Au lever, elle s'était sentie formellement compétitive, prête à arracher le monde à bras ouverts. Elle avait chaussé une paire de baskets oubliés depuis quelques mois, il faut avouer que le théâtre et la danse ne nécessitent que rarement ce genre de choses. Elle était un peu fatiguée. La nuit s'était faite longue et pour le moins éveillée. Le regard fixé au plafond, détaillant chaque endroit où a peinture commence à se décoller. Au final, les rêves ne l'avaient assaillit que tôt dans la matinée, désagréables, collants comme les soirs d'été, ils lui avaient pourtant accordé le peu de repos essentiel à sa nouvelle journée de cours. Après deux heures de philosophie pour le moins avides en réflexions et le reste de la matinée dans l'atelier à dessin, Vlad avait enfin pu prendre un pause bien méritée qu'elle était bien décidée à accorder aujourd'hui à sa subite envie de dépenser son énergie. Au fond elle soupçonnait de n'avoir besoin que d'un peu de temps pour penser, se retrouver seule avec elle-même. Il fallait qu'elle se mette au point, ressasse un peu tout ce qui lui trainait dans la tête, fasse un bilan de son insomnie.. Une courte réflexion l'avait amené à préférer les alentours de l'université pour sa petite course. Elle prit un respiration profonde et attaqua son périple, foulée après foulée.
Déjà son cerveau semble faire des bonds, le sang afflue dans sa cavité crânienne, irrigue ce concentré de neurones, ses pensées sont en ébullition. Elle s'autorise enfin depuis longtemps de s'abandonner, de laisser son corps agir seul, continue son chemin sans plus calculer de son trajet ni de là où elle pose ses pieds. Un souffle rauque alimente les poumons, consume la souffrance de la pente raide. Dans un craquement retentissement, la cheville gauche cède, ne laissant plus assez de force au pied qui glisse, fatalement. Vlad suit le mouvement, tout d'un geste et s'étale salement au sol, plantant ses incisives dans la chair de sa langue. Elle accuse le choc, reste quelques secondes étendue reprenant ses esprit. La chute a été si rapide qu'elle n'a pas vraiment eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Ses mains cherchent un point d'appui pour se relever, fouillent la terre sèche, font monter la poussière qui a déjà tâché ses vêtements. Un petit groupe s'est attroupé et regarde fixement ses vaines tentatives de se raccrocher à ce qui part immanquablement en morceaux. Seule une main salvatrice vient se poser sur l'épaule de la jeune polonaise, excusant bien vite la pression qu'elle vient d'exercer en offrant volontiers le renfort nécessaire. Deux tractions suffisent à remettre ce qu'il faut sur pied et à se rendre compte qu'au final ce n'est pas bien grave. Les deux regards viennent enfin à se croiser, les yeux de Vladimia sont légèrement rougis mais elle sourit.