
    « Dit moi frangin la raison de son silence est liée à une de vos parties de jambes en l’air ? » Lança t-elle en ajustant son nœud au col de sa chemise. Il hocha la tête. « je ne veux pas savoir ! » Ajouta t-elle aussitôt. « Au fait cette chemise est horrible, je t’ai rapporté une grise, elle est dans ton armoire ! » Ajouta t-elle avant de quitter la pièce à toute vitesse pour retourner maltraiter sa belle sœur avant qu’elle ne retrouve l’usage de la parole.

    Un sourire amusé passé sur les traits de Brendon alors qu’il ôtait sa veste pour enfiler la chemise désignée par Gretchen ? La jeune fille avait passé son après midi à relooker la totalité de la famille, elle avait fait chauffée la carte bleue Black offert par leurs parents dès ses seize ans, tout le monde avait eut le droit à sa tenue spéciale bal de noël. Tout le monde, même Fox qui arborait un collier de cuir rouge à clochette ! Brendon avait eut le droit à une cravate et à une paire de Santiags, Billy et Francis à des costumes moins « has been » (« Has quoi ? » Avait marmonné Francis en goûtant chaque syllabes comme si cela lui aurait permit de comprendre le mot). Quant à Océane elle s’était vu offrir par Blonde la tenue essayée au magasin de Mme Williams. Lorsque sa jeune fiancée avait objecté qu’ils seraient bien trop habillé pour le bal de Noël, Gretchen avait sortit les violons. Lui rappelant qu’elle avait troqué le bal de Noël du Maire de New York et les sublimes robes de couturiers qu’elle aurait due portées pour l’évènement contre une paire de boots et une vieille parka pour venir s’enterrer ici, alors elle pouvait au moins faire l’effort de porte une robe une soirée dans l’année ! L’éclat de Gretchen avait coupé la chique à toute la famille durant le déjeuner, et après la sieste tout le monde s’était employé à se préparer pour rendre heureuse la rouquine. Océane qui, après deux heures d’activités physiques à l’horizontales, était encore soumise pour une heure au silence s’était, bon gré mal gré, laissée entrainer par Gretchen dans la salle de bain. Ah les joies de la présence d’une It Girl pensa t-il en boutonnant la chemise sur son torse musclé.


    « Hey Gamin tu peux venir voir ? » Francis devait être en difficulté avec son costume. Rien d’étonnant il passait de la queue de pie au Hugo Boss. Brendon chaussa ses bottes de cuir, ajusta son jean avant de quitter la chambre. Mais, en pénétrant dans l’antre du vieil homme il le trouva assit sur le lit vêtu de pieds en cape, nœud de cravate Windsor impeccable et cheveux coiffés. Brendon le siffla comme on siffle les jolies filles.

    « Wahou Billy Lee avait raison, ce soir la veuve Daniels va avoir le droit au grand jeu » Le taquina t-il en le détaillant des yeux. « Même les chaussettes assortis ! Voila quelqu’un qui a écouté la petite lors de son cours sur l’art de porter le costume ! Vous allez brisez bien des cœurs Francis, où en arrêter quelques uns ! Mais, j’ai mon diplôme de secourisme, vous n’avez rien à craindre, pas besoin de reporter la tenue deux jours de suite pour un enterrement ! » Brendon Driesen comique professionnel.
    « Hey Roulette man ! » Cria le vieil homme en levant les yeux au ciel.
    « Quoi ? » répliqua son comparse de l’autre côté de la maison, sur le même ton.
    « Méfies toi du gamin commence à rivaliser avec toi niveau humour pourri. » Le rire tonitruant du vieil homme lui répondit. « Ferme la porte gamin et vient t’asseoir près de moi. » Lui demanda Francis en tapotant le matelas à côté de lui.
    « J’ai l’impression de servir d’acteur dans un remake du petit chaperon rouge. » Il tira un sourire au fermier. « Vous n’allez pas me dévorer ? »(i] Interrogea t-il d’une voix aigue avant de s’asseoir auprès du grand père de sa compagne. Il y eut un long silence que Francis se décida à briser.

    « Je l’ai rarement vu aussi heureuse depuis le décès de ses parents. Quand elle est revenue cet été j’ai cru qu’elle n’aurait plus la force de vivre. Elle était si pâle, si froide, elle mangeait à peine, elle ne dormait quasiment plus et lorsqu’elle dormait elle faisait de terrible crise d’angoisse. Je ne te dis pas ça pour te blesser gamin mais pour te remercier. Quand elle est repartie en septembre j’ai cru qu’elle ne passerait pas l’hiver mais tu me l’as rendu à nouveau, l’enfant qu’elle était avant l’accident. En quatre mois elle est redevenue pleine de vie, de rêve… Tu m’as demandés pourquoi je la laisserais quitter la ville pour te suivre, la réponse est assez simple, pour la voir heureuse et parce que j’ai suffisamment confiance en toit pour te la laisser. Tu m’as aussi demandé si tu avais ta place ici, dans cette ville dans cette maison… Oui tu y as ta place, qu’importe que tu te sois fait exploser le nez par les garçons c’est leur manière de dire bonjour, tu as ta place parmi nous et tu fais parti de cette famille…. Tu seras toujours le bienvenue chez moi Brendon. Pour quelques jours ou quelques années. C’est à vous de prendre cette décision. Tu ‘as rends heureuse et je me retrouve à présent en vous deux. Océane ressemble beaucoup à sa grand-mère et je reconnais cette flamme dans tes yeux, l’assurance de ton choix. C’est pour cela que je t’offre ceci. » Il posa dans la paume du jeune homme une bague. Elle était facture ancienne, sertie d’un diamant, patinée par les années elle était surement un trésor de famille. « J’ai offert cette bague à Joséphine, elle appartenait à ma grand-mère, je n’avais pas assez d’argent pour lui offrir un gros caillou, mais elle n’en voulait pas de pareil. Je t’ai demandé si tu avais une bague et tu m’as répondu que tu n’avais pas remplit ses conditions. Mais toi Brendon, qu’est ce que tu veux réellement ? »

    […]

    Océane ne quittait pas des yeux la montre de Brendon à son poignet tandis que Gretchen véritable feu follet humain tourbillonnait autour d’elle. Plus qu’une poignée de minutes et de secondes et son supplice silencieux prendrait fin. Brendon qui faisait les cents pas dans le salon savait qu’il paierait cher cette heure qu’elle avait passé seule avec sa sœur. Mais, il s’en moquait. Son esprit était focalisé sur cette bague offerte par Francis et sur l’usage qu’il devrait en faire. Il l’aimait, il avait une confiance totale en elle, attendre d’avoir remplit ses conditions ne serait pas une torture en soit. Pourtant, il désirait plus que tout qu’elle soit sa femme, qu’elle porte son nom et soit la mère de ses enfants. Alors que faire ? Que choisir ? Il levait les eux vers le plafond lorsque des claquements de talons se firent entendre à l’étage. Il n’était plus le temps de cogiter. La nuit portait conseil n’est-ce pas ?

    […]

    « Tout ça ne vaut pas l’illumination du sapin de New York »
    « Mais… »
    Questionna Brendon en souriant, l’air de dire qu’il n’était pas dupe.
    « Pourquoi y’aurait un mais ? » Répliqua Gretchen en buvant son verre de vin blanc.
    « Parce qu’il y a toujours un mais avec toi et que je t’ai vu sautiller sur place comme une gosse lorsque le maire a allumé les guirlandes. » Se moqua t-il en riant en cœur avec Océane qu’il tenait entre ses bras.
    « J’avais froid Crétin ! » Répliqua t-elle mais le rouge de ses joues détrompait ce gros mensonge énorme à la va vite. Alors qu’elle allait répliquer un bras puissant enserra sa taille et elle fut attirée contre un torse musclé avant même d’avoir pu émettre un cri de protestation Le corps de Brendon se tendit contre celui de sa compagne et l’une de ses mains quittant son ventre, libérant l’un de ses poings car il avait reconnu l’homme qui venait de saisir sa petite sœur.
    « Je peux te réchauffer ma jolie si le cœur t’en dis ! »[i) Une grimace de dégoût se peignit sur le visage de la jeune sœur de Brendon lorsque l’haleine chargée d’alcool de son prétendant caressa ses narines. Elle fronça son jolie petite nez en se détachant du fermier ivre qui s’était emparé d’elle.[/i]
    « Commence par te laver les dents ! » Lâcha t-elle entre ses dents d’un ton glacial en se plaçant près de son frère. Comme toujours, la famille faisait front ensemble.
    « Alors Lilipuce tu te fais le pied tendre à c’qui se raconte en ville. Les bons gars du pays t’intéressent plus ? Tu fais ta bourgeoise ? On n’est pas assez bien pour toi ? »
    « Vous êtes ivre Goodridge, rentrez chez vous ça vaut mieux. »
    Lâcha Brendon avec toute la courtoisie dont il était encore capable. Son deuxième bras avait lâché Océane dans le même temps.
    « Rentrez chez moi ? » Il éclata d’un rire gras. « Toi rentre chez toi ! Elle a pas besoin de toi, pas vrai Lilipuce c’t été tu t’es bien amusé avec moi, t’as pas besoin de ce pauvre rigolo ! » Le pauvre rigolo en question se retenait de coller une baigne à l’alcoolique qui se payait ouvertement sa tête et faisait des avances à sa moitié sous ses yeux. Sa mâchoire se crispa. Reconnaissant les signes de la fureur sur le point de se déchainer, Gretchen lui attrapa le bras et le poussa/tira en arrière.
    « Viens dehors avec moi. Laisse-le. Il n’en vaut pas la peine. » Avança t-elle en le poussant vers la sortie laissant Océane avec son ancien petit ami. Si on excluait son frère cette fille avait de drôle de goûts en matière de garçon.
    « C’est ça barre toi ! Ca en ferra plus pou moi ! » Brendon consentit enfin à le quitter des yeux et à lui tourner le dos.[ /i] « Trouillard ! »

    [i] Brendon alluma une cigarette avant même d’être sortie de la salle. Gretchen fut enveloppé dans sa veste de costume dans le temps suivant, alors qu’en chemise il tirait sur sa cigarette pour se calmer.


    « Et c’est dans cette ville que tu vivre ? Pas sur que j’aime la faune locale. »
    « Elle n’a pas couché avec lui. »
    « Je sais Brendon mais elle te caches quelque chose. »
    « Je sais. »
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Océane J. Eono
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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Vide
MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptySam 20 Mar - 6:21

    « Ne bouge pas... » La voix basse, le timbre chaud, elle murmurait à son oreille tout en laissant ses doigts fins glisser dans les mèches abondantes et humides de son amoureux. Elle les triturait sans les malmener, les ramenant d'un côté, puis de l'autre, jouant avec leurs longueurs, l'obligeant à ramasser sa tête en arrière, ou en avant, c'était selon. Il semblait apprécier, il avait toujours aimé ça. Il était comme elle à ce niveau, et adorait qu'on lui tripote les cheveux. Il se laissait totalement aller, suivant les mouvements de ses mains, comme si son cou ne retenait plus rien. Mais lorsque, du coin de l'oeil, il vit la main droite d'Océane s'emparer de la paire de ciseau chromé, il se raidit légèrement. Ça aurait pu être imperceptible, mais pas pour la jeune femme qui se trouvait juste derrière lui et sentait sa tête reposer contre son ventre. Ils étaient dans la cuisine, Brendon assit sur une chaise perpendiculaire à la table, face au salon, et Océane, debout derrière lui, s'occupant des instruments qu'elle avait aligné sur la table sur sa droite. D'une main, elle réajusta la serviette qu'il portait autour du cou, et de l'autre, fit claquer les lames des ciseaux entre elles. Cette fois, pas de doute, il s'était raidit de façon perceptible et avait jeté sur sa main droite un regard chargé de doutes.
    « Tu es sûre de toi ? » Lui demanda-t-il avec anxiété.
    « T'as peur ? » Répondit-elle avec surprise. Il n'avait pas hésité jusque là, alors pourquoi maintenant ? Bon, d'accord, elle ne lui avait pas vraiment laissé le temps de réfléchir, ni même l'occasion d'émettre un avis sur la question. Lorsqu'elle l'avait surprit devant le miroir de la salle de bain, passant et repassant sa main dans ses cheveux en répétant qu'ils étaient trop longs, et qu'il n'allait pouvoir éviter la case "coiffeur" très longtemps, elle lui avait dit qu'elle pouvait s'en charger elle-même. S'il avait laissé paraitre sa surprise, il s'agissait plutôt d'une agréable surprise, comme celle d'un homme découvrant l'un des multiples talents cachés de sa chérie. Mais maintenant qu'il avait lavé ses cheveux et se trouvait immobilisé sur une chaise, ses tifs à portée de ciseaux, il devait être entrain de se demander ce qui l'avait poussé à croire qu'il s'agissait d'un talent alors qu'il ne l'avait jamais vu à l'oeuvre. Si ça se trouve, c'était une catastrophe ambulante. « Tu as confiance en moi, ou pas ? » Insista-t-elle alors qu'il ne répondait pas. Comme si c'était dans son but à elle, de l'enlaidir ! Elle avait plutôt envie qu'il soit à tomber ce soir, et que toutes les filles qui l'avaient toujours traité de "garçon manqué" en la disant moche et inintéressante, se mettent à baver sur son homme à elle. Sauf que ça, elle ne l'avouerait jamais, pas même sous la torture ! Elle détestait ce côté superficiel et revanchard, d'elle-même. D'autant que Brendon n'était pas un morceau de viande qu'on expose, même si elle avait toujours été très fière d'être vue à son bras.
    « C'est pas ça, c'est... » Tenta-t-il d'éluder sans parvenir à finir sa phrase.
    « C'est quoi alors ? » Il allait lui faire perdre patience, d'autant que d'une manière ou d'une autre, il passerait sous les ciseaux d'Océane, donc autant qu'il y mette un peu du sien. « Si ça peut te rassurer, je me suis toujours occupée de Francis, et je viens juste de coiffer Billy... » Soupira-t-elle, excédée par ce manque de confiance. « Billyyyyyyyy !!! » Finit-elle par appeler, afin que le vieil handicapé vienne lui servir de CV.
    « J'confirme ! » Beugla Billy depuis le bout du couloir en avançant dans leur direction. On ne le voyait pas, mais on entendait distinctement le bruit de ses roues se rapprocher. « T'as rien à craindre, l'gamin ! Elle a l'sens de l'esthétique ! R'garde don' ! » Au moment même où ses derniers mots franchissaient ses lèvres, le fauteuil fit son apparition côté salon, juste en face de Brendon. A son bord, un Billy dont les longs cheveux blanc avaient été séparés en deux abominables tresses, au bout desquelles pendaient maladroitement deux nœuds en ruban d'un rose criard et affreusement laid. Fier de son allure, le vieil homme fit un demi-tour, et mit son fauteuil en équilibre sur l'arrière des roues, comme un biker, avant d'agiter, d'une main, une horrible tresse. « Ce soir j'vais faire... Comment qu'on dit ? » Il jeta un coup d'oeil à Francis, installé tranquillement dans son fauteuil club. « Une caisse ? »
    « Un carton. »
    Le reprit le grand-père, sans lever le nez de son journal.
    « Ouai, c'est ça. C'soir, j'va faire un carton ! » Annonça-t-il tout sourire, avant de lever une main en l'air. « Give me five, bro' ! » Lança-t-il à l'intention de Brendon qui, blanc comme un linge, venait de se lever de la chaise, éjectant la serviette de ses épaules au passage. Là, c'était sûr, il n'avait plus du tout confiance en Océane.
    « Tu vois pas qu'ils se payent ta tronche ? » S'emporta-t-elle en lui appuyant sur les épaules pour l'obliger à se rasseoir. Mais Brendon ne semblait plus savoir qui croire. Le vieux qui se prenait pour un Jeun's, ou la femme de sa vie ? Oui, présenté comme ça, la réponse saute aux yeux, mais bon. Il sembla hésiter, jetant un coup d'oeil à Océane, puis à Billy. Océane... Billy... Billy... Océane... Billy... Océane... Regard noir d'Océane... Sourire hilare de Billy. Le vieil homme venait littéralement d'éclater de rire, se tenant le ventre d'une main, et se tapant la cuisse de l'autre.
    « T'as vu sa tête ? » Hurlait-il de rire à Francis.
    « Un peu, oui ! J't'avais dit qu'y marcherait ! » Répondit l'autre, tout aussi hilare, le journal sur ses genoux, alors qu'il tapait du pied par terre.
    « Je t'avais dit qu'ils se payaient ta tronche. » Se contenta de dire Océane, le ton plein de reproches, appuyant encore une fois sur ses épaules, sans qu'il n'oppose de résistance à présent. « Tu crois vraiment que j'irais faire des tresses à Billy ? »
    « Et c'te bond qu'il a fait ! »
    Continuait Billy, tout en se lançant dans une imitation de la tête de Brendon.
    « Bon, ça suffit ! » Gronda Océane. « Francis ! Aux toilettes, vite, au lieu de te gondoler sur ton fauteuil ! Billy ! Retire-moi ça tout de suite ! Tu veux avoir une permanente caniche pour ce soir ? Non ? Alors retire les tresses ! » De sa main armée des ciseaux, elle imageait son discours, désignant tour à tour les hommes à qui elle s'adressait puis les toilettes, ou les tresses. « De vrais gamins ! » Souffla-t-elle en remettant la serviette sur les épaules de son homme à elle. « Faut pas leur en vouloir, ils ont pas souvent de visite, habituellement ils se font les blagues pourries entre eux, alors là, ils étaient trop contents de pouvoir unir leurs forces. » De son index et son pouce, elle appuya sur le front de Brendon pour l'obliger à balancer la tête en arrière complètement, et ancra son regard au sien. « Fais-moi confiance. Je t'aime trop pour te défigurer. T'as déjà le nez en vrac, je vais pas en rajouter une couche. » Elle se pencha en avant pour lui voler un baiser acrobatique, puis le relâcha pour qu'il se remettre droit. « Et puis, au pire, ça repousse ! » Plaisanta-t-elle tout en gardant son sérieux. Depuis les toilettes, on entendait encore Francis rire comme un gamin.

[...]
    Une fine mèche cuivrée coincée entre son index et son majeur, elle donna le dernier coup de ciseaux. Cela n'avait pas duré très longtemps, et ça aurait même pu être plus court encore, si Océane n'avait pas été aussi perfectionniste avec le soucis du détail. Elle ne laissait rien au hasard, et ne volait aucun raté, même le plus invisible d'entre eux. Elle était face à lui, le nez de son amoureux quasiment dans le décolleté involontaire qu'offrait sa chemise à carreaux. Elle glissa les ciseaux dans la poche arrière de son jean, et se recula légèrement, tout en lui soulevant le menton d'une main. De l'autre, elle remit chaque mèche en place, afin d'avoir une vision d'ensemble du travail finit. Elle avait un peu raccourci sur le dessus, et pas mal sur les côté. Brendon n'en menait pas large en observant les mèches cuivrés qui jonchaient le sol, mais Océane était assez satisfaite. Elle lui avait fait comme elle aimait. On est jamais mieux servie que par soi-même, n'est-ce pas ? Au moins, maintenant, avec une pointe de gel, il pourrait faire quelque chose de sa tignasse, et n'aurait plus rien de commun avec le Yéti à chaque réveil. Elle donna un dernier coup de ciseaux sur une mèche qui lui avait échappé, puis vint s'asseoir à califourchon sur lui, pour se mettre à son niveau, et pouvoir fignoler -la bonne excuse-, ce qu'elle fit avec une concentration rare, ramenant les côtés en arrière, et laissant les mèches du dessus vaquer à leurs propres occupations. Quand elle eut finit, elle afficha un sourire satisfait.
    « T'es canon, mon homme. » Annonça-t-elle avant de lui voler ses lèvres.
    « Lutin ! Un peu d'tenue ! » Scanda une voix réprobatrice dans son dos.
    « Je suis juste sur ses genoux. » Répondit-elle en se retournant vers son grand-père.
    « Y a pénurie d'chaises ? » Ok, voyant que ce n'était pas la peine d'insister, elle se releva en soupirant bien fort afin que son mécontentement soit audible depuis le fauteuil de Francis. De toutes manières, elle avait terminé. Elle ôta la serviette qu'elle secoua, et autorisa Brendon à se lever pour aller juger du travail effectué sur le miroir mural. Elle était entrain de balayer feu-la chevelure de Brendon, sur le sol, quand le verdict tomba.
    « Et tu m'as laissé payer le coiffeur depuis plus d'un an alors que tu savais faire ça ? » C'était plutôt positif, ça, non ?
    « Je sais faire des tas de choses pour lesquelles les hommes sont prêts à payer cher ! » Répondit-elle avec son air mutin.
    « LUTIN !! » Se scandalisa Francis, toujours dans son fauteuil, toujours derrière son journal.
    « MAIS QUOI ?! Je parlais de la lessive, du ménage, du repassage... »
    « C'est vraiment d'l'esclavage... »
    Chantonna Billy en roulant, l'air de rien, à travers la pièce.
    « Et je fais des supers massages, aussi ! »
    « Et elle m'bat toujours au paquet d'merde ! »
    Renchérit Billy.
    « Exact ! » Confirma Océane en hochant la tête. Cette conversion partait dans tous les sens.
    « Elle sait conduire un tracteur, monter à ch'val, traire une vache en 5 minutes et 6 secondes, grimper aux arbres, assommer un bœuf rien qu'en lui parlant, cracher à 46 mètres, obliger Francis à prendre ses médocs, et roter l'alphabet à l'envers ! » Calant son fauteuil juste à côté d'Océane, Billy venait d'énumérer ses "qualités" en comptant sur ses doigts. « On commence les enchères à 40$ ! Qui dit mieux ? »
    « 40$ ?! »
    Océane venait de taper sur la main qui s'était emparé de son bras pour le brandir en l'air. « C'est même pas le prix du Vinyle de Charlie Daniels Band que je t'ai ramené de San Francisco ! »
    « L'Charlie Daniels Band, c'est sacré, Gamine ! »
    Protesta Billy, comme s'il parlait de son Dieu personnel.
    « Et les vinyles, y a qu'ça d'vrai ! » Renchérit Francis en donnant raison à son vieux complice.
    « Amouuuuur de moiiiii... » Geignit-elle comme une enfant en gros chagrin en se précipitant vers les bras qu'il lui ouvrait en grand. « Ils disent que je suis moins bien qu'un vinyl de country tout pourri ! » Pleurnicha-t-elle alors qu'il refermait ses bras sur elle.
    « Tu te rends compte qu'ils se payent ta tronche, pas vrai ? » Se renseigna-t-il à voix basse.
    « Shhhhhh ! Oui, je le sais bien, mais ça me fournit l'occasion d'un câlin gratuit ! » Murmura-t-elle à son tour. « Vite ! Tes lèvres avant qu'ils ne se rendent compte de quelque chose. » Mutine, elle se hissa sur la pointe de pieds pour lui voler un baiser qui n'eut absolument rien de chaste. Et si quelqu'un lui disait quelque chose, tant pis ! Ils n'avaient qu'à pas la brader pour 40$ !

[...]
    Engoncée dans une robe qu'elle jugeait trop étroite et bien trop découverte, Océane avançait dans le couloir du premier étage, poussée dans le dos par une Gretchen qui avait bien trop peur qu'elle fasse demi-tour pour aller se changer. Portant, bien vite, en atteignant le haut des marches, la rouquine l'abandonna, prétextant qu'elle avait oublié un truc, et la laissa se dépatouiller avec une robe qui lui empêchait tout mouvements de jambes, et des marches décidément super hautes. Les deux mains accrochées à la rampe, elle descendait façon crabe. Et encore, elle était à plat, n'ayant pas enfilé de chaussures pour le moment. Lorsqu'elle arriva en bas des marches, elle poussa un soupir de fatigue, et avança vers un Brendon tout droit sortit d'une page Mode d'un Vogue US, en affichant une petite moue contrariée.
    « J'arrive même pas à marcher ! J'me fais l'effet d'une autiste de la mode. T'es sûr que tu veux de moi ? »
    « Plus que jamais. »
    Répondit-il sans une once d'hésitation.
    « J'ai l'impression que ma poitrine va jaillir du bustier au moindre mouvement ! » Mimant le geste pour plus de réalisme, elle poursuivit. « Booom, d'un coup. »
    « Ça ne me dérangerait pas qu'elle jaillisse d'un coup. »
    « Sans parler de la fente à l'arrière. »
    Poursuivit-elle sans prêter attention aux interventions de son homme, allant même jusqu'à se retourner pour lui montre la fente de sa robe, derrière ses jambes. « Soit disant que c'est pour faciliter les mouvements, mais tu parles, je peux toujours pas marcher correctement, et en plus si je me baisse on va voir mes bas. »
    « Ça non plus, ça ne me dérangerait pas. »
    « Bah oui, parce qu'en plus, il faut que je me coltine des bas ! Tu sais les trucs qui s'attachent de partout, à tel point qu'il faut Bac + 8 pour t'harnacher correctement. »
    « Océane. »
    « Tu vois de quoi je parle ? »
    « Océane ! »
    « Je savais pas que le deal incluait aussi le choix des sous-vêtements. Ça n'a absolument rien de confortable ! »
    « OCÉANE !! »
    « Quoi ? »
    Il avait fallu qu'il hausse la voix pour qu'elle émerge enfin de son inventaire d'elle-même, et se redresse vers lui.
    « Tu veux bien arrêter de me mettre des images plein la tête ? Si tu tiens à cette coiffure, à ce maquillage, à l'intégralité de ta tenue, et à ma santé mentale, il vaut mieux que tu cesses. »
    « Je ne tiens à rien de tout ça. »
    Répondit-elle en laissant entrevoir un sourire malicieux, tout en se dandinant jusqu'à lui.
    « Même pas à ma santé mentale ? » S'enquit-il, en glissant ses mains autour de sa taille, la ramenant d'un coup vif contre lui, penchant son visage vers le sien, la lèvre inférieure coincé entre ses dents, comme s'il s'empêchait de la manger toute crue.
    « Même pas... » Répondit-elle, prédatrice, avant de fondre ses lèvres dans les siennes.
    « LUTIIIIIIIN ? » Une voix venait de s’élever dans son dos, une voix qui n’était autre que celle de Francis, évidemment, un Francis qui avait le don de les surprendre toujours au pire moment. Alors, en affichant une mine contrariée, Océane détacha légèrement son buste de celui de son amant, pour se tourner et jeter un regard à la ronde, à la recherche de l’auteur de cette interruption momentanée des programmes. Mais il n’y avait personne. Comment faisait-il ?
    « C’est pas vrai ! Il a un radar à spot de chaleur, ou quoi ? » Demanda-t-elle à Brendon sans vraiment attendre de réponse de sa part. Il valait mieux, puisque ce dernier souleva un sourcil tout en les fronçant, sa manière à lui de lui faire savoir qu’il n’avait rien comprit à ce qu’elle venait de dire. « C’est nous le spot de chaleur. » L’éclaira-t-elle en les désignant à tour de rôle. Son « Haaaa ! » muet l’informa qu’il avait enfin comprit, et pour sa peine, elle se lova de nouveau contre lui. Pour autant, son visage restait tendu vers l’arrière de la pièce, s’assurant que la voix avait cessé de gueuler, et qu’ils pouvaient reprendre leur pause Tendresse. Mais sitôt qu’elle lui offrit à nouveau son visage…
    « Lutiiiiiiiiiiiin ! Vient don’ voir par là ! » Raté ! De lassitude, Océane vint cogner son front contre le torse de son amoureux… à plusieurs reprises.
    « J’arriiiiiiive ! » Répondit-elle en direction de ce qui semblait être le bureau de Francis, puis vola un baiser à son homme, rapide mais tendre. « Tu es très très beau comme ça. » Lui avoua-t-elle en glissant une main câline contre sa joue mal rasée. « Le plus beau de la Terre. » Persista-t-elle en s’éloignant à reculons. « Et cette coiffure… » Reculant encore, elle leva ses deux pouces en l’air. « Top ! Qui t’a aussi bien coiffé ? » Demanda-t-elle en affichant un air résolument mutin. « Ah oui, c’est vrai ! C’est moiiiii ! » Un large sourire s’afficha sur ses lèvres tendres, dévoilant la fossette de sa joue droite, avant qu’elle ne parte dans un éclat de ce qui devait être une imitation de rire diabolique. Alors, elle consentie à lui tourner le dos, et à disparaître dans le couloir.

    Elle avait raison, Francis se trouvait bel et bien dans son bureau. Enfin ce qu’il désignait comme « bureau », mais qui n’en avait pas l’allure. Il s’agissait d’une pièce dont les murs, couverts d’étagères, disparaissaient sous une impressionnante collection de livres en tout genre. Au centre trônait un bureau, dont le bois disparaissait sous un amoncellement de papiers et factures ou autres. Dans le coin, le cuir du fauteuil accueillait un livre étalé à l’envers, comme si on venait tout juste de s’interrompre dans la lecture, et qu’on ne souhaitait surtout pas perdre la page. La couverture défraîchie, annonçait en lettres estompée, « L’attrape Cœur ». Encore ?! Il avait dû le lire près d’un million de fois ! Après un bref inventaire de la pièce, elle repéra enfin son grand-père, derrière la pile de factures entassées sur le bureau.

    « Mais… Où sont les classeurs que je t’avais achetés pour l’organisation ? » Demanda-t-elle en soulevant une liasse de feuillets froissés.
    « Hé bien… » Commença-t-il en soulevant tour à tour plusieurs piles, visiblement à la recherche de quelque chose, avant de mettre la main sur un classeur jaune enfouie sous la paperasse. « Là ! » Annonça-t-il joyeusement.
    « Et vide ! » Constata Océane en l’ouvrant, une pointe de réprobation dans la voix. « Ca va me prendre des jours pour réorganiser tout ça ! » Se lamenta-t-elle en feuilletant une série de factures. « Est-ce que c’est payé, au moins ? »
    « Heu… Non. »
    Avoua-t-il avant de s’empresser d’ajouter. « Mais c’est pas pour ça qu’j’t’ai fait v’nir ici, Lutin. » Océane souleva un sourcil d’incompréhension. Même si elle se doutait bien qu’il n’allait pas lui faire trier des papiers alors qu’ils s’apprêtaient à partir pour le bal de Noël, elle ne comprenait pas ce qu’elle foutait ici, dans ce lieu très personnel où elle n’avait le droit d’entrer que pour emprunter un livre, le remettre, ou trier la paperasse deux fois par an. C’était un peu sa tanière à lui, et elle n’avait rien à y faire aujourd’hui. Alors, Francis consentit à reprendre ses explications. « Ton Jules est dans l’salon ? » Océane hocha la tête, sans trop comprendre. « Il risque pas d’venir par ici, mais ferme don’ la porte, tout d’même, sait on jamais ! » S’interrogeant sur la santé mentale de son grand-père, Océane s’exécuta quand même, et referma la porte avant de s’y adosser.
    « Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est ce que tu veux me dire que Brendon ne doit pas entendre ? » Demanda-t-elle finalement.
    « C’est pas à t’dire, mais à t’demander… » Lui répondit-il, évasif, mystérieux, un peu trop au goût d’Océane qui quitta la porte pour se rapprocher de lui. Elle aménagea un petit espace libre sur le coin du bureau, puis y posa une fesse.
    « J’t’écoute. » Les bras croisés contre sa poitrine, elle le dominait largement d’une tête.
    « Wahou ! Fillette ! T’es sacrément belle là-d’dans ! » Il venait finalement de remarquer la tenue de sa petite fille, et il faut dire qu’il avait un peu de mal à cacher sa surprise. Elle d’ordinaire camouflée dans des chemises trop grandes et des jeans trop vieux, les cheveux dans les yeux, arborait une ravissante robe vintage qui lui allant comme un gant, et avait ramassé ses cheveux en arrière, soutenu par un chignon bas et suffisamment lâche pour ne pas être jugé trop stricte. Elle était aussi belle qu’une Audrey Hepburn, ou une Jackie Kennedy en plus moderne. D’ailleurs, il lui fit part de cette impression, puis commença à dériver sur le fait que Jackie était française et s’appelait Jacqueline, avant qu’Océane ne l’arrête en levant une main.
    « Recentre le débat, Francis ! » Scanda-t-elle comme elle avait l’habitude de le faire chaque fois qu’il dérivait vers un autre sujet en en oubliant l’ancien.
    « Oui, oui, biensûr ! » Se reprit-il. « J’voulais savoir si t’avais des nouvelles d’qui tu sais ? »
    « Voldemort ? »
    Demanda-t-elle, pince sans rire, avant de remarquer l’air perplexe qu’affichait son grand-père. Oui, forcément, Harry Potter, ça lui parlait pas des masses. Elle afficha un mince sourire, puis secoua la tête de gauche à droite pour l’informer que non, elle n’avait pas de nouvelles.
    « Et la môme ? »
    « Gretchen non plus. Visiblement, ils ne lui parlent plus depuis qu’ils ont appris qu’elle venait passer Noël ici… »
    Poussant un profond soupir, elle décroisa ses bras, et son grand-père s’empressa d’attraper une de ses mains pour la retenir captive entre les siennes.
    « N’perds pas espoir, Noël c’est seulement d’main. »
    « Justement, grand-père… C’est demain ! S’ils n’ont pas donné signe de vie jusqu’à maintenant, faut pas espérer qu’il le fasse en moins de 24h. »
    « Et l’miracle de Noël, Océane ? »
    « C’est comme le lapin de Pâques, le Père Noël, ou la petite souris ! »
    Répondit-elle morose, avant de relever le regard vers lui, un regard tendre, contrairement à ce qu’il aurait pu penser de prime abord. « Ca a toujours été toi. » Oula, un peu plus et il en lâchait une larmichette. Se reprenant brusquement, il détourna le regard en se raclant la gorge. Décidemment, la gamine était devenue un poil trop sentimentale au contact du gamin. Voilà qu’elle n’avait même plus peur de lui offrir des paroles tendres et aimantes. Cela dit, devant la retenue de son grand-père, elle se reprit, et détourna le regard à son tour. Chasser le naturel, il revient au galop ! Pourtant elle le pensait, elle n’avait jamais autant pensé qu’il était son miracle à elle. Cet homme qui s’était dévoué corps et âme pour elle, qui l’avait élevé, qui avait été à la fois un grand-père, mais également une mère et un père. Il était vraiment son petit miracle personnel. Et malgré son regard sur le sol, et sa gêne provisoire, elle ne pu se retenir de sourire en comprenant qu’il avait été touché par ses mots. Depuis qu’elle fréquentait les Driesen, elle prenait conscience de la chance qu’elle avait de posséder un être inestimable comme Francis.
    « N’sois pas trop dur avec toi, Lutin. » Reprit le vieil homme après un moment de silence qui sembla à la fois long et trop court. « J’connais pas beaucoup d’gamine qu’aurait eu l’cran d’faire c’que t’a fait ! »
    « Je n’ai rien fait, Francis. »
    « Rien fait ? C’est vite dit ! T’as ram’né tes fesses d’bouseuse à la grosse pomme, et tu t’es mit d’côté ! »
    « Je leur ai juste laissé une lettre, ça fait pas de moi Jeanne d’Arc aux portes d’Orléans, non plus. »
    « Y avait quoi dans c’te lettre ? »
    Demanda-t-il, avide de précision. Et comme elle l’avait déjà fait avec Gretchen, puis avec le docteur Mamours, elle soupira un bon coup, ferma les yeux, et entreprit de la réciter de mémoire. Ah, les joies de la mémoire visuelle.
New York, 18 décembre 2009,

Madame, Monsieur,
Ma démarche va très certainement vous surprendre, ou au contraire vous renforcer dans vos convictions, je n’en ai aucune idée, car j’avoue ne pas vraiment comprendre votre manière de penser si dissemblable de la mienne. Je ne suis pas la coureuse de dote que vous imaginez. Peut être que dans votre monde tout ne tourne qu’autour de l’argent, mais j’ai été élevée bien loin de tout ça, de manière simple, et je n’aspire qu’à une vie simple. Je n’ai pas demandé à tomber amoureuse de votre fils, et croyez-moi que si j’avais pu l’éviter, je l’aurais fait. Si vous me jugez inadaptée à votre monde, moi la pauvre paysanne, sachez que votre fils l’est tout autant au mien. Si je savais que je lui rendais service, je le quitterais sur le champ, c’est d’ailleurs ce que j’ai fait cet été, en imaginant qu’il se porterait mieux sans moi. Mais tel n’est pas le cas, et une part égoïste en moi s’en réjouit, car fondamentalement, je suis dans l’incapacité de vivre sans lui. Je ne demande pas à ce que vous me compreniez, et encore moins à ce que vous m’acceptiez, sachez que je m’en moque royalement. Tout ce que je souhaiterais, c’est que vous compreniez et acceptiez votre fils tel qu’il est. La punition est-elle à la hauteur de son crime ? Et quel crime a-t-il commis si ce n’est de s’éprendre d’une personne d’un autre rang social que le votre ?
J’ai perdu mes parents dans un tragique accident de voiture, et je sais exactement ce que peut représenter ce manque. Il n’avouera pas ses faiblesses, mais ne pourra me les cacher très longtemps. Il a besoin de vous. Pas de votre argent, juste de votre amour. Et je me plais a espérer qu’il en soit de même pour vous. Je refuse d’être celle qui l’aura séparé de vous, je préférerais mille fois être celle qui vous aura rapproché. Le malaise ne date pas de moi, c’est un fait, mais j’ai bien conscience d’avoir été le déclencheur. Je donnerais tout pour que mes parents reviennent, même si ce n’est que pour l’espace d’une soirée, autour d’un sapin décoré. Je sais qu’il en est de même pour lui. Il m’est impossible de réaliser mon rêve, mais il vous est possible de réaliser le sien.
Je ne veux pas vous arracher votre famille, c’est pourquoi je vous offre la possibilité de venir la retrouver. Gretchen et Brendon passeront Noël chez moi, comme vous devez probablement déjà le savoir. Mon Grand-père souhaiterait vous compter parmi ses invités. Je vous supplie d’accéder à sa demande, et d’offrir un véritable Noël à vos enfants. Rien ne remplacera votre présence auprès d’eux. Vous trouverez l’adresse au dos de cette lettre, ainsi que mon numéro de téléphone, et celui de mon grand-père si vous souhaitez discuter plus avant avec lui. Je vous assure ne pas vouloir de votre argent, je ne veux que votre fils et son bonheur.

Océane J. D.

    « Océane J. D. ? » S’étonna Francis quand elle eut fini de lui réciter la lettre.
    « C’est une longue histoire. » Esquiva-t-elle en se relevant du bureau.
    « D pour Driesen, c’est ça ? » Perspicace, le vieux.
    « Oui, c’est ça. » Avoua-t-elle avant d’enchaîner très vite. « Mais on n’est pas marié ! Je t’assure ! C’est juste une très longue histoire. On n’est pas marié, rassure-toi. »
    « Ca s’rait pas vraiment très grave… Cela dit, j’préférais être invité, la prochaine fois. »
    Il avait un curieux sourire aux lèvres, un sourire qui intrigua Océane. Il le remarqua, et l’effaça rapidement. « Il a fait croire à ses parents qu’vous étiez marié, si j’ai bien compris ? » Océane hocha la tête. « Pourquoi n’pas leur avoir dit la vérité dans ta lettre ? Ca t’aurait rapporté des points, non ? »
    « C’est pas à moi de leur dire. Et puis j’avais pas envie qu’ils viennent juste dans l’espoir de ramener leur fils à la raison. Ca n’aurait fait que le meurtrir davantage, et c’est pas le but recherché. Je veux qu’ils viennent pour lui, et pas dans l’illusion de nous séparer. »
    « T’es vraiment un sacré p’tit bout d’bonne femme. »
    S’exclama-t-il après un moment de silence. « J’ai pas trop raté ton éducation, on dirait ! » Son sourire contamina les lèvres d’Océane qui s’apprêtait à lui répondre. Mais avait qu’elle n’en ait eu l’occasion une voix stridente lui coupa la parole.

    « Océéééééééééééééaaaaaaaneuuuuuuh ! » Gretchen.
    « Hein ? Quoi ? Tous aux abriiiiiis !! » Billy.
    « Calmez-vous ! C’est rien ! Tout va bien. » Brendon.

    Océane n’était pas dans la même pièce qu’eux, mais elle n’avait pas besoin de les voir pour analyser la situation. Gretchen avec son cri, venait de réveiller Billy, endormit dans son fauteuil, qui, depuis le Vietnam, gardait quelques séquelles. D’un mouvement de bras, elle fit comprendre à son grand-père qu’il valait mieux qu’elle y aille, avant que Billy ne creuse une tranchée dans le salon, et oblige les Driesen à se planquer derrière le canapé en attendant des Viêt-Cong imaginaires. Elle referma la porte derrière elle, et rebroussa chemin jusqu’au salon. Visiblement, Billy était parfaitement réveillé à présent dans son beau costume, se servant une tasse de café à table. Quand à Brendon et Gretchen, ils s’engueulaient avec les yeux. Si, si, je vous assure, ça existe ! Ils avaient régulièrement des discussions muettes de ce style, et Océane avait apprit à les traduire. Là, par exemple, Brendon était en train de dire « T’es pas bien à gueuler comme ça ? » et Gretchen lui répondait « Mais quoi ? Ca va, c’est bon, j’ai pas crié fort. ».
    « Je suis là. » Annonça Océane pour désamorcer la dispute muette. « Qu’est-ce que tu me veux ? » Gretchen se tourna vers elle, tout sourire, et leva sa main qui tenait deux escarpins absolument importables ! Abominablement trop hauts et trop fins ! La brune ne pu réprimer une grimace, elle n’allait jamais tenir là-dessus !
    « Une chance ! On fait la même pointure toutes les deux ! » Scanda-t-elle gaiement.
    « Quelle chance ! » Lui répondit Océane à 300% ironique. Mais Gretchen n’y prêta attention, et déposa les talons aiguilles sur la table, et à l’instant précis où les escarpins touchèrent le meuble…
    « AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHH !!! » Hurla Billy en jetant un regard horrifié à sa main qui semblait être sous le talon d’un des escarpins. Blanche comme un linge, Gretchen se jeta sur la chaussure, mais avant qu’elle n’ait pu l’atteindre, le cri de douleur de Billy s’était mué en un éclat de rire rauque. « Haha ! J’t’ai eu ! » Répétait-il, hilare, en soulevant sa main qui, en fait, n’était qu’à quelques millimètres du talon. Océane ne pu se retenir de rire. Est-ce que c’était les nerfs ? Est-ce que c’était l’air outré de Gretchen ? Allez savoir ! La blague n’était pas foncièrement drôle, elle était même en tout point pourrie, mais le fou-rire de la brune était réel et incontrôlable. Pour sa part, Billy était déjà passé à autre chose. Il avait fait sa blague, il était content de lui, et calme, sirotait son café.
[…]
    « Je monte avec Océane ! » Venait de s’écrier Billy, roulant son fauteuil hors de la maison, Gretchen sur ses genoux. « Ferme la porte, Gamine. J’ai les mains un peu prises. » Ajouta-t-il à l’intention de la rouquine.
    « J’ai pas les clefs. » Répondit-elle, en se contorsionnant pour atteindre la poignée.
    « Y a pas de serrure non plus. » L’informa l’infirme en lançant un regard à Francis qui semblait vouloir dire « Elle a fumé quoi, la p’tiote ? ».
    « T’monteras avec moi. » Francis ne faisait que répondre à Billy, ignorant totalement l’histoire de serrure.
    « Mais… Ca veut dire que tout le monde peut rentrer tranquille ? » Gretchen, elle, en était restée à l’histoire de la serrure.
    « J’veux pas aller avec toi ! L’lutin il conduit mieux qu’toi ! » C’était au tour de Billy d’ignorer Gretchen.
    « C’est un peu le principe, Gamine. » Francis se chargeait de lui répondre.
    « C’est Brendon qui va conduire. » Annonça Océane, à l’intention de Billy.
    « Mais… Comment vous protégez vos biens ? » Insista Gretchen, qui n’en revenait toujours pas.
    « Quels biens ? » S’étonnèrent Billy, Francis et Océane conjointement. Voilà qui répondait à sa question.
    « Il n’y a rien à voler, ici, Gretch’, donc il n’y a pas de voleurs. » Acheva Brendon.
    « Pourquoi c’est l’gamin qui conduit ? » Et c’était repartit ! Océane, souleva une de ses jambes pour désigner les talons qu’elle portait aux pieds, et s’agrippa un peu plus fermement au cou de son amoureux.
    « Tu me vois conduire avec ça ? » Demanda-t-elle dans une grimace. « Je n’en reviens pas qu’elle m’ait forcé à les enfiler maintenant. » Grommela-t-elle de façon audible uniquement pour Brendon qui la transportait à bras. En effet, quelques minutes auparavant, Océane avait eut l’impensable idée d’enfiler ses bottes en lieu et place des escarpins à célèbres semelles rouges que Gretchen lui avait prêté. Ils avaient frôlé l’apocalypse ! La brune ne songeait pas à les garder toute la soirée, mais juste à les utiliser le temps du trajet, avant de les troquer pour les escarpins une fois sur place. Mais non Mademoiselle Driesen n’avait rien voulu entendre, pas même la très bonne excuse de devoir traverser 10 centimètres de neige et verglas pour rejoindre la voiture. Du coup, Gretchen squattait les genoux de Billy, et Océane se faisait transporter par son décidément indispensable chéri. « Je suis désolée, c’est vraiment ridicule. » S’excusa-t-elle, pas vraiment à l’aise avec le fait de se servir de lui comme d’un mulet.
    « Je trouve ça plutôt agréable, moi. » Répondit-il le plus naturellement du monde. Evidemment !

[…]
    « R’garde don’ c’qu’il a fait d’toi ! On dirait une poule de luxe ! » S’exclama l’homme tellement imbibé qu’il tanguait dangereusement d’un côté et de l’autre, alors qu’il ne bougeait même pas. Ce qu’elle retenait depuis quelque minute ne put être contenu davantage, et sa main fut rapidement expédiée contre le visage du saoulard. Ce n’était pas tant ce qu’il venait de dire qui avait décidé son geste, car ce qu’il pensait de sa tenue elle n’en avait que faire, c’était plutôt parce que par sa faute, Brendon venait de l’abandonner ici, seule face à ce type abjecte. Jamais il n’aurait fait ça d’ordinaire. Au contraire, il l’aurait plutôt éloigné du saoûlard, et gardé tout contre lui. Cela montrait deux choses : Premièrement il tentait de juguler sa jalousie et sa violence en s’éloignant, et deuxièmement il jugeait, peut être inconsciemment, qu’elle était une des raisons de cette situation. Il s’éloignait donc d’elle aussi. Et ça, c’était proprement insupportable pour Océane. Il lui en voulait à elle aussi. Pourtant la soirée avait admirablement bien commencé. Ils avaient assisté tous ensemble à la décoration du sapin, les Driesen avaient même été invité à déposer une décoration, eux aussi, ce qui avait fait lever les yeux au ciel, à Océane. Ce n’était pas le fait qu’ils s’intègrent admirablement bien qui gênait la brune, mais plus les efforts que déployait Brendon pour ce faire. Elle se doutait que cela devait avoir un rapport avec leur discussion d’hier. Il n’avait pas apprécié qu’elle lui ait dit qu’il se prenait pour Charles Ingalls et que sa place n’était pas dans cette campagne reculée. Il tentait de lui prouver le contraire. Il y parvenait superbement bien, ce qui avait le don de l’agacer elle. Pourquoi fallait-il qu’il lui donne systématiquement tort ? Ca ne changerait rien ! Il aurait beau sourire à toutes les vieilles dames, s’extasier devant la beauté de chaque bébé qui passait, trinquer avec tous les vieux paysans bougons, elle ne le laisserait pas venir s’enterrer ici. Par la suite, ils s’étaient tous rendu à la soirée organisée dans la grande salle de la mairie. Ils avaient beau être dans une ville de bouseux, on ne lésinait pas avec les fêtes de fin d’année. La salle avait été décorée de façon magistrale. De nombreux sapins décorés avec soin, un grand feu dans la cheminée spectaculaire, des guirlandes de sapin traversaient la salle, du houx, du gui, des boules scintillantes, des bougies sur les tables dressées, et partout où le regard se posait, des gens élégants ayant enfilés leurs plus beaux atours. Ni Océane, ni Gretchen ne détonnait dans cet ensemble de robes soyeuses. Certes, elles étaient toutes passées de mode et parfois de mauvais goût, mais tout le monde était aussi habillé que les deux jeunes femmes. Si on les regardait, c’était plus pour la beauté de leurs tenues que pour autre chose. Billy et Francis n’avaient pas tardé à les abandonner pour rejoindre directement les tables où un diner serait servit. Etonnant de voir qu’il n’y avait que les vieux déjà installés, à croire qu’ils ne venaient ici que pour bénéficier d’un repas gratuit. Evidemment, il n’y aurait pas de place pour tout le monde, et c’était une autre des raisons qui poussaient les plus jeunes à rester debout dans l’espace qui serait, plus tard, réservé à la danse. C’était exactement là que se trouvaient Océane, Brendon et Gretchen, lorsque Goodridge avait surgit pour foutre le bordel, comme à son habitude. Il était ivre, comme d’habitude, et avait été trop loin comme d’habitude. Mais pas comme d’habitude, Brendon n’avait pas joué des poings, et avait abandonné Océane pour qu’elle gère l’ivrogne toute seule.
    « Toujours aussi passionnée !! » La railla Goodridge en se frictionnant la joue. « J’aime ça ! »
    « Mais on s’en fout de ce que t’aimes ou pas, crétin ! »
    S’emporta-t-elle alors que les gens commençaient à se tourner vers eux. « Tu comprends pas que t’es entrain de tout foutre en l’air ? » Depuis l’extérieur, où Kyle était entrain de discuter avec sa femme sur l’importance de ne pas trop rester coller l’un à l’autre dans un couple, Henry qui, par la porte ouverte avait une vue imprenable sur ce qui se passait à l’intérieur, envoya son coude dans les côtes de son beau-frère. Réaction immédiate, il se mangea un coup de poing dans l’estomac. Fallait pas surprendre Kyle, il le savait pourtant. Et sans se choquer, Henry, plié en deux, désigna du doigt l’intérieur de la salle.
    « Oh ! C’est toi ! Désolé, vieux ! Qu’est-ce tu veux m’dire ? Vas-y ! Cause ! Quoi ? J’t’entends pas ! » Les deux hommes offraient un duo comique sans le vouloir, ni même le savoir, tandis que Kyle se penchait en avant pour mieux comprendre ce que son beau-frère tentait de dire, sans y parvenir. « Mary ! Qu’est-ce qui dit quoi ton frangin, là ? » Demanda-t-il à sa femme, qui se contenta d’hausser les épaules, avant de retourner à sa contemplation du couple d’étrangers sur sa gauche, à peine à un mètre d’elle. C’était qui eux ? Le frère et la sœur dont toute la ville parlait ? « Quoi ? Mais articule ! » Continuait Kyle, alors qu’Henry tendait toujours le bras en direction d’Océane à l’intérieur. « Oh ! » Voilà !! Enfin !! Il venait de tilter. Alors, un large sourire s’afficha sur ses lèvres tandis qu’il croisait les bras sur son torse monumental.
    « On intervient pas ? » S’enquit Henry, qui venait de se redresser et de retrouver un peu de son souffle.
    « D’abord on observe, jeune Padawan. »
    « Foutre en l’air ? »
    Répétait Evan, à l’intérieur en ricanant bêtement. « T’sais pas d’quoi tu parles ! T’es pas là 364 jours par an, tu t’pointes comme une fleur le 365ème jour, et tu fais ta donneuse d’leçons ? C’est pas toi qui va m’dire c’qui s’passe dans ma vie, hein ! R’garde don’ dans la tienne. »
    « Et qu’est ce qui se passe dans la mienne ? Je t’en prie, éclaire-moi ! »
    S’énervait Océane.
    « Est-ce qu’y a un méd’cin dans l’coin ? » Demanda, à l’extérieur, un Kyle en jetant un regard à la ronde.
    « Et là, on intervient pas ? » S’enquit une nouvelle fois Henry.
    « Toujours pas. »
    « Ok. »
    « T’veux qu’j’te dise c’que tout l’monde pense en ville ? »
    Beuglait Evan en agitant un index sous le nez d’une Océane rouge de colère. « T’vas t’faire entubeeeer. » Chantonna-t-il gaiement. « Quand ton pied tendre aura fini d’s’amuser avec toi, et qui t’laisseras comme une merde, t’verras qu’tes rêves d’marquise c’était qu’du flan ! Y font ça les bourg’, ils viennent débaucher nos filles, et après Pfiouuuu, y a plus personne ! »
    « Henry ! Prend ton bonnet, et va l’remplir de neige ! »
    Ordonna Kyle, sans quitter des yeux la scène sous ses yeux, ni quitter son sourire amusé. Sans poser de questions, son beau-frère s’exécuta, et après avoir ôter son bonnet de sa tête –ce qui n’était pas plus mal, vu qu’il ne se mariait que moyennement avec son costume trois pièces-, il dévala les marches devant le grand perron, et s’empressa d’aller ramasser un peu de neige.
    « Il sait qu’j’suis passé avant lui, ton duc ? » Continuait Goodrigde devant une Océane qui, étrangement, ne parlait ni ne bougeait. « Y sait qu’j’ai été l’premier à faire sauter ta culotte ? »
    « GROUILLE !! »
    Hurla Kyle à Henry au moment même où un cri de douleur montait dans la salle. Henry, depuis la pelouse, envoya le bonnet plein de neige à son beau-frère, qui une fois réceptionné le paquet, s’empressa de s’engouffrer dans la salle. Henry se mit à courir à son tour, et en passant devant Brendon et Gretchen, les salua d’un petit signe de main, avant de disparaître à son tour. Les minutes s’égrenèrent sans que le cri ne disparaisse, il s’estompa, mais ne disparu pas le moins du monde. Il fallut attendre encore de longues secondes avant que l’imposante stature de Kyle réapparaisse. A ses côtés, soutenu par lui, Evan sautillait vers les marches, le bonnet plein de neige maintenu d’une main contre son entre-jambe. En passant devant sa femme, Kyle récupéra le bavoir de sa fille, et le plaqua sur le nez en sang de Goodridge.
    « Merci ! T’es un vrai pote, Kyle ! » Baragouinait-il de sa voix nasillarde.
    « La ferme, abrutit ! J’fais pas ça pour toi ! J’fais ça pour elle ! J’l’empêche de t’achever, elle s’rait capable d’s’en vouloir après ! » Répondit-il avec agacement, tout en tirant l’autre vers le trottoir. Il allait le ramener chez lui, en espérant qu’il ne revienne pas ici tout seul, par la suite.

    Quelques minutes plus tard, ce fut au tour d’Océane de sortir sur l’immense perron soutenu par d’imposantes colonnades. Il y avait nettement moins de monde, à présent que les curieux suivaient Kyle et l’amoché. Ne restait plus que Mary et sa mère, qu’Océane salua, et à quelques pas d’elles, Brendon et Gretchen, installé sur le petit muret. Elle était enveloppée dans une veste d’homme, et elle maintenait une poche de glace sur son poing droit. Après avoir fait preuve de sociabilité auprès de Mary, de sa mère, et du petit bout de chou dans ses bras, elle se dirigea directement vers le muret où Brendon en était à sa deuxième cigarette au vu du mégot qui fumait encore à ses pieds. Sans préavis, elle la lui ôta des lèvres pour la porter aux siennes, et tira une longue taffe dessus.

    « Tu lui as pété le nez ? » Ce fut Gretchen qui rompit le silence. Elle semblait comme fascinée et terrifiée par Océane.
    « Non… J’crois pas. » Répondit Océane avec une petite moue déçue. « Je l’ai raté, cette fois. »
    « Cette fois ? Ca veut dire qu’il y a eu un précédent ? »
    S’enquit-elle, avide de potins, afin d’en apprendre plus sur ce qu’Océane semblait cacher. Oui, elle n’avait pas tout dit sur ce qu’il s’était passé cet été. Elle avait préféré passer certains faits sous silence, histoire de ne pas provoquer de tensions au sein de son couple. Mais visiblement, les tensions étaient déjà là, et il semblerait qu’il faille qu’elle explique ses silences pour rétablir l’harmonie. Bon, bah, y avait plus qu’à se lancer alors.
    « Gretch ? Y a Merl’ qui te réclame à l’intérieur. Il paraît que tu lui as promis une danse s’il sentait plus la bouse de vache. Il pue l’after-shave à plein nez, donc… »
    « Sérieux ? J’y vais ! »
    Annonça-t-elle en sautant du muret, prête à se précipiter vers la salle.
    « Gretch’ ! » L’arrêta Océane. « La veste, s’il te plait. » Elle réceptionna la veste qu’on lui tendait, puis observa sa belle-sœur disparaître par l’impressionnante porte d’entrée. Lorsqu’elle fut sûre qu’elle ne reviendrait pas, elle se retourna vers Brendon, et déposa sa veste sur ses épaules. « Enfile ça, j’ai pas du tout envie que tu attrapes la mort. » S’installant sur le muret à côté de lui, elle l’obligea à lui obéir, avant de poser ses jambes en travers de siennes. Cela faisait des heures qu’elle était debout, ses pieds souffraient le martyr dans ces engins de torture. « Tu boudes ? » Demanda-t-elle en lui rendant sa cigarette. « Je te dois quelques explications, je crois… » Avoua-t-elle, avant de l’obliger, d’une main, à tourner son visage vers elle. « Mais avant ça, prête-moi tes lèvres, vite ! J’en ai urgemment besoin ! » Preuve, s’il n’en faut, qu’il ne boudait pas vraiment, il lui offrit le baiser qu’elle réclamait. « Encore. » demanda-t-elle quand il s’éloigna. Et elle répéta autant de fois qu’il fallut jusqu’à ce qu’elle ait son comptant de baisers, et jusqu’à ce qu’il y mette vraiment du sien et qu’ils redeviennent ce qu’ils étaient habituellement l’énervement envolé.[ /i] « Encore un ! Le dernier ! »[i] Supplia-t-elle comme une nana promettant qu’elle commencerait son régime demain. C’était le dernier, elle venait de le dire, alors elle en profita comme il se doit, et le fit durer une éternité, et lorsqu’elle sépara leurs lèvres, se fut à contre-cœur, mais avec un sourire satisfait. Voilà, elle était rassasiée, et apaisée. Il avait plus d’effet qu’un paquet entier de cigarette, sur elle. « Bon, je vais tout te raconter, mais avant ça tu dois me promettre de ne pas m’interrompre, et d’attendre la fin toute fin du récit avant de décider si tu m’aimes encore ou pas. D’accord ? » Oui, forcément, annoncé comme ça, ça ne rassurait pas vraiment. Elle attendit son accord, puis se lança, sans qu’il ne l’interrompe. « Ca ne casse pas trois pattes à un canard, mais je ne veux pas que tu te mêles de ça, c’est pour ça que je n’ai rien dit. Mais évidemment, l’autre abrutit ne peut pas s’empêcher d’ouvrir sa bouche d’où sort tout un tas de conneries à double sens. C’est un ivrogne, et c’est ce que font les ivrognes, ils foutent la merde. Mais il faut que tu comprennes qu’il n’a pas toujours été comme ça. Il buvait, mais pas autant. Ils ont tous la descente facile ici, mais jamais personne n’est tombé aussi bas que lui. Evan Goodridge est le fils de Aaron Goodridge, le plus grand producteur de la région. Les Goodridge ont toujours eu la main mise sur Kallispell, c’était un peu notre famille royale, et Evan était le prince. Biensûr il était déjà insupportable et un poil condescendant, mais il n’était pas encore trop con. D’ailleurs il faisait partie de la bande, preuve qu’il n’était pas encore l’épave fouteuse de merde qu’il est aujourd’hui. L’année dernière, il s’est fiancé avec une fille de Billings, une grande blonde qu’il prenait plaisir à me foutre sous le nez comme si j’étais censée éprouver une quelconque jalousie. Alors que bon, non seulement elle était aussi intelligente qu’un mulot mort, mais en plus Evan n’avait jamais rien été pour moi. Il m’appelait son « ex » alors que notre relation se résumait à 3mn top chrono sur la banquette arrière de sa voiture l’été de mes 16 ans. J’étais naïve, je ne comprenais pas grand-chose à ces relations là, et comme une conne, je pensais qu’en lui filant ce qu’il voulait, il arrêterait de me courir après. Ca n’a pas été le cas, mais inutile de préciser que je n’avais absolument pas envie de retenter l’expérience. Bref, tout ça pour dire que si à ses yeux j’ai une espèce d’importance, pour moi il ne représente que 3mn il y a 6 ans, autant dire, pas grand-chose. Bref, l’été dernier, quand je suis revenue, tout avait changé. La crise était passée par là. Heureusement, le domaine agricole n’a pas trop été touché, certes on a du se serrer la ceinture plus que d’ordinaire, mais rien de bien grave. Sauf pour le père Goodridge qui avait eu la malheureuse idée de mettre une petite fortune en bourse. Ses actions se sont effondrées, et il a été ruiné. Trop fiers, ils n’ont pas accepté l’aide des habitants et amis, et se sont retranchés sur eux-mêmes. On a plus revu Aaron en ville, depuis. Certains, des idiots et des commères, prétendent qu’il est mort et que c’est pour ça qu’Evan part en vrille. Mais moi, je sais ce qu’il a. Il a toujours été riche, il s’est toujours défini ainsi, il n’a jamais cherché plus loin, il n’a jamais été rien d’autre. Evidemment, la blonde à fort quotient siliconé a rompu leurs fiançailles et est retourné à Billings, trouver un meilleur partit. Je crois qu’il ne s’en est jamais remit. Il a commencé à boire, trouvant son salut dans la boisson, devenant un véritable con, excédant de plus en plus ses potes. Au début, ils ont bien essayé de l’aider, mais c’est vite devenu mission impossible, alors quand je suis rentrée, ils ont cru que moi, j’arriverais à faire quelque chose. Sauf que j’étais pas vraiment en état de quoique ce soit. Je pense que Kyle a manqué se pendre à cette période. Bref, j’ai zappé les gars pendant toute la première partie de l’été, et puis finalement, voyant que Francis supportait de moins en moins de me voir… enfin qu’il encaissait plus, bref, j’ai décidé de lui offrir des vacances en allant au Flag un soir. Evan y était aussi, dans un sale état. On a pas mal picolé et discuté aussi, de manière très superficielle, ne rentrant jamais dans les détails. Et puis on a fait une partie de billard. Evan est le meilleur joueur du coin, et moi j’étais passablement lamentable… L’idée nous est venue comme ça, il allait m’aider à me perfectionner. C’était bizarre, je sais pas comment décrire ça, mais j’avais envie de l’aider à s’en sortir, à freiner la boisson et à sortir la tête du guidon. Je ne contrôlais pas ma propre perte, alors contrôler la sienne, ça m’aidait un peu à m’oublier. Alors on a commencé à se voir tout les soirs, passant de longues heures à jouer. Il me parlait de la grande blonde, m’expliquant qu’il avait été secoué de voir qu’elle en avait qu’après son argent, et que c’était pas une fille comme ça qu’il lui fallait… J’ai pas compris tout de suite, j’étais trop… je sais pas comment dire… effacée ? Ouai, c’est ça, j’étais effacée, invisible à moi-même, comme si je n’existais plus vraiment en tant que fille, tu vois ? Bref, au fur et à mesure, ses messages étaient de plus en plus clairs, mais je ne les voyais pas, et tout ce que je captais c’est que l’aider lui, me permettait de m’aider moi. Et puis un soir, ça a merdé. J’avais trop bu, définitivement… » Elle se stoppa un instant en le sentant se tendre contre elle, et releva le nez vers lui. « Arrête, détend-toi… Je t’ai dit que je n’avais pas couché avec lui, et c’est vrai, je n’ai absolument pas couché avec lui… J’avais bu, mais même ivre morte je n’aurais pas couché avec un autre que toi. Il s’est rapproché de moi pour me montrer un coup, comme tu le fais habituellement avec moi, tu vois ? J’aurais dû réagir, mais dans ma tête embrumée, c’était tout à fait innocent de sa part. Du coup, je pense qu’il a prit ça pour une invitation, et s’est montré plus audacieux. L’alcool a le don de me ralentir, le cerveau, mais aussi les gestes, et j’ai pas réagit assez vite. Je lui ai bien dit d’arrêter, mais je n’étais pas très convaincante, je crois. Je ne lui cherche pas d’excuses, je tente juste de me montrer le plus honnête possible. Bref, il a cru que je me laissais faire et s’est montré très entreprenant. C’est là que j’ai retrouvé un semblant d’esprit et que je l’ai repoussé. Mais il était bien trop ivre pour comprendre la signification d’un « non » ferme et définitif. Il s’était bercé d’illusion pendant un mois, alors autant te dire que ce n’était pas 5 minutes de réalité qui allaient le ramener sur Terre. C’est partit en eau de boudin, et au bout de la troisième gifle, il a commencé à comprendre. Sauf qu’au lieu de s’exécuter, il a insisté, se montrant de plus en plus odieux. Il faut que tu comprennes que j’avais beau n’avoir absolument rien dit à ton sujet, ça n’empêchait pas l’histoire de notre rupture, revue et corrigée par toutes les commères de la ville, d’avoir fait le tour de toutes les oreilles. Du coup, Goodridge avait eu vent de notre histoire, et dans sa tête, je me suis superposée à son arriviste d’ex-fiancée. Dans sa tête je n’avais été avec toi que pour ton argent. Dans sa tête je le repoussais parce qu’il n’en avait plus. Ca a vraiment merdé, et j’ai finit par lui expédier mon poing dans le nez. Je le lui ai cassé. Mais au lieu de le calmer, cela n’a fait que l’enrager d’avantage. Il m’a ressortit l’histoire du pari, prétextant qu’il venait de gagner la partie et que donc il pouvait faire ce qu’il voulait de moi… On a toujours parié, mais jamais rien de ce style, c’était toujours des pintes de bières à s’envoyer cul sec, d’où mon état ce soir là. J’ai beau avoir un sale caractère et une grande gueule, c’est pas avec ma force d’haricot vert et ma taille de pollypocket que je peux rivaliser avec 1m85 de muscles… Et le nez en sang n’y changeait rien. J’ai griffé, j’ai mordu, j’ai crié, mais tu as vu le Flag ? Ils sont habitués aux bagarres, alors ils n’ont pas fait gaffe. C’était une nouvelle chamaillerie pour eux, rien de plus. Et effectivement, aux yeux d’Evan aussi, c’était une chamaillerie. Il avait le nez pété, mais il se fendait bien la poire. Il était complètement à l’ouest. Heureusement, les gars sont arrivés à temps, et Kyle n’a fait qu’une bouchée d’Evan. Entretemps, j’avais dégommé plusieurs pintes, brisé deux queues… de billard, hein ! Ca aurait pu en rester là, sauf que Goodridge n’a pas supporté l’affront et qu’il a cherché la bagarre les jours suivants. Il a bu de plus en plus, et il a finit par se mettre tout le monde à dos. La plus part du temps j’arrivais a pas me mettre en colère, mais quand il abordait un sujet bien précis, je perdais le contrôle… comme ce soir… Les gars avaient prit l’habitude de le ramener chez lui après que je me sois défoulée, mais c’était pas cool. J’ai décidé de ne plus refoutre les pieds au Flag, et je n’y étais pas retournée avant hier soir. C’est mon pote. Malgré tout, c’est quand même mon pote. Je le connais depuis toujours, j’ai grandit avec lui, il a toujours été là, dans mon paysage, et chez nous, on a pas l’habitude de laisser tomber les gens. Il est malheureux et aigri, il te déteste pour tout ce que tu représentes, mais ne te connait pas. Il est persuadé qu’une fille d’ici est la réponse à tous ces problèmes, et je suis un peu la dernière fille du coin. Enfin, potable, quoi. C’est pour ça qu’il sort des conneries aussi grosses que lui, il sait pas ce que c’est qu’aimer, aimer vraiment. Il se comporte comme il s’est toujours comporté, en gamin pourri gâté qui prend ce qu’il veut quand il le veut. Tu vois, il n’y a vraiment pas de quoi se monter tout un film, c’est trois fois rien, une broutille qui ne mérite même pas d’être mentionnée, c’est d’ailleurs pour ça que je ne l’ai pas fait. Mais toi, sur ton blanc destrier, défenseur de la veuve et de l’orphelin, ose me dire qu’en sachant tout ça, tu ne serais pas allé directement vers lui pour lui faire avaler ses dents ? » La pointe de ses doigts vinrent caresser l’angle de sa mâchoire, tentant de desceller les émotions qu’il ne pourrait lui cacher très longtemps. « Alors, verdict ? Tu m’aimes toujours ? Parce que moi je t’aime méga fort, et si tu me serres pas contre toi dans 30 secondes, je risque de mourir de froid… »
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Brendon K. Driesen
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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Vide
MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyVen 26 Mar - 10:05

Grand-Pa' ! Let me introduce you London. 98hfdx Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Wapkyh
Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Aufrww Grand-Pa' ! Let me introduce you London. 21cwkqr

I'd climb a mountain if I had to
You, you, you...
And risk my life so I'd have you
.


    « Brendon, réveil toi. » La voix basse et le timbre chaud qui murmurait à son oreille tout en caressant sa joue le tira du sommeil profond dans lequel il avait sombré. Rêvait-il où bien était-elle là ?
    « Maman ? » Il avait remué faiblement dans son sommeil sans pour autant ouvrir les yeux. Encore dans les limbes de son sommeil il ne lui avait pas semblé étrange que cette femme pencher sur lui, tendre et douce puisse être sa mère alors qu’il se trouvait dans le Vermont, et que ses parents l’avait renié. Il ne sentait d’ailleurs déjà plus la caresse des doigts sur sa peau, autre impression issue de son rêve. Il finit cependant par ouvrir ses yeux groggy de fatigue pour rencontre ce regard émeraude. « Bonjour vous… » Murmura t-il inconscient du fait qu’il venait d’appeler sa mère dans son sommeil. Il frotta ses yeux du plat de sa main pour s’éclaircir les idées. « J’ai encore oublié de couper la conversation en m’endormant devant l’écran c’est ça ? » Demanda t-il en souriant conscient qu’il s’agissait bien de cela. Comme toujours.
    « Tu es si séduisant quand ta bouche est fermé et que tu dors que je n’ai pas eut le cœur de te réveiller. » Lui répondit-elle en tentant de sourire alors que les paroles qu’il avait marmonnées dans son sommeil l’avaient chamboulée. « Tu vas être en retard pour le petit déjeuner amour de moi. » Ajouta t-elle simplement en caressant l’écran du bout des doigts comme s’il pouvait sentir cette caresse sur sa joue. Il ferma les yeux et imagina qu’elle était là, et qu’il sentait sa main sur sa joue. Il soupira et rouvrit les yeux, un sourire mutin aux lèvres.
    « Tu veux que je t’emmène dans la salle de bain avec moi… c’est une douche italienne, pas de parois… » Proposa t-il d’une voix chaude et séductrice.
    « Brendon » Soupira t-elle en roulant des yeux, ses joues s’auréolant d’un joli rouge soutenu. Il sourit.
    « Il est tellement facile de te faire rougir Eono que ca en devient de moins en moins drôle ! » Se moqua t-il en lui envoyant un baiser. « Mais ma proposition tiens toujours si elle te tente tu sais. » Ajouta t-il en affichant ce sourire qui n’illuminait son visage que pour elle.
    « Tu es sacrément en forme dit moi… »
    « Franchement il me faut un peu plus qu’une marche de 15 kilomètres pour me calmer… Et tu me manques… » Se plaignit-il d’une voix geignarde qui la fit rire. Il faisait son bébé simplement pour entendre le son délicieux qu’elle produisait lorsqu’il faisait le pitre.
    « On se voit dans quelques jours à peine… Et après je ne te laisse plus jamais t’en aller en vacances sans moi ! » L’avertit-elle en le menaçant d’un doigt malicieux.
    « Ca des vacances ? » S’indigna t-il. « Eono hier ils m’ont fait faire de la poterie ! A moi ! D’ailleurs j’ai un superbe cendrier à t’offrir en tant que cadeau de mariage. Ca ira parfaitement avec ton alliance en plaqué or ! » Plaisanta t-il.
    « Ce n’est pas la bague qui compte mais l’amour qu’elle symbolise ! » S’indigna Eono.
    « Je retiens que tu n’as pas dit non au mariage cette fois ! Aller Amour de moi, je te laisse vu que contempler mon magnifique postérieur ne te tente pas plus que cela je vais m’amuser sous la douche tout seul ! »
    « Brendon tu ne peux pas … »
    Trop tard il avait coupé la Webcam. « Tu ne peux pas me laisser avec pareils images en tête ! » Termina t-elle pour elle-même en jetant un regard meurtrier au sex toy que Gretchen avait exhumé de sa poubelle de bureau et posé sur sa commode. « Arrête de me regarder comme ça toi ! » Elle lança un cousin sur l’objet de son courroux pour le masquer à sa vue. A quelques milliers de kilomètres de là Brendon Driesen chantait sous sa douche.

    […]

    « J’ai à nouveau rêvé de mes parents cette nuit. » Confia Brendon au psychologue alors qu’ils fumaient accoudés à la balustrade du balcon de la chambre du jeune homme. « Je ne saurais dire si c’était un souvenir ou bien un véritable rêve… »
    « Pourquoi dites-vous cela Brendon ? »
    Questionna le médecin en se tournant vers lui.
    « Je n’ai aucun souvenir conscient d’un quelconque geste volontaire de tendresse de ma mère aussi loin que remonte mes souvenirs. » Expliqua le jeune surdoué. « Je sais que c’est horrible de dire pareil chose, ce sont mes parents, ils m’aiment probablement mais je n’ai aucuns souvenirs auquel me rattacher d’un quelconque geste d’amour qu’ils auraient pu faire. »
    « Mais vous pensez qu’ils vous aiment n’est-ce pas ? »
    « Oui. »
    « Pourquoi ? »
    « Et bien parce qu’ils sont mes parents, je … Je ne ferrais pas des enfants si je n’en voulais pas. Et vous savez que j’en veux… Mais pour faire des enfants il faut les désirer, les aimer non ? »
    Questionna le jeune homme en cherchant à mettre des mots sur ses émotions.
    « J’ai bien peur Brendon que tout les parents ayant des enfants ne les aime. »
    « Rassurer moi, vous n’êtes pas en train d’essayer de me remonter le moral j’espère. Parce que comment dire … Vous êtes assez nul là. »
    Se moqua t-il l’air morose.
    « Qu’attendez-vous exactement de vos parents Brendon ? Mise à part qu’ils vous aiment ? »
    « Qu’ils veuillent me connaitre je crois… Qu’ils apprennent à connaître celui que je suis et qu’ils m’aiment pour cela… »
    Soupira t-il en se frottant la nuque.
    « Combien de temps avez-vous passez à les appeler, a tenter de les joindre Brendon… »
    « Une cinquantaine de fois… »
    « Peut être Brendon est-il temps pour vous de comprendre que c’est peut être eux qui ne sont pas dignes d’être connu… »
    Lui expliqua doucement le médecin en posant une main sur son épaule. « S’ils ne veulent pas connaître cet homme que vous êtes devenu, peut être n’en valent-ils tout simplement pas la peine ? »

    […]

    « Vous êtes sur de vous Thybalt. »
    « Donnez-moi le téléphone Doc… »
    Répondit-il simplement. « Océane sera là dans quelques heures, j’ai besoin que ce soit fait avant. J’abandonne. »
    « Très bien. »
    Le médecin lui tendit l’Iphone avec un sourire doux. « Vous voulez que je reste ? »
    « Oui… »
    « Je reste là. Ca va bien se passer Brendon, je vous l’assure. »
    Le jeune homme prit le téléphone et composa le numéro de mémoire. Le téléphone à l’oreille il compta les sonneries jusqu’à ce que le répondeur se déclenche, une fois de plus.
    « C’est moi Brendon. Je voulais que vous sachiez que je n’appellerais plus à présent. Je pensais que peut être vous vouliez me connaître. Comprendre que j’étais. Mais maintenant c’est moi qui ne veux plus apprendre à vous connaître. C’est finit. J’en ai finis. » Il raccrocha, respirant à fond pour calmer la vague d’émotions qui manqua de le submergé. Le médecin posa une main sur son épaule.
    « Je suis fier de toi Brendon. »

    […]

    « Respire. »
    « Arrête donc avec tes trucs de bouddhiste à la con Gretchen ! »
    Marmonna t-il en jouant nerveusement avec son briquet.
    « Qu’est ce que tu peux être désagréable parfois ! » Répliqua cette dernière en lui volant une cigarette. « C’est pas l’approche de Noël qui te rend plus sympathique ca c’est sur ! »
    « Excuse-moi. »
    Soupira t-il en passant sa main sur sa nuque. « Ca me rend fou de ne pas savoir ! De devoir laisser ce petit con insulté la femme que j’aime simplement parce que je veux arrêter de tout foutre en l’air. »
    « Tu as été con ! »
    Laissa soudainement échappé sa sœur.
    « Pardon ? » Demanda t-il surprit.
    « Tu l’as laissés se démerder seule avec ça, que penses tu qu’elle ressent à présent que tu t’es tiré en la laissant avec cet imbécile ? Elle pense que tu lui en veux pour ce qu’il fait ! » Lui expliqua t-elle excédé par tant de bêtises.
    «
    Quoi ? Mais non, au contraire je lui prouve que … »
    « Tu ne lui prouves rien du tout espèce de crétin ! Tu l’abandonnes là bas sans soutient, sans protection ! Pour une fois dans ta vie de couple tu aurais joué des poings intelligemment ! »
    Soupira t-elle. « Mais non il a fallut que tu perdes ton complexe du Prince Charmant sur son beau cheval blanc trop tôt ! » Elle lui tapota le front. « Arrête de toujours écouter ta tête ! Ecoute un peu ton cœur ! La cure t’as ramollie ou quoi ? On parle d’Océane Eono là, qui se fait traiter de tous les noms par un alcoolique et toi tu ne bouges pas le petit doigt pour l’aider ? »
    « Mais… »
    « Y’a pas de mais Brendon ! Dans ce genre de cas tu cognes et tu réfléchies ensuite point barre ! »
    « Mais… »
    « Mais arrête avec tes MAIS ! Tu sais que j’ai raison au fond de toi grand frère ! »
    « Comment faite vous pour éprouvez tout cela sans exploser ? »
    Demanda t-il.
    « On gère. Pourquoi tu crois qu’on nous appel le sexe fort d’après toi ! » Répliqua t-elle.
    « En fait techniquement… Non rien laisse tomber. » Soupira t-il en voyant le regard noir qu’elle lui lançait. « Qu’est ce que je fais maintenant. Je lui laisse lui péter le nez ? »
    « Non bien sur que non, tu vas sauver le nez d’Océane maintenant. »
    S’horrifia Gretchen.
    « Je crois pas que tu ai saisis très bien Océane petite sœur… C’est elle qui va lui péter le nez ! »
    « EINH ? »
    « Regarde et apprends »
    Laissa t-il seulement échapper en désignant un couple qui avançait dans l’obscurité.
    « Comment elle a fait ! » S’exclama Gretchen en distinguant le nez ruisselant de sang de Evan. « Il fait au moins cinquante kilos de plus qu’elle ! »
    « J’ai appris une chose en deux ans avec Océane Eono. C’est qu’il ne faut jamais, jamais, au grand jamais énerver La tornade brune … »

    […]

    « Tu m’as pété le nez ! » S’exclama t-il en pressant les mains sur son appendice nasal les larmes aux yeux.
    « Oh mon dieu je suis désolé Brendon je l’ai pas fais exprès ! » S’exclama la brune en agitant son marteau incapable de savoir ce qu’elle devait faire. « Je suis désolé ! »
    « Elle m’as pêté le nez ! »
    Marmonna t-il en maintenant sa tête en arrière.
    « Comment est ce arrivé ? » Demanda le médecin du campus avec un sourire
    « Elle était en train de planter un clou pour mettre un tableau lorsque je lui ai demandé de m’accompagner à New York… » Répondit Brendon en lançant un regard faussement noir à sa compagne.
    « Et qu’a-t-elle répondu ? »
    « Rien, je n’ai pas eut le temps de finir de poser ma question, j’étais derrière elle, elle a prit du recul avec son bras pour planter le clou et je me suis manger le marteau en pleine poire ! »
    « L’émotion sans doute ! »
    Plaisanta le médecin.
    « Ou pas… » Marmonna Brendon en souriant malgré la douleur.

    […]

    Quelques minutes plus tard ce fut au tour d’Océane d’apparaitre sur le perron de la salle des fêtes et de s’approcher d’eux. Brendon venait tout juste d’allumer une nouvelle cigarette pour calmer ses pulsions de haine envers lui-même cette fois. Il n’arrivait pas à croire qu’il avait été aussi stupide. Elle discutait non loin d’eux avec deux femmes, une jeune femme de son âge et probablement la mère de cette dernière qui tenait sa petite fille entre ses bras. Il sourit tendrement en voyant Océane sourire au bambin et caresser sa joue. La grand-mère lui passa l’enfant, et Brendon fut ému par le tableau magnifique que formait la femme de sa vie et un enfant. Un jour ils seraient ce couple qui ferrait fantasmer tout leurs amis, heureux avec une petite fille aussi belle et intelligente qu’eux. Il sourit.

    « Pressé de pouponner à ce que je vois. » Marmonna Gretchen. « Je ne suis pas sur que papa et maman soient heureux d’être fait grand parent pour Noël. » Plaisanta t-elle.
    « Umh… » Répondit-il seulement.
    « Arrête de grogner, j’ai l’impression de fréquenter un ours ! Qui te dit qu’ils n’appelleront pas pour Noël ? »
    « Je ne crois plus au miracle de Noël depuis que j’ai découverts que c’était Karl qui jouait les pères Noel chaque années pour nous. »
    « C’était Karl ? Je croyais que c’était Vania ! »
    « Désolé de briser tes rêves petites sœur. La bonne n’y était pour rien ! »
    « Il faudra penser à envoyer à Karl un cadeau de Noël. »
    « Déjà fait, il est partit du Vermont le jour de mon départ. »
    « Tu penses à tout… »
    Soupira sa sœur admirative. « Ca veut dire que tu m’as aussi acheté mon cadeau de Noël dans ton trou perdu ? » Demanda t-elle soudainement suspicieuse.
    « Non pour toi j’ai choisi quelque chose d’unique. »
    « Ne me dit pas que tu m’as acheté le Sac de Hermès qui n’est pas encore disponible en boutique… »
    S’exclama t-elle en sautant au bas du muret.
    « Gretch’ calmos je te rappel que je n’ai même pas de quoi payer mon semestre ! »
    « D’ailleurs tant qu’on parle de ca, tu es stupide je pourrais très bien de le filer cet argent ! »
    « Ce n’est pas la questi… »
    Il se coupa en plein élan lorsque Océane s’approcha enfin d’eux. Gretchen remonta sur son perchoir, mine de rien, s’incrustant volontairement pour défendre son frangin au besoin. Et oui, Gretchen Driesen était ce genre de fille qui pouvait vous pomponner comme une princesse une heure plus tôt et ensuite vous planter ses ongles dans les yeux si vous faisiez du mal à son frère adoré. Brendon posa doucement sa main sur la cuisse de sa sœur. Il allait enfin savoir le fin mot de cette histoire. Il avait confiance en elle. C’était le reste du monde qui lui inspirait de la crainte.

    […]

    « D’accord » murmura t-il doucement en se tendant très légèrement il fallait dire que dit comme ça il craignait le pire. Mais il n’avait pas besoin de connaître son histoire pour savoir qu’il l’aimerait toujours à la fin. Leur histoire, celle qu’il écrivait aujourd’hui, aurait toujours un « et ils s’aimèrent jusqu’à la fin des temps » au final. Toujours, quoi qu’il arrive. Ils étaient Océane et Brendon. Brendon et Océane. Rien ne vaudrait jamais assez le coup pour qu’il sacrifie son amour pour elle, jamais rien. Pas même un grain de sable dans l’engrenage tel que Evan Goodridge.

    […]

    Il s’était tendu, avait serré les poings, la mâchoire. Tout ce qui était serrable en faite, tout pour contracter ses muscles et s’empêcher de descendre de ce muret pour aller ravaler le portrait d’une façon beaucoup plus primal que celle d’Océane. Même sa propre mère ne le reconnaitrait pas après cela. Mais le véritable sujet de sa colère ce n’était pas Evan Goodridge, non il était en colère après lui-même. Pour son crétinisme congénital. Pourquoi ne s’était-il pas battu pour elle au printemps dernier, pourquoi n’avait-il pas changé avant pour elle ? Pour eux ? Au travers du regard, des récits des autres, il avait comprit quelle souffrance elle avait enduré cet été. Il avait comprit qu’il avait tout foutu en l’air par sa drôle façon de l’aimer. Et des gens comme Evan Goodridge avaient profité d’elle. De sa vulnérabilité. Il en était blanc de rage. La pointe des doigts d’Océane effleurant sa mâchoire l’apaisa cependant, le feu de sa colère s’atténua peu à peu alors qu’il touchait du doigt la vulnérabilité de ce petit bout de femme entre ses bras.

    « Qu’est ce que tu peux être stupide. Bien sur que je t’aime toujours ! » Soupira t-il en enfouissant son visage dans ses cheveux. « Comment ne pourrais-je ne pas t’aimer alors que tu es la seule femme que j’ai jamais aimé. » Murmura t-il en respirant son odeur. « Ca n’enlève rien au fait que je meure d’envie de casser la figure à cet espèce d’abrutit qui a cru que tu n’étais qu’une pièce de second choix, ni plus ni moins qu’un bout de viande… Mais je ne le ferrais pas. » Ajouta t-il. « Parce que j’ai le nez pêté, et que ta main semble cassé ou presque… Et parce que la plus belle leçon qu’il puisse recevoir c’est de voir que j’ai une totale confiance en toi. Je n’ai jamais douté de ta parole… j’ai crains… Je crois que j’ai eu peur qu’il t’ait forcé… » Il détourna les yeux, décrispa sa mâchoire, respira un long moment avant de reprendre. « Je … Je n’ai pas la force de supporter que l’on te fasse du mal, qu’il t’arrive du mal. Je ne peux pas ne pas de protéger. Cela m’a déchiré de te laisser te débrouiller avec lui… ce n’est pas dans ma nature Océane. Je peux être tout ce que tu veux, doux, tendre, méchant, tolérant, calme… Mais je ne peux pas respecter ce délire du « je suis capable de me défendre toute seule ». Je n’y arrive pas, parce que je t’aime, et qu’entendre cet enfoiré te traiter comme une trainée m’a révulsé, mais tu m’as demandé de calmer ma jalousie maladive. J’ai eu peur que tu penses que je redevenais comme avant. Qu’un mec ne pourrait t’approcher sans que je joue des poings. Il faut que tu m’aides Océane. Je n’ai pas la même façon de voir les choses à présent, mais j’ai toujours le sentiment de marcher sur des œufs. Je suis guéri, physiquement je ne garde aucunes séquelles mais la dedans. » Il tapota son crâne du bout des doigts de sa belle. « La dedans c’est le bordel. Je ne sais plus quand tu as besoin que j’intervienne, ou quand il faut rester en retrait. Je me pose trop de questions… Plus qu’avant en tout cas. Je veux être là pour toi. Mais il faut que tu m’apprennes les limites tu comprends ? »

    « Je peux me débrouiller toute seule, je ne suis pas comme ces filles mariées trop jeunes qui ont besoin qu'on prenne leur défense ou qu'on parle à leur place. Je suis le contraire de ça, et puis tu n'aimerais même pas que je sois comme ça. Mais j'avoue que... je n’ai pas aimé que tu partes et me laisses seule. Je voulais pas que tu prennes ma défense, même les gars ont renoncé à intervenir à ma place, mais j'ai cru que tu partais parce que je t'énervais aussi, j'ai cru que tu te désolidarisais de moi. On ne formait plus un, mais deux, et j'aime pas du tout, du tout quand on forme deux. Tu n'as pas à t'empêcher d'agir en fonction de moi. Tu as le droit de faire ce que tu veux, mais pas d'ignorer que je suis une grande fille surement plus bagarreuse que toi, qui sait comment agir avec ces crétins-là. Tu sais ce que tu aurais pu faire au lieu d'aller t'enrhumer dehors ? Rester et m'empêcher de le passer à tabac, parce que ça fait super mal à la main. Je crois qu'il a le nez en titane ou un truc comme ça »

    « Je suis désolé Amour de moi… La prochaine fois, je cogne et ensuite je te le laisse, comme ça je me fais mal et toi tu t’amuses… »
    Se moqua t-il tendrement en frottant son nez au sien. « On ne ferrait jamais deux… On a toujours fait un… Je suis à toi depuis le moment où je suis venu au monde Océane Eono. Et quoi qu’il se passe sur cette foutue planète, je serais toujours auprès de toi… » Il l’embrassa avec une délicatesse infini veillant à mettre autant de fougue que de conviction dans ce baiser. « Tu veux un bisous magique pour ta main amour de moi ? » Demanda t-il en souriant.

    […]

    « Tu me permet d’emprunter ta cavalière ? » Demanda une voix sortit de nulle par. « Si je ne suis pas un rival trop sérieux à tes yeux bien sur. » Brendon sourit doucement à Francis à lui tendit la main d’Océane. Les yeux du jeune homme riaient comme aimait Océane a qualifié le phénomène.
    « Bien sur que oui je vous la prête. Mais avec des intérêts. Je veux que Billy nous fasse sa succulente tarte de Noël demain. » Il embrassa doucement sa petite amie sur la joue. « Et toi soit sage. Je sais que tu as toujours eut un faible pour les hommes d’expérience mais gare a toi, je te surveille. »
    « Va te reposer Driesen. Je compte bien te faire danser jusqu’à ce que tes pieds demandent grâce. »
    « Je pourrais vieillir ainsi, avec quelqu’un avec qui danser… »
    Murmura t-il doucement à son oreille en guise de réponse avant de la laisser entre les bras de son grand père.

    Le repas n’allait pas tarder à commencer, quelques couples s’étaient cependant égarés sur la piste, dont Brendon et Océane, qui avaient tout d’un Fred Astaire et d’une Ginger Rogers a évolué sur la piste comme s’ils flottaient dans les airs. Ils formaient un couple que tout le monde fixait, incapable de se détacher de cet aura qu’ils dégageaient, l’amour à l’état brut, le plus beau qui soit. Brendon se réfugia au bar sans pour autant quitté sa compagne des yeux. Francis et elle dansaient lentement a contre temps de la musique mais en total harmonie. Accoudé au bar Brendon les regardait en ce demandant s’il partagerait un jour une danse avec sa mère. Ne serait ce que le jour de son mariage comme il en était la tradition. Car s’il avait arrêté de chercher à les recontacter Brendon n’oubliait pas ses parents. Il pensait à eux quasi continuellement. Avoir sous les yeux le portrait de la famille américaine parfaite était douloureux pour lui. Il n’avait pas connu ce qu’Océane connaissait. Il ne s’était jamais sentit aimé par l’un de ses parents. Il n’y avait eut que Gretchen… Gretchen sa petite sœur devenue une femme en quelques semaines. Qui flirtait avec Merlin dans l’un des coins sombre du parc au dehors. Demain ils vivraient tout les deux leur premier véritable Noël. Jamais encore ils n’avaient été en famille pour les fêtes. D’ordinaire ils brunchaient chez l’un des amis millionnaire de leurs parents, après avoir assisté au bal de Noël du Maire. Jamais de véritable fête de Noël. Ils n’avaient jamais décoré un sapin comme ils l’avaient fait dans la matinée avec les Eono. Jamais ils n’étaient allé choisir l’arbre et l’avait installé dans le salon. Leur cadeau se résumait à un chèque en blanc a dépenser comme ils le voulaient. Lorsqu’ils étaient enfants Karl s’occupait de leur acheté de quoi remplir le pied du sapin et les chaussettes accrochées à la cheminée. Son premier Noël il le passerait ici. Avec la neige tombant au dehors et la chaleur d’un foyer.

    « C’est un endroit tranquille par ici n’est ce pas ? » Brendon tourna la tête vers une jeune femme au ventre arrondie par une grossesse. Elle était radieuse comme la plus part des femmes enceintes, ses cheveux bruns tombaient en cascade dans le bas de son dos. Ses joues se creusaient de fossettes lorsqu’elle souriait comme en cet instant. Elle était belle, d’une beauté atypique, Brendon reconnu le portrait qu’Océane lui avait dressé de la femme de Kyle.
    « Vous devez être Marie ? »
    « Exact, pour un sudiste vous êtes drôlement perspicace. Ca doit la changer des hommes d’ici. »
    Plaisanta Marie en lui tenant la main. « Heureuse de vous rencontrer Brendon. Kyle m’a parlé de vous. » Ajouta t-elle. « Je lui ai bien entendu botté le cul pour avoir osé avoir fracassé le nez du fiancé d’Océane. Croyez moi on l’y reprendra pas de si tôt. » Elle lui saisit doucement le menton et regarda son profil. « Mais je vois que mon cher et tendre c’est un peu trop vanter. Il n’a pas l’air d’être casser. Dans une semaine il n’y paraitra plus. »
    « Vous voulez savoir ce que j’en pense ? » Demanda t-il en souriant.
    « A quel propos ? » Demanda t-elle en caressant son ventre dans un geste machinal.
    « Je pense qu’ils sont tous une espèce d’énorme bande de sado maso… » Elle éclata de rire lorsqu’il murmura à son oreille cette confidence faite pour la faire rire.
    « Et moi je pense que vous avez tout l’air d’être à l’aise ici comme un poisson dans l’eau. Ce n’est pas vous qui nous enlèverez la petite Océane. De quoi rassurer ses grands gaillards qui sont perdus sans elle. »
    « Qui ne le serait pas ? »
    Murmura t-il simplement en échangeant un regard avec la femme de sa vie alors qu’elle le regardait par-dessus l’épaule de son grand père.

    […]

    « Tu dragues ma femme Driesen ? »
    « A vrai dire je lui demandais juste si elle savait comment on faisait les bébés mais en fait a bien y penser je devrais plutôt m’adresser au responsable de ce petit miracle ! »
    Répliqua t-il aussitôt avant de boire un peu de bière.
    « Très drôle… Hilarant même. » Marmonna le fermier. « La petite te réclame ma chérie. »
    « Le devoir m’appel ! Heureuse de vous avoir rencontrée Brendon. » Lança t-elle à ce dernier puis se tournant vers Kyle elle ajouta. « Tiens-toi tranquille toi, où bien je vais te montrer que je suis encore assez souple pour te botter les fesses. »
    Elle lui donna un baiser rapide et se dandina jusqu'à la sortie, gênée dans sa démarche par son ventre.
    « Je t’offre une bière ? » Proposa Brendon au nouvel arrivant.
    « Ouais merci. » Ils se toisèrent en silence tandis que le barman préparait la commande du jeune New Yorkais.
    « Je dois m’attendre à ce que tu me casses le nez cette fois ? » Questionna Brendon sur le ton de celui qui parle de la météo.
    « Non c’est du passé ce temps là ! »
    « Tu as peur d’Océane. »
    « Je suis terrifié. »
    Les deux hommes éclatèrent de rire et trinquèrent ensemble. « T’as l’air d’être un mec bien Driesen. Je regretterais presque d’avoir commencé a te faire ressembler à un steak haché. »
    « Pourquoi presque ? »
    Répéta Brendon en souriant.
    « Parce que comme ça je suis sur que tu ne plairas pas à ma femme ! »

    […]

    « Je peux t’emprunter mon frère ? » Demanda Gretchen en s’approchant du couple attablé enlacé près de Billy et Francis alors que le dîner allait bientôt commencer.
    « Ca dépend tu me le rends ? » Demanda Océane joueuse.
    « J’ai l’impression d’être un bout de viande parfois. » Soupira Brendon à l’adresse des deux autres hommes de la tablée.
    « Ca dépend si t’es sage ! » Répliqua Gretchen en s’emparant du bras de son frère pour le tirer sur ses pieds.
    « Hey ! » S’exclama ce dernier en se voyant entrainé de force vers la sortie. Il attrapa sa veste, qui contenait ses cigarettes et son briquet, avant de se voir forcer de quitter sa place. Gretchen déployait un trésor de ressource d’équilibre alors qu’elle le tirait vers l’extérieur à toute vitesse. Sans conteste sa sœur était une professionnelle de la marche sur talon haut alors que si on la mettait à plat elle était incapable de marcher droit. Elle le poussa jusqu’au muret où ils avaient échoués tout à l’heure et braqua sur lui un regard furieux.
    « Tu comptais me le dire ? » Attaqua t-elle sans préavis.
    « Te dire quoi ? » Répliqua t-il surprit. Furieuse elle sortie alors de sa poche une bague que Brendon reconnu aussitôt. « Où est ce que tu as trouvé ça ? » S’exclama t-il en récupérant le bijou.
    « Pourquoi est ce que tu crois que j’ai filé si vite lorsqu’Océane m’a expédié toute à l’heure. J’avais remarqué la bague à tes pieds, je ne voulais surtout pas qu’elle baisse les yeux. Je suis venue la récupérée lorsque vous êtes rentré ! Tu comptais m’en parler ? »
    « Gretchen ce n’est pas ce que tu crois… »
    « Tu lui as acheté une bague Brendon ! Une bague ! C’est ce que je crois ! »
    « Je n’ai rien acheté du tout Gretchen ! J’ai… »
    « L’intention de la demander en mariage ! Merde Brendon je suis ta sœur tu dois me parler de ce genre de truc ! »
    « Gretchen !
    « Si tu me le dis pas comment veux tu que je me prépare ? Que je commence a choisir ma robe, mes chaussures, que je trouve une ruse pour prendre les mensurations d’Océane et lui faire faire une robe sur mesures ! Tu sais combien de temps cela prend de faire des retouches sur une robe de marié ? Non bien sur que non… »
    « GRETCHEN ! »
    Il avait haussé le ton, seul moyen d’endiguer son flot de paroles. « Je n’ai pas encore décidé de la demander en mariage. » L’informa t-il lorsqu’elle se fut tu.
    « Alors pourquoi tu te balades avec une bague dans ta poche ? » Demanda t-elle intriguée.
    « Parce qu’il n’y a pas de serrure aux portes chez les Eono. »
    « Je ne vois pas le rapport tu as dis qu’il n’y avait pas de voleurs dans le coin… J’espère que tu ne m’as pas mentit, car rien qu’avec toutes les affaires dans mon sac il y a de quoi nourrir un pays du tiers monde à vie en revendant mes chaussures. »
    « Il n’y a pas de voleurs ici… Mais j’ai une petite amie très curieuse… Et peu de bonnes planques. »
    « Mouais… »
    Marmonna t-elle l’air peu convaincue.
    « Tu ne me crois pas ? » Demanda t-il inquiet à l’idée d’être percé à jour.
    « Si je te crois… C’est mon évaluation du prix de mes chaussures qui m’inquiète, toutes les filles du coin sont susceptible de se rendre à la ferme pour mes les piquées. Elles ont sans doute jamais vu de vrai Miu Miu ! » Brendon soupira et alluma une cigarette l’air las. Il subissait ce genre de réflexion depuis qu’elle avait eut l’âge de parler. Mais étrangement il était soulagé de la voir se désintéresser si vite du sujet. Ainsi son secret était bien gardé.

    […]

    « Qu’est ce qu’elle voulait ? » Demanda Océane alors qu’il s’installait à nouveau à table tandis que Gretchen partait se refaire une beauté dans les toilettes de la salle.
    « Me parler de nos parents. » Mentit-il en souriant doucement. « Nostalgie de Noël. »
    « Je suis désolé Brendon… »
    Murmura Océane en caressant sa joue du bout des doigts.
    « Ne le sois pas. Il y a longtemps que je ne crois plus au père Noël. C’est mieux comme ça. Mon monde, c’est toi à présent… » Chuchota t-il en l’embrassant. Francis soupira suffisamment fort pour que Brendon cesse. Il savait pourquoi le vieil homme se comportait ainsi. Il désirait que Brendon officialise leur relation en offrant la bague à sa petite fille. Qu’ils ne vivent plus dans le pêché, enfin tout du moins en partie. « Je crois que le détecteur de chaleur de ton grand père s’affole. »
    « Umh… Où est passé la veuve lorsqu’on a besoin d’elle. »
    Soupira t-elle frustrée d’avoir été interrompue. Brendon se mit à rire amusé par la moue de petite fille qu’affichait sa compagne.
    « Soit sage. » Murmura t-il en stoppant la main d’Océane qui caressait sa cuisse. « Où tu n’auras pas de dessert. »

    […]

    Le mariage. Brendon n’avait pas été élevé dans une famille où ce serment était réellement un exemple. Il n’était un secret pour personne que ses parents se permettaient des incartades lorsque l’un ou l’autre était en voyage. Leurs enfants eux-mêmes étaient au courant de cet étrange arrangement entre leurs parents. Tant que cela se limitait à quelques liaisons annuelles avec des conquêtes sans attaches, cela ne regardait pas l’autre. Pourtant leurs parents s’aimaient, Brendon n’était pas tout à fait certain des sentiments de sa mère, mais il savait que son père nourrissait encore de tendres sentiments à l’égard de cette femme froide et sophistiquée. Il était de loin le plus attaché à leur couple des deux. Gretchen avait toujours dit qu’ils ne divorçaient pas pour conserver leur position sociale et l’influence de l’autre dans divers milieux. Sur bien des points le couple que formait Mr et Mrs Driesen était un exemple : ils avaient réussit socialement à s’élever au dessus de la classe de leurs parents, ils avaient eut deux beaux enfants brillants et socialement adaptés, ils étaient à la tête d’une entreprise prospère et participaient en tant que donateurs à de nombreuses organisations caritatives. Pourtant, aux yeux de leurs enfants leur mariage n’était en rien exemplaire. Ils ne s’aimaient pas, ou très peu et vivaient comme des colocataires dans la même maison. Ils n’étaient pas de ce genre de couple que l’on disait parfait, il n’y avait pas d’étincelle, pas d’alchimie. Brendon avait été élevé dans l’idée que le mariage n’était qu’une question d’image, d’étiquette pourtant, il désirait se marier. Sa vision du mariage divergeait totalement de celle dans laquelle il avait évolué tout au sein de son enfance et de son adolescence. Il croyait au mariage d’amour, et non pas uniquement au mariage d’intérêt. Il était de ses fous qui croyaient au serment prêté lors de la cérémonie. Il croyait que seule la mort devait séparer un couple amoureux.

    Il désirait se marier, il avait même trouvé la femme avec qui il se sentait près à faire le grand saut dans l’inconnu, la femme qu’il voulait aimer et chérir jusqu’à ce que la mort les sépare. Cette femme qu’il protégerait et aimerait dans la joie comme dans la maladie, dans la pauvreté comme dans la richesse. Cette femme dînait actuellement à côté de lui, elle resplendissait dans ses habits de lumière et son sourire lumineux aurait fait fondre le cœur d’un iceberg. Elle était belle, intelligente, drôle, sensible et forte, douce et dure, tendre et aimante, elle aimait les enfants, le travail bien fait, les films avec Clint Eastwood, elle détestait avoir tord, reconnaissait rarement s’être trompée. Cette femme était la sienne. Enfin tels étaient les liens qui les unissaient. Des liens du cœur plus puissants que n’importes quelle autre cérémonie religieuse ou civile et pourtant… Il désirait l’épouser. Alors qu’il avait été nourrit avec l’idée que le mariage était une institution obsolète, un passage de convenance obligé… Il voulait l’épouser parce qu’il l’aimait, il ne croyait pas en Dieu et pourtant il tenait à cette cérémonie… Il voulait l’épouser devant sa famille et leurs amis, il voulait la voir remonté l’allée au bras de son grand père vêtue d’une robe blanche, plus radieuse que jamais mais énervée après lui pour lui avoir imposé cela, ce défilé en robe volumineuse et encombrante sur talon hauts avec tout les regards braqués sur elle. Il sourit doucement à cette idée.

    « Pourquoi tu souris ? »
    « Parce que je t’aime telle que tu es. »
    Répondit-il en déposant un baiser dans sa nuque.
    « C’est une bonne raison. »
    « Je trouve aussi. »


    […]

    « Francis ? »
    « Oui mon gars ? »
    Sa pipe entre les lèvres le vieil homme était sortit se dégourdir les jambes avec son future petit fils par adoption. Océane dansait avec Billy Lee. Gretchen flirtait avec Merlin dans le vestiaire. Ils étaient seuls, et assurés d’être tranquille au dehors.
    « Vous pensez qu’elle acceptera de m’épouser n’est ce pas ? »
    « Pour connaître la réponse à c’te question faudrait p’t’être que tu t’décide à lui poser la question bonhomme ! »
    « Je ne veux pas la forcer à quoi que se soit. Elle avait besoin de temps. Un mois ce n’est pas vraiment ce que j’appelle un laps de temps suffisant pour se faire une raison à propos d’un mariage. »
    « T’sais Brendon, tu crois p’t’être plus au Père Noël. Mais moi j’y crois. Tu sais c’que dit le proverbe qui ne tente rien n’a rien. »
    « Que penses Billy de tout cela ? »
    « Que tu réfléchis trop, comme tout les visages pales ! »


    […]

    « Aller vient Brendon, je te jure c’est facile ! » Lui cria Gretchen depuis la piste de danse. La demoiselle avait laissée tomber les talons hauts pour danser pied nus sur le parquet de la salle des fêtes.
    « D’accord ! » Accepta t-il en riant, tombant la veste et la cravate à son tour. « Tu viens ? » Demanda t-il à Océane en lui tendant la main.
    « Tu rêves Driesen, moi vivante je ne danserais jamais de la Country !
    « Rat bas joie ! »
    Lui cria Gretchen en effectuant un step-turn avec la décontraction de celle qu’il l’a fait toute sa vie.
    « Pour moi » Supplia Brendon en faisant un pas en arrière.
    « Tu rêves Driesen. »
    « Quand t’auras accepté de m’épouser je te forcerais »
    Chuchota t-il taquin avant de rejoindre sa sœur au milieu des danseurs en ligne.
    « Regarde ! » Lança celle-ci en effectuant une série de pas tout en comptant.
    « C’est facile ! » Brendon la regarda faire une seconde fois avant de se lancer à son tour. Etonnant il réussissait avec une facilité déconcertante. Océane jouait les pompom girl, clapant des mains au rythme de la musique tandis que Billy Lee commentait la prestation des deux New Yorkais à son oreille faisant rire Francis et sa petite fille.
    « Hey les pieds tendres vous assurez ! » Lança Kyle sur leur droite, qui dansait sur la même ligne que sa moitié, les mains dans les poches, son stetson sur la tête, il avait tout du cow-boy.
    « Je dansais avant même que tu ne commences à jouer les dures ! » Répliqua Gretchen en frimant.
    « C’est malheureusement vraie mes pieds en on subit les apprentissages ! » Se moqua Brendon.
    « Je commence a t’adorer Driesen, fait gaffe ! » Lança Kyle qui se fendait la poire dans les grandes largeurs.
    « C’est mauvais signe, tu as vu comment ils traitent leurs amis dans le coin ! A coup de bouse de vache ! » Gretchen se mit à rire à la réplique de son frère, ses cheveux blonds surplomber dans Stetson, elle avait tout d’une fille du pays, si on lui enlevait la robe de grand couturier bien entendu.

    […]

    « Viens te balader avec moi. » Demanda doucement Brendon à Océane alors qu’ils récupéraient leurs manteaux au vestiaire.
    « Brendon il est tard et…. » Objecta Francis
    « Ne vous en faites pas, j’ai chargé la moto sur le plateau de la camionnette, nous ne risquons rien, je n’ai rien bu depuis des heures et j’ai pris à Océane un pantalon »
    « Tu m’avais pris un pantalon et tu ne me le dis que maintenant ? »
    « Tu viens te promener avec moi ? »
    Répéta t-il en lui fermant sa parka.
    « Oui. » Répondit-elle simplement en nichant sa main dans la sienne alors qu’il lui tendait un sac contenant des bottes fourrées et un pantalon. « Je reviens. » Elle lui vola un baiser avant de se glisser dans les toilettes.
    « C’est le moment ? » D’une même voix Francis, Billy et Gretchen avaient laissés la même question.
    « Qui sait. » Répondit-il énigmatique l’ombre d’un sourire sur les lèvres.

    […]

    « A la prochaine Océane et Brendon ! »
    « Joyeux Noël les amoureux ! »
    « On se voit demain le traite et le sudiste ! »
    « Soyez sage jeunes gens ! »


    Brendon sourit plus largement, enserrant la taille d’Océane de son bras droit, il la serra contre lui, Heureux de voir que les gens d’ici s’étaient aussi rapidement fait à sa présence aux côtés d’Océane. Elle souriait elle aussi, pelotonnée contre lui, elle avait retrouvé une tenue qui lui correspondait, seul subsistait de la princesse de conte de fée de cette nuit le maquillage et la coiffure abritée sous la capuche bordée de fausse fourrure. Ils s’enfoncèrent dans la nuit, marchant à la lueur des étoiles, en direction des montagnes. S’enfonçant dans le silence ouaté de la nuit. L’un contre l’autre, silencieux et uni par ce sentiment d’être connecté par delà les mots, la pensée. Il sentait sa douce chaleur contre son flanc. Il avait envie, besoin d’être seul avec elle quelques temps. Il était avec elle, c’était tout ce qui comptait. Il ne savait pas quoi faire, l’anneau d’or sertit d’un éclat de diamant pesait lourd au fond de la poche de sa veste. Francis lui avait conseillé d’écouter on cœur, de se laisser guider par ses sentiments, ses envies, son inspiration. Il sentirait quand le moment idéal se présenterait, il sentirait quand il devrait faire sa demande. Car, il ferrait sa demande, rien ne l’empêcherait de la faire lorsqu’il sentirait que l’instant était venu. Cette pensée venait de s’imposer alors qu’ils marchaient côte à côte dans cette vaste plaine enneigée. Elle s’arrêta soudainement et leva une main vers le visage de son amant, repoussant sa capuche pour caresser le pli soucieux qui s’était formé entre ses yeux.

    « Un penny pour tes pensées » Murmura t-elle doucement en lissant les rides formées sur son front.
    « Je t’ai dis que je ne croyais pas au miracle de Noël tu te souviens ? »
    « Oui bien sur, je n’ai pas bu assez de bière avec Kyle pour avoir oublié cela Brendon... »

    « Et bien j’avais tord… Océane, mon miracle c’est toi. » Glissa t-il dans un souffle en prenant ses lèvres avec délicatesse. Il la serra contre lui, ses grandes mains caressant son dos alors que son souffle s’enivrait du sien. Seuls, enlacés au milieu d’une plaine givrée, deux silhouettes solitaires dans l’immensité du Montana. Plus unis que jamais.

    […]

    « On est rentré ! » Cria joyeusement Océane en poussant la porte de l’entrée suivit de près par Brendon qui riait comme un enfant en lui taquinant les côtes. Gretchen fit irruption dans le hall, elle jeta un coup d’œil discret à la main gauche d’Océane. Brendon lui sourit, c’est alors qu’il remarqua sa mine panne et le mascara ruisselant sous ses yeux.
    « Gretch’ qu’est ce qui se passe ? » Murmura Brendon en la prenant dans ses bras alors qu’elle tentait de sourire faiblement. « Petite sœur qu’est ce qu’il ya ? » Il était bouleversé de la voir pleurer alors qu’elle souriait si grandement une heure plus tôt.
    « Brendon … Ils… Océane… Je… » Elle pleurait, mais semblait être heureuse. Un étrange paradoxe qui n’était pourtant pas inhabituelle chez sa sœur.
    « Brendon ? » Cette voix n’était en rien celle de sa sœur, ou de Gretchen ou d’un quelconque membres de la famille Eono. Le jeune homme releva les yeux et vacilla.
    « Papa ? » Laissa t-il échappé dans un murmure. Haletant il leva les yeux vers son père, surprit de le trouver ici. Dans cette maison. Le jour de Noël. Les miracles existaient peut être bel et bien… Ou bien peut être ne fallait-il pas trop s’avancer à parier sur les intentions de Dieu…




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Océane J. Eono
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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Vide
MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyLun 29 Mar - 23:31

    « Tataaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa… » Venant de loin, le cri se rapprochait indéniablement de manière fulgurante, au point que Billy, face à Océane, de trois quart sur son siège, se raidit en entra sa tête dans son cou, comme s’il s’attendait à ce que quelque chose lui tombe dessus, mais vu la nature du cri, il n’était pas visé. C’était Océane qui l’était. En vraie habituée, elle s’était contentée d’un demi-tour à 90° sur le banc où elle se trouvait, tout en poursuivant sa conversation avec Billy. D’ailleurs, autour d’elle, tout le monde restait tranquille. Francis savourait son plat en silence, l’oreille tendue vers la conversation entre sa petite fille et son vieil ami, Gretchen demandait conseil à Merlin quand aux différents plats qui leur était servis, Billy continuait d’écouter Océane, malgré la disparition de son cou suite au cri, et Océane débattait sur « Un animal de compagnie peut-il et doit-il être considéré comme un enfant », suite aux réprimandes de Billy concernant l’attachement maladif qu’elle vouait à son chat. Il ne pouvait pas comprendre, il ne savait pas à quel point elle avait opéré un transfert d’affection sur ce félin. Seul Brendon avait réagit au cri. Relevant la tête, il s’était immédiatement retourné, inquiet, et avait cherché l’origine de ce bruit désagréable. Puis c’était le demi-tour d’Océane qui l’avait intrigué, alors qu’elle continuait à expliquer la dépendance d’un animal, l’affection d’un animal, la nécessité de personnifier son animal, mais dos à la table à présent. Et rapidement, il comprit. Pas tout, mais une partie. Un être humain version minimaliste arrivait comme une flèche dans leur direction. Une tâche filante et grossissante –à mesure qu’elle s’approchait- noire et rose. Et ce duo de couleur semblait avoir prit Océane pour cible. Une Océane qui semblait inconsciente du danger qui la guettait. Il aurait voulu la prévenir, mais l’imminence de l’impact l’en dissuada. C’était trop tard. Et en effet, à l’instant même où sa main se posait dans la nuque de sa chérie, la boule atterrissait, tête la première, dans le ventre d’Océane. Elle n’émit aucun gémissement plaintif, et pour cause, elle s’y était préparée en contractant les abdo, et en entrouvrant ses bras. Alors, il lui suffit de les refermer sur la fine taille de l’être miniature, et de le soulever pour que la boule se transforme en une charmante petite fille à la longue chevelure brune, toute souriante, sur les genoux de celle qu’elle appelait « Tata ». L’enfant se cacha dans les cheveux d’Océane, et noua ses petits bras potelés autour de son cou en riant. La jeune femme se contenta de lui caresser les cheveux, glissant ses doigts sur l’ébène soyeux, tout en concluant son débat : Non, Driesen n’irait pas vivre dans l’étable avec les vaches, il était un membre de cette famille à part entière. Et une fois qu’elle fut certaine que Billy capitulait, elle accorda une attention pleine et entière à l’enfant sur ses genoux qui continuait de répéter « Tataaaaaaaaaaaaaaa… » dans son cou, de manière moins hurlante, cela dit.
    « Twiggyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyy… » Singea Océane en imitant l’enfant qui se tordait de rire sous les assauts des chatouilles de la jeune femme. « Comment tu m’as trouvé ? Je pensais être super bien cachée ? » Ajouta-t-elle en l’écartant légèrement afin de la voir.
    « C’est papa qui m’a dit ! » Répondit la gamine avec fierté. « Il a dit : « si qu’t’allais enquiquiner marraine plutôt qu’ton père ? » et puis il t’a montré du doigt ! » Pendant que l’enfant caftait absolument tout, Océane releva la tête et chercha Kyle du regard. Elle le trouva accoudé au bar, levant son verre dans sa direction un grand sourire aux lèvres. Père indigne ! Pensa-t-elle sans parvenir à retenir un sourire.
    « Mais dis-moi… T’as encore grandi ? Tu vas bientôt me dépasser à l’allure où tu vas ! » Elle observait l’enfant, la maintenant debout sur ses genoux pour évaluer sa taille.
    « N’import’quoi ! T’es une géante, toi ! » Répondit l’enfant en pouffant de rire.
    « T’entends ? Je suis une géante, moi ! » Cette fois, Océane s’était tournée vers Brendon, un sourire moqueur aux lèvres, mais en surprenant son regard, elle se rappela qu’elle avait un peu zappé les présentations. « Tu ne connais pas Twiggy ? Ma fieule. » La petite fille offrit son plus beau sourire au beau monsieur, puis revint se planquer dans les cheveux de sa marraine, avec une feinte timidité. « C’est l’aînée de Kyle. » Expliqua Océane à voix basse. « Mary est très… fertile. » Ajouta-t-elle en étouffant un rire. « Tous les deux ans, elle en a une autre. Que des filles. Enfin pour l’instant, même si j’ai cru comprendre que le troisième sera une troisième aussi… Kyle va finir par se pendre. Ca te fait quel âge, Twiggy, maintenant ? » La petite fille ne sortie pas du cou d’Océane, mais brandit sa main en levant quatre doigts. « Quatre ans. » Décoda la brune, en tentant de faire sortir la petite fille de sa cachette. « Pourquoi tu fais ta timide ? T’as peur ? »
    « C’est qui le monsieur ? »
    Finit par demander l’enfant en envoyant un regard suspicieux à Brendon. « Pourquoi il te touche ? »
    « Qui touche qui ? »
    S’exclama la voix de Francis, derrière eux.
    « Francis, appelle la brigade des mœurs, vite ! Brendon à sa main sur mon genou !! » Lui répondit-elle en levant les yeux au ciel. Il commençait à devenir agaçant avec son radar. Sitôt qu’ils étaient en « publique », Francis ne tolérait plus une once de tendresse entre eux de peur que cela fasse jaser dans la campagne. « Twiggy, je te présente Brendon. » Reprit-elle à l’attention de l’enfant.
    « C’est ton mari ? » Demanda-t-elle avec innocence.
    « Non, c’est mon amoureux. »
    « Les grandes personnes elles ont pas d’amoureux, elles ont des maris ! »
    L’informa l’enfant avec solennité.
    « Ha ! Tu vois ? » Renchérit Brendon en désignant l’enfant comme s’il s’agissait de la voix de la Raison.
    « La ferme, Driesen ! » Le rembarra-t-elle.
    « T’as dit un gros mot ! » Enchaîna le Driesen en question.
    « C’est le Prince ?!?! » S’exclama l’enfant, si fort que le silence se fit autour d’eux. Toute la table semblait rivée aux lèvres d’Océane, tandis que cette dernière, interdite, ne savait plus que répondre à l’enfant en attente. Ses grands yeux noirs, sa frange brune comme taillée au rasoir, ses joues roses et ses petits sourcils relevés en circonflexe.
    « Dis pas de bêtises, tu vois bien qu’il n’a pas de couronne. » Avec un peu d’imagination, on pouvait voir la brune sortir les rames et entreprendre une traversée en solitaire.
    « T’as dit Driesen ! Comme le prince de l’histoire ! » S’insurgea-t-elle avant de se tourner vers Brendon pour lui tirer la manche de sa veste. « Hein c’est vrai ? Hein qu’c’est toi l’Prince Driesen comme dans l’histoire ? C’est vrai qu’t’as volé des rayons d’soleil pour dans tes cheveux et un peu d’océan pour dans tes yeux ? Et dis, est-ce que c’est vrai qu’tu… » Océane venait de plaquer sa main contre la bouche de l’enfant, l’empêchant d’ajouter un mot de plus devant tout ce parterre de spectateurs.
    « Je crois que ton père t’appelle, ma puce. » Trancha Océane en se levant, la gamine accrochée à son flanc droit. « Je vais la ramener à son père… » Informa-t-elle tout le monde en se contentant de regarder Brendon avec un sourire d’excuse, puis tourna les talons.
    « Un chat et maintenant un Prince… Nous f’rait pas une fixette sur l’nom Driesen, la gamine ? » Scanda un Billy moqueur dans son dos. Ce fut la dernière bribe de conversation qu’elle pu entendre avant que leurs voix ne soient assourdies par la musique et le brouhaha de la vaste salle.

[…]
    Ses mains vinrent se poser respectivement sur chacune de ses épaules tendues, administrant de doux massage en vu de le détendre un peu. Du coin de l’œil elle l’avait surveillé sitôt qu’il avait posé son regard sur la piste de danse. Au début, il s’était montré discret, mais plus la chanson avançait et plus il fixait le couple ondulant allègrement. Enfin, ça c’était ce que ses yeux voyaient, puisque ceux d’Océane ne remarquait qu’un type un peu gauche qui recevait une leçon de danse de la part d’une new-yorkaise mondaine. Brendon avait cessé de manger, sa fourchette errant seule dans son assiette, alors que ses doigts se crispaient sur le tissu de son pantalon. Dans son dos, Océane continuait de se restaurer, avant de se rendre à l’évidence : Il n’allait pas se raisonner tout seul. A son tour, elle avait laissé retomber sa fourchette dans son assiette, afin de venir poser ses mains sur ses épaules. Immédiatement ses doigts s’agitèrent, pressant doucement les tensions accumulées dans les muscles de son homme. Il sursauta. Il était tellement concentré dans sa contemplation qu’il en avait oublié le monde qui l’entourait. Il tourna son visage de trois quart, comme pour s’assurer qu’il s’agissait bien de la sienne plutôt qu’une parfaite inconnue venue lui offrir un massage gratuitement, puis retourna à sa fixation, sans omettre d’offrir une caresse aux doigts d’Océane comme pour l’informer qu’il appréciait son geste, sans pour autant se détendre. C’était pas gagné. Elle se fit glisser sur le banc, se rapprochant encore plus de lui, avant de passer une jambe de chaque côté, imitant la position de l’homme, et de coller son buste contre son dos. Ca allait là ? Il la sentait bien ?
    « Je croyais que tu n’avais d’yeux que pour moi. » Murmura-t-elle, plaintive, en se hissant à son oreille, appuyant son menton contre son épaule. Il ne répondit pas. A la place, il s’empara d’une de ses mains pour en embrasser la paume avant de la conserver captive entre les deux siennes comme s’il cherchait à les réchauffer. [/i]« Allez, détend-toi, elle ne fait rien de mal… » [i]Tenta-t-elle en venant picorer la peau tendre de son cou, là où ça sentait bon le parfum et la douche chaude.
    « J’aime pas ça. » Lui répondit-il en serrant la mâchoire. Ce simple mouvement attira l’œil d’Océane qui, gourmande, vint y poser les lèvres.
    « Elle ne fait que danser. » Articula-t-elle difficilement, ses lèvres toujours contre l’angle de sa mâchoire qu’elle adorait. Mais rapidement, une veine se mit à palpiter dans son cou, détournant l’attention que la jeune femme portait à la contraction de mâchoire. Ses lèvres la désertèrent pour rejoindre la jugulaire où elles se posèrent avec délicatesse.
    « Ca va ? Tu t’amuses bien mon cœur ? » Demanda-t-il, amusé, sans pour autant oser bouger d’un millimètre de peur qu’elle ne s’interrompe.
    « C’est parfait ! » Répondit-elle avec sérieux en savourant les pulsations de son cœur irriguant la veine sous ses lèvres. « Tu es un terrain de jeu qui ne cesse de me fasciner. Est-ce qu’au moins tu es conscient d’être beau jusque dans les moindres détails ? » Ecartant légèrement le col de sa chemise, elle alla à la recherche de ce grain de beauté d’une drôle de forme qu’elle aimait tant et le caressa du bout de l’index, les yeux rivés dessus. Il était comme un paquet qu’elle déballait avec le même ravissement à chaque fois. Elle s’apprêtait à y poser ses lèvres une fois encore, mais un brusque mouvement de la part du propriétaire de ce corps l’obligea à tout lâcher. Après s’être laissé aller, et lui avoir offert plus d’espace pour jouer, il venait, d’un seul coup, de se redresser sur ses jambes, fixant la piste de danse en hurlant le prénom de sa sœur. Océane, penaude sur son banc, se retrouva fort dépourvue et incrédule, frustrée un peu, aussi, les bras ballants, les yeux levés vers lui avec surprise et une pointe d’admiration aussi. Même lorsqu’il lui faisait un coup pareil et s’arrachait à ses tendresses elle le trouvait délectable. C’était pas humain un homme pareil, c’était pas normal cet effet sur elle. Alors, après un moment de flottement du à la surprise, elle accrocha ses doigts au tissu de sa veste et tira d’un coup sec pour lui ramener les fesses contre le banc. « Tu refais ça encore une fois, et je te jure que tu peux faire une croix sur un éventuel projet hypothétique d’un futur probable bébé lointain avec moi ! » Et encore elle pesait ses mots pour ne pas qu’il s’emballe.
    « Quel rapport ? » Demanda-t-il un peu surprit, beaucoup inquiet.
    « Si tu te montres aussi possessif et jaloux avec ta sœur majeure dansant sagement avec un pauvre gars qui a bien du mal à ne pas lui écraser les pieds, je me demande comment tu seras quand il s’agira de ta fille à toi ! » Lui répondit-elle en l’obligeant à se réinstaller face à la table, tout en faisant de même.
    « Je ne suis pas possessif et jaloux, et Méla… » Il s’interrompit et pinça ses lèvres avant de reprendre. « …et notre éventuel projet hypothétique future probable fille lointaine n’acceptera de danser qu'avec son père, ça va de soi. »
    « Gretchen n’a rien à craindre de Merlin. » Lui répondit-elle en choisissant délibérément d’ignorer le passage de l’hypothétique future et lointaine danseuse solitaire pour ne s’intéresser qu’à l’instant présent. « Il est flatté d’attirer l’attention d’autre chose que de Cathy la bouseuse, mais il n’oublie pas qu’elle repart après demain et qu’il a peu de chance de la revoir après ça. Tu sais, ils ont beau être crétins, impulsifs, bagarreurs et ne posséder que deux mots de vocabulaire… »
    « On cause de moi ? »
    Demanda Kyle en s’arrêtant à leur niveau alors qu’il longeait la table à la recherche d’un peu de sel pour sa viande « décidemment pas assez rel’vée, c’est quoi c’te daube ? ».
    « … mais c’est des gars bien, tu sais ? » Poursuivit Océane en poussant Kyle qui venait de s’accroupir pour se joindre à la conversation. « Ils ont beau jouer les durs… » Kyle venait de se ramasser sur le sol, suite à la bourrade d’Océane, et immédiatement Gavin, l’autre balaise du groupe, s’était élancé style catcheur pour se jeter sur lui, le plaquant définitivement au sol, tout en illustrant admirablement le propos d’Océane qui les ignorait toujours. « Ils sont loin des mecs que tu connais ou même de celui que tu as pu être. Ils sont très… croyants. » Elle avait baissé la voix, ne souhaitant pas que quelqu’un d’autre que Brendon ne puisse l’entendre. Océane n’avait pas mit les pieds dans une église depuis près d’une décennie, et autant dire que ce n’était pas très bien vu par la communauté, alors autant ne pas en rajouter une couche en les « jugeant ». « Evidemment, ils sont de la nouvelle génération et n’attendent pas le mariage, mais ils attendent un peu plus qu’un simple « A dans 6 mois ! » pour s’offrir une virée dans les bottes de foin. » Ignorant toujours les deux abrutis se roulant sur le sol comme s’ils se trouvaient sur un ring, Océane glissa le bout de ses doigts contre la joue de son amoureux, lui offrant son regard le plus tendre et aimant. « Tu veux un secret ? » Demanda-t-elle, mutine, avant d’approcher ses lèvres tout contre son oreille. « Il ne touchera pas à un cheveux de la tête de Gretch’, il n’aura de cesse que de la repousser et la faire languir à souhait… Tu sais pourquoi ? Parce que c’est le seul moyen qu’il a d’espérer la revoir. » Un sourire s’étendant sur ses lèvres, elle se recula pour reprendre, plus fort cette fois. « Et c’est tout le mal que je lui souhaite. Vu qu’il n’y a qu’un Brendon Driesen sur Terre et que, pas de bol, c’est son frère, le meilleur second choix c’est un de ces gars-là… » D’un mouvement de bras elle désigna sa bande qui, à présent réunis au grand complet, se foutait allégrement sur la tronche. « Oui, bon, bah évidemment, là, ça ne saute pas aux yeux… » S’empressa-t-elle d’ajouter après avoir prit conscience de la situation. Un sourire et un haussement d’épaules plus tard, elle se trouvait entre les bras de son premier choix, heureuse qu’il existe et qu’il ait su la trouver, tout en observant Mary passer un savon à Kyle.
    « Non mais t’as quel âge ? » Hurlait-elle les poings sur ses hanches élargies par la grossesse. « Kyle Linius Laferty ! Pense don’ à l’exemple que tu donnes à ta marmaille ! Twiggy a collé un pain à Suzann Cumming hier matin pour lui dire bonjour, qu’elle a dit ! T’trouves ça normal, p’t’être ? Prend don’ exemple sur l’pied tendre ! » Ajouta-t-elle en désignant Brendon, étroitement enliser dans son étreinte océanique, d’un mouvement de bras. « C’est comme ça qu’tu d’vrais être !! » Et c’était pas Océane qui allait dire le contraire.

[…]
    « J’en peux plus… » Glissa-t-elle d’une voix fatiguée à son oreille.
    « Je croyais que tu devais me faire danser jusqu’à ce que mes pieds demandent grâce ? » Répondit-il sur le même ton en serrant un peu plus sa taille fine moulée dans son fourreau de satin.
    « Ce sont les miens qui demandent grâce. » Soupira-t-elle. « Mais je crie au complot ! Ce sont ces instruments de torture qui m’oblige à demander un temps mort. » Baissant le menton, elle jeta un coup d’œil aux chaussures, scandaleusement hautes, prêtées par Gretchen. « Je souffre le martyr, faut que je m’en débarrasse ! » Après la plainte, voilà qu’elle s’emportait en les mitraillant du regard.
    « Très bien, très bien. Je t’autorise à un break. » Déclara-t-il solennellement tout le la soulevant par la taille pour la raccompagner jusqu’aux tables. « Mais compte sur moi pour te rappeler que tu as rendu les armes la première. »
    « T’as pas le droit de retenir ces charges contre moi ! Les chaussures appartiennent à un membre de ta famille, donc à toi par extension ! Aucun jury n’acceptera de me déclarer coupable face à cette preuve qui t’accable. »
    Les bras noués autour de son cou, elle n’accepta de le relâcher que lorsqu’il la déposa sur le banc et vint s’installer à côté d’elle.
    « Revois ton Droit, ma chérie. Deux personnes ne peuvent être jugées pour le même crime. Soit tu accuses Gretchen, soit moi, mais pas les deux. » Répondit-il en récupérant ses jambes qu’il posa sur les siennes avant d’ôter les escarpins hors de prix de ses pieds meurtris.
    « Absolument pas ! Je peux le faire, à condition que ce ne soit ni le même juge, ni les mêmes jurés et que les deux procès ne soient pas menés dans la même salle. J’ai l’arme du crime et le mobile, mais j’ai deux coupables donc je peux plaider le complot familial. » Affirma-t-elle en soupirant de plaisir, ses pieds enfin à l’air libre.
    « Tu peux me citer un précédent ? » Demanda-t-il en agissant, à merveille, de ses doigts agiles sur ses pieds douloureux.
    « Episode 617 de New-York section criminelle. » Avoua-t-elle non sans audace, comme si elle citait un réel précédent juridique et non un épisode fictif d’une série fictive qu’elle avait regardé, seule dans sa chambre d’étudiante, pendant sa cure. Elle était à présent incollable sur les séries télé tant elle avait passé son temps enfermée entre quatre murs pendant toute la durée de l’absence de son alter égo amoureux. « Ministère public contre Sheffield père… et fils ! » Poursuivit-elle.
    « Détails de l’affaire ? » Demanda Brendon avec autant de sérieux qu’elle, sans cesser son massage absolument divin. Mais Océane n’eut pas le temps de répondre. A peine avait-elle entrouvert les lèvres qu’une voix féminine, mais pas la sienne, s’éleva juste face à eux.
    « Kyle Linius Laferty !! » Hurla Mary si fort, et si près d’eux, qu’elle provoqua la surprise du couple. « Regarde !! » Ordonna-t-elle à son mari en désignant Brendon s’attelant à soulager les pieds de sa dulcinée. « J’suis enceinte jusqu’aux yeux, debout d’puis c’matin à courir après NOS enfants, j’suis si grosse qu’j’vois plus mes orteils, pas plus que j’les sens, et tu crois qu’tu t’sentirais concerné ? Prend don’ exemple sur l’pied tendre !! » Elle venait d’attraper Kyle par le menton, et l’obligeait à regarder les pieds d’Océane. « C’est ça qu’tu d’vrais faire !! » Ponctua-t-elle avant de relâcher son mari, et de tourner les talons avec autant de prestance que lui permettait son ventre proéminant, laissant les trois autres comme des ronds de flan.
    « Toi ! » Scanda Kyle en pointant un doigt vengeur sur Océane. « Toi, t’as une très mauvaise influence sur ma femme ! » Accusa-t-il, le regard noir, avant de, dans un même geste, s’approcher en une enjambée d’elle, attraper son visage entre ses mains, et lui claquer un énorme baiser sur son grand front. « Merci !! » Il affichait à présent un large sourire, l’air enjoué, puis tourna les talons pour courir après sa femme en la couvrant de « Chérie » à la pelle.
    « Qu’est-ce que j’ai fait ? » Demanda Océane, sonnée, après qu’il eut disparu. « J’y comprends rien du tout. » Ajouta-t-elle en se tournant vers Brendon, tout en agitant des orteils pour l’inciter à reprendre son massage. Ce qu’elle ne comprenait pas c’est que les femmes de caractère plaisent toujours plus que les femmes soumises, et qu’en dégotant le prince charmant malgré son sale caractère, elle venait de prouver à toutes les femmes de la région que même avec une grande gueule et une autorité innée, surtout avec une grande gueule et une autorité innée, on pouvait attirer l’homme idéal.

[…]
    « NON ! » Hurla-t-elle à plein poumon sans prêter attention aux regards que l’on jetait sur sa frêle silhouette tenant tête à 2 mètres de muscles. « Certainement pas, il en est hors de question ! »
    « Allez, Lilipuce ! Fais pas ta timide ! »
    Insista le géant en s’envoyant une rasade de bière.
    « Non, non et… roulement de tambours… » Juchée, ses fesses posées sur le bar comme s’il s’agissait d’un siège, elle mima de taper sur un tambour invisible tout en singeant le bruit. « … NON ! » Acheva-t-elle en levant haut les bras comme la cheerleadeur qu’elle n’avait jamais été.
    « C’est fun, j’t’assure ! » Insista-t-il une nouvelle fois.
    « Je vois pas ce qu’il y a d’amusant là-dedans. » Répondit-elle en s’emparant de sa bouteille de bière pour y boire au goulot.
    « Et moi j’vois pas pourquoi t’veux pas ! On l’a tous fait, nous. »
    « Me dis pas que tu crois à ce genre de conneries, Kyle ? »
    « J’sais pas. »
    Il venait d’hausser les épaules, n’avouant pas mais ne niant pas non plus, ce qui revenait à une confirmation aux yeux d’Océane. « Avec ces gens-là on sait jamais, y voient des choses qu’on voit pas, nous autres. Y parlent avec les esprits et tout… »
    « La veuve Reynolds aussi ! Tous les jours à 17h tapantes, elle prend le thé avec John Fidgerald Kennedy, et tu sais comment on la surnomme en ville ? »
    « La vielle folle… »
    Répondit Kyle à contrecœur. « Mais ça n’a rien à voir ! » S’empressa-t-il d’ajouter, refusant de lâcher le morceau. « Et puis qu’est-ce t’as à craindre ? Si t’y crois pas, t’t’en fous ! Qu’elle ait raison ou tort, t’y crois pas, alors ça r’vient au même, non ? » Océane ne répondit pas, se contentant de laisser son regard trainer du côté de la piste de danse où Brendon faisait valser Léonie Williams. Elle aurait voulu aller le retrouver, l’arracher aux bras de la quinquagénaire, et l’obliger à la serrer contre lui jusqu’à ce qu’elle disparaisse aux yeux du reste du monde et plus particulièrement à ceux de Kyle le buté. Elle ne voulait pas aller voir la vieille Lila-Rose, non pas parce que c’était perte de temps comme elle le répétait à Kyle depuis de longues minutes, mais bel et bien parce qu’elle avait peur de ce qu’elle allait lui dire. Elle ne savait pas si elle devait croire aux dons de cette black-feet, mais dans le doute elle ne préférait pas prendre le risque. Pour la première fois de sa vie elle était parfaitement heureuse, et ne souhaitait pas faire éclater sa bulle de perfection à cause d’une voyante lui révélant que son état de grâce n’allait pas durer. Même si c’était faux, elle se connaissait, elle ne pourrait s’empêcher de garder cette information dans un coin de sa tête et ça lui gacherait son bonheur. Elle ne voulait pas qu’on la renseigne sur son avenir alors que son présent la comblait de tout point de vue. Oui, elle avait fait un travail sur elle et le fait d’avoir perdu Brendon une fois, d’avoir souffert comme si on lui avait arraché le cœur et piétiné pendant des jours et des jours, l’avait rendu plus tolérante en l’avenir et elle consentait à s’y projeter un peu, chose qu’elle se refusait de faire jusqu’à présent. Elle savait que pour conserver son amour, elle devait accepter de voir plus loin que le jour suivant, elle devait avoir confiance et ne plus craindre un malheur qui viendrait la priver de tout ça, et si elle avait fait un effort pour tout cela, elle n’en demeurait pas moins la victime d’une angoisse latente, de cette question qui revenait sans cesse « et si… ? ». Alors oui, elle prenait sur elle, elle faisait des efforts, elle avait bien plus confiance en l’avenir que quelques mois auparavant, mais pas au point de faire sa belle et d’aller interroger une voyante à ce sujet… même si elle ne croyait pas vraiment en ses pouvoirs pseudo-mystique. « T’as les fois, Eono ? » La voix moqueuse de Kyle la ramena sur Terre, et l’obligea à s’arracher à la contemplation de son amoureux.
    « Redis ça ! » Le menaça-t-elle en serrant les poings.
    « Trouillarde ! » La chicana-t-il en la poussant du doigt.
    « T’oserais pas… » Elle ne termina pas sa phrase car il venait de la couper.
    « Trouillarde ! » Si ! Il avait osé !
    « Jamais de la vie ! » S’emporta-t-elle en sautant du bar pour atterrir sur ses pieds nus.
    « Trouillardeuh… » Chantonnait-il d’un air joyeux et provocateur, avant qu’Océane ne lui attrape l’auriculaire, le tordant en arrière jusqu’à ce que, de douleur, Kyle soit contraint de poser un genou à terre. « Ok ! Ok ! J’retire ! »
    « Je suis quoi ? » Lui demanda-t-elle sans lâcher son petit doigt.
    « La… mei…lleure… » Articula-t-il péniblement alors qu’elle se penchait pour se mettre à hauteur de son visage.
    « T’as de la chance, cette fois j’épargnerai tes parties… Mais c’est uniquement par amitié pour Mary. » Lui avoua-t-elle à voix basse, avant de se redresser en relâchant son doigt. Remettant ses cheveux en place d’un geste gracieux en total contraste avec l’acte qu’elle venait d’avoir, elle avança d’un pas avant de se retourner vers Kyle, toujours accroupi par terre, entrain de tourner son doigt en tout sens pour s’assurer qu’il n’était pas cassé. « Bon… Tu te magnes ? »
    « On va où ? »
    Demanda-t-il incrédule en se relevant à son tour en époussetant les genoux de son pantalon.
    « Voir Lila-Rose. » Répondit-elle naturellement. « Je suis pas une trouillarde. »

[…]
    « Tu vas me tirer six cartes. » Annonça la vielle femme de sa voix éraillée par la cigarette et le temps qui coule. Dans le coin le plus reculé de la longue table, elle battait les cartes avec une dextérité incroyable, sans jamais lâcher Océane des yeux. Assise en face d’elle, la jeune femme n’en menait pas large en récupérant le paquet qu’on lui tendait. Elle tentait de ne rien laisser paraître mais la façon dont Lila-rose avait de la scruter de ses prunelles noires la mettait mal à l’aise. Consciente de ne parvenir à soutenir son regard intense, elle se concentrait sur les cartes qu’elle devait battre à son tour. Pourquoi avait-elle accepté de venir ici ? Pourquoi fallait-il toujours que Kyle la piège en la traitant de trouillarde. Elle ne supportait pas ça, elle ne supportait pas qu’on la mette au défi et il le savait bien. Priant mentalement pour que le tirage soit bon ou totalement à côté de la plaque, elle étala toutes les cartes en face d’elle, et prit son temps pour bien les choisir. Elle utilisait sa main gauche pour les tirer, selon les recommandations de la vieille indienne –« la main du cœur » n’avait-elle cessé de répéter- elle lui tendit les six cartes une à une. Glissant une mèche d’un brun intense derrière son oreille, la grand-mère positionna le jeu en croix, puis retourna les cinq premières cartes en les nommant : « Bateleur, Papesse, Chariot, Pendu et Lune. » Océane ne perdait rien des expressions de Lila à chaque fois qu’elle retournait une carte, mais si cette dernière restait imperturbable, la jeune femme ne pu réprimer un frisson à l’évocation du Pendu. C’était pas bon, ça, non ? « Le bateleur est la jeunesse créative… » Annonça-t-elle en caressant la carte du doigt. « …L’innocence infantile, la spontanéité, la verdeur, mais aussi l'idée première, le surgissement avant l'œuvre, ce qui est beau en apparence mais qui doit passer par tout le cycle des tarots pour devenir « le monde ». Cette lame marque le tout premier pas. » Océane fronça les sourcils devant ce charabia où elle ne comprenait goutte. La voyante se contenta de lui répondre par un sourire entendu. « Cette lame est aussi puissance en tant que possibilité de toute unité, Océane. N'être qu'un, ça te parle ? » Lui demanda-t-elle, satisfaite de percevoir une lueur de surprise dans le regard de sa jeune consultante. N’être qu’un, n’était-ce pas justement ce qu’elle avait dit à Brendon ? Ne pas supporter d’être deux, ne vouloir n’être qu’un. « N’être qu’un c'est être encore entier, ne pas avoir été divisé par la confrontation avec la réalité; être enfant c'est encore être innocent, pas encore contaminé par les complexités de la vie adulte. C'est la promesse du futur, celle de l'idée créatrice pure, idéale, potentielle, mais non réalisée-transmutée: tout est à faire, à découvrir et à apprendre. » Et la voilà repartie dans une succession de phrases sans queue ni tête. Est-ce que des gens sur Terre parvenaient à la comprendre ? « La Papesse… » Continua-t-elle en ignorant délibérément l’expression de profonde ébétitude d’Océane. « Cette lame représente habituellement le caractère intellectuel du tirage, la puissance du savoir sur l’ignorance… Mais il y a une autre interprétation fort méconnue… Il s'agit en effet de la deuxième carte. Le « 1 » du Bateleur est phallique dans sa représentation, c'est l'Adam de la Bible duquel Ève est sortie. La valeur « 2 » quant à elle est considérée comme féminine. Le 2 n'est ici non pas divison et opposition, mais harmonie, osmose et complémentarité entre la papesse et le Bateleur, son créateur si je puis dire, son révélateur tout du moins, les deux acteurs de la lame. Le Bateleur a révélé la Papesse à elle-même. Tu comprends ? »
    « Pas le moins du monde. »
    Répondit Océane dans le brouillard opaque qu’était ce discours à ses yeux.
    « Ne ferme pas ton esprit, accepte les lames et tu verras plus clair. » Se contenta-t-elle de lui répondre sous forme d’énigme, la voyante. « Le chariot… » De nouveau, elle caressa la carte du doigt avant de planter son regard incandescent de celui de la jeune femme. « C’est la lame des difficultés vaincues. C’est Arès, dieu de la guerre et ses deux fils, les chevaux, la peur et la terreur. C'est la carte de la violence, des instincts belliqueux et martiens de l'Homme. »
    « J’savais bien qu’t’étais pas humaine, t’es un p’tit homme vert en fait ! Enfin une p ‘tite femme verte, quoi ! »
    Souffla Kyle dans son dos, ramenant sa fraise comme toujours.
    « Martien dans le sens « Mars », le nom romain du dieu grec Arès. » L’informa Océane sans même daigner se retourner vers lui.
    « C’est exactement ça ! » La félicita Lila-Rose, persuadée qu’Océane comprenait bien plus que ce qu’elle ne voulait admettre. « Le Chariot est un guerrier qui triomphe sur son char, un conquérant qui voyage. Après avoir réalisé l'amour inconditionnel, s'être réalisé dans sa vie matérielle et spirituelle, l'homme a réussi son parcours, le voile est levé. Tu vois où je veux en venir ? »
    « Non, toujours pas. Vous n’êtes pas fournie avec un dictionnaire Anglais-Loufoquais ? »
    Répondit l’intéressée avec une feinte lassitude. Lila se contenta de sourire devant son insolence, un sourire tendre et amusé.
    « Le chariot c’est un prince de l'élégance, l'amant parfait… » Poursuivit-elle, son sourire s’élargissant devant l’air qu’affichait Océane, luttant pour ne pas se retourner et jeter un coup d’œil à son Chariot personnel. « Il n’est pas donné à tout le monde de tirer cette carte, Océane… »
    « Et le Pendu ? »
    Demanda-t-elle en désignant la carte du doigt, désireuse de trouver un autre sujet de conversation que sa sexualité absolument parfaite.
    « Je suis contente que tu poses la question. Cette lame représente le sacrifice. » Annonça la diseuse de bonne aventure. Océane réprima un frisson qui ne passa pas inaperçu. « C’est une bonne carte, contrairement à ce que l’on peut penser. C’est la libération par le sacrifice, dans le but d’atteindre ses idéaux. Cela signifie que tu seras amenée à faire un choix, que ce choix ne se fera pas sans douleur mais il est nécessaire pour ton accomplissement personnel. Tu devras sacrifier une partie de toi, mais tu y gagneras quelque chose de plus grand. » Océane secoua la tête comme pour rejeter en bloc cette idée. Pour elle, sacrifice avait connotation péjorative, cela ne faisait que lui rappeler le sacrifice qu’elle avait fait l’été passé, un sacrifice qui avait certes apporté quelque chose de plus grand, mais qui avait aussi suscité de grands malheurs. Et comme si elle lisait en elle, Lila enchaina : « Non… La lame parle d’altruisme, Océane. Ton sacrifice sera le tien, il ne fera souffrir personne si ce n’est toi, et ravira tout le monde alentour. » Cela n’éclairait pas plus Océane. Un sacrifice restait un sacrifice, et elle ne voulait absolument rien sacrifier de sa vie si parfaite du moment. Rien. Elle méritait son bonheur, merde ! « Tire une nouvelle carte. » Demanda, alors, la voyante. « Il faut que tu recouvres la Lune. »
    « Pourquoi ? »
    S’enquit la jeune femme en tirant une nouvelle lame du jeu et la tendant à la vieille femme.
    « La lune a plusieurs interprétations, je ne voudrais pas me tromper… Le jugement. » Annonça-t-elle en la retournant avant de la poser en biais sur la Lune. « Cette carte est symbole de transformation, de renaissance, de renouveau, pour celui qui sait écouter sa voix intérieure, son ange, son intuition... »
    « J’y comprends rien ! »
    Coupa Océane avec agacement.
    « Au contraire, je crois que tu comprends très bien. » S’amusa la voyante.
    « Oui, je comprends qu’il faut que je me tape une discussion avec mon ange afin d’être transformée par un sacrifice pendant qu’Arès vient me faire l’amour comme un Dieu ! » Répondit-elle en s’emportant légèrement devant le sourire imperturbable de l’escroc. « Retournez la dernière carte, qu’on en finisse ! »
    « Très bien. »
    Lila-Rose rangea une nouvelle mèche de cheveux derrière son oreille, un sourire satisfait aux lèvres, puis retourna la dernière lame, celle du centre de la croix de carte, celle qui résumait tout et annonçait de manière certaine l’avenir du consultant. Mais à peine la carte révélée, Océane se leva d’un bond, rejetant sa chaise en arrière qui se retourna sur le sol dans un grand fracas. La jeune femme recula, les yeux écarquillés, rivés sur le squelette qui lui souriait. Le monde semblait s’être arrêté autour d’elle, et c’était plus ou moins le cas puisque les voisins proches, intrigués par la scène, avaient interrompus leurs activités pour tenter de comprendre ce qui animait autant la jeune femme. « Océane, rassied-toi, je te prie. » implora la voyante en tendant le bras, par-dessus le jeu, en direction d’Océane.
    « Non ! Je ne veux pas savoir ! Je ne sais que trop ce que ça veut dire ! Je ne voulais même pas venir ! Je n’aurais pas du venir ! Je ne veux pas savoir ! » Répétait-elle, comme un robot, tout en reculant toujours plus, installant une distance de plus en plus grande entre la carte et elle.
    « La Mort, contrairement à ce que l’on peut croire, ne signifie que très rarement la mort… » Tenta Lila pour la retenir.
    « Très rarement c’est déjà trop pour moi ! » Siffla-t-elle en reculant encore d’un pas. Elle allait s’éloigner encore, mais son dos rencontra un obstacle. Un obstacle, protection personnifiée, qui noua ses bras autour d’elle, l’un d’eux barrant son ventre et s’accrochant à sa taille, et l’autre son buste, s’accrochant à son épaule. Océane s’y accrocha, s’y cacha, tenta d’y disparaître, là, dans le seul endroit où elle se sentait en totale sécurité, là entre ces bras, où elle ne risquait absolument rien.
    « Le Bateleur et la Papesse… » Souffla la voyante dans un sourire tendre. « Océane… » Reprit-elle en se fixant sur la jeune femme noyée dans cette étreinte protectrice. « Cette lame signifie la fin de quelque chose, mais surtout le début d’autre chose. Un renouveau qui s’associe à la carte de la Lune. Attraction, magnétisme. Mère, gestation. Féminité, sensualité. Mais surtout… Amour fusionnel. » Océane se détendit un peu, mais elle n’était pas résolue à se réinstaller autour du jeu de cartes et de cette femme étrange. Elle se retourna entre les bras amants pour lui faire face, et l’incita à reculer pour qu’il les éloigne d’elle. « A l’occasion, Océane et Monsieur le Bateleur, dépliez vos mains gauches et comparez les lignes. Vous pourriez être surpris. » La voix de Lila-Rose s’était élevée une dernière fois alors qu’ils étaient encore à sa portée.
    « Qu’est-ce qu’elle veut dire ? » Demanda Brendon en reculant toujours sous la poussée d’Océane.
    « Rien, Amour de moi. C’est sans importance, elle a juste abusé du calumet de la paix, c’est tout ! » Lui répondit-elle en quittant ses bras afin de récupérer sa main et de l’entrainer plus loin, loin de cette folle qui prétendait que la mort était synonyme d’amour fusionnel… Oui, chez Shakespeare peut-être, pas chez elle.

[…]
    « C’est encore loin ? » Se plaignit-il en trainant la patte.
    « Plus trop, non. » Répondit-elle en le trainant par la main.
    « Mais tu m’emmènes où ? » Non, mais quel chieur ! Il avait décidé d’y mettre toute sa mauvaise volonté ou quoi ?
    « C’est bien de ne pas savoir où on va de temps en temps… » Lui répondit-elle avec un sourire aux lèvres censé l’apaiser. Elle tira un peu plus ardemment sur sa main afin qu’il rétrécisse la distance entre eux et avance plus vite dans la neige.
    « Est-ce que tu vas me parler de la vieille femme ? » Demanda-t-il en lui obéissant et en venant se coller tout contre elle, ou plutôt coller son épais manteau contre celui de sa compagne. Vu les températures plus que négatives, ils étaient couvert comme pour un treck au Pôle Nord.
    « Quelle vieille femme ? Attention, ça grimpe, regarde où tu mets les pieds. » Ils étaient en pleine forêt, ou plutôt dans ce qui succédait à la dense forêt. Les arbres se faisaient plus rares et plus majestueux aussi, mais ce n’était pas les plaines et plateaux où les champs faisaient la richesse des agriculteurs du coin, ils étaient dans les prémices des Rocheuses. Face à eux se dessinaient les spectaculaires montagnes que l’on discernait malgré la nuit d’un noir profond. Sur la toile étoilée, les Rocheuses se détachaient, plus sombres encore que la voute céleste elle-même. Le paysage plat avait cédé sa place à une légère pente qu’on distinguait mal sous l’épaisse couche de neige.
    « Tu sais très bien de qui je parle, celle qui m’appelait avec un drôle de nom… Batailleur ? Batte… ? »
    « Bateleur. »
    Le corrigea-t-elle en grimpant un peu plus haut, avant de s’arrêter pour l’aider à en faire de même. Les rochers noirs commençaient à fendre leur couverture immaculée.
    « Oui, voilà, le Bateleur ! » Il grimpa à son tour, puis s’immobilisa en face d’elle. « Et c’est quoi un Bateleur au fait ? J’aimerais savoir ce que je suis censé être. »
    « C’est une lame du Tarot. La carte première, le numéro un. »
    Expliqua-t-elle en reprenant son ascension. « Il s’agit d’un magicien possédant l’âme innocente d’un enfant et des pouvoirs colossaux, notamment celui de promettre l’avenir. » Elle continuait son explication avec un ton neutre, comme si cela ne lui faisait ni chaud, ni froid, tout en continuant de grimper.
    « J’aime bien. » Conclut-il en s’arrêtant le temps d’hocher la tête avec satisfaction, puis récupéra la main qu’Océane lui tendait. « Mais pourquoi elle te disait ça ? »
    « Va savoir ! C’est une vieille folle qui prétend pouvoir lire l’avenir. Mais en vrai elle ne fait que parler en charade pour faire faire des cauchemars à Kyle-le-gros-débile ! »
    « Et si elle disait vrai ? »
    Insista-t-il, légèrement essoufflé. « Sérieusement, Océane, tu m’emmènes où, là ? A l’autre bout du monde ? » Il s’était immobilisé, les poings sur les hanches, la bouche ouverte laissant échappé de la fumée à chaque respiration anarchique.
    « Arrête de poser des questions, amour de moi, je croyais que tu étais habitué aux longues marches depuis ton centre du Vermont… Et puis on est arrivé. » Lança-t-elle, amusée, en se tournant face à lui.
    « On est arrivé ? » Répéta-t-il perplexe en jetant son regard à la ronde. « Chouette, des gros cailloux ! Splendide ! Allez, on rentre ! » Un sourcil soulevé, il venait de faire preuve de sarcasme avant de s’emparer de la demoiselle par la taille, prêt à la ramener de force s’il le fallait. Sérieusement, près d’une demi-heure de marche pour… ça ?
    « Crétin ! » Lui répondit-elle en riant, tout en lui décochant une tape sur l’épaule, amortie par ses couches de vêtements à lui, et les gants qu’elle portait. « Repose-moi, je vais te montrer quelque chose… » Un immense sourire aux lèvres, elle rayonnait de plaisir, alors qu’il la reposait au sol. Pour autant elle ne se décrocha pas de lui, et resta un long moment à l’observer sans rien dire, juste en souriant, en le couvant du regard, détaillant ses traits comme taillés dans la pierre, luisant dans la clarté de la lune. Elle ôta un de ses gants, et de sa main nue, balada ses doigts contre sa peau si froide d’être exposée de la sorte. « Ferme les yeux. » Lui demanda-t-elle en rompant le silence.
    « Pourquoi ? » Demanda-t-il en gardant les yeux bien ouverts.
    « Je vais te montrer quelque chose dont je suis la seule à connaître l’existence, mais tu dois me promettre de ne jamais révéler ça à personne. » Annonça-t-elle sur le ton de la confidence, avec un très grand sérieux.
    « Heu… Oui, promis. »
    « Croix d’bois, croix d’fer, si j’mens, j’vais en enfer ? »
    « Hein ? »
    « Répète ! »
    « Je ne vais pas répéter ça, Océane ! »
    « Tu le dois, sinon je ne te montre pas ! »
    « T’es sérieuse, là ? »
    « J’en ai pas l’air ? »
    Les bras étroitement croisés sur sa poitrine, la mine déterminée, oui, elle avait l’air on ne peut plus sérieuse. « Allez, s’il te plait. »
    « Ok… Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer. »
    Répéta-t-il sans grande conviction.
    « Mieux que ça ! Et avec le geste aussi ! Une croix droite et une croix oblique… »
    « Ok ! Croix de bois. »
    Il se signa. « Croix de fer. » Il dessina une croix imaginaire sur son torse. « Si je mens, je vais en enfer ! » Il ouvrit ses bras en grand. « Ca te va ? »
    « Parfait ! »
    Affirma-t-elle en un sourire victorieux. « Maintenant, ferme les yeux… »
    « Océane, bon sang… »
    Se plaignit-il, obéissant malgré tout.
    « Moi aussi je t’aime, Amour de moi. » S’amusa-t-elle avant de disparaître.
    « Je dois les garder fermés longtemps ?... » Pas de réponse. « Océane… ? » Toujours pas de réponse. « Bébé ? » Toujours sans réponse, il finit par ouvrir un œil, seulement un, histoire de pas se manger une gifle si elle ne faisait que le tester, mais ne voyant trace d’elle, il ouvrit l’autre et se retrouva seul face à la roche. Absolument seul dans cette immensité immaculée. « Océane !! Ca n’a rien de drôle ! » Ce n’est pas qu’il commençait à paniquer, mais ne la trouver nulle part ne le rassurait pas, et avait tendance à réveiller ses anciens démons. « Océane ? Où es-tu ? » Cria-t-il en tournant sur lui-même.
    « Par ici ! » Lui répondit une voix à la fois proche et lointaine. Mais en se tournant vers l’origine il ne découvrit qu’un mur de roche sans personne. Elle était où ?
    « Où ça ? » Répétait-il entre agacement et réelle inquiétude en fixant le mur infranchissable devant lui. Un mur d’où émergèrent un bras et une main qu’il connaissait parfaitement.
    « Là ! » Répondit-elle en agitant les doigts afin qu’il se saisisse de sa main. Il s’empressa de le faire et découvrit alors une faille dans la roche, une faille invisible à l’œil nu sauf selon un certain angle, une faille de la taille d’un homme, lui permettant de s’y faufiler pour aboutir dans une sorte de cavité où Océane l’attendait munie d’une lampe torche.
    « Ca va ? » Demanda-t-elle en découvrant son visage aux traits tirés. « T’as eu peur ? » Plus un constat qu’une réelle interrogation alors qu’elle se rapprochait de lui, une pointe de culpabilité dans le regard.
    « Oui. » Répondit-il avec franchise, tout en écartant légèrement les bras pour la réceptionner.
    « Désolée, ce n’était pas mon intention, je t’assure. » Scellant ses lèvres de siennes, elle noua ses bras autour de son cou, soupirant d’aise comme à chaque fois qu’ils étaient si proche l’un de l’autre, comme si c’était la seule manière d’être, naturelle et évidente. « Je devais récupérer la lampe avant de te faire entrer. » Reprit-elle en détachant ses lèvres de siennes, et en balayant la cavité du faisceau de sa lampe torche.
    « On est où là ? » Demanda-t-il en prenant conscience que la cavité qu’il avait imaginé courte et étroite était bien plus étendue qu’il l’avait cru de prime abord. Elle se poursuivait au-delà d’eux, bien au-delà.
    « Dans ma grotte. » Répondit-elle avec fierté en avançant, l’attrapant par la main pour l’inviter à s’enfoncer avec elle.
    « TA grotte ? »
    « Oui, la mienne ! Personne ne connait son existence hormis moi… et toi maintenant. Alors elle m’appartient. »
    « Depuis quand tu la connais ? »
    « Depuis toujours, je crois… »
    Alors, en s’enfonçant dans la grotte, elle lui expliqua comment elle avait découvert la faille, comment elle s’était sentie bien ici, loin de toute la pression de son entourage, comme elle avait pu être elle-même et laisser tomber le masque. Elle lui expliqua que c’était ici qu’elle se réfugiait en cas de problème, de chagrin ou de simple besoin de solitude. Elle lui expliqua que c’était son endroit à elle, et que si personne n’en connaissait son existence c’était probablement parce que le coin regorgeait de grottes, un peu plus haut et bien plus imposantes, que les jeunes du coin connaissaient si bien qu’ils n’avaient même pas pensé à chercher à plus bas, plus proche d’eux.
    « Pourquoi tu me le montres ? » Demanda-t-il, conscient d’être privilégié et de découvrir un lieu qu’elle avait caché pendant près de 20 ans, même à Francis.
    « Comme ça, le jour où on s’engueulera et que je claquerais la porte, tu sauras où venir me récupérer. » Avoua-t-elle en se mordant la lèvre. « Et puis c’est pas tout, je voulais que tu vois ça… » D’un mouvement vif et gracieux, elle échappa à l’étreinte de son bras qui lui maintenait la taille, et s’avança vers la paroi. De sa main dans la sienne, elle l’entraina à sa suite, et se faufila dans une nouvelle faille qu’il n’aurait pas remarqué sans elle. Alors ils se trouvèrent dans une cavité naturelle incroyable. Océane n’ayant plus besoin de la lampe torche, l’éteignit avant de quitter son épais blouson doublé de fourrure. Il faisait incroyablement bon, et il faisait incroyablement clair. Les parois rocheuses luisaient des reflets bleutés renvoyé par l’étendue bleue dans le sol. Une sorte de piscine naturelle qui semblait illuminé du dessous, comme si on avait placé des néons fluorescents au fond de l’eau, ce qui était impossible. De part et d’autre du lieu, on pouvait trouver des signes de présence humaine, des couvertures, des serviettes, des livres aussi, un paquet de cigarettes, un briquet, des bougies, signes qu’elle était venue ici souvent et y avait passé du temps. Devant le mutisme de son compagnon, Océane laissa résonner un rire qui se répercuta sur les parois. « C’est beau, non ? » Alors qu’il restait les yeux fixes sur l’étendue bleutée, elle s’occupa de lui défaire la fermeture éclair de son blouson, puis de le faire glisser de ses épaules. « Les Rocheuses sont nées d’anciens volcans aujourd’hui éteints… Mais l’eau de cette source souterraine est à 25° toute l’année, et cette cavité aux alentours de 20°, donc je me demande s’ils sont vraiment éteints, tu vois ? Il doit se passer quelque chose dans le sous-sol dont nous n’avons aucune idée… C’est peut être ça qui rend nos terres si fertiles… C’est grâce au sous-sol volcanique… Enfin, c’est ma théorie. » Souriante, elle se détacha de lui pour rejoindre le bord de l’eau, là où la roche descendait en pente douce jusqu’à disparaître sous l’eau translucide et lumineuse. « Je parie que tu n’as pas ça, à New-York. » Se moqua-t-elle gentiment, tout en lui faisant signe de s’approcher. Il était tard, peut être Francis était-il entrain de s’inquiéter, mais puisqu’ils étaient là…
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Océane J. Eono
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MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyMar 30 Mar - 0:58

[…]
    Etrange que les lumières de la maison soient encore allumées. Elle imaginait qu’ils seraient tous au lit depuis longtemps. Ils n’avaient pas été absents pendant des heures, mais Francis était un couche-tôt. Elle fronça les sourcils en suivant le chemin déneigé menant jusqu’à la porte d’entrée.
    « Il est peut être en charmante compagnie, entrain de compter fleurette à… » Commença Brendon avant de s’arrêter face au regard que venait de lui jeter sa compagne. « Mais quoi ? Je l’ai vu draguer une ou deux grand-mères au bal… » Poursuivit-il tout de même malgré la grimace que lui offrait Océane. Alors il se mit à rire, et la rattrapa en deux enjambées pour venir la torturer de ses doigts fins, alors qu’elle ouvrait la porte en se faisant entendre.
    « On est rentré ! » Cria-t-elle comme pour faire comprendre à son grand-père qu’il n’avait pas intérêt à se trouver en galante compagnie. Ce ne fut pas Francis qui vint à leur rencontre, mais une Gretchen étrange. Elle jeta un coup d’œil à la main d’Océane, comme si elle vérifiait quelque chose, et cela n’échappa pas à la jeune femme qui regarda sa main pour comprendre ce qui l’intriguait autant, mais fut vite rattrapée par la réalité en entendant Brendon s’inquiéter pour sa sœur. C’est en relevant le nez qu’elle remarqua les yeux rouges de la jeune femme et le mascara qui s’étendait sur ses joues. Elle avait pleuré ? Est-ce que Francis ou Billy s’étaient montrés méchants ou vexants ? A moins que ce ne soit Merlin ? Gretchen prononça son prénom juste avant qu’une voix masculine ne prononce celui de Brendon. Alors elle comprit. Son regard alla de la salle jusqu’au visage de Gretchen. Une Gretchen souriante qui hocha la tête pour lui confirmer son soupçon. Ils étaient là. Soudain elle comprit aussi son regard pour sa main –enfin elle imaginait avoir comprit son regard pour sa main– et s’exclama à voix basse : « Merde ! La bague ! » S’ils ne voyaient pas d’alliance à son doigt ils comprendraient qu’ils avaient été dupé, et surement l’ébauche d’une réconciliation volerait-elle en fumée. Elle n’avait plus envie de mentir, mais pourtant leur vie se résumait à cela. Ils avaient mentit aux Driesen en prétendant être mariés, et ils avaient mentit à Francis en prétendant une pseudo ablation de l’appendicite. Et merde ! Pourquoi n’avait-elle pas pensé à ça avant de déposer cette lettre ? Peut-être parce que foncièrement, elle ne croyait pas que ça marcherait, cette bouteille à la mer.
    « Tout va bien… » Lui glissa Gretchen en prenant conscience de la panique d’Océane. « Tout va bien se passer. » Répéta-t-elle en quittant les bras de son frère pour se rapprocher d’elle, au moment même où une imposante silhouette émergeait dans le hall.
    « Brendon. » Se contenta-t-il de répéter une nouvelle fois, n’ajoutant absolument rien soit pas gêne soit par manque d’habitude, en s’immobilisant face à son fils. Ils se contemplèrent sans rien dire, puis l’homme consentit à reporter son attention sur les deux filles, glissant sur la silhouette de sa fille avant de s’arrêter sur Océane. « Océane. » Annonça-t-il avec maladresse, ne sachant pas vraiment comment agir, ni quoi dire. Il remarqua alors la main de son fils étroitement emmêlée à celle de la jeune femme, et sentit la crainte poindre de ce geste. Sa simple présence ne suffirait pas à signer le traité de paix, les deux jeunes adultes avaient été profondément marqués par leur dernière rencontre, et il allait lui falloir bien plus de quelques kilomètres parcourus en avion pour effacer cette première mauvaise impression. « Désolé d’arriver sans prévenir, mais je n’ai pas été sûr jusqu’à la dernière minute. » Expliqua-t-il en se raclant maladroitement la gorge, avant de tendre une main en direction de la jeune femme. [/i]« J’ai laissé plusieurs messages sur votre portable, mais… » [i]Il jeta un bref regard dans son dos avant de reporter son attention sur elle. « votre grand-père m’a expliqué que vous l’aviez laissé ici le temps du bal. »
    « Heu… Oui. En effet. »
    Répondit Océane à défaut de trouver quelque chose d’intelligent à dire. Puis elle s’empara de la main qui était restée tendue, et la serra dans la sienne. Une poignée de main qui voulait dire beaucoup de choses à son sens.
    « Restez don’ pas dans l’entrée ! V’nez don’ au coin du feu, les gamins ! » Scanda la voix de Billy depuis le salon. Alors, Driesen père tourna les talons pour rejoindre la pièce principale, immédiatement suivit par sa fille, mais pas par Océane qui retenait Brendon par la main. Un sentiment d’urgence aux tripes, elle se colla à lui et tenta de faire abstraction du regard étrange qu’il posait sur elle depuis l’échange qu’elle venait d’avoir avec son père.
    « Quoi que tu penses, quoi que tu ressentes, n’oublie pas que je ne t’ai jamais autant aimé qu’en cet instant. » Murmura-t-elle en emprisonnant son visage entre ses mains. « Je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime… » Elle colla ses lèvres contre les siennes avec avidité et sans douceur, puis se décrocha avec la même rapidité. « Pardonne-moi. » Alors, elle s’empara de sa main, laissant sa demande de pardon en suspens, et l’entraina avec elle dans le salon.

    « Klaus ! » Scanda une voix féminine haut perchée, en s’éjectant du fauteuil club élimé par le temps, avant de se reprendre aussi rapidement. « Je veux dire : Brendon. »
    « Oh, vous pouvez don’ l’appeler London, c’est tout aussi bien, c’gamin n’a pas d’prénom fixe ! » Plaisanta Billy en resservant les tasses vides posées sur la table du salon.
    « Assied-toi, Eleanor. » Ordonna Driesen père avec une autorité dont Océane ne l’aurait jamais soupçonné. Et Driesen mère se réinstalla gracieusement dans le fauteuil, avec une soumission dont Océane ne l’aurait pas plus soupçonné. C’était assez étrange de la voir en tailleur de créateur strict et austère, installée de manière mondaine dans ce lieu sans prétention et hors du temps. Océane nota le contraste, mais se garda bien d’en faire étalage. Elle tira Brendon avec elle, jusqu’au milieu du salon. Il ne parlait toujours pas, se contentant de les observer tous, tour à tour, avec incrédulité.
    « Y sont là pour passer Noël avec nous. » Expliqua Francis, prenant la parole pour la première fois depuis l’arrivée de sa petite fille, souhaitant tuer dans l’œuf toutes les hypothèses qui se formaient en cet instant dans l’esprit torturé du presque-fiancé d’Océane.
    « Et Monsieur Eono a eu l’amabilité de nous offrir le gîte et le couvert. » Renchérit M. Driesen en se positionnant derrière sa femme.
    « J’vous ai d’jà dit d’m’appeler Francis. »
    « Ou « vieux con » ça marche aussi… »
    Ponctua, une nouvelle fois, Billy, comme un poisson dans l’eau malgré la tension palpable qui régnait dans la pièce.
    « Très bien, Francis. » Reprit Driesen Père dans une ébauche de sourire, avant de tapoter l’épaule de sa femme. « Eleanore, il me semble que tu as quelque chose à dire à ton fils et ta belle-fille. » A ces mots, Océane serra un peu plus la main de Brendon dans la sienne, tout en jetant un regard à son grand-père qui glissait deux doigts le long de ses lèvres, mimant le fait qu’elles étaient scellées. Ouf, il n’allait pas vendre la mèche. Sur ordre de son époux, Eleanore se leva de son fauteuil, et les mains jointes au niveau de sa jupe signée Chanel, Prada ou Valentino, elle avait l’air d’une toute petite chose repentante.
    « Je tenais à m’excuser pour l’attitude inqualifiable dont j’ai fait preuve lors de notre précédente rencontre. » Récita-t-elle les yeux baissés. « Je n’aurais pas dû tirer de conclusions hâtives de faits dont j’ignorais absolument tout. Je n’ai pas à décider pour la vie d’autrui même lorsqu’il s’agit de mon propre fils. » Sur les derniers mots, elle avait reprit un peu de poils de la bête et on sentait poindre une amertume non feinte. Mais aussitôt, la voix de son époux répétant son prénom la rappela à l’ordre. « Klau… Brendon, tu es majeur et tu es libre de tes actes, libre d’aimer qui tu souhaites aimer. Je dois garder mes doutes et mes appréhensions pour moi et ne pas m’ériger en dictatrice du cercle restreint de ma famille. J’ai le droit de les évoquer, mais pas de les énoncer comme des faits avérés et prouvés. »
    « Elle suit une thérapie. »
    Expliqua Gretchen à voix basse en s’incrustant aux côtés de son frère.
    « Je dois accepter que certaines choses échappent à mon contrôle, et je dois apprendre à lâcher du leste et ne pas tout régir… » Poursuivit madame Driesen comme si elle récitait une leçon. « Je te prie de bien vouloir me pardonner. » Son mari lui pinça l’épaule. « Je vous prie de bien vouloir me pardonner. » Rectifia-t-elle à l’attention d’Océane, avant de jeter un coup d’œil à son mari pour s’assurer qu’elle avait tout bien fait.
    « Il en va de même pour moi. » Annonça-t-il après avoir gratifié sa femme d’un hochement de tête satisfait. « Nous sommes là pour essayer de rattraper les choses… Enfin, si tu le souhaites aussi, fils… » Son regard repentant s’ancra dans celui de son fils, lui exprimant toute sa franchise et sa sincérité. Il savait qu’Océane le souhaitait puisque c’était elle qui en avait exprimé en premier le besoin, mais son fils…
    « Eleanore, c’est français, non ? » S’informa Billy, inconscient de la scène émouvante qui se déroulait sous ses yeux. Le bouseux, quoi.
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Brendon K. Driesen
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MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyLun 12 Avr - 23:04

Grand-Pa' ! Let me introduce you London. 2ld9awp


Family Rules
Oh oh oh
Holly Night, Christmas Night
.

    « J’ai besoin de prendre l’air. » La phrase était tombée comme un couperet alors qu’il repoussait la main de sa sœur et lâchait celle d’Océane. Cela faisait trop d’informations, trop de choses à encaisser, trop d’éléments à analyser, il étouffait, son esprit surchauffait, il avait besoin de prendre le temps d’encaisser, de digérer leur présence. Il avait besoin de prendre l’air. Littéralement.
    « Brendon je… » Son père venait de prendre la parole, il était vraiment trop étrange de se dire que son père était ici, et pourtant tout comme Brendon il ne semblait pas déplacé dans la sobriété du décor, ce qui n’était pas le cas de sa mère qui détonnait comme une reine au milieu d’une foule de paysans.
    « Non… j’ai besoin de prendre l’air. » Il recula d’un pas alors que son père en faisait un vers lui. La main de Francis se posa sur l’épaule de son géniteur le retenant alors que la porte claquait derrière Brendon.
    « Laissez le, faut qu’il digère. Lutin, va allez le voir. Pas vrai Lutin ? » Mais la porte s’était déjà refermer sur Océane.
    « Elle ne portait pas de bague. » Lança distraitement Eleanor depuis son siège à sa fille.
    « Et alors, tu portes bien la tienne et pourtant on ne dirait pas que tu es mariée ! » Répliqua la jeune femme alors que son père la serrait dans ses bras. Hans masqua son sourire contre l’épaule de sa fille. Une chose était sure ses enfants n’étaient pas les sien par hasard.

    […]

    « Hans, quel plaisir de vous avoir eut à diner ce soir. J’espère que l’on se reverra bientôt. » Driesen père sourit doucement à la femme de son associé et embrassa sa main délicate dans les règles de la galanterie.
    « Le dîner était succulent Anna merci de nous avoir invité ce soir. »
    « Tout le plaisir était pour moi. »
    Lança t-elle charmeuse en effleurant du bout des doigts ses lèvres. Hans se recula légèrement lorsque sa femme et son associé arrivèrent dans le vestibule.
    « Chris, on se voit demain ? » Salua t-il son ami en tentant d’oublier la culpabilité qui lui enserrait le cœur, ce n’était pas la première fois que la femme de son associé et ami lui faisait des avances, et s’ils avaient été de nombreuses fois infidèle à sa femme par le passé, c’était terminé à présent. Pourtant, il était incapable d’avouer à cet homme honnête et naïf ce que sa femme attendait de lui.
    « Bien sur Hans. J’ai appelé votre chauffeur il vous attend en bas. » Les deux hommes se serrèrent la main tandis que ses dames s’embrassaient en se donnant rendez vous demain pour commencer à organiser le bal de printemps autour d’un verre de vin au club.
    « Il faudra que tu me donnes la recette de cette dinde Anna, elle était succulente. » Lança Eleanor en souriant à son amie.
    « Je la ferrais passée par Chris à Hans. » Promit la jeune femme brune en souriant.
    « Eleanor » Hans s’était approché derrière elle et lui tenait ouvert son manteau de fourrure afin qu’elle le passe. « Il se fait tard. Encore merci pour cette soirée. » Prenant le bras de sa femme il l’entraina vers la sortie avec un dernier sourire pour ses amis.
    « Si cette petite garce pose à nouveau ses mains manucurée sur toi, où si tu poses tes mains sur elle Hans, je demande le divorce. » Lâcha Eleanor glaciale alors que l’ascenseur refermait ses portes sur eux. La reine des glaces, il se souvenait que c’était ainsi que Gretchen surnommait parfois sa mère, car elle était parfois d’une froideur qui frôlait la glaciation polaire. Gretchen. Il était difficile de penser à sa fille ses derniers temps, pour la première fois depuis longtemps ils allaient passés les fêtes seules sans leurs enfants. Bien sur Eleanor avait concocté une excuse parfaite pour justifier l’absence de Brendon et de Gretchen au dîner du Maire, ils étaient partis en Europe pour un séjour dans la propriété ancestrale des parents d’Eleanor, un voyage pour renouer avec leurs racines. Hans soupira et termina de boutonner son duffle-coat avant de répondre à sa femme.
    « Je ne te trompe plus depuis longtemps Len’ et tu le sais. »
    « Je tiens à m’assurer que cela dur cette fois. Cette garce irait se venter dans le tout Manhattan qu’elle t’a eut dans son lit. »
    Les doigts fins et manucurés d’Eleanor se posèrent sur le bras de son mari.
    « Il n’y a donc que cela qui t’intéresse n’est-ce pas ? Ta réputation. »
    « Que je sache tu ne m’as pas épousé par amour Hans… Cesse donc de jouer le rôle du mari bafouer cela te va si mal. »
    Répliqua t-elle alors que les portes de l’ascenseur s’ouvrait, elle le dépassa pour sortir de la boite de métal, la tête haute, la démarche d’une reine. Il soupira, elle avait raison il ne l’avait pas épousé par amour, leur mariage avait été arrangé par leurs deux familles. Pourtant, ils s’aimaient, d’une étrange façon que peu de gens comprenaient, leurs rôles au sein de la maison était bien défini, voila pourquoi il ne s’était jamais mêlé de la manière dont elle s’occupait des enfants. Il passa une main sur sa nuque, un geste qui n’était pas sans rappeler le geste de nervosité de son fils. Il souffla un grand coup avant de quitter la cage de l’ascenseur. Il fallait rentrer, demain il devait s’assurer que tout était en ordre au cabinet avant de le fermer pour quelques jours. Passer Noël seul avec elle l’oppressait, il n’aurait probablement pas su l’expliquer mais il avait la sensation de faire une erreur. Et ce depuis plus d’un mois… Il refusait de l’admettre mais ce malaise avait grandit en lui depuis qu’ils étaient rentrés de San Francisco. En sortant du Plazza il constata que la berline n’était plus là. Cette femme avait le sang aussi chaud que son ton pouvait être froid.
    « Je vous ai appelé une voiture Monsieur. » L’informa le portier en souriant.
    « Merci Ivan. »

    […]

    « Monsieur Driesen. » Hans se retourna surpris de voir quelqu’un à cette heure avancé à la réception de l’hôtel particulier dans lequel sa famille vivait depuis des années.
    « Livian que faite vous encore là ? Il est près de trois heures de matin ! » S’étonna l’avocat en découvrant le concierge derrière son bureau dans le hall.
    « Je vous attendais monsieur. » Expliqua le trentenaire en passant de l’autre côté de son couloir. « Vous avez eut une visite aujourd’hui Monsieur Driesen. Cette jeune personne a laissé quelque chose pour vous. »
    « Pourquoi ne pas avoir … »
    « Madame votre femme ne semblait pas très disposé aux nouvelles qu’apporte cette lettre… »
    Annonça le jeune anglais avec un sourire mi figue mi raisin.
    « Une femme dite vous ? »
    « Tenez monsieur »
    L’homme sortit de la poche de sa veste une enveloppe. « Si monsieur le permet je vais aller me coucher à présent. »
    « Allez-y Livian, et encore merci. »
    Serrant la lettre entre ses mains Hans Driesen prit la direction de l’ascenseur qui desservait son appartement. Tout était silencieux dans la maison lorsque les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur lui.

    […]

    Elle s’était éveillée en pleine nuit, consciente dans son sommeil qu’il n’était pas auprès d’elle depuis plusieurs heures. Elle tendit le bras pour allumer la lampe de chevet, se tournant sur le côté elle constata que sa place n’avait pas été défaite, un coup d’œil au réveil l’informa que la nuit était presque terminée. Elle posa ses pieds nus sur le sol et enfila sa robe de chambre de satin sur ses frêles épaules, nouant les cordons autour de sa taille elle quitta la pièce. L’appartement était plongé dans la pénombre, a tâtons elle se guida à l’aide des murs jusqu’au salon. Alors qu’elle posait un pied dans le hall d’entrée la lumière s’alluma lui tirant un cri de surprise.

    « Hans, tu m’as fais peur, qu’est ce que tu fais là en pleine nuit. Tu n’es pas venu te coucher ? » Son mari était assise sur une chauffeuse, le col de sa chemise déboutonné, sa cravate pendant autour de son cou, les traits tirés et les cheveux ébouriffer, il leva vers elle des yeux bouleversés, il avait posé près de lui sur la table le téléphone de la maison, et tenait entre ses mains une feuilles de papier de mauvaise qualité. « Hans ? Qu’est ce qui se passe. »
    « Annule notre participation au bal donné par le Maire Eleanor. »
    Lui demanda t-il en lui lançant le téléphone, elle réceptionna le combiné par pur réflexe.
    « Quoi ? » Elle venait de réalisé le sens des paroles de son mari. « Pourquoi ? »
    « J’ai réservé un vol pour le Montana, nous partons à 17 heures »
    « Tu es fou ? Que veux-tu aller faire dans le Montana ! Ce bal est l’endroit où nous devons être, c’est notre place, l’évènement de l’année, que dira le maire si son propre avocat n’assiste pas à sa réception pour Noel ? »
    Pour toute réponse il actionna le répondeur en appuyant sur le socle du téléphone
    « MESSAGE BRENDON » La voix de leur fil cessa soudainement d’emplir la pièce. « Combien de fois a-t-il appelé Eleanor ? Combien de fois ? » Demanda Hans d’une voix froide. Le visage de sa femme marqua l’espace d’un instant une expression de surprise puis, redevient impassible. « Tu as effacés ses messages, c’est ça… » Accusa t-il en se levant, les mains tremblantes. « Depuis combien de temps cela dur ? » Demanda t-il accusateur.
    « Nous n’avons plus de fils tu te rappel, il nous a mit à la porte, il ne veut pas de nous. » Répliqua t-elle alors aussi calme que lui, elle parlait d’une tâche sur une de ses robes et non pas de leurs enfants.
    « Nous partons pour le Montana demain Eleanor. » Lâcha t-il.
    « Non. Je n’irais pas le supplier, il a choisit sa roturière à sa famille, sa sœur à fait de même je… »
    « Je ne te laisse pas le choix Eleanor. Est-ce que tu t’entends parler ? Il s’agit de nos enfants, jusqu'à présent je t’ai laissé décider de tout en ce qui les concernait, je me suis fier à ton jugement au sujet de cette jeune femme dont Brendon est amoureux. Je t’ai fais confiance, je t’ai cru, j’ai cru le portrait que tu m’avais brossé d’elle. Mais plus maintenant. »
    Il lui tendit la feuille de papier qu’il tenait entre ses doigts. « Tu as entendus ton fils, j’ai entendus sa femme. Cette Océane mérite qu’on lui offre une chance, qu’on l’écoute, Brendon l’aime, et il semblerait, ma chérie, que tu te sois trompé sur elle… Tu as vu ton propre reflet dans ces yeux verts. » Il la regardait avec un mépris non fin. « Je pars demain pour le Montana Eleanor, et si tu veux qu’a mon retour nous soyons toujours mariés tu ferrais mieux de venir avec moi. »
    « Tu n’est rien sans moi. »
    Lâcha t-elle d’une voix froide. « Incapable de faire les ronds de jambes nécessaires, incapable de connaître tout de chacun lors d’un gala, tu as besoin de moi. »
    « Vois tu ma chérie, je commence a me dire que je me suis un peu trop souvent reposé sur toi. Aujourd’hui je reprends en main les décisions concernant nos enfants, ma vie, notre mariage. »
    « Tu me menaces de … »
    « De divorce, oui. Si tu es incapables ne serait ce que de penser, de prononcer, ce mot de sept lettres, ce n’est pas mon cas. Je passerais Noël avec mes enfants. Et si tu me suis, tu as intérêt a changer d’attitude. »
    Sur cet éclat il récupéra sa veste posée sur le canapé et lui décocha à peine un regard lorsqu’il lança. « Maintenant je vais aller me coucher, et j’apprécierais que tu ne me rejoignes pas. »

    […]

    « Bon je vais aller faire du café. » Lança Gretchen embarrassée par son éclat. Elle racla la pointe de ses talons hauts sur le planché patiner par les années. Soudainement elle ressentait le même besoin que son frère, celui de s’isoler pour assimiler la nouvelle de la présence de ses parents.
    « Je viens avec toi, enfin si tu veux de moi. » Questionna son père en la regardant tendrement, un regard qu’elle avait rarement vu dans les yeux de son père et qui la troubla.
    « Bien sur, tu sais faire du café toi ? » Demanda t-elle en l’entrainant par la main vers la cuisine. Elle se moquait, taquinait comme elle l’aurait fait avec Brendon ou Océane. Développant soudainement la même affection pour son père qu’elle en avait une pour son père. Découvrant une complicité naturelle qu’ils n’avaient pourtant jamais eut. Gretchen était une jeune femme qui s’adaptait rapidement à tout type de situation.
    « Non, mais j’apprends vite ! » Répondit-il en la suivant dans la petite cuisine rustique. Il contempla sa fille et eut un sourire amusé. « Tu détonnes un peu dans le décor. »
    « Le retro c’est hyper à la mode. »
    Elle désigna la cuisine. « Retro. » Puis sa tenue. « Moi. » Puis l’ensemble. « Egal fashion. »
    « Si tu le dis. »
    Se moqua t-il alors qu’elle ouvrait des placards pour en sortir des tasses et une veille cafetière à l’italienne.
    « C’est sa punition ? »
    « De quoi ? »
    Questionna t-il en préparant l’eau pour la verser dans la cafetière.
    « De la laisser seule avec Billy Lee et Francis. »
    « Qui ça ta mère ? »
    Il fronça les sourcils. « Il ya un risque ? »
    « Maman n’a jamais su faire de l’humour alors autant dire que pour elle ca risque d’être une sacrée torture de se retrouver seule avec eux. D’autant plus qu’elle n’a pas l’air très heureuse d’être ici. »
    « Elle s’y ferra. »
    Lança t-il en glissant dans chaque tasse un sucre.
    « Met en quatre dans celle de Brendon. »
    « Quatre ? »
    « Il boit son café noir d’habitude, mais tu ne connais pas encore le café de Francis. »
    « Y’a un risque ? »
    « Tu sais ce qu’on dit à propos de ce qui se passe si tu manges un mentos et que tu bois du coca ? »
    « Oui. »
    « Et bien avec le café de Francis pas besoin de cela pour obtenir la même réaction. »
    Hans marqua un temps d’arrêt.
    « Tu n’auras pas plutôt du thé ? » Gretchen éclata de rire en posant la cafetière sur le poêle.

    […]

    Il s’était laissé tomber dans la neige. Enfin il était assit sur une antique balançoire recouverte de neige, son pantalon de costume protégée par un pantalon de ski commençait doucement a devenir humide mais il s’en fichait, la tête entre les mains, le regard rivé vers le sol il tenait de faire le vide dans sa tête. Il y avait trop d’informations à digérer d’un coup. Il commençait à se noyer dans les incertitudes, son monde basculait de plus en plus souvent, à chaque fois qu’il croyait quelque chose pour acquis son monde était bouleversée. Il commençait à se demander si le monde ne tournait pas plus vite que ce qu’il pouvait assimiler. Lui le super génie était perdu lorsqu’il s’agissait de sentiments, de famille, de liens affectifs. Il avait besoin de se retrouver seul un instant, de faire le point, le tri dans ce qu’il ressentait, car il était incapable de savoir s’il était heureux ou en colère, désappointé ou surpris. Il devait faire le tri dans ses émotions mais il en était incapable, il y avait trop de pensées dans sa tête, trop de voix qui se disputaient son attention. Il se massa les tempêtes sentant une migraine familière pointer le bout de son nez. La dernière fois qu’il s’était retrouvé dans cet état il avait finit à l’hôpital après l’absorption massive de drogues. Mais la dernière fois il n’avait pas Océane Eono auprès de lui, cette brunette aux yeux verts charmeurs. Elle l’avait rejoint peu de temps après sa sortie fracassante de la maison, suivant ses empreintes dans la neige. Lorsqu’il entendait qu’il avait besoin d’être seul, il ne l’excluait pas, avec elle il était seul, ils ne faisaient qu’un, sa présence n’était pas un frein à sa réflexion, quand bien même c’était elle qui avait provoqué le trouble qui le rongeait. Car, il avait bien comprit qu’elle était la cause de l’arrivée de sa mère et de son père en plein Montana. Pourtant il ne lui en voulait pas, ce qui était en sommes bien étrange mais, lorsqu’il croisait ses yeux verts, ce regard doux et aimant il était incapable de lui en vouloir. C’était plus fort que lui, il ne pouvait pas rester en colère plus de cinq minutes lorsqu’elle le regardait ainsi.

    « Si tu veux me torturer, m’écarteler et me brûler vive je comprendrais. » Lâcha t-elle d’une voix douce en se balançant sur le siège à côté du sien.
    « Ne dit pas de bêtises, je te signale que quand tu te coupes en te rasant les jambes c’est moi qui ait mal… » Répondit-il en mettant en branle à son tour son « siège ». « Il n’y avait pas d’accident sur la route n’est ce pas ? Tu es allée chez moi. »
    « Tu le sais depuis longtemps n’est ce pas ? »
    « Je me doutais que tu faisais quelque chose dans le coin, j’avais appelé le service de la voirie pour savoir où en était la circulation… »
    « Et tu as su qu’il n’y avait aucun accident »
    « Tu ne sais pas mentir Eono, alors quand j’ai reçu ton texto plutôt que ton appel, j’ai su qu’il y avait quelque chose. »
    « Pourquoi tu ne m’as rien demandé ? »
    Demanda t-elle en attrapant les chaines de la balançoire de son amant pour stopper sa course et le regarder dans les yeux
    « Parce que j’ai confiance en toi, et que je sais que tu finis toujours par avoué quand tu te sens prête. » Répondit-il en passant sa main sur la nuque de sa compagne, il trouva le « point central » de la coiffure de sa compagne et le défit pour laisser cascader ses cheveux le long de ses épaules.
    « Tu m’en veux ? » Demanda t-elle d’une petite voix en changeant de balançoire pour venir s’asseoir à califourchon sur son amant, son visage à quelques centimètres du siens.
    « Je suis incapable de t’en vouloir… Même si j’aurais préféré être au courant qu’ils risquaient de débarquer. »
    « Je ne pensais pas qu’ils viendraient, je ne voulais rien te dire pour que tu ne sois pas déçu. »
    « Mais si tu m’en avais parlé, tu aurais su que le matin de notre départ j’avais appelé chez moi, après n’avoir cessé de les appelés durant ma cure sans succès, pour leur annoncer que j’abandonnais, que je ne désirais pas les connaître… »
    « Tu les a appelé durant ta cure ? »
    Elle semblait interdite soudainement.
    « Oui. »
    « Et ils n’ont pas répondu ? »
    Choquée aurait été plus approprié.
    « Non »
    « Tu es sur que ce sont tes parents ? Parce que là je ne suis pas du tout sur que tu sois leurs fils, tu es beaucoup trop intelligent pour qu’ils soient tes parents. »
    Il éclata de rire et l’embrassa doucement dans le cou.
    « Tout est tellement plus facile lorsque tu es là… » Soupira t-il en nichant son visage contre sa gorge.
    « Que veux-tu dire ? »
    « Je ne penses qu’à toi lorsque tu es là, toutes les pensées parasites disparaissent, c’est tellement plus facile de penser au reste lorsque ta voix apaise tout le reste. »
    « Je n’avais pourtant pas l’impression d’avoir un aspect apaisant tout à l’heure dans ta grotte amour de moi. »
    « C’est parce que tu es une allumeuse. »
    Répliqua t-il en l’embrassant dans le cou.
    « Une allumeuse ? Moi ? » Voix innocente et rassurée, elle était heureuse de voir qu’il n’était pas en colère contre elle qu’il ne lui en voulait pas.
    « Oui. »
    « Je ne vois pas du tout de quoi tu parles. »
    Répondit-elle en riant.
    « Tu es sure que l’on a les mêmes souvenirs de ce qui s’est passé dans cette grotte. »
    « Je ne sais pas… Tu te souviens de quoi ? »

    […]

    Son blouson était tombé en un bruit sourd sur le sol de pierre, il était lourd de neige et déjà au contact de l’air chaud de la cavité la neige commençait doucement à fondre, mais Brendon ne contemplait la fonte des cristaux de glaces sur son anorak non, il n’avait dieu que pour cette sylphide qui s’amusait à le provoquer en ondulant des hanches tout en s’effeuillant. Quiconque avait côtoyé Océane Eono de près ou de loin était loin de s’imaginer quelle femme elle pouvait être dans l’intimité d’une pièce, ou en l’occurrence dans l’intimité d’une grotte. Provocatrice, sensuelle, il aimait à croire qu’elle n’avait été ainsi qu’avec lui. Qu’il était le seul à avoir eut la chance de goûter à cette part d’elle-même. Il la contemplait, incapable de ne pas la fixer alors qu’elle déboutonnait le jean qu’elle portait par-dessus sa robe, faisant lentement glisser la toile de coton le long de ses jambes fines et galbée, encore légèrement halées par le soleil de l’été précédent. Elle ne le quittait pas des yeux se mordant la lèvre alors qu’elle laissait son jean glisser au sol. Elle souriait de la déconfiture de son amant qui la dévorait littéralement des yeux complètement envouté par les mouvements de son corps. Ses doigts crochetèrent le bas de sa robe et elle lui lança une œillade mutine.

    « Tu traines amour de moi ? Le bain va refroidir… » Lança t-elle mutine en effleurant sa clavicule du bout de ses doigts blancs.
    « Tu es diabolique… » Lança t-il ôtant sa chemise en quelques secondes.
    « Tu devrais penser à te reconvertir. » Répliqua t-elle en glissant un pied dans l’eau, uniquement vêtue de ses sous-vêtements.
    « En quoi ? » Demanda t-il en s’approchant du bassin encore vêtu de son pantalon de smoking alors qu’Océane avait déjà de l’eau jusqu’à la taille.
    « En stripteaseur, je n’ai jamais vu un homme enlever si rapidement ses vêtements. » Plaisanta t-elle en faisant glisser une brettelles de son soutien gorge le long de son épaule.
    « J’ai une bonne motivation. » Répondit-il en quittant rapidement son pantalon avant de se glisser dans l’eau à son tour. « Et en parlant d’homme que tu as vu se déshabiller… Il y a plutôt intérêt que je sois le dernier. »
    « Toujours aussi jaloux ? »
    Elle glissa la deuxième brettelle le long de son bras alors qu’il n’était plus qu’a quelques mètres d’elle dans le bassin.
    « Non mais si tu dois m’épouser, et tu le dois, tu as plutôt intérêt à ne pas te déshabiller devant quelqu’un d’autre. » Il était si proche d’elle qu’en tendant le bras il aurait pu la toucher, elle ploya la nuque vers l’arrière et se mit à rire.
    « Merci amour de moi, grâce à toi ta sœur n’aurait même plus le droit de m’approcher avec un quelconque vêtement ! Que Dieu te bénisses ! » Elle s’approcha en passant ses bras dans son dos, dégrafant son soutient gorge, elle jeta le bout de tissu au loin. Brendon eut soudainement du mal à déglutir alors qu’Océane se laissait « glisser » dans l’eau, jusqu'à ce qu’elle lui arrive aux épaules.
    « C’est toujours un plaisir Madame Driesen. » Murmura t-il alors qu’elle enserrait la taille de son âme sœur de ses jambes, pressant ses hanches contre les siennes, les rapprochant l’un de l’autre.
    « Je n’ai pas dit oui… Et tu n’as pas redemandé. » Marmonna t-elle alors qu’il parcourait de sa bouche sa gorge nue. Brendon l’écoutait à moitié, le sang battait follement dans ses veines tandis que leurs corps se rapprochaient l’un de l’autre, l’eau était plus froide au centre du bassin mais le sang bouillonnait dans ses veines, il l’embrassa doucement alors que ses seins se pressaient contre sa poitrine, elle cambra le dos pour avoir accès à sa bouche. Il reprit ses baisers dans son cou, déposant ses lèvres sur chaque centimètres carrées de sa peau, accélérant leurs respirations alors qu’il s’enivrait de son parfum et qu’elle profitait de cette bouche qui enflammait sa peau et ses sens. Les mains de Brendon trouvèrent tout naturellement le chemin de sa chute de rein, puis remontèrent très lentement le long de son dos. Ses mains passèrent sur ses hanches puis glissèrent le long de ses cuisses dessinant des arabesques compliquées sur sa peau. Le corps d’Océane s’étira contre le sien tandis qu’elle passait ses bras autour de son cou, perdant ses doigts dans ses cheveux.
    « Allumeuse… » Murmura t-il sensuellement à son oreille en mordillant la peau qu’il savait sensible. Ses mains quittèrent les hanches, effleurant ses flancs pour venir caresser la naissance de ses seins. Il s’abandonnait doucement à la volupté qui le gagnait par vague alors que leurs corps se pressaient plus étroitement l’un contre l’autre.
    « Ce n’est pas de ma faute si tu es incapable de te tenir… » Répliqua t-elle en le poussant vers la paroi au fond du bassin. Doucement il inversa leur position pour venir la plaqué contre le mur naturellement lisse.
    « Avoue, tu avais une certaine idée en tête lorsque tu m’as amenés ici… » Souffla t-il en parcourant son ventre de sa bouche. Elle se tendit sous la caresse, haletant légèrement au passage de ses lèvres. « Avoue. » Souffla t-il en descendant plus bas encore, jusqu’à ce que l’eau gêne sa progression contre le corps de son aimée.
    « Il faudrait bien plus que cela pour me faire dire ce que tu souhaites entendre. » Souffla t-elle alors qu’il ramenait son visage à hauteur du sien.
    « C’est un défi ? » Demanda t-il en ancrant son regard dans le sien.
    « Wanna play ? » Souffla t-elle en réponse avant de l’embrasser ses cuisses entourant plus étroitement les siennes, emboitant leur corps l’un contre l’autre, répondant à l’appel de son compagnon avec une justesse incroyable. Les bras de Brendon se refermèrent sur elle, l’approchant plus encore de lui. Ensemble. Uni. Seuls. Un.

    […]

    « Tu es le mal incarné. » Souffla t-il en s’allongeant contre elle sur une pierre plate chauffée par la vapeur s’élevant du bassin. Elle se mit à rire et caressa la poitrine de son amant du bout de ses doigts.
    « Tu n’est pas mal non plus. » Se moqua t-elle en lui volant un baiser avant de s’étendre sur le dos, sa nuque appuyée contre l’épaule de son amant. Ses cheveux chatouillaient la clavicule du jeune homme qui jouait avec leurs mains unies l’une contre l’autre.
    « Eono… » Il avait murmuré son prénom. « Faut que je te dise quelque chose. »
    « Te fatigues pas, je sais que tu t’es ligué avec Francis pour que son comportement me force à te violer à un moment ou a un autre. »
    Plaisanta t-elle alors qu’il caressait doucement sa main. Ils étaient étendus, nus, sur cette pierre, laissant doucement leurs corps séchés naturellement.
    « Je ne parle pas de quelque chose en rapport avec ce viol. » Répliqua t-il en mordillant un de ses doigts.
    « Ah parce que c’est un viol maintenant ? » Demanda t-elle en riant.
    « Comment appellerais-tu cela ? » Demanda t-il intéresser soudainement par ce pan de la conversation.
    « Je ne sais pas… Mais il me semblait qu’un viol impliquait, juridiquement, que la personne ne soit pas consentante. »
    « Depuis quand tu fais du droit ? »
    « Depuis que tu m’as forcés à me gaver de série lors de ton petit séjour à l’hosto, je suis devenue incollable sur New York Unité Spéciale ! »
    « Olivia Bennet sort de ce corps ! »
    Parodia t-il en formant une croix avec leurs doigts.
    « Il n’y a pas eut de viol donc. Une femme ne peut pas violer un homme. »
    « On parie ? »
    « Quoi tu veux que j’essaye de te violer ? Il ne me faudra pas cinq minutes pour que tu sois consentant ! »
    « Pari tenu ! »
    Lança t-il en souriant avant de plonger dans le bassin.

    […]

    « Oui. »
    « Allumeuse. »
    « Brendon ? »
    « Quoi ? »
    « Tu noie le poisson là. Il va bien falloir que l’on rentre. On ne peux pas passer la nuit dehors. »
    Soupira t-elle se blottissant contre lui afin de partager sa chaleur. Il était la bouillotte de leur couple. Celui qui était toujours chaud, sans mauvais jeux de mots.
    « Umh. » Grogna t-il sans réel conviction.
    « Soit gentil, ils ont fait tout ces kilomètres pour vous voir. » Tenta t-elle en cajolant sa mâchoire de ses lèvres tâchant de le convaincre de rentrer.
    « C’est déloyal. » Soupira t-il finalement en se redressant, la jeune femme dans les bras. « Très bien, on rentre mais ne t’attends pas à ce que je sois quelqu’un d’autre. »
    « Brendon. »
    Elle avait emprisonnée son visage entre ses mains. « Je n’ai toujours vu que toi, et pas une façade, alors je ne verrais que toi aujourd’hui, ca ne changera pas. »

    […]

    « Brendon. » A peine avaient-ils surgit dans l’entrée que Gretchen déboulait de la cuisine pour venir se serrer contre lui. Il était rare que de pareils débordements d’affections se manifeste dans la fratrie, eux qui avaient été élevés selon le code de conduite très strict de l’aristocratie allemande. Bon il était vrai qu’ils dépassaient tout le deux du moule dans lequel leur mère avait tenté de les faire rentrer, mais il ‘était tout de même rare qu’ils se laissent aller à de pareils effusions en public. Brendon la serra tout de même contre lui, lâchant la taille d’Océane qu’il emprisonnait depuis qu’ils avaient quittés la balançoire, pour retrouver son équilibre. « Ca va ? » Demanda t-elle d’une petite voix en levant des yeux d’enfants prit en faute vers son frère. Elle redoutait qu’il lui en veuille d’avoir aidée Océane dans son plan pour que son amant passe Noël avec les siens.
    « Je ne suis pas fâché Gretchen » Répondit-il à sa question muette. « Merci. » Il effleura ses cheveux d’un baiser. « Petite sœur. »
    « Je suis pas petite. »
    Râla la concernée plus pour la forme que par réel mécontentement. « Tu veux… boire un café ? » Demanda t-elle en sentant les mains glacées de son frère la repoussée doucement pour retrouver sa stabilité.
    « C’est un message subliminal pour me dire que je suis la réincarnation d’un iceberg ? » Se moqua t-il en récupérant la main d’Océane à tâtons.
    « Je n’osais pas le dire. » Répliqua cette dernière en crochetant cette main qui la cherchait.
    « Papa et Maman sont dans le salon avec Billy et Francis. » Les informa t-elle.
    « Alors il serait charitable de leur porter secours… peut être ? » Une interrogation destinée à Brendon qui se contenta d’un sourire comme réponse. « Allons-y. »
    « Attend ! »
    Gretchen se tapa le front de la paume de la main. « J’ai faillis oublier de vous donnez ça ! » Elle fouilla dans la poche de la légère veste en laine qu’elle avait passée par-dessus sa robe et en ressortie deux anneaux brillants. « Maman se pose des questions » Fourni-elle comme réponse devant leur regard intrigué.
    « Mais Francis et Billy.. »
    « Sont au parfum… »
    Termina Brendon en passant son alliance fictive à son annulaire. Le regard étonné d’Océane se leva aussitôt vers son mètre quatre vingt trois. « Nous mentons très mal. » Expliqua t-il en passant à la jeune femme son alliance.
    « Tu t’entraines pour quand elle acceptera enfin de t’épouser ? » Se moqua Gretchen.
    « La ferme Driesen, et avance ! » Lança simultanément le couple en la poussant vers la porte du salon.

    […]

    Brendon n’arrivait pas à dormir, les yeux fixés sur le plafond de la chambre qu’il partageait avec Océane, il réfléchissait à tout ce qui était arrivé cette nuit. Au miracle de Noël. Il n’y avait jamais cru et pourtant, voila que le Père Noël, qui pour l’occasion s’était transformée en petite brune à la poitrine menue et au sourire canaille, avait réalisé un de ses désirs secrets. Être réunit en famille pour les fêtes. Pourtant, il n’était pas heureux, enfin pas totalement. Il avait le désagréable sentiment que quelque chose allait arriver, quelque chose se tramait, il le lisait dans le regard de sa mère lorsqu’elle posait ses grands yeux bleus glaciales sur lui et sur Océane. Il sentait que si les intentions de son père étaient honorables il n’en était pas de même pour sa mère. La respiration calme et régulière d’Océane berçait le cheminement de ses pensées. Il se leva doucement pour ne pas la réveiller, il savait que le moindre faux mouvement la réveillerait aussitôt, elle était comme connecté à chacun de ses mouvements, doucement il glissa sur le côté du lit et se mit debout, glissant un regard vers elle il constata qu’elle dormait toujours, ses bras serrées autour du coussin dont Brendon se servait la nuit. Un sourire attendrit effleura ses lèvres à cette charmante vision. Il remonta doucement la couverture sur les épaules nues de sa compagne avant de quitter silencieusement la chambre. Il traversa tout l’étage sur la pointe des pieds, évitant les lattes du plancher qu’il savait grinçantes. Dans l’entrée il chercha dans les poches de sa parka son paquet de cigarette et le briquet en argent qu’il tenait de son père. Comme bien souvent il ressentait ce besoin pressant de nicotine. Ce vice le perdrait, il le savait, pourtant il était incapable d’y mettre fin et il commençait à déteindre sur sa sœur depuis « l’accident ». Il soupira en constatant que son paquet plein en début de soirée était presque vide, les deux femmes de sa vie commençaient à lui coûter cher. S’enroulant dans la couverture qui trainait sur le canapé il glissa une cigarette entre ses lèvres avant de sortir sur le perron. Il actionna le briquet mais rien ne se produisit, refermant le clapet il tenta à nouveau de produire une flamme mais sans succès. Il lâcha un grognement frustré et agita le briquet bien que conscient que cette action était inutile. Une flamme se matérialisa alors sous le bout de sa cigarette. Surprit, il alluma le cône avant de pivoté de côté pour découvrir son père à ses côtés, cigare éteint aux lèvres.

    « Je croyais que tu avais arrêté » Se fut tout ce qu’il avait trouvé à dire sur le coup. Il était mal à l’aise depuis qu’ils les avaient découverts dans le salon des Eono un peu plus tôt.
    « Je croyais que tu dormais. » Répliqua son père en souriant avant d’allumer son propre vice. « Ne le dit pas à ta mère. » Lâcha t-il cependant après avoir expiré une première bouffée de cigare. « Tu n’arrives pas à dormir ? » Brendon hocha la tête en inhalant doucement un peu de sa cigarette, enveloppé dans sa couverture il était protégé du froid mordant.
    « Et toi ? »
    « Le décalage horaire fait ronfler ta mère, impossible de fermer l’œil à côté de ce sonneur. »
    Brendon eut un léger rire et s’assit sur la rambarde de la terrasse.
    « Elle était sincère tout à l’heure ? Elle essaye vraiment de changer ? » Demanda t-il finalement en le dévisageant.
    « J’espère. » Hans dont les traits étaient les mêmes que ceux de son fils eut cet étrange sourire en coin que Brendon réservait d’ordinaire à Océane. « Ta femme t’as t-elle dit ce dont elles avaient parlés lorsqu’elles étaient en train de préparées la chambre ? »
    « Non mais j’aimerais bien le savoir. »
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Océane J. Eono
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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Vide
MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyDim 18 Avr - 16:21

    « Merci. » Murmura-t-elle, un peu ailleurs, en réceptionnant la tasse de café chaud qu’on lui tendait. « Merci beaucoup. » Répéta-t-elle plus reconnaissante, cette fois, après avoir relevé l’identité de la personne qui la servait. Elle était tellement focalisée sur les faits et gestes de Brendon, qu’elle n’avait pas noté que c’était son père qui venait de lui porter le breuvage revigorant. Elle avait conservé une distance de sécurité, comme si elle s’interdisait de s’interposer entre la Reine Mère et son fils. Il y avait certains moments dans l’existence, certaines épreuves qu’il devait affronter seul. Elle ne souhaitait pas qu’il se sente assisté, étouffé. Elle était sa femme – ou tout du moins se qui s’en rapprochait le plus – mais elle n’était pas sa mère, elle ne souhaitait pas l’être. Elle ne voulait pas parler à sa place, ni montrer les crocs à sa place. Il n’avait déjà que trop interféré dans cette situation. Il avait le rôle principal, elle n’était qu’un personnage secondaire, celui qui reste en arrière plan et qui souffre en silence. Elle ne souffrait pas de ne pas être sous le feu des projecteurs, les sunlights ne l’avaient jamais intéressés, bien au contraire, non ce qui la faisait souffrir c’était de le voir ainsi exposé, comme un soldat allant direct au front, sautant de sa tranchée pour courir droit vers l’ennemi. L’ennemi, ici, c’était sa mère, cette femme qu’elle avait elle-même fait entrer dans sa maison, qu’elle avait autorisé à s’asseoir sur ce fauteuil, et qui pourtant, au travers de son regard d’un bleu profond, menaçait de briser l’harmonie qu’Océane avait eu bien du mal à recréer. Elle n’était pas dupe, elle lisait en elle. Son petit discours récité à leur arrivée ne l’avait absolument pas convaincue. Il y avait quelque chose dans cette femme qui sonnait faux. Non pas quelque chose, en fait, c’était tout qui sonnait faux ! L’entièreté de sa personne était fictive, comme sa coloration, un roux trop roux pour être naturelle, son front sans rides et sans expressions figé au botox, sa manucure dite « française » effectuée par une petite asiatique, et cette taille si fine qu’elle devait s’astreindre à un régime depuis sa puberté. Tout était faux, son apparence, son discours, son sourire.
    « Tu as meilleure mine que la dernière fois. » Jetait-elle avec nonchalance, tout en jouant de sa cuillère dans la tasse en vieille porcelaine fendillée. Une tête à claques, voilà ce que pensa Océane en levant les yeux au ciel. Il n’y avait qu’une tête à claques pour oser s’adresser à lui sans un soupçon de culpabilité, comme si de rien était. Elle était entrain de taper rageusement sa cuillère contre la porcelaine de sa propre tasse, lorsqu’une main s’abattit sur son épaule et l’obligea au calme. En relevant le nez, elle remarqua, qu’une nouvelle fois, il s’agissait de Driesen père. Il souriait, comme pour lui dire que tout irait bien, et brusquement elle eut envie de lui faire confiance. Ce fut avec sérénité qu’elle reposa son regard sur le duo que formait la mère et le fils, installés l’un en face de l’autre dans le salon.
    « Tu veux dire meilleure mine qu’en sortant du coma, réveillé en sursaut par ma mère arrachant de mes bras ma femme ? » Répondait Brendon depuis le fauteuil dans lequel il avait prit place.
    « Je t’ai déjà présenté des excuses pour cela, il me semble. » Enchaînait-elle depuis le fauteuil en face de celui de son fils, sur ce ton doucereux qui donnait le haut-le-cœur à Océane. Pendant ce temps, Billy, Francis et Gretchen se croyaient à Wimbledon, tournant la tête d’un côté puis de l’autre en fonction du Driesen ayant la parole, tous les trois sagement alignés sur le canapé situé entre les deux fauteuils. Enfin Gretchen et Francis, puisque Billy s’était contenté de ranger son engin à roulettes, en s’alignant sur les deux autres. Et étrangement, tous gardait le silence, comme suspendu aux lèvres de ces deux bombes à retardement. Gretchen était inquiète, Francis vigilant, Océane sur les nerfs, Driesen père confiant et Billy amusé. Il y en avait pour tous les goûts.
    « Il faudra plus que de vagues excuses. » Reprenait Brendon en sondant sa mère des yeux. Il n’avait pas confiance non plus, remarqua Océane. Ce simple constat la rassurait sans commune mesure. Elle n’aurait supporté d’avoir laissé entrer le loup dans la bergerie, d’avoir exposé son homme si fragile émotionnellement à un nouveau rejet, un nouveau coup dur, une nouvelle déception de la part de sa famille. Mais il ne semblait pas si naïf, il n’était pas prêt à tout croire ni à tout avaler, il allait demander des preuves.
    « Je saurais faire preuve de patience. » Répondait la mondaine sans se démonter, avant de reposer la cuillère sur la sous-tasse, puis de jeter un coup d’œil à son hôte. « Auriez-vous l’obligeance de m’offrir un peu de lait ? » Elle s’était tournée de trois-quart, glissant ses jambes l’une contre l’autre, reposant ses mains jointes sur ses genoux à peine découvert par le tissu de sa jupe très Jackie O.
    « Auriez-vous l’obligeance… ? » Répéta à voix basse Billy, singeant le langage soutenu de la quadra livrée avec un balai dans le cul.
    « Du lait ? » L’interrogea Francis avec surprise. Pourquoi réclamer du lait alors qu’elle n’avait même pas encore touché à son café ? Elle voulait prendre son petit-déjeuner à cette heure-là ?
    « En effet, du lait. » Répéta-t-elle un sourire aimable aux lèvres. « Un nuage de lait pour être plus précise… pour mon café… » Insista-t-elle en lisant la surprise sur le visage du vieil homme.
    « Du lait ? Dans l’café ? » S’étonna Billy. « Un bon café comme ça ? C’t’y pas un sacrilège, ça ? » Poursuivit-il, plus pour lui-même que pour un quelconque interlocuteur, en s’enfilant son propre café d’une seule et unique rasade.
    « Biensûr. » Répondit Francis, plus mesuré que son ami, mais pas moins surprit. « Vous pouvez avoir l’obligeance de prendre du lait. » Répéta-t-il en constatant que la rouquine ne bougeait pas. Peut être qu’il fallait qu’il lui parle dans sa langue bizarre. Le ricanement d’Océane, dans son dos, toujours installée sur le banc de la salle à manger l’informa qu’il avait tout faux dans l’utilisation des mots. « Prenez don’ du lait si vous voulez, qu’est-ce voulez qu’j’vous dise. Faite comme chez vous, hein. » Se rembrunit-il, piqué au vif par les moqueries de sa gamine.
    « Oh. » se contenta de répondre la quadra, en se levant. Chez elle, elle n’aurait pas eut à aller se servir seule, mais soit. Après avoir lissé les plis imaginaires de son tailleur hors de prix, elle se dirigea vers la cuisine, passant devant Océane sans même lui jeter un regard. La version allemande de Bree s’immobilisa devant la porte du frigo, mais avant qu’elle n’ait eu le temps de l’ouvrir, la voix d’Océane perça le silence qui s’était installé depuis quelques secondes.
    « C’est pas là. » Annonça-t-elle doucement, sans animosité aucune dans la voix. Elle prenait sur elle, offrait le bénéfice du doute à cette femme qui avait le mérite de lui avoir offert un être exceptionnel et complémentaire. En quelque sorte, elle lui était au moins redevable de ça.
    « Pour où est-ce, dans ce cas ? » Demanda Eleanor en se composant un sourire avenant avant de se tourner vers sa bru, les mains toujours jointes dans une attitude d’innocence personnifiée.
    « En descendant du perron, vous prenez à droite, vous continuez sur cent mètres, puis vous tournez de nouveau à droite. Encore cent mètres… » Enumérait-elle avec patience et une timidité feinte. Elle prenait même le temps de lever les yeux en fixant le vide comme si elle cherchait réellement à se remémorer le trajet. « … et là vous trouverez la grange. Je vous conseille Peggy Sue. »
    « Peggy Sue ? » Demanda la quadra en se tournant vers Francis, l’interrogeant du regard puisque, visiblement, Océane avait perdu la raison.
    « C’est le nom d’une vache. » L’informa-t-il en hochant la tête comme pour confirmer les dires de sa petite fille.
    « … Oui, Peggy Sue est la plus docile, elle acceptera mieux la traite. Les autres n’aiment pas être dérangées en pleine nuit. Peggy est vieille, elle se laissera faire… » Poursuivait Océane, comme si de rien était.
    « La traite ?! » S’exclamait Eleanor en perdant de sa superbe.
    « Bah oui ! Vous croyez quoi, ma bonne dame ? Qu’le lait ça pousse en bouteille ? » Billy.
    « … Ou alors Lila-Rose, elle est calme aussi… » Océane.
    « C’est sûr, vous pouvez pas avoir d’vache chez vous à New-York, ça f’rait désordre dans l’salon, mais les vrais gens… » Francis.
    « … Mais pas Lily-Blue ! Surtout pas ! Donc prenez la vache la plus à gauche en rentrant dans la grange… » Continuait Océane sans se lasser, gardant son sérieux et sa feinte timidité, comme une gentille belle-fille soumise et un peu idiote, inconsciente du malaise de sa belle-mère, alors qu’intérieurement elle jubilait.
    « Très bien ! » Coupa Eleanor en élevant un peu la voix, ce qui eut pour effet de faire taire tout le monde. « Je… je… » Fermant les yeux, elle passa une main légèrement tremblante sur ses sourcils, preuve s’il en est, qu’elle n’avait pas une parfaite maitrise de ses nerfs, mais qu’elle tentait de garder son sang-froid. « Je me sens quelque peu amoindrie par le voyage. » reprit-elle en rouvrant les yeux, son sourire ayant reprit place sur ses lèvres rouges carmin. « Auriez-vous l’obligeance… je veux dire la gentillesse, auriez-vous la gentillesse de m’indiquer ma chambre ? »
    « Evidemment ! »
    Répondit Francis avec entrain. « En haut des escaliers, première porte à gauche. » Eleanor paru, une fois de plus surprise, mais chassa l’expression plus rapidement de son visage. Elle semblait s’habituer. Saluant tout le monde d’un gracieux mouvement de menton, elle s’empressa de monter à l’étage, et quand elle eut totalement disparu, Francis se retourna vers sa petite fille. « Tu es consciente qu’y’avait encore du lait dans l’frigo, Lutin, pas vrai ? » Demanda-t-il en fronçant les sourcils.
    « Ha bon ? » S’étonna Océane, sur-jouant la surprise en plaquant une main sur ses lèvres. « Maudit soit ma mauvaise mémoire ! » Ajouta-t-elle en plaquant ses poings contre ses hanches comme une mauvaise actrice de série B. Francis se contenta de lever les yeux au ciel en secouant la tête avec désolation. Il ne pouvait pas lui en vouloir, mais tout de même, ce n’était pas des façons de se comporter avec ses invités.
    « Va don’ aider m’dame Driesen à faire la chambre. » La punit-il.
    « Faire la chambre ? » S’étrangla Driesen père, manquant recracher son café avant d’afficher un sourire amusé. Décidemment, Eleanor allait adorer son séjour à la campagne.
    « Hop ! Hop ! Hop ! Où tu vas, gamin ? » Reprit Francis en interceptant Brendon au vol.
    « Aider. » Répondit Brendon avec surprise, tout en désignant l’étage supérieur avec surprise.
    « Tu bouges pas d’ici. Laisse les femmes faire. » Brendon jeta un regard désolé à sa compagne, qui s’était immobilisée dans les escaliers, puis se laissa retomber dans le fauteuil club, laissant Océane disparaître à l’étage supérieur après avoir fait glisser son pouce le long de sa gorge, menaçant, clairement, son amoureux, de mort.

[…]
    En silence, Océane s’évertuait de faire entrer l’oreiller dans la taie d’oreiller. Elle n’avait pas prononcé un mot depuis son entrée dans la chambre, à part un « laissez-moi vous aider » qu’elle avait glissé de manière aimable et courtoise. Mais depuis, elle n’avait descellé les lèvres. Elle s’occupait de récupérer les draps dans les armoires et de les disposer sur le lit de manière à ce qu’Eleanor n’ait même pas besoin de les lui demander. Mais cette dernière ne s’épuisait pas vraiment à la tâche, voilà plus de dix minutes qu’elle s’occupait du même oreiller, le secouant doucement pour le faire entrer dans la taie, alors qu’Océane avait eu le temps de mettre le drap housse, disposer draps et couverture, traversin, sortir le plaid, avant de venir s’occuper du deuxième oreiller. La jeune femme n’avait même pas râlé, elle faisait preuve d’une amabilité à toute épreuve, comme si elle était sincèrement impressionnée par cette femme et qu’elle n’avait d’autre souhait que de lui plaire, être appréciée par elle afin qu’elle l’accepte. Si c’était bien l’impression qu’elle cherchait à donner, ce n’était absolument pas le cas au plus profond d’elle. Océane n’était pas en position de faiblesse vis-à-vis de la quadra, elle était en position de force. Ne souhaitant pas entamer les hostilités, elle préférait laisser croire à Eleanor qu’elle maîtrisait les choses. Se faire passer pour une parfaite idiote avait toujours été un système de défense très efficace pour Océane. On avait pas peur des idiotes, on ne craignait pas les idiotes, on ne les respectait pas, mais on ne les emmerdait pas non plus. C’est tout ce qu’elle souhaitait, qu’on ne l’emmerde pas. Surtout pas.
    « Vous êtes fière de vous ? » Eleanor venait de briser le silence. Sans regarder sa bru, elle venait de poser sa question en même temps que l’oreiller qu’elle tapotait contre le traversin.
    « A quel propos ? » Interrogea Océane dans un sourire. Elle se doutait bien que la question lancée par la reine des glaces n’était pas sans arrière-pensée, qu’il ne s’agissait pas de l’amorce d’une conversation courtoise, mais elle jouait le jeu.
    « Nous réunir pour Noël. Il s’agit là d’un exploit. » Aimable et mielleuse. Un peu trop aimable, beaucoup trop mielleuse pour être honnête.
    « Je n’y suis pour rien. Je suppose que si vous êtes là c’est suite aux coups de fil de votre fils ? » Répondit-elle en jetant l’oreiller sur le matelas, avant de s’emparer des draps pour les recouvrir. « J’ose espérer que dans la balance de votre décision, la détresse de votre fils a eut plus de poids que la lettre d’une illustre inconnue. » Calme, Océane ne quittait pas son sourire empreint d’une fausse timidité.
    « Ah ! Vous reconnaissez sa détresse. Il a donc besoin de sa famille. » Triompha la quadra sans que le ton de sa voix ne s’en ressente.
    « Je n’ai jamais prétendu le contraire. Il va de soi qu’il a besoin de vous, de votre reconnaissance et de votre amour. Et je suis bien placée pour le savoir. » Rebattant le drap sur la couverture, Océane en lissa le tissu en offrant un sourire à sa pseudo belle-mère.
    « Vous parlez bien. » Trancha la rouquine à brûle pourpoint. « On sent la maturité dans votre discours. Vous avez quel âge, rappelez-moi ? » Vraiment trop aimable.
    « 22 ans. » Répondit-elle en serrant les dents, tentant de garder son self-control alors qu’elle percevait très bien où elle souhaitait en venir.
    « Vous êtes donc majeure. » Sembla réfléchir Eleanor en se caressant le menton. Quelqu’un lui avait-il déjà dit qu’elle jouait très mal la comédie.
    « En effet. » Consentit Océane en s’attardant un peu plus que nécessaire sur les pans de la couverture qu’elle glissait sous le matelas.
    « Ce qui n’est pas le cas de mon fils. Je me demande depuis quand les mineurs sont autorisés à se marier sans l’autorisation de leurs parents ? » Rien dans sa voix ne témoignait d’une menace quelconque, mais elle était effective. Elle menaçait indirectement Océane, soit elle avait compris qu’il n’y avait jamais eu de mariage, soit elle le considérait comme caduque. Elle s’attendait probablement à ce qu’Océane bégaye, rougisse, se montre nerveuse, mais la jeune femme avait décidé de mettre fin à son rôle d’idiote. Maintenant elle savait ce qu’elle voulait savoir, non Eleanor n’était pas ici avec le cœur pur, elle avait une idée en tête.
    « Depuis 1836. » Répondit-elle sans une once d’animosité.
    « Pardon ? » Balbutia l’autre en lui jetant un regard surpris.
    « Les mineurs peuvent se marier sans autorisation parentale depuis 1836. » Répéta Océane avec patience. « Avant ça, les parents devaient donner leur consentement qu’importe l’âge des futurs mariés. Maintenant on peut se marier à partir de 16 ans sans avoir de compte à rendre à ses parents. Sauf dans le Mississippi où il faut attendre 21 ans, mais comme aucun de nous ne vit dans le Mississippi. Vous saviez qu’en Californie on peut se marier à partir de 14 ans sans demander leur avis aux parents ? La Californie, vous savez, l’état dans lequel Brendon et moi vivons ? » Elle tapota une nouvelle fois l’oreiller, puis observa, satisfaite, le lit en poursuivant. « Ceci dit, dans le Montana, on fonctionne toujours selon la Commun-law. »
    « C'est-à-dire ? » Demanda Eleanor qui perdait de sa superbe à mesure qu’Océane avançait dans son monologue.
    « La commun-law ? C’est la plus vieille loi sur le mariage. Il suffit de vivre ensemble pour porter le même nom. » La jeune femme reporta son regard tout sauf idiot, tout sauf soumis, mais quelque peu menaçant. « Avec où sans certificat de mariage, je m’appelle Driesen depuis que votre fils partage mon lit sous ce toit. »
    « Vous !! »
    S’emporta la quadra, ses joues se rapprochant de la couleur de ses cheveux.
    « C’est la loi. » Enchaîna la jeune femme comme imperméable à l’emportement de sa belle-mère. « Pourquoi croyez-vous que mon grand-père soit si vieux jeu, et qu’il demande à ce qu’on passe devant monsieur le curé avant de partager un lit ? Parce qu’aux yeux de la loi, nous sommes mariés après ça, alors autant l’être aux yeux du Seigneur également. » Elle se contenta d’hausser les épaules, comme s’il s’agissait-là d’une information quelconque au tournant d’une conversation banale, puis retourna à son inventaire de l’armoire, voir s’il y avait autre chose qui pourrait être utile dans cette chambre.
    « Je ne vous laisserais pas faire ! » Scanda l’allemande hors d’elle.
    « Faire quoi ? Vous avez peur d’avoir trop chaud ? » Demanda Océane, ingénue, une nouvelle couverture entre les mains.
    « Klaus est mineur ! Vous êtes majeure, il y a détournement ! » Cracha-t-elle en tentant, sans y parvenir, de se modérer.
    « C’est Brendon, déjà. Et pour un détournement de mineur, il faut oublier la majorité légale pour évoquer la majorité sexuelle qui est de 18 ans pour la Californie, 17 ans pour New-York et 16 ans pour le Montana. Votre fils avait 18 ans et j’en avais 20. Un oreiller supplémentaire ? »
    « Comment osez-vous ? »
    « Bon, pas d’oreiller, si je comprends bien. »
    Une petite moue aux lèvres, Océane rangea l’oreiller qu’elle venait de sortir, puis referma les portes de l’armoire.
    « Cessez votre comédie de la pauvre idiote avec moi ! Ca marche peut être avec Hans, mais pas avec moi, je vois clair dans votre jeu ! » Répondit la mégère en la foudroyant de son regard bleu acier. « Qu’est-ce que vous voulez ? De l’argent ? »
    « De l’argent ? Qu’est-ce que vous voulez que je fasse de votre argent ? M’offrir un poney ? »
    Océane avait perdu son contrôle et riait. Oui, elle riait. Ce n’était probablement pas la réaction qu’avait attendu Eleanor, ni même ce qu’Océane pensait faire, même probablement était-ce les nerfs. « Ce que je veux, je l’ai déjà. J’ai tout pour être heureuse, Madame Driesen, et croyez bien que je ne laisserais personne menacer ça. » Les deux mains appuyées sur le matelas, elle avait avancé son buste en direction de l’abominable belle-mère.
    « Tout le monde a un prix ! » Siffla la perfide, les bras croisés contre sa poitrine, un léger sourire aux lèvres.
    « Dans votre monde peut-être… Pas dans le mien. » La brune se redressa et tourna le dos à la reine de glaces pour rejoindre la porte.
    « Je ne vous laisserais pas diviser ma famille ! Vous entendez ? » Cette fois, Eleanor avait haussé la voix, comme prise à la gorge par le sentiment d’urgence que suscitait l’imminent départ d’Océane de cette chambre.
    « Vous n’avez pas besoin de moi pour ça. Vous vous débrouillez très bien toute seule. » La main sur la poignée, et toujours très calme, Océane ouvrit la porte et franchit le seuil sans regret.
    « Sorcière !! » Tempêta la quadra à court d’arguments et d’insultes dignes de ce nom. Océane, un rire aux lèvres, se retourna vers elle puis laissa échapper un feulement accompagné d’un mouvement de bras, toutes griffes dehors. Elle avait souhaité imiter une sorcière, mais elle constatait que cela ressemblait plus à une chatte, ou un quelconque autre félin… Soit, ne l’appelait-on pas « Maman Lion », après tout ?
    « Bonne nuit, Madame Driesen. » Ajouta-t-elle dans un sourire aimable, avant de refermer la porte sur une Eleanor au bord de la crise de nerfs. Elle n’aurait jamais dû sous-estimer celle qu’elle avait toujours considéré comme une pauvre paysanne, lubie passagère pour son fils. Non, elle n’aurait pas dû.

[…]
    « Allez… Dis-moi… » Miaulait-il dans son dos, ses bras serpentant le long de sa taille pour venir la ramener contre lui d’un coup sec.
    « Dors, amour de moi, on est déjà demain. » Répondit-elle de sa voix ensommeillée, tout en balançant un bras derrière elle pour lui flatter l’échine. Deux petits coups, et hop, retour de la mimine sous les couvertures, tout contre son propre visage.
    « Tu ne veux pas me dire ce que vous vous êtes dit ? » Répéta-t-il pour la cent cinquantième fois depuis qu’ils étaient montés se coucher.
    « J’ai sommeil, mon cœur, c’est tout. »
    « Allez… Pas besoin d’entrer dans les détails, tu survoles le tout. »
    « Très bien ! »
    Perdit-elle patience en pivotant sur elle-même jusqu’à se retrouver face à lui. « Tu veux qu’on parle ? »
    « Oui… »
    Hésita Brendon ne sachant pas trop s’il devait se réjouir ou se sauver en courant.
    « Alors, commence par m’expliquer pourquoi mon grand-père n’a pas semblé surprit d’apprendre que tu sortais du coma ou que tu avais suivi une cure de désintoxication ? Tu as quelque chose à me dire à ce sujet ? » Demanda-t-elle en le scrutant de son regard sévère malgré la pénombre dans laquelle était plongée la pièce.
    « Bonne nuit, mon amour. » Répondit Brendon avec précipitation, avant de lui voler un baiser et l’inciter à reprendre sa place initiale.
    « Mouais… » Ponctua Océane tout en se retournant et en venant coller son dos contre le torse de son amoureux. Un sourire s’épanouit discrètement sur ses lèvres. Un partout.

[…]
    Trébuchant contre une latte de plancher mal alignée, elle se rattrapa au mur, d’une main, tout en étouffant un bâillement. Elle n’avait pas allumé la lumière de peur de réveiller tout la maison endormie. Il s’agissait juste du couloir, et probablement que personne ne le remarquerait, mais ça ne lui avait pas semblé être une bonne idée quand elle y avait réfléchit un peu plus tôt. « Réfléchir », était-ce le terme exact ? Etait-elle capable de réflexion dans son état ? Pas vraiment. Mettre un pied devant l’autre relevait déjà du miracle. Elle dormait debout, avançant dans le noir sans raison valable. Enfin aux yeux du commun des mortels elle n’avait pas de raison valable, mais à ses yeux c’était bien différent. Et ses yeux, pour l’instant, étaient à peine entrouverts, assez pour lui permettre d’avancer dans la bonne direction, mais pas assez pour lui permettre d’éviter les obstacles. Combien de fois c’était-elle cogné depuis qu’elle avait quitté la chambre ? Elle ne comptait plus. A vrai dire, elle n’était même pas sûre de savoir encore compter. Qu’est-ce qui venait après 6 ? Resserrant un peu plus l’épais drap autour d’elle, elle consentit à extirper une main du drapé pour s’accrocher solidement à la rampe en descendant l’escalier. Un roulé boulé en bas des marches ne serait pas vraiment bienvenu en ce jour de noël. Au radar, elle parvint à atteindre le rez-de-chaussée, avec la désagréable sensation qu’on avait ajouté des marches à cet escalier pendant la nuit. La descente lui avait parue interminable… et éreintante. Peut-être parce qu’elle était, elle-même, au-delà du seuil de fatigue toléré par un être humain, ou simplement parce qu’elle dormait toujours. C’était comme du somnambulisme conscient, un somnambulisme consentit mais pas contrôlé. Elle n’avait eut d’autre choix que de se glisser hors de ce lit et partir à sa recherche lorsqu’elle avait prit conscience de son absence à ses côtés. Au-delà du fait qu’elle n’était pas rassurée sur son état d’esprit depuis que ses parents avaient investit le Montana, ce n’était pas vraiment l’inquiétude qui guidait ses pas. S’il allait mal, elle l’aurait sentit bien avant que son côté du matelas refroidisse, ce qui n’était pas le cas. Alors non, elle n’était pas foncièrement inquiète, elle avait juste besoin de le retrouver. Plus précisément, son corps avait besoin de retrouver cet autre corps, puisque la demoiselle n’était absolument pas en état de réfléchir, raisonner ou de ressentir un manque psychologique. C’était de l’instinct, purement et simplement, comme un automatisme qui faisait que les corps aimantés devaient se retrouver par attraction. Elle aurait été mieux réveillée que ça n’aurait rien changé, elle aurait tout de même cherché à le retrouver. Elle n’alluma pas plus la lumière de la pièce principale, elle savait qu’il ne s’y trouvait pas. Au-delà du fait qu’il n’y avait pas un bruit dans le salon, ses pas la guidaient vers la porte d’entrée. Sans réfléchir, et sans même songer à réfléchir d’ailleurs, elle s’enroula un peu plus dans le drap, se préparant au froid hivernal de l’extérieur, et c’est en se frottant un œil tout endormi, qu’elle ouvrit la porte, puis poussa la grinçante moustiquaire. Elle ne pu réprimer un sourire en le découvrant, souriant lui aussi, en face d’elle, assit sur la rambarde de la terrasse.
    « Tu ne dors pas ? » demanda-t-il tout doucement, comme on parle à un enfant qui surgit dans votre chambre au milieu de la nuit, en étendant un bras vers elle, comme s’il ressentait, lui aussi, le besoin de la toucher. La jeune femme, qui n’avait jamais aussi bien porté son surnom de « gamine », se contenta de secouer la tête de gauche à droite, sans pour autant parvenir à ouvrir totalement ses paupières gorgées de sommeil, et s’empressa de couvrir, en se trainant, le dernier mètre qui la séparait de lui, pour venir se fondre dans une étreinte toute douce. Coinçant sa tête sous son menton, il l’encercla de ses bras et de la couverture dont il s’était drapé, avant de ramener une main dans ses cheveux qu’il cajola lentement. Le visage contre son torse, elle ne tarda pas à fermer complètement les paupières et à se laisser happer par le sommeil qui ne l’avait jamais quitté. « Tu dors debout. » Remarqua Brendon.
    « Pas vrai. » S’obligea-t-elle à répondre.
    « Tu vas attraper froid. » Tenta-t-il.
    « Pas toi ? » Murmura-t-elle dans un bâillement. Il savait qu’il avait perdu d’avance, et elle avait conscience de ce fait également. Un sourire s’afficha sur ses lèvres tout en savourant les douces caresses dans ses mèches brunes. Elle allait s’endormir. Même debout, même dans le froid. Elle ne pouvait dormir dans un lit douillet et chaud sans lit, mais elle pouvait parfaitement dormir dehors et debout à condition que ce soit dans ses bras. Son souffle chaud contre sa nuque, l’infime soulèvement de son buste à chaque respiration, le parfum de sa peau, élixir puissant, s’engouffrant dans ses poumons, la puissance de ses bras enserrant son corps frêle et fort à la fois, cet espace là, créé rien que pour elle, cet espace où elle s’enlisait avec une facilité déconcertante, où chaque centimètre de sa peau se combinait avec la sienne, Ce tout créé à partir de rien, ce rien créé à partir de tout, c’était eux, et sans eux elle n’était pas.
    « Profites-en, fils, après quelques années de mariage, elle ne s’inquiète plus de ne pas nous trouver dans le lit. » s’amusa une voix qui surprit Océane. Brusquement elle ouvrit les yeux, retrouvant pied dans la réalité de manière brutale en distinguant Driesen père. Elle ne s’attendait pas à trouver Brendon en compagnie de quiconque, elle n’avait pas sentie sa présence, elle s’était cru seule.
    « Oh… Je ne voulais pas vous interrompre. » S’excusa-t-elle en se détachant de Driesen fils avec maladresse.
    « Vous ne nous dérangez pas, Océane. » Tenta de la rassurer Hans, sans grande réussite ceci dit. Elle avait tout entreprit pour que les deux hommes se retrouvent, et voilà qu’elle arrivait comme un cheveu sur la soupe quand le miracle se produisait enfin.
    « J’allais retourner au lit, de toutes manières. » Annonça-t-elle en regagnant la moustiquaire après s’être prit les pieds dans son drap à de nombreuses reprises. « Ne tarde pas trop. » Supplia-t-elle, presque, Brendon en fondant son regard endormi dans le sien. Elle voulait qu’il parle avec son père, mais elle savait qu’elle ne dormirait pas tant qu’il ne serait pas de nouveau à ses côtés. Et ça, il le savait aussi. « Vous non plus. » ajouta-t-elle à l’intention de Driesen Père. « Francis ne tolèrera aucun retard ni absence lors de l’ouverture des cadeaux, quitte à venir vous souffler le clairon dans les oreilles. » Et elle ne plaisantait qu’à moitié. Refermant la moustiquaire sur elle, elle n’eut que le silence pour compagne jusqu’à l’escalier, avant que l’écho de leurs voix respectives ne lui parviennent. Ils reprenaient leur conversation.

[…]
    « Debout !... Debout !... Debout !... » Scandait-elle à chaque fois que ses pieds rentrait en contact avec le matelas sur lequel elle rebondissait sans se lasser. « Debout !... Le soleil brille !... Debout ! » Répétait-elle encore en ignorant les grognements sourds de son chéri qui s’employait à rabattre la couverture sur sa tête. Bah alors ? Il n’était pas du matin ce matin ? « Debout !... Allez ! Debout !... » Insista-t-elle encore un peu, en accentuant ses sauts sur le matelas, s’amusant à faire grincer les ressors d’une manière innovante. « Debou… Ouh ! » Sa voix venait de dérailler pour cause de plaquage contre le matelas. Un plaquage sournois, il l’avait prit par surprise en lui immobilisant les cheville, avant de s’étaler de tout son long en travers de son petit corps pour l’empêcher de se relever. Riant aux éclats, elle tenta de le déloger, mais en vain. Il venait même de s’emparer d’un oreiller pour se le coller sous la tête, prêt à poursuivre sa nuit avec Océane bloquée sous lui. Logique. « Bon, ok, t’as gagné. Mais libère-moi au moins. » Tenta-t-elle, mielleuse, sans grand espoir de le faire changer d’avis. Et bingo ! Pour toute réponse elle eut droit à un nouveau grognement qui, il faut bien l’avouer, avait quelque chose de sexy. « Amour de moi… » Cette fois-ci, sa voix se fit sensuelle, chantante, alors qu’elle glissait ses doigts dans son dos à porté de main. « Mon amour… Tu sais de quoi j’ai envie ? » L’interrogea-t-elle dans un mordillement de lèvres, alors que sa main glissait sous le tee-shirt qu’il portait. Mais contre toute attente, le chéri resta sans réaction, et Océane en resta coite de surprise. « Driesen !! » S’emporta-t-elle en redressant le buste de manière à n’avoir plus que ses jambes de bloquer sous le corps de Brendon en travers d’elle. « Tu comptes pas ronfler toute la journée quand même ? C’est Noël, bon sang ! » Soupirant de frustration, elle lui colla une claque sur son adorable fessier. « Je veux mes cadeaux ! » L’informa-t-elle en lui en donnant une autre. Réponse ? Un grognement. Réaction d’Océane ? Nouvelle claque sur les fesses. « Lève-toi gros bébé ! » Nouvelle tape. « Tu veux pas voir ce que le père noël t’a apporté ? » Sa main quitta son postérieur pour retourner sous le tee-shirt et se balader en douceur sur son dos. « Tu veux que je te fasse des pancakes ? Avec un peu de sirop dessus et une noix de beurre ? » Les grognements s’étaient mués en ronronnement, elle avait finalement trouvé son envie du matin. L’appel du ventre, il n’y a que ça de vrai.
    « Tu feras le café aussi ? » Ô miracle ! Les premiers mots de la journée ! Pour la peine, la main d’Océane s’employa à offrir un doux massage à son amoureux.
    « Tout ce que tu voudras, Amour de moi. » Répondit-elle, un sourire aux lèvres.
    « Et du bacon ? » demanda-t-il encore en se retournant sur lui-même, offrant son côté face à Océane, qui en profita pour glisser sa main, préalablement dans son dos, sur son ventre chaud. Elle en profita également pour se pencher en avant et voler un baiser à son félin entrain de s’étirer de tout son long.
    « Tout ce que tu voudras. » Répéta-t-elle, dans un murmure en venant lui picorer les lèvres. Sa main cavalant le long de sa peau, emportait le tee-shirt et le déshabillait par inadvertance, quand…
    « JOYEUX NOËL !!! » Scanda une voix féminine et tonitruante en envoyant cogner la porte de la chambre contre le mur, provoquant la surprise et l’immobilisme du jeune couple. « Aaaaaaaaaaaaah ! Mes yeux !! » Hurla Gretchen en disparaissant très vite dans le couloir. « Je suis aveugleeeeeee !! » L’entendirent-ils crier depuis les escaliers.
    « Pancakes ? » Demanda Océane en interrogeant Brendon du regard, comme si de rien était.
    « Pancakes ! » Répondit-il en se levant du lit. Finalement, il n’y avait rien de mieux qu’une intervention de Gretchen pour obliger son frère à sortir du lit.

[…]
    « Tiens. » Murmura-t-elle doucement, lui tendant une assiette contenant pancake, œufs brouillés et bacon, tout en s’installant sur l’accoudoir du fauteuil qu’il occupait, avant de reporter son attention sur le spectacle qu’elle avait sous les yeux. Ils étaient descendu quelques minutes plus tôt, et déjà Billy roulait impatient, au pied du sapin. Mais une promesse étant une promesse, Océane avait tenu à préparer un petit-dej de champion à son homme avant de dévaster le salon. De toutes manières, les autres avaient prit leur temps. Si Gretchen était déjà entrain de focaliser sur la montagne de paquets qui s’accumulait sous le sapin, Francis n’était toujours pas rentré de la traite des vaches qu’il avait tenu à faire seul, et le couple Driesen tardait à faire son entrée. Hans arriva le premier, sourire aux lèvres, dans son pyjama de flanelle, il salua ses enfants avant de faire son sort à une part de tarte préparée par Billy Lee. Puis, ce fut le tour d’Eleanor de faire une entrée remarquée. Dans sa robe de chambre en soie sauvage, elle avait des allures de princesse captive de pirates. Elle n’avait rien à faire ici, elle faisait tâche dans un décor qu’elle osait à peine toucher. Se fut avec moult précautions qu’elle posa son impérieux postérieur sur le canapé, ses doigts ornés de bijoux, sagement posés sur ses genoux. On aurait dit qu’elle avait peur de se salir, peur de se transformer comme sa fille qui arborait un tee-shirt de l’équipe du Montana. Les Grizzlies, un maillot blanc orné d’un ours et d’une écriture bordeaux, qu’elle avait assorti à un bas de pyjama de son frère. Elle avait adopté ce look après avoir constaté que la nuisette à la limite du déshabillé, n’était vraiment pas appropriée ni pour le coin, ni pour le climat. Une tenue qui ne plaisait pas à Eleanor pour qui cela se rapprochait trop de ce que portait son horrible belle-fille. En caleçon masculin et sweater trop grand des Theta Eta, la jeune femme, dans un geste inconscient, faisait tinter son alliance contre la porcelaine de la tasse qui lui réchauffait les mains. De quoi rendre dingue la quadra qui, pourtant, s’obstinait à afficher un charmant sourire, allant même jusqu’à couler un regard tendre sur son fils mangeant distraitement d’une main, tout en encerclant la taille d’Océane de son bras libre. Elle se donnait à fond dans la comédie des apparences. Garce.
    « Celui-là est pour Océane. » Annonça Gretchen à quatre pattes sous le sapin. « Y a marqué ‘P’tit Lutin’ dessus. Mais de qui donc cela peut venir ? » Se moqua-t-elle en faisant glisser le paquet jusqu’à la brune. « Billy Lee ! » Poursuivit-elle en brandissant un nouveau paquet avant de le poser sur les jambes de l’infirme. « Et encore Océane ?! » S’indigna-t-elle en lui en faisant glisser un autre, alors qu’elle était toujours entrain de se battre avec l’emballage du premier. « Ah ! Gretchen ! » S’enthousiasma-t-elle en serrant son paquet contre elle. « J’ai presque eu peur ! »
    « Merci Billy ! » Interrompit Océane en levant la compile de Country qu’elle venait de déballer. « Je l’avais justement pas, celle-là. » Se moqua-t-elle gentiment avec ironie.
    « De rien Gamine. Hey ! Qu’est c’est qu’ça ? » Demanda-t-il en déballant son propre paquet.
    « Des mitaines en cuir, pour plus que vous ne vous abimiez les mains sur les roues. » L’informa Brendon sur le cadeau qu’il offrait avec Océane.
    « Rock’n’roll ! » Scanda l’handicapé en brandissant son auriculaire et son index, avant d’en passer une.
    « Brendon !! » Annonça Gretchen en envoyant un paquet à son frère. « Et Francis ! » Gretchen n’en avait pas terminé, et au fur et à mesure que les minutes défilaient, les paquets s’amoncelaient aux pieds de chacun, le sol se recouvrait de papier cadeau arraché et de bolduc de toutes les couleurs. A chaque ouverture, Océane passait un peu de temps à détailler le présent, ou à l’expliquer à Brendon le cas échéant. D’ailleurs, il était entrain d’ouvrir un de ses cadeaux. Oui, un de SES cadeaux, car de la part d’Océane, il en avait plusieurs.
    « Qu’est-ce que c’est ? » Demanda-t-il en secouant le paquet à côté de son oreille.
    « Ouvre, et tu sauras. » Fronçant les sourcils, il s’employa à retirer le paquet cadeau orné de petits bonshommes de neige et de sucres d’orge, avant de découvrir une couverture en cuir souple.
    « Un cahier !! » S’enthousiasma-t-il un peu trop fort pour ne pas sonner faux. « Fallait pas, mon cœur ! » Se moqua-t-il.
    « Ouvre, idiot ! » Répondit-elle en lui assénant une tape à l’arrière du crâne. Elle arrêta de déballer son propre paquet pour observer avec lui l’intérieur du cahier décoré par ses soins. Un carnet de voyage, voilà ce qu’elle en avait fait, l’agrémentant des photos prises lors de leur road-trip, allant même jusqu’à y coller les tickets d’entrée des absurdités qu’ils avaient visité, les papiers d’emballage de spécialités locales, et ajoutant un petit texte sur leurs arrêts et leurs séjours dans chaque ville. Elle avait regroupé leurs souvenirs, les premiers souvenirs de leur nouvelle vie. Elle y avait passé du temps, profitant de chaque minute seule pour avancer dans son cadeau, et même si c’était 3 fois rien, ça avait une valeur sentimentale à ses yeux. « C’est pas vraiment un cadeau de noël, c’est juste quelque chose que j’avais envie de faire, mais bon, c’est l’occasion… » Avoua-t-elle un peu gênée. Elle ne voulait pas qu’il s’imagine que c’était ça, son cadeau de noël. Elle ne roulait pas sur l’or, certes, mais pas au point de lui offrir un cadeau fait maison. Pourquoi pas un collier de nouilles aussi ?
    « Tu ouvres mon cadeau, oui ? » S’impatienta Gretchen en remarquant qu’Océane n’avait toujours pas déballé le paquet qu’elle avait en main.
    « Oui, oui ! » Répondit l’autre après avoir volé un baiser à son homme. Elle s’employa, alors à arracher le papier rouge et noir pour découvrir… « La saison 5 de New-York Unité spéciale ?! » S’étonna-t-elle avant d’exploser de rire.
    « Océane apprend le Droit d’une manière très particulière. » Expliqua Gretchen à son père qui l’observait avec curiosité.
    « Elle apprend le Droit en regardant une série télé ? » S’étonna la Reine des Glaces, pas vraiment ravie d’avoir été ridiculisée, la veille, par une gamine accro aux séries. Mais Océane ne surprit pas son regard, pas plus que sa réflexion, elle était plongée dans une conversation à voix basse avec son homme, glissant de son accoudoir pour se retrouver sur ses genoux. Sans plus se soucier du reste du monde, comme ça leur arrivait assez souvent, peut être un peu trop souvent d’ailleurs, il débattait sur la nécessité de visionner un épisode, ce soir, sur l’ordinateur. Océane votait pour, Brendon votait contre. Mais comme souvent, ce sera Océane qui aura le dernier mot.
    « Driesen ! » Scanda Gretchen en soulevant un nouveau paquet. « Oui, mais lequel ? » Demanda-t-elle en étudiant l’écriture sur le paquet, s’assurant qu’il n’y avait pas un prénom planqué quelque part.
    « Le seul et l’unique, voyons ! » Répondit Océane en déscotchant ses lèvres de celles de son amoureux –il venait de lui accorder le visionnage d’un épisode, mais seulement un, d’accord ? – pour se mêler à la conversation. « Mon Bébé… » Murmura-t-elle doucement en récupérant la boule de poils roux qui s’était lovée entre les cuisses de son homme.
    « MES YEUX !! » Hurla Gretchen en interprétant mal les mots et les gestes d’Océane, avant d’apercevoir le félin surgir entre les mains de sa maîtresse. « Ha ! Le chat ? »
    « Bah oui ! Tu croyais que j’allais chercher quoi, là ? » Demanda Océane qui s’était immobilisée dans son geste. « Oh ? » Elle venait de comprendre ce que la rouquine avait pensé, et après une expression de surprise, elle se laissa aller dans un éclat de rire. « Ca va pas bien dans ta tête, Gretch ! » Se moqua-t-elle entre deux rires.
    « Ouai, bah ça va, hein. » Bégaya l’autre en rougissant jusqu’aux oreilles. « Qui offre un cadeau à son chat, franchement ? » Mauvaise joueuse, elle lança le paquet à Océane, tandis qu’Eleanor s’indignait à voix basse au sujet du nom du chat.
    « Est-c’que quelqu’un peut m’expliquer à quoi sert c’truc ? » Francis se fit arracher l’objet qu’il avait en main par un Billy qui l’étudia sous tous les angles.
    « Un sonotone ?! » Demanda-t-il en triturant les oreillettes.
    « Non, c’est un MP3. » Répondit Océane en consentant à décrocher son regard du carnet de voyage qu’elle étudiait avec son amoureux, pour reporter son attention sur les deux vieux.
    « Mauvais Papy III ? » Tenta Billy en se moquant.
    « C’est un lecteur portable de musique. » Soupira Océane en levant les yeux au ciel.
    « Y a d’la musique là-dedans ? » Billy était entrain de secouer la petite chose, s’attendant à ce que ça se mette à brayer d’un instant à l’autre.
    « C’est un d’ces trucs que t’as eu sur les oreilles tout l’été ? » Francis toujours plus vif d’esprit que son comparse, avait finit par comprendre.
    « Oui. Met les écouteurs dans tes oreilles, et appuis sur le triangle. J’ai téléchargé toutes tes musiques préférées, tu pourras aller aux champs en musique maintenant… » Expliqua Océane. Mais déjà, Francis ne l’entendait plus, il chantait Aznavour à tue-tête « For me, for me, formidable. »
    « Océane ! » Appela Gretchen en tendant un paquet joliment emballé. « Et Brendon ! » annonça-t-elle, sa deuxième main occupée par un autre petit paquet qu’Océane connaissait bien.
    « Qu’est-ce que c’est ? » Demanda Océane après avoir récupéré le cadeau que Gretchen venait de lui apporter.
    « C’est quoi ? » Demanda, presque simultanément, Brendon, son propre paquet dans les mains. D’un sourire complice, ils se mirent d’accord sans un mot.
    « A trois. » Et dans un baiser, ils se mirent à déballer à l’aveugle
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Brendon K. Driesen
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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Vide
MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyMar 27 Avr - 21:55

Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Bellacark Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Edwadbla Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Belsed

LAST CHRISMAS I GIVE YOU MY HEART.

    « I wonder, if maybe, maybe I could be all you ever dreamed, 'cause you are beautiful inside, so lovely and I cant see why I'd do anything without you, you are and when I'm not with you. I know that it's true that I'd rather be anywhere but here without you … » Il grattait doucement les cordes de sa guitare en repensant aux évènements de la journée, un Noël véritablement pas comme les autres. Le carnet de cuir était ouvert près de lui sur le plancher de la chambre, sa guitare niché entre ses cuisses il inscrivait méthodiquement les paroles de la mélodie qui grandissait doucement dans son cœur. Des paroles simples mais qu’il savait puissantes. Il savait aussi qu’il devrait tôt ou tard penser à ce qui s’était produit aujourd’hui, il n’en était pas encore capable mais cela viendrait. Il l’attendait, sachant qu’elle ne serait pas longue, il profitait de cet instant de solitude pour écrire les quelques couplets qui lui était venu aujourd’hui. Il avait ouvert le carnet sur la dernière page qu’elle avait remplit, sur la page en face se trouvait la toute dernière photo qu’ils avaient prit de leur Road Trip, il sourit doucement en caressant du bout des doigts le visage de sa compagne figé sur papier glacé, elle l’embrassait malicieusement sur la joue, mimant un chat en colère avec ses mains, lui riait comme toujours lorsqu’elle était auprès d’elle. Ils étaient heureux, loin de toutes pressions, isolés dans leur bulle, un passant charitable avait accepté de prendre en photo ce drôle mais si attendrissant couple de jeunes amoureux. Il était plus jeune qu’elle mais qui s’en serrait rendu compte ? Ils étaient tellement amoureux, avait-on vraiment besoin d’un passage devant Monsieur le curé lorsqu’on s’aimait à ce point ? C’était la question que se posait de plus en plus Brendon au fur et à mesure que les jours passaient. Il était fou amoureux d’elle, il la respectait plus qu’il n’avait jamais respecté personne dans ce monde, elle représentait tout pour lui, son passé, son présent, son futur. Elle serait la mère de ses enfants, de sa fille, l’amour de sa vie auprès de qui il s’éteindrait. Leur amour était comme une évidence, rien ne les séparerait plus, ni la vie, ni le destin, ni la mort. Il écrivait cette chanson parce qu’elle n’était pas là, parce qu’il avait besoin d’être seul parfois, et parce que même dans ses moments il pensait à elle. Il avait mit tant de temps à retrouver cet équilibre avec elle, cette stabilité bien heureuse qui lui apportait le bonheur pour la deuxième fois de son existence. Assit à même le parquet il se demandait comment elle allait réagir à sa demande, comment elle allait répondre… Il s’interrogeait, il savait qu’elle avait besoin d’un peu de temps, lorsqu’elle lui avait annoncé qu’elle partait donné un coup de main à Francis il n’avait pas protesté, il l’avait embrassé, lui avait prêté sa Parka plus chaude que la sienne et avait enroulé une écharpe autour de son cou. Une vraie mère poule. Il s’attendait à un non, il s’y préparait, il n’y avait pas de raison pour qu’en un mois elle eut changé d’avis, aucune raison. Etrangement qu’elle refuse le blesserait moins que la première fois, il n’aurait su dire pourquoi, peut être parce qu’il avait fait le chemin nécessaire dans son esprit avec le psychiatre du centre, ou peut être parce qu’il l’aimait trop pour lui en vouloir d’avoir peur du regard des autres, de leur jeunesse, de son amour pour elle. Il contemplait les murs de la chambre de sa compagne d’un air songeur, elle avait décidé sur un coup de tête de repeindre les murs l’année de son entrée à l’Université d’après Francis, un rouge sans que Thybalt adorait. Il se doutait que c’était une pure envie de changement qui l’avait motivé à changer ainsi la couleur des murs de sa chambre. Qu’est ce qui faisait dans la chambre de jeune fille d’Océane ? Là était la question. Il s’était isolé dans cette pièce pour composé, enivré par son parfum ses pensées étaient on ne peut plus claire. Il l’attendait. Il savait qu’elle le trouverait et qu’elle répondrait à sa demande, par un oui ou par un non. Dans l’un ou l’autre cas il serait l’homme le plus heureux du monde, car un refus ne les sépareraient pas, un oui les unirait à jamais aux yeux de ce Dieu en quel Brendon se mettait parfois à croire de nouveau. Il était serein bien que légèrement nerveux. Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle lui réponde immédiatement, d’ailleurs il lui avait demandé de réfléchir de lui-même. Il ne voulait rien précipiter, cette fois il avait prit son temps, et il lui laissait le temps de la réflexion. Il avait tout son temps maintenant qu’il était sur qu’elle serait auprès de lui à jamais. Peut être était-il temps de repenser à tout ce qui s’était passé aujourd’hui. Peut être qu’il avait le temps de faire le tri dans sa mémoire avant qu’elle ne revienne, pour ne plus que penser à sa réponse lorsqu’elle surgirait dans la pièce les joues rougies par le froid, le bout du nez gelé et qu’elle viendrait se pelotonner contre lui pour récupéré un peu de sa chaleur. Elle collerait son visage glacé contre le sien, embrasserait son cou lorsqu’il la serrait plus étroitement contre lui malgré qu’elle le glaça des pieds à la tête avec sa frimousse et ses mains gelées sur sa peau. Oui, il était peut être temps de faire le point sur sa journée. Peut être bien que oui. Elle ne reviendrait pas avant au moins une heure, il avait largement le temps de se remémorer sa journée et de compartimenter chaque événement dans un des tiroirs de sa mémoire. Tout ce dont il avait toujours rêvé allait peut être se produire aujourd’hui, autant commencer ce nouveau chapitre sa vie avec l’esprit clair et libre. Il reposa sa guitare sur le planche et contempla les murs rouges devant lui, plongeant à l’intérieur de lui-même.

    […]

    Ils avaient finit par rentrer à la maison. Ce qui était en soit un petit exploit, Brendon mettait d’ordinaire beaucoup plus de temps à encaisser une nouvelle situation mais lorsqu’Océane était auprès de lui il n’avait aucun mal à assimiler les chocs, a deux ils étaient plus fort. Et il avait entièrement confiance en elle, Océane ne l’aurait jamais entrainé vers la maison si elle avait su qu’il risquait quoi que se soit, elle était telle une maman lionne qui protégeait son petit, elle ne laissait rien lui faire du mal. Tout comme il s’employait à la protéger de tout. Ils étaient unis face à l’adversité, il restait encore a déterminé s’ils étaient dans ce genre de situation. Brendon n’était pas à l’aise avec l’idée que ses parents se trouvaient ici. Il avait fait une croix sur eux après sa thérapie et l’échec de ses nombreux appels. Il angoissait ses retrouvailles forcées par le destin et par sa sœur et sa petite amie, il redoutait surtout la rencontre avec sa mère, qui n’était pas vraiment connue pour être la supporter numéro un d’Océane. Mais il n’allait pas pouvoir les éviter tout la durée de leur séjour, ils étaient là pour lui et pour Gretchen. Connaissant sa sœur il était d’ailleurs peut prudent de la laisser seule dans la même pièce que leur mère. Sa petite sœur n’avait réellement encaissé le choix de sa mère de préférer la perdre pour pouvoir entrer dans la chambre de son frère afin de faire une scène à son fils tout juste sortit du coma. Respirant un grand coup il franchit pour la deuxième fois de la soirée la porte d’entrée de la ferme où avait grandit la jeune femme. Bien sur il s’était attendu à ce que sa mère manifeste son tact habituel, ou plutôt son absence de tact, il avait élevé dans ce monde où tout n’était qu’apparence et hypocrisie il s’attendait donc à ce qu’elle soit… Comme d’habitude. Il n’avait pas cru en son mea culpa de tout à l’heure. Il n’avait jamais vu sa mère être sincère une fois dans sa vie, sauf lorsqu’elle avait affirmé qu’elle jetterait Océane hors de l’hôpital près de deux mois plus tôt. Là seulement il l’avait cru. Il la savait capable de le priver de la seule personne qui le rendait heureux simplement pour que les apparences soient sauves. Mais, les apparences Brendon n’en avait plus rien à faire il avait quitté cette vie deux ans plus tôt, et bien avant il s’était installé en marge de cette société bon chic bon genre sur laquelle ses parents régnaient en maîtres. Il n’allait pas être tendre et lui faciliter la vie, il en était certain, il lui faudrait plus que quelques phrases débitées sur un ton de robot pour lui faire croire que sa mère avait véritablement changé. Il n’était pas né de la dernière pluie, il la connaissait trop bien. Il n’était pas dupe. S’il pensait son père véritablement sincère il n’avait aucune confiance en sa mère. Il ne lui avait jamais fais confiance, il avait toujours pensé qu’elle n’aimait pas ses enfants mais qu’elle appréciait qu’ils renvoient d’elle une image flatteuse de par leur physique, leur niveau d’étude. Sa réussite était ce qu’ils étaient devenus sans elle. L’image comptait plus que tout le reste pour Madame Driesen. Son père il le sentait était plus sincère, de part la manière doit il se comportait avec Gretchen, avec Océane. Il avait reçut un électrochoc, il était sortit de son rôle d’observateur lorsqu’il avait reçut la lettre d’Océane ou bien son dernier coup de fil. Brendon pensait que sa mère devait lui cacher ses appels, par fierté, il les avait rejeté, choisissant sa paysanne à la place de ses parents, elle n’avait que faire de ses envies de comprendre. Pourtant Hans avait du réussir à entendre un de ses appels ou à lire la lettre d’Océane. Et il était heureux que son père soit là. Il était encore étrangement mal à l’aise à l’idée que les Driesen pourraient dans un futur proche ressemblé à une vraie famille, mais il allait finir par s’y faire. Mais avant cela il fallait qu’il accepte de leur parler non ? Assit dans un des fauteuils clubs du salon, le fauteuil qu’Océane et lui s’appropriaient le plus souvent il toisait sa mère dans un silence tendu. Personne n’osait parler, interrompre la lutte de regard entre la mère et le fils. Hans et Gretchen servaient du café à qui le désirait, une complicité nouvelle était née en un instant entre le père et la fille ce qui réchauffait le cœur de Brendon. Il savait que sa sœur avait souffert de devoir choisir entre sa vie à New York, leur parent et son frère. Il était heureux que pour elle se Noël ressemble un peu plus à une véritable réunion de famille. Une réunion de famille que sa mère brisa de son ton doucereux et voila, ca commençait. Il se demandait à quoi ressemblait la véritable Eleanor Driesen, quelle femme se cachait derrière cette façade. Il avait peur de découvrir que rien ne se cachait derrière ce masque, que sa mère était réellement ce personnage froid et sans état d’âme qui avait dirigé sa vie entière jusqu’à ce qu’il rencontre Océane Eono. La joute verbale entre le fils et la mère commença alors, il n’était pas encore sure d’être capable de pardonner le choix que sa mère l’avait forcé à faire, ni même encore de lui avoir fait cracher l’aveu qu’il voulait faire dans l’intimité à Océane, cet aveu qui constituait en trois petits mots tout simples : « je t’aime ». Il ignorait s’il serait un jour capable de leur pardonner à tout les deux d’avoir été ainsi avec lui, car ils n’avaient pas agit par peur pour lui, mais par soucis de savoir ce que l’on dirait d’eux, comme toujours. Seul Gretchen n’en avait eut rien à faire, tout ce qu’elle désirait c’était que son frère vive. Il ne savait pas encore s’il serait capable de leur pardonner mais la douce revanche de sa fiancée sur la quadragénaire mondaine qui était sa mère lui tira un sourire amusé. Il savait qu’Océane devait se contenir depuis de longues minutes pour faire ravaler à sa future belle mère ses propos doucereux et ses regards dédaigneux lancé sur le mobilier intérieur de la ferme aussi ne vint-il pas en aide à sa mère, comme son père il la laissa s’enliser dans une situation où Océane avait le contrôle. Sa mère avait besoin que quelqu’un lui apprenne l’humilité. Il échangea un sourire complice avec sa sœur alors que sa mère demandait brusquement congé, las d’une joute verbale dans laquelle elle passait pour un lapin de trois semaines. Alors qu’Eleanor disparaissait à l’étage Francis réserva une mauvaise surprise à sa petite fille, lui si à cheval sur le respect que l’on devait à ses invités l’envoya aider Madame Driesen à l’étage. Brendon décida de monter avec elle pour éviter un bain de sang dès le premier soir mais Francis le fit se rasseoir d’un regard et d’un « laisse les femmes faire ». Gretchen paru légèrement offusqué de ne pas être inclut dans celles que Francis désignait par Femme puis se décida de prendre le parti du rire et se tourna vers son père en souriant.

    « Rappel moi pourquoi tu l’as épousés déjà ? »
    « Tu n’es pas plus habitué à la campagne que ta mère ma fille. »
    « Mais moi au moins je serais allé traire la vache. »
    Répliqua la jeune fille en s’installant plus confortablement sur le canapé avec sa tasse de café. « Combien de temps avec Océane la réduise en bouillie d’après toi ? » Demanda t-elle ensuite à son frère qui contemplait l’escalier l’air inquiet.
    « La ferme Gretchen. » Marmonna t-il entre ses dents. « Je vais aller me coucher. » Annonça t-il tout de suite après, disparaissant à la suite d’Océane dans les escaliers.
    « Il va finir par s’y faire. » Diagnostiqua Gretchen en retroussant sa robe pour pouvoir glisser ses jambes sous elle alors que son père prenait place sur l’accoudoir du canapé.
    « Z’en fait pas, il a besoin d’une bonne nuit de sommeil et demain y sera plus ouvert. Parole de Billy Lee, personne ne résiste à ma Tarte ! »
    « Je l’espère. »
    Soupira doucement Driesen Père alors que sa fille prenait sa main dans la sienne.

    Il avait conscience que pour son fils la situation n’était pas facile, il avait tenté de faire une croix sur ses parents et voila qu’ils surgissaient au moment où il s’y attendait le moins. Il y avait de quoi être surpris, il comprenait sa réaction. A quoi pouvait-il s’attendre d’autre après près de 20 ans passées à ignorer son propre enfant ? A rien, Brendon était différent de Gretchen, il savait que son fils avait été moins heureux que sa jeune sœur, il avait toujours été moins enjoué, plus secret, plus solitaire, plus intelligent que la moyenne il ne s’était pas épanouie comme elle. Il était timide, inquiet… Hans savait qu’il avait contribué aux troubles émotionnels de son fils. Il savait qu’il était responsable de son overdose également, s’il avait été là pour lui cet été peut être que rien de tout cela ne se saurait produit. Peut être qu’ils auraient … Il secoua doucement la tête, repenser au passé en pensant à ce que l’on aurait du faire n’aiderait en rien sa famille à se reconstruire. Ils devaient aller de l’avant, parler ensemble, se retrouver. Ils avaient moins de 24 heures pour le faire. Ensuite ils devraient rentrer. Hans espérait que se serait avec la promesse de voir Brendon revenir pour les vacances d’hiver en compagnie de sa femme. Il l’espérait réellement. Il aimait beaucoup Océane, pour le peu qu’il la connaissait en tout cas, il appréciait qu’elle eut été là pour lui lorsqu’il en avait eut besoin, et il réalisait que c’était auprès d’elle que son fils s’était véritablement épanouie, qu’il était devenu un homme. Elle lui réussissait, elle lui faisait un grand bien et il en était heureux. Il ne souhaitait plus à présent que le bonheur de ses enfants. Apprendre à les connaître tel qu’ils étaient et non pas tels qu’il avait autrefois désiré qu’ils soient. Il avait du chemin, s’éloignant de l’idée que sa femme avait raison de les avoir élevés tel qu’elle l’avait fait. Cette lettre d’une illustre inconnue qui comptait tant pour son fils lui avait ouvert les yeux. Elle connaissait mieux sa chaire et son sang que lui. Elle connaissait mieux son fils que lui ne l’avait jamais connu. C’était étrange d’admettre cela, il avait réalisé ce fait en lisant cette lettre, il avait réalisé à quel point il avait fausse route toutes ses années en se fiant à sa femme. Les mots de cette jeune femme d’une vingtaine d’année l’avaient bouleversé. Il fallait qu’elle l’aime pour faire le détour par New York afin de les convaincre, après tout ce qu’ils leurs avaient fait subir, de se joindre à eux pour Noël. Elle était prête a mettre de côté son instinct et sa fierté pour les invités dans sa maison eux qui l’avait si mal traité deux mois auparavant. Cette nuit là il avait comprit que sa femme se trompait au sujet d’Océane Eono, elle n’était en rien l’arriviste qu’Eleanor lui avait décrit. Peut être que Hans s’en serait rendu compte s’il avait prêté moins de crédit à sa femme et plus dans le jugement de ses enfants. Gretchen n’était pas du genre a pardonné et pourtant Océane et elles semblaient être devenues de véritable amies, une amitié bancale car Gretchen n’était pas vraiment du même monde qu’Océane, elle était beaucoup beaucoup plus girly que sa comparse du Montana et pourtant elles s’entendaient à merveille malgré leurs chamailleries. En poussant la porte de la ferme Eono quelques heures plus tôt il avait eut l’impression de comprendre ce qui avait tant manqué à sa famille toutes ses années, le concept de foyer. De famille. Il faudrait du temps mais ils redeviendraient une famille.

    […]

    « Je veux savoir ce que tu lui as dis Len’ »
    « Rien qu’elle ne sache déjà Hans. »
    Répliqua sa femme sur le ton de la conversation en enduisant son ventre plat de crème hydratante. Elle se tenait en sous vêtement de son côté du lit tandis que Hans l’affrontait depuis le sien. Depuis qu’il était entré dans la pièce il n’avait fait que l’interroger sur ce qui s’était dit avec Océane lorsqu’elles s’étaient retrouvées seules dans cette chambre. Hans connaissait bien sa femme, il savait qu’elle n’était pas totalement sincère même s’il espérait qu’elle ne jouait pas la comédie cette fois, il l’espérait pour elle.
    « Len j’étais sérieux à New York. »
    « Et moi quand je t’ai dis que je voulais être ici. »
    Répondit-elle simplement en laissant tombé son peignoir sur le sol avant de se glisser entre les draps vêtus simplement de ses sous vêtements.
    « Alors prouve-le. » Lança t-il en se glissant dans son pyjama en flanelle. Il n’avait pas envie de se battre. Il était si fatigué, et il avait tellement peur qu’elle lui glisse entre les doigts. Car malgré ses infidélités, les brimades de sa femme, il restait amoureux d’elle. Il avait apprit à l’aimer avec ses qualités et ses défauts, et il avait apprit à se satisfaire de la drôle de façon d’aimer de sa femme. Il était fou d’elle. Voila pourquoi il la laissait agir comme elle le désirait. Pourtant aujourd’hui il avait reprit la barre dans leur relation de couple, il était prêt a prendre les décisions qu’il fallait prendre aujourd’hui pour le bien de ses enfants.
    « Vient te coucher. » Soupira t-elle désintéresser de la conversation et froide à nouveau.
    « Non, je n’ai pas sommeil. » Répliqua t-il en attrapant son manteau.
    « Ou est ce que tu vas ? » Elle s’était redressée dans le lit.
    « Ne t’inquiètes pas la moyenne d’âge des habitantes de cette ville frôle les 70ans, aucune chance que je couche avec une autre que toi avant un moment. » Répondit-il presque nonchalamment en renfermant les pans de son manteau sur lui. « Et je ne compte pas coucher avec Océane si c’est ce que tu espères secrètement que je fasse en te conduisant comme la dernière des garces frigides avec nos enfants. »

    […]

    Ils étaient fait l’un pour l’autre, telle était la pensée qui traversait l’esprit de Hans lorsque Brendon ouvrit les bras pour qu’Océane vienne se nicher contre lui, il ne respirait pas sans qu’elle ne respire, ils bougeaient de façon à s’adapter au mouvement de l’autre. Ils étaient comme relié par un fil invisible au commun des mortels, un lien qui la faisait se réveiller lorsque le matelas était froid à la place que Brendon aurait occupé, un lien qui faisait qu’elle ne l’avait pas remarqué lorsqu’elle était sortie en pleine nuit sur le perron. Ils étaient seuls au monde au centre de leur univers. Connectés. Ils étaient faits l’un pour l’autre, comment avait-il pu l’ignorer si longtemps ? Il n’avait jamais vu son fils aussi épanouie, aussi heureux, aussi à l’aise, il se déplaçait dans cette maison comme s’il était chez lui, une attitude qu’il n’avait jamais eut dans leur appartement. Il semblait tellement à sa place, tellement lui-même, comme s’il avait enfin trouvé le sens de sa vie, sa place dans l’Univers que son père en était ému, lui qui pourtant avait toujours laissé sa femme décidé de tout pour leur enfants, se réjouissait que son fils n’avait pas écouté sa mère. Brendon avait cherché toutes ses années leur fierté, et étrangement c’était en bafouant toutes les règles de leur milieu qu’il était devenu fier de lui-même sans le soutient de quiconque. Leur fils était heureux, et cela réchauffait le cœur durcit par des années d’un mariage froid avec une femme mystérieuse du quadragénaire. Il les regardait Océane blottit dans les bras de Brendon, et il se demandait comment sa femme pouvait croire qu’Océane jouait un jeu pour s’approprier l’héritage du jeune homme, un héritage que son père comptait lui rendre. Comment pouvait-elle croire que l’on pouvait jouer pareil attitude. En pleine nuit, encore endormie elle s’était levée pour retrouver les bras de son compagnon, incapable de trouver le sommeil loin de lui. Ils étaient amoureux, fou l’un de l’autre. Cela se lisait dans leur attitude, leur façon de se toucher, de se regarder, de chercher constamment l’autre du regard ou du bout des doigts. Il n’avait jamais connu cet amour là, cet amour que l’on ne voit d’ordinaire que dans les films ou les romans de Musso. Leur histoire, ou tout du moins ce que Hans avait déduit en filigrane, avait tout d’une histoire de fiction. Les deux étudiants qui se rencontrent à l’Université, le coup de foudre réciproque, nié d’un côté, la volonté de fuir cette attirance pour l’un, le combat de l’autre pour obtenir ce qu’il désirait. Et puis la scène centrale du film, l’abandon aux sentiments. L’amour avec un grand A. Un bonheur qui ne dure qu’un instant. Un grain de sable, des disputes, la famille, la peur, vient tout foutre en l’air. Le couple se sépare, les deux parties sont ravagées, dévastées. Chacun de son côté essaie de se reconstruire mais ils n’arrivent qu’a survivre. Hans se rappelait de l’été de son fils, il lui était facile de décrire ce qu s’était déroulé de son côté, les conquêtes sans intérêt dont il oubliait les noms et ne se rappelait que d’un détail qui avait capté son attention lui rappelant celle qu’il avait perdu. Hans avait croisé certaines de ses filles au détour de l’ascenseur il se rappelait de ce qui l’avait frappé chez elle, même couleur de cheveux, couleur d’yeux identique, sourire énigmatique, boucle brune, poitrine menue. Reconstituant ses femmes assit sur ce fauteuil à bascule il ne pouvait que noter ce que Brendon avait cherché a faire avec elle, retrouver Océane, revivre ses moments partagés ensemble. Se détruire en étant auprès d’elle. Le film continuait. Voyage vers la maison de la jeune femme, que s’était-il passé Hans l’ignorait, mais cela n’avait pas clos le film sur une scène heureuse de retrouvaille avec pour décor les montages du Montana. Non, le film avait continué, Brendon l’avait-il trouvé avec un autre ? Ou au contraire n’avait-il pas eut le courage de terminer son voyage ? Etait-elle absente au moment de sa visite ? Hans ne le connaitrait pas ces détails avant un moment, il le savait. Peut être lorsqu’il deviendrait grand-père ou lorsque Brendon apprendrait à lui faire confiance de nouveau. Le film avait continué, retour à l’Université, il avait su par Gretchen que son frère avait commencé à aller mal quelques jours seulement après la rentrée, il avait déraillé sévèrement, fuyant les cours, sa sœur et son meilleur ami. Il était arrivé à se mettre à dos tout ce beau monde en jouant le rôle du sale gosse de riche qu’il avait copié en s’inspirant des autres adolescents avec qui il avait grandit. Il avait gâché son mal être derrière une façade de froideur et d’indifférence. Il avait trouvé un dérivatif à sa souffrance, la drogue, un chemin facile qu’il avait emprunté seul, inspiré par le milieu dans lequel il avait évolué toute une partie de sa vie. C’était à ce moment du film qu’on découvrait les parents horribles qui avait élevé cette fratrie si solide. Des parents tyranniques, un père détaché et absent, une mère froide et persuadé de devoir séparer le gentil couple qui s’était reformé après l’overdose du héros, et après que l’héroïne lui ait sauvé la vie. Il y avait eut un mariage. Quand Hans ne pouvait le dire, il était survenu avant l’overdose, après la rentrée. Une évidence. Il y avait surement eut un dispute qui avait entrainé la séparation, l’overdose, l’atterrissage et l’hôpital. Exit les parents foireux et happy end pour nos amoureux, ils se retrouvaient après une cure de désintoxication, et Noël était le décor de rêve pour le final, dans les montagnes du Montana. Un décor idyllique pour clore notre histoire. Mais l’histoire était-elle terminée ? Réellement terminée ? Hans espérant que non, il espérait obtenir un rôle autre que celui d’un figurant dans cette histoire, trouver sa place auprès de ses enfants, de leurs nouveaux compagnons, il espérait se faire apprécier de cette jeune femme qu’il avait si mal jugé au début de l’histoire. Il espérait retrouver ses enfants, apprendre à les connaître. Océane avait été surprise par sa présence, elle pensait interrompre quelque chose il le lisait dans ses yeux et la rassura d’un sourire, ils n’en étaient pas encore à ce stade, et sa présence ne gênait en rien. Elle prétexta qu’elle devait remonter ce coucher, qu’elle le laissait ensemble, mais son regard détrompait son besoin urgent de sommeil, elle ne dormirait pas sans la certitude qu’il allait bien, et tant qu’il ne serait pas de retour auprès d’elle. Il la rassura d’une phrase et son regard tendre et paisible la rassura. Il ne serait pas long. La moustiquaire se refera puis la porte d’entrée. Seuls à nouveau.

    « Je ne sais pas comment j’ai pu être aussi stupide. »
    « Les diplômes ne font pas l’intelligence, nous ne sommes pas à l’abri d’une erreur, nous faisons tous des erreurs parfois. Tu parles de quelles erreurs en particulier ? »
    Demanda son fils non sans une pointe d’humour dans la voix.
    « Je me demande comment j’ai pu croire qu’elle ne t’aimais pas, qu’elle se servait de toi. Votre amour crève les yeux, tout comme sa sincérité, sa pureté. »
    « Peut être que toi aussi c’est l’amour qui t’as aveuglé papa. »
    Proposa Brendon en allumant une nouvelle cigarette au briquet de son père.
    « Peut être oui. » Murmura le quadragénaire en observant les traits de son fils avec attention. « Tu crois que tu arriverais a pardonné à un vieux fou. »
    « Non »
    Répondit doucement son fils après un instant de réflexion. Le visage de Hans se décomposa. « Pas à un vieux fou mais à mon père, oui. » Un fin sourire étira les lèvres du fils mais aussi du père au même instant.
    « J’ai le cœur fragile. » Répliqua en riant son père la main sur le cœur.
    « Moi aussi. » Ce n’était pas une simple boutade, mais une sorte d’avertissement. C’était une seconde chance, mais Brendon s’attendait à être déçu mais pourtant il leur offrait une seconde chance. A lui comme à sa mère. Une chance que Hans ne désirait pas gâcher.
    « Tu auras toujours une jolie brune pour te faire du bouche à bouche, moi j’ai ta mère ! » Un éclat de rire secoua Brendon alors qu’il écrasait sa cigarette dans le cendrier posé sur la rambarde. Un cendrier qui avait été posé là par un vieil homme qui avait remarqué le nombre incroyable de mégot de cigarette qui s’entassait dans les patères de fleurs ou dans la gouttière. Un sourire fit brillé les yeux de Brendon, la présence de trois fumeurs compulsifs qui profitaient du moindre instant d’inattention pour s’en griller une, seul ou à plusieurs.
    « Ca pourrait être pire… » Oh Brendon faisant dans la gentillesse envers sa mère cas unique de toute l’histoire de la vie de Brendon. Peut être après tout qu’il cherchait réellement à leur faire confiance même s’il aurait plus de mal à le faire avec l’une qu’avec l’autre.
    « Tu devrais aller te coucher. Sinon le Papa Noël ne passera pas ! » Plaisanta doucement son père en écrasant son cigare.
    « Papa ? » Brendon l’avait écouté et s’était approché de la porte. Pourtant il s’était retourné pour lui poser une dernière question.
    « Oui ? »
    « On devrait faire ça plus souvent. »
    « Oui. »
    Ils se sourirent doucement et Brendon rentra retrouver Océane.

    […]

    Il se glissa silencieusement dans la chambre, veillant à ne pas faire de bruit même s’il savait à l’avance qu’elle ne dormait pas, sa respiration silencieuse résonnait dans la pièce mais elle ne dormait pas, son ventre ne se soulevait à un rythme régulier. Elle n’était pas allongée sur le côté comme lorsqu’il dormait avec elle, elle était allongée au centre du lit sur le dos. Il ôta la couverture qui tomba sur le sol et enleva son pantalon pour rester en boxer et tee-shirt gris. Il souleva les couvertures pour se glisser auprès d’elle dans le lit « conjugal » qu’ils partageaient. Elle glissa sous le côté et il se serra contre lui. Il aurait été impossible de passer un fil entre eux tant ils s’emboitèrent automatiquement afin que chaque parcelles de leurs corps soient en contact. Il passa un bras autour de sa taille, elle nicha ses jambes contre les siennes, il rapprocha son buste de son dos, passa son deuxième bras sous sa tête pour qu’elle puisse nicher sa tête dans le creux de son épaule. Et lorsqu’ils furent installés correctement ils soupirèrent de contentement. Brendon glissa un baiser sur sa nuque et caressa doucement son ventre sa main se glissant sous le Sweat-shirt de la confrérie de Brendon.

    « Je t’ai déjà dis que j’envisageais de t’offrir ma garde robe… Tu la portes tellement mieux que moi… »
    « Je te proposerais bien la mienne mais je ne suis pas sur que ton jolie petit fessier entre dans les strings que ta sœur a déposé dans ma valise avant que je parte. »
    « Des strings ? Tu es tellement mieux sans, je ne vois pas l’intérêt ! »
    Glissa dit-il sensuellement à son oreille. Elle rit doucement de ce sous entendu non masquer.
    « Monsieur Driesen » Elle repoussa doucement la main qui remontait lentement le long de son ventre. « Vous vous égarez il me semble. Noël ce n’est pas encore pour toute suite. »
    « Je suis très ami avec le père Noël… »
    Chuchota t-il en l’embrassant langoureusement dans le cou.
    « Brendon… »
    « Umh… »
    Demanda t-il en descendant le col élargit du sweat-shirt pour embrassé la peau nue de son épaule.
    « Comment s’était avec ton père. »
    « Ce n’est malheureusement pas un sujet d’étude aussi approfondie que tu l’es pour moi… »
    S’amusa t-il à répondre.
    « Brendon ? »
    « Umh ? »
    Répondit-il à nouveau en découvrant la veine près de son cou qui battait follement au rythme du sang qui circulait de plus en plus vite dans ses veines.
    « Demain il va falloir se lever tôt… »
    « Umh… »
    « Brendon ? »
    « Umh ? »
    « Pas se genre de lever ! »
    Il rit doucement dans son cou et stoppa le mouvement.
    « Tu as intérêt à ce que je sois couvert de cadeau demain matin ma belle… Sinon je demanderais réparation physique pour fraude sur la marchandise. » Il caressa sa nuque de son souffle.
    « Brendon ? »
    « Umh ? »
    « Je t’aime. »
    Elle était exténuée.
    « Dors, on verra demain si je t’aime encore. » Taquin il ramena sur eux la couverture. « Dors… »

    […]

    Noël, la première association d’idée qui vous vient à l’esprit lorsque l’on vous dit ce mot c’est automatiquement le mot « cadeau ». Tout le monde pense aux cadeaux à Noël, les enfants s’amusent à faire des pronostiques sur ce que le papa noël leur aura apporté, sur le nombre de paquet qui les attendra au pied du sapin. Les enfants sont comme ça. Et Gretchen Driesen était également ainsi. Chaque année c’était la même chose, pourtant les Driesen n’était pas le genre de famille qui ouvrait les cadeaux dans la pure ambiance de Noël bien souvent après un brunch chez des amis ils rentraient à la maison et Brendon et Gretchen ouvraient seuls leurs cadeaux en compagnie des personnes qui les avaient élevés, leurs bonne qui avait été leur nourrice et leur chauffeur garde du corps. Alors autant dire que cette année Gretchen était à son maximum d’excitation, elle trépignait d’impatience à ouvrir ses cadeaux dans une ambiance typiquement familial dans un ranch avec de la vrai neige dehors. Brendon et Océane s’extirpèrent du lit en souriant et riant à la fois après l’arrivé tonitruante et surement fortement remarqué dans toute la maison de Gretchen. Brendon passa un pantalon et une veste, Océane récupéra son sweat-shirt et ils descendirent dans le salon. Océane lui avait promit un petit déjeuner de titan. Gretchen trépignait dans le salon comme une enfant, tournant autour du sapin tel une lionne en cage. Brendon rit doucement et embrassa Océane lorsqu’elle lui apporta le petit déjeuner, il l’attira sur l’accoudoir de son fauteuil pour l’avoir plus près de lui mais surtout pour l’éloignée de Gretchen.

    « C’est que la première année que tu fais ça avec Gretchen, croit moi si tu tiens à ne pas te faire éborgner, reste près de moi. » Puis il glissa à son père avec une mine de conspirateur. « Tu ne lui a pas offert le dernier sac du dernier créateur à la mode, n’est ce pas ? »
    « Non pourquoi ? »
    Répondit son père en souriant malicieusement. Brendon se tourna vers Océane et l’attira presque sur ses genoux.
    « Dans ce cas là mieux vaut que tu restes près de moi, elle risque de devenir dangereuse. »
    « Je t’entends Driesen ! »
    Gretchen ne se retourna même pas jetant un regard à son frère au travers du reflet d’une des boules décorant le sapin.
    « Et alors, c’est le but ! » La boule en plastique le manqua de peu. Elle ne savait toujours pas viser, heureusement pour lui.

    […]

    « Hey attendez y’en reste un ! » La voix de Gretchen sur excitée venait d’interrompre l’ouverture des derniers cadeaux de Brendon et d’Océane. Le couple se figea en plein mouvement le doigt entre le scotch et le papier cadeau. « Hey ! Il vient du duo comique ! » Sa voix trop aigue pour être réellement surprise la trahit.
    « Gretch’ rassure moi tu n’avais pas l’intention de nous faire croire que le Père Noël était passé cette nuit ! » Se moqua Brendon en s’emparant du paquet que lui tendait sa sœur. Il garderait le cadeau d’Océane pour la fin. Comme toujours il gardait le meilleur pour la fin. « Ensemble ? » Demanda t-il à Océane en remarquant leurs initiales sur le paquet. Ils tirèrent sur le bolduc ensemble et tomba sur les genoux d’Océane elle-même assise sur ceux de Brendon, deux tee-shirt noir avec imprimé sur la poitrine le visage de Duncan et de Curtis avec la mention « meilleurs amis du monde ». Un fou rire secoua le couple qui regarda les tee-shirts qu’ils avaient enfilés un peu plus tôt. Le visage de Francis barrait la poitrine d’Océane tandis que sur celui de Brendon figurait Billy Lee avec la mention « meilleurs grand père du monde. »
    « Ca y est je vois ! » S’exclama Océane en se frappant le front du plat de la main. « Je vois à qui ils me font penser maintenant ! » Un fou rire général emplit le salon. Pour la première fois Brendon voyait sa mère rire.
    «Tu l’ouvriras plus tard. » Chuchota Brendon à l’oreille d’Océane en glissant son paquet dans la poche kangourou de son sweat-shirt posé sur ses épaules.
    « D’accord. » Elle savait que ce cadeau était important au ton avec lequel il avait prononcé cette phrase, comme s’il avait peur que son contenu réinstaure un malaise entre les Driesen. Elle comprenait.

    […]

    « Je n’aurais jamais pensé dire ça un jour mais je vais exploser ! » Soupira Brendon en éloignant légèrement sa chaise de la table de la salle à manger. Gretchen sur sa droite explosa de rire alors qu’Océane enlaçait par réflexe ses doigts qui n’étaient plus occupés à monter sa fourchette vers sa bouche.
    « C’est un compliment. » Sous-titra Gretchen pour Billy Lee le chef cuisinier du jour.
    « Ce garçon a toujours faim. Un vrai gouffre. » Ajouta Hans pour plus de précision.
    « Je me dépense beaucoup ! » Se justifia Brendon face à l’accusation.
    « Si tu pouvais te dépenser moins avec ma petite fille ! » Soupira Francis de guerre las de lutter avec son détecteur à chaleur il avait finit par se faire à l’idée qu’il n’y aurait pas de demande en mariage tant que les parents de Brendon seraient là, après tout ils étaient censés être DEJA marié.
    « Ils sont mariés non ? » Se moqua Hans. Entre Francis et le vieil homme cela collait plutôt bien en une soirée ce qui surprenait à peine Océane. Le charme des hommes Driesen. Brendon et son père se ressemblaient beaucoup, même si l’un comme l’autre n’en avait pas conscience.
    « A ce qu’on dit… » Murmura Eleanor dans un murmure qui n’échappa aux oreilles de son fils. Il serra doucement la main d’Océane dans la sienne. Il repoussa sa chaise.
    « Maman, tu viens te balader avec moi, je vais te faire visiter la propriété au cas où tu es une envie de lait subite. » Il lui tendait la main, ne semblait pas lui laisser le choix. Il était temps de savoir ce qui se passait dans la tête de sa mère. « Et toi » Glissa t-il à l’oreille d’Océane. « Va chercher ce baladeur CD et écoute ton cadeau de Noël. » Un baiser et il s’éclipsait avec sa mère. Le regard inquiet d’Océane les suivit jusqu'à la porte d’entrée. La main de Hans se posa sur celle d’Océane.
    « Ne vous en faite pas, il sait comment est sa mère, ça va bien se passer. Il s’en sortira. Seul. »

    […]

    Elle était assise en tailleur sur leur lit, le casque de l’I-Pod de Brendon sur les oreilles, depuis sa place elle pouvait voir se qui se passait au loin derrière la fenêtre, elle ne pouvait s’empêcher d’observer les deux silhouettes qui marchaient dans la plaine à une distance raisonnable l’une de l’autre alors que la musique, sa musique, résonnait dans ses écouteurs. 13 chansons qu’il avait sélectionnées pour elle et réenregistrées, des chansons qu’il avait écrites ou des reprises de tubes préférées de la jeune femme. Elle ferma lentement les yeux, se laissant basculer sur le lit. Elle avait l’impression qu’il était partit depuis des heures alors que cela faisait à peine une heure. Qu’il soit seul avec sa mère l’angoissait, pourtant entendre sa voix lui susurrer doucement dans les oreilles des mots d’amour la détendait. Hans lui avait dit de lui faire confiance, qu’il s’en sortirait. Elle voulait le croire mais ne pouvait s’empêcher de se faire du mauvais sang. Elle arrivait à la fin du disque lorsqu’une porte claqua en bas, elle se redressa droite dans le lit lorsque le dernier morceau se déclencha. Elle voulut se lever, voir qui était rentré mais la voix de Brendon la cloua au sol.

    « Hello Beauté, tu arrives à la fin de l’enregistrement. J’espère que le show t’as plus… (Raclement de gorge gêné). Tu ne veux pas venir me faire un bisou ? Tu me manques… »

    […]

    « Je ne sais pas à quel jeu tu joues mais tu vas arrêtés tout de suite ! »
    « Ne me parle pas sur ce ton Brendon, je suis encore ta mère. »
    « Pour combien de temps « Mère », jusqu'à ce que Hans découvre ce qui se cache derrière cette attitude de repentante derrière laquelle tu te caches et qui ne dupes que lui ? »
    « Brendon… »
    Elle s’était approché de lui et avait posé sa main sur son bras. « J’essaye, j’essaye de faire des efforts, je te promets que j’essaye de changer… C’est dur pour moi… Je voulais tellement… Autre chose pour toi. Mais j’essaye. » Elle avait des larmes dans la voix et dans les yeux lorsque ses doigts effleurèrent les siens. « Croit moi mon chéri, je ne veux que ton bonheur… Il faut juste que je me fasse à l’idée que c’est cela ta notion du bonheur… »
    « Je ne vous demande pas d’accepter qui je suis du jour au lendemain… Mais s’il te plait, fait un effort avec Océane. Ma vie est ici à présent. »

    « Je te promet que je vais faire un effort avec ta femme. »

    Et le césar de la meilleure actrice est attribué à…

    […]

    Il l’avait vu courir vers lui slalomant entre les monticules de neige avec une facilité déconcertante. Il sourit doucement ouvrant les bras, se préparant à la réceptionner contre lui, il ne du pas attendre longtemps. Elle lui sauta au cou, nouant ses jambes autour de sa taille, riante et haletante tout à la fois. Il sourit et la fit tourner, ne tenant que ses mains dans les siennes lui faisant pencher le buste vers l’arrière. Heureux, elle le fit basculer en arrière afin qu’ils se retrouvent l’un sur l’autre allongé dans la neige. Elle lui donna un baiser glacer qui lui coupa le souffle.

    « Océane… »
    « Quoi ? »
    « Je vais te demander de m’épouser. »
    « Je sais ! »
    Répliqua t-elle en l’embrassant de nouveau.
    « Océane ! » Insista t-il. Elle releva la tête. « Bientôt, dans peu de temps, je vais te redemander de m’épouser. » Elle se figea. « Et j’espère que tu diras oui. Je ne te demande pas ton avis. Je t’avertis simplement, que tu es le temps de réfléchir à tout ça. Je vais te demander de m’épouser. Bientôt. »


    […]

    Elle avait eut besoin de temps, il le comprenait, assit à même le sol dans cette chambre qu’elle avait occupée la quasi-totalité de sa vie il se demandait cependant s’il avait bien fait de la brusquer. Il ne l’avait pas demandé en mariage directement, il avait prit la peine de l’avertir qu’il allait le faire et ce bien avant d’avoir remplit les conditions fixées. Elle était partie avec son grand-père surement pour réfléchir, le vieil homme savait ce taire lorsqu’il était nécessaire, une compagnie peut loquasse qui lui permettrait de réfléchir calmement loin de l’agitation qui régnait dans la maison surpeuplée. Brendon n’avait pas réfléchir, il était sur de son choix. Ce qui l’inquiétait c’était la réaction d’Océane à tout cela. Mais aussi sa mère. Oui, il s’inquiétait de la présence de sa génitrice ici, il ne croyait qu’a moitié à son mea culpa, et s’inquiétait de ce que les deux femmes avaient pu se dire. Il voulait croire que sa mère avait changé aussi spectaculairement que son père. Il le désirait très fort. Comme un enfant faisant un vœu le soir de Noël. Il voulait y croire. La porte s’ouvrit si doucement qu’il faillit ne pas l’entendre, mais il aurait reconnu cette respiration, son parfum n’importe où. Il n’ouvrit pas les yeux, simplement les bras. Se demandant si elle avait réfléchit et si enfin il allait pouvoir ouvrir avec elle ce dernier cadeau mystère posé à ses côtés.
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Océane J. Eono
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Grand-Pa' ! Let me introduce you London. Vide
MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyLun 3 Mai - 3:03


    « Océane ! T’sais qu’tu m’aides pas là ? »
    « Uhm… Chui d’tout cœur avec toi… »
    « Va don’ t’coucher, t’es bonne à rien. »
    « J’peux pas… »
    « Pourquoi don’ ? »
    « Faut qu’réfléchisse… »
    « A quoi ? »
    « Chai pas trop… »
    Pivotant sur la meule de foin dans laquelle elle avait élu domicile, Océane ne consentit même pas à ouvrir les yeux tout en s’étirant. Elle bailla de tout son soûl, puis tapota un peu la paille avant de glisser son avant-bras sous sa joue, et de reprendre sa douce somnolence. Voilà plusieurs minutes qu’elle était ainsi. A vrai dire, elle n’était même pas parvenue à tenir sa fourche en l’air, elle avait finit par la planter dans le sol et s’endormir dessus… debout… Finalement, le tas de paille lui avait fait de l’œil, l’attirant irrémédiablement. Elle n’avait résisté, en tout et pour tout, qu’une dizaine de seconde, avant de se vautrer dedans comme la dernière des incapables, et avait entamé le rattrapage des heures de sommeil qui lui avait manqué cette nuit. Elle devait aider son grand-père, mais soyons franc, il n’avait absolument pas besoin d’elle. Il ne s’agissait que d’une excuse, un faux prétexte pour accéder à la demande de Brendon. Il voulait qu’elle réfléchisse, alors elle lui donnait l’illusion que c’était ce qu’elle allait faire, réfléchir. C’est pour ça qu’elle ne pouvait regagner sa chambre pour dormir, parce qu’il y serait, parce qu’il se demanderait pourquoi elle ne réfléchissait pas, pourquoi elle préférait piquer un petit roupillon tranquille, et puis aussi, parce que, il faut bien l’avouer, elle appréhendait de le rejoindre. Cela pourrait sembler étrange, surtout de la part d’un couple aussi fusionnel, surtout de sa part à elle qui ne parvenait à se passer de lui plus d’une minute, mais ce n’était pas sa présence qu’elle fuyait, mais plus ce qu’il s’apprêtait à faire. Elle ne savait pas quand, au juste, mais il l’avait prévenu, il allait refaire sa demande très bientôt, peut être même sitôt qu’elle aurait remit un pied dans la chambre, elle le craignait. Elle ne craignait pas le mariage, elle craignait sa demande. Ou non, c’était plutôt l’inverse, si elle craignait sa demande c’est parce qu’elle redoutait le mariage. Ou quelque chose comme ça. Elle n’était pas très cohérente, elle en avait conscience, elle ne parvenait même pas à savoir ce qu’elle voulait vraiment. C’était surement pour cette raison qu’il lui avait demandé de réfléchir, de se préparer à sa future demande. Mais qu’imaginait-il ? Qu’elle n’y avait pas songé pendant ces deux mois ? Il pensait peut être qu’elle allait changer d’avis entre hier et aujourd’hui juste parce qu’il lui demandait de réfléchir ? C’était pas un coup de pression de ce style qui allait la pousser à s’asseoir pour songer à son avenir. C’était les instants passés ensemble, c’était cette trouille de le perdre, ce besoin de lui, ce manque lors de son séjour en cure, la nécessité de ne pas quitter sa fausse alliance durant toute son absence, les taquineries et plaisanteries au sujet de leurs statut de couple dès qu’ils voulaient se rabattre le caquet l’un l’autre, l’insistance de Francis, et puis l’avenir dans lequel elle parvenait enfin à se projeter, qui lui avait fait prendre sa décision, il y a déjà bien longtemps de ça. A vrai dire, elle savait déjà ce qu’elle devait répondre quand il lui avait posé la question pour la première fois. Elle n’avait donc pas besoin de réfléchir, c’était clair dans sa tête, si quelqu’un devait lui passer la bague au doigt, il était inenvisageable que ce soit un autre que lui. Tout ce qu’elle lui avait demandé c’était du temps, elle avait besoin de temps, mais il ne semblait pas l’entendre de cette oreille.
    « Tu veux en parler, Lutin ? » Demanda Francis après un long moment de silence durant lequel il avait du tourner et retourner cette question dans sa tête, avant de finalement oser la poser en balançant sa fourche pleine de foin dans l’enclos.
    « J’veux juste dormir. » Répondit-elle sans ouvrir les yeux.
    « Bon Dieu, mais qu’est-ce t’as fabriqué c’te nuit pour être dans c’t’état ? » S’emporta-t-il.
    « Rien d’blasphématoire, rassure-toi. » Calme, elle se contenta de se tourner de l’autre côté, cherchant une meilleure position avant de reprendre. « Insomnie, rien d’plus. »
    « C’est à cause des Driesen, c’est ça ? Tu t’sens pas à ton aise, Lutin ? » Enchaîna-t-il sans prêter attention aux soupirs de sa petite fille.
    « Mais c’est pas possible ! T’as avalé Freud au p’tit dej, ou quoi ? Depuis quand tu parles ? » S’indigna-t-elle devant son insistance, lui d’ordinaire si… silencieux.
    « Est-ce des manières de m’causer ? » C’était au tour de Francis de s’indigner, balançant son foin avec un peu plus d’ardeur que nécessaire.
    « Désolée… C’est juste que… Non, ça n’a rien à voir avec les Driesen… Ou alors peut-être bien, après tout ce serait légitime… » Elle s’était redressée, passait une main dans ses cheveux tout en semblant réfléchir sincèrement à ce qu’elle disait. « Ils m’ont quand même bien pourris la vie, sans compter ce qu’ils ont fait subir à Brendon !! Lui je l’aime bien, j’ai un bon feeling… Mais elle… GARCE ! » Cracha-t-elle en tapant du poing sur la paille qui vola autour d’elle. « Tu sais c’qu’elle a osé me dire ? Non ? Que je séparais sa famille !! T’y crois ? Moi ! Séparer une famille ! Faudrait déjà qu’elle sache ce que ça veut dire ! Elle va lui faire du mal ! Je l’sais ! J’le sens ! Elle prépare un truc et ça va le briser ! Je te jure, Francis, si elle lui fait le moindre mal, j’la bousille ! Je la tue ! Et c’est pas des paroles en l’air, j’m’en fous de la chaise électrique, je plaiderais la légitime défense ! »
    « C’est ça Lutin, c’est ça… » Répétait Francis, insensible au délire de sa petite fille. « Tu devrais vraiment aller t’coucher mon lapin, tu sembles à bout d’nerfs. »
    « Non ! Je vais très bien ! »
    « Préméditer un meurtre contre sa belle-mère, c’est pas aller très bien, t’sais ? »
    Nonchalant, il s’activait à la tâche tout en gardant un ton neutre, celui d’une conversation somme toute normale.
    « Aucune préméditation, un simple instinct de survie si tu préfères. Je prémédite pas, je t’avertie, nuance, afin que tu ne t’étonnes pas si tu trouves une rousse et une mare de sang dans ton salon. » Reprit-elle en récupérant sa position horizontale sur la meule de foin.
    « Informe plutôt Billy, c’est lui l’préposé au ménage. »
    « C’est noté. »
    Fermant les yeux une nouvelle fois, Océane s’était contentée de lever le pouce pour accentuer son propos avant de retourner à sa sieste entourée de vaches laitières. Mais Francis en avait décidé autrement.
    « Vous allez leur dire la vérité quand ? » Lâcha-t-il au bout d’un nouvel instant de silence.
    « A qui ? »
    « Aux parents du gamin, pardi ! »
    « A quel propos ? »
    « De vot’ faux mariage ! »
    « Tu sais très bien qu’il est pas faux, ce mariage. »
    « Est-c’qu’le gamin l’sait ? »
    « Non. »
    Répondit-elle après une hésitation.
    « Alors c’est un faux mariage. » Conclu-t-il en plantant sa fourche dans la terre meuble après avoir achevé sa tâche. « Et pis, t’sais très bien qu’c’est pas la loi des Hommes qui m’importe, à moi. » ajouta-t-il en caressant, presque machinalement, le petit crucifix qu’il portait autour du cou. Un mariage, pour Francis, s’opérait avec Dieu pour témoin, sinon, il n’avait pas lieu d’être.

[…]

    Elle avait fini par céder, et accepter de quitter la grange comme le lui avait demandé Francis, incapable de supporter sa présence inactive une minute de plus. Si elle était fatiguée, qu’elle aille se coucher, mais qu’elle ne reste pas là sans l’aider. Ca ne ressemblait pas à son lutin, ça, ce type de comportement, elle d’habitude si active, bien pressée de terminer ses tâches quotidiennes pour aller se coller, de nouveau, au gamin, comme si elle était incapable de se passer de son contact trop longtemps. D’ailleurs, il avait pu le remarquer, les premières minutes ça allait, mais plus on avançait dans le temps, et puis sa petite fille se comportait comme une droguée en état de manque, comme un fumeur invétéré après 8h d’avion, ses mouvements se faisaient plus vifs, ses paroles plus pressées et son humeur exécrable. Pourtant, aujourd’hui, elle n’avait rien fait de tout ça. Chose peu ordinaire, elle avait traîné… Traîné ! Comme si elle ne voulait pas rentrer à la ferme, comme si elle n’était pas pressée de le retrouver. Etrange, non ? Très étrange selon Francis qui espérait de tout cœur qu’il n’y ait pas d’eau dans le gaz dans le jeune couple. Ca ne semblait pas être le cas, sinon elle ne se serait probablement pas montrée aussi excessive en menaçant de tuer sa belle-mère, mais… Il n’aurait de répit qu’en les voyant de nouveau l’un avec l’autre. Il n’aurait jamais cru dire ça un jour, mais il avait hâte de surprendre un nouveau flagrant délit d’affection entre eux. Il imaginait qu’elle devait avoir rejoint la chambre à présent, et s’adonner à… à ce qu’ils faisaient dans la chambre et Francis ne voulait pas en savoir plus. Mais il se trompait. Si elle avait effectivement bien quitté la grange, ce n’était pas pour reprendre le chemin de la maison. Elle avait traîné un peu dans la neige, pour finalement gagner les écuries. Cela faisait bien longtemps qu’elle ne s’était pas occupée de sa monture, la pauvre bête devait se sentir délaissée. D’ordinaire, elle passait le plus clair de son temps aux côtés de son cheval, celui qu’elle avait vu naître, qu’elle avait dressé et avait monté jusqu’à aujourd’hui, celui qu’elle avait nommé Red Crow, comme le plus grand chef de la nation Blackfeet, cette même communauté qui lui avait offert ce poulain. Elle l’avait quelque peu négligé ces derniers temps, laissant Francis s’en occuper alors qu’elle préférait passer tout son temps libre auprès d’un tout autre étalon. Espérant qu’il ne lui en tiendrait pas trop rigueur, elle s’était réfugiée dans son box, avec la ferme intention de se faire pardonner ce malheureux écart de conduite. Elle avait brossé sa robe, décrotté ses sabots, avant de lui passer une selle, des jambières pour finir par jaillir de l’écurie à toute vitesse, forte de plusieurs centimètres supplémentaires. Elle ne s’était pas éloignée de la ferme, la neige était bien trop dense, mais elle avait permit à Red Crow de se dégourdir les pattes ailleurs que dans le cirque couvert. Juchée sur le dos de la nerveuse bête, elle avait admirer ces paysages qu’elle connaissait par cœur, mais redécouvrait à chaque fois, elle s’était dit qu’il fallait qu’elle amène Brendon par ici, à cheval, pour lui faire partager tout ça, et puis, elle avait comprit qu’elle ne pouvait rien faire, rien admirer, rien découvrir, sans penser à lui. C’était plus fort qu’elle, il était là, en elle, indissociable d’elle. Elle ne pouvait pas simplement l’effacer, pas même le temps d’une balade, elle était tout sauf indépendante. Elle n’était pas une personne à part entière, elle n’était qu’un bout de lui et ça lui faisait peur… Elle se faisait peur. Elle avait finit par rebrousser chemin, mais n’avait pas ramené Red Crow dans son box. Le maintenant par les raines, elle avait échoué à l’entrée d’une des granges, celle où on stockait les produits de saison. A cheval sur la barrière, les naseaux de Reddy soufflant dans son cou, elle profitait d’une cigarette tout en réfléchissant à ce qu’elle était. A ce qu’elle était réellement sans lui. Pas grand-chose, à l’évidence.
    « Tu t’entraines à avoir la même haleine qu’ton ch’val ? » Scanda une voix à proximité, provoquant un sursaut chez la jeune femme. Billy roulait droit vers elle. Utilisant la rampe en bois qui avait été posée pour relier tous les bâtiments entre eux, et protégée par un auvent qui empêchait, techniquement, la neige de s’y déposer, l’handicapé étrennait ses nouveaux gants. « Ultra pratique ! » Annonça-t-il en levant une de ses mains protégée par la mitaine de cuir. « Pas très country, mais pratique. »
    « Tu sais très bien que j’ai toujours été très heavy metal ! »
    Lui répondit-elle, pince sans rire, en tirant une nouvelle fois sur sa cigarette.
    « Comme l’aut’ déglingué qui s’maquille en blanc et noir, s’fait appeler par un nom d’fille, détruit « tainted love » par ses hurlements, et fait sans arrêt ce geste ? » Joignant le geste à la parole, il plaça son index et son majeur en « V » devant sa bouche avant de faire gigoter sa langue dans tous les sens.
    « Par pitié, Billy ! Ne refais plus jamais ça ! » S’exclama Océane en plaquant une main devant ses yeux.
    « Pourquoi don’ ? Ca veut dire qu’chose d’précis ? »
    « Oui !!! Et non, tu ne veux pas savoir de quoi il s’agit. »
    L’informa-t-elle en tentant de chasser ces images de sa tête.
    « Si tu l’dis. » Répondit-il en se laissant rouler sur la pente douce, jusqu’à elle. « Tu d’vrais pas être avec ton Jules ? T’fais peine à voir, seule avec ton canasson. »
    « Non, j’dois réfléchir. »
    Répéta-t-elle comme l’heure passée, avec Francis.
    « A quoi ? » Demanda-t-il en arrivant à son niveau.
    « Y a une heure je t’aurais répondu que je n’en savais rien, mais je crois que je me suis trompée. » Elle se laissa tomber de la barrière pour ne pas obliger Billy à lever la tête jusqu’à elle, et d’une main, poussa le vieil homme jusqu’à l’entrée de la grange, où il ferait plus chaud. « Encore une fois, il avait raison. »
    « Qui don’ ? L’gamin ? J’suis pas ton grand-père, Gamine, tu peux m’parler si t’en r’ssens le besoin. »
    Il avait raison, il n’était pas Francis. Elle avait toujours été plus à l’aise avec lui, peut être parce qu’elle n’avait pas cette peur de le décevoir, ou ce besoin de le rendre heureux même si pour ça elle devait faire des sacrifices et mentir sur ses envies. Avec Billy, la conversation était toujours plus aisée et simple. Elle ne craignait pas son jugement, et, étrangement, il était toujours de bons conseils. N’était-ce pas lui qui lui avait qu’elle avait fait une grosse erreur en quittant son amoureux de San Francisco lors de leur voyage jusqu’à Billing en voiture ?

    « Est-ce que tu me trouves autonome ? » Finit-elle par demander après un moment de réflexion, avant de se laisser tomber sur le tronc d’arbre qui faisait office de banc devant la grange.
    « C’est une question piège ? Tu m’poses vraiment la question ou t’as envie qu’j’te dise c’que tu veux entendre ? » Le vieil homme fronça un sourcil, dubitatif. Il ne comprenait pas trop où elle voulait en venir.
    « Non, non, c’est une vraie question. J’ai le sentiment… C’est dur à expliquer, mais… Tu vois, avant qu’on se sépare, ou plutôt avant que je le quitte, on était déjà fusionnel, mais c’était pas à ce point-là. Oui, je sais, j’ai cru le perdre et ma réaction est surement normale, mais au-delà du fait qu’on est toujours l’un sur l’autre… Ôte-moi ce sourire grivois de tes lèvres ! Donc au-delà de ça, il est toujours là ! » S’animant, elle tapota sa tempe de son index, comme pour mieux lui faire comprendre ce qu’elle ressentait. « Je ne conçois pas une seconde sans lui, il ne se passe pas une seconde sans que je pense à lui, pas à la manière d’une mégère genre « qu’est-ce qu’il fait ? qui il voit ? Etc… » mais juste comme ça, je pense à lui, je me demande ce qu’il penserait de ça ou ça… Non, même pas, je me le demande pas, puisque je sais ce qu’il penserait. C’est pire que ça, je… je peux presque imaginer sa présence à mes côtés tant je connais ses réactions, ses émotions, sa façon de parler. Je pourrais presque me faire les dialogues toute seule ! »
    « Ha oui ? Alors qu’est-c’qu’il dirait de ta tirade, là ? »
    Testa Billy avec le sourire.
    « Il me dirait… « Puisque tu sais si bien à quoi je pense, dis-moi ce à quoi je pense en ce moment même. » et puis il m’attraperait par la taille, et il viendrait me… » Son index tapotant son cou, elle s’immobilisa en se rappelant à qui elle parlait, et pourquoi elle ne devait pas aller plus loin dans sa démonstration, mais le sourire de Billy ne trompait pas, lui aussi savait très bien à quoi pensait Brendon dans cette imitation de lui.
    « Et bien ? Qu’est-c’qui t’dérange ? T’as peur de t’lasser ? D’plus avoir d’surprises ? »
    « Oh non ! Non, je ne me lasserais jamais de lui. Il n’est pas sans surprise, il est même plutôt assez imprévisible. Le problème ne vient pas de lui, mais de moi et de mon incapacité à vivre sans lui au point de l’imaginer lorsqu’il n’est pas là. »
    Expliqua-t-elle en extrayant une nouvelle cigarette du paquet, fébrilement.
    « Et alors, c’est pas bien, ça ? Tiens, donne m’en une, va. » Tendant la main, il attendait qu’Océane lui offre une cigarette, à lui, le non fumeur.
    « Tu fumes, toi ? »
    « Ca m’aide à réfléchir. »
    « Le problème, c’est que je me demande comment je vais faire. »
    Reprit-elle, tout en déposant une cigarette dans la mitaine du vieil homme. « J’étais déjà accroc à lui, mais pas à ce point, et pourtant lors de notre séparation, je… » Elle ne parvint pas à finir sa phrase, incapable de mettre des mots sur l’état dans lequel elle s’était trouvée cet été.
    « J’sais va… J’t’ai vu d’mes yeux, gamine. T’avais beau t’croire invisible, tu trompais personne. »
    « Justement ! Qu’est-ce que ce serait maintenant, alors que je ne parviens même plus à être une personne entière lorsqu’il n’est pas là ? »
    S’emporta-t-elle, énervée contre elle-même et son incapacité à être aussi forte qu’elle l’avait toujours été.
    « J’vois pas trop où tu veux en v’nir, Lutin. T’es toujours Océane là, et pourtant l’est pas là ton Jules ! T’es toujours la même pisseuse avec des points d’interrogation plein l’crâne ! Et puis t’as pas d’mourrons a t’faire, tu comptes pas l’quitter, pas vrai ? » Voilà qu’il était prit d’un doute. Et si c’était ce qu’elle essayait de lui dire depuis tout à l’heure ? Mais pourquoi voudrait-elle le quitter alors qu’elle prétendait ne pas pouvoir vivre sans lui ? C’était stupide.
    « Non… » Ouf. « Mais si lui me quitte ? Je deviens quoi ? » Demanda-t-elle tristement, baissant la tête pour ne pas le laisser voir son visage ravagé, meurtrit à l’évocation de cette simple hypothèse.
    « Pourquoi il t’quitt’rait ? Il veut t’épouser, pas t’quitter ! »
    « Comment tu sais ça, toi ? »
    Demanda-t-elle en se tournant brusquement vers lui. « Enfin bref… » Conclue-t-elle après avoir capté le petit sourire de Billy. Il était évident que Brendon n’avait pas su tenir sa langue. Qu’imaginait-elle ? « Tu es au courant de son séjour à l’hôpital ? » Evidemment, Billy hocha de la tête. Evidemment. « Et tu sais pourquoi ? » Nouveau hochement de tête. « Evidemment. » Glissa-t-elle avec ironie. « Et pour le coma… ? » Tenta-t-elle en s’imaginant qu’elle allait peut-être lui apprendre quelque chose. Mais non, il hocha la tête une fois encore. Mais bon sang, Brendon était un véritable moulin à parole, ou Francis l’avait soumis à un détecteur de mensonges ? « Et bien… Quand il était dans le coma, il m’a expliqué qu’il avait fait une sorte de rêve. Mais un rêve très réaliste. »
    « Et il s’passait quoi dans son rêve ? »
    Demanda-t-il en tirant sur sa cigarette avec la maladresse de celui qui ne fait ça que très rarement.
    « Il s’est imaginé un avenir avec moi. On était marié et on avait une fille, Mélanie. »
    « Comme ta mère ? »
    S’amusa-t-il avant de surprendre le regard noir d’Océane. « Oui, donc il a rêvé d’toi et d’lui, c’est plutôt bon signe, ça ! C’est pas comme s’il s’était rêvé dans la peau d’Hugh Hefner à la villa Playboy. »
    « Peut être que j’aurais préféré, figure-toi. »
    Se lamenta Océane, son visage entre les mains.
    « J’te suis pas, Gamine. »
    « C’est simple, il est persuadé qu’il a rêvé son avenir… Je veux dire VRAIMENT… Comme s’il s’agissait d’une vision ou d’un truc dans le genre, tu vois ? Il est persuadé que c’est cet avenir-là qui nous attend. »
    « Et tu veux pas ? »
    Billy ne semblait pas comprendre. N’était-ce pas le rêve de toute femme de se trouver un homme qui rêvait de fonder une famille avec elle ? C’est vrai qu’Océane n’avait jamais été une fille comme les autres, mais de là à prendre peur là où d’autres se mettraient à pousser des cris de joie…
    « Si ! Fondamentalement c’est ce que je veux, mais… »
    « Mais quoi ? Il est où l’problème ? »
    « Le problème c’est que j’ai pas forcément envie de son rêve, moi… Je veux dire que j’ai pas envie qu’il fasse les choses juste pour obtenir ce qu’il à vu durant son coma. Parfois j’ai l’impression de n’être que l’instrument qui lui permettra d’aboutir à ce résultat, comme s’il n’avait de cesse que de rejoindre cette Océane plus vieille, celle qui a accepté de l’épouser et qui lui a fait un enfant… »
    « Tu f’ras gaffe, mon Bouchon, j’crois qu’t’es jalouse de toi, là. »
    Se moqua Billy en écrasant sa cigarette contre une de ses roues, un rire aux lèvres.
    « Mais c’est pas ça ! Tu comprends rien ! » S’énerva-t-elle.
    « Mais je n’demande qu’à comprendre. »
    « Et si ça se passe pas exactement comme dans son rêve ? Et si je veux pas me marier ? Et si je peux pas avoir d’enfant ? Mettons que je sois stérile… ? »
    Sa voix s’était éteinte au fur et à mesure, si bien que ce fut dans un souffle qu’elle reprit « Est-ce qu’il voudrait toujours de moi ? ». Le silence s’installa devant cette grange, uniquement rompu par le souffle du cheval qui grattait la neige à la recherche de ce qu’il pourrait y avoir en-dessous. Puis soudain…
    « Mais nom de Dieu ! Qu’est-ce qu’on vous apprend dans ta faculté ? » Rugit Billy en tapant du plat de la main sur l’accoudoir de son fauteuil. Océane qui venait de relever la tête, restait sans voix devant cet éclat, incapable de prononcer un mot, ni même de faire preuve du sarcasme qui lui serait venu naturellement en temps normal. « J’ai jamais rien entendu d’plus crétin qu’ça ! Et Dieu m’est témoin qu’ton vieux est capable de sortir un nombre incroyable d’conneries ! Mais t’es la reine, Lutin ! D’jà, tu m’f’ras l’plaisir d’arrêter d’songer à la stérilité avant même d’avoir essayé d’faire un p’tiot ! C’est pas Dieu possible d’foutre la charrue avant les bœufs d’c’te manière ! Et puis, pourquoi t’as la pétoche d’un coup ? »
    « Tu veux bien arrêter d’en appeler à Dieu à tout bout de champs ? Ca me met mal à l’aise… » Répondit-elle en se massant les tempes, comme si elle venait d’être prise d’une violente migraine. « Je… heu… Il va me demander en mariage, et je… J’ai pas envie de l’inciter dans son délire de rêve à la con. Je veux pas participer à ça. »
    « Et toi ? Tu veux quoi ? »
    « J’en sais rien ! Je veux pas lui dire oui juste pour lui faire plaisir, juste pour respecter son planning virtuel et qu’il coche les cases au fur et à mesure. Il s’est vu dans 5 ans, époux et père, dans cette ferme. Est-ce que ça veut dire que je dois le laisser s’enterrer ici pour son bonheur ? Est-ce que ça veut dire qu’il ne pourra pas être heureux autrement ? »
    « On a tous dans la tête une vision plus ou moins précise d’son avenir rêvé. J’pense pas qu’le gamin soit très différent d’Francis quand il faisait la cours à Joe, ou d’ton père quand il suppliait ta mère d’l’épouser. J’pense vraiment qu’il s’rait heureux n’importe où à condition qu’soit avec toi. Evidemment il préférait qu’ce soit ici, avec la bague au doigt et une p’tite rouquine qui sème la pagaille partout, mais… Un couple c’est fait d’compromis, et y a pas qu’ses rêves à lui qui comptent. Y a les tiens aussi, et ça, il l’sait parfaitement. Crois-moi, p’tit lutin des neiges, faut pas qu’tu t’montes le bourrichon avec toute cette histoire d’rêve, et qu’tu répondes ce que tu veux vraiment lui répondre… »
    Il leva les yeux, accompagnant le mouvement d’Océane qui venait de se relever de son banc improviser, resserrant les raines de l’étalon pour le rapprocher d’elle. « Et n’oublie pas qu’ta mère était déjà mariée à ton âge, Gamine. »
    « Justement. Peut-être que je n’ai pas envie de connaître le même destin qu’elle… »
    Répondit-elle tristement, avant de tourner les talons pour rejoindre les écuries.

[…]

    « Qui fut le 9ème président des Etats Unis d’Amérique ? » Enonçait le présentateur depuis l’écran de la vieille télé en noir et blanc qu’on avait disposé au milieu du salon, tandis qu’Océane se débarrassait de ses épaisses bottes de neige et du manteau de son homme qu’il lui avait imposé avant qu’elle ne sorte. Elle avait ramené Red Crow dans son box, et n’avait pas traîné pour rentrer au foyer. Elle n’avait que trop tarder jusqu’à présent, et si c’était lui qui lui avait demandé de réfléchir –ce qu’elle regrettait toujours autant– il n’avait certainement pas imaginé qu’elle prendrait autant de temps. Il lui avait fallut plus de deux heures pour tenter de tout remettre en ordre dans sa tête, et elle n’y était toujours pas parvenu. Si elle rentrait ce n’était absolument pas parce que l’appréhension l’avait quitté, pas du tout. Si elle rentrait c’était pour la simple et ridicule raison qu’il lui manquait. Aussi con que cela puisse paraître, elle ne tolérait pas de gaspiller son temps, et c’était le sentiment qu’elle avait lorsqu’elle demeurait loin de lui. Ils avaient perdu près de six mois par sa faute à elle, alors il était hors de question d’en perdre encore. « A. Andrew Jackson ? B. Franklin Pierce ? » Continuait le présentateur dans le petit poste, tandis qu’Océane entrait dans la pièce en se frictionnant les bras au travers de son pull. Francis avait ressortit la vieille télévision ? Gretchen avait dû se montrer très persuasive alors. Les Driesen au presque grand complet avaient élu domicile sur le canapé ancestrale, et suivait l’émission avec un intérêt plus ou moins feint. On aurait dit un portrait de famille ordinaire, qui pourtant sonnait faux dans ce cas-ci. La brune cherchait ce qui ne collait pas, le détail qui l’empêchait de se satisfaire de cette comédie des apparences. Gretchen avait l’air heureuse, fronçant les sourcils tout en fouillant dans sa mémoire pour retrouver le nom du 9ème président, Hans souriait devant les mimiques de sa fille, tout en touillant son café qui devait être sucré à l’excès. Et Eleanor… Ha bah voilà ce qui clochait ! Sa simple présence suffisait à ruiner le tableau. Pourtant elle se montrait étrangement avenante, ramassant du bout de l’index une goutte de café glissant le long de la tasse de son époux. « C. William Harrison ? Ou D. John Tyler ? » Poursuivait le présentateur face à un candidat qui semblait blême, malgré l’absence de couleur.
    « Réponse D. John Tyler. » Répondit la voix féminine et guindée de sa méprisable belle-mère. Elle hochait la tête avec certitude, comme s’il n’y avait rien de plus simple que de répondre à cette question.
    « Comment tu peux en être si sûre ? Le 9ème président ça devait être… heu… » Gretchen tentait de compter sur ses doigts, remontant dans le passé jusqu’à la période de cette présidence. « Les années 1830 ou un truc dans le genre ! »
    « 1841. »
    Répondit Océane en retirant ses gants. Gretchen la contempla traverser la pièce, avant de se tourner vers sa mère, l’interrogeant du regard comme pour lui demander de confirmer l’information que venait de fournir sa bru.
    « Oui, ça doit être ça, les années 40. Tyler c’était 40-50, il me semble. »
    « 1841 à 1845 très exactement. »
    Précisa Océane, l’air de rien tout en s’attachant les cheveux, les yeux sur l’écran, observant ce que le candidat allait répondre. « Mais Tyler c’était le 10ème président, pas le 9ème. »
    « Pas du tout ! Le 8ème c’était Buren ! Je le sais très bien, Samantha Buren, sa descendante directe, fait partie de mon club de lecture. »
    S’insurgea Eleanor avant d’afficher un petit sourire serein, persuadée d’avoir collé Océane.
    « Ce serait vite oublier William Harrison. » Rappela Océane en tournant les talons pour rejoindre les escaliers.
    « Qui ?! » Demandèrent en chœur Gretchen et Eleanor.
    « William Harrison, ancien gouverneur du territoire de l'Indiana et sénateur de l'Ohio, partisan de l'esclavage, c'est le premier président issu des rangs du parti Whig. À peine un mois après le début de son mandat, il meurt d'une pleurésie contractée lors de son discours d'investiture dans un froid glacial. » Répondit-elle depuis les escaliers, alors que le candidat dans le poste, validait la réponse D. John Tyler. Elle venait d’atteindre le palier lorsque la réponse de l’animateur se fit entendre :
    « Mais non ! C’était la réponse C. William Harrison ! Il n’aura fait qu’un mois de son mandat, pas assez pour marquer l’Histoire, mais suffisamment pour devenir le 9ème président des Etats Unis d’Amérique. John Tyler lui succédera. » Mais Océane ne prêtait déjà plus attention à rien. Déjà qu’elle avait répondu machinalement, comme elle le faisait régulièrement, pas dans le but d’étaler sa science ou d’impressionner quiconque, juste parce que cela lui semblait normal de répondre lorsqu’on avait la bonne réponse, alors à présent qui ne lui restait plus que quelques mètres avant de retrouver son homme, il ne fallait pas lui demander de se concentrer sur autre chose.

    Elle allait rejoindre directement leur chambre, quand elle aperçu la porte de sa propre chambre entrouverte. Quel était l’inconscient qui avait laissé la porte ouverte ? Driesen s’était-il échappé ? Et Fox qui trainait en bas… Son inquiétude ne s’apaisa qu’en constatant la présence de Driesen Cat sur le lit, et son plaisir s’activa en remarquant Driesen l’amoureux sur le plancher. Un sourire aux lèvres, elle poussa un peu plus la porte, afin d’entrer dans ce qui avait longtemps été sa tanière, et qui maintenant s’était transformé en royaume de Monseigneur Driesen, Chat-telin. Brendon ne fit même pas l’effort de se tourner vers elle, ou ne serait-ce d’ouvrir les yeux, il se contenta d’écarter les bras, l’invitant clairement à venir s’y installer. Elle ne se fit pas prier très longtemps, elle ôta le pull qui s’avérait superflue dorénavant, et vint s’y loger avec la dextérité d’un félin, ondulant contre lui pour trouver une position où son corps serait totalement contre le sien, mais une position qui ne serait pas inconfortable pour autant. Impossible. Aussi échoua-t-elle entre ses jambes, quémandant la chaleur de son corps à lui, en repliant ses bras contre elle pour faciliter l’étreinte qu’il n’allait pas tarder à lui offrir.

    « Tu composais, Amour de moi ? » Demanda-t-elle en remarquant la guitare sur le sol. « Et t’as pas ouvert mon cadeau encore ?! » S’étonna-t-elle après que son regard eut dévié sur la petite boîte posée au sol. « Oooh, c’est mignon… » Se moqua-t-elle « Tu te mets en mode veille dès que je m’éloigne ? » Elle chercha à s’approprier ses lèvres qui, inutile de le préciser, lui avait cruellement fait défaut, mais surprit une grimace sur les traits de son amoureux. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Demanda-t-elle en se figeant. Est-ce qu’elle lui avait fait mal ? Elle n’avait pourtant pas bougé.
    « Je ne sais pas comment te le dire sans te vexer, mon cœur, mais… » Commença-t-il, sans cesser de grimacer.
    « Mais quoi ?! » S’impatienta-t-elle.
    « … Tu pues. » Conclue-t-il avec un petit sourire amusé au coin des lèvres, tout en reculant son visage en arrière.
    « Je QUOI ? » S’exclama-t-elle plus surprise que réellement vexée.
    « Tu sens, mon amour. » Insista-t-il en se retenant de rire.
    « Mais non, mais pas du tout, mais je… » Portant la manche de son léger pull à son nez, elle stoppa toute négation pour exploser « … Watchaaa ! T’as raison ! C’est une tuerie ! » Elle renifla une nouvelle fois avant d’éloigner son avant-bras de son nez. Elle sentait le cheval, une odeur assez forte et pas agréable pour tout le monde. A vrai dire pas agréable dès qu’on quittait les écuries. Océane se mit à rire, avant de se frotter un peu plus à son homme qui, pourtant, tentait de fuir son contact. « Mais quoi ? C’est pas toi qui veux faire ta vie ici ? Faut te faire à l’odeur de la campagne, amour de moi ! Sens-moi cette bonne odeur de cheval ! Tu sens ? » Ils avaient finit par échouer complétement sur le sol, Brendon en-dessus, cherchant à attraper les poignets de la brune, tout en reculant son visage le plus possible d’elle, tandis que cette dernière, au-dessus de lui, cherchait à se frotter, encore et encore, imprégnant ses habits à lui, de cette odeur.
    « Oui, je sens très bien ! C’est bien ça le problème ! » Se moquait-il, incitant Océane à se venger plus encore.
    « ARIEL !! En 1908 aux J.O., le marathon se dispute pour la première fois sur 42,195 km entre... A : Versailles et Paris / B : Le Pirée et Athènes / C : Windsor et Londres / D : Pise et Rome ? » Hurla la voix de Gretchen depuis le salon.
    « J’M’EN FOUS !! » Hurla Océane en guise de réponse.
    « T’AS PAS LE DROIT A CETTE REPONSE ! T’ES MON APPEL A UN AMI ! »
    « T’AS QU’A FAIRE LE 50/50 ! »
    Scanda-t-elle avant de se jeter, avidement, sur les lèvres de son compagnon qui se laissa faire comme si c’était ce qu’il attendait depuis un moment, répondant même avec une certaine envie à son frottage compulsif.
    « LES PARENTS SAVENT PAS ! OCEANE !! REPONDS OU JE MONTE !! » Tentative désespérée de la part de Gretchen, qui fit mouche. Océane quitta les lèvres de son amant, et lui offrit un regard qui voulait dire « Elle est capable de faire ça ? ». Vu l’air qu’affichait Brendon, oui, sa sœur était bien capable de venir les emmerder juste pour qu’elle réponde à sa question, même s’ils avaient fournis la réponse dans l’émission.
    « REPONSE C ! LES J.O DE 1908 AVAIENT LIEU A LONDRES ! » Hurla-t-elle en direction de la porte.
    « TU VIENS DE REMPORTER LE MILLION, ARIEL ! »
    « Super… » Murmura Océane, l’air de n’en avoir absolument rien à faire, tout en venant récupérer les lèvres qu’on lui tendait, les torturant un peu au passage, n’y allant pas franchement, mordillant, s’amusant, le cherchant du bout de la langue, avant de se reculer, s’arcqueboutant en arrière en grimaçant. Attrapant ses cheveux, elle les passa sous son nez, et grimaça un peu plus. « T’as raison, je pue ! » S’exclama-t-elle en se relevant.
    « Tu fais quoi, là ? » Demanda le délaissé avec surprise.
    « Je vais prendre une douche et… » Elle renifla ses cheveux une nouvelle fois, avant de les renvoyer par-dessus son épaule. « Et me laver les cheveux. Profites-en pour ouvrir mon cadeau, tu vas finir par me vexer. » Annonça-t-elle dans un petit sourire. Elle évitait sciemment d’aborder le sujet de la demande en mariage, déjà parce qu’elle ne savait pas quand il comptait s’y prendre, et puis parce qu’elle appréhendait ce moment-là. Mais au final, cela se voyait, cela se sentait. Elle parlait vite, enchainant les mots comme pour l’empêcher d’en placer une, elle avait même du mal à le regarder en face, de peur qu’il puisse y lire son trouble. Nerveuse ? C’était un euphémisme ! Elle était terrorisée ! Devait-elle lui avouer que techniquement ils étaient déjà mariés ? Même si ça ne ressemblait en rien à la vision de mariage qu’il avait en tête, les faits étaient là, ils étaient mari et femme, et elle était en droit de porter cette alliance et son nom. Est-ce qu’elle devait le lui dire ? Elle avait le sentiment de le tromper en ne lui disant rien. Devait-elle lui confier ses doutes et ses craintes ? Devait-elle lui dire qu’elle avait peur que ce mariage soit, à ses yeux, qu’une étape vers ce futur qu’il avait vu en rêve ? Devait-elle lui dire qu’elle se sentait moins importe que cette Océane du futur qu’il semblait aimer plus que celle du présent ? Devait-elle lui dire qu’elle avait eu beau réfléchir comme il le lui avait demandé, elle n’avait en rien prit sa décision ? Qu’au contraire, le fait de réfléchir n’avait fait que mettre à jour des doutes qu’elle n’avait pas encore soulever ? Qu’avant son coup de pression elle aurait répondu « oui », et que maintenant elle était plus proche du « non » qu’autre chose ? Devait-elle lui confier tout cela ? Et bon dieu, pourquoi avait-elle la frousse comme ça, alors qu’elle prétendait être mariée depuis des mois, alors qu’elle était techniquement mariée depuis la première nuit ici ? En fait, elle n’avait pas peur du mariage en lui-même, elle n’avait pas peur de s’unir à lui pour la vie, puisque cet accord tacite avait été passé depuis un bon moment. Elle avait peur de ce que cela signifiait pour lui, ce que ce mariage voulait dire à ses yeux à lui. Et elle ne pouvait pas le lui dire puisqu’il trouverait ça idiot, qu’il se moquerait d’elle, et trouverait forcément les bons mots pour la convaincre de sa bonne foi. Il l’aimait, elle le savait, mais il était également obsédé par ce rêve qu’il avait fait, et c’était ça qui lui faisait peur à elle. « Je t’aime, tu le sais ? » Demanda-t-elle d’une petite voix, en totale contradiction avec son état précédent, comme si elle cherchait à se faire pardonner quelque chose… à l’avance.

[…]

    Elle aurait souhaité s’arrêter de penser, s’obliger à l’insouciance ou l’indifférence, mais elle en était incapable ! Elle était au bord de la démence tant elle se torturait le cerveau. Si seulement elle avait pu ne s’inquiéter que d’elle, de ce qu’elle ressentait, de ce qu’elle voulait et souhaitait réellement comme le lui avait conseillé Billy, mais non, il fallait en plus qu’elle culpabilise, qu’elle se demande comment Brendon percevait son étrange de comportement, se demande s’il avait ouvert son cadeau, ce qu’il en avait pensé, s’il avait prit ça pour une réponse ? Car oui, c’en était une, mais inconsciente. Lui offrir ce présent était un signe d’engagement, un engagement à vie, et elle en avait bien conscience. Ca ne la dérangeait pas, elle voulait vraiment passer le reste de sa vie avec lui, c’était une évidence, c’était d’une normalité déconcertante malgré leur jeune âge, malgré les avis des « adultes », elle savait qu’il était celui qui lui avait été destiné, celui dont elle devrait s’occuper, celui pour qui elle devrait rester en vie, et celui qui lui rendrait tout cela au centuple. Et pourtant, malgré cette partie d’elle qui aurait dû la pousser à dire « oui », puisque fondamentalement c’était ce qu’elle semblait vouloir, elle était assaillie de doutes qui l’incitait au contraire. Et elle se détestait pour ça. Elle ne voulait pas lui en parler, elle ne voulait pas l’emmerder avec tout ça. Il ne comprendrait pas, ou ne voudrait pas comprendre. Pourtant, rien y faisait, elle devait dingue à force de ressasser, à force de songer, de s’interroger, de se culpabiliser. Ils s’étaient promis de toujours tout se dire, de ne jamais plus rien se cacher, et pourtant voilà qu’elle transgressait cette règle d’or, et cherchait à gagner du temps. N’était-ce pas pour cette raison qu’elle était venue trouver refuge dans cette petite salle de bain, celle de sa chambre d’enfant ? L’eau coulant à grand flot sur ses courbes de gamine, ne parvenait à l’apaiser. Elle aurait voulu noyer ses pensées sous l’eau, mais rien y faisait, elles tourbillonnaient sans cesse dans une insupportable valse sans fin. Tant et si bien, qu’elle finit par couper l’eau, s’éjecter de la cabine de douche, s’enrouler dans une serviette trop petite pour être honnête, claquer la porte contre le mur en l’ouvrant un peu trop violemment, et débouler dans sa chambre de jeune fille, les cheveux dégoulinant d’eau, et le reste du corps aussi.
    « T’aurais jamais dû me demander de réfléchir ! Comme si j’avais pas déjà eu le temps de le faire pendant ces derniers mois ! T’aurais dû me poser la question sans me préparer à l’avance au moins je t’aurais fournit la réponse qui me brûle les lèvres depuis le début ! Mais non, monsieur à voulu tester un nouveau truc, et me foutre la pression ! Bah bravo, tu voulais que je réfléchisse et j’ai réfléchis ! Du coup je me pose plein de questions qui n’auraient pas eu lieu d’être si t’avais simplement fait comme tout le monde ! Tu disais « Océane, veux-tu m’épouser ? », je répondais « oui ! » on faisait l’amour et tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes !! » Explosa-t-elle, littéralement, au visage de son compagnon qui l’observait avec surprise. Oui, certainement ne s’attendait-il pas à cela, et surtout rien ne l’y avait préparé, Océane passant d’un extrême à l’autre. « Et puis merde, à la fin, pourquoi tu m’obliges à réfléchir alors que de toute manière c’est déjà fait, on est déjà marié ! » Elle avait tellement les yeux rivés sur lui, qu’elle n’avait même pas noté la présence de la frêle silhouette dans l’embrasure de la porte. Une silhouette qui signifia sa présence en se raclant la gorge, obligeant Océane à se tourner vers elle.
    « J’étais venue pour te demander ta date de naissance. » Annonça d’une toute petite voix, Gretchen, en agitant timidement un formulaire qu’elle avait à la main. « Je t’inscris à Qui veut gagner des Millions, mais… Je repasserais plus tard ! » Un geste de main plus tard, Gretchen avait disparu, son formulaire sous le bras, et Océane refermait la porte derrière elle, soulagée qu’il ne se soit agit que d’elle, et pas de sa belle-mère. Elle colla son front contre la porte, et soupira bruyamment en se calmant intérieurement.
    « Quel sont les états qui appliquent toujours la Commun-Law, Brendon ? » Demanda-t-elle doucement, sans hurler cette fois, mais sans décrocher son front de la porte non plus. Lorsqu’elle trouva finalement le courage de se retourner vers lui, ce fut juste à temps pour lire dans son regard qu’il venait de comprendre où elle souhaitait en venir, et la culpabilité refit son apparition. « Pardonne-moi, je ne voulais pas te mentir… Je pensais juste que c’était sans importance, que ça ne voulait pas dire grand-chose pour toi… C’est pas ça que tu veux, n’est-ce pas ? C’est la tradition qui t’importe, le symbole et tout, hein ? » Elle cherchait clairement à se rassurer, à se déculpabiliser. Ce qu’il voulait c’était l’église, la robe blanche, les amis, la famille, la cérémonie, la fête, l’échange des alliances… Il ne voulait pas d’un accord légal automatique et sans magie, pas vrai ? Ca ne voulait rien dire pout lui, n’est-ce pas ? « Tu veux ce que tu as vu dans ton pseudo rêve-prémonitoire, pas vrai ? » Poursuivit-elle doucement, détournant le regard comme chaque fois qu’elle évoquait cette chose qui la dépassait. « Tu sembles connaître notre avenir avec précision, alors dis-moi ce que je suis censée faire, ce que je suis censée dire, car j’avoue que moi je suis totalement perdue… Techniquement je ne devrais même pas avoir à te répondre puisque tu n’as pas posé la question, et pourtant tu m’as prévenu que tu allais le faire, et tu m’as demandé de réfléchir à ma réponse, ce qui est totalement dingue, tu t’en rends compte ? » Cette fois, elle s’était rapprochée de lui, si bien qu’elle finit par se baisser, et venir quémander, malgré son éclat de voix, sa pseudo-crise et son demi-mensonge, une étreinte qu’elle ne méritait probablement pas le moins du monde. « Je suis désolée… » Murmura-t-elle timidement. « Tu viens d’assister à une petite crise de panique… Faut plus me demander de réfléchir… » Souffla-t-elle contre lui. « L’impulsivité, y a que ça de vrai. »
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Brendon K. Driesen
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MessageSujet: Re: Grand-Pa' ! Let me introduce you London.   Grand-Pa' ! Let me introduce you London. EmptyDim 9 Mai - 21:24